Un petit souvenir des spectacles vus...
Novembre 2017
52 semaines
Partager ce carnet de voyage
3
nov

Quel bonheur de retrouver ce spectacle dont nous sommes, au Théâtre Le Public, si fiers. Et l'aventure repart pour une quarantaine de dates. En Belgique et en France, dans des lieux prestigieux, comme La Maison de la Danse, à Lyon.

C'est ce soir la première dans le rôle de Emcee d'Antoine Guillaume, qui s'avère magique et très différent de Steve Beirnaert qui a joué le rôle jusqu'alors. Mais aussi de Didier Colfs qui reprend celui joué par Guy Pion.

4
nov

Spectacle à 11h du matin. Et oui, c'est un musical pour les jeunes enfants (2 à 6? ans). Cela veut dire, départ à l'aube (pour un week-end) de Bruxelles. Alors bien sûr, on ne s'attend pas à du Nietzsche ou du Kierkegaard. On se dit même que cela va être "gentil" et que l'on vient voir des amis qui jouent (Deborah De Ridder) et des gens que nous avons engagé pour jouer dans Sunset Boulevard à Bruxellons! cet été.

Et bien, même si cela reste un spectacle vraiment pour les tout jeunes enfants, je suis resté impressionné par la qualité des chants et du jeu. Deborah, bien sûr. Mais toute la distribution est impressionnante. Dont Oonagh Jacobs, Lauren De Ruyck (Roodkapje) et Charline Catrysse (la lapine). Un super moment. Les enfants qui voient à 2 ou 3 ans un spectacle pour enfant avec une telle qualité musicale et vocale ne peuvent que devenir des afficionados du monde des 'musicals'.

5
nov

Un musical célèbre et jamais vu... Cela devient rare. Le spectacle se joue dans une boîte de nuit réaménagée en plein port d'Anvers. Cela convient bien, je crois à ce type de spectacle déjanté. Mes appréhensions - je ne peux m'empêcher d'en avoir - vont se révéler vraies. Cela a dû être moderne il y a quarante ans, mais cela ne choque plus personne. En plus, ce musical n'est pas dans notre culture. Et donc il faut nous en expliquer toutes les règles au départ: crier quand on cite le nom de certains personnages, jeter du riz quand on nous le dit, ... Cela devient très vite, à mes yeux, artificiel. Mais bon.

Par contre la distribution est très très efficace. Cela danse et chante parfaitement. Cela permet donc de passer un vrai bon moment.

Avec: Laurenz Hoorelbeke (Dr. Frank-N-Furter), Shana Pieters (Janet Weiss), Nordin De Moor (Brad Majors), Matthew Michel (Rocky), Sébastien De Smet (Riff Raff), Jasmine Jaspers (Magenta), Maja van Honsté (Columbia), Koen Van Impe (Verteller), Sven Tummeleer (Eddie en Dr. Scott), Mart van den Hout, Pieter Casteleyn, Sofie De Schryver, Floris Devooght, Line Ellegiers, Helle Vanderheyden, Saïn Vantomme, Kenny Verelst en Baptiste Vuylsteke

12
nov

Un dimanche après-midi pluvieux et grêleux aux Galeries... Salle comble, y compris les deux balcons. Nos sièges sont situés au dernier rang du premier balcon, à côté d'un groupe scolaire - et oui, un dimanche. Avouons qu'il y a des moments qui s'annoncent mieux. Alors il y a bien sûr le souvenir de ce même texte vu dans cette même salle il y a plus de trente ans, avec papa. Mais cela va-t-il suffire?

Et bien oui. Un grand oui. Juliette (Anne Frank) est juste du début à la fin. Touchante, Emouvante. Et vraie. Mais toute la distribution est à la hauteur. Magnifiques silences dans la salle. Et aussi du rire, du bon. Parce que Anne Frank et sa famille ont continué à vivre, et à croire dans la vie. Ce qui était magique c'est les réflexions des jeunes de 15 ans à côté de nous qui découvraient cette histoire et qui étaient scotchés.

Avec: Juliette Manneback (Anne Frank), Bruno Georis (Monsieur Frank), Anne-Claire (Madame Frank), Laura Fautré (Margot Frank), Sophie Delacollette (Miep), Michel Poncelet (Monsieur Van Daan), Catherine Claeys (Madame Van Daan), Gaspard Rozenwajn (Peter Van Daan), Marc De Roy (Monsieur Dussel)

19
nov

Un spectacle étonnant car il pose des questions sous un angle inhabituel. Il confronte l'individu à la grande Histoire, questionne si l'Homme (ou la femme) est enfermé(e) dans la multitude. On n'est pas loin de l'argumentation de "Eichmann à Jérusalem"... Une femme se demande, quand elle découvre que son mari a dirigé Treblinka - et surtout lorsqu'elle conscientise ce qu'a été la réalité de Treblinka - si elle n'aurait pas du lui demander de choisir entre elle et Treblinka. Ou plus tard quand elle se demande si son mari n'a pas fait le choix d'obéir en acceptant la direction de Treblinka plutôt que de refuser et de mettre en danger sa famille.

Janine Godinas est, comme toujours, fabuleuse. Car elle laisse de la place à nos interrogations de spectateurs. Elle sème le doute en nous en jouant un personnage aux multiples facettes.

De Nicole Malinconi / Mise en scène Jean-Claude Berutti / Avec Janine Godinas.

24
nov

Aladin... Un musical signé Disney. Il fait dire que j'ai déjà un bel à priori. Moi qui n'aime pas "Beauty and the Beast", trouve "Lion King" mou à part deux scènes, ... Enfin.

Alors là... Que dire? Nul? Exagéré. Décevant? Oui, au moins. Tout ce que je déteste? Parfait...

Commençons par dire que ce n'est qu'un avis personnel, non partagé par les 1.700 autres spectateurs, dont ma voisine qui a hurlé après chaque chanson.

Mais c'est tout ce que je déteste dans les musicals (on se serait dit à Paris): absence de "book" ("livret" pour les mécréants), personnages sans personnalité, on peut écrire la fin sans avoir vu le début, ... Allez stop. Rien de bien? Si: décors et costumes tape à l'œil. On ne se fout pas du public à ce niveau.

Ce qui est le plus horripilant, c'est que l'on est dans la mécanique Disney. Comme dans chaque musical, on a les personnages comiques (duo LeFou & Gaston dans "Beauty and the Beast", duo comique Zazuu et Pumbaa dans "Lion King", ...). Ici c'est Babkak. On tombe dans le procédé comique. Pathétique.

Que dire aussi de ces gags récurrents (presqu'autant que les dents cassées du Fou dans B&B) chaque fois que le génie chante une chanson d'un autre musical Disney (B&b, Lion King, ...) ou quand les femmes font des répliques avec des voix de mecs, et les hommes avec des voix de femmes.

En plus, ils jouent tous de face. On ne fait plus cela depuis les années cinquante. Du siècle passé. En plus, j'adore quand Aladdin et Jasmine danse la valse. Belle dramaturgie.

Une seule chose m'a impressionné: la lévitation. Elle se fait devant un ciel étoilé, mais avec une énorme lune dans le fond. on ne voit pourtant aucun câble, vérin, ou bras de levier. Parfait.

25
nov

Waow! C'est rare de se prendre une pièce comme cela dans la gueule. Rien de choquant. Rien de révolutionnaire. Non. Rien que l'histoire vraie de ce couple de norvégiens dont la volonté et l'obstination est à la base des accords de Paix d'Oslo en 1993 entre Palestiniens et Israéliens, entre Arafat et Rabin. Il y a 25 ans déjà.

Trois heures où l'on se prend une claque politique. On voit le courage de ces gens qui osent faire un premier pas vers l'autre. Cet autre qui n'a de différent de soi-même que les à priori qu'on en a, ou le poids d'une longue histoire. Un moment il faut casser la ligne tracée. Oser se reposer les questions existentielles. Oser faire un reset sur ses certitudes.

Dur aussi car on sait que les accords d'Oslo, même si ils ont apporté d'immanquables améliorations, n'ont pas apporté la paix.Mais ce que j'aime avant tout dans cette pièce, c'est que l'on ressent l'humanité de tous. Et que les choses redeviennent possibles quand un humain parle à un humain. Et pas un état à un état. Un religieux à ... J'aime à cette naïveté salvatrice de croire en la grandeur du dialogue entre humains.

Cette pièce du National Theatre (transférée maintenant dans le West End) mérite bien son Tony Award de Best Play 2017.

25
nov

Il s'agit ici d'une nouvelle adaptation du célèbre Scrooge, personnage de Dickens. L'adaptation est signée de Jack Thorne - l'adaptateur de Harry Potter and the Cursed Child - et mis en scène par le directeur du lieu, Matthew Warchus. Prometteur donc. Même si les compte de Noël pour enfants, c'est pas trop mon truc. Je me rend compte en écrivant qu'en fait j'ai plein d'à priori avant d'entrer dans les salles!


"Dare always dare" Belle devise à l'entrée des stalls de l'Old Vic qui fête cette année ses 200 ans.

A l'Old Vic, comme les trois dernières fois où je m'y suis rendu, la salle est totalement modifiée. On est dans un dispositif un peu type élisabéthain, mais prolongé jusqu'à l'arrière des stalls par un long praticable. une partie du public est situé à l'arrière du plateau.

Le spectacle est très intelligent et très beau. En fait ce n'est pas un spectacle pour enfants, à la Matilda. C'est plus un spectacle pour que les adultes retrouvent l'enfant qu'ils ont été. Je comprends maintenant que l'on le déconseille pour les enfants de moins de 11 ans: "Le spectacle contient des aspects surnaturels pouvant être effrayants. Il contient aussi des moments d'émotion de maturité que le jeune public peut trouver bouleversant". Pas mal, non?

Et bien c'est tut à fait cela. Et le grand succès de ce spectacle, c'est qu'il va chercher l'enfant qui est (ou a été en nous). Qu'on le veuille ou non. Par la forme d'abord. Tout est fait pour nous emmener dans un monde de rêve (ou de cauchemar): la musique et les chants. Tout commence avec un chant de Noël où l'instrumentation est intégralement faite de clochettes jouées par la vingtaine de comédiens. Mais aussi, les costumes, la proximité des artistes qui distribuent à manger dans la salle, ... Et puis ce moment où il neige dans toute la salle est purement magique.


