Des Pyrénées à la Rioja sur le camino francés

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Suivez-moi sur le chemin de St-Jacques de Saint-Jean-Pied-de-Port à Logroño, l'orgueilleuse capitale de la Rioja. Entre montagnes imposantes et villages médiévaux typiques, découvrez la Navarre!
Du 6 au 13 juillet 2022
8 jours
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À 6h26 je prends le train pour Lausanne presque soulagé d’être enfin arrivé au grand jour du départ. Il faut dire que quelques jours plus tôt, je n’avais ni sac à dos correct ni chaussures. Sans parler du sac de couchage. C’est donc dans le stress pré-vacances que j’ai écumé les magasins et la toile pour essayer de trouver le matériel manquant.

La gare de Fribourg au petit matin: c'est parti pour un mois d'aventure! 

Là, il fait une aurore radieuse, je suis bien assis dans un wagon tranquille et je n’ai plus qu’à me laisser porter vert Paris. Bon, j’appréhende un peu de devoir prendre le métro entre les gares de l’Est et Montparnasse, mais en attendant je profite des champs de blé et des villages paisibles qui défilent inlassablement.

Autour de la gare Montparnasse

Arrivé à Paris, je me dirige sans attendre vers le métro et je surveille mes arrières en achetant mon ticket simple course. En sortant à Montparnasse, aucune signalisation ne permet de s’orienter vers la gare éponyme. Les voyageurs n’ont « qu’à savoir »... Finalement, je repère l’imposante tour de verre et d’acier qui a pris le nom du quartier et je parviens devant la station de trains dont le nom est écrit en petites lettres incolores placées beaucoup trop bas pour être vues de loin. Fortiches ces Français !

En sortant de la station de métro "Montparnasse", aucune signalisation ne permet de s’orienter vers la gare éponyme. Les voyageurs n’ont « qu’à savoir »...

La signalétique de la gare Montparnasse laisse vraiment à désirer... A droite, le plus haut gratte-ciel de Paris intra-muros.

Il est 11h30 et comme mon train part dans une heure, je m’assieds sur les gradins d’une placette et mange lentement mon sandwich, toujours sur mes gardes. Un gitan roumain ? s’approche de moi pour me proposer le journal des sans-abris. Je lui file un peu de monnaie, mais je refuse son canard.

Visiblement fatigué et usé par le bruit et la chaleur ambiante, il m’explique qu’il a commencé sa tournée à l’aube et qu’il n’a presque rien vendu. Il est découragé et sur les nerfs. Je le comprends, mais je ne délie pas plus les cordons de ma bourse, car je crains d’en attirer d’autres si je suis trop généreux. Et comme il me reste une demi-heure à attendre le départ du train... Il s’en va dépité.

Un voyage peu dépaysant et sans contact humain

Au moment de repartir, je le cherche pour lui filer les quatre euros que je lui destine, mais il a disparu. Tant pis. Je monte sur le quai alors qu’il ne reste que dix minutes avant le départ. Le TGV pour Bayonne est incroyablement long et comme par hasard, mon wagon se trouve tout au fond !

Je hâte le pas et finis par trouver ma place côté fenêtre, au premier étage du train. À ma gauche s’installe ensuite une Française de bonne famille ? d’une vingtaine d’années et en face probablement sa sœur. Nous n’échangerons pas un mot tout au long du trajet, chacun caché derrière son masque anti-covid avec des écouteurs sur les oreilles.

Le voyage est long et le paysage assez monotone. Les grandes étendues plates de la Beauce et du Sud-Ouest, très peu pour moi ! Cela me laisse le temps de cogiter. Depuis la veille, je sais que je n’aurai pas la correspondance prévue en arrivant vers 16h00 à Bayonne. C’est pourquoi je me suis créé d’urgence un profil blablacar et j’ai réussi à trouver une automobiliste qui part d’Anglet et va jusqu’à un village situé à 5 km de mon gîte. Je ferai le reste à pied.

Le voyage est long et le paysage assez monotone. Les grandes étendues plates de la Beauce et du Sud-Ouest, très peu pour moi !

Une dernière surprise qui débouche sur une belle découverte

Pourtant, vers 14h30, je reçois un message sur l’app blabla qui m’annonce que mon trajet est annulé et que je vais devoir trouver une autre solution... Autant dire qu’il n’y en a pas. À moins de voler une bicyclette ou de faire du car-jacking, ce qui n’est vraiment pas mon style...

Bayonne, le pont sur l'Adour qui mène au centre-ville 

En arrivant à Bayonne, je m’achète directement un ticket pour le train de 18h30 et je pars vers le centre-ville avec mon sac de 11 kg sur le dos. Sous un franc soleil, mais avec un vent fort, je franchis l’Adour que j’avais déjà traversé onze mois plus tôt sur la voie du Puy. D’un pas résolu, je prends la Rue Port-Neuf et me dirige presque spontanément vers la cathédrale Sainte-Marie classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

D’un pas résolu, je prends la Rue Port-Neuf et me dirige presque spontanément vers la cathédrale Sainte-Marie classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Selon Wikipédia, « Cette cathédrale ogivale, de style gothique fleuri, commencée en 1213 et achevée au XVe siècle, est surmontée de deux clochers de 85 mètres de haut, ajoutés au XIXe siècle. Elle renferme la châsse de saint Léon, patron de la ville. Un cloître datant de 1240 lui est attenant au sud. » Après avoir admiré l’élégant élancement de sa nef, je m’y recueille un moment.

La cathédrale Sainte-Marie de Bayonne (XIIIe-XVe siècle)

Bayonne, une ville petite, mais animée

En sortant, je m’assieds sur les escaliers de ce qui ressemble à l’entrée d’une bibliothèque. Toutefois, vu le nombre de sans-abris qui m’entoure, je me demande s’il ne s’agit pas plutôt d’un centre social. Je finis mon sandwich, avale le fond de ma gourde et repars. La rue d’Espagne que j’emprunte sur toute sa longueur m’impressionne par la vitalité de ses commerces, ses élégantes façades basques et son effervescence.

La rue d’Espagne à Bayonne: des commerces florissants et beaucoup de chalands! 

Je reviens sur mes pas à la recherche d’une terrasse agréable où me poser un peu, car mon sac est lourd. Finalement, je trouve une place au Camembar tout près des Halles qui bordent la Nive. Je suis au cœur de la vie sociale bayonnaise. Pour tuer ma solitude qui me pèse déjà, je fume une cigarette en regardant les vacanciers qui m’entourent. Comme le temps passe plus vite que prévu, je dois rapidement repartir vers la gare où m’attend l’omnibus pour Saint-Jean-Pied-de-Port.

La rue d’Espagne que j’emprunte sur toute sa longueur m’impressionne par la vitalité de ses commerces, ses élégantes façades basques et son effervescence.

Le quartier des Halles qui bordent la Nive regroupe les plus belles terrasses de Baiona (en basque!) 

Heureusement, Florent m’attend

Durant le trajet, je fais la connaissance d’un pèlerin américain qui vit et travaille dans les Émirats. Il me raconte sa vie là-bas ainsi que son envie de prendre le chemin de Saint-Jacques. Je ne l’ai pourtant pas revu les jours suivants.

Arrivé à destination, j’ai le plaisir de voir le mari de la patronne du gîte Compostella qui m’attend avec le sourire.

