C'est après quelques jours compliqués aussi bien sur le plan physique que mental que j'ai décidé d'écrire cet article. Je l'écris avec trois buts précis : te mettre en garde, extérioriser mon mal-être et dire qu'il faut rester positif mais surtout, j'écris cet article pour remercier toutes les personnes formidables qui m'ont aidée à retrouver la confiance et l'envie de rester qui avaient disparu.
Volontourisme : du désespoir à la solidarité sans faille de "We are backpackeuses"
C'est donc après trois jours juste parfaits au Mad Monkey que j'ai rejoint l'orphelinat dans lequel je dois faire mon stage, enfin... devais faire mon stage.
Vers 15h, un tuktuk est arrivé pour me prendre à l'auberge et m'emmener au centre. Après plus d'une demi-heure de route à travers la ville et les campagnes, nous y sommes arrivés : Bridges Cambodia International, soit l'endroit dont j'avais tant rêvé depuis des mois.
J'ai regardé autour de moi, j'étais bien dans une campagne perdue (pour appuyer mes dires, les deux tuktuk que j'ai pris, outre celui de l'orphelinat se sont perdus). Il y avait des vaches, des chèvres, des cochons et des poules, de quoi faire plaisir à mon côté citadin, ou pas. Puis j'ai rencontré la directrice qui avait signé ma convention de stage, pas un bonjour, pas un bienvenue et pas plus de trois mots anglais alignés correctement. Pas vraiment l'accueil que j'avais imaginé. Elle m'a ensuite fait voir les chambres des volontaires : deux lits doubles et une petite salle de bain rustique dans chacune. J'ai mis exactement une seconde à remarquer qu'il n'y avait pas de chasse d'eau et que la salle de bain était dégueulasse. Je ne mentirais pas, j'ai paniqué et les larmes me sont tout de suite montées aux yeux.
Pour me calmer, j'ai décidé d'aller rencontrer les enfants. Ils étaient en train de travailler sous les cris de la directrice (bipolaire selon moi) qui me voyant a décidé de me faire visiter les lieux à coups de "This x dollars" et de "I pay electricity 200 dollars month", elle m'a ensuite bien fait comprendre que ma participation serait grandement appréciée par les enfants... Attends, par les enfants ou par elle ?
Je suis retournée dans ma chambre et j'ai pleuré. J'ai skypé avec une amie, on a conclu que c'était le début, que c'était très différent de la ville et qu'il me faudrait quelques jours pour m'y habituer. Une vaste blague. Le soir, une autre bénévole est rentrée de Siem Reap, un repas immense nous attendait, nous les volontaires. Les enfants eux, avaient droit à du riz blanc. C'est durant ce repas très occidental que Nuria (l'autre bénévole) m'a raconté ce qu'il se passait dans ce centre. J'ai très vite compris une chose : mon mauvais feeling en arrivant était fondé. Elle m'a dit vouloir faire fermer l'endroit et avoir vu fuir tous les volontaires censés rester pour deux mois après seulement une semaine ou deux.
Après le repas, j'ai donc décidé de retourner dans ma chambre, de pleurer, d'appeler mes parents mais surtout de poster un message sur le groupe Facebook "We are backpackeuses" pour expliquer ce que je vivais et leur demander de l'aide pour m'ajuster au mieux. C'est suite à leurs réponses que j'ai réalisé que je devais partir, que j'étais en plein dans une situation de Volontourisme.
Qu'est-ce que c'est que ça tu me diras ? Eh bien au Cambodge, tout le monde peut créer une ONG, ça permet d'échapper aux taxes, et donc un tas d'organisations frauduleuses voient le jour. C'est surtout le cas de nombreux orphelinats qui enlèvent des enfants ou les payent (mais pas toujours) pour attirer les touristes qui veulent se donner bonne conscience ou faire de l'humanitaire, qui vont alors dépenser plein d'argent dans ces centres, augmentant dès lors considérablement le capital de ceux-ci.
Alors écoute-moi, si tu reconnais ton expérience dans cette description, fuis ! (Mais bien sûr, rien ne t'empêche d'essayer d'aider ces enfants de l'extérieur.)
C'est grâce aux réactions par rapport à ma publication que j'ai décidé de partir, je tiens donc à remercier particulièrement TOUTES les personnes qui y ont montré un intérêt. C'est grâce à vous que j'ai décidé qu'il était hors de question que je continue d'alimenter ce genre de business.
Tu dois sûrement être en train de te demander pourquoi je parle de solidarité sans faille concernant ce groupe Facebook. Minute papillon, j'y viens.
Bon, tu te souviens que j'ai un stage à réaliser si je veux avoir mon diplôme ? Bon bah là, il était un peu compromis. Et puis j'ai reçu des appels, des messages privés et des commentaires d'énormément de filles qui m'ont conseillé des assos, des écoles et des ONG à contacter. J'ai donc, grâce à "We are backpackeuses" (et d'autres personnes aussi, je ne vous oublie pas les gars), plein de lieux de stage à visiter et contacter dans les prochains jours.
Et surtout, j'ai reçu ce commentaire. Ce commentaire qui fait qu'aujourd'hui je vais mieux. Ce commentaire qui fait que petit à petit j'ai repris mes recherches et l'envie de faire ce stage. Ce commentaire de Sophie, expat' de Suisse ici à Siem Reap qui a proposé de m'héberger quelques jours pour me remonter le moral et m'aider dans mes recherches. Merci Sophie, vraiment merci infiniment !
C'est donc depuis le lit douillet de la jolie chambre d'amis de Sophie et Dave que je vais conclure en te disant une chose super importante (promis) :
Quoiqu'il arrive, la vie est trop courte pour être pessimiste, le Monde est beau et peu importe où tu es, tu trouveras toujours des personnes formidables pour te venir en aide et te remettre d'aplomb alors laisse-toi aider et n'essaye pas de tout gérer seul.
(Océane out)