C'est rare que je prenne une photo pendant un spectacle mais cela me permettra de me souvenir de mon émotion du moment.

L'histoire est très belle: "Un soir de réveillon de Noël, un avare invétéré est visité par quatre fantômes qui l'emmènent dans son passé. Il se rend compte de son égoïsme et de la vie solitaire qui en a découlé".

Sur scène, il y a aussi un enfant, de quatre ans grand maximum, qui est souvent présent, et qui dit de long texte. Que dis-je qui joue de longs textes, magnifiquement. Je n'ai jamais vu cela. Jamais. Plus qu'impressionnant et cela participe grandement à la magie du spectacle. Quand cet enfant meurt de fin, c'est insupportable.

Et à la fin, quand revient le concert de clochette, pour boucler la boucle, c'est ce jeune gamin qui fait la dernière note, avant le nr final. Ca aussi, je ne l'oublierai pas.

Belle réussite. Intelligente et émouvante... Que demander de plus?

26
nov

Il y a des spectacles que l'on va voir parce que c'est dimanche après-midi et qu'il n'y a rien d'autre à voir. On se rassure en se disant que c'est dans un théâtre où on a vu American Idiot, que c'est un petit théâtre plein de créativité, que sur la façade on affiche en grand des ***** élogieux, ... Mais...

Mais c'est du second degré et j'ai un problème personnel avec le second degré. J'ai souri deux fois à "Book of Mormon, et j'ai détesté Aladdin il y a deux jours. Et pourtant c'est suite à la rencontre avec la Cie Jean Bertoche (Pierre Pigeolet, Marie Hélène Remacle, Rési, Michel Hinderyckx, Monia Douieb, ...) que j'ai fondé une boîte de prod et suis rentré au Théâtre Le Public. Ils étaient les rois absolus du second degré.

C'est dire avec quel empressement je me suis assis au second rang un dimanche à 15h pour voir un musical qui se déroule dans des égouts. En plus, ma voisine canadienne me fait la conversation, en anglais. Pourquoi n'est-elle pas québécoise?

Et bien, une fois les lumieres de la salle éteintes, il aura fallu moins de une minute pour avoir mon premier éclat de rire. Qu'est ce que c'est bon de rire quand on ne s'y attend pas. Et moi et la canadienne et les 170 autres spectateurs de cette petite salle on n'a plus arrêté d'hurler de rire.

Pendant deux heures, du vrai second degré. Déjanté. Pas fabriqué dans une usine à clichés. Le second degré ne fonctionne que s'il surprend, si on ne l'attend pas. La musique est très rock, ce que j'adore. Les 5 artistes du cast sont époustouflants tant par leur jeu que par leur danse que par leur chant. Et même s'ils sont anglo-saxons, le talent cela reste impressionnant.

26
nov

Là, je savais ce que j'allais voir. La seconde pièce de ceux qui ont commis The Play That goes wrong. La barre est évidemment placée très haute car il faut évidemment assurer après un tel triomphe. Et bien, très honnêtement, ce second opus tient la distance. Pour moi, francophone, c'est par moment un peu difficile parce qu'une partie de l'humour est un humour de mots. Mais il y a un véritable délire en scène avec un enchaînement insensé de quiproquos.

Il y a une scène où trois personnages jouent le même rôle. Cela m'a rappelé Silence en coulisse. Ce qui est formidable, c'est l'énergie que doivent déployer les artistes sur scène. A côté de cela, The Play That goes wrong est une sieste.

Vu le taux de remplissage du Criterion et les hurlements de rire - j'ai cru que ma voisine allait succomber - la pièce va faire les beaux jours de Piccadilly pour de longs mois encore.

27
nov

Ca continue mes frustrations. En fait depuis que l'on tente, à notre petit niveau, de lancer une tradition de musicals de qualité au Festival Bruxellons!, je suis obsédé par le fait de me rendre compte de CE QU'IL NE FAUT PAS FAIRE en montant un musical. Comment se rendre compte de cela? Et bien en voyant beaucoup de musicals et en tentant de tirer des leçons des flops, ou de ce que l'on n'aime pas. Parce que quand on voit Matilda, que dire, si ce n'est: "C'est parfait". Il y a peu de leçon à en tirer. Car faire ce qui est bien, c'est copier. C'est en se prémunissant des erreurs des autres (ou des siennes) que l'on se renforce. Comme quand on a appris à marcher.

Et bien, jusqu'à présent, à part Aladdin, ce voyage à Londres est vide d'enseignement à ce niveau. Car Everybody's talking about Jamie, est à nouveau, dans son genre, une totale réussite.

Comme dans Billy Elliot, le musical se asse au sein de la classe laborieuse du nord de l'Angleterre. Et il parle de quelqu'un qui veut suivre son chemin. Il s'agit ici d'un jeune gars de 16 ans qui veut être Drag Queen. Mais attention, on est loin d'une Cage aux folles moderne. Non, on ne se bat pas pour les Drag Queen, ou même l'homosexualité. Non, il ne s'agit de montrer un gars qui met une robe, mais de se demander ce que ce geste change. Jamie a le courage de poser cet acte, et cela change tellement de gens autour de lui. Sa mère, son amie musulmane, ... C'est bizarre pour nous, non anglo-saxon, de voir un personnage musulman voilé qui est le plus tolérant par rapport au trajet de Jamie. Cela replace de manière non verbale la religion à l'endroit où elle devrait toujours être: quelques chose d'intime et de personnel.

Le rôle de la mère est tenu par Josie Walker. Elle a entre autres, il y a 17 ans, tenu le rôle principal de Beautiful Game de Lloyd Webber.

Et bien voilà, un choc. Au milieu du deuxième acte, son fils claque la porte, lui reprochant de lui avoir menti. Elle chante alors une chanson It's my boy, qui est l'une des plus belles chansons que j'ai entendue d'une mère parlant de son fils. Un choc.

HE'S MY VOICE / HE'S MY CHANCE / HE'S MY SMILE / HE'S MY DAY / HE'S MY LIFE / HE'S MY PAIN / HE'S MY JOY // HE'S MY BABY / HE'S MY MAN / HE'S MY BOY

tout est dit. Non tout est chanté, parce que Josie Walker nous chante cela droit dans les yeux. Ses yeux pleins de larmes. Les nôtres pleins de larmes. C'est ça ce que l'on ne peut vivre que dans une salle de spectacle vivant.

Le cast entier est de très bon niveau, même s'ils sont pour la majorité à la sortie de l'école et font ici leurs débuts professionnels.

Je m'endors en écoutant la musique en boucle....

28
nov

Et bien voilà, cette fois c'est fait. J'ai rencontré un OVNI. Romantics Anonymous est un nouveau musical créé au départ du film belge Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Améris et Philippe Blasband. Et c'est complètement dingue.

Pour tout dire, pendant l'installation des spectateurs, des artistes costumés caricaturalement en français moyen des années '70 (du moins vu par les anglais, style Les Demoiselles de Rochefort de Demy) distribuent du chocolat au public, en leur parlant intégralement en français: "Ne le mangez pas maintenant, uniquement quand on vous le dira". J'ai même dû traduire à certains anglais qui ne parlaient pas français. Le monde à l'envers, non?

Le musical commence... En français. Texte. Parole de la première chanson en français. Sur le côté fou du chocolat. Ils nous disent alors de manger le chocolat reçu. Et la magie du chocolat opère... Le musical se transforme en anglais. Le ton est donné. Et on recommence à zéro. Sincèrement, c'est super. Et tout est à ce niveau.

Moi qui déteste Demy, et beaucoup de comédies musicales françaises, il y a ici quelque chose de magique. Et qui démontre quelque chose que j'ai toujours ressenti mais n'ai jamais su, par manque de culture, démontrer. Il y a une musique française de comédie musicale (à la scène ou cinématographique). Et je ne l'aime pas. Sauf ici, parce que c'est parodique. Et dès les premières notes, le public anglais s'esclaffe de cette musique tellement elle colle bien aux personnages sur scène, dont on se moque, même si on finira par les aimer. Prodigieux.

Tout est au deuxième ou au troisième degré. L'actrice principale qui est poursuive en voiture par son future compagnon (il marche avec un volant en chemin) elle sort à cour, suivie par lui, re-rentre à jardin, suivi par une maquette de 2CV de 30cm. Hurlement de rire. Et des gags comme cela, il y en a 100 sur le spectacle.

28
nov

Bon, ici. C'est différent. C'est du Sondheim, donc tout sauf un jeune auteur qui débute. C'est au NT, donc pas une petite compagnie qui joue sous un pont (je t'aime Union Theatre). La presse est dithyrambique. La distribution est exceptionnelle (au sens d'exception): Imelda Stauton, Philip Quast, Tracie Benett pour ne citer que ceux dont je suis fan.

Alors, avouons-le, Follies, c'est pour moi une première. 2h20 sans entracte. Format spécial. On s'installe - premier rang du balcon de cette magnifique salle qu'est l'Olivier Theatre - et il n'y a plus que se laisser faire.

Imelda Staunton et Janie Dee

Cette œuvre est très bizarre et c'est sans doute ce qui la rend magnifique... Il y a d'une part des 'book songs' (des chansons qui participent à l'histoire) et d'autre part des chansons illustratives qui parlent de ce que furent les Follies. Les deux se télescopent. Pour mieux démonter, désarticuler des vies, des rêves de vies.

Tout se déroule dans un théâtre en ruine, à la veille de sa démolition, où est organisée une réunion des anciennes interprètes des «Weismann Follies», qui ne se sont plus vues depuis des années. L'histoire se concentre sur deux couples: Buddy et Sally Durant Plummer et Benjamin et Phyllis Rogers Stone. Sally et Phyllis étaient danseuses dans les Follies. Les deux couples sont profondément insatisfaits de leurs mariages. Buddy, un voyageur de commerce, a une aventure avec une fille sur la route; Sally est toujours aussi amoureuse de Ben qu’elle l'était dans sa jeunesse; et Ben est à ce point égocentrique que Phyllis ne peut que se sentir émotionnellement abandonnée.

Ce qui est terrible c'est que l'on ne passe pas doucement de l'espoir de la jeunesse au lourd poids de la vie réalisée au fil que le musical progresse. Non, les deux sont confrontés en temps réel, car tous les personnages ont leurs doubles jeunes (sorte de fantômes qui hantent les esprits et qui rappelle la réalité au-delà des mensonges) qui les observent ou qui interviennent ou qui revivent certaines scènes en direct. Et cette confrontation est terrible car elle ne permet aucune excuse. Les dialogues se font parfois entre un personnage et son double jeune, ou nous montrent parfois des faits du passé remontant à la mémoire d'aujourd'hui. La vie est terrible.

