Trois bus, trois problèmes! Il est impossible pour les chauffeurs d'entrer dans le terminal car la route est en train d'être refaite. Il faut aller un bloc plus loin, sauf qu'il y a là plein de bus différents. Ça ne va pas être évident de trouver le nôtre! Donc, je vais demander à tout le monde avec mon ticket. Pour l'instant ce ne sont que des nons ... Isabelle va demander à un homme chargé de la circulation, qui nous dit qu'il arrive de Villazon et est en retard. Oui, finalement nous attendons une demi-heure, mais il est bien là, ouf! Sauf que nous n'avons pas les bons sièges, mais ça c'est un détail car il y a de la place. C'est donc parti pour, encore, 5 heures!
5 heures qui ne se passent pas du tout de la même manière qu'à l'aller. En effet, la route est en train d'être refaite comme je l'ai dit. "En train", ce qui veut donc dire que notre gros bus passe sur de la piste caillouteuse. Et c'est presque digne de notre balade à cheval de la veille, car nous traversons carrément des cours d'eau. Et ça bouge dans tous les sens, ce qui nous fait bien rire. Le paysage est ici encore très joli, avec des canyons inédits. Encore un peu de Far West, et de cactus! Au bout d'une heure, c'est malheureusement terminé, le paysage se fait plus andin. En revanche, le vent s'est levé, et pas qu'à moitié. Nous faisons face à de furieuses tempêtes de sable qui nous empêchent de laisser la fenêtre ouverte. La route change, et nous montons en altitude, jusqu'à 4200m. Surtout, elle commence à faire de dangereux lacets. Nous avons l'impression que ce bus de route y passe tout juste. Bon, comme d'habitude, nous allons faire confiance au chauffeur, il sait ce qu'il fait ... Ouuhhh, là c'est passé juste ... Bon, on va arrêter de regarder par la fenêtre pendant un moment ... C'est beaucoup moins drôle qu'au départ, parfois nous prenons de la route goudronnée. À mi-chemin, nous nous arrêtons dans une petite ville pourrie au milieu de nulle part, Atocha. Des femmes vendent des empañadas, mais depuis les dernières, j'en suis un peu dégoûtée. Il est 14 heures mais je n'ai pas faim, dans ces bus je ne fais que grignoter en attendant de faire un vrai repas le soir, mon déjeuner se sera réduit à des crackers et du chocolat.Je ne me sens pas mal, mais je n'ai pas spécialement faim, c'est tout. Nous quittons Atocha pour commencer à redescendre un peu. Nous arrivons dans une étendue désertique, où le vent redouble de plus belle, jusqu'à créer des sortes de tempêtes de sable, nous ne voyons plus rien mais une fois encore, le chauffeur semble savoir ce qu'il fait. Nous passons quelques petits villages, on se demande pourquoi les gens ont décidé de s'établir là. Et en plein milieu ... Il y a un aéroport. Pareil, on se pose des questions. C'est un tout petit, mais tout de même, il n'y a pas grand chose ici, à part des troupeaux de lamas.
Et enfin, au terme d'une traversée qui semble toujours plus longue, nous voici à Uyuni! Enfin, on est obligées de se poser la question à deux fois tant la ville semble pourrie. Elle a surtout été construite pour le Salar et donc pour le tourisme, sous le Président Arce. J'avais vu dans un reportage qu'elle n'était pas extraordinaire, mais là, quand même ... C'est très plat et ça paraît peu entretenu. Les rues ne sont ni pavées ni goudronnées, surtout de la piste, à l'exception du petit centre-ville. Bien sûr quand nous descendons, nous nous faisons aborder par des agences qui veulent vendre leurs tours. Je les envoie balader. Après avoir récupéré les affaires, direction mon hostel, mais où Isabelle ne va pas passer la nuit: elle a trouvé un Couchsurfing avec un certain Camillo. Je vais tout de même poser mes affaires dans le dortoir, tandis qu'Isa essaye, sans succès, d'obtenir le mot de passe de la wifi, la femme de la réception ne la laissant même pas aller aux toilettes! Et en posant mon sac dans le dortoir, bonne surprise. Il y a un autre homme qui vient d'arriver, il m'entend parler français, nous engageons la conversation et ... C'est Yann, que j'avais ajouté sur Facebook avant de partir pour voir si nous pouvions faire le Salar ensemble! J'avais compris qu'il commençait le tour un jour avant moi, et nous n'avions pas prévu d'être dans le même hostel, encore moins dans le même dortoir. Quelle belle coïncidence! En plus, c'est quelqu'un de plutôt cool. Nous nous mettons en quête d'une agence, à côté de notre rue touristique. Nous essayons de comparer avec une autre que nous ne trouvons finalement pas, Maps.me nous envoyant dans une rue déserte et défoncée. Disons que ça fait tout du moins ville fantôme du Far West. Il paraît que le bureau de poste fait tout droit sorti du Pony Express, mais c'est un peu balot que je ne l'aie sû qu'après coup. Mais pas vraiment le temps non plus, malgré l'achat de cartes pour mes collègues, il semblait déjà trop tard pour y aller. Elles seront envoyées du Chili.
