(Cet article contient beaucoup de descriptions)
Les plages de Mirissa
J'arrive à Mirissa vers 17h, la chaleur est un peu tombée et c'est plus agréable pour marcher un peu jusqu'au Mister Hostel. Le dortoir est climatisé, quel bonheur. Je retrouve l'Espagnole (qui s'appelle Almudena), et je fais connaissance avec Roni d'Israël et Famke des Pays-Bas, qui sont plus jeunes que moi. D'ailleurs je tente de me rajeunir pour première fois de ma vie et Famke me dit que j'ai l'air d'avoir 29 ans. Très bien, très bien. Je fonce à la plage, je les retrouverai après m'être baignée. Un peu parano, j'enfile un maillot de bain une pièce. Mais la plage est presque déserte à cet endroit car la mer monte très haut. Un groupe de filles me met en garde d'où je mets mes affaires, je trouve finalement un petit rebord proche d'un institut d'ayurveda. Les hommes ne font même pas attention à moi, quel soulagement! Ayant mis mon portable et mon argent dans une pochette étanche, je peux me baigner seule sans crainte d'être volée. Donc, mon objectif, c'est de ne pas me retrouver proche de la noyade dans l'Océan Indien, contrairement au Pacifique. Un Océan, c'est violent, il ne faut pas l'oublier. En effet, le ressac est très puissant, rester au bord me suffit car sinon ce serait un peu trop dangereux. L'eau est chaude et en même temps, rafraîchissante après cette longue journée. Je rentre quand le soleil commence à se coucher. Malheureusement, je n'ai pas trouvé de belles tongs qui me plaisent, je regrette toujours d'avoir perdu celles de Malaisie, ou de ne pas en avoir acheté avant de partir. Ne jamais imaginer "qu'on va en trouver là bas" quand on n'est jamais allée au "là bas" en question ... C'est une grosse erreur de prendre les choses pour acquises! Du coup, je rentre pieds nus car le sable est extrêmement collant. Mais c'est agréable, car je passe du sable au goudron qui à cette heure n'est pas brûlant. C'est proche de la réflexologie.
De retour au dortoir, nous partons en fait par là d'où je venais pour aller boire des bières et/ou des mojitos au bord de l'eau. Almu n'est pas avec nous car elle n'était pas rentrée, et nous l'avons oubliée comme de grosses vilaines. Nous passons la soirée à discuter de nos vies, de nos études ou nos métiers, de nos voyages ... Famke est étudiante en biologie médicale, Roni a dû faire l'armée pendant deux ans car c'est obligatoire à la majorité en Israël quel que soit le genre, et elle travaillait dans la médecine aussi. Et plus tard nous avons appris qu'Almu finissait l'externat de médecine. Pour manger, nous rentrons à l'hôtel alors que la nuit tombe (nous avons vu une petite luciole!) et en fait, c'est pire d'être un groupe de filles qu'une fille toute seule! Mais nous sommes fortes pour les ignorer et nous pouvons nous moquer un peu entre nous, donc c'est différent.
Nous jouons au Yani, un jeu de cartes, et commandons toutes le plus bizarre des burgers au poulet car il ressemble plus à une galette de légumes qu'autre chose. D'ailleurs, en y repensant, est-ce que ce ne serait pas le cas, en fait ... ?