Mais tout est parfait dans cette version de Follies. Le cast est tout bonnement exceptionnel. Du premier rôle à la figuration dansante. La scénographie est époustouflante car totalement illustrative d'un monde qui a été et se rend compte qu'il n'est plus. Presqu'autant en ruines que les personnages. Les costumes sont fabuleux car, quelle que soit l'époque, ils semblent vouloir témoigner d'un rêve, d'un rêve de paraître à défaut d'exister. La lumière est sans faille car éclairer ce gigantesque plateau qu'est l'Olivier, en plus à deux époques qui se croisent et se superposent, est un vrai moment d'anthologie.

Il s'agit assurément d'une des plus grandes production musicales du NT de tous les temps.

Le seul problème? Je ne pense pas que l'on puisse profiter de tout en une seule vision. C'est trop dense. Vive donc le NT Live et ses captations pirates...

Nous avons accueilli ce spectacle par de très longues minutes d'applaudissement...

29
nov
29
nov

Ici aussi, un tout nouvel univers. A la base, il y a bien sûr le film de Vincente Minelli de 1951. L'adaptation à la scène a été faite près de 65 ans plus tard, au Châtelet, en novembre 2014. Le musical à la scène ne reprend pas les airs du films mais puise dans l'énorme catalogue de Gershwin.


Ce qui est très étonnant - et place cette œuvre totalement dans une case à part - c'est qu'il s'agit plus d'un ballet avec des dialogues qu'un musical où on l'entend aujourd'hui. Rappelons-nous quand-même que dans des musicals comme Oklahoma ou Carousel il y a de longs numéro de danse classique. Et avouons-le, dans An American in Paris, version scène, les danses sont prodigieuses. Et tout le spectacle est visuellement magnifique (décors, costumes, projections, ...).

Maintenant, le livret et l'intrigue sont sympathiques, mais guère plus. On pourrait même trouver cela niais à certains moments. Mais cela reste de toute belle facture.

29
nov
29
nov
Menier Chocolate Factory

"Barnum" - Menier Chocolate Factory

Passer du Dominion Theatre au Menier Chocolate Factory, c'est passer d'un théâtre de 2150 places à un autre de 180, soit une jauge divisée par plus de dix. Avant de voir le spectacle on peut se demander comment ils vont, dans ce petit endroit, arriver à recréer la magie du cirque.

Et bien, n'ayant jamais été déçu d'un musical au Menier, cela ne va pas commencer avec Barnum. Ayant "fréquenté" un cirque pendant plus de six ans, j'ai retrouvé au Menier cette ambiance totalement à part. Dans ce tout petit lieu, ils font tantôt exister une piste de cirque, tantôt une roulotte, tantôt un bureau ou une chambre. Mais tout est vrai. Tout est juste.

L'histoire de ce couple Barnum est magnifique, parce que c'est une histoire sans mensonge, sans semblant. Ou les faiblesses sont avouées.

Les danses sont souvent acrobatiques, circaciennes. Et il n'y a aucun de quatrième mur, fut-il circulaire. Les artistes parlent en permanence au public, laissant de la place au public. Jouissif, parce que cela est signe de partage. Ce qui est très cirque..

Une très belle soirée de plus passée au Menier.

30
nov
30
nov

L'enjeu est d'importance: adapter à la scène un film de Tim Burton, en musical. Bien sûr, on avait déjà eu le sublime Charlie and the Chocolate Factory, mais ici, l'histoire est encore plus décalée. Et en plus, cela a été un flop à Broadway: 98 représentations. Alors on s'installe et on va se laisser faire.

L'histoire en elle même est magnifique. Elle se déroule sur deux plans temporels en parallèle. Dans la réalité actuelle, Edward Bloom, 60 ans, est atteint d'une maladie incurable et glisse doucement mais sûrement vers la mort. Au même moment, son fils Will s’apprête à devenir père lui-même. En parallèle, dans le passé romanesque, Edward, encore adolescent, rencontrer l’amour de sa vie, Sandra, une sirène, une sorcière et un géant. Les histoires se rencontrent quand aujourd'hui, Will découvre que son père a un secret qu'il n’a jamais révélé. Will a toujours cru que son père, voyageur de commerce, avait eu une liaison sur la route. Et il a trouvé un acte notarié prouvant qu'il avait acheté une maison à une certaine Jenny Hill. N'obtenant aucune réponse de son père, il décide d'aller rencontrer cette femme à Ashton (la ville natale de son père).

Trois générations d'Edwards...

Quand Will lui demande ouvertement si elle entretenait une relation avec son père, Edward, elle lui répond que ce qu'elle va révéler va peut-être changer l'image qu'il a de son père. Elle lui avoue que son père «parle de choses qu’il n’a jamais faites», et qu’il «a probablement fait des choses dont il n'a jamais parlé». Il veut juste séparer les faits de l’histoire. Jenny lui raconte ce qui s’est passé quand Edward est revenu à Ashton, sa ville natale alors que lui, Will, n'était encore qu'un petit garçon. Flashback. Edward revient donc à Ashton et apprend que la ville va être inondée. Les citoyens et le maire, Don Price, se sont enchaînés à la statue dans le centre de la ville en guise de protestation. Mais il apprend qu’ils reste seulement une heure avant que le déluge ne couvre la ville, et que personne ne sait même qu’ils sont là. Edward rend visite à Amos et Karl, deux amis d'enfance de la ville, tous deux devenus riches et prospères. Il obtiendra des terres d’Amos et de l’argent de Karl. Cela lui permettra de créer une nouvelle Ashton, affirmant qu’Ashton n’est pas un endroit, mais une communauté. Il convainc la population de se déplacer avant l'inévitable déluge. Tout le monde quitte la scène, sauf Jenny. Elle explique son chagrin qu'Edward ne soit jamais revenu après avoir sauvé la ville et à quel point elle l'a aimé toutes ces années. Edward lui avoue aujourd'hui être de retour en ville et veut commencer une nouvelle vie avec elle. Il achète une maison pour lui et Jenny, mais tout à coup regrette sa décision et exprime son amour pour sa femme, lui disant qu'il ne peut vraiment aimer qu'elle. Il la laisse, le cœur brisé. A ce moment, Will reçoit un coup de fil: son père vient de mourir.

Comme dans Follies, il y a des scènes magnifiques où cohabitent la jeunesse et le présent. Ma première larme à coulé dans un moment de silence. On voit Edward jeune rencontre sa femme. A l'arrière plan, doucement, Edward s'endort dans les bras de sa femme, dans son lit d'hôpital. Les gestes sont différents mais l'amour est le même, l'amour est intact. Et à partir de la moitié de l'acte II, cela coule en continu. Tantôt parce que c'est beau. Tantôt parce que c'est triste. Je dirais plutôt, parce que c'est simple ET vrai. Donc essentiel.

Certains diront que ce sont des sentiments faciles, éculés. Que ce sont des larmes faciles. Certains critiques ont dit cela. On s'en fout. Ces gens ne pleurent pas. Ces gens ne savent plus s'émerveiller de la simple beauté d'un coucher de soleil ou du rire d'un enfant.

Big Fish, c'est une ode à la vie. Un hymne au 'carpe diem'. La vie est une grande course-relais où certains meurent mais ont passé un flambeau passionné à leurs enfants, simple geste qui permettra de donner un sens à leur vie et de quelque part continuer à exister.

C'est le genre de musical que l'on pourrait voir dix fois. Parce qu'il donne du courage. Parce qu'il nous montre ce qui est essentiel dans la vie: tendre la main à l'autre. Nous continuerons à marcher éternellement si nous avons appris à quelqu'un à marcher.

Magnifique aussi que ce spectacle puisse naître ici à The Other Palace. L'intention de Lloyd Webber en ouvrant ce lieu - dont j'ai parlé dans un post précédent - est parfaitement remplie...

30
nov

Autant le dire tout de suit, ici encore, je me rends à ce spectacle avec un énorme à priori ... mais cette fois négatif. Ce genre d'humour décalé, qui a pour seul but d'être décalé, cela ne me fait pas rire en général.

Et bien, aucune surprise... Je n'ai pas beaucoup ri. J'ai souri quelques fois. Mais je trouve tout ceci artificiel, fabriqué. On voit les gags arriver. Alors, chose positive à souligner, le cast est de tout haut niveau. En effet, pour donner vie à ce livret insipide, il faut assumer. La palme va, selon moi, à Summer Strallen (Top Hat, Love Never Dies, Drawsy Chaperone, ...) dans le rôle de Inga, même s'il faut souligner l'abattage de Hadley Fraser dans le rôle de Frankenstein.

1
déc

Journée studieuse au National, après la journée catastrophe d'hier. Une journée, au bureau: rez-de-chaussée du National. Wifi gratuit. Café payant. Mais de bonne qualité dans les deux cas.

En passant devant les grands écrans d'affichage de l'entrée qui reprennent les représentations du National du jour, me permettant de m'étonner tous les jours qu'ils font entre 6 et 9 représentations à Londres, je remarque qu'à 17:45 une "Platform" est programmée. Et moi, je n'ai encore jamais assisté à une "Platform" - et que je n'ose pas demander ce que c'est qu'une "Platform" - j'achète les yeux fermés un ticket pour la "Platform". Quel aventurier je suis!

Une "Platform" donc, dans l'Olivier Theatre du National à 17h45. La salle est archi-comble. Plus de 1.200 spectateurs! Ian Histop revient sur l'année 2017 avec Craig Brown, Harry Enfield, Lewis Macleod, Jan Ravens et John Sessions, de célèbres participants à Private Eye, un bimensuel satirique anglais. Une heure totalement jubilatoire où Trump, Theresa May et des centaines d'autres se font allumer par d'immenses talents.

Ayant acheté ma place un quart d'heure avant le spectacle, je suis au premier rang... J'adore.

