Wahou...il y a tellement à dire!
Nous replions la tente sous les yeux d'un jeune homme qui est venu près de notre campement fumer une pipe de kif. Il faut s'habituer à faire des choses du quotidien sous le regard d'inconnus, c'est comme ça 😊🤷♀️.
Après 20 km nous entrons dans un village, jour de marché! Ça nous rappelle le Burkina Faso! Des motos, scooters, voitures, ânes, charrues, chiens, moutons, étals de légumes et de bric à brac, des gens partout, tout ça dans une belle cacophonie de cris et de klaxons! Un brin sonnées on s'installe sur une terrasse pour un thé. Aie, là non plus on a pas eu le mode d'emploi 😅! Une théière, des pyramides de sucre, 3 verres dont un avec des brins de romarin(?) dans de l'eau...Bref, on a bien faire rire les tables voisines qui sont venues à notre rescousse😅 ! C'est vraiment chouette de vivre ces différences sans avoir besoin de faire semblant, ni de se sentir jugées!
Véro, très brave, m’invite à m’aventurer dans le souk trouver des matisha 🍅pendant qu’elle garde les vélos (hé ho ça va...la garde des vélos était aussi une mission téméraire hein🤣). Des petites courses de légumes et eau pour environ 1 CHF (c'est hallucinant les prix) et nous sommes de retour dans le presque désert direction Saka!
Nous avions super envie de dormir sous tente dans ces étendues de cailloux et sable, mais le destin et surtout la police locale en décida autrement.
J'avais lu pas mal de récits de cyclistes sur l'omniprésence de la police locale du Maroc, dont les objectifs envers le tourisme itinérant autonome ne sont pas très clairs pour nos yeux occidentaux.
Une voiture civile nous arrête en fin d'après-midi, avec un type qui, tout en montrant un pseudo insigne, nous fait comprendre en arabe qu'il va nous accompagner " pour notre sécurité " jusqu'à la prochaine ville. Il communique en même temps au téléphone en parlant d'une station essence comme point de chute (on a fait des progrès fulgurants en arabe!). Nous avons déjà roulé 50 km et la prochaine pompe est à 17 km....Nous ne savons pas ce, ou qui, nous attend là-bas et sommes fatiguées. Je sais par mes lectures que c'est souvent une manœuvre pour nous inciter à ne pas camper dehors, ce qui n'est pas interdit au Maroc, mais contrarie visiblement le besoin de contrôle des autorités. On essaie de se défaire de notre chaperon mais il s'accroche. Il nous propose aussi d'aller jusqu'à une autre ville...à 50km de là! Il n'a aucune notion de la vitesse d'un vélo 😂! Commence alors le jeu du chat et de la souris! On ralenti, on accélère, il nous suit, il nous dépasse, il s'arrête plus loin, nous file le train quoi...
Un dépassement, la voiture qui disparaît dans un virage, VITE: nous avons 5 secondes hors de sa vue! Pas le temps de palabrer: on bifurque sur une piste perpendiculaire à la route et nous nous jetons parmi les oliviers.
Une maison se profile au loin, va falloir être persuasives! L'idée est de pouvoir mettre notre tente sur le terrain de la propriété afin de pouvoir négocier notre tranquillité avec cette solution acceptable.
Un enfant, une maman, une voisine qui parle un peu français: en 3 minutes l'affaire est dans le sac, en 6 la tente est montée 😊! Comme des gamines on est toutes fières d'avoir réussi notre coup. Encore plus quand on voit au loin LA voiture faire des allers-retours sur la route. Toujours grâce à internet je m'attends à revoir les autorités d'ici la nuit mais on devrait être libres de rester, maintenant que nous ne sommes pas seules dans la nature!
LA voiture!!!!😅Aussitôt la tente montée, aussitôt démontée car il est maintenant question de dormir au chaud dedans! C'est en se faisant prendre par la main (les femmes marocaines sont très tactiles entre elles) que nous sommes invitées chez Khamissa. Une grande maison, toujours très sobrement meublée et plein de membres de la famille (nous avons été présentée à 20 femmes et enfants!!!!!!) qui vont graviter autour de nous toute la soirée!
Nous avons pu dialoguer, expliquer, comprendre aussi en ayant une nièce qui vit en Hollande au téléphone. On discutait et voilà que tout un coup une d’elles me tend un portable avec visiblement quelqu’un au bout du fil: "parle anglais, parle anglais!" Je prends le combiné et au bout d’une bonne minute je saisi que c’est ladite nièce qu’elles ont appelée à la rescousse pour avoir des informations sur nous! Elle nous confirme que très peu de touristes passent par là et que c'est un événement de nous recevoir. Je lui raconte un peu notre périple, lui décrit l’accueil de sa famille et a quel point celui-ci nous touche! Elle traduira ensuite notre échange à sa grand mère assise à côté de moi.
Le premier réflexe de l'homme de la maison en rentrant a été de demander combien de membres de notre famille allaient encore arriver🙂. Dans ce pays de patriarcat très protecteur, il faut faire un effort d'imagination pour intégrer que nous voyageons seules! Nous l'avons rassuré et il a été, par la suite tout sourire.
Nat s'est trouvée une super amie en la personne de Aïcha, la maman, aussi fo-folle l'une que l'autre!
Ça été des éclats de rires incessants, des thés et des mets, des apprentissages de la langue arabe et j'en passe! C’est bizarre des fois d'être dans cette ambiance très festive et de savoir les hommes à côté qu'on entend à peine🤷♀️.
Comme prévu, mais quand-même 5 heures après notre échappée 😉, une délégation nombreuse et très officielle débarque chez nos hôtes. Toutes les femmes, sauf nous, sont priées de sortir. Un grand bonhomme l'air important vient à notre rencontre: "se tient devant vous le haut préfet de la municipalité de Saka" dit-il avec emphase dans un bon français! La suite a été photos des passeports et blabla sur notre droit à notre vie privée mais "on va quand même vous surveiller pour votre propre sécurité!" Les marocains ont l'habitude et en rient volontiers. Surtout les femmes quand Nat imitera l'arrivée du grand chef à l'assemblée. 🤣
Maintennat on sait qu'on aura des gardes derrière nos roues... À nous de nous y faire.
Choukran! Les mots de remerciements nous manquent!