Une grande journée à ne rien faire de constructif nous attend. Nous traînons jusqu'à midi dans la partie commune, notamment moi qui prend du temps pour uploader mes vidéos. Après un petit déjeuner (des pancakes à la noix de coco râpée pour ma part), nous partons en quête de la Secret Beach de Mirissa, qui ne l'est pas tant que ça quand on sait lire Maps.me. Toujours pas de tongs, malheureusement. Le soleil est écrasant et surprise, nous devons grimper une colline pour y parvenir. Ça me rappellerait presque Istanbul. Mais le jeu en vaut la chandelle car la plage est paradisiaque. Ce que je remarque avec le Sri Lanka, c'est que la lumière est si belle, un peu orangée, que l'on dirait qu'on a passé un filtre Instagram sur la réalité qui ravive les couleurs. L'eau turquoise, le sable ocre, les coraux et coquillages blancs, les arbres vert vif ... et plein de petits bernard-l'hermites qui courrent dans tous les sens pour aller se cacher. Personne ne sait comment ça s'appelle, pas même en anglais, donc pour l'instant nous utilisons juste "bewnawlewmit" comme mot et c'est très bien. Nous nous installons à la pointe de la plage, proche des rochers. Est-ce dangereux? Le sable est toujours sec. Pendant que les filles s'installent pour bronzer, je fonce dans l'eau: il y a une sorte de petite piscine naturelle là où je vais. C'est agréable et en même temps sportif car malgré les rochers qui protègent des vagues, le ressac est très puissant. Il y a sur les rochers de petites bestioles étranges, entre le poisson et le lézard donc probablement un amphibien. Ça a des petites pattes nageoires et ça saute de rocher en rocher quand les vagues leur arrivent dessus pour ne pas se laisser emporter. On dirait un animal qui serait resté bloqué à un stade de l'évolution au moment de conquérir la terre. En ayant demandé plus tard, il semblerait qu'il s'agisse de Gobys. Je ne reste pas trop longtemps au soleil non plus car je n'ai quasiment pas pris d'affaires et je n'ai sur ma peau que la crème solaire que j'ai mise en partant. On va éviter un cancer de la peau en plus de tous les autres! Famke bronze, Roni ramasse des coquillages, Almu fait des postures de méditation à l'ombre. Je la rejoins pour écrire le blog.
Mais une bonne dizaine de minutes plus tard, l'eau arrive à nos pieds. "Tu crois qu'il y a de fortes marées?", je demande, mais j'ai ma réponse tout de suite après. Le petit bout de plage sur lequel bronze Famke risque d'être englouti! Les filles s'en sont aperçues et sont en train de ramener mes affaires. Nous nous installons un peu plus haut, avec l'ombre d'un cocotier. Mais nos plans sont contrariés par l'arrivée d'un gros nuage tout plein de pluie. Les filles repèrent un petit bar de plage abrité, nous prenons du jus d'ananas, une noix de coco à boire et des bouteilles d'eau fraîches. Almu est partie pour déjeuner, j'espère qu'elle ne s'est pas trop pris la pluie qui cela dit était supportable. Il y a un hamac et une balançoire là où nous sommes, c'est assez magique. Beaucoup de chiens étalés sur le sable, aussi. Roni est heureuse car elle adore les chiens autant que j'aime les chats. Et puis, vers 16h, nous décidons qu'il serait temps d'aller manger un petit quelque chose. Nous remontons tranquillement la colline, et après plusieurs essais infructueux, nous trouvons un restaurant qui sert un bon rice and curry.
Mais après avoir commandé, PANIQUE ... Famke ne trouve plus son téléphone. Elle l'a peut être oublié au petit bar de plage! L'homme qui tient le restaurant propose de nous prêter le scooter pour y aller. Mais Famke n'a jamais conduit et il n'a pas l'air si chaud pour l'amener. Donc, je me propose, et c'est parti même si ça fait 6 mois que je n'ai pas conduit. Je donne plein d'accoups. Mais je l'amène à destination, l'attend cinq minutes et ouf ... elle l'a récupéré, ils le lui avaient gardé. Maintenant, nous pouvons retourner manger notre plat. Et quel plat! C'est bien comme on m'avait servi à Colombo mais le riz a un goût normal. Le poisson est du thon, dans une petite sauce piquante. Il y a des boulettes de soja, des peaux d'aubergines caramélisées, des légumes, du dhal au curry, c'est délicieux.
Le restaurant étant juste à côté de l'hostel, nous passons prendre quelques affaires et déposer nos serviettes mouillées pour ensuite nous diriger vers Parrot Rock, un gros rocher au bout de la plage, qui est un bon spot pour voir le coucher de soleil. Pour y accéder, nous devons passer dans l'eau jusqu'aux cuisses! Je lève mon sac sur ma tête pour qu'il ne soit pas mouillé. Ensuite, nous devons grimper un peu, heureusement il y a une installation en bois qui permet d'escalader sans tomber. Parrot veut dire perroquet, mais ce sont les corbeaux qui y ont élu domicile. Je reste pieds nus, et les cailloux me font un peu mal, mais c'est ce que je fais la moitié du temps quand je ne veux pas mettre mes baskets. Nous restons là un petit quart d'heure, puis retournons à l'hostel par la plage, l'océan venant chatouiller nos pieds.