1
déc
1
déc

Woman in White, c'est une œuvre particulière chez Andrew Lloyd Webber, il s'agit d'un drame victorien. Elle a été créée à Londres en septembre 2004 avec un décor fait de projections prenant forme sur des panneau mouvants. Mais la technologie, révolutionnaire pour l'époque, n'était as au point. Quand on voit ce qu'ils font 15 ans plus tard dans An American in Paris!!! En plus Michael Crawford, qui jouait le rôle de Frosco, tombe malade à cause de son costume (énorme costume qui fait de lui un obèse et dans lequel il transpire abondamment). Il sera remplacé par Michael Ball. Une version modifiée sera proposée en juillet 2005. Mais c'était un "work in progress". La press night de la version 2 n'eut lieu que fin septembre. Le musical fut un peu mieux accueilli par la presse dans ce nouvel opus. Le spectacle fermera en février 2006. Pour ce grand retour de Lloyd Webber à la composition symphonique (après Whistle down the Wind et Beautiful Game), ce ne fut pas le succès espéré. D'ailleurs, à Broadway, le show sera éjecté après 109 représentations. un vrai flop. La star du show, Maria Friedman (Marian), a été diagnostiquée avec un cancer du sein pendant les previews et a donc souvent été absente. Est-ce une explication à ce flop? Pas sûr. Mais quoi qu'il en soit, rien ne s'est passé totalement normalement avec la création de ce musical.

Pour avoir vu, et fortement apprécié, la version originale (au-delà des problèmes techniques), au Palace Theatre, on peut se demander comment le spectacle va résister dans un petit théâtre. Le Charing Cross Theatre est une petite salle, sous la gare de Charing Cross. Mais cette salle n'a pas non plus les moyens d'un Menier Chocolate Factory.

Alain et moi, n'avons pas le même ressenti par rapport au spectacle. Il est beaucoup plus critique que moi: "Cela ne fonctionne pas". Je ne suis pas d'accord. D'abord, je comprends tout le spectacle. Parfaitement. Alors qu'il y a plein de non-dits, de personnages à double facettes, ... La scéno est très efficace permettant de véritables apparitions en centre-plateau. La lumière est fantastique. Il y a pour moi un problème de rythme, on passe d'une scène à l'autre trop rapidement. Alors que parfois entre une scène et l'autre il a un mois qi s'écoule. Mais ce musical a été écrit pour la scénographie de 2004, avec les projections sur les panneaux tournants. Cela habillait les inter-scènes et permettait de comprendre les saut de temporalité. Et ceci malgré, le nouveau script retravaillé par David Zippel et Andrew Lloyd Webber.

Alors, quoi qu'il en soit, les interprètes chantés étaient très impressionnants. Anna O’Byrne joue le rôle de Laura Fairlie. Elle avait le rôle principal dans le Love Never Dies australien, qui a poussé Lloyd Webber a fermer la version londonienne. Cette magistrale version est disponible en DVD. On s'écarte. Sa voix est prodigieuse. Il faut aussi souligner Carolyn Maitland (Marian Halcombe), Ashley Stillburn (Walter Hartright), Greg Castiglioni (Count Fosco) et Sophie Reeves (Anne Catherick).

Petit point faible? La musique ne se ressentait pas comme si symphonique qu'au Palace? Estce seulement un souvenir vieux de 15 ans, au moment où l'on commençait à découvrir Londres et les musicals? Who knows?

Quoi qu'il en soit, j'ai passé une très belle soirée. Ce qui, in fine, est le principal, non?

2
déc

Le spectacle que j'ai le moins envie de voir de ma série... (J'écris cette phrase avant d'avoir vu le spectacle). Et bien, même si tout n'est pas parfait - le livret est très faible au sens que l'intrigue est minuscule - on en prend plein la figure. J'ai rarement vu un spectacle où l'on est à ce point impressionné de voir plus de quarante artistes danser et chanter ensemble. Car c'est cela qui fascine dans 42nd Street, ce sont les numéros d'ensemble.

Plein les yeux? Jugez plutôt... L'ouverture...

La scène du miroir...

La scène des ombres...

La scène de la gare...

Et bien sûr, la scène de l'escalier... Putain, l'escalier !!!!

Que dire? On n'est pas transporté par une émotion incroyable comme dans Big Fish, on n'est pas secoué politiquement comme dans Miss Saigon, on ne rit pas comme dans Legally Blonde. On est simplement ébloui par le talent de cette troupe qui comme un seul homme (ou une seule femme) nous impressionne de sa rigueur.

Une fois encore les décors et costumes sont impressionnants. La lumière aussi.

Quoi de mieux que ce trailer pour s'en rendre compte:

2
déc
2
déc

Ink, ce n'est pas rien. Créée à l'Almeida Theatre en juin 2017, il est transféré dans le West End immédiatement. Et il a plein de nominations pour plein de prix...

Le spectacle est très ... politique. Il s'attaque de front au journal The Sun. Qu'est-ce que The Sun? Actuellement c'est le journal le plus lu en Angleterre. Il fait le double de lecteurs du The Times, par exemple...

Le journal a été lancé en septembre 1964. pour remplacer le Daily Herald en perte de vitesse. The Sun, édité à quelque 3.500.000 exemplaires, tombe en quelques semaines à 1.200.000 et en 1969 n'en est plus qu'à 800.000. Un échec total. Il perd à ce moment 2 millions de Livres Sterling par an. Ce journal est cependant un soutien actif au Labor Party, les travaillistes anglais (gauche).

Rupert Murdoch rachète le journal. Et c'est toute l'histoire de la première année d'existence qui nous est racontée dans ce spectacle. Tout commence par Murdoch qui engage Larry Lamb et le nomme rédacteur en chef du journal. L'objectif qui lui est donné est très clair: en un an devenir le premier journal d'Angleterre. Quels que soient les moyens. Mais pas financiers, car l'équipe est quatre fois moins nombreuses que celle du Mirror. Comment y arriver? Et bien c'est ce que nous explique le spectacle. Le premier The Sun de l'ère Murdoch sort le 17 novembre 1969 avec comme gros titre: "Horse Dope Sensation" ("La sensation de l'héroïne"). Un beau début!

Des tas de règles sont mises en place. D'abord, se demander ce que les gens ont envie de lire. Et c'est la théorie des 5 W: What, Where, Who, When, Why.

Et puis cette reflexion en salle de redaction sur ce qui excite chacun des chefs de service... Et c'est bien sûr le sexe qui va ressortir en premier. Larry Lamb est persuadé que c'est d'ailleurs la première chose qui intéresse ses concitoyens. Alors, il vont inventer "la page 3". Qu'est-ce que la page 3 du The Sun? C'est très simple: une photo de charme. La première année, ce sera une jeune femme en TShirt moulant Et pour fêter le premier anniversaire du journal, elle sera Topless. Il faut dire qu'il fallait arriver à atteindre l'objectif d'être le premier journal d'Angleterre en un an. Cette discussion de la photo du 1er anniversaire est d'ailleurs un des moments importants de la deuxième partie du spectacle;

Aujourd'hui, plus de 9.000 jeunes filles seront passées par la page 3. Mais qu'en est-il du pari? Réussi? Raté? Et bien, au bout d'un an, The Sun sera devenu numéro UN.

C'est en ce sens que ce spectacle est fascinant. C'est qu'il met en place quelque chose qui va fonctionner. Et on se rend compte à quel point les choses peuvent être fabriquées, artificielles. Par exemple: pas de gros titre avec plus de 5 E. Et des tas de choses aussi hallucinantes les une que les autres, et qui ont fait de ce journal, le premier d'Angleterre.

Ne lisant pas le The Sun, je n'ai pu me rendre compte ce qu'un lecteur du journal ressentait à la vision de ce spectacle ravageur. Mais je ne suis pas sûr que je le lirais de la même manière.

3
déc
3
déc

C'est fou une ville où les théâtre continuent de se créer. Ce fut le cas avec le The Other Palace. Voici maintenant le Bridge Theatre. Et nous y voici, moins d'un mois après son ouverture. C'est tout simplement magnifique. Jugez plutôt...

Pour la première programmation, Nicolas Hytner, le directeur du lieu et ancien directeur du National Theatre, a choisi Young Marx, une comédie parlant de la jeunesse de Marx.

1850. Après les révolutions européennes, Marx a dû se réfugier en Angleterre. Il est considéré comme un dangereux terroriste. Il vit dans la plus grande des misères. Un de ses fils, Edgar, comme le montre la pièce, meurt de sous-alimentation. Sa fille est malade et il ne put la soigner, faute de pouvoir acheter des médicaments. Son mariage se décompose. Il n'arrive pas à écrire. Mais Engels le soutient financièrement, même s'il s'impatiente car il trouve que Marx est brillant et qu'il gâche son talent.

Alors cette pièce est un drame politique et social? Non, tout sauf cela. On rit toutes les trente secondes. Tout en entendant le discours politique. Magique. Il faut dire que le duo Marx-Engels est tenu par le même duo de comédiens que celui qui avait brillé dans le triomphe One Man, Two Guvnors aussi dirigé par Hytner, à l'époque au National Theatre.

Une double découverte donc: une pièce et un lieu. Comment mieux finir une longue semaine de vacances?

17
déc
17
déc
Palais de Beaux-Arts - Charleroi

"Les Parapluies de Cherbourg" - PBA - Charleroi

Bon... Il est difficile d'aller voir un spectacle avec un pire à-priori négatif. Et pourtant, je n'ai jamais vu Les Parapluies de Cherbourg. Je déteste Les Demoiselles de Rochefort du même Michel Legrand, mais j'ai adoré Marguerite. Et bien je ne vais pas être déçu.

Maintenant je le sais, je déteste Les Parapluies de Cherbourg. L'œuvre. Dans le monde anglo-saxon on convient en général pour dire que l'on passe du langage parlé au chant dans un musical quand les mots ne suffisent plus. Alors comment peut-on chanter quelque chose d'aussi insignifiant que: "Il y a de l'eau dans la bouilloire". Oui. "Il y a de l'eau dans la bouilloire". Et qu'à la fin du musical, à la veille de Noël (il neige !!!), quand Geneviève est de passage à Cherbourg avec Françoise, la fille de Guy qu'il n'a jamais vue, et s'arrête par hasard dans sa station-service, Guy et Geneviève assument leurs conditions respectives et ne raniment pas la flamme ancienne; pendant que Geneviève repart, Guy accueille sa femme et son fils de retour. Et cela sans une seule parole. On chante "Il y a de l'eau dans la bouilloire" et quand un père voit pour la première fois sa fille, il reste muet. Pfffffff...

