À Bagan et à Yangon nous avions passé du temps avec Itay, un Israélien très sympathique, qui m'avait parlé de son étape dans l'ouest du pays, à Mrauk U (prononcé mya oo...oui oui comme un miaulement), destination qui l'avait vraiment emballé, ce qui a éveillé ma curiosité. Je décide donc de quitter Ngapali pour Mrauk U, dans l'état Rhakine. Le trajet durera au total 18 heures en minivan. Autant vous dire que ce ne fut pas une partie de plaisir, entre les contrôles d'identité (cette région n'est pas ouverte depuis longtemps aux touristes et est surtout tristement connue pour ce qui se passe avec les rohingyas), les routes complètement abîmées qui nous secouaient dans tous les sens, les voyageurs qui ne cessaient de cracher dans des petits sacs en plastique ou dans des bouteilles vides leur salive rouge dû au Bétel, la musique tonitruante (mais étonnement je me suis surprise à apprécier la playlist du conducteur) et la fenêtre à côté de moi qui ne se fermait pas et laissait entrer toute la poussière du dehors. J'ai cru que tout se calmerait une fois la nuit tombée et les lumières éteintes, mais que nenni!! la lampe au dessus de moi s'est avérée être un néon digne des meilleures discothèques, alternant à un rythme saccadé le rouge, le vert, le jaune et le violet, tout ceci accompagné de la radio qui passait des prières bouddhiques (avec le son au maximum évidemment). Ça doit être la berceuse locale car je semblais en être la seule incommodée. 😅.
Paysages parcourus Les magnifiques couleurs du néon dans le minivan et un extrait des prières qui ont durées une bonne partie de la nuit À 4 heures du matin on me signale qu'on est arrivé à ma destination. Je descends du minivan m'attendant à être interpellée, comme c'est habituellement le cas, par une horde de chauffeurs de tuktuk et taxis. Et bien non, le minivan repart me laissant seule au milieu d'une petite ville complètement endormie. Après encore quelques péripéties (prendre le mauvais chemin, tomber, déchirer son pantalon, devoir s'infiltrer dans un hôtel ou tout le monde dort, etc.) je pénètre dans ma chambre pour continuer ma nuit. Au réveil c' est la douche froide...l'hôtel est vraiment dégueu (pour les voyageurs évitez le "Price hotel") et dehors c'est le déluge.
Finalement je deciderai de changer d'hôtel et après quelques heures, le beau temps est revenu. La ville me paraît tout de suite plus accueillante. Je pars donc à la découverte des environs qui s'avèreront aussi beau que ce qu'on m'avait dit.
Comme je le disais ci-dessus cette région n'est pas ouverte aux touristes depuis longtemps ce qui explique la surprise des gens que je croisais tant dans la rue que dans les temples. À nouveau, plein de regards étonnés et amusés, beaucoup de sourires, de bonjours et de demandes de photos.
Le soir je suis tombée par hasard sur David un Anglais rencontré à Ngapali. Il voyage avec Dan qui vit à Yangon. Ils m'expliquent qu'ils partent en trek de 2 jours le lendemain pour visiter les villages Chin et me proposent de venir avec eux. Ni une ni deux, je décide de les suivre. Ces deux jours furent vraiment très enrichissants.
Pour la petite histoire, depuis une quarantaine d'années la pratique du tatouage facial est interdite au Myanmar. Cette pratique qui existait au sein du peuple Chin (les Khyang), visait ainsi à tatouer le visage des femmes (y compris les paupières) dès l'âge de 9 ans. Il est difficile de connaitre l'origine exacte de cette tradition (les informations se contredisant) mais il semblerait que chaque groupe ait son propre tatouage et qu'auparavant les mariages inter-groupes (ou avec d'autres ethnies) étaient interdits. Il nous a également été expliqué que la plupart des petites filles attendaient ce moment avec impatience car elles trouvaient cela beau, mais toutes se souviennent de la souffrance ressentie. On nous a également expliqué que les petites filles pouvaient refuser le tatouage mais devaient alors quitter la communauté. Parmi les femmes rencontrées, certaines regrettent la disparition de cette pratique estimant que c'est un peu de leur culture qui disparaît et d'autres en son ravies, ne souhaitant plus voir les petites filles souffrir. À noter qu'elles nous ont toutes dit être fières de leur tatouage.
J'ai été ravie de pouvoir faire ce trip sur deux jours car cela nous a permis de passer un moment plus privilégié avec la famille qui nous a accueillis pour une nuit et de pouvoir échanger avec les deux tantes de notre hôte sur leur vécu. Une des deux s'est d'ailleurs révélée hyper comique, à nous raconter plein d'anecdotes.
Famille Chin chez qui nous avons logé Femmes Chin tatouées "d'une toile d'araignée"Répétition de danses traditionnelles Chin en vue d'un prochain festival