Arrivé à destination, j’ai le plaisir de voir le mari de la patronne du gîte Compostella qui m’attend avec le sourire. Trois minutes plus tard, il me montre ma couche dans une chambre à deux lits superposés du premier étage. Je la partagerai avec deux futurs jacquets anglo-saxons âgés d’une trentaine d’années.

Saint-Jean-Pied-de-Port: le pont sur la Nive de Béhérobie 

Après la douche de circonstance, je me dépêche de rejoindre le centre de cette charmante bourgade que j’avais brièvement visitée en août 2021 après 830 km de marche à travers la France. Il faut dire que je me réjouis de retrouver Florent, un pèlerin marseillais rencontré à Moissac l’année précédente. Il est pile vingt heures lorsque je le vois sur le pont de la Nive de Béhérobie à deux pas de l’église de l’Assomption-de-la-Vierge.

L'autre côté du pont avec à gauche l’église de l’Assomption-de-la-Vierge

Des retrouvailles sous le signe de l’amitié

Comme je meurs de faim, je lui propose d’aller directement dîner. Demain je dois me lever tôt et je ne peux pas me permettre de traîner ce soir... Florent m’emmène au Chat Perché. L’accueil y est décontracté et franc. La patronne est au service et Monsieur en cuisine, même s’il en sort souvent pour ramener les plats. Ils travaillent dur pour satisfaire les Britanniques, Hollandais et Français de passage.

Devant une Akerbeltz blonde, nous échangeons sur tout ce que nous avons fait depuis l’été dernier. Un très bon moment, même si... sans m’en rendre compte (évidemment !) c’est peut-être durant ces deux heures à table que FloFlo m’a refilé bien malgré lui le Covid-19 qui couvait en lui... Vers vingt-deux heures, nous profitons d’un beau crépuscule sur la Nive avant de nous séparer jusqu’au lendemain.

Un très bon moment, même si... sans m’en rendre compte, c’est peut-être durant ces deux heures à table que FloFlo m’a refilé bien malgré lui le Covid-19 qui couvait en lui...

Le clocher de l’église de l’Assomption-de-la-Vierge et la Nive de Béhérobie au crépuscule (22h)

Deux "tronçonneuses" me coupent le sommeil

Quand j’arrive dans la chambre, les deux trentenaires anglophones, pas chaleureux pour un sou sont déjà couchés, même s’ils ne dorment pas. Ils m’ignorent ostensiblement. Je me déshabille et glisse avec volupté dans mon sac de couchage. Par sécurité, j’ai mis des boules Quies dans mes oreilles.

Alors que je commence à m’endormir, l’un des deux voisins se met à ronfler copieusement. Puis, dix minutes plus tard, l’autre s’y met aussi.

Alors que je commence à m’endormir, l’un des deux voisins se met à ronfler copieusement. Puis, dix minutes plus tard, l’autre s’y met aussi. Je comprends assez vite que s’endormir dans ces conditions est illusoire... Je repère une place libre dans le corridor et j’y pose mon matelas. Je serai bien mieux là !

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Après une courte nuit passée dans le corridor du gîte pour échapper aux ronflements surréalistes de mes deux compagnons de chambrée, je range rapidement mes affaires dans mon nouveau sac à dos Deuter (55+20 litres). Floflo m'attend déjà dans le gîte communal pour que nous prenions le petit déjeuner ensemble.

Le gîte Compostella où j'ai passé une courte nuit est situé à environ 300 mètres du centre de SJPP

En sortant du gîte de Florent, je profite une dernière fois de la paisible vue depuis le pont sur la Nive au coeur du bourg médiéval de Saint-Jean-Pied-de-Port. Puis, nous passons à la boulangerie où m'attend un appétissant sandwich commandé la veille par mon ami marseillais.

La Nive, au centre de Saint-Jean-Pied-de-Port, vers sept heures du matin

Après avoir remercié chaleureusement Floflo pour son accueil, je me glisse dans le flux discontinu de pèlerins qui sortent de la citadelle pour attaquer la montée vers les Pyrénées. Afin de ne pas m'épuiser d'entrée, je m'efforce de marcher lentement. En effet, près de 24 km et 1330 m de dénivelé m'attendent!

Je me glisse dans le flux discontinu de pèlerins qui attaquent la montée des Pyrénées. Près de 24 km et 1330 m de dénivelé m'attendent!

Cette fois, j'y suis. A mois les Pyrénées! 
Bien que nous soyons le 7 juillet, la nature est très verte. Tant mieux. 
Après 3 km de montée, je me retourne pour admirer la belle vue vers la vallée de la Nive
La vue dans mon dos au kilomètre cinq 
Les premiers moutons dont le lait produit le célèbre fromage AOP Ossau-Iraty 
Vers le nord, la météo semble s'adoucir 
Vers le sud, c'est tout le contraire... Pour une fois! 

A 9h15 pile, après 7 km de montée ininterrompue, j'arrive déjà au refuge d'Orisson. Il fait si froid que je préfère commander un café à l'intérieur. J'aurais bien aimé partager ma joie d'être là après une année d'attente (cf. mon carnet précédent), mais personne le m'adresse la parole ou ne me donne l'occasion de discuter. Tant pis.

Je repars rapidement, car il me reste plus de 700 m de dénivelé et 16 km à parcourir!

Frère Daniel chaussé de sandales porte fièrement sa bure et un mini sac à dos. Il marche ainsi depuis Fréjus dans le Var!

Juste avant le 12e kilomètre, une silhouette d'un autre temps se profile dans le brouillard: il s'agit du frère Daniel(e) un moine italien de la communauté de Fréjus-Saint-Raphaël que j'allais connaître le soir à Roncevaux.

Seuls les moutons peuplent les majestueuses pentes brumeuses qui précèdent le col de Bentarte (1330 m)
La Croix Thibault (alt. 1220 m) 

A 11h15, après 14 km de montée et 1050 m de dénivelé positif, j'arrive à la croix Thibault (alt. 1220 m). Il ne me reste plus que 6 km jusqu'au col de Bentarte (1330 m).

Le dernier tronçon nécessite beaucoup de volonté, car il est très raide! En haut à gauche, on aperçoit le Burregieta (1441 m)


Ici le chemin flirte avec la frontière: la forêt est en Espagne, le talus encore en France
Une forêt de feuillus à perte de vue qui émet des ondes apaisantes. Je m'y sens incroyablement bien!
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La fontaine de Roland marque l'arrivée en Navarre (Espagne) 

Heureux et soulagé d'avoir atteint le point culminant de la journée (col de Bentarte, 1330 m), je savoure quelques minutes en admirant la vue que me laisse le brouillard. Mais il fait si froid exposé en plein vent, que je préfère descendre sur Roncevaux sans attendre!

Arrivé au col de Bentarte (1330 m), il fait si froid exposé au plein vent, que je préfère descendre sur Roncevaux sans attendre!

Le sentier est technique et je suis contraint d'utiliser mes deux bâtons de marche pour ne pas glisser sur les graviers qui parsèment le tracé. Vers 13h00, la faim me tenaille m'obligeant à m'arrêter près d'une fontaine. Heureusement, il ne me reste plus que quelques centaines de pas avant d'atteindre le monastère.

