Du Jura à la Bourgogne romane

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Depuis longtemps, je rêvais de visiter des églises romanes en Bourgogne. Je suis donc parti de la frontière suisse et je compte pédaler jusqu'à Cluny.
Dernière étape postée il y a 3 jours
Juillet 2025
13 jours
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La gare de Givisiez à six heures ce matin

Debout à 5h du matin, mon train pour Yverdon part à 6h06.

Au moment d'enfourcher ma bicyclette pour aller à la gare, j'entends un frottement bruillant de la roue arrière.

Contre quoi ?

Je n'ai pas le temps d'y penser, je verrai en arrivant à Ballaigues.

Une heure quarante plus tard, ce que j'avais soupçonné en allant chercher mon vélo chez le mécanicien, s'avère hélas exact: avec le poids des deux sacoches, la fixation arrière du garde-boue frotte contre le pneu...

Comme j'ai pas emporté de clé à fourche, je ne peux rien faire!

Je dégonfle un peu le pneu arrière et je monte vers les Hôpitaux-Neufs.

Après environ dix kilomètres, le bruit du frottement cesse et je comprends pourquoi: le pneu arrière est précocement usé. Du coup, il ne semble plus frotter...

Avouez qu'il y a mieux pour débuter ses vacances.

Les pneus avant et arrière: contraste flagrant

Heureusement, mon itinéraire m'emmène sur de belles petites routes peu fréquentées par les automobilistes.

Par contre, je croise de nombreux cyclistes que je salue à chaque fois.

Premier lieu remarquable, le paisible lac de Remoray.

Le lac de Remoray

Dans le village éponyme, je m'arrête pour visiter l'église de la Nativité-de-la-Vierge (19e s.)

Remoray, l'église de la Nativité-de-la-Vierge (19e s.)

Vers 11h, j'arrive à Nozeroy où je m'installe sous le porche de l'église pour casser la croûte.

Nozeroy, dans le Jura français

Alors que je repars, le temps se gâte et finalement, je dois m'arrêter à Billecul! car il pleut trop. J'enfile ma veste de pluie et mes surchaussures, car je n'ai volontairement pas pris de pantalon pluie, faute de place dans mes sacoches.

La suite du parcours jusqu'à Champagnole est tout aussi belle, entre montées douces et descentes raisonnablement rapides.

La campagne jurassienne

A midi et quart, j'arrive à Champagnole, mais comme le camping n'ouvre qu'à 14h, je m'installe sur un banc près de l'église.

Église Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Champagnole

Après avoir fait quelques assouplissements, je finis les sandwiches et les carottes emportées ce matin.

Et alors que je m'apprête à rédiger le compte rendu de la matinée, Bruno s'arrête à ma hauteur avec son vélo électrique et se met à me raconter ses projets de voyage à vélo. Je passe un bon moment à échanger avec ce septuagénaire fort sympathique qui finit presque toutes ses phrases par un "voilà".

Comme il repleut, chacun part de son côté et je finis par trouver un abri pour écrire ces quelques lignes dans la cour du bâtiment de la Croix-Rouge locale.

Mon emplacement au camping Boyse de Champagnole

Vers 13h50, je me rends au Camping où j'ai réservé la veille un emplacement pour... 37 euros!

L'accueil est aimable et mon emplacement assez grand. J'espère que la nuit sera bonne!

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Publié le 7 juillet 2025


Il est 6h30. Après une bonne nuit de sommeil, je me réveille en entendant la pluie qui crépite. Ce n'est pas désagréable en soi, mais je m'interroge: que va être la journée ?


En réservant hier soir un camping, j'ai manifestement fait le mauvais choix... En plus, je n'ai pas pris de pantalon de pluie. Et, je sens mon dos comme jamais! Je suis préoccupé 🤫

Là, il pleut tellement que je n'ose pas sortir de ma tante ni de mon sac de couchage. Et il fait froid: 14 degrés. Habitué à la canicule des derniers jours, j'ai fait plusieurs mauvais choix...

Le "paysage" dont je me gave depuis hier soir 18h30...

Il est 8h30 et je suis toujours dans ma tente. Il pleut sans interruption. J'attends une accalmie pour plier la tente.