Nous retrouvons Alvaro et Almu et partons prendre un verre sur la plage, puis retour pour faire un jeu de cartes à boire - malgré ma proposition de beer pong, mais ils me disaient oui, aussi ... il fallait me dire non. Mais je pense que tout le monde est un peu fatigué!
Détente au Talalla Retreat
Je quitte Mirissa vers midi, après avoir dit au revoir aux filles et leur avoir souhaité un bon voyage. C'est avec de nouvelles tongs (il y en avait juste à côté!) sous la pluie que j'attends le bus, mais elle ne mouille pas énormément.
Je repère un bus qui va vers Kataragama et je saute dedans, comme il y a du monde je dois le frotter aux gens (et avant, j'avais peur qu'on me tripote!). Cette fois-ci, je m'accorde à dire que le chauffeur de bus conduit comme un fou, et j'espère ne pas vomir mon bowl. J'ai quand même vu pire. Nous mettons une petite heure pour arriver à Talalla, mais le chauffeur ne me laisse pas exactement où je veux ... je dois donc marcher un kilomètre au bord de la route pour rejoindre mon resort. J'aurai mérité la piscine.
Enfin, après une brève rencontre avec des macaques dans les arbres, j'arrive à l'entrée, et je peux m'installer même s'il n'est pas tout à fait 14h.
Je pose les sacs, et me jette dans la piscine. Chouette, une eau propre! Après quelques brasses et une rencontre avec un mini varan, je vais visiter le resort paradisiaque. J'arrive au bord de la plage, et je décide sur le moment de laisser mes affaires et de courir dans les vagues. Qui va me les voler ici?
14h45: déjeuner. Un poulet satay, mais j'en ai mangé de bien meilleurs à Penang.
15h30: Masque et massage du visage. Connaissant ma peau, j'opte pour quelque chose de nourrissant mais pas trop huileux comme l'aromathérapie, ils me disent que le miel sera adapté pour ses propriétés antibactériennes, je pense que c'est ce dont j'ai besoin. Il est associé à un masque au concombre pour nettoyer les pores. Je m'installe confortablement au son d'une musique relaxante tandis que la dame rince ma peau, puis applique un premier masque. Je ne crois pas que ce soit du miel ou du concombre ... c'est exfoliant et ça sent la farine. Rinçage. Rebelotte. Je sens ensuite l'odeur du miel, qu'elle applique généreusement sur mon torse et sur mon visage. Elle masse mon cou, puis mes joues, se lave les mains et me masse par deux fois le cuir chevelu. Rinçage. Maintenant, elle m'applique des bandelettes. Elle veut m'embaumer! Elle verse le masque frais au concombre que je sens dégouliner dans mon cou, ce qui est en fait une agréable sensation. Elle me demande si tout est ok, je ne peux pas répondre, je suis une momie! On laisse poser 15 minutes, rinçage, dernier gommage, et voilà. Ma peau dégoûtante est maintenant toute douce. J'espère ne faire aucune allergie à tout cela.
17h: Yin yoga, ou restaurative yoga, dans le shala face à la mer. Malgré le temps tout gris, c'est agréable d'être là. On entend le bruit des vagues, et il m'est parfois difficile d'entendre tout ce que dit la prof. Ce type de yoga porte surtout sur des postures à tenir tout en respirant profondément et en essayant de ne faire qu'un avec la terre nourricière. Pour certaines, j'ai un peu mal en m'étirant, bien qu'elles ne soient pas trop compliquées. Ce n'est pas très dynamique, c'est bien mais ce n'est peut être pas ce que je préfère. Le cours se termine au crépuscule avec une petite séance de méditation où il faut visualiser une boule d'énergie allant du bas de la colonne au sommet du crâne au gré de la respiration. Comme à Bali.
19h30: dîner. Ils sont fort étonnés que je ne reste qu'une nuit mais oui, même si c'est bien ici, c'est comme ça.
J'espère que la moustiquaire va être efficace cette nuit car je vois déjà plein de moustiques qui essayent de passer, et même un autre insecte énorme.
