Raconté par Nathalie BESSONNET
Capitale du Béarn historique, chef-lieu du département des Pyrénées-Atlantiques, Pau est une ville de la région Nouvelle Aquitaine, située aux pieds des Pyrénées. Elle est longée par le Gave de Pau, rivière qui prend sa source au cirque de Gavarnie. La ville est à une centaine de kilomètres de l'océan Atlantique en diretion de St Jean-de-Luz, Bayonne, Anglet, Biarritz, et à une cinquantaine de kilomètres de l’Espagne ; on peut y accéder par le tunnel transpyrénéen du Somport -un des trois plus importants tunnels frontaliers d’Europe- et via Gan puis Laruns, par le col du Pourtalet (1794 mètres). La ville est desservie notamment par un aéroport, le TGV et l’autoroute A64.
PAU AUJOURD’HUI
Il y a cette magie dans l’air et comme un vent de liberté, insufflés peut-être par l’histoire mouvementée d’un pays ancré dans sa volonté d’exister. Pau, ses chemins mènent à la joie, à l’émerveillement, à une beauté grave aussi. La majesté des Pyrénées, la chaleur de la terre, les empreintes des femmes et des hommes d’hier comme d’aujourd’hui confèrent à la ville un pouvoir d’envoûtement qui habitera longtemps le voyageur.
Dehors, tout parle au visiteur attentif. Le bruit des pas sur le pavé, le claquement des fers du cheval de trait, les accents jeunes et anciens qui rebondissent en échos sur les pierres et viennent toucher les sens. Chaleur, lumière et pluie peignent la végétation de teintes exotiques, transforment en joyaux les jardins colorés. Palmiers à chanvre, palmiers de Chine, séquoias géants, magnolias, lauriers-tulipiers... Tout s'y épanouit joyeusement.
Les températures n’excèdent qu’extraordinairement les trente-cinq degrés en été, descendent rarement au dessous de moins dix degrés en hiver. Exceptionnellement, en saison froide, le « foehn » (vent chaud) fait remonter le thermomètre et c’est comme une fièvre blanche qui s’empare de la ville, la couvre quelque temps d’un manteau neigeux.
Les yeux du voyageur n’ont de cesse de s’écarquiller : au détour d’un chemin, à la vue des parcs, à la découverte d’une ruelle que le temps a voulu immobiliser sans y parvenir, car l’œil contemporain ne cesse de le ré-imaginer. Tout est promenade, propice à la rêverie. Il suffit de poser ses mains sur les murs ancestraux pour sentir battre le cœur des hommes qui les hantent.
Prendre des airs avec le funiculaire, se surprendre sur la corniche du boulevard des Pyrénées victorieuses. Se laisser séduire par la vénusienne fourrure forestière rampant à l’assaut des roches montagneuses, stoppée d’un coup par l’austérité climatique des hauteurs... Pau, c’est tout une histoire, oui, mais une histoire humaine toujours en marche. Pau avance. Pau l’œuvre, Pau la contemporaine continue de marquer le paysage béarnais, à la mesure des pas et des ambitions créatrices.
PAU EST AU BEARN CE QUE LE BEARN EST A PAU.
Et comment, lorsque l’on connait son histoire, comment ne pas croire à la préexistence d’une identité culturelle forte à Pau ? Elle s’est construite il y a longtemps et pour longtemps, tout comme s’est élevée la chaîne pyrénéenne au cours de millénaires.
Pau parle toutes les langues du fait des influences historiques multiples, mais continue de parler béarnais! Une identité culturelle forte mais ouverte sur l’extérieur. Une université réputée, plusieurs centres de recherche, des musées, des théâtres, des salles de concerts, de conférences, un palais des congrès...Si la modernité s’exprime à travers l’architecture, on demeure attaché à l’harmonie du paysage, rien ne jure, rien ne dénote.
Pau est une fleur à la renaissance perpétuelle
qui prend soin de ses robes anciennes.
PAU L’HISTORIQUE. PAU L’AVENTURE PHOEBUSIENNE.
C’est entre le Xème et le XIIème siècles que le destin de Pau se dessine. Vers l’an 1000, le christianisme se répand : c’est le début des pèlerinages. De nombreuses églises romanes sont construites en Béarn car c’est une des régions les plus fréquentées d’Europe.
Tandis que les rois capétiens se succèdent sur le trône de France, leurs pouvoirs demeurent limités. Les princes, comtes et vicomtes pèsent et règnent sur leurs seigneuries respectives. Au Xème siècle, Robert II le Pieux succède à Hugues Capet. Au XIème siècle, Henri 1er monte sur le trône puis c’est au tour de Philippe 1er d’être couronné.