L'orchestre est très bien, les interprètes parfaits. Quel bonheur de retrouver Jasmine Roy qui m'avait ravi il y a fort longtemps dans Starmania. Il y a bien sûr Gaétan Borg et Frank Vincent qui seront dans notre Sunset Boulevard. Très bien tous deux. Sans oublier Romina Palmeri et Alexia Cuvelier.

Mais pourquoi programmer cette œuvre qui est née à ce point ringarde et désuète qu'il est facile à quelques intellectuels d'affirmer que cinquante ans après sa création, elle reste révolutionnaire.

29
déc
29
déc
Stadsschouwburg Antwerp

"Mozart!" - Stadsschouwburg - Anvers

Un musical de Kunze & Levay en Belgique. Cela n'arrive pas tous les jours...

Nous voici partis, un vendredi après-midi, pour Anvers. La référence est avant tout celle de la dernière version allemande avec Oedo Kuipers dans le rôle principal. C'est dire à quel point l'attente est haute et la désillusion pourrait être forte.

Nous sommes au premier rang. J'adore. Dès les premières notes, l'émotion est au rendez-vous de ce musical qui s'attarde sur les combats que le célèbre compositeur a dû mener pour imposer sa musique, ainsi que sa lutte avec ses propres démons. L'orchestre est à la hauteur (ils sont près de 20) et le cast aussi, avec un magnifique Ruben Van keer dans le rôle-titre. Sans oublier Piek van der Kaaden dans le rôle de Constance et la sublime Ana Milva Gomes dans celui de la Baronne von Waldstätten (rôle qu'elle avait joué dans la version autrichienne du DVD).

Assurément à voir ... et revoir!

30
déc

Deux jours de suite, un musical en matinée. Après Anvers et son superbe Mozart!, nous voici en route pour The Little Mermaid. Il s'agit d'une superproduction (la scène doit faire plus de 30 mètres de large) signée Marmalade et présentée au Flanders Expo. La salle est à moitié vide (et je suis gentil). Vais-je assister à un bide? A un spectacle ultra-commercial artistiquement bâclé? Etonnant car il y a quand-même dans la distribution Hans Peter Janssens et Anne Mie Giels. Pour ne citer qu'eux. En plus, pour des "raisons techniques" notre représentation de la semaine dernière a été annulée et reportée à aujourd'hui... Raisons techniques ou salle vide? Quoi qu'il en soit, cela ne sent pas bon...

Mais dès les premières secondes, on assiste à un vrai grand show musical. Qualité du chant, de la mise en scène, des décors, des costumes, ... Et magnifique qualité du jeu et du chant. Rien à dire. On rit, on est ému. Et c'est très beau.

J'ai passé un très beau moment. J'ai ri. J'ai été ému. Que demander de plus pour un grand spectacle familial. Sans doute plus de public.

5
janv
5
janv

Qu'est-ce qu'on était fiers aux applaudissements d'être là, debout, au premier rang, toute une équipe administrative... Fiers d'avoir participé avec des artistes et des techniciens à cette fantastique aventure artistico-humaine qu'a été depuis cinq ans ce Cabaret.

Il n'y a rien à dire si ce n'est que c'est l'une des plus belles aventures que j'ai vécue en 20 ans de Théâtre Le Public. Cela a été dur car nous débutons dans l'organisation de tournées de spectacles aussi imposants. Mais l'accueil a partout été enthousiaste.

Et on n'oubliera pas avant longtemps la fête qui a suivi cette centième représentation. Merci aux équipes du Théâtre de Liège pour leur magnifique accueil.

6
janv
6
janv
Cathédrale Saint-Auban - Namur

"Les sonneurs de Noël" - Namur

Depuis plusieurs années, Luc Petit et organise les "Nocturnales", des spectacles majoritairement visuels se déroulant dans de majestueux lieux de culte wallons.

De magnifiques numéros visuels s'enchaînent dans ce très beau décor naturel qu'est la cathédrale de Namur. Je l'avoue, mon athéise militant convaincu me fait qualifier les texte de "prêchi-prêcha bien pensant". Mais au vu des centaines de regards illuminés - adultes et enfantins - je dois avouer que cet avis n'était partagé que par moi-même.

7
janv
7
janv
Stadsschouwburg Antwerpen - Anvers

"Mozart" - Stadsschouwburg - Anvers

Et oui... On a adoré, alors on est revenu. Pour la dernière, ce dimanche après-midi. On n'est plus au premier rang du parterre mais au beau milieu du balcon. Pas top, mais cela valait la peine de le revoir!!!

Et les derniers applaudissements filmé par nos avis de Musical Vibes:

13
janv
13
janv

Aller voir une revue, à priori, ce n'est pas la chose qui m'excite le plus au monde. Et bien, je sais depuis ce soir que je vais attendre avec une impatience la future Winterrevue 2018... Les 3h30 que j'ai passées à l'elckerlyck theater d'Anvers, sont simplement un festival de talent pur. Ca danse, ça chante, ça joue, ça improvise. Et tout est parfait. Tout est investi. Tout est cohérent. Sans se prendre au sérieux. Avec une autodérision absolue. Jouissif.

La figure de base est l'acteur Herbert Flack, une star des planches et écrans néerlandophones. Talent pu et autodérision. Tout ce que j'aime. A ses côtés, on retrouve l'humoriste Dirk Van Vooren. Ici aussi, on reste bouche bée. Il est plus que drôle. Il occupe le plateau et tient une salle entière. Le numéro à trois en fin de spectacle où ils élisent "l'homme le plus con de l'année" est inoubliable. On hurle de rire pendant un quart d'heure. J'ai aussi découvert le comédien (et magnifique chanteur) Patrick Onzia. Sans oublier Ann Van den Broeck qui chante et joue toujours aussi bien.

Il ne faut pas oublier Shana Pieters qu'on a eu le plaisir de voir éclore ces dernières années au Conservatoire Royal de Bruxelles, section néerlandophone. Ou encore Oonagh Jacobs qui sera dans notre Sunset Boulevard au Festival Bruxellons! et qui danse comme une déesse. Tout est investi jusqu'à la dernière phalange à tout moment. En fait, en Flandres, ils ont la modestie d'appeler cela tout simplement "être professionnels".

En dehors des moments de grand humour - quelle qualité d'écriture à côté de l'interprétation parfaite - citons ce moment où Patrick Onzia entonne ‘Bohemian Rhapsody’ de Queen - ce qui constitue déjà un défi en soi. C'est prodigieux.

Les tickets pour 2018 sont en vente quand?

18
janv
18
janv

C'est toujours très agréable d'aller au Playhouse Theatre, ce petit théâtre (enfin 786 places tout de même) avec cette magnifique architecture de théâtre français. J'y ai de magnifiques souvenirs comme La Cage aux Folles ou Femmes au bord de la crise de nerf, pour n'en citer que deux.

Le scénario de cette pièce est signé de David Mammet, à qui l'on doit entre autres les superbes A Life in the Theatre (Une vie de théâtre) et Oleanna. . L'histoire est très simple: un cadre supérieur d'une importante société immobilière vient annoncer aux vendeurs une importante restructuration d'effectifs. Les meilleurs resteront, les autres seront purement et simplement mis à la porte. Il s'ensuit manipulation et guerre à outrance parmi les vendeurs qui veulent tous conserver leur place. La liste d'acheteurs potentiels ainsi que des contrats de vente sont dérobés pendant la nuit.

La première partie est dense, rapide. On assiste à trois confrontations intégrant des vendeurs en pleine action, en plein marchandage, voire en pleine magouille. Leur emploi en dépend. C'est du théâtre américain. Dense. Vrai. Pas ampoulé. Aucun enrobage. Ca sent la transpiration. Ca pue la peur. En fin de première partie, une demi heure à peine, quand les lumières de la salle se rallument, on se demande où l'on est. Aucune trame. Ou peu. On nous as mis de force, un peu comme des voyeurs, dans des situations de crises.

La deuxième partie nous plonge dans un univers tout différent. Celui des bureaux de la société immobilière cambriolée. Un inspecteur est là et enquête. Ou tente d'enquêter. Mais les magouilles continuent. Et on voit que les vendeurs ont l'habitude de s'entraider pour blouser le client.

La pièce est âpre. Quand la lumière finale s'éteint, pas un souffle. Mais pas un applaudissement non plus. C'est un peu comme si l'on attendait une morale, ne explication. Et bien, non, c'est du théâtre américain. Presque du reportage. On nous montre, et on nous dit: "Maintenant que tu sais, démerdes-toi."

Alors bien sûr, quand la lumière revient et que les comédiens sont main dans la main les applaudissements éclatent. Spectacle très fort, dont on se souviendras du texte, bien sûr mais aussi de l'interprétation magistrale. De Christian Slater, tout d'abord. Mais aussi de Robert Glenister, une vraie découverte.

18
janv
18
janv
Apollo Theatre - London

"Jamie" - Apollo Theatre - Londres

C'est toujours agréable de revoir un spectacle que l'on a adoré. On y redécouvre des tas de petites choses. Bien sûr, l'anglais passe mieux à la seconde écoute, mais ce n'est as la seule différence. Comme on connaît l'issue des personnages en fin de spectacles, on autrement attentifs quand les nœuds se nouent, quand certains personnages font des erreurs qui vont les faire se rapprocher des gouffres.

Mais c'est aussi très différent de revoir un spectacle que l'on a vu seul et d'y assister avec d'autres personnes, qui plus est entre autres son meilleur ami. Va-t-il être touché comme moi? Ne lui ai-je pas trop dit que c'était génial. Ne va-t-il pas être déçu?

Le spectacle est toujours aussi génial, avec ces tous jeunes artistes - l'ensemble doit avoir moins de 20 ans de moyenne d'âge. Seul bémol, l'understudy du rôle de la mère qi même s elle joue très bien, n'arrive pas à mettre l'émotion suffisante dans ses deux chansons, surtout It's my boy. Mais bon, ce n'est pas un drame. Cela donnera une raison de revenir une troisième fois, non?

19
janv
19
janv
National Theatre - Londres

"Pinocchio" - National Theatre - Londres

Avouons qu'un spectacle autour du mythe de Pinocchio amené à la scène par le metteur en scène de Harry Potter and the Cursed Child et l'auteur de Matilda the Musical, cela met en appétit. En plus on va retrouver les chansons du Film de Walt Disney I’ve Got No Strings, Give a Little Whistle et When You Wish upon a Star.

