De plus en plus loin dans l'Afrique du bush, des peuples... et de la subsistance !
Le kaokoland est peuplé majoritairement par les Himbas, descendants de tribus qui ont survécu au génocide herero en migrant vers le Nord.
La région, officiellement appelée Kunene, du nom de la rivière qui y coule toute l'année, a pour capitale Opuwo. La discrétion nous a empêché de photographier, mais imaginez-vous au spar au milieu de femmes nues (himbas)et d'autres en grand costume herero...
Je vole à internet une image de femmes herero.
La région reste aujourd'hui isolée du reste de la Namibie par une étrange frontière, la red line. Relique du découpage colonial, elle constitue aujourd'hui une frontière vétérinaire servant à protéger les élevages du sud de la peste bovine et de la fièvre aphteuse présentes épisodiquement dans les petits troupeaux des tribus du nord. Concrètement, impossible de sortir du kaokoland avec de la viande dans le frigo du bakkie. Des gens ont dû bien dîner grâce à nous !
En dehors de notre petit cas particulier, cette frontière, maintenue par l'état namibien pour rassurer ses importateurs et assurer des débouchés aux grands éleveurs du sud, empêche aujourd'hui les tribus du nord de monétiser leur énorme capital animal et les enferme malheureusement dans une grande pauvreté et dans un modèle pastoral archaïque (mais très efficace dans cet environnement aride).
Bref, nous voudrions justement mieux comprendre, et rencontrer ces fameux Himbas, rescapés des temps anciens.
Certains les prennent en photo sur le bord de la route, moyennant finances... nous avons choisi de camper une nuit près d'un de leur camp permanent. Contre une somme d'argent (qu'ils ont dû mal à évaluer car ils ne savent pas compter), le clan nous présente ses activités pendant un après-midi. C'est une cousine qui fait l'intermédiaire et l'interprète. En fait, ils ont encore plus de questions que nous, qui sommes subjugués par les corps, leur présence, les parfums, la langue....
Confection d'une nouvelle ceinture. Les matériaux sont issus de la collecte et du recyclage. D'ailleurs c'est à cela qu'on reconnaît des traces de pas himbas : les chaussures sont en pneus !
Confection de bijoux.
Voici Tjipura, 33 ans ! Elle a 5 enfants. Certains vivent chez sa mère et vont à l'école. Elle veut savoir pourquoi nous sommes venus chez eux. Elle ne comprend pas pourquoi je n'ai qu'un enfant. Elle trouve Iris très belle mais bien grande. Elle aimerait voir la mer. C'est ma copine.
Kaimbe a perdu sa femme. Il doit bientôt se remarier. Il veut savoir comment sont nos familles, nos mariages. Il sculpte un repose-tête.
Près du camp permanent, les femmes cultivent du mais. Elles le pilent en chantant et en font une bouillie avec du lait de chèvre. C'est le repas quotidien.
La coiffure en dit long : fille, garçon, pubère, marié...
Dans la case principale, les femmes nous montrent ces traditions qui font leur renommée. Pas d'eau pour se laver, mais des fumigations à base de bois aromatiques et purifiants. Et pour se faire belle autant que pour se protéger, cet onguent fait d'ocre pilé et de graisse de vache. La hutte n'a pas d'ouverture dans le toit, ça fume... mais ça sent très bon !
Les enfants sont libres. Les femmes s'en occupent collectivement, impossible de savoir qui est la mère de qui.
Les huttes sont bâties par les femmes, avec de la bouse de vache et de l'argile, comme chez les Masai auxquels les Himbas sont apparentés, dans un passé très lointain. Elles sont réunies autour de l'enclos des bêtes, trésor des familles. Autour du camp, un autre enclos.
Et c'est l'heure de danser et de chanter.
Avec le son génial et en mouvement... quand youtube acceptera ce contenu très osé...
Kaimbe est le seul homme présent ce jour-là. Les himbas sont polygames. Les autres hommes sont partis faire paître les troupeaux de vaches, parfois très loin. Ils dorment alors dans des petites huttes sommaires.
Les enfants s'occupent des chèvres, très nombreuses. Ils les mènent paître la journée, ce qui leur permet de rencontrer des gens sur la route, et ils adorent ça ! Mure et son cousin préfèrent être berger qu'écolier. Le lendemain matin, il se débrouillera pour mener son troupeau près de notre camp, histoire de nous voir une dernière fois, nous et notre fabuleux téléphone.
D'autres campements sur la route.
Sonnés et envoûtés par notre rencontre, nous continuons notre périple, échangeant des "moro!" joyeux avec les petits groupes qui parcourent des kilomètres sur le sable de la piste.
Notre destination est le fleuve Kunene. Seul cours d'eau permanent sur notre itinéraire (il n'y en a qu'un autre !), il constitue la frontière avec l'Angola.
Il y a des hippopotames (qu'on n'a tellement pas de voir qu'on ne les verra pas) et des crocodiles du Nil, donc très très agressifs. Pas vus non plus !
Pas non plus de moustiques à cette saison !
Mais on voit baobabs, des Himbas pêcheurs, et deux motos !
Voici les chutes d'Epupa, entre Victoria et le Noun, enfin c'est magnifique !
Tout cela se déroule dans un grondement de tonnerre. Un vent rafraîchissant né dans les chutes nous accompagne.Dispositif anti-incendie local. En face, l'Angola.Nos voisins nous ayant invités à faire le braai avec eux, ils nous montrent ce qu'on n'avait toujours pas vu, juste là, quasiment sous nos pieds ! Belle invention que cette lampe uv pour scorpions !
Allez, un petit resto !Le lendemain nous suivons le Kunene, sur une superbe piste fermée aux autres saisons.
Un autre camp, en forme de jardin d'éden tropical ; une occasion encore de contempler des oiseaux incroyables !
Ils étaient deux, puis trois!