Pau, au début, n’était rien qu’un éperon rocheux formé par les vallées du Gave et de l’un de ses affluents , le Hédas. C’est sur ce site au panorama somptueux, avec vue sur la chaîne des Pyrénées, que la ville va évoluer au cours des siècles.
En l’An mil un poste de garde tout simple y est bâti. Au XIIème siècle les seigneurs du Béarn y édifient un fort ceint d’une palissade.
Le nom « Pau » aurait été donné au site justement en cette raison. Le patois :Paü signifierait «pieu » ou «pal », du nom des piquets de bois qui composaient les palissades. Une autre légende dit qu’un vicomte de Béarn y aurait planté trois pieux pour délimiter le territoire du futur château. Ce qu'évoquent les armoiries du château : "D’azur à la barrière de trois pals aux pieds fichés d’argent"
Petit à petit, un bourg primitif se bâtit. En 1100, le hameau devient un village, puis une circonscription administrative, avec l’aval des seigneurs du Béarn.
Au XIIIe siècle, Pau devient « un Castelnau », avec un bailli (représentant du roi ou du prince, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration en son nom) nommé par les vicomtes béarnais. À cette époque, les Anglais occupent le sud-ouest, tandis que la souveraineté du Béarn est transmise à la puissante famille des comtes de Foix. L'allégeance de ces derniers va, selon les intérêts politiques du moment, au roi d'Angleterre ou au royaume de France.
Ce Castelnau de Pau, encore d’une rude simplicité, est un endroit stratégique pour surveiller le passage des arrivants des Pyrénées. Autant les éventuels ennemis, que les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, qui empruntent les cols pyrénéens devenus des péages très rémunérateurs. En effet; le seigneur qui contrôle ces cols perçoit des revenus confortables et réguliers.
En 1385, Pau compte 128 feux (128 familles), répartis autour d’une petite église. Toutefois, la forteresse est d’une importance réelle, compte tenu de sa situation géographique, en cette époque troublée : les prémices de la guerre de Cent Ans. Il subsiste de cette période l'actuelle tour Mazères, au sud, haute de 22m30 avec des murs de 1m65 d'épaisseur, la tour Montauser, et le haut donjon carré : le Donjon Phoebus ( XIIIème siècle).
« Je ne tiens mon pays de Béarn que de Dieu et de mon épée !»
On ne peut parler de Pau sans parler de Gaston. Gaston III Foix de Béarn, autrement nommé Gaston Phoebus. Evoquer le nom de Gaston Phoebus (Phébus ou Fébus) c’est faire la genèse de l’histoire de Pau et de son château.
Gaston est né à Orthez en Béarn en 1331. Il est fils de Gaston II et d’Aliénor de Comminges. Sa langue maternelle est la langue d’Oc.
Homme conscient de son importance sans doute, il prend pour emblème personne l’astre du jour : le soleil. Il attache ainsi à son nom celui de Phoebus, qui, pour les grecs et les romains, est le dieu du jour : nul autre qu’Apollon ! Or, il est rapporté que Gaston est bel homme, de fière allure, de belle stature, sa chevelure blonde s’illumine sous le soleil et flotte sans le vent. C’est un grand chasseur, un fin stratège, il est bon guerrier : « je ne tiens mon pays de Béarn que de Dieu et de mon épée!» dira t-il, lorsqu’il réclamera l’indépendance de son pays.
Mais Gaston Phoebus est aussi troubadour à ses heures, écrivain. Une de ses œuvres : « Le Livre de la chasse », est conservée au Musée National de Pau.
« FEBUS ME FE »
Gaston Phoebus est une figure emblématique de l’histoire du Béarn, par ses actions militaires, politiques, son œuvre littéraire, ses domaines, ses châteaux. Dans l’ambition de créer un véritable Etat Pyrénéen, il prône, ainsi que le fît Gaston II son ancêtre, l’indépendance du Béarn et l’obtient en 1347. Il transforme le Château de Pau de fond en comble, en fait une citadelle imprenable y incluant une reculhide: secteur particulier du château, où viennent se réfugier les habitants des villages voisins
Il fait appel à la brique, matériau facile à travailler pour construire le lourd et haut donjon Fébus de 33 mètres de haut et la tour dite de la Monnaie, au pied du château.
« Gaston Fébus m’a fait » : «FEBUS ME FE» l’inscription qu’il fait apposer sur toutes ses citadelles, est encore visible au château de Pau.
Gaston Phoebus demeure neutre lors de la Guerre de Cent Ans (conflits entre les royaumes d’Angleterre et de France). Ainsi le Béarn sera l’une des rares vassalités à ne pas connaitre la guerre, la famine, ou la peste. Ses domaines sont relativement épargnés des destructions.