L'histoire est simple. Pinocchio est une marionnette faite de bois qui veut prendre vie. Tout commence d'ailleurs par là: un arbre qu'on abat pour que Geppetto y sculpte dans son tronc la marionnette Pinocchio. Celle-ci ne va pas tarder à vouloir prendre son indépendance.

Les marionnettes sont magnifiques. Et... Pinocchio est le seul personnage qui est une marionnette et qui n'est pas représenté par une marionnette. Le but? Que le public puisse s’identifier à lui et voir le monde à travers ses yeux. Sa vision est celle d’un monde grotesque, comme un énorme parc d’attraction.

Le héros danse sans fil sur la piste du cirque auquel qui il est vendu, avec d’autres mauvais enfants sur la route de l’école avant de se diriger tout droit dans une île aux plaisirs où il se transforme en âne. Dans ce monde étrange, les adultes sont représentés par des marionnettes géantes manipulées à vue par quatre marionnettistes dont l’un porte le corps, deux autres les bras, et un quatrième la tête tout en lui prêtant sa voix. Comme le précise le concepteur des marionnettes, Toby Olié: "Une marionnette peut tout faire : voler, exploser, tomber amoureux et s’envoler. La difficulté lorsqu’on anime une marionnette humaine, c’est qu’elle soit le plus réaliste possible." Et la réussite est à ce niveau totale.


Le spectacle est un très beau spectacle familial, plein de belles valeurs, pas toutes simplistes, comme le fait que "La douleur fait partie de la vie et donne un sens à la vie. Il ne faut donc pas la fuir mais l'affronter".

Le National remplit une fois de plus pleinement sa mission.

20
janv

J'arrive à 13h57. La fouille de mon sac. le détecteur métallique comme à l'aéroport. Et Koh Lanta commence. Nous sommes au troisième balcon. A chaque étage un ouvreur me dit : "Cela commence dans 40 secondes". A l'étage suivant, le suivant me dit: "Le spectacle commence dans 30 secondes"... Et ainsi de suite jusqu'au paradis:

Mais il y a des gens plus haut... Le théâtre est archi-plein. Plus une place de libre. C'est génial de se dire que depuis deux ans, des gens viennent voir un spectacle de 5h30... Non? Enfin, moi cela me rassure par rapport à l'époque dans laquelle nous vivons - où le président des Etats-Unis n'a plus le temps que d'envoyer des Tweet de 280 caractères - que des gens puissent rester ensemble dans une salle aussi longtemps.

Alors bien sûr il faut #keepthesecret. Mais quel putain de spectacle. La mise en scène est d'une complexité sans nom, car la magie y impose une rigueur absolue. Et pourtant, rien n'est mécanique, tout est incarné et tout parait ultra-fluide. Et les tours de magie s'oublient pour créer un univers totalement magique. Les murs deviennent mous, les balais volent, les acteurs changent de costumes à vue, apparaissent, disparaissent. Nous ne sommes plus à Londres mais véritablement à Poudlard, 20 ans plus tard... Harry Potter est dans la quarantaine.

Et son fils, Albus Potter, entre à Poudlard. Scorpius Malefoy, le fils de Drago Malefoy est l'autre principal protagoniste de cette pièce, et devient le meilleur ami d'Albus.

Le spectacle nous fait remonter dans le temps, au moment de la mort des parents d'Harry Potter. mais Chhhhhht. #keepthesecret. A la fin de la première partie, les acteurs ne viennent pas saluer. Apparaît seulement sur le décor un magnifique "... to be continued". Ce que l'on ressent à ce moment est la preuve de l'efficacité du spectacle; "quoi, Il va falloir attendre 2h30 pour voir la suite?". Alors que l'on est déjà dans ce théâtre depuis trois heures....

L'histoire entre Harry Potter, l'orphelin - qui n'a donc pas d'image paternelle - et son fils Albus est magique. L'un apprend ce que ce que veut dire d'être père, l'autre apprend à exister, même s'il est le fils d'une star.

Enfin, j'ai vécu cela comme une vraie expérience humaine que de partager cette journée avec 1.600 personnes. Il y avait une réelle communion collective salle-scène. Cela aussi c'est rare.

Je pourrais écrire des centaines de lignes sur ce spectacle magistral, mais la consigne est très claire et je suis d'accord à 100% avec cette consigne:

21
janv
21
janv
Criterion Theatre - Londres

"The Comedy about ..." - Criterion Theatre

On termine notre petit trip londonien par un énorme éclat de rire... La salle est toujours pleine. Les spectateurs s'esclaffent toujours...

Quelques petites photos de cette petit bonbonnière:

24
janv
24
janv
New Victoria Theatre - Woking - UK

"Sunset Boulevard" - New Victoria Theatre - Woking

C'est évidemment très bizarre pour nous d'aller voir "Sunset Boulevard" en Angleterre avec toute l'équipe avec laquelle on va rêver et créer notre "Sunset Boulevard" à Bruxellons! cet été. Il faut donc avouer dès à présent que l'on n'y va pas de manière neutre, pour assister simplement à un spectacle. Autre "détail" - même si le mot ne convient pas du tout - mais qui a suscité en moi une attente démesurée: le rôle de Norma Desmond est joué par Ria Jones. Qui est Ria Jones? Je l'ai vue pour la première fois en avril 2016. Nous allions voir "Sunset Boulevard" avec Glenn Close dans le rôle principal. Et ce soir-là, Glenn Close était malade. Ria Jones a du assumer son rôle d'understudy et affronter une salle qui n'avait pas envie de la voir elle mais la magique Glenn Close. Lors de l'annonce d'avant-spectacle, remous dans le public. Mais trois heures plus tard, c'est une salle debout qui hurle tellement l'interprétation de Ria Jones a été sublime. Elle salue en larmes. Quel événement... Et donc, quel impatience de retrouver Ria Jones un an plus tard, dans une version créée pour elle. La déception va être à la hauteur de l'attente!

La scénographie est un non-sens absolu. On est majoritairement au studio. Même quand les meubles de Norma sont présents, ce qui donne une sensation de flou permanent, ou d'artificiel, ce qui est pire. Les costumes sont hideux. Surtout ceux de Norma. Adam Pearce qui joue Max Von Mayerling est très faible. Il n'incarne rien. Ni passé, ni présent, ni futur. Mais le pire, c'est Joe, joué par Danny Mac.

Même Ria Jones n'est pas émouvante. On n'y croit pas. En fait on s'en fout!

La seule chose vraiment positive est que pour la première fois on se rend compte de l'existence réelle de Artie, le fiancé de Betty et ami de Joe. Mais c'est maigre comme satisfaction... Avouons-le.

La journée en plus se terminera difficilement. Daniel, fatigué, décide de rentrer à Londres en taxi plutôt qu'en train avec nous. Il n'arrivera jamais à temps pour prendre l'Eurostar et devra dormir à Londres.

17
fév

Mon rapport à la famille Pauwels est particulier. C'est le moins que l'on puisse dire. Leur chapiteau est un des endroits du monde où je me sens chez moi, à la maison. J'ai le droit d'entrer dans la roulotte de Marquis. Je fais, quelque part, partie de la famille. Nelly est une des femmes les plus élégantes que je connaisse. La vraie élégance. Celle qui est naturelle. Celle qui rime avec noblesse d'âme. Et puis, bien sûr, il y a Sam. Le petit Samuel que j'ai connu quand il avait 14 ans et qu'il jonglait avec talent au centre d'une piste qui n'avait qu'admiration pour ses jeunes talents.

J'ai vécu des choses magnifiques dans ce chapiteau. D'abord la découverte du monde du cirque, de ses exigences et ses valeurs. Mais aussi le mariage de Fred, les répétitions du spectacle de Jack Cooper qui ne naîtra jamais, la mort - ou presque - de Jim, ...

Samuel est aujourd'hui un homme. Nelly est toujours aussi élégante. Et Marquis est toujours Marquis. Après leur départ de l'Hippodrome de Boitsfort, ils ont sillonné les routes d'Europe. Avec des hauts et des bas. Les derniers temps ont été durs. Très durs. Et donc Sam a dû se résoudre à faire ces deux spectacles à Braine pour tenter de sauver financièrement l'aventure familiale. Ils ont appelé la famille, et donc Jack pour faire le plus beau show du monde.

J'ai acheté mes places. C'est le moins que je pouvais faire. La salle était pleine. Enthousiaste.

Et les yeux de la famille Pauwels brillaient plein d'espoir et de reconnaissance.

Et que vive le cirque...

Nelly, Marquis et Sam. Je vous aime à jamais.

25
fév

Un petit concert à 11h du matin avec Deborah De Ridder et Hans Peter Janssens autour des 'musicals'... Cela ne se refuse pas, hein? Quoi qu'il en soit, rdv chez Simon à 21h15, chez Claire à 9h20, et en route vers Dendermonde. A quelle heure le premier arrêt sur l'autoroute? Jamais.. On fonce. Et du coup, on arrive 40 minute avant le début du concert. On a le temps d'u petit café. Ou d'un capuccino, à "Cour et Jardin", le café du CC Belgica de Dendermonde.

A onze heure, la salle se remplit doucement. Très beau CC... Et tout de suite, une surprise. La scène est encombrée d'un cinquantaine de chaises. Il semble que Déborah et Hans Peter vont chanter avec un grand orchestre! Ce sera le Dynamic Symphonic Band.

Et on va en avoir plein les yeux et les oreilles: Deborah commence avec Miss Saigon, Hans Peter enchaîne avec The impossible Dream de Man of La Mancha. Et puis tout de suite, le premier duo: Dangerous Game de Jekyll & Hyde. Putain, quel niveau! On est au deuxième rang, quel bonheur. Un long et très beau intermède musical, Saga Candida. On peut admirer le talent et la cohérence de cet orchestre constitué majoritairement d'instruments à vents. Deborah va ensuite enchaîner avec une chanson de Evita. Quelle bonheur de la retrouver dans ce musical qu'elle a si bien défendu chez nous au Karreveld. Elle va d'ailleurs le rappeler en live, signalant notre présence dans la salle. Au talent se rajoute l'élégance.

En route donc pour Don't cry for me Argentina et Buenos Aires d'Evita. Rien n'a dire... Parfait. Que faire après cela. Et bien, un petit tour du côté de Les Misérables: Bring him home par Hans Peter suivi de I dreamed a dream par Deborah. Voilà, ça c'est fait !!!!