Le monastère de Roncesvalles (Roncevaux) 

En arrivant au monastère, je commence par faire la queue pour m'enregistrer auprès de deux hospitalières néerlandaises pas vraiment chaleureuses. Ensuite, je monte à l'étage pour prendre possession de mon lit et d'une armoire dans l'immense dortoir qui accueille déjà environ 70 pèlerins. J'ai de la chance, je partage une loge de 6 lits avec un groupe d'Américains d'environ 25 ans, fort sympathiques. Puis, je refais la queue dans le froid pour me doucher avant de descendre à la buanderie pour donner mon linge à laver moyennant quelques euros. Quel luxe!

Je dispose d'un lit et d'une armoire dans l'immense dortoir qui accueille déjà environ 70 pèlerins. Et il n'est pas encore plein!

Ensuite, sans prendre le temps de me reposer, je ressors et me dirige vers la Collégiale royale de Roncevaux (XIIe s.) Le silence à l'intérieur est impressionnant et les vitraux magnifiques! J'en profite pour me recueillir et remercier le Seigneur de m'avoir permis d'arriver dans ce lieu si spécial pour un pèlerin.

la Collégiale royale de Roncevaux (XIIe s.) 

Dans la Collégiale royale de Roncevaux (XIIe s.), le silence est impressionnant et les vitraux magnifiques.

Vers 19h00, je me dirige vers le restaurant situé sur la gauche en sortant du monastère. Devant une petite chapelle romane, je reconnais Daniel, le moine croisé durant la matinée. Nous discutons brièvement et il m'explique qu'il va jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle en mendiant chaque soir le lit et le couvert! Il semble épuisé et je décide de lui offrir la soirée étape pour lui permettre de se reposer.

Au restaurant la Posada, j'opte pour le menu standard à moins de 20 euros. pour ce prix, j'ai droit à deux excellents plats arrosés d'un vin rouge de premier choix ainsi qu'un dessert!

Ensuite, je retourne au restaurant et m'installe seul à une table pour le dîner. Au lieu de la formule pèlerin dont je me méfie, j'opte pour le menu standard à moins de 20 euros. Et pour ce prix, j'ai droit à deux plats excellents arrosés d'un vin rouge de premier choix ainsi qu'un dessert! C'est bien simple, jamais je ne mangerai aussi bien au cours des trois semaines qui vont suivre...

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Ce matin, à six heures pile, toutes les lumières de l'immense dortoir du couvent de Roncesvalles ce sont allumées. Et une musique agréable, mais impossible à ignorer a mis fin à une bonne nuit de sommeil d'une centaine de pèlerins.

Le couvent centenaire de Roncevaux au petit matin 

Comme je n'avais pas réservé le petit déjeuner, j'ai paqueté mes affaires et suis parti directement sur le chemin, seul. Après un dernier coup d’œil sur la Real colegiata de Santa Maria, j'ai suivi le tracé du camino francés qui traverse une longue forêt avant d'arriver à Auritz/Burguete. Vous l'aurez remarqué, dans la zone bascophone de Navarre, les noms des localités sont toujours en deux langues: basque et espagnol. Ainsi, personne ne se sent lésé et les susceptibilités culturelles ménagées!

Vous l'aurez remarqué, dans la zone bascophone de Navarre, les noms des localités sont toujours en deux langues: basque et espagnol.

En chemin, une nature qui invite au calme, malgré l'excitation de parcourir un chemin millénaire! 

Je traverse en silence ce village complètement endormi où l'église est évidemment fermée. Tant pis...

Auritz/Burguete, premier village basque de Navarre sur le camino. A 7h20 du matin, tout le monde y dort encore 

Je dépasse pas mal de pèlerins solitaires, aucun ne désirant communiquer tant ils semblent perdus dans leurs pensées. Heureusement, la vue sur la Sierra de Aralar dominée par le Mediaundi (1307m) est magnifique et en même temps apaisante. J'en oublierais presque la fatigue de la veille...

La Sierra de Aralar borde le côté droit du camino francés
Le Mediaundi (1307 m) la domine avec fierté et constitue la "frontière" entre Pays Basque et Navarre

A huit heures pile, j'arrive à Aurizberri/Espinal où je cherche en vain un café ouvert pour pouvoir me restaurer. Heureusement, je peux y admirer la remarquable église San Bartolomé construite en 1961.

L'église San Bartolomé (1961) d'Aurizberri/Espinal (Navarre) 

A un certain moment, je parviens à entamer la conversation avec un pèlerin allemand sexagénaire que j'avais déjà repéré à Roncevaux à cause de sa forte odeur corporelle. Qu'à cela ne tienne! Je suis si heureux de pouvoir enfin échanger avec un alter ego, qui plus est dans la langue de Goethe. Quel plaisir!

Finalement, je parviens à entamer la conversation avec un pèlerin allemand que j'avais déjà repéré à Roncevaux. Quel bonheur de pouvoir enfin échanger avec un alter ego, qui plus est dans la langue de Goethe. Un vrai plaisir!

Voici un pèlerin heureux! 

Finalement, nous parvenons vers neuf heures à l'entrée du village de Bizkaretta/Viscarretla terrasse d'un café nous invite à une pause bien méritée. Il faut dire que nous avons déjà parcouru 11,5 km le ventre vide.

Le paysage de cette première étape espagnole ne déçoit pas! 

Après avoir déposé mon sac de 11 kg sur une chaise, je me dirige vers le bar où une sud-américaine trentenaire est à la baguette. Pour la première fois de ma vie, je commande "un pintxo de tortilla" (une tranche d'omelette de pomme de terre) ainsi qu'un café décaféiné et un jus d'orange frais. Si mes souvenirs sont exacts, le tout me coûtera 3,50 euros, soit le prix d'un petit café en Suisse!

Maison basque typique de Bizkarreta-Gerendiain (Navarre) 

Pour la première fois de ma vie, je commande "un pintxo de tortilla" (une tranche d'omelette de pomme de terre) ainsi qu'un café décaféiné et un jus d'orange frais. Le tout pour 3,50 euros, soit le prix minimum d'un café en Suisse!

Parmi les clients, j'aperçois un pèlerin d'une trentaine d'année qui vient d'arriver et je l'invite à notre table. Après une courte hésitation, il finit par accepter. Raoul, est binational hollandais-espagnol et vit aux Pays-Bas. Je l'ignore encore, mais je le reverrai à maintes reprises au cours des trois prochaines semaines et j'apprécierai toujours sa présence posée qui contraste harmonieusement avec ma fougue verbale.

Cette première étape en Espagne constitue un vrai régal pour les yeux et tous les sens

Après avoir repris des forces, nous repartons (chacun pour soi) en direction de Zubiri, l'étape du jour. Après Lintzoain, un hameau trop petit pour posséder un toponyme en castillan, "l'itinéraire culturel européen" traverse une rafraichissante forêt de pins où je m'arrête pour me rouler une cigarette. Il faut dire qu'à cette période, je fume encore, inconscient du danger que ce geste inutile fait courir à ma santé.

La grande forêt de pins entre Lintzoain et Zubiri permet d'éviter les grosses chaleurs estivales

Après environ 22 km et 360 m de dénivelé positif, je parviens juste avant midi à Zubiri où je me précipite vers la première épicerie ouverte de la matinée. Heureusement, mon niveau B1+ dans la langue de Cervantès me permet d'acheter exactement ce dont j'ai besoin pour mon pique-nique au bord du rio Arga.