On en serait bien resté là de l’histoire presque idyllique de Gaston III Foix-Béarn, mais l’éclat de Phoebus pâlit et l’homme montre sa face ombrageuse. Il fait assassiner son frère dans une querelle de pouvoir. De son mariage avec Agnès de Navarre est né un fils que Phoebus, l’accusant de vouloir l’empoisonner, fera enfermer dans une des tours de son château. Un jour dans un accès de rage il l’étrangle (Plusieurs versions en ont été faites).
Il écrira plus tard un recueil de prières, qu’il intitule : « Livre des oraisons », dans lequel il demande pardon à Dieu pour cet infanticide. Phébus meurt en 1391. Il serait mort d’une apoplexie lors d’une chasse à l’ours. Tant de légendes poussent dans l’histoire....
Le XVème siècle voit souffler en France une inspiration Renaissance venue d’Italie. L’esthétique prime sur l’aspect défensif. Le château de Pau est rénové par Gaston IV dans un style en accord avec ces temps nouveaux. Pau devient la capitale du Béarn.
LE BON ROI HENRI. RENAISSANCE
Au XVIème siècle la famille royale de Navarre, Henri d’Albret et Marguerite d’Angoulême, s’installe à Pau. Henri D’Albret n’a eu de cesse de conquérir et reconquérir le royaume de Navarre (pris par la Castille). En 1525, combattant aux côtés de François Ier, il est fait prisonnier avec lui à Pavie. En 1527, il épouse la sœur unique du roi, Marguerite d'Angoulême. Marguerite est une femme audacieuse, cultivée et charmeuse. Elle est reçue de nombreuses fois chez Léonard de Vinci. La reine est l’auteur d’un recueil de nouvelles calqué sur le modèle du « Décaméron » de Boccace (« Cent nouvelles »). Inachevé, il sera édité sous le titre de « Heptaméron ». Marguerite et son époux s’installent au Château de Pau, qui devient Palais Royal. La Reine y apporte la douceur et la renaissance de son pays angevin déjà conquis par le nouveau courant.
Le couple royal jouera également un rôle important dans le développement de la « Réforme » (religion protestante), inspirée par Calvin en France et Martin Luther en Allemagne et en Suisse. Jeanne d’Albret, la fille du couple d’Albret, fera convertir le Béarn au courant protestantisme, lorsqu’elle succèdera à son père.
Jeanne d’Albret et son époux Antoine de Bourbon entreprennent le réaménagement extérieur, créent des jardins et des vergers appelés plus tard « la Haute plante » (actuelle place de Verdun). Un Palais de Justice (futur Parlement de Navarre, L’actuel Hôtel du département) est construit, un pont de pierre pour franchir les eaux capricieuses du Gave. (Pau comprend aujourd’hui 45 ponts dont 9 remarquables). Pau est en pleine croissance. Elle s’étend et se développe en dehors de ses fortifications.
En 1553 Jeanne d’Albret met au monde un enfant, Henri III de Navarre. Les rois de France et de Navarre seront ses parrains. Il est baptisé comme de coutume d’une goutte de vin de Jurançon. Un berceau extraordinaire est offert à sa naissance, une carapace de tortue marine. (Visible au château de Pau).
Henri III de Navarre accède au trône de France en 1589, sous le nom de Henri IV;
Pau continue son ascension, même si le Roi règne depuis Paris et ne vient plus guère dans sa ville natale. « Le Bon Roi Henri », porté par la bonté de son cœur pour ses sujets, autant que par ses victoires, dit-on, est aimé par tout son peuple. Son armée le nomme « le Roi des braves » pour marquer son courage et son génie militaire. Il met un terme aux guerres de religion avec l’édit de Nantes qui octroie entre autres, le droit de pratique religieuse indifféremment de celle du règne ( auparavant, la religion du roi était la religion du peuple). Sa sœur Catherine de Bourbon assure la régence tandis qu’il siège à Paris. Pau gagne son statut de ville, toujours dotée d’une certaine indépendance et de nombreux privilèges. La ville est marquée du sceau du Roi, qui même à distance se préoccupe toujours de la cité qui l’a vu naître. Henri IV épouse Marie de Médicis en 1600.
Henri IV règnera 21 ans, jusqu’à ce jour où Ravaillac l’assassine d’un coup de poignard, en mai 1610. Tout le monde s’en souvient !