Comme je vais probablement rouler sous la pluie, j'ai raccourci mon étape. Je renonce à visiter Poligny et je vais suivre l'ancienne voie ferrée PLM pour Paris-Lyon-Méditerranée. C'est quasi plat jusqu'à à Lons-le-Saunier où j'ai finalement réservé un airbnb au centre-ville. En effet, ils annoncent de la pluie jusqu'à demain matin. Si je veux pouvoir faire sécher un peu mes affaires... Il est 9h30, la pluie continue...

Une heure plus tard, il cesse enfin de pleuvoir. Je range scrupuleusement tout mon matériel et je pars autour de 11h20.

Je roule en pleine nature à 20 km/h de moyenne. Je ne me sens pas dans une forme éclatante, mais ça devrait suffire pour rejoindre le chef-lieu du département du Jura.

Avec Thomas, motard de Düsseldorf

A Pont-du-Navoy, je m'arrête à une boulangerie pour reprendre des forces. Alors que je dévore mon sandwich comté-chorizo chaud, trois motards allemands s'arrêtent à ma hauteur. L'un d'eux arrive à ma hauteur et je le salue d'un "Hallo" sonore. Étonné, il me demande si je suis Allemand ?

Nous commençons à discuter, et j'apprends qu'il vient de Düsseldorf et qu'il descend voir un ami en Corse.

C'est la deuxième rencontre spontanée que je savoure en deux jours. J'espère que ça va continuer ainsi. En effet, lorsqu'on voyage seul, on a besoin de petits moments de convivialité.


L'Ain à Pont-de-Navoy

En repartant, je traverse l'Ain et me dirige vers Monnet-la-Ville dont j'apprécie l'élégante église perchée seule sur un monticule.

L'église de Monnet-la-Ville

À Marigny, je m'arrête cette fois pour visiter l'église.

L'église de Marigny (Jura)

Je repars rapidement et passe à quelques mètres du lac de Chalain, caché par une haie d'arbres. Comme le ciel menace, je ne tiens pas à traîner. Et effectivement, quelques minutes plus tard, une forte pluie s'abat sur moi. Je me dis: "C'est dans ce genre de moment que se révèle qui ont est." Je ne bronche pas et continue à pédaler en espérant que ça va s'arrêter bientôt.

Au moment où je croise une sorte de chamois que ma présence n'inquiète pas, les écluses célestes sont déjà fermées. Tant mieux.

Une jolie rencontre avec un chamois ?

Après une belle descente, j'arrive à Conliège, un village resté figé depuis les années 1980 et traversé par d'impressionnants poids-lourds.

Conliège, un village figé dans les années 1980

J'arrive devant mon airbnb à 14h tapantes. Je me douche et repars direct vers le centre de Lons où j'ai pris rendez-vous pour un massage thaï traditionnel sur recommandation de mon hébergeur.

Lons-le-Saunier, petite cité de charme

En 30 minutes, la masseuse sexagénaire accompli un impressionnant travail qui ressemble à un mix entre ostéopathie et physiothérapie. Exactement ce dont j'avais besoin! Merci la vie, merci Seigneur.

En sortant, je suis tout groggy, mais très serein. Je fais quelques achats au Spar et rentre dans mon 2 pièces cuisine hyper confortable.

Mon airbnb pour ce soir: juste génial!
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Publié le 9 juillet 2025

J'ai passé une nuit parfaite dans cet airbnb. Je me réveille naturellement à 7h30 et je prends tranquillement mon petit-déjeuner.

La météo du jour annonce des précipitations vers midi et 15h00. Il va falloir slalomer entre les gouttes!

Lons-le-Saunier au matin

Vers 10h30, je mets le cap vers l'ouest en suivant une ancienne voie de chemin de fer.

Rapidement, le froid intense de l'air me surprend. J'enfile d'abord ma veste de pluie.

Puis, quelques kilomètres plus loin, je rajoute un tour de cou. Un peu plus tard, je m'arrête encore une fois pour enfiler un pull en laine mérinos. J'ai retenu la leçon de la veille: actuellement, mon corps n'est pas en mesure de supporter les courants d'air. Mieux vaut trop m'habiller que le contraire.

La campagne bressane sous le soleil

Le paysage que je traverse est plat mais charmant: des champs de blé et des cultures de tournesols, quelques troupeaux de vaches et quelques villages proprets.

Peu avant midi, la faim me tenaille. A l'entrée d'un village, je m'arrête à la hauteur de deux bancs. Je sors un pain de seigle et un saucisson sec, tous deux délicieux 😋. Devant moi, un joli paysage qui va jusqu'à une chaîne de colinnes au loin.