Au final, nous choisissons l'agence Blue Lines, qui a été recommandée par d'autres Français, en plus elle est à côté de l'hostel. Nous allons donc réserver, et comme nous savons que la deuxième nuit va être très froide, celle que je redoute le plus, nous demandons à louer des sacs de couchage en plus. Nous ne comprenons pas grand chose à ce qu'il se passe avec les prix, elle nous avait dit 800 mais c'est en fait 750, et pas 700 comme les autres car "la nourriture est meilleure". Bon ... On va y croire? (Spoiler: c'était faux, tout le monde avait la même). Il n'y a que 3% de commission en payement par carte et non 10% comme ailleurs, ça c'est une bonne nouvelle. Donc, 750 + 50 pour le sac de couchage + 50 de plus pour moi pour mon transfert pour San Pedro mais je ne paye pas tout de suite, juste 800. Ok, ça, c'est fait! Nous retrouvons Isabelle qui doit attendre que Camillo rentre à 20h, mais il est déjà 19h. Donc en attendant ... Shopping. Moi, ça y est je craque pour un bonnet qui va m'être utile dans le Salar, aussi pour cacher ma coiffure de plus en plus pourrie, et des chaussettes très douces et chaudes à l'intérieur. Je vais aussi retirer de l'argent, ce qui est toute une histoire car un distributeur m'embête en disant que je n'ai pas assez d'argent sur mon compte, je lui demande 350, il a l'air d'accord ... Tout ça pour ensuite me dire qu'il n'y a plus d'argent. Super. Dans une autre banque, il me donne 600 d'un coup ... D'accord. Je me mets en quête de cigarettes, et c'est toute une histoire mais je finis par trouver. Elles sont à 5 bolivianos plus chères ici, mais disons que le paquet est à 2€ au lieu de 1,80€, quoi ... Je rejoins mes deux compagnons vers 20h, Isabelle va chercher Camillo dont nous faisons la connaissance, et il nous emmène dans une bien bonne pizzeria. Je trouve son histoire assez similaire à la mienne: il n'est à Uyuni que depuis 6 mois, venant de La Paz. Le soir, il fait froid à Uyuni, et il n'y a rien pour sortir. Il s'ennuie, cette ville est pourrie, mais son contrat ne va durer qu'un an, après il compte bien partir ... Du coup il propose du Couchsurfing pour se sentir moins seul. Il reste car il aime son boulot ... Mais La Paz et ses amis lui manquent beaucoup. Là où les similitudes s'arrêtent, c'est qu'il ne s'entend que moyennement avec ses collègues. Moi, j'ai de la chance là-dessus !
Nous nous régalons, Camillo nous propose de boire une bière chez lui, mais je me sens vraiment fatiguée, mes yeux me piquent, je ne veux pas trop boire car nous sommes quand même à 3700m d'altitude et je pense à ma mauvaise expérience à Potosi, j'ai déjà bu une pinte et EN PLUS à l'hostel il n'y a de l'eau bien bien chaude que jusqu'à 22h30. Ce qui fait beaucoup de paramètres importants qui penchent vers un non, pareil pour Yann. Heureusement il ne sera pas tout seul puisqu'il y a Isa. À qui il faut d'ailleurs dire au revoir ... Elle va me manquer, cette "crazy german" ...
Jour 1: But first, let me take a sel-fie.