LE PRIX DE LA RENAISSANCE ENCORE
Sous le règne de Louis XIII ; fils de Henri IV, le Béarn est définitivement rattaché à la France et redevient Catholique. Les libertés acquises par l’Edit de Nantes se restreignent, jusqu’à sa révocation et à l’interdiction de la pratique du protestantisme Les temples sont détruits, les protestants persécutés. Certains fuient, d’autres continuent à braver les interdictions, pratiquant leur religion dans la clandestinité. Lorsqu’ils sont pris, les pasteurs sont pendus, les hommes condamnés aux galères. La galère la plus connue « La Réale » est un véritable bagne flottant, dont on peut voir une maquette au Musée Jeanne d’Albret, à Orthez
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Le développement de Pau continue jusqu’au XVIIIème siècle, puis survient la Révolution française. Pau et son parlement expriment leurs désaccords à l'égard de Louis XVI, tout en s’opposant aux décisions venues de la capitale et à la Terreur. révolution française redonne la liberté de culte aux protestants, notamment grâce à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen rédigée en 1789 complétée en 1793...fait un peu moins connu ! (L'article 10 de 1789 est relatif à la liberté d'opinion, et de religion, (droit individuel) qui trouve son application dans l'article 11 sur la liberté d'expression. En 1793, la liberté d'opinion (Droit individuel) n'est pas expressément proclamée, mais l'article 7 affirme haut et fort la liberté d'expression et de culte. (Droit collectif). Tandis que la tête de louis XVI tombe le 21 janvier 1993.
Si le Château n’est guère endommagé lors de la Révolution, il n’en subit pas moins les outrages du temps, pusique sans destination véritable de 1792 à 1830.
Le Château revient à Louis-Philippe, roi des français, lointain descendant d'Henri IV. Il entreprend un chantier de rénovation qui dure jusqu'aux premières années de la IIIème République et modifie radicalement l'aspect du monument. De cette époque datent la petite chapelle devant le donjon Fébus, une tour jumelle (tour Louis Philipe) sur la façade ouest, la création d'un décor intérieur somptueux où tapisseries anciennes, meubles et objets d'art s'insèrent dans des lambris dorés.
Jusqu’au couronnement de Napoléon.
Lorsqu’il arrive à Pau en 1808, Napoléon tombe sous le charme du panorama. Il poursuit les travaux. Il orne fenêtres et lucarnes de bas reliefs, fait construire un élégant portique néo-renaissance ouvrant le château sur la ville, fait élever une nouvelle tour, actuelle Tour Napoléon.
D’autres grands travaux sont décidés pour l’embellissement de la ville. Pau est une grande cité commerçante, notamment grâce aux ateliers de tisserands qui y sont installés. Ce n’est pas sans générer quelques problèmes d’insalubrité, malgré les efforts réalisés de l’époque des d’Albret, pour assainir la ville.
Un axe routier Paris-Pau-Madrid est tracé, la place Bonaparte est agrandie. Napoléon ouvre la Place Royale vers les Pyrénées en abattant le grand rempart qui en occultait la vue.
Depuis longtemps, le Béarn est une importante région d’élevage de chevaux. Il créé également les Haras de Gelos*, introduisant les premiers chevaux étalons Arabes. Dès le début du XIXème siècle, Pau est surnommée la « capitale du cheval ».
*voir étape GELOS
Napoléon exilé, après les défaites contre les anglais, le peuple accueille Louis XVIII.
La propriété de Anna de Noailles ; la célèbre femme de lettre, est racheté par le maire de Pau Aristide Montpezat qui y fait créer un parc magnifique, ouvert à la population : le Parc Beaumont. Il accueille l’aristocratie européenne. Un casino y est même installé. Quelques années plus tard un Palais d’hiver est construit sans les jardins. Il deviendra en 1900, sous la main de l’architecte Wybo qui a dessiné « ‘le Printemps » à Paris, le Palais Beaumont tel qu’on le connait aujourd’hui. Le Centre de Congrès Historique.
Henri Faisans maire de Pau en 1888, est l’initiateur de la construction du funiculaire dessiné par l’architecte Bonnamy. Le funiculaire relie la gare (ville du bas) au centre ville ;(ville du haut). C'est également à l’initiative du maire, qu’est réalisé le Boulevard des Pyrénées conçu par Adolphe Alphand. Collaborateur de l'urbaniste parisien Haussmann, il construit le Boulevard des Pyrénées à partir d'un balcon naturel, comme le font d'autres urbanistes à Nice pour la Promenade des Anglais.
Peu à peu, l’engouement de la colonie anglaise pour la ville, créé une nouvelle activité: le tourisme.
« Si vous êtes malade, allez à Pau ; si vous êtes sportsmen, allez à Pau. Si vous aimez les longues promenades, allez à Pau ; si les beaux paysages vous plaisent, allez à Pau !».