Ma nuit n'est en revanche pas terrible, car la chambre est à moitié ouverte ce qui est bien pour entendre les petits oiseaux et le bruit de la pluie, mais un peu moins en ce qui concerne toutes les bestioles qui piquent. Il y a bien une moustiquaire, mais elle ne prévient pas tout, et en plus elle a quelques trous. Pas optimal, donc. Je me fais encore un peu plus grignotter que ce que je n'étais déjà.
Mais réveil à 7h quand même, car à 7h30, Yoga Vinhasa avec Tye, la prof qui me fera le reiki par la suite. Celui-ci est le yoga bien plus dynamique qui demande de faire des positions parfois compliquées et fatigantes, le tout en prenant de grandes inspirations. La souplesse et moi, ça fait deux. Mais je peux un peu "tricher". Devant moi, il y a une fille qui a un tatouage avec marqué ... "Negan"? Une fan de Walking Dead? Ah non ... Vegan. Ok, pas de commentaire. C'est d'autant plus rigolo quand on l'entend demander "is it vegan?" au petit-déjeuner.
9h45: Reiki, avec Tye, donc. On en pense ce qu'on en veut, mais cela vaut le coup d'essayer.
Le reiki vient en fait du Japon. Il apporte calme et paix intérieure de par la manipulation de points énergétiques sur le corps, grâce à l'apposition des mains du maître. Dans le courant ici pratiqué au Sri Lanka, il est lié aux sept chakras: Muladhara (racine, vers le périnée), hara (énergie, appareil reproducteur, reins, intestins), plexus solaire (estomac, foie, pancréas), Anahata (coeur, système circulatoire), Vishidda (gorge, système respiratoire), Ajna (troisième oeil, yeux, système nerveux) et Sahasrara (shakra du ciel, effet sur l'intellect, la concentration ...)
Bien sûr, je reste ouverte d'esprit, je suis là pour tester et sans aucun doute, ce sera relaxant. Mon esprit est censé quitter mon corps pendant la séance, qui dure une heure. Tye met une musique d'ambiance, et je me mets sur le dos. Elle me donne des cristaux à tenir dans mes deux mains. Puis elle m'applique un bandeau imprégné d'huiles essentielles et me les fait sentir. Je reste un peu allongée comme cela, prenant de grandes inspirations et expirations. Je dois ensuite faire "haaaaaa" doucement quand j'expire. Elle positionne des cristaux autour de ma tête et sur mon ventre. Elle fait sonner une cloche près de mes oreilles, puis près de mes pieds, près de mon ventre ... J'ai l'impression qu'elle est partout à la fois. Je me sens très relaxée et au bout d'une dizaine de minutes, j'ai la sensation d'une vague d'énergie partant de mon ventre et remontant jusqu'à mon cerveau. Wow! Je ne m'y attendais pas. J'ai quelques petits mouvements réflexes de décharge dans le bras droit, et plus tard dans les jambes quand elle met un bol tibétain sur mon bas-ventre (rien de sexuel cependant!). Mes membres me semblent très lourds, je mets au moins une minute à réagir pour me gratter la nuque. Je bascule ensuite doucement sur le ventre et elle pose le bol sur mes fesses puis sur mon dos. Ça vibre. Je vis l'instant présent en essayant de me débarrasser de toutes mes pensées passagères.
À la fin, elle me fait un petit récapitulatif. Étonnamment, il en ressort que je n'ai pas assez confiance en moi (oh?) ce qu'elle a vu par mon plexus solaire, et que j'ai beaucoup d'amour à donner mais qu'en ce moment ce n'est pas possible, il faut d'abord que je me donne moi-même de l'amour (hé!). Je me faisais la réflexion avant la séance donc ça résume bien mon état d'esprit. Les réflexes étaient des décharges de toxines mentales, c'est plutôt bon signe. Elle prend mon email et va m'envoyer des suggestions de repas pour me sentir bien. Elle me dit que je vais me sentir planer pendant quelque temps après la séance. C'est le cas.
Mais je dois m'en aller vers 11h pour être à Dikwella, 8km plus loin, avant le déjeuner. Je remercie, dis au revoir et vais prendre le bus. Bon, cette fois-ci, j'admets que le chauffeur conduit comme un taré. Il faut se cramponner aux sièges pour ne pas tomber. Mais au moins il me laisse exactement où je veux.
