Après une journée de farniente (ou presque) sur la belle plage du Radisson Blu, nous nous levons tôt ce 14 août pour passer une journée complète à Tunis et dans les environs.
Le Radisson Blu au petit matin Un minibus arrive avec une bonne demi-heure de retard et nous emmène directement sur l'autoroute de Tunis. Notre guide, la soixantaine est un puits de culture et il nous régale d'explications sociologico-historiques dès les premiers kilomètres. Nous apprenons notamment qu'une grève des éboueurs a perturbé le pays tout l'hiver jusqu'au début de la saison touristique.
Les déchets sont partout en Tunisie
Dans tout le pays, on a pu observer les conséquences de ce mouvement social: les déchets sont partout! Le long des routes dans les fossés, au milieu des villes sur des places, même au milieu du désert. Toutefois, on peine à croire que la situation est aussi catastrophique juste à cause de cette grève...
Autre information glanée en chemin, après plus d'une année sans pluie, il y a eu des précipitations début 2023. Un véritable soulagement pour le secteur touristique, car comme le dit si bien notre guide:
Vers 9h du matin, nous arrivons sur le site de l'ancien port militaire de Carthage. Hélas, à part une mare verte qui entoure un ilot à la végétation dense, rien ne rappelle la grandeur passée des lieux. Alors, nous enchaînons rapidement avec la visite des thermes d'Antonin:
Une fois de plus, l'office tunisien du tourisme exagère: nous n'avons pas vu le moindre "fléchage au sol" et encore moins "une signalétique élaborée". Nous avons pourtant parcouru tout le site en long et en large sous une chaleur matinale déjà écrasante.
Les Thermes d'Antonin ou plutôt ce qu'il en reste: les sous-sols et quelques colonnes pour donner le change...Malgré le côté imposant des fondations et leur charme suranné, nous sommes déçus du peu qui reste. Comparé aux sites romains chypriotes ou crétois, celui-ci fait pâle figure. Pour nous consoler, le site tunisie-info explique que
Des souterrains, c'est tout ce qu'il reste de ce « colosse abattu et dépouillé de presque tous ses éléments ornementaux » Ce que nous raconte ensuite notre guide, c'est qu'il ne reste presque rien des ruines carthaginoises proprement dites. En 146 avant Jésus-Christ, à la suite de la troisième guerre punique, les Romains ont tout saccagé et simplement construit par-dessus... Et en plus, jusqu'à sa protection par l'UNESCO en 1979, les ruines ont été pillées pour leurs marbres afin de construire notamment Tunis, la nouvelle capitale créée en 698 par les Arabes.
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, le site archéologique a été grignoté au cours des siècles par l'élargissement des quartiers huppés de la capitale voisine:
D'ailleurs, à l'heure actuelle le palais présidentiel domine les thermes d'Antonin: il a certainement été construit sur des vestiges antiques, mais rien n'est trop beau pour l'égo des "grands" politiciens, non ?
Il faisait si chaud en ce début de matinée, que même notre guide s'est rapidement réfugié dans le café à la sortie du siteC'est en parcourant Wikipédia pour rédiger ces quelques lignes que je m'aperçois que notre guide aurait mieux fait de nous emmener visiter le Musée du Bardo plutôt que ces ruines en plein soleil. C'est en effet là, ainsi que dans le Musée de Carthage actuellement fermé pour d'obscures raisons, que se trouvent les plus belles pièces antiques qui ont pu être sauvées des chasseurs de trésor et autres prédateurs pseudo-scientifiques...
Ci-dessus, on aperçoit le mur blanc du palais présidentiel qui domine le site archéologique Lorsque nous retrouvons notre guide après une heure d'intense transpiration, quelle n'est pas notre surprise lorsqu'il décrète que nous quittons (déjà!) Carthage pour nous rendre à Sidi Bou Saïd, le Santorin local. Dire que nous restons sur notre faim est un doux euphémisme: nous n'avons probablement pas vu un dixième de ce que Carthage peut offrir.
Et, lorsque que quelques jours plus tard nous nous somme retrouvés à Kairouan (cf. ci-dessous l'une des prochaines étapes), première capitale islamique de la Tunisie, rebelote: au lieu de nous emmener visiter la Grande Mosquée qui selon Wikipédia "constitue le plus ancien et le plus prestigieux monument islamique de Tunisie et du Maghreb", notre guide nous emmènera exclusivement dans un magasin d'état vendant des babioles pour touristes et des tapis d'Orient...
Pauvre Tunisie! As-tu honte de ton patrimoine exceptionnel?
Ou est-ce plus prosaïquement la soif de devises et surtout une corruption de bas étage qui fait dévier les caravanes touristiques vers des souks plutôt que vers des trésors culturels ? Encore une question ouverte...
A ce stade, notons qu'à aucun moment, l'office tunisien du tourisme ne nous a donné l'occasion de nous exprimer sur notre expérience dans ce pays. Apparemment, cela ne les intéresse pas beaucoup de s'améliorer. Pour des Européens, cette attitude nonchalante est assez surprenante et probablement contreproductive.