C'est ainsi que le «Journal des Étrangers» incite les anglais à se rendre et même à demeurer à Pau. Ils mettront leur touche anglaise à la ville.
De nouveaux travaux d’embellissements sont entamés, le chemin de fer arrive, la ville réalise le tout premier tout à l’égout du sud-ouest, la promenade de la corniche est construite. Le premier golf du continent se dessine. Golf de Billère*.
*voir étape BILLERE
Les anglais, fort amateurs de chevaux et de courses hippiques, découvrent une des traditions du Béarn : l’élevage équin. Les éleveurs béarnais sont réputés pour l’excellence de leur travail. Bientôt un hippodrome voit le jour.
RENAISSANCE TOUJOURS
Au XXème siècle, Pau vit l’aventure aéronautique. Orvilles et Wright les inventeurs de l’aéroplane, s’installent à Pau pour leurs essais. Blériot y fonde son école de pilotage. Une première mondiale. Pau est alors un très important pôle aérien.
La première guerre Mondiale sonne l’arrêt à cet enthousiasme créatif. Puis le siècle voit s’annoncer une nouvelle période atroce. L’atmosphère optimiste et guerrière de Pau ne s’endort pas.
En 1940 Le département est coupé en deux par la ligne de démarcation fixée par l’armistice du 22 juin. Celle-ci passe par Orthez, Sauveterre, Saint-Palais, Saint-Jean-Pied-de-Port. Pau est donc en Zone non occupée. Des groupements de résistants s’activent, conduits par quelques chefs départementaux; Honoré Baradat, Ambroise Bordelongue et Paul Boudoube, des zones de maquis entre Orthez, Oloron et Pau s’organisent. Des sabotages ont lieu sur la ligne de Pau-Canfranc, qui parait-il transporte l’or Nazi transitant d’Espagne. Après l’occupation de tout le pays par les allemands en 1942, la surveillance est réduite mais ne disparaît pas totalement. La ligne Pau-Canfranc continue à être utilisée par la résistance française.
Après la seconde guerre mondiale, la découverte de gisements de gaz et de pétrole à Lacq, tout près de Pau, éveille l’intérêt des industriels. La ville double le nombre de ses habitants pour le quadrupler jusqu’à aujourd’hui.
On peut dire que Pau ne s’est pas reposée longtemps au cours de son histoire, du Xème siècle à ce jour, elle a constamment évolué sans faillir. Cela rappelle une des devises de Gaston Phoebus :
"Tòcas-i se gausas !" Traduction approximative : « touche s’y si tu oses ! »
LA VISITE
Lamartine disait du boulevard des Pyrénées : « Pau est la plus belle vue de terre du monde, comme Naples est la plus belle vue de mer »
Le visiteur est ici un passager du temps, dans cet univers de couleurs chatoyantes, de verts changeants, qui donnent à la rude et imposante pierre, sa jaillissante beauté. Tantôt dans un silence de sieste, tantôt sous l’averse d’admirations chantées par ses congénères, comme lui transfigurés. C’est tout d’abord un parcours unique au milieu de parcs et de jardins ; Renaissance ou Jardins Japonais ou encore Jardins Mexicain. Des Palmiers, des Yuccas sur fond pyrénéen, des Cèdres du Liban et de l’Atlas, des Séquoias géants. Des arbres remarquables par leur taille, leur âge, leur rareté. Ils s’épanouissent dans le domaine du château, le square de l’église Saint Martin, les jardins contemporains de l’Hôtel du Département, les jardins Joanthe, le parc Lawrence, le square Besson...
Et c’est ce chant de verdure, cette chorale qui emmènent le voyageur dans le cœur de la fleur. L’esprit, s’il se pensait en vacances, est sollicité de toute part par le discours de l’histoire. Car Pau parle d’elle à chacun de ses détours et la plus étroite des rues a des choses à raconter. Si de nombreux édifices se montrent et se visitent, d’autres ; propriétés privées, n’offrent qu’une partie de leurs façades. L’on y peut tout de même glisser un œil indiscret ; entrevoir le pittoresque ou le luxe contrastant de certaines villas.
Chaque premier dimanche du mois, le boulevard des Pyrénées devient l’usage uniquement des piétons, lieu d’expositions de tous arts, et autres manifestations festives.
Le Musée National du Château de Pau
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Face aux Pyrénées, Il éblouit par sa blancheur, ses angles, ses tours, l’effet argenté de son ardoise. Aujourd’hui domaine national, Il s’insère dans un ensemble de parc de jardins et de bois, hérités du XVIème siècle, créé par les d’Albret.
Le petit jardin Renaissance en contre bas de l’édifice, donne une idée précise de l’architecture environnementale de l’époque et témoigne de l’attention que l’on portait aux extérieurs.