Arrivée à Zubiri par le "puente de la rabia", le pont de la rage (XIIe s.)

Les emplettes étant faites, je décide de passer la pause de midi sur les berges de la rivière Arga d'où je peux admirer "le Pont de la Rage" (XIIe s.). Selon la légende, un animal qui passait trois fois dessous, guérissait de cette maladie.

Vue du "puente de la rabia" depuis les berges du rio Arga où j'ai passé une excellente pause de midi!

Vers 13h30, je me résous à laisser ce havre de paix pour me diriger vers mon hôtel situé à l'exact opposé du village, côté est ce que qui me donne presque l'impression de rebrousser chemin! Je passe ainsi devant l'auberge communale où j'aperçois le collègue allemand rencontré ce matin entouré d'un groupe de jacquets visiblement contents de passer l'après-midi ensemble.

Pour ma part, soucieux de bien récupérer après "le semi-marathon" de la veille, j'ai réservé une chambre individuelle à l'Hostal Gau Txori, un établissement construit dans les années 1990. Ma chambre y est spacieuse et tranquille ce qui me permet de dormir quelques heures avant de ressortir vers 17h avec l'intention de visiter le village et d'y boire une bonne bière.

L'église San Esteban Protomartir de Zubiri (Tothh417, CC0, via Wikimedia Commons)

Je passe devant le centre sportif où une grande piscine entourée d'un joli parc me donne presque envie de retourner chercher mon maillot de bain. Mais, la fatigue est encore trop prégnante et je rejoins finalement le parvis de l'église San Esteban Protomartir (XIXe s.) reconstruite après les guerres carlistes.

J'y rencontre un groupe de jeunes pèlerins français accompagné de deux femmes de mon âge. Elles m'expliquent qu'elles ont réussi à trouver un prêtre francophone qui y donnera une messe à 18h. Comme le soleil tape encore fort, je me réfugie à l'intérieur de cet édifice religieux richement décoré et je décide d'y attendre dans le recueillement et la gratitude l'arrivée de l'homme d'église.

Finalement, il arrive vers 18h30 et je garde un excellent souvenir de cette émouvante cérémonie pleine de joie et de ferveur, amplifiées par les chants du groupe bleu-blanc-rouge. Merci infiniment!

Je garde un excellent souvenir de cette émouvante cérémonie pleine de joie et de ferveur, amplifiées par les chants du groupe bleu-blanc-rouge. Merci infiniment!

De retour à l'extérieur, j'apprends que le groupe cherche un lieu pour dîner ensemble et je leur propose de venir au Gau Txori étant donné que tout semble déjà fermé où nous nous trouvons. C'est ainsi qu'on se retrouve à quinze dans une salle à manger privée. Le "menu pèlerin" à 16 euros ne casserait pas trois pattes à un canard, mais la richesse des échanges autour de la table me permet de passer une excellente soirée qui augure bien de ce séjour en terres ibériques.

Le "menu pèlerin" à 16 euros du Gau Txori ne casse pas trois pattes à un canard, mais la richesse des échanges autour de la table me permet de passer une excellente soirée

En me dirigeant vers ma chambre, j'aperçois un pèlerin solitaire qui a mangé à la table voisine hier soir à Roncevaux. Je décide de l'aborder, curieux de le connaître. Il s'agit d'un Italien du Nord, comme presque tous ses compatriotes que je rencontrerai en chemin, qui voyage seul. Nous échangeons en "itagnol", un mélange de castillan et d'italien qui nous met à égalité.

Il a une soixantaine d'année, est divorcé de fraîche date et souffre de sa relation distante avec ses deux filles aînées. Heureusement, la cadette l'appelle tous les soirs et d'ailleurs, tiens, son téléphone sonne au même moment. C'est elle! Je ne croiserai plus Gianni, mais je le regrette un peu, car il semble de bonne compagnie.

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Après une bonne nuit, je patiente au bar de Gau Txorri pour payer ma chambre. La patronne se la joue très occupée et semble peu encline à laisser un bon souvenir au pèlerin de passage. L'ambiance est tellement exécrable, que je décide de prendre mon petit-déjeuner ailleurs, là où l'on me réservera un accueil un peu plus chaleureux...

Je repasse devant l'église où j'ai passé un si bon moment hier en fin de journée et franchis le pont médiéval afin de suivre la rive gauche du rio Arga. Après 1,5 km, j'aperçois l'imposante usine de magnésie détestée par les générations de jacquets passés par là pour sa laideur et la poussière qu'elle dégage. Heureusement, il fait encore frais et la suite du chemin est beaucoup plus riante.

L'église de Zubiri est toute proche du pont qui traverse le rio Arga 

D'emblée, je croise beaucoup d'alter égo avec leur sac à dos, perdus dans leurs pensées, sans plus de volonté d'échanger avec moi que la veille. Il faut dire que la plupart sont des anglo-saxons (Britanniques, Irlandais, Américains, Sud-Africains...) qui se méfient viscéralement de toute personne n'ayant pas la même langue maternelle...

Je croise beaucoup de pèlerins perdus dans leurs pensées, sans volonté d'échanger avec moi. Est-ce parce que la plupart sont anglo-saxons (Britanniques, Irlandais, Américains, Sud-Africains...) ? Ils paraissent se méfier viscéralement de toute personne ne s'exprimant pas dans la langue de Shakespeare...

Les chemins creux sont hélas souvent utilisés comme lieux d'aisance par les pèlerins, sans respect pour les suivants...

Après une bonne heure de marche à un rythme soutenu (il n'y a rien d'autre à faire!), je monte dans le bel hameau d'Akerreta. A côté de l'église de la Transfiguration (XVIIIe s.), un point d'eau permet de se rafraîchir et ça fait du bien! L'édifice paroissial étant fermé, comme trop souvent en Espagne, je repars sans attendre tout en admirant les très belles maisons basques avec leurs linteaux sculptés et datés.

Un pèlerin déjà éprouvé par la chaleur en arrivant au sommet de la colline d'Akerreta, devant l'église de la Transfiguration

Le camino francés redescend rapidement vers la berge du rio Arga que je vais suivre jusqu'à Pampelune (Pamplona en espagnol, Iruña en basque!) Le couvert des arbres et la vision du rio qui serpente à quelques mètres est agréable.

Le rio Arga serpente paresseusement en contrebas du camino francés et son couvert végétal assure un vrai confort aus randonneurs 

Arrivé à Zuriaín, je traverse l'Arga et m'arrête à l'auberge La Parada qui dispose d'une belle terrasse le long du cours d'eau. D'autres pèlerins sont déjà là, mais chacun seul (ou à deux) à sa table, aucun esprit communautaire ne régnant ici... Dommage. Je commande une tortilla de patata aux épinards et un café décafféiné et me pose un demi-heure pour récupérer après 10km d'effort non-stop.

L'auberge La Parada dispose d'une belle terrasse le long du rio Arga à l'ombre des arbres.

Un bon petit-déjeuner espagnol dans un cadre agréable, rien de tel pour redonner courage au pèlerin! 

Jusqu'au hameau de Basarena, le paysage fait vraiment honneur à la Navarre et j'apprécie simplement d'être là, je me sens bien.

Au moment d'arriver au prochain pont, je choisis la mauvaise variante: au lieu de rester rive droite, je pars rive gauche et je vais le regretter!

