Vadrouille à Madagascar : roots & glamour

2 marathoniens et alpinistes chevronnés | 2 sacs à dos de 10 kg | 3 maîtres-mots : éco-responsabilité, empreinte carbone et authenticité | 12 étapes en 30 jours | Et 1 tube de rouge à lèvres !
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Embarquement vers une aventure "écoresponsable" à Madagascar

Après plusieurs mois à convaincre Jules — de nature, ma foi pour le moins, sceptique — de l’intérêt de ce périple, je peux enfin clamer haut et fort me lancer dans ce projet de voyage à Madagascar, cette grande île entre Afrique et Océan Indien !

Bien plus qu'une simple escapade : c’est une quête, inscrite dans le respect de la nature, l'économie et des cultures locales, sous le signe de l'écoresponsabilité. Chaque pas foulé sur les sentiers malgaches sera une invitation à réévaluer notre empreinte carbone, et à mettre en lumière notre approche de la solidarité humaine.

Nous partons donc, haut les cœurs, vers cette grande île rouge, pour 30 jours complets de vadrouille, en sac à dos of course !


Pourquoi Madagascar ?

Partir en terre malgache, c'est tout d'abord faire découvrir à Jules — qui n'a jamais séjourné dans l'hémisphère sud, à part pour un stage au Vietnam, qui n'est pas dans l'hémisphère sud — le pays où j'ai vu le jour.

Je ne mettrai pas d'emphases sur la beauté vantée du pays, car nous préférons nous faire notre propre opinion sur place : entre photos juste canon et véritables pépites pour les yeux, entre vrai bijou et réputation surfaite... Ce qui fait que nous avons choisi Madagascar, parce que c'est Madagascar !

Ayant bien conscience que la situation économique et écologique a drastiquement changé depuis que j'ai quitté le pays (les chiffres du BAD, FMI, PNUE et GEIC parlent d'eux-mêmes), et a fortiori depuis ma naissance, je n'ai pas prétendu vouloir montrer un statu quo imaginaire, mais plutôt ce qu'il reste encore, et peut-être en situation idyllique, ce qu'il y a à (re-)faire.

C'est tout de même fou, à plus forte raison lorsqu'on regarde les choses avec un œil occidental, mais l'accès à l'information locale pertinente, fiable et circonstanciée relève souvent du parcours du combattant, hormis via... les médias internationaux ! La liberté d'expression et l'indépendance des journaux malgaches relèvent quasiment de l'utopie. Ne parlons même pas de l'existence d'investigations ou véritables débats télévisés.

C'est pour cela qu'au-delà de l'établissement du programme de ce voyage, je parlerai des difficultés à le préparer, dans un autre article. Oui, ce sera un voyage extraordinaire, parce qu'on y tient à cœur et qu'on compte y mettre les moyens, néanmoins il serait illusoire, d'une part d'espérer pouvoir se cantonner aux belles images renvoyées pour redorer le tourisme, d'autre part d'imaginer pouvoir concilier facilement notre propre vision du tourisme et la réalité sur place.

Mais qui dit "pas facile-facile", ne signifie pas "impossible" ! D'où ce carnet de voyage.

Malgaches, marchant sur un sentier, dans la forêt. Source : images.tourisme.gov.mg 

Pourquoi ce voyage ?

Le tourisme durable et le modèle bas carbone font partie intégrante de notre ADN de voyage.

Nous privilégions systématiquement les modes de déplacement à faibles émissions, choisissons volontiers des hébergements rudimentaires, consommons local et bio, et faisons des activités écologiquement sobres.

Même si cela convient bien à certains, d'où l'existence encore de l'offre, pour nous, exit les gros campings et hôtels all inclusive favorisant l'entre-soi, les vols frénétiques au quatre coins de l'Europe, les destinations sans identité, la McDonaldisation, et souvent, aussi, exit les vacances sans défi personnel.