L’accès au château se fait par un pont, près de l’ancienne entrée fortifiée, la chapelle, et le donjon G. PHOEBUS.
Pour entrer tout à fait l’on passe sous le portique Napoléon III,
vers la « cour d’honneur » entourée de hauts murs percés de fenêtres ornées de bas reliefs. C’est dans laTour Montauser que le visiteur va pouvoir commencer sa visite. Il est accueilli par les figures marquantes de l’histoire qui occupèrent le lieu et qui ont laissé là des collections importantes. A travers des représentations des époques de la néo renaissance et Renaissance, style baroque et rococo, dans la décoration, le mobiliers, les tableaux et tapisseries, bibelots précieux, nous entrons dans un monde clinquant, doré, chaud et foisonnant.
Le regard ne sait où se poser. Pour une grande partie, les tapisseries du Château de Pau ont été tissées aux Gobelins à Paris. En tout 96 pièces, provenant de 17 tentures différentes. Elles avaient été choisies au XIX, par les architectes de Louis-Philippe, plus tard Napoléon III, dans les réserves de la couronne pour orner les murs du château, façon palais de la Renaissance. Les thèmes représentent le plus souvent, des scènes de chasse, les travaux des champs, la vie de la noblesse du XVIème siècle, la vie royale, des scènes enfantines, et bien sur ; la vie d’Henri IV. Ainsi, durant la visite, tout nous renvoie au temps historique de la naissance de Henri IV, dans le château et de sa vie. Il y est partout évoqué, c’est une allégorie. Sculptures, tableaux ou tapisseries, ne laissent pas d’y chanter ses louanges. Les espaces vides sont rares pour ne pas dire inexistants.
Les cuisines immenses, les énormes chaudrons de fonte en crémaillère dans la cheminée ; véritable pièce où l’on sent encore le mijoté de soupe ou de garbure (humm ! La garbure ! Nous en reparlerons). On imagine les ripailles du futur Roi Henri IV. Le bon roi, présent de la volonté de tous les occupants qui se succèderont au château. Le « Bon Roi » tout absent qu’il fut d’ici, lors de ses vingt ans de règne, est toujours le Roi du Château aujourd’hui.
Forteresse, Castelnau, Palais Royal, puis Impérial, le Château initié au Xème siècle par un Phoebus quelque peu oublié, garde la seule empreinte du « Roi des Braves » HENRI IV.
Musée National du Château de Pau,
Rue du Château, 64000 Pau.
Tel 05 59 82 38 00
Site internet :
www.musée-chateau-pau.fr
Ouvert tous les jours sauf 1er janvier, 1er mai, 25 décembre
Haute saison : du 15 juin au 15 septembre
9h30/12h30- 13h30/17h45
Basse saison : du 16 septembre au 14 juin
9h30/11h45-14h00/17h00
Visites uniquement guidées, en français pour visiteurs individuels et ou en groupe.
Visites générales guidées en espagnoles et en anglais sur réservation :
Tel: 05 59 82 38 02-
Par curiosité, poussons la porte d’entrée du porche de La maison Peyré dit l’Hôtel de Sully, rue du Château, c’est un Hôtel particulier du XVIIème siècle.
Mais tout d’abord écoutons la légende qui dit que le heurtoir de la porte d’entrée, représentant un chien basset, avait le pouvoir magique, si on le caressait, de guérir du mal d’amour. Une autre légende dit, que le heurtoir fut ôté subrepticement lors de l’occupation pour être mis à l’abri de la souillure allemande, puis remis aussi discrètement en place à la libération. La cour intérieure « en noyaux de pèche » est le résultat d’un assemblage harmonieux de milliers de galets polis venant des rives du Gave de Pau. Technique qui fut abandonnée car elle occasionnait des problèmes pour le roulage des voitures et était fort glissante pour les chevaux; Un magnifique escalier de marbre fait accéder aux appartements. C’est une demeure privée dont on ne visite pas le domaine habitable.
Au passage, dans le quartier du Château ; l’église Saint Martin.
Achevée en 1871, ouvre ses portes sans façon, sur de riches ornements. Retables, autels, et tableaux de petits maîtres, fresques d’artisans décorateurs de l’époque habitent les lieux. Des peintures murales, devaient être simplement décoratives, plutôt que des représentations de figures de saints et de scènes religieuses. Louis Stenheil, collaborateur de Violet Leduc, tint sa promesse faite à l’architecte de peindre cette décoration dès l’achèvement de son œuvre à la Sainte Chapelle de Paris.