Oh, et bien finalement, cet hostel est plutôt bien, je ne m'attendais pas à ça. La douche était vraiment chaude ce qui est bien quand on ne va pas en prendre pendant trois jours, c'était le lit le plus confortable et chaud depuis le début du voyage, le chauffage marchait, le petit déjeuner était super ... Je crois que c'est fait exprès pour les gens qui reviennent du tour. Par contre, si mon oeil piquait hier, c'est parce qu'un vaisseau sanguin a encore explosé. Je pense que c'est un effet de l'altitude, dans les yeux et dans le nez. Pas terrible, mais pas grave non plus. En revanche, ce qui est un peu plus grave, c'est que nous avons finalement pris un tour de 3 jours - pour 4 jours, 400 Bs de plus,on allait voir un autre volcan et des momies dans une grotte, qu'on m'avait conseillées mais la flemme il va faire trop froid - et que je vais arriver le 13 à San Pedro au lieu du 14 et que je n'ai aucune réservation et que je n'ai pas de wifi ici. Je vais donc en quémander en face ... 3 bolivianos. Je pensais avoir un temps illimité, la connexion est bonne, je commence à charger les photos de Tupiza et, ça s'arrête. Bon de toute manière il est 10h20 et nous devons partir à 10h30, donc branle-bas de combat. À l'agence, on nous met dans le même groupe que 3 Italiennes, Silvia Alessandra et Noemie, et Soledad du Chili. Yann, pas bête, demande avant de partir s'ils ont bien pris les sacs de couchage. "Oui c'est bon", ouf. Nous suivons Walter notre guide, et nous embarquons dans la Jeep. Nous, nous sommes derrière et le sol est haut, nous avons les genoux au niveau de la tête! Allez, c'est parti, après un petit arrêt de Walter pour faire on ne sait quoi, classique des chauffeurs boliviens. Notre premier arrêt est proche, c'est un cimetière de trains, qui n'ont que 65 ans mais sont déjà rouillés. Plusieurs constatations: outch il y a du vent, ouille il fait froid, et les filles font vraiment beaucoup de photos. C'est dur d'échanger avec elles car elles parlent mal anglais et baragouinent en espagnol. Au lieu de 15 minutes, nous en passons 30. Cet endroit est chouette, mais tout de même, en plus on s'entasse tous les uns sur les autres. On finit par en partir pour revenir sur Uyuni, et prendre une route en direction de Colchani, un village qui est la porte d'entrée du Salar. Il y a encore les mêmes boutiques, dernière chance pour acheter des pulls, mais moi j'achète plutôt du sel dans la fabrique, qui n'a pas grand chose d'extraordinaire, en plus nous ne sommes pas sûrs de tout comprendre ... Disons que quand ils récoltent le sel brut ils en font des briques, et pour le consommer il doit être cassé, purifié, réchauffé, des choses comme ça. En sortant, je croise Isabelle! Mais trop brièvement car nous devons y aller, quel dommage. Elle a l'air d'aller bien mais je m'inquiète pour sa traversée du Salar, et la photo qu'elle doit faire, vu le vent. Tous les cyclistes qui traversent Uyuni doivent y faire une photo tout nu. Je n'ai pas envie qu'elle chope la mort, surtout qu'elle prévoit déjà d'y camper.
Bon, ça y est, nous traversons le Salar, après avoir vu d'horribles sculptures de sel. Et bien, c'est blanc, à perte de vue, mais traverser tout cela en Jeep, ça a quand même de la gueule. Nous ne roulons pas forcément sur la piste déjà tracée, peut être pour ne pas trop attaquer la couche de sel de 3 à 4 mètres d'épaisseur. Et si ce Salar existe, c'est parce qu'avant il y avait l'océan qui a déposé du sel, sur une épaisse couche de lithium qui l'a retenu quand l'océan s'est retiré. C'est pour cela qu'il est si magnétique et qu'on dit que les portables s'y déchargent plus vite. Ça ne pouvait pas être l'inverse, non? Nous faisons un arrêt devant de petites flaques bouillonnantes. De ce que j'ai compris, c'est à cause du gaz des voitures. Sauf que cette eau est plein de sulfate et a des vertus curatives. Je lance l'hypothèse que les gaz des voitures ont fait remonter une poche de sulfate à la surface ... Je ne sais pas, je ne comprends pas bien. Et hop, on repart à travers la grande immensité blanche, qui n'est arrêtée parfois à l'horizon que par des montagnes qui ressemblent à des mirages. Et au beau milieu de nulle part, voici un hôtel de sel, où tout le monde va manger. Il y a un grand monument à la gloire du Dakar qui est passé l'année dernière. Les pilotes doivent en effet bien foncer ici! Après une autre séance photo, nous allons à l'abri du vent pour manger du lama et du quinoa, les quantités sont petites mais au goût c'est plutôt bon. Dans cet endroit, il faut payer 5 Bs pour des toilettes pourries. Le tourisme, quoi.