Il n'y a que les allemands pour succéder à cela. Alors, en route pour Ontembare Begeerte de Dans der Vampieren, par Hans Peter Janssens. Deborah va détendre l'atmosphère avec Don't rain on my parade de Funny Girl. Et on va terminer en pleine puissance avec The Music of the Night de The Phantom of the Opera suivi par un duo exceptionnel: Totale Duisternis de Dans der Vampieren.

La salle bondit debout pour applaudir. 

La salle bondit debout pour applaudir. C'est la plus belle manière de dire merci. Les deux artistes doivent s'enfuir à Anvers, pour leur deuxième concert de la journée. Comme nous.

25
fév

Tout l'opposé de ce matin: un petit orchestre dans le gigantesque Stadsschouwburg d'Anvers. On comprend très vite que lon va assister à un 'vrai grand show'. Une salle bien pleine - et c'est déjà la troisième représentation - montre bien à quel point en Flandres les 'musicals' sont un genre artistique reconnu et apprécié.

Tout commence avec quatre chansons de Les Misérables: At the end of the Day, puis I dreamed a dream pour la deuxième fois de la journée avec Deborah (mais l'orchestration de cet après-midi me semble bien moins convaincante que celle de ce matin), Do you hear the people sing et enfin Bring him home (même remarque que pour Deborah).

Bring him home (Les Misérables)

Deux chansons de Hairspray. Oui... Enfin... Non! Passons vite à Miss Saigon et son Why God Why. Voilà, pour la deuxième fois de la journée Evita. Un Oh what a circus (les hommes dansent très très mal) banal suivi d'un sobre Don't cry for me Argentina (orchestration !?!) de Deborah. Et d'un Buenos Aeres totalement transparent. Ce n'est plus Deborah... Mais très vite, le bonheur revient avec Lauren de Ruyck dans le tube de Roodkapje. Epatant.

Roodkapje

On enchaîne avec Laat het los de Frozen. Oui... Pourquoi ce choix ici? Et on enchaîne avec Notre Dame de Paris, en français. Il faut dire que tout est chanté en VO, mais dans une ville dirigée par la NVA, cela fait du bien. Enfin, la première chanson, Le temps des cathédrales chantée par Reuben de Boel, car la deuxième, La fête des fous, est d'une banalité déconcertante.

Le temps des cathédrales - La fête des fous,

On enchaine avec un musicals que je déteste, Jersey Boys. Sans intérêt, idem en concert. Mais ce n'est qu'un avis personnel. On se tape deux chansons: Walk like a man et Who loves you pretty baby. On enchaîne avec le sublime Ruben Van Keer (qui nous a ébloui cet hivers dans Mozart! - De musical). Il nous chante une chanson que je ne connais pas bien tirée de Catch me if you can: le très beau, et puissant, Goodbye. Magnifique...

Goodbye (Catch me if you can)

Et le retour de Deborah avec, comme ce matin, Don't rain on my parade de Funny girl. A part l'orchestration, c'est toujours aussi super. A nouveau un musical que je n'aime pas, Dreamgirls, avec We are dreamgirls et One night only. L'avantage à Londres c'est que les chanteuses sont exceptionnelles. Cela permet de faire passer la pilule. Ici, elles chantent juste bien. Donc ... no comment! Et puis ont touche le fond, avec I am what I am - sublime chanson de La cage aux folles - mais chantée par une femme!!! Et quand je dis chantée, je suis gentil... Vraiment. Et nous voici déjà au There's no business like showbusiness du même La cage aux folles. Beau final d'une première partie mi-figue mi raisin.

There's no business like showbusiness (La cage aux folles) - Memory (Cats)

La deuxième partie commence en mettant la bar haut: Cats. On commence par le très dansé Jellicle Ball. Oui... En vrai dans le musical complet c'est déjà pas top alors ici, avec des costumes et des danseurs approximatifs. On enchaîne avec Memory. Un vrai ratage de Marleen van der Loo - que j'aime beaucoup par ailleurs. Elle n'est pas investie dans cette chanson qui est un cri de désespoir. Allez, on tourne la page. La suite est prometteuse: Jekyll & Hyde. On commence par le sublime duo In his eyes (un souvenir éternel de Cologne, se jour où l'une des deux jouait sa dernière représentation, ces moments que l'on semble ne vivre qu'une fis et qui sont éternels). Cet après-midi, ce sont Deborah de Ridder (Lucy, la prostituée) et Elke Buyle (Emma, la femme de Jekyll). Terrible déséquilibre entre le niveau de chant des deux chanteuses. Or cette chanson est sensée être un duo de deux femmes aimée par le même homme, enfin l'une par Jekyll et l'autre par Hyde. De deux femmes à l'équilibre. C'est tout l'enjeu du propos de J&H. Dommage.

Elke Buyle (Emma, la femme de Jekyll) et Deborah de Ridder (Lucy, la prostituée) dans "In his eyes" de Jekyll & Hyde

On enchaine avec 7 extraits de Saturday Night Fever. Gentil. Enfin pas mon style. Mais la salle réagit enfiévrée. On enchaîne avec The Phantom of the opera. Après un morceau de Masquerade, Hans Peter nous envoie un très beau Music of the night. Rien a dire, si ce n'est applaudir à s'en casser les mains. Et puis on enchaîne avec le duo Phantom of the opera. Ce duo est joué par Hans Peter Janssens et Fleur Brusselmans. Elle n'a pas le miroir féminin de Hans Peter. Et cela se sent. Le fantôme est amoureux d'elle par le niveau de son chant. Ce n'est pas ici crédible.

Saturday Night Fever - The Phantom of the Opera

Un autre musical puissant succède au Phantom: Mozart - De musical, avec le sublime Ruben van Keer. On se tait. On profite. On applaudit à tout rompre. Deux chansons s'enchaînent: Waarom hou je niet van mij zoals ik ben et Hoe werk ik ooit mijn shaduw af. On aimerait que cela ne s'arrête pas. Que les chansons continuent à s'enchainer. Mais voici déjà Grease.

Ruben van Keer dans Mozart - De musical

Grease, c'est plaisant. Et majoritairement bien joué. Mais 8 chansons, même s'il s'agit d'extraits... Un coup de chapeau à Jervin Weckx qui est parfait dans cette partie. Et on termine par 7 chansons (ou extraits de chansons) de Mamma Mia! Super enlevé. Top. Et qu'on ne me dise pas qu'Hans Peter Janssens ne danse pas... Dans Mamma Mia! il danse...

Même si certains commentaires semblent acerbes, on passe une superbe après-midi. Trois heures d'un show bien conçu, bien monté mais avec quelques faiblesses.

3
mars

Et bien putain...

Quand on travaille dans le monde du spectacle, on va souvent voir des spectacles ... "parce qu'il faut", alors qu'on resterait bien chez soi. C'était le cas ce soir avec le musical "Drowsy Chaperone" au Théâtre Saint-Michel. Et bien ce fut une MAGNIFIQUE SOIREE.

La mise en scène de Guillaume Possoz est magique: rythme, inventivité, respect, intelligence, ... Orchestre impeccable. La troupe est au top, tant en chant qu'ne danse qu'en jeu théâtral. Chapeau bas particulier à Thibaut Radomme qui joue le rôle de "L'homme".

Ils donnent des lettres de noblesse au théâtre amateur. Je suis très impressionné par la somme de travail qu'il a fallu pour en arriver là: traduire le texte en français, répéter les trois arts (chant, danse, jeu), intégrer les claquettes, sans oublier, la scéno, les lumières, le son, l'orchestre, ... Je me demande très naïvement comment c'est possible d'en arriver là. A un tel niveau. Je suis admiratif.

Je n'aurais pas vu la dernière de la série, j'aurais immédiatement racheté de nouvelle places pour le revoir.

25
mars

C'est toujours très difficile d'aller voir une version de l'un de ses musicals préféré. C'est le cas de "Jekyll & Hyde" de Frank Wildhorn. Je dois l'avoir vu 6 ou 7 fois quand il s'est joué à Cologne en 2003. J'aime tout de cette œuvre: la musique, les textes, l'histoire. Mais aussi tout ce qu'elle suscite en chacun de nous: l'interrogation interne entre le bien et le mal. Cela semble, naïf, manichéen, ... ? Et bien pas du tout et c'est ce qui fait que j'adore cette œuvre.

Mais il faut le bien et le mal. Le pur et le pervers. Le médité et le sauvage. Or, ici, on a 3 heures de tiède. Alors, bien sûr, il s'agit d'un travail du conservatoire. Mais le "Conservatorium Brussel" nous a habitué à un tel niveau que l'on ne peut être que déçu.

Le Jekyll, (et jamais Hyde) est joué par Laurentz Hoorelbeke. Terne, sans puissance sonore, et pire ... jamais pervers, dangereux, méchant, inquiétant, ... . Emma, jouée par Isabelle Heremans, ne s'impose jamais. La seule qui sort du lot est sans doute Sofie De Schryver (Lucy). Mais comme tout est fait d'équilibre dans ce spectacle, le duo Emma/Lucy ne fonctionne pas non plus, devant faire appel aux désirs opposés de Jekyll et de Hyde.

Mais, étonnement, ce qui m'a le plus dérangé, c'est l'orchestration. Aucun envolée, pas de profondeur, Et un manque terrible de basses. Cela continue de dénaturer cette œuvre.

27
mars

Un choc... C'est toujours bizarre d'aller voir un spectacle du théâtre dans lequel on travaille, pour lequel on a fait le budget, dont on a croisé les comédiens en répétitions. C'est d'autant plus bizarre quand ce sont des amis qui ont écrit et qui jouent dans ce même spectacle. Détestant assister aux premières des spectacles-maison, je traine souvent pour aller m'asseoir dans une des salles, sur un strapontin, pour ne pas faire vrai spectateur.

Nous voici donc dans la dernière semaine de représentation de "Moutoufs" et je décide in extrémis d'assister au spectacle, fuyant "Bord de mer" qui risque de trop m'ébranler. Et pourtant, je vais vivre un choc... Un vrai!

J'adore les spectacles où les artistes ne se bornent pas à nous donner une leçons de morale, où ils ne nous donnent pas une liste d'idées auxquelles il est de bon ton d'adhérer. Ici, rien de ça. Ce spectacle est extrêmement fort parce qu'il se borne à poser des questions sans y répondre. Des questions extrêmement simples. Et que les comédiens ne jouent rien. Ils parlent d'eux-mêmes. Jasmina par exemple à qui l'on demande pourquoi elle a donné des noms bretons à ses enfants. Et Jasmina n'a pas de réponse. Ils se demandent pourquoi ils ne parlent pas arabe. Peut-on soi-même transmettre une part de la culture marocaine à ses propres enfants sans parler un mot d’arabe ? Les couples mixtes ne peuvent-il réussir que si l’un des deux renonce à sa propre culture ? Peut-on être musulman en mangeant du porc et en buvant de la bière ?

