La vraie découverte va commencer !
La société qui loue le camping-car doit venir nous chercher à l'aéroport alors on y retourne en faisant le chemin inverse. On arrive et on passe un rapide coup de tel pour qu'ils viennent nous chercher. Ah mais sauf qu'en fait ils ne peuvent pas, on doit prendre un taxi qu'ils nous rembourseront.. mais à cinq, aucun n'accepte de nous prendre. On essaye de re-téléphoner mais ça sonne occupé, impossible de les joindre. Au bout d'une demi heure, on décide de faire 2 équipes : je vais chercher le camping-car avec Jules pendant que Vanessa nous attendra à l'aéroport avec Léo, Oscar et les bagages. Je reviendrai les chercher avec le camping-car.
Retour à la file des taxis, mais finalement c'est trop proche, ils ne veulent pas utiliser le compteur et proposent un forfait, bien sûr hors de prix... Respiration calme ... super Uber à la rescousse ! pour 1/3 du prix nous (Jules et moi) arrivons à bon port avec une petite pensée pour les taxis français qui ne sont pas les seuls à devoir progresser s'ils veulent survivre.
Bref, on récupère notre nouvelle maison après avoir signé quelques papiers et regardé une vidéo insistant sur le fait que l'on roule à gauche. Mon interlocutrice attire fortement mon attention sur les quelques lignes du contrats précisant les routes interdites.... Sur le moment j'acquiesce sans trop réaliser.
Retour à l'aéroport, on charge, tout le monde monte à bord et, enfin, la vraie découverte commence ! La ventilation ne fonctionne pas mais on fera avec.
Pour la première nuit on a réservé chez un fermier qui met à disposition une place, du courant, de l'eau et des WC. Il est très gentil, sort une sorte de caisse à savon pour que les enfants jouent dans la pente et nous raconte son histoire et la région... Enfin c'est ce que l'on pense, on comprend un mot sur vingt. Il a un accent à couper au couteau et une articulation qui n'a rien à envier à nos vieux assis à l'entrée des villages. Les enfants dévalent une pente sous la pluie et dans la gadoue pendant que l'on s'occupe du dîner... Mais la pompe à eau se met à faire un bruit bizarre, il n'y a plus qu'un filet d'eau qui coule et elle ne s'arrête plus automatiquement... On essaie de regarder mais sous la pluie on ne voit rien. Le lendemain matin le soleil brille, on refait un test : il n'y a toujours qu'un filet d'eau qui sort du robinet... et le reste qui coule sous le camping car et, après analyse, dans certains des rangements. Finalement on trouve l'origine du problème, c'est juste un tuyau qui s'est décroché du ballon d'eau chaude. On se voyait déjà retourner à Christchurch mais deux tours de clef plus tard on reprend la route ! Ah ah, il nous aura fait peur mais on est sûr que bien que vétuste, il est robuste !
Sur la route du Mont Cook on passe à proximité du lac Tekapo que l'on prévoit de revoir en passant dans l'autre sens et on s'arrête plus loin au lac Pukaki et là, en descendant du camping-car, c'est le premier moment vraiment fort ! Les couleurs sont irréelles et l'air est frais, pur, il sent la montagne. Ça revigore, ça calme, c'est beau, ça donne juste envie de se s'assoir et de contempler ... Bip bip, nouveau message :
Copains : "Salut les amis, on est en route vers le Mont Cook, vous êtes où ?"
Nous : " Trop fort, nous aussi, on s'y retrouve ?"
Copains : " Super, on essaie, mais les places sont rares et on est encore un peu loin..."
Nous : "pas de bile, on est plus proche, on fonce et on vous réserve une place !"
Copains : "cool merci !!'
Go go go ! Pour la contemplation calme c'est raté mais que ne ferions nous pas pour partager une bière. On arrive assez tôt, il y a suffisamment de place, on s'installe et on sort quelques chaises pour déjeuner (et réserver la place). Là aussi la nature provoque cette envie de respirer à fond et de rester silencieux, enfin sur les adultes, les enfants courent en battant des bras et en hurlant, normal.
Les copains finissent par arriver, on s'organise un petit espace convivial entre nos maisons mobiles et on part se balader en fin de journée vers le Mont Cook alors que les Chinois désertent les lieux. Et les paysages sont grandioses, rivière de "lait" enjambée de ponts suspendus, lacs aux couleurs étonnantes et bien sûr les monts enneigés. Malheureusement on n'aura pas le temps de la faire complètement mais les copains la refont le lendemain.