Le Musée de la Résistance et de la Déportation,
s’est installé dans la Villa Lawrance, dans le parc du même nom. A travers objets, affiches, maquettes, témoignages, représentant la période de l’invasion allemande et ses horreurs perpétrées contre les populations en Béarn.
Musée de la Résistance et de la déportation
Parc Lawrance, Avenue de la Résistance, PAU
Visite tous les mercredis, sauf fériés, 14h-18h
Et sur rendez-vous. Tel : 05 59 27 48 76
Un peu plus loin la place des Etats était le carrefour des transhumances, jusqu’à la renaissance.
La place Reine Marguerite est l’endroit exact où s’arrêtait la ville au XVIème siècle. Place du Marché jusqu’à la Révolution, puis scène d’exécutions publiques. La roue ? Le gibet ? Faites votre choix !
Le Parlement de Navarre Place de la Déportation, où fut signé l’attachement du Béarn à la France, est anciennement le Palais de Justice au XVIème siècle. Incendié en 1716, reconstruit au XIXème siècle, il abrite aujourd’hui le l’Hôtel du Département des Pyrénées Atlantiques. Deux hommes politiques, nés en Béarn ; Léon Bérard et Louis Barthou, ornent en médaillon la face ouest de l’édifice.
Marcher encore sur la longue traîne du boulevard s’accorder une halte sur un balcon en rotonde pour laisser le regard flâner alentour. D’un côté les riches villas marquées par l’architecture, ici, Empire et là, Art Nouveaux, de l’autre l’offre d’une vision panoramique sur les montagnes. Au pied de la corniche ; « les jardins du bas » riches d’essences exotiques.
Plus loin la gare d’où l’on peut rejoindre le boulevard en prenant le funiculaire Le funiculaire de Pau est le seul vestige mobile de la visite ! Il est construit en 1905 par Jean Bonnamy, entrepreneur de travaux publics bordelais. Mais les « écologistes » de l'époque (Eh oui !! le respect de l’environnement était déjà une préoccupation) repousse le projet. Le rapporteur de la commission écrit : « Les adversaires du projet, dans leurs susceptibilités d'artistes, craignent qu'une armature de fer fasse tache parmi les frondaisons ». Sans parler du Touring Club de France qui parle de « horreur de ferraille suspendue dans les airs ». D'une centaine de mètres de longueur et d'une pente moyenne de 30%, Le funiculaire de Pau est finalement inauguré en 1908. Il relie la ville basse ; quartier de la gare, au centre ville sur le Boulevard des Pyrénées, à hauteur de la Place Royale. Depuis 1978 il fonctionne gratuitement.
Du lundi au samedi de 6h45-12h30, de 12h55-19h30 et de 19h55-21h40
Dimanche de 13h30 à 21h00
Son fonctionnement sera interrompu quatre fois au cours du 20ème siècle : de 1951 à 1954, en 1961 pour adopter un nouveau matériel, de 1970 à 1978 en raison de l'insécurité et d'un déficit croissant et de fin 1993 à début 1996 pour réaliser de nouveaux travaux de sécurité.
En face ; la chaîne de montagnes, comme une ombre chinoise, a créé un horizon accidenté. La chaleur l’a dotée d’une écharpe de soie opaque qui s’accroche à ses flancs. Et si l’on regarde plus attentivement encore, on voit sortir de cet océan figé le museau d’un orque, gueule ouverte qui vient chercher son oxygène. Le Pic du Midi d'Osseau
Il faut continuer sur la promenade pour relier le Château au Palais Beaumont, architecture 1930, aujourd’hui Centre de Congrès Historique
Emplacement également d’un casino, le jeu ayant eu toute son importance dans la société réconciliée de ces années là. Et nous le verrons; le golf également, jeu de la tranquillité par excellence. Autour du Palais, des parcs bien sûr car partout la végétation est présente, l’espace est primordial.
Du Palais Beaumont au Musée des Beaux Arts, il n’y a qu’un pas. On peut emprunter pourquoi pas, l’allée Alfred de Musset ou traverser la rue Berthou. S’arrêter place Saint louis de Gonzague, attiré par une fontaine haussée d’une sculpture de bronze, représentant un aigle royal tenant en ses serres un chevreuil qui aurait parait-il eu la prétention de lui échapper. La raison du plus fort...
le Musée des Beaux Arts de Pau, est une magnifique surprise, un des cadeaux de la visite. Une collection époustouflante de tableaux, de sculptures d’artistes ayant travaillé du XVIème siècle au XXème siècle ; Peinture française, hollandaise et Italienne des XVIIème au XVIIIème siècles ;
Rubens, Brueghel, El Greco...