Un paysage de carte postale avec à droite le hameau d'Irotz, typiquement basque même si nous sommes en Navarre 

En effet, rapidement le chemin longe la grand route reliant Pamplune à la France et le bruit du trafic n'est pas des plus agréables... Je me trouve pourtant dans le "parc fluvial de Pamplune" et je croise de nombreux promeneurs et cyclistes venus s'aérer en ce dimanche matin 9 juillet 2022.

Lorsque je croise le boulevard périphérique de la capitale navarraise, je m'aperçois que si je continue sur la rive gauche je vais complètement m'éloigner vers le sud-est et devoir parcourir pas mal de kilomètre en plus. Comme je n'en ai aucune envie, j'enjambe la barrière de sécurité et je traverse l'Arga avec des véhicules qui me frôlent à 100 km/h.

Les indépendantistes utilisent les lieux de passage des pèlerins pour défendre leur cause: ici on est dans le Pays Basque! 

Arrivé sain et sauf de l'autre côté, je rencontre un pèlerin anglophone qui s'est lui aussi perdu. Nous avançons ensemble jusqu'à Trinidad de Arre. Là, au moment de passer le pont médiéval qui franchit le río Ulzama, nous nous séparons. En effet, il marche bien trop vite à mon goût et son stress commence à me contaminer.

Le "pont des pèlerins" de Trinidad de Arre dans le faubourg est de Pamplune 

Je fais une halte dans la fraîcheur de la chapelle romane (XIIe-XIIIe s), entièrement restaurée. Selon spain.info, il s'agissait à l'origine d'une basilique, d'une auberge et d'un hôpital de pèlerins de grande importance sur le chemin de Saint-Jacques.

Basílica de la Santísima Trinidad à Arre, juste avant Pamplune  

Comme midi approche et que j'ai hâte d'arriver à la gare routière, je traverse en vitesse les faubourgs coquets de Villava et Burlada et j'arrive à 12h35 en vue du puente de la Magdalena qui enjambe à nouveau le rio Arga.

Je contourne le bastion nord-est de la citadelle que défendait Ignace de Loyola quatre-cents ans plus tôt. A en croire son hagiographie, c'est la grave blessure à la jambe infligée par un boulet de canon français qui l'obligea à passer sa convalescence chez lui au Pays basque. C'est à ce moment que ses méditations le mettent sur le chemin de la conversion transformant le soldat qu'il était en un mystique.

Je contourne le bastion nord-est de la citadelle que défendait Ignace de Loyola quatre-cents ans plus tôt.

A Pamplune, la grande fête de la San Fermin bat son plein en ce 9 juillet 

Dès que je passe la Porte de France, le doute n'est plus permis, je me retrouve bel et bien en pleine San Fermin! Des centaines de personnes entre 20 et 50 ans vêtues de blanc et portant le foulard rouge distinctif boivent de la bière et discutent bruyamment dans les rues étroites de la vieille-ville.

La course de taureaux de la San Fermin, comme si vous y étiez 

Je mets immédiatement mon masque anti-covid, mais la foule est si dense dans les rues que je crains d'être contaminé! En réalité je le suis déjà depuis mon arrivée à Saint-Jean-Pied-de-Port, mais je l'ignore encore...

Clocher de l'église Saint-Nicolas (XIIIe s.) de Pamplune 

Après trois jours de marche en pleine nature, le contraste est saisissant et j'avoue que je n'ai qu'une envie, rejoindre au plus vite Puente la Reina où j'ai réservé un lit. Alors, me direz-vous, pourquoi parcourir une étape en bus et ne pas profiter de la belle capitale de la Navarre ?

Le pire moment de l'année pour traverser Pamplune

La réponse est simple. Chaque année, du 6 au 14 juillet, des milliers de touristes du monde entier se retrouvent ici pour participer à la San Fermin. Il est dès lors très pénible de visiter la ville dont une partie des rues est réservée aux charges bovines. Quant à y trouver un logement, il faut s'y prendre au moins un an à l'avance ou être prêt à payer 200 euros pour une chambre d'hôtel.

Dans la gare routière de Pamplune, impossible de s'y alimenter ou même d'acheter un pique-nique.

Un peu après 13h, alors que je n'ai encore rien mangé depuis Zuriaín, je descends dans la gare routière sous-terraine où il règne une chaleur moite. Impossible de s'y alimenter ou même d'acheter un pique-nique. Or, je n'ai pas le courage de ressortir braver la foule et la canicule. Je me fais une raison.

Le cinquième jour de la San Fermin 2022 a donné lieu à plusieurs accidents 

Une gare routière en dessous de tout!

Après avoir enfin pu déterminer à quel guichet je pouvais acheter mon ticket pour Puente la Reina, je cherche en vain un tableau d'affichage pour déterminer le quai où je vais passer la prochaine heure à attendre mon bus. Mais aucun écran ne fonctionne alors que nous sommes au zénith de la saison touristique!

Aucun écran ne fonctionne alors que nous sommes au zénith de la saison touristique! Cette gare est vraiment indigne d'une riche capitale de communauté autonome espagnole...

Hélas, à Logrono, je m'apercevrai qu'il existe encore pire... Mais, comparé à la Estación de autobuses de Saint-Sébastien, celle-ci fait vraiment piètre figure.

En route avec de jeunes fêtards épuisés

Dans le bus, dûment masqué, je me retrouve avec des jeunes encore sous l'effet de l'alcool qui rentrent se reposer chez eux après une nuit de folie. Heureusement, aucun n'aura l'idée de vomir durant le trajet 😀.

A l'Albergue Puente je suis fort bien reçu par le trentenaire à la réception. A l'étage, il me montre le lit à niche où je passerai la nuit. Il m'amène ensuite vers la grande salle à manger et la petite cuisine tout équipée.

Le pont médiéval de Puente La Reina (Navarre) en fin de journée

Une auberge super accueillante

Lorsque je lui fait part de mon intention de cuisiner ce soir, il m'offre des légumes de son jardin. Magnifique ! Il y a quand même des gens merveilleux sur ce camino.

Lorsqu'il apprend que je vais cuisiner mon dîner sur place, le réceptionniste de l'albergue m'offre des légumes de son jardin. Magnifique !

En ressortant pour faire mes courses du soir et du lendemain midi, je discute avec un SDF français qui fait la manche devant le super marché. Je lui propose de venir ce soir au gîte afin que je puisse lui donner une assiette de pâtes garnies des tomates fraîches du réceptionniste. Il accepte avec joie!

Un bon repas partagé avec un SDF français

Dans le supermarché, j'achète beaucoup trop de choses que je vais devoir trimballer demain. On ne devrait jamais faire ses courses le ventre (très) creux.

Après m'être rassasié tout en discutant avec une mosso d'Esquadra (policière) catalane, je descends pour donner une immense assiette saupoudrée de parmesan à mon ami sans-abri. Hélas, il ne se donnera pas la peine de ramener l'assiette une fois son repas achevé. Tant pis.

Un centre historique charmant et une belle cérémonie

Je remonte vers le coeur historique de la bourgade médiévale et je suis séduit par l'ambiance bon enfant qui y règne, sans parler de l'élégance de son architecture médiévale.