Le ciel est contrasté: au sud-est des nuages blancs moutonnent sur un fond bleu. Au nord-ouest par contre, un ciel de plomb annonce des précipitations. Je remballe mes affaires en vitesse et je pars vers Louhans (Saône-et-Loire) située à seulement 2 km.

Les arcades du centre médiéval de Louhans (Saône-et-Loire)

Là-bas, après avoir traversé la rue historique bordée d'arcades à la mode bernoise, je me dirige vers l'église Saint-Pierre.

L'église Saint-Pierre de Louhans

A peine ai-je le temps de la visiter qu'un groupe endimanché arrive. Ils préparent un mariage! Tout en écrivant ces lignes, j'assiste à leurs répétitions de chants. C'est si beau à entendre... Merci Seigneur, merci la vie.


Je pars vers 15h de Louhans après avoir attendu la fin de la deuxième averse de la journée.

Sous le marché-couvert, j'attends la fin de l'averse

A peine suis-je parti qu'une 3e pluie m'oblige à m'abriter sous le porche d'une maison le long de la nationale.

15 minutes après, je repars.

Je franchis la seille puis remonte vers Bantanges où j'admire une petite église atypique.

L'église de Bantanges

A Rancy, je me dirige vers une chapelle romane qui est hélas fermée comme le lieu précédent.

Église de Rancy

A Jouvençon, une 4e averse me contraint à l'arrêt à l'abri d'une ferme abandonnée. Je repars un quart d'heure plus tard.

Vues de la ferme où je me suis abrité

Je roule dix minutes et la pluie est si forte que je suis contraint à m'abriter sous le portail d'entrée d'une propriété. Au bout d'un quart d'heure, la porte s'ouvre et un sexagénaire en t-shirt sort à ma rencontre. Il s'agit de Rodolphe, le propriétaire de cette ferme bressane typique: murs en briques plates et poutres apparentes.

Avec Rodolphe mon amphitryon improvisé

Nous parlons évidemment de la météo. Alors, entendant mon accent,

Rodolphe me demande si je ne serais pas Suisse?

Il me raconte qu'il a une nièce qui vit outre Jura et qui travaille dans tout l'ouest de notre pays...

La pluie a cessé et je repars finir les 12 km qu'il me reste.

Cuisery, le village des libraires

La dernière montée m'emmène à Cuisery, un village qui a la particularité de compter au moins un libraire et un bouquiniste distinct.

Vers 16h30, j'arrive à la Saône que je franchis sur un pont fleuri offrant une belle vue sur l'abbatiale Saint-Philibert.

Arrivée à la Saône et premier aperçu de Saint-Philibert

Je vais directement à mon airbnb qui se trouve au centre du bourg. Pour 55 euros, je dispose d'un joli studio tout blanc. On y trouve tout le nécessaire y compris un précieux lave-linge et un matériel de cuisine complet.

Mon studio et sa mezzanine

Après la douche, je ressors immédiatement pour aller visiter Saint-Philibert, un ancien monastère bénédictin. Elle a été fondée en 875, lorsque les moines de Philibert de Jumièges s'installent aux côtés des moines de l'abbaye Saint-Valérien de Tournus en apportant des reliques de saint Philibert pour les protéger des attaques normandes.

Saint-Philibert, abbatiale du IXe siècle

Même si de l'extérieur la façade striée de lézènes (ou "bandes lombardes") est d'une parfaite élégance, l'intérieur d'une sobriété totale me laisse sur ma faim. On est en outre frappé par l'épaisseur des piliers en moellons sur lesquels s'appuient les voûtes plein ceintre

Intérieur de l'abbatiale et vues du cloître

Il est déjà passé 18h et la fin me tenaille. En vain, je cherche une épicerie au centre de cette localité touristique. Je suis finalement contraint à marcher 15 minutes le long d'une route très fréquentée pour arriver à un Lidl sans charme...

De retour au studio, je me cuisine des gnocchi à la sauce tomate-basilic précédée d'une immense salade de doucette. Qui a dit que les cyclistes itinérants mangeaient n'importe quoi ?

Je me couche vers 22h30 mais je ne m'endors pas tout de suite. La faute aux endorphines ou la chaleur dans la mezzanine ? Un peu des deux sans doute.

Saint-Philibert sous le soleil 🌞