L'Ayurveda à Dikwella
J'arrive dans le resort Underneath the Mango Tree un peu avant midi, et me présente à la réception. Ma situation est plutôt particulière: ayant vu sur leur site qu'ils séparaient un pack Ayurveda de 3 jours (durée parfaite pour tester) de leurs chambres à minimum 250€ la nuit, je leur ai demandé par email s'il était possible de ne venir que pour l'Ayurveda et loger ailleurs. Comme c'est la basse saison, autant le tenter ... et ils ont accepté! J'ai le droit de rester dans le resort toute la journée, ils me prêtent un sac avec une serviette de plage et des tongs. Merveilleux! En plus, l'endroit est magnifique.
L'Ayurveda, ce ne sont pas juste des massages et des soins du corps avec du yoga et de la méditation. C'est avant tout une médecine millénaire qui n'est reconnue officiellement comme pratique scientifique qu'au Sri Lanka. D'où la spécialisation du pays en resorts luxueux qui accueillent des touristes pendant plusieurs semaines. C'est un business assez sérieux. Les srilankais y ont accès dans de petits hôpitaux spécialisés et en général, la cure est moins douce que celle réservée aux touristes.
Tout début d'une cure ayurvédique commence par une consultation médicale. Je rencontre donc la docteure et nous discutons de ma santé, et si quand bien même trois jours ne sont pas assez, quelles sont mes plaintes et sur quoi aimerais-je me focaliser. Je parle de mon année stressante, de mes migraines (plus occasionnelles maintenant que j'ai les lunettes de repos), de mes yeux fatigués, de mes somatisations sur l'estomac, de mes allergies cutanées aléatoires, de mon asthme ...
De son côté elle remarque d'autres choses: ma langue est blanche, mes ongles sont striés, je sue beaucoup plus que la normale (malgré le climat). Elle me demande beaucoup d'autres détails: les règles, l'appétit, l'urine, les selles, les antécédents physiques et psychiques, et ceux de mes parents également (longue liste pour mon père!), elle prend ma tension et écoute mon coeur ... un bon check-up. Elle m'explique ensuite les "types" de chaque personne.
Le corps est régi par trois énergies, appelées Doshas:
- Vata, lié à l'air et donc au vent. Il est en lien avec le système nerveux. Il représente l'énergie cinétique et la volonté des gens de bouger. Il est dominant dans l'après-midi. Il est en rapport avec le système intestinal.
- Pittha, lié au feu et au soleil. Il est en lien avec le système hormonal. Ce sont des gens intenses. Il est dominant de 10h à 14h. Il concerne surtout l'estomac.
- Kapha, lié à l'eau et à la lune, en lien avec le système immunitaire. Ce sont des gens calmes. Il est dominant de 6h à 10h. Il concerne la tête et le cerveau, quoi que cela veuille dire.
Nous héritons nos doshas de nos parents, et la plupart des gens ont un type double avec une dominante, que l'on peut aussi confirmer par la prise de pouls en plus de l'enquête. Les gens qui ont un type triple sont très rares, ils approcheraient presque de l'Illumination.
Sans grande surprise, j'ai une dominante Pittha (feu), et une minorante Vata (air) qu'il va falloir rééquilibrer. Aucune notion d'eau, mes parents étaient complètement à côté de la plaque quand ils m'ont appelée Marine. Cela fait longtemps que je suis en identification avec le feu, et mon signe astrologique est relié à l'air (pas de notions comme cela dans l'ayurveda cependant). Mais vu mes soucis habituels, il y a quand même une correspondance importante. C'est juste un peu triste que ça n'influe pas sur ma résistance aux coups de soleil.
Mes prescriptions pour la journée sont: déjeuner adapté, boire du Pittha tea avant 14h, aller faire de la méditation, commencer les massages à 15h, boire du Vata tea. Ayant fait du yoga ce matin, je pourrais plutôt en faire demain.
Je m'installe au restaurant qui surplombe l'océan. Il y a très peu de monde, seulement un couple à côté de moi. Le serveur m'apporte d'abord une soupe de légumes, puis une assiette avec de la salade et du chou kale, du riz à la coriandre, des pommes de terre, du poisson piquant et du dhal au curry. En dessert, de l'écorce de palmier confite avec des raisins secs.