La peinture espagnole des XVIème et XVIIème siècles : De Ribeira, Lhote... Début XXème, avec Marboutin (sculpture)... L’Orientalisme : Reignault, Zo, Worms, Nivel... Un portrait de Van Donghen... La peinture française du début XXème : Simon, Balande. L’art Contemporain. Des tableaux réalistes, expressionnistes, hyperréalistes...La liste n’est pas exhaustive. Le Musée des Beaux Arts de Pau propose deux parcours, l’un avec la présentation de ses collections en exposition permanente, et un autre regard, sur des expositions temporaires. Ce Musée est une niche extraordinaire d’œuvres d’art. Le musée propose également un cycle de conférences « Arrêt sur une œuvre » (entrée gratuite)
Musée des Beaux Arts de Pau
Rue Mathieu Lalanne
64000 PAU
Ouvert tous les jours sauf le mardi
10h00/12h00-14h00/18h00
Tel 05 59 27 33 02
Mail: [email protected] gratuit le premier dimanche du mois, gratuit pour les moins de 26 ans gratuit pour les demandeurs d’emploi.
EN 1935, la maison natale de J. Baptiste Bernadotte , maréchal d’empire, devient le Musée Bernadotte.
Et pour cause ! Un rare cas de réussite individuelle dans l’entourage proche de l’Empereur. Bernadotte, autrement dit « Sergent Belle-Jambe », est le seul maréchal qui traverse la Révolution et l’Empire pour terminer sur un fauteuil royal !
J. Baptiste Bernadotte sera le futur Roi de Suède. Il est l’ancêtre de nombreux monarques qui règnent aujourd’hui encore en Suède en Norvège, mais aussi au Luxembourg, en Belgique et au Danemark. Beau parcours pour le « Sergent Belle-Jambe », dont on dit qu’il était tatoué sur sa poitrine «Mort aux rois» !
Le musée est une maison du XVIIIème siècle. Un des derniers vestiges de l’urbanisme de cette époque en Béarn. Galerie en façade, murs faits de galets, de briques et de pierre de taille, La cour d’entrée est un parterre d’assemblage minutieux de « galets debout » selon une vieille tradition. Outre ses collections d’œuvres d’art, le musée Bernadotte est un exemple de demeure ancienne que l’on peut trouver lors de ses promenades dans le dédale des rues piétonnes de la ville historique.
L’intérieur est une succession de pièces, distribuées par un magnifique escalier, aux marches de pierre, gardé par un balustre en bois d’époque. Une partie est demeurée telle qu’elle fut habitée. On pourrait même s’y installer et y concocter quelques plats, se servant des casseroles et de la vaisselle encore intactes. On y a fermé les persiennes ce qui ajoute à l’intimité et préserve les objets précieux qui y sont conservés. Car, c’est également un lieu d’exposition, où artistes vieux et contemporains se côtoient. Tableaux, aquarelles, objets décoratifs dont des vases précieux, bustes de marbre, pièces frappées à l’effigie de quelques illustres figures par la monnaie de Paris. Le guide toujours affairé à l’histoire aura bien des choses à vous en dire.
Musée Bernadotte
8, rue Tran, Pau
Visites libres tous les jours sauf ;
Les lundis, 25 décembre, 1er janvier 1er mai,
Tel 05 59 27 48 42
Toujours rue Bernadotte, tout près de la place de la Libération, l’église St Jacques patrimoine du XIXème siècle.
D’inspiration néogothique, dessinée par l’Architecte Loupot, elle est l’une des premières paroisses créée après la Révolution. Dans un temps où l’émulation dans tous ses sens ; rivalité, admiration et intelligence, bat son plein.
Les 54 vitraux, mélangeant styles rétro et avant-gardiste de l'époque, sont les œuvres des ateliers Maujéan et Thibaud, une dynastie d’artistes verrier, reconnue dans le monde entier. Il est difficile de détacher son regard de ces verrières en couleur. Les paysages précis, foisonnant de détails, les personnages expressifs, presqu’en mouvement d’un clignement de paupière à l’autre, sont saisissants.
D’apparence moins attrayante, une visite au cimetière de Pau, vous fera découvrir des sculptures d’art funéraire inscrites à l’inventaire des monuments historiques. Le monument aux morts Place Verdun, est criant de réalisme.
Il y a plusieurs façons de visiter Pau, à pieds, à vélo, à cheval, plus exactement en calèche. Le rallye GPS propose également un rallye pédestre. Et de juillet à aout, vous pourrez visiter la ville et ses jardins en calèche.
Renseignements à l’ office de tourisme :
www.pau-pyrenees.com
Tel 05 59 27 27 08
Place de Royale
64000 PAU
photographies tous droits réservés Nathalie Bessonnet 54/130