Ces cinq artistes ont un point commun: être né d’un père marocain et d’une mère belge. Aujourd’hui, comme les saumons remontent la rivière, leurs pères sont retournés dans leur pays natal, et c’est au tour de leurs enfants de remonter à la source pour comprendre ce qui a forgé leur identité. Ils ont récolté les témoignages de leurs parents, ont dévidé le fil de leurs propres souvenirs, ont déterré quelques photos d’archive, pour tisser une écriture polyphonique brassant mille questions passionnantes.

Il y a aussi un vrai questionnement sur le couple-mixte, sur sa viabilité. Mais la vraie interrogation de ces cinq moutoufs est "Qui sommes-nous"? Et vous savez ce qui rend ce spectacle magistral, c'est que moi qui suis bruxellois depuis 25 générations - dont pas moutouf pour un gramme - j'en arrive à me poser la même question: qu'est-ce qui a fait ce que je suis? On est avant tout le moutouf de soi-même.

Le trajet de spectacle a été éprouvant pour ces artistes à la recherche de leurs racines, de leur vérité. La maman de Jasmina et Monia est décédée durant les répétitions. Comme celle de Myriem. Le papa d'Othmane a été atteint d'un cancer. Ils en parlent à la fin du spectacle face à une vidéo de vaguelettes s'échouant inlassablement sur une plage. Les vagues envahissent nos yeux et nos âmes. Ils ne reste plus qu'à applaudir. A dire merci. Et à partir tenter de répondre à toutes ces questions.

31
mars

Cette photo date d'il y a dix ans... Dans la grande salle du public. L'un des spectacles qui m'a le plus marqué. Impossible d'y résister. Aujourd'hui le monde a changé. Il est devenu plus dur. Plus injuste. Et Magali a eu un fils. Il a maintenant dix ans. Il lui a été impossible de rejouer ce spectacle avec un enfant en bas âge. Nous voici donc repartis mais cette fois dans la petite salle et avec une scénographie qui correspond, selon moi, beaucoup plus à la dramaturgie: une femme dort sous un container.

Magali Pinglaut est criante de vérité. Cette femme fait la pire des choses que l'on puisse faire dans la vie, tuer ses enfants. Et pourtant, on ne l'accuse pas. La mise en scène impeccable de sobriété et le talent infini de l'actrice induisent en nous comme un sentiment de culpabilité de tolérer un monde qui amène cette femme à avoir pour unique solution de poser cet acte inacceptable.

Comme le dit Michel Kacenelenbogen: « Je pense que nos pires ennemis s’appellent ignorance, bêtise et indifférence ». Un regard bienveillant dans la rue peut tout changer. Une main tendue. Vers les "nouveaux pauvres" dont le nombre a explosé ces dernières années et, que moi comme les autres, je fuis du regard. Parce que c'est plus confortable.

Une vraie leçon de théâtre. Non, une leçon de vivre.

Incontournable...

7
avr
14
avr
16
avr
17
avr
21
avr
22
avr
11
mai

Alors là.... Comment dire?

Quand je prépare mes voyages à Londres, je regarde souvent ce qu'il y a avoir au théâtre, ce qu'il faut voir ou avoir vu. Pourquoi? Parce que passionné de musicals, là je suis au courant de tout. Je n'ai pas besoin de conseil (je sais il faudrait que j'aille lire la définition de "prétentieux" au Robert). Et bien pour ce petit week-end, il restait à choisir le spectacle du vendredi soir... Qu'aller voir ou revoir? Grâce à une loterie, on a obtenu des super-places à 25£ au Dominion (géant de plus de 2000 places) pour Bat out of Hell. C'est le "Meilleur Musical de l'année, je sais. Mais ça aussi on l'a déjà fait. Et puis, la salle est pas pleine, des top places à 25£, c'est pas bon signe.

Mais alors là, comment dire?

Les minutes qui précèdent le début d'un spectacle, nous, "gens de métier", on observe souvent le plateau ouvert, la technique... Ici, c'est clair: 25 caissons de basses, des bananes prêtes à envoyer du son dans 5 Forest National, ... Ca va envoyer du lourd. Mais, les seuls souvenirs que j'ai de Bat out of Hell, viennent de a jeunesse et de cette musique de Jim Steinman et Meat Loaf. Jouissif, mais n'ai-je pas passé l'âge? Je continue à adorer "Dance des Vampires" du même Jim Steinman et j'ai pris mon pied sur "American Idiot". On va voir. De toutes façons, ce n'était que 25£.

Et bien... J'ai vu. Et entendu. Et ai peut-être dit 40 fois: "Putain !!!!". Et les quatre points d'exclamation sont une tentative inefficace de retranscrire mo ressenti. La vie est belle: quand on a vu plus de 800 musicals et en 3 heures se faire chopper comme ça, en ne pouvant conclure que "Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu une vraie création!". Le metteur en scène est d'une créativité inimaginable pour nous transmettre un ressenti, un sentiment, une idée, .... La lumière est magnifique et, c'est rare, pas seulement belle mais signifiante. Que dire de la scéno? Magnifique, cette table de buffet qui se transforme en voiture avant de tomber dans la fosse d'orchestre. Magnifique ce tunnel, ou cette fosse à eau où plonge un artiste. Magnifique...

Moi qui déteste la vidéo dans 99% des spectacles où elle est utilisée et qui la tolère dans le % restant, je suis fasciné de ce que les six projecteurs vidéo apportent ici à la scéno et à la mise en scène: seconde lecture, trouble des esprits, ... Waoooow. Du grand art.

Le niveau de chant est aussi au top. Parce qu'il faut envoyer, c'est du Jim Steinman! Mais il faut aussi séduire et émouvoir tout en douceur à d'autres moments.

Et puis il y a ces moments de grâce: par exemple celui où les deux couples jouent ensemble partageant la scène alors qu'ils ne se trouvent pas au même endroit. Cela nous permet de comparer les deux approches amoureuses. Et le moment magique où les deux jeunes s'embrassent et où la mère au même moment tourne la tête pour éviter les lèvres de son mari.

Je pourrais écrire des heures sur cette surprise, mais comme je vais certainement venir le revoir, j'en parlerai la prochaine fois. Quel fossé avec les deux derniers spectacle que j'ai vu dans cette salle: Bodyguard et An American in Paris.

12
mai

Red est un spectacle que je connais bien. Je l'ai vu à la création dans une mise en scène de Michael Grandage, dans son théâtre de l'époque, le Donmar Warehouse. A l'époque, c'était Alfred Molina et Eddie Redmayne. Impressionnant est un faible mot. Il s'est ensuite joué au Théâtre Le Public, à Bruxelles, le théâtre où je travaille depuis 20 ans. Ici, c'étaient Patrick Descamps et Itsik Elbaz qui incarnaient les deux rôles, sous la direction de Michel Kacenelenbogen. Malgré un spectacle qui a triomphé, je suis resté personnellement un peu dubitatif quant aux choix dramaturgique du rapport entre les deux hommes. Et puis, nous revoici à Londres, près de dix ans plus tard, toujours avec Michael Grandage à la mise en scène et Alfred Molina pour incarner Rothko. Et dans le rôle du jeune homme, cette fois c'est Alfred Enoch.

Second coup de boule de ce court voyage à Londres... Red je connais. Presque par cœur. Je l'ai vu plus de cinq fois. Et pourtant, je redécouvre Red. J'ai l'impression que cette œuvre a mûri en neuf ans dans la tête de ces deux géants de théâtre qui ont choisi de se retrouver autour de cette œuvre qu'ils avaient créée.

La dernière scène est une véritable apothéose. Quand Rothko met sa main sur le torse du jeune artiste en devenir et qu'il lui pose cette même question qu'au début et que le jeune lui répond à nouveau: RED. Un monde a changé. Le future est devenu présent et le présent devient petit à petit le passé. Génie de l'écriture. Génie de la mise en scène. Génie de l'interprétation.

Et moi qu'est-ce que je fais? Je me donne en spectacle: je pleure encore sur le trottoir dans la rue.

Et cela débouchera sur une super-discussion sur l'art moderne - auquel je reste souvent hermétique - avec Alain, Simon et Damien. Quel bonheur. Et miracle, je n'ai plus pleuré. Enfin, il ne va pas falloir tarder à ce que j'en remette une couche. "It's my boy" de Jaimie approche.

12
mai
12
mai

Et bien voilà... En route pour la troisième représentation. Et quelle est la première chose que l'on fait quand on arrive à l'Apollo Theatre pour voir Jamie? On s'assure que c'est bien Josie Walker qui joue le rôle de la mère. Ouf... C'est le cas. Je ne réagis jamais comme cela. Même quand Glenn Close a été remplacée dans Sunset par son understudy à l'opéra de Londres, j'ai adoré le show. Mais ici, on peut presque dire qu'il n'y a qu'elle qui peut chanter "He's my boy", tellement elle l'incarne. Elle a créé le rôle au Sheffield Crucible en février 2017 et l'incarne depuis son transfert à Londres.

Moment de grâce...

HE'S MY VOICE / HE'S MY CHANCE / HE'S MY SMILE / HE'S MY DAY / HE'S MY LIFE / HE'S MY PAIN / HE'S MY JOY // HE'S MY BABY / HE'S MY MAN / HE'S MY BOY

Je pleure. Mon voisin, un inconnu, sanglote. On touche à l'essentiel. Le rapport filial. Indestructible. Plus fort que tout. Et comment le dire plus simplement que par ces quatre mots: HE'S MY BOY. Tout est dit. C"est rare une telle communion dans une salle de spectacle.


Mon commentaire est injuste. Car du talent, il y en a bien au-delà de Josie Walker. John McCrea est magnifique dans le rôle principal. Et j'ai une tendresse particulière pour Lucie Shorthouse, dans le rôle de l'autre élève qui tente de vivre sa différence, celle d'une fille musulmane dans un monde où cela peut être "suspect" selon de nombreux commentateurs très différents.


A très bientôt pour mon quatrième Jamie?