Après ce repas, quelques brasses rapides dans la piscine et je me rends au cours de méditation. Il est dirigé par un vieil homme, Gavin, avec un fort strabisme qui, cependant, inspire la sagesse. Je rencontre un Allemand (45 ans environ?) qui discute avec moi, il est là avec sa femme pour deux semaines et ils font une cure Pancha Karma (avec des vomitifs et laxatifs doux, des pochons à mettre dans le nez, des choses comme ça, pour purifier intégralement le corps). Nous nous rendons au shala. En fait, cette méditation porte sur beaucoup d'explications, notamment les principes bouddhistes (je les ai écrits l'année dernière à Singapour donc pas cette fois). Le premier exercice porte sur la visualisation d'une lumière blanche qui entre en nous à chaque inspiration, qui devient bleue au niveau de l'estomac et jaune au niveau du pubis. Puis elle ressort du corps. Ce n'est pas une méditation guidée, nous nous débrouillons pendant 15 à 20 minutes avec ça. J'ai du mal à rester concentrée sur mon corps. Le deuxième exercice me convient mieux: je dois imaginer des vagues monter et descendre, comme nos tracas au fil de la vie. C'est plus facile, je m'imagine être la vague. Gonfler à l'inspiration en même temps que mes poumons, puis me déverser sur la plage à l'expiration. Je visualise Mirissa, et prend plaisir à cela. Ce ne serait pas de la méditation sérieuse que je m'imaginerais faucher des gens au passage. Je m'amuse ensuite à être une vague dans différents endroits: à Koh Samet, à Da Nang, à Iquique, à Lima, à Canet-Plage, à Saint-Malo ...
Nous nous quittons ensuite, car moi je zappe le yoga pour aujourd'hui et je vais au spa pour le traitement, c'est à dire les massages. Bon, ce ne sont pas de simples caresses agréables sur le dos, ils stimulent tout le système lymphatique. J'ai une thérapeute attitrée qui m'emmène dans une salle de massage d'où je peux voir les feuilles de palmier se balancer au gré du vent et entendre les vagues s'échouer en contrebas. Je dois me déshabiller et ne porter qu'une sorte de pagne qui n'est même pas une culotte. Au diable la pudeur. Elle commence par un massage de la tête, en m'appliquant ce que je pense être de l'huile de ricin dans les cheveux. C'est agréable ... elle me masse aussi la nuque et les épaules. Puis je me mets à plat ventre sur la table pour un massage complet du corps, avec des huiles qu'elle verse au goutte à goutte sur mon corps. Elle insiste plus sur les pieds pour aujourd'hui. Quand je me mets sur le dos, que je mets ma tête dans le trou de la table, je peux voir un bol d'eau avec des fleurs. Parfois, le massage me fait un peu mal, mais je le rappelle ce n'est pas que de la détente, c'est thérapeutique. À la fin de la séance, je passe sous la douche pour éliminer toute l'huile.
Je repasse un peu à la piscine puis pars vers 17h30 pour rejoindre mon hostel, le Mahi Mahi. En fait, il est un peu plus loin que ce que je pensais. Mon sac sur le dos, je parcours la distance, mais me trompe et me retrouve dans des rues peu fréquentées ... une petite fille me cueille un bouquet de fleurs, c'est adorable. Je trouve enfin mon chemin, parcours la distance et arrive à mon hébergement. Ce soir, je suis toute seule avec le gérant et ses amis. Il est gentil mais un peu collant, et étant la seule fille je ne suis pas à l'aise. J'ai recours au mensonge en disant que j'ai un copain en France, je ne pense pas que l'asexualité soit reconnue au Sri Lanka. Au moins je suis tranquille, je me sens un peu plus en sécurité. Il me montre des photos de quand il était à l'armée, il est allé en République Dominicaine pour faire construire un puits puis à Haïti après le séisme. Je mange un Kottu Kottu au porc, qui est en fait un gros plat d'oignons, je commande un peu de riz pour aller avec car c'est bon mais écoeurant. Puis je m'installe dans le dortoir. Je vois alors un gros cafard qui essaye d'élire domicile dans mon sac ... beurk! J'inspecte les matelas. Il ne semble pas y avoir de punaises, et je me sens à l'abri dans la moustiquaire. Mais il y a une odeur chimique persistante qui me dégoûte, et le lino est très humide. J'ai beaucoup de mal à m'endormir, et je commence à me gratter. Jusqu'à 4h du matin. Au final je ne dors que 4 heures ... heureusement que ma journée ne sera pas trop physique.