Retour au camp de base pour partager l'apéro tant attendu, interrompu par l'arrivée des Kéa, les seuls perroquets de montagne. Il s'agit d'une espèce endémique qui en plus bouffe les joints des voitures et camping-cars. Il faut les faire fuir à grand renfort de cris, de serviettes tournoyantes et parfois de petites cailloux... Tout le camping est pris de frénésie, c'est entre l'asile de fous et un mariage dansant sur du Patrick Sébastien. Ils finissent par partir... et revenir au lever du soleil. On est réveillé par le bruit du picorage des joints et c'est reparti comme la veille, mais cette fois les "fous" sont en pyjamas.
Petit déjeuner avec les copains et on repart pour la suite de notre périple.
On continue notre route vers Queenstown, la ville des sports extrêmes de montagne. On bifurque un peu avant pour rejoindre le point de vue au sommet de Crown Range où se trouve une zone de camping gratuit avec une super vue. Mais qui dit sommet dit route de montagne très escarpée et là, notre vieux véhicule tire la langue, ahane et finit par s'immobiliser, le tableau de bord illuminé par tous ces nouveaux voyants. En terme plus mécanique, il s'agit d'une vielle boîte automatique qui monte les rapports un peu n'importe quand sans les redescendre, et essayer de grimper un col en 4e et bien ça marche pas. On arrive à le redémarrer et à rejoindre le sommet suivi d'une lonnnnnngue file de voitures impatientes. Il sent un peu le brûlé mais ne fume pas trop alors on s'installe pour la nuit, et c'est vrai que la vue est magnifique.
Pris de doutes on vérifie que cette route pentue ne faisait pas partie de celles interdites... Non, tout "va bien", elle n'y est pas. La plus proche dans la région est la Skippers Road.
Il est temps de repartir, le livret de bord contient la liste des garages agréés et ça tombe bien, il y en a un à Queenstown. La descente se passe sans problème et on rejoint un camping en centre ville d'où on appelle le support qui finalement nous dit qu'il vaudrait mieux aller au garage de Te Anau qui est moins surchargé. C'est sur notre route alors on prend rendez-vous pour le lendemain et en attendant on part faire du rafting !
On a rdv en centre ville et on est emmené en mini-bus. Après un peu de route, le chauffeur s'engage dans un chemin de terre et ralentit à côté d'un panneau de danger. Il s'agit justement de LA Skippers Road. c'est une route officielle qui avait été, à l'origine, construite pour l'exploitation des mines d'or. Le début est un chemin de terre un peu cahotant, mais on a vu pire. Il y a des forêts de sapins Norman, gris, morts. Importés par les Américains ils se sont développés au détriment de l'écosystème original et le gouvernement essaie d'endiguer leur propagation à coup d'épendage de désherbant. Et puis on arrive sur une partie où l'on comprend l'interdiction.. le rétroviseur à quelques millimètres de la paroi il est impossible de voir le chemin sous les roues au bord de précipice, même en se penchant par la fenêtre... C'est une des routes (la 2e ?) les plus dangereuses au monde. Ah le cours d'eau en contrebas est super beau, belle couleur, tout ça tout ça .. mais c'est compliqué de l'admirer sur cette corniche sans aménagement, pas la moindre glissière, juste parfois un cône pour signaler qu'un bout de la route s'est effondrée. Précisons aussi que cette route (oui c'est une route officielle limitée a 90 ou 100kmh, j'ai un doute) est en double sens.
Mais on finit par arriver à destination, a proximité d'une gouffre enjambé par un pont suspendu qui n'avait été construit que pour faire du saut à l'élastique, maintenant fermé. Et au fond du gouffre, la rivière que l'on rejoint en minivan après s'être équipé. On s'arrête au bord de l'eau, là où les chevaliers fantômes débarquent dans le Seigneur des anneaux, enfin là où la scène a été tournée.
Elle est encaissée, fraîche et limpide. La balade est "familiale", c.a.d assez tranquille avec quelques rebonds sur les parois pour l'émotion. On fait une pause en cours de route pour s'amuser à sauter d'un rocher dans un bras calme et rafraîchissant. Les rives sont jonchées de débris métalliques historiques datant des mines d'or. On remarque les restes d'un barrage qui n'a pas tenu le coup et ceux d'un navire pour draguer le fond qui, après des mois pour réussir à le mettre à l'eau, n'a pas résisté plus de 24h. A un moment on se range pour laisser passer un jet-boat, sorte de bateau à fond métallique propulsé par des turbines semblables à celle des jet-skis et qui peuvent ainsi passer sur des lits de cailloux.
Au bout de la balade on débarque sur une plage, on remonte en minibus, on se change, on goûte d'un maxi cookie et on rentre en minibus, par le même chemin. Étonnement, peut être à cause de la fatigue, mais il semble moins long et presque moins effrayant.
Après tout cela on se couche de bonne heure, le lendemain on a de la route à faire pour arriver jusqu'au garage... Si on y arrive.
Fin de la première partie.
Le lien vers l'album photos sera à la fin de la seconde partie, patience.