Mon CV à la loupe :

Ne jurant que par le gène de l'aventure, avec ou sans Jules, j'ai entre autre réalisé :

  • en août 2023, Paris-Mont St-Michel, en solo, 400 bornes en 4 jours de vélo itinérant, en me couchant à la belle ou sous mon tarp. Je précise, j'ai fait ça la même année où j'ai appris à faire du vélo. Je suis partie sans aucun équipement de réparation ni vraie carte, mais en suivant tantôt les départementales, tantôt les voies vertes.
  • en mai 2024, le Jura en train et vélo itinérant, pendant 2 semaines avec Jules. Quelles vacances marquées par la flotte permanente (1re nuit en bivouac sauvage et réveil sur 2 cm de marécage!), les bestioles et la bonne humeur !
  • en juillet 2023, l'ascension de la Barre des écrins, par son versant sud (AD), avec Jules. Gros bivouac à plus de 3000 sur un dôme de neige et de glace !
  • en juillet 2024, l'ascension du Mont-Blanc en 3 jours et 1 bivouac, par l'intégrale du Tricot (AD), avec Jules. Quelle météo digne de la fin du monde ! On n'a pas croisé une âme, ni de trace, avant le dôme du Goûter, où nous avons — sagement — décidé de battre temporairement en retraite au refuge, face au brouillard... ah oui, il était quand même 17h !
  • en mars 2025, mon premier marathon à Arcachon, pour lequel j'ai appelé Jules à 6h du matin pour lui signifier mon intention de ne pas prendre le départ. Quelle euphorie de le rappeler quelques heures plus tard, pour dire cette fois que j'avais coché mon objectif chrono, et que je ne me sentais même pas trop cassée physiquement pour reprendre le train l'après-midi.
Trace GPX de la course du Mont-Blanc, par l'intégrale du Tricot (2024) 

Mais du coup, concrètement, en quoi ce périple se veut responsable ?

Par le mode de consommation éthique :

  • en privilégiant la vente en direct (chauffeurs, guides, etc). Donc un soutien direct de l'économie locale.
  • en réalisant des activités bas carbone quand c'est possible : rando, escalade, snorkeling, vélo, course à pied etc.
  • en privilégiant la nourriture locale, plutôt végétalienne, utilisant peu l'agriculture intensive.
  • en choisissant des spots à l'abri du tourisme de masse, et partir en décalage de la haute saison, pour avoir une fréquentation répartie des milieux naturels.
  • en évitant l'achat de ressources protégées, ou à protéger (pierres précieuses, coraux, etc). Le marché noir semble y être un puits sans fond.
  • en choisissant des équipements pour le voyage auprès d'enseignes de plus en plus responsables, si ça ne coûte pas un bras : Fjallraven, Mammut etc.

Par le mode de vie éco, respectueux :

  • en logeant chez des locaux (peut-être qu'on pourra improviser un couchsurfing), ou auprès de lodges avec des matériaux tendant vers le biourcing (la certification et labellisation sont encore loin d'être au point sur place), fonctionnant en autonomie (donc, sans besoin de groupe électrogène, on rognera sur l'eau chaude), ou en partenariat avec des projets d'associations ou d'ONG, quand c'est possible.
  • en s'adaptant au mode de vie rudimentaire du pays : sans clim, parfois sans eau chaude, sans vraie organisation etc.
  • en s'intéressant aux cultures locales : plus de 18 ethnies différentes, dont la principale ne représente que quelque 20%. Un richesse et diversité à découvrir donc, un potentiel échange culturel à exploiter.
  • en évitant l'eau en bouteille : on utilisera principalement les Aquatabs et Lifestraw (il n'y existe pas de réelle filière de traitement de déchets !)


En corollaire, par honnêteté intellectuelle, en quoi il n'est pas responsable ?

  • L'avion : 1t eq CO2 chacun.
  • Le 4x4 : pas possible de faire la route du Capricorne autrement (quoique gravel ou VTT ? Mais quid de la sécurité ? Des pannes ?)
  • Bateau à moteur : pour la plongée.