Le temps n'est pas trop au beau fixe aujourd'hui, il a plu plusieurs fois dans la nuit et ça ne semble pas totalement fini. Je me présente à 9h à la docteure après avoir pris des comprimés qui éliminent les toxines. Un petit check-up plus tard, je repars pour les massages. C'est comme hier sauf qu'elle remplace les massages des pieds par des massages des jambes plus approfondis, comme par exemple appuyer juste derrière le genou pour stimuler le système lymphatique. Ça surprend.
J'attends le déjeuner avec impatience, et j'arrive seule au restaurant. Cette fois-ci, j'ai des lady's fingers, de la salade verte, encore du dhal, du riz, du sambol de poisson, une soupe d'asperges et un pudding au gingembre. Après cela, je vais faire une petite sieste sur les sofas, profitant qu'il ne fasse pas trop chaud.
À 14h, je retourne à la méditation, mais cette fois je suis seule. Un cours privé! Le maître essaye de me faire faire la méditation sur l'amour à donner. D'abord à moi-même, c'est très mal parti. Puis à ma famille, puis à mes amis, mes collègues, mes voisins, ma ville, mon pays, le monde entier. Oulà. Nous discutons de ce sentiment d'amour envers les autres. Il ne faut pas confondre amour et confiance! Je ne vais pas donner mon amour à n'importe qui, la personne doit d'abord gagner ma confiance. Je peux un peu tricher et imaginer la nature à la place, mais oulà quand même. Je dois même aller jusqu'à aimer les personnes qui m'ont fait du mal car l'amour que l'on donne est le plus grand pouvoir. OULÀ. J'essaye sans rien garantir, échoue lamentablement à me concentrer donc je repasse par les vagues, je prends 5 minutes à trouver par où commencer pour me dire que je m'aime et laisse tomber, j'en viens à mes chats, ça va être plus facile ... J'ai envie de pleurer, il s'en rend compte et me propose un autre exercice. La méditation de la fleur. Quand on la cueille, elle paraît belle, mais quelques heures plus tard, elle fane. Comme notre corps. Mais il me pose la question: qui suis-je? Ne suis-je que mon corps ou est-ce au delà? Comment me présenter? Le bouddhisme ne croît pas à l'âme, mais à la conscience. Elle nous permet de sentir, voir, goûter, analyser, juger. Et quand nous mourrons, qu'emportons-nous? Pas notre corps, c'est sûr. Et pas notre conscience non plus ... mais notre karma en vue de la réincarnation. Non seulement il faut faire les choses bien, mais en plus, il faut avoir une dernière pensée positive avant de mourir. Quelle pression! Je n'ai même pas le temps de vraiment me poser là-dessus et de vraiment méditer que le professeur de yoga arrive avec une dame.
Changement d'ambiance. Déjà ce prof, comme qui dirait, il se la pète grave. Il a l'air de savoir tout sur tout, juste l'air. Mais sa séance de yoga est intéressante. Nous commençons par nous échauffer en pratiquant la respiration sur des postures faciles. Puis nous commençons par la salutation au soleil. Au début, ça va. Mais il veut que nous tendions bien les jambes et là c'est problématique. Il me pousse et ça me fait mal. Il faut souffrir pour ... ? Se sentir bien? Étirer au mieux ses muscles et sa colonne vertébrale, je pense. Il manquerait presque de me coincer la nuque dans la torsion. Je vis ça avec curiosité et comme un challenge, mais avec aujourd'hui et demain, ça me suffira largement, je pense. Je suis parfois bien en galère, et je n'ai qu'une envie, plonger dans la piscine.
