Le vendredi c'est le jour du poisson. Mais pire... C'est le seul jour de la semaine où il n'y a pas de vraie matinée dans les théâtres londoniens. Alors que faire? Et bien pourquoi pas une petite expo au Barbican? Le Barbican est déjà un voyage à lui tout seul. J'adore ce lieu créé à la fin des années '70 situé au sein de ce magnifique piétonnier bien conçu - que les responsables bruxellois prennent un ticket d'Eurostar. Et en plus le Barbican est la mixité érigée en système: bibliothèque, 5 cinémas, 3 salles de spectacles, ...
Cette expo permet de découvrir comment ce tout jeune artiste a éclos dans le New-York de la fin des années 70, une ville alors au bord de la faillite financière, où la criminalité a doublé en dix ans et le nombre de viols a triplé. Downtown est un chaos de rues mal entretenues, de boîtes underground, d’écrivains déjantés et de poseurs chics, un monde de funk et de punk music, habité par Grace Jones, Sid Vicious, Lou Reed, Klaus Nomi ou Andy Warhol. C'est le vivier d’où a émergé Jean-Michel Basquiat, après avoir quitté le domicile familial en 1977, à l’âge de 17 ans.
Lui et son ami Al Diaz et commencent par tagguer les murs, portes et ascenseurs avec la première marque de fabrique de Basquiat : SAMO©, comme Same Old Shit.
Etape 2, avec Jennifer Stein, il assemble, à partir de coupures de journaux ou de publicité, mégots de cigarettes et autres matériaux, des collages en format carte postale, qu’il vend $1 aux visiteurs qui font la queue devant le MoMA. On suit la vie de ce jeune artiste, étape par étape, presque mois après mois. Moi, qui ne le connaissais pas, au fur et à mesure que j'avance de salle en salle, et il y en a une dizaine en tout, je m'interroge sur son trajet. Très étonnement, comme à chaque changement de salle on n'avance que d'une année, on ressent vite qu'en salle 1à on ne sera pas en 2018 et que s'il n'y a pas de salle 11, c'est que... Je découvre plus un homme qu'une œuvre. Une étoile filante.
Etonnant sa rencontre avec Andy Warhol qui lui achète une carte postale à 1$ avant de flacher sur lui et de le prendre sur son aile. Je m'arrête pendant dix minutes face à une télé et écoute au casque une discussion entre Basquiat et Warhol. Magique discussion entre un vrai adolescent dont on commence à reconnaître les talents et le monstre sacré. Très étonnement, toute l'interview se fait face caméra avec Warhol qui a son bras protecteur sur l'épaule de Basquiat. Qui a lu Freud?
Et il n'y a pas de salle 11 parce que, très affecté par la mort d'Andy Warhol le 22 février 1987, Basquiat s'enferme dans une vie recluse et produit peu. En 1988, après une année et demie d'absence, il expose à nouveau. Malgré le succès de son exposition, il se rend à nouveau à Hawaï au mois de juillet, afin de se défaire de sa toxicomanie. Il rentre à New York le 2 août et déclare être guéri de son addiction. Dix jours plus tard, Jean-Michel Basquiat est retrouvé mort dans son appartement de Great Jones Street d'une overdose d'héroïne et de cocaïne.
Très belle découverte...