A droite, le portail polylobé d'inspiration musulmane de l'église Santiago (St-Jacques) de Puente la Reina 

A 19h30, je me rends à la messe des pèlerins. Un grand moment couronné par la bénédiction des jacquets une heure plus tard. En plus, on nous offre un collier avec un coeur découpé dans une jolie croix métallique que j'ai précieusement conservée et que j'ai portée cet été lors de ma traversée de la Suisse à pied.

Intérieur de l'église St-Jacques dont le retable baroque raconte la vie du saint 
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Après une courte nuit dans un dortoir de 8 personnes, je quitte le gîte "Puente" avant le lever du soleil. A six heures tapantes, je traverse le pont médiéval en direction de l'ouest.

Vue sur le rio Arga depuis le pont médiéval de Puente la Reina/Gares (Navarre) 

Pendant une heure, je marche pratiquement seul en pleine savane espagnole jusqu'à Mañeru, un village qui appartenait autrefois (XIIIe s.) aux Templiers. Là, je m'arrête brièvement pour ôter les petits cailloux qui se sont infiltrés dans mes chaussures et je prends quelques photos des belles maisons en pierre de taille.

Église paroissiale San Pedro de Mañeru qui abrite un retable du XVIIIe siècle. Naturellement, à 7h du matin, elle est fermée
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Dans ce village de 400 âmes, ont prend au sérieux la violence faite aux femmes et c'est très bien ainsi !

Quelques kilomètres plus loin, le chemin est de toute beauté: on longe les premières vignes navarraises et on aperçoit au loin Cirauqui/Zirauki perché sur une colline.

Le chemin vers Cirauqui/Zirauki (Navarre) à sept heures du matin
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La campagne navarraise sur la gauche du Camino francés

J'ai l'impression d'avoir un village sicilien qui me fait face...

Une croix basque à l'entrée de Cirauqui/Zirauki (500 habitants)

Le chemin passe sous une porte fortifiée devant laquelle se trouve une stèle discoïdale. Puis c'est la montée d'une rue typiquement médiévale bordée de blasons et de murs en corniche le long desquels courent de petits escaliers.

L’église Ste-Catherine d'Alexandrie de Cirauqui
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Détail des voussures et de l'arc polylobé de San Roman (XIIIe s.): un exemple de métissage roman-gothique (http://jalladeauj.fr)

Évidemment, à 7h30 impossible de trouver un café ouvert. Heureusement, près de l'hôtel de ville il y a un WC avec une porte qui ne ferme pas: Il faut la tenir avec le pied tout en faisant ses besoins... Pas impossible, mais un peu intimidant tout de même, surtout quand quelqu'un pousse la porte croyant en toute bonne fois que le lieu est désert!

Il y a un WC unique avec une porte qui ne ferme pas: Il faut la tenir avec le pied tout en faisant ses besoins...

Directement à la sortie nord-ouest du village, on parcourt une chaussée romaine restée intacte: un moment d'émotion!

La chaussée romaine à la sortie de Cirauqui avec en toile de fond cette imposante chaîne montagneuse  

La suite du chemin jusqu'à Lorca/Lorka est toujours aussi paisible, mais je ne suis plus vraiment seul et le soleil s'est levé: la température monte immédiatement!

Au petit matin, les ombres s'étirent sur le chemin menant à Lorca/Lorka 


Un sympathique jardin donativo. Mais il est encore trop tôt pour s'arrêter. 


Malgré la proximité de l'autoroute A-12, le paysage reste bucolique malgré ce spectaculaire aqueduc moderne

Et les villages se suivent: d'abord Lorca/Lorka dont le nom d'origine arabe signifierait "bataille" en référence à l’affrontement survenu ici en 920 entre le roi Sanche Ier de Navarre et le muladi Abenlope.

Église Notre-Dame de l'Ascension de Villatuerta 

Ensuite après 18 km de marche au total, j'arrive à Villatuerta/Bilatorta où je visite l'église Notre-Dame de l'Ascension (roman tardif, XIIe et XIVe s.), avec une nef unique et un chevet polygonal. Son retable en bois polychrome à trois dimensions est superbe.

Retable en bois polychrome à 3 dimensions de l'église de Villatuerta. A droite, on remarque des Arabes agonisant devant un évêque

Cinq-cents mètres après le village, j'aperçois la silhouette de la chapelle San Miguel Arcangel, totalement restaurée en 1965. Le YouTuber Tof l'Aventurier y a dormi durant l'été 2022.

Chapelle San Miguel Arcangel 
Tof Aventurier a dormi près de la chapelle San Miguel en été 2022 

Je ne me souviens plus où c'était exactement, mais dans une montée précédent un village, je me suis arrêté à un petit donativo sur le bord du chemin: quelques bancs, chaises et une table avec des fruits et des boissons au bon cœur des jacquets de passage. Une dizaine à peu près, réunis momentanément à l'ombre des arbres pour reprendre des forces. Je me souviens notamment d'un français de mon âge avec une langue bien pendue. Il y avait aussi une jolie trentenaire blonde qui ne disait pas grand-chose.

Quelques centaines de mètres plus loin, alors que je m'étais arrêté pour prendre des photos, elle me rattrape et nous commençons à faire connaissance. Ludivine vient de Marseille et elle marche seule vers Saint-Jacques de Compostelle.

Le rio Ega, peu avant Estella/Lizara 

Comme le courant passe bien entre nous, nous continuons ensemble sous un soleil de plomb en direction d'Estella, notre but commun pour aujourd'hui. A 10h45, nous entrons dans la ville par le "Puente de la Carcel" ou Pont de la Prison! Nous montons d'abord vers l'église San Miguel qui trône sur un piton rocheux. Hélas, elle est fermée.

L'église San Miguel d'Estella/Lizara construite entre 1187 et 1196

Comme c'est l'heure de l'apéritif, nous remontons la calle Mayor jusqu'à la Plaza Santiago ou nous nous posons à l'ombre d'une terrasse. Quand vient l'heure de manger le repas de midi, nous nous dirigeons vers l'élégant parc arboré qui borde le rio Ega. Même si quelques personnes s'y baignent, nous avons la flemme de devoir nous déshabiller, nous sécher... Et surtout nous avons faim.

Un gîte fort bien géré

Vers 14h30, alors que la chaleur est étouffante, nous remontons presque jusqu'au Pont de la Prison pour entrer dans l'Agora Hostel, un gîte de niveau moyen-supérieur repéré sur gronze.com.

Vue des rochers dominant l’église San Pedro de la Rúa (XIIIe s.) à Estella/Lizarra (Navarre) 

Voici la critique que j'en avais faite le 11 juillet: "Alfonso t'accueille avec douceur. Les dortoirs sont bien aérés et les lits-niches à deux étages pas trop proches les uns des autres. Les douches sont propres et vastes, modernes. Il n'y a pas de terrasse ni de balcon de telle sorte qu'il est interdit de laver son linge à la main. Pour 6 euros, on te le rend plié et séché. Le petit-déjeuner à 6 euros est bon et varié".

Je commence à avoir des frissons

Pour l'instant, nous partageons ce dortoir avec un Anglais? qui n'est pas très démonstratif. Lorsque je lui demande s'il veut me donner son linge sale pour partager les frais de lavage, il décline poliment. Tant pis, je n'ai pas envie de repartir demain en sentant le pèlerin 😀

Alors que je fais tranquillement la sieste dans mon lit-niche protégé par un rideau comme au Moyen-Age, je commence à avoir des frissons, je grelotte et transpire en même temps. J'appelle Ludivine qui se repose juste au-dessus et lui demande de m'apporter un verre d'eau afin que je puisse prendre un Ibuprofène.