Quand je le peux enfin, il fait frais. Je me rhabille et rester ensuite à traîner un peu, avant de rentrer à l'hostel. Je dois faire ma lessive et il n'y a aucun service sur place. Je prends donc un tuktuk que le gérant a appelé pour aller déposer mes affaires, que je récupérerai demain. Le chauffeur essaye de m'arnaquer sur le prix. Bien sûr. Oh et aussi, les chambres sont pleines pour ce soir, je dois rester dans le dortoir. Je ne le vis pas très bien mais je n'ai pas le choix. Je me tâte presque à dormir dehors à la place ... pour dîner, je commande un mahi mahi (c'est le nom du poisson, en fait). C'est très bon, il y a encore des oignons, mais il y a aussi des frites. Oh oui, des frites. Je meurs d'envie d'une pizza mais ça fera l'affaire. Je pense que pour ça, je vais devoir attendre d'être à Ella.
J'ai dormi normalement, mais c'en est trop. J'ai les chevilles mangées par les piqûres de puces. En rentrant ce soir, je lui demande une chambre privée et je m'en vais de cet affreux dortoir qui me donne tout sauf des pensées positives.
Dernier jour à UTMT, je repasse voir la docteure comme d'habitude - je trouve son air trop sérieux, finalement, elle sourit peu et se déplace de manière trop droite. Je lui dis que je me sens fatiguée: c'est normal, à cause des diverses stimulations ayurvédiques sur mon corps. Quand je vous dis que ce n'est pas que de la détente ... Puis, massages avec une thérapeute différente de l'habituelle. La table aussi: le trou pour mettre la tête est trop petit. Je pense pouvoir m'en accommoder mais non, et quand je me sens inconfortable il est trop tard pour changer. Je ne passe pas un très bon moment finalement ... un peu mieux sur le dos. Et quand je me relève, je suis pleine d'une lotion verte visqueuse, heureusement l'odeur ne va pas avec l'aspect.
Comme c'est ma dernière fois, je repasse voir la docteure après le traitement. Elle me donne des conseils alimentaires à suivre (normalement, pas de viande rouge, c'est pas bon pour les Pittha), et des principes d'hygiène de vie comme se lever plus tôt, méditer, boire de l'eau avec du gingembre ... je promets d'essayer au moins une semaine en rentrant travailler. C'est rigolo car tout cela est bien plus adapté au rythme de vie Sri Lankais qu'au nôtre, comme manger du riz épicé le matin par exemple ...
En parlant de manger, ce midi je fais une overdose de chou kale (en soupe et en salade), j'ai des pois chiches, des radis, du riz, du dhal. Heureusement, je suis récompensée par des pancakes en dessert.
Pour la méditation, je dois me concentrer sur les bruits de la nature. Ça devient un peu compliqué quand des gens à côté de l'hôtel mettent la musique à fond ... puis je réessaye la méditation avec les êtres aimés pour ne pas rester sur un échec. J'y parviens mieux mais pour les ennemis, rien à faire ... ensuite je suis initiée à la walking meditation, en marchant, donc. On peut garder les yeux ouverts mais il faut faire de petits pas, ou de grands pas en croisant les jambes, et cela me plaît car je garde bien ma concentration sur les sensations de la plante de mes pieds et sur mon mauvais équilibre mais cela me pousse à ressentir mon corps. La séance finie, je remercie Gavin et lui donne un peu d'argent.
Je suis seule pour le yoga aussi. Le professeur corrige tout le temps ma posture pour dépasser mes limites, c'est un peu trop tactile pour moi. En balançant la tête en avant et en arrière, le sang monte trop vite et j'ai très mal à la tête. Mais avec la respiration dissociée, la Pranayama, consistant à alterner narine par narine, je me sens mieux.
Je quitte ensuite l'UTMT en remerciant tout le monde de m'avoir accueillie. Des tâches plus embêtantes m'appellent: je dois récupérer mon linge et pour ça, je vais éviter le tuktuk arnaqueur. Je prends donc le bus, marche pendant 10 minutes. Arrivée là bas, la dame me demande 2000 Rs. J'ai l'air idiote ou quoi? Je fais baisser le prix à 1000 et encore c'est peut être trop. Je décide de rentrer à pied, c'est le crépuscule et il n'y a qu'un kilomètre et demi. Enfin, je demande une chambre pour quitter cet affreux dortoir, et les chalets de plage sont tellement mieux !! La climatisation, des draps propres, un anti moustiques, du parquet, ça sent bon le bois ... pas de geste commercial cependant. Malgré cela, je me sens de bien meilleure humeur!