On ne va pas se mentir, le 0 carbone n'existe pas, avec ou sans voyage. Par contre, je m'évertue à mettre les chiffres en face de nos actions, pour 1. en avoir conscience, les mesurer très concrètement, les comparer, et 2. agir en conséquence. Typiquement, les émissions de l'avion pourront être "compensées" par mes 4t eq CO2 annuels, qui sont en dessous de la moitié de la moyenne nationale (https://www.notre-environnement.gouv.fr/actualites/breves/article/en-2023-l-empreinte-carbone-et-les-emissions-de-ges-de-la-france-diminuent).

 Pirogue malgache, slow traveling. Source : images.tourisme.gov.mg 

Bien plus qu'un opportunisme de voyage :

Évidemment au quotidien, la réflexion autour de l'empreinte carbone s'invite également dans nos assiettes et nos modes de consommation, sinon notre revendication n'aurait pas de sens.

Jules et moi faisons le choix du bio, circuit court, local et/ou anti-gaspi, nous recyclons systématiquement : par tri, compost, lombricompost, déchèterie électronique, nous réparons, raccommodons quand c'est toujours possible.

En somme, choisir ce périple écoresponsable, c’est faire le choix d’une connexion qui se veut authentique avec l’environnement. Il apparait vital pour nous deux de déconnecter, pour mieux se reconnecter à d'autres sources, des sources d’authenticité.

Cette éthique implique de réfléchir à son bilan carbone, ne pas avoir une vision expansionniste sur des ressources limitées, collaborer en direct avec des guides locaux et des hébergements écologiques, soutenir l'économie locale. Ce cheminement, que nous exporterons à Madagascar, est une opportunité pour (re)questionner nos modes de vie et renouer avec l’essence même de l’aventure, hors des sentiers battus et du tourisme de masse.

Difficile de ne pas laisser transparaitre son opinion politique, géopolitique et ses postulats à travers cet article, et pourtant il faut bien mettre les pieds dans le plat.

Voilà le profil des deux zigotos qui s'embarquent pour cette nouvelle aventure !


Et pour être disruptif jusqu'au bout :

Que serait une aventure pour nous sans "activité physique" ? Nous comptons bien réaliser de renversantes randonnées immersives, sans abuser de porteurs, se frotter à de belles couennes et grandes voies d'escalade, balades à vélo, découvertes en course à pied, faisant de chaque activité une mise en lumière de ce voyage écoresponsable. C'est ce qui fera le sel de cette authenticité tant recherchée, doux équilibre entre dépassement de soi et paysages certainement ineffables.

Tout cela en gardant sa touche de glam, et j'y tiens : expérimenter ces treks éprouvants, ces longs voyages en 4x4 et en taxi-brousses très roots, snorkler sous 30°C, tout en restant bien maquillée. Eh bien oui, car il faut bien que je liquide ce tube de L'Oréal, non utilisé depuis des années, mais qui se targue pourtant d'être waterproof et flamboyant.

Si ce n'est pas un soupçon d'originalité (et un peu d'excentricité, pour n'avoir vu aucun article similaire ailleurs) qui vient s'ajouter au programme, je ne sais pas ce que c'est !


Quel sera alors le grand défi de ce voyage ?

Si nous parvenons à concilier tous les aspects qui nous tiennent à cœur avec les possibilités qui s'offriront à nous, nous rentrerons en France certainement très, très contents !

Ce voyage à Madagascar sera pour nous une expérience unique, où l’éthique, l'écoresponsabilité, le contact authentique avec la nature, la justice économique et le dépassement de soi seront au rendez-vous. Chaque pas, chaque kilomètre parcouru sera renverra vers la nécessité de préserver notre monde. Une invitation à explorer, à respecter, et à se reconnecter avec soi, à partir à la découverte de l'autre.