Ludivine part quête d'un test Covid-19

Mais, rien n'y fait. J'ai de plus en plus froid et je me sens vraiment assommé par la fièvre. Ludivine accepte donc de ressortir en plein cagnard à la recherche d'une pharmacie pour acheter un test Covid-19. Je rappelle que nous sommes en juillet 2022 et que je n'ai pas encore eu cette maladie.

Elle revient une heure plus tard et me donne le test payé une vingtaine d'euros et qui... ne fonctionne pas! En désespoir de cause, mon ange gardienne accepte de ressortir encore une fois pour trouver un test qui fonctionne.

Encore un magnifique geste de bienveillance à mon égard

Finalement, elle en trouvera un dans une pharmacie et le résultat est clair: je suis positif au Covid-19. Dès lors tout s'enchaîne très vite. Ludivine informe Alfonso qui monte me parler. Je lui explique la situation il lui demande s'il existe ici une structure d'accueil pour les malades du Covid. Il m'explique que non, que c'est à chacun de se calfeutrer chez soi. "Demain, me dit-il, tu décideras si tu veux rentrer chez toi ou te trouver un hôtel à Estella. Ici, je ne peux te garder que jusqu'à demain, car après tout est déjà réservé."

Il me propose alors de m'emmener jusqu'à l'ascenseur avec lequel je monte seul au dernier étage. Là, une belle chambre individuelle m'attend, sans supplément de prix par rapport au dortoir! Muchisimas gracias Alfonso, eres un cielo!

Là, une belle chambre individuelle m'attend, sans supplément de prix par rapport au dortoir! Muchisimas gracias Alfonso, eres un cielo!

Je passe ensuite toute la nuit en isolement et je ne reverrai plus Ludivine même si nous allons garder contact par What's App jusqu'à fin juillet.

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Après une nuit passée à transpirer, je me réveille dans ma jolie chambre avec vue sur les toits d'Estella/Lizarra. Je prépare mon sac à dos et je descends à la réception ou une dame a remplacé Alfonso. Très aimable, elle semble au courant et me propose un petit-déjeuner que j'accepte volontiers: ça fait depuis hier midi que je n'ai rien avalé de solide.

Les toits d'Estella/Lizarra vus la veille depuis l'église San Miguel

Étonnamment, je ne me sens pas trop mal et l'appétit est bien là. Tant mieux! Comme j'avais déjà réservé depuis la Suisse presque tous mes logements sur le camino, je suis contraint de me rendre aujourd'hui à Los Arcos situé à 21 km. Je me dirige donc vers la gare routière où on me dit que le prochain bus ne part que dans une heure trente.

Comme j'avais déjà réservé depuis la Suisse presque tous mes logements sur le camino, je suis contraint de me rendre aujourd'hui à Los Arcos.

J'essaie de ne pas infecter les gens que je croise, notamment dans le bus 

Alors, au lieu de rester là à contaminer toute la salle d'attente, je repars vers le parc où nous étions la veille et j'attends patiemment sur un banc en regardant des vidéos sur mon téléphone.

Le joli parc public d'Estella/Lizara situé dans un méandre du rio Aga où j'attends le bus pour Los Arcos

Lors du trajet en bus, nous dépassons des dizaines de pèlerins et je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au cœur en me disant que je devrais être avec eux sous ce soleil de plomb. En rase campagne, je constate que des incendies récents ont ravagé la région, laissant des pentes entières totalement noircies. Quelle tristesse!

En arrivant à Los Arcos, j'erre un peu dans le minuscule centre du bourg, avant de me diriger vers la Pension Ostadar qui se trouve sur le camino, à la sortie des remparts. Je sonne à la porte, mais on me dit que la chambre n'est pas encore prête. Je dois patienter encore une bonne heure... Mais où ?

L’église Santa Maria de los Arcos 

Je ressors et me pose sur un banc dans le parc d'une école d'où je vois passer quelques pèlerins en bonne santé qui se rendent à l'Albergue de peregrinos Isaac Santiago toute proche. Heureusement que j'avais réservé une chambre individuelle pour les prochains jours!

Une chambre propre et silencieuse, mais alors rien de plus!

Ma chambre n'a rien de spécial. Voici ce que j'en dis le 11 juillet dans l'après-midi:

"Sur gronze il est indiqué chambre individuelle pour 35 euros. J'ai payé la mienne 57 euros! Et, je n'ai ni climatisation, la télé ne fonctionne pas, salle de bain et WC dans le corridor, pas de petit déjeuner, pas d'accès à une cuisine, pas de terrasse. Les avantages: tranquillité et propreté. Mais franchement, rien ne justifie un tel prix! Ma chambre vaut au maximum 40 euros."

Après une après-midi passée à me reposer, je ressors peu après 18h dans l'idée de visiter ce village historique de 1200 habitants. Je commence par me recueillir dans l’église Santa Maria, puis je la visite ainsi que le cloître attenant construit au XVe siècle.

Intérieur de l'église Santa Maria à Los Arcos (Navarre) 


Le cloître construit au XVe siècle

Puis, décidé à tester mon état de forme, je monte vers le haut du bourg, histoire de me laisser un souvenir de cette première journée passée à éviter tout contact avec mes semblables.

Vue sur la campagne entourant Los Arcos (Navarre) 

Ce qui me frappe d'emblée, c'est la relative pauvreté de ces rues: les maisons construites dans la seconde moitié du XXe siècle sont assez sommaires, paraissent peu ou pas entretenues et des voitures des années 1990 sont parquées devant. On dirait que le temps s'est arrêté...

Les maisons sont sommaires, mais l'activisme politique ("libérez les prisonniers politiques basques") s'affiche fièrement! 

En arrivant presque au sommet de la colline, je tombe sur des maisons troglodytes abandonnées: j'en verrai encore beaucoup d'autres en Castille, certaines semblant encore habitées.

Maison troglodyte sur les hauts de Los Arcos 


Vue sur la belle campagne navarraise au nord de Los Arcos


Los Arcos côté sud 

Finalement, après 2,5 km de marche et soixante mètres de montée, il est temps de redescendre pour trouver un restaurant où reprendre des forces.

Les toits sont couverts de tuiles romaines et le clocher de l'église abrite, comme souvent en Espagne, une famille de cigognes 

Après avoir cherché un peu, je tombe sur le Restaurant Mavi où un groupe de pèlerins américains termine déjà son dîner. Je m'installe à l'extrême bout de la terrasse, et je commande un steak frites qui s'avèrera succulent!

Vue depuis la terrasse du restaurant Mavi où, par la force des choses, je dîne seul. Il est 21h30. 

Au moment de tirer le bilan de cette première journée complète sous le joug du Covid-19, je tire un bilan positif. A part marcher des dizaines de kilomètres, je peux tout faire, y compris visiter les lieux où je séjourne. Il y a bien pire, non?

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Après une relativement bonne nuit marquée par la chaleur, je quitte sans regret cette morne Pension Ostadar. En contournant les remparts, je me dirige tout droit vers l'arrêt de bus sis à la sortie ouest du village.

Entrée ouest de Los Arcos à l'endroit précis où passent les jacquets 

Comme je suis un peu en avance, j'ai le temps d'observer qu'une bonne partie des voyageurs sont des pèlerins qui vont sauter une étape. Sont-ils blessés, malades ou juste un peu tricheurs ? Impossible de le savoir.

Juste avant l'arrivée dans la capitale de la Rioja, le bus traverse Viana qui comptait jusqu'à quatre hôpitaux pour les pèlerins au XVe siècle. Aujourd'hui, il s'agit d'une bourgade médiévale animée où j'aurais bien aimé m'arrêter...

Clocher de l'église L’église Santa Maria de los Arcos avec son couple de cigognes 

Retour au XXIe siècle...

L'arrivée dans la périphérie de Logroño est assez brutale: des zones industrielles et artisanales à n'en plus finir, un trafic automobile saturé et une gare routière dont la dernière rénovation doit remonter aux années 1960...

Décidément, plus on avance vers la Castille, plus les infrastructures de transport public laissent à désirer.

"Le chemin de St-Jacques se fait... en mangeant des tapas" 😀

A la descente du bus il est neuf heures et ma chambre n'est pas disponible avant midi. Je me mets donc immédiatement en quête d'un café pour prendre mon petit-déjeuner. En me dirigeant vers le centre historique, j'arrive devant l'église San Bartolomé. Son portail, qui remonte à la fin du XIIIe et début du XIVe siècle, m'éblouit.

Selon wikipédia, "il constitue le plus bel exemple de sculpture monumentale de la Rioja. L'iconographie rassemble des scènes de la vie du saint, inspirées de la Légende dorée. Elle correspond au roman tardif de transition."

Église San Bartolomé de Logroño
Le portail, qui remonte à la fin du XIIIe et début du XIVe siècle, m'éblouit
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Deux rues plus loin en remontant vers le nord, j'arrive devant l'imposante co-cathédrale Santa Maria la Redonda bâtie aux XVe et XVIIIe siècles.

La co-cathédrale Santa Maria la Redonda de style baroque, en plein cœur de Logroño 

Sous les arcades qui bordent la place, je trouve enfin une terrasse. Je pose mon encombrant sac à dos et commande avec empressement un petit-déjeuner ibérique: "un pincho de tortilla, un zumo de naranja fresco y un café descafeinado, por favor". Non seulement la qualité sera au rendez-vous, mais le prix écrase toute concurrence: 4 euros pour le tout! Et cela, en plein quartier touristique d'une ville de 150'000 habitants.

Le petit-déjeuner ibérique classique: un pincho de tortilla, un jus d'oranges pressées et un café décaféiné. Non seulement la qualité sera au rendez-vous, mais le prix écrase toute concurrence: 4 euros pour le tout!

Intérieur de l'église San Bartolomé 

Hélas, il n'est que dix heures au moment où je termine ma pause café. Il me reste encore deux heures à attendre ma chambre. Je me rends vers le grand parc qui borde l'Èbre. Je l'avais repéré sur ma carte en ligne mapy.cz.

Là, je me trouve un banc et je regarde passer quelques rares joggeurs, mais le temps passe long et je me sens moyennement en sécurité, seul au milieu du parc. Je regarde finalement la série espagnole Servir y proteger sur mon téléphone.

Vers midi, il est heureusement temps de me diriger vers la Pension Sotelo. Je m'arrête en passant à l'église gothique du XVIe siècle de Santiago el Real. A l'intérieur, une seule et grande nef qui abrite un retable de Saint-Jacques, évidemment!

Assez fatigué, je me rends à mon logis. Il est situé dans une jolie rue piétonne située à 400 m du centre historique. Il s'agit d'une pension 2.0 sans personne à la réception. Tout fonctionne avec un opérateur à distance qui donne les consignes et le code de la porte d'entrée par téléphone. Ce n'est pas grave.

La Pension Sotelo est située dans une jolie rue piétonne à 400 m du centre historique. Il s'agit d'un établissement 2.0 sans personne à la réception. Tout fonctionne avec un opérateur à distance qui donne les consignes et le code de la porte d'entrée par téléphone.

Une chambre idéale mis à part son exposition au soleil

On m'a attribué une petite chambre moderne et très propre avec un bon lit, une TV du tonnerre, une penderie très utile et même un étendoir à linge. La fenêtre donne sur une cours intérieure vraiment laide, mais très tranquille. La salle de bain et le petit frigo sont dans le couloir.

Seul défaut, pas de climatisation. Juste un bon gros ventilateur heureusement assez silencieux. Mais c'est vrai que dès midi, il fait très chaud dans cette chambre orientée plein ouest. Je vais rapidement en faire l'expérience 😦

Première sortie dans la veille-ville de Logroño

En fin de journée, je décide quand même de sortir car j'ai besoin d'air après être resté cloitré tout l'après-midi. Dans une rue piétonne à deux rues de mon auberge, je tombe sur un agréable restaurant exclusivement occupé par des Espagnols. J'y mangerai très bien, mais je ne me souviens pas de son nom.

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Les charmes de la capitale de la Rioja

Après une bonne nuit à la Pension Sotelo, je retourne prendre mon petit-déjeuner en vieille-ville de Logroño, plus précisément sur la Plaza del Mercado qui entoure la cathédrale baroque Santa Maria la Redonda. Sur mon chemin, j'admire la remarquable façade du mercado de San Blas (1930).

Le mercado de San Blas (1930) au coeur de Logroño


La charmante Plaza del Mercado de Logroño où j'ai pris mon petit-déjeuner

Mal de tête et trafic automobile ne font pas bon ménage

Après m'être restauré, je parcours les grandes avenues de la partie moderne de Logroño, mais sans enthousiasme. Non seulement, il fait une chaleur insupportable, mais en plus il faut supporter le bruit du trafic automobile, peu compatible avec mon mal de crâne covidien.

Calle Bretón de los Herreros dans la zone piétonne du centre-ville

Alors, après avoir fait mes courses au Carrefour Express situé près du Parc Rosalia de Castro, je retourne faire la sieste dans ma chambre de la Pension Sotelo. Ce n'est qu'autour des vingt heures que je ressors flâner en ville à la recherche d'un restaurant où passer seul 😦 le début de soirée.

A gauche, l'ancien "Palais des Postes" transformé en un hôtel 4* sur la Plaza de San Agustín 
La Calle Portales où j'ai eu le plaisir de dîner au Bar Bowie, élu meilleur fast food de la ville en 2023! 

Finalement, je trouve mon bonheur au Bar Bowie, calle Portales 67. J'y commande une salade César et une bouteille d'eau gazeuse pour la modique somme de 11,40 euros! En Suisse, pour ce prix, j'aurais peut-être eu droit à deux bouteilles d'eau, rien de plus...

Au Bar Bowie, dans la plus jolie partie piétonne de la ville, une grande salade César arrosée d'un demi-litre d'eau minérale revient à 11,40 euros! Et c'est délicieux.

A droite, porte latérale de la cathédrale Santa Maria la Redonda 

Pas trop désireux de passer une longue soirée seul dans cette jolie ville, je préfère me coucher tôt, car demain c'est le grand départ (en bus) pour Cirueña, en pleine campagne. J'y avais déjà réservé une chambre à la Casa Victoria sur booking en juin dernier donc je suis obligé de m'y rendre sous peine de payer ma réservation dans le vide...