Bon, il est 14h30, il est maintenant temps d'aller faire la fameuse séance photo avec les effets de perspective. On s'arrête bien plus loin, en plein milieu du Salar, loin des autres touristes - il y a la place. D'abord, on fait une photo avec un T-rex, c'est rigolo, moi je demande des photos avec Biscotte qui sont un peu plus galères à faire que prévu, les filles font plein de poses, nous sommes en plein vent mais pour l'instant on tient le coup. C'est tout de même marrant, et ça passe assez vite!
Maintenant, direction Incahuasi, mieux connue sous le nom d'Isla del Pescado, ou encore de l'île aux cactus. On la voit de loin, mais à quelle distance est-elle? On met bien 30 bonnes minutes pour y arriver, et elle est bien plus grande que ce que j'imaginais. Les cactus peuvent atteindre 16 mètres! Et nous sommes à 3800m d'altitude. Par contre pour monter sur l'île, il faut payer 30Bs, et pour les toilettes 15Bs. Et bien nique le système, je vais faire pipi sur le côté sans qu'on ne me voie. Et je ne vais pas y monter, de toute manière il fait trop froid car le vent est encore plus fort, maintenant.Il y a un peu d'eau, le sel est plus friable donc j'en profite pour ... Graver le nom de mes chats, oui, oui. Mais ensuite je rentre vite dans la voiture. Yann a trouvé le moyen de grimper quelque part et est passé sans payer. Mais à ce stade, nous commençons à être fatigués, et nous devons commencer à nous rapprocher de la sortie. Nous traversons ce qu'il nous reste à traverser, le paysage se faisant monotone jusqu'à ce que nous arrivions de l'autre côté, proches de montagnes où le soleil va se coucher. Je ne sors pas de la voiture pour autant!
Une fois le soleil disparu, malgré une magnifique lumière nous quittons l'immense étendue qui de loin ressemble à un miroir. Nous prenons une piste en terre et cheminons jusqu'à la nuit, jusqu'à l'hôtel de sel où nous allons passer la nuit. Le guide semble cependant perdu ... Il tape plusieurs noms dans son GPS. Ce serait bête de passer la nuit là, il va faire bien froid. Il arrive dans un petit village du nom de San Juan et va demander son chemin. Aucune raison de ne pas lui faire confiance. Nous arrivons finalement à destination, et nous ne tardons pas dehors même si le ciel est une fois de plus magnifique. Nous nous installons dans les chambres, et là, devinez quoi ... Allez, vous vous en doutez. Les sacs de couchage. Ils les ont oubliés. Moi, je crois à une blague au départ, mais non, il y a bien eu un gros cafouillage. Nous gueulons et on nous donne une couverture en plus, mouais. Au final mes 50 Bs de plus sont pour San Pedro, sauf que Yann a aussi payé ce prix là et ce n'est pas normal. Il va y avoir du portage de plainte au retour sur Uyuni! Mais ça va, là il ne fait pas SI froid, c'est demain que ça risque d'être terrible. Pour dîner sur nos tables de sel, nous avons un maigre repas de soupe, poulet et frites froides. C'était quoi cette histoire de "bonne nourriture"? On ne peut faire confiance à personne. Il y a des Français à côté de nous, mais personne ne tarde. Pas de douche ce soir car pour avoir l'eau chaude il faut payer, et de toute manière ça pourrait être pire au moment de se déshabiller. Tant pis, au lit tôt, c'est bien car demain on se lève tôt aussi.
Jour 2: J'suis pas venue ici pour souffrir, ok?
La nuit n'a pas été terrible, surtout car notre chambre était à côté des cuisines, et que l'odeur était écoeurante. Pour ce qui était du froid, ça passait encore, même si on ne pouvait pas dire qu'il faisait bien chaud. Le réveil est à 6h30 du matin, et nous allons déjeuner. Au moment d'aller faire nos sacs, nous croisons Walter qui se dépêche ... Aurait-il oublié de se réveiller? Mais ça va, nous ne partons pas trop tard.
Nous traversons d'abord le petit Salar de Tijuana, et nous arrêtons près de rails de trains. Première constatation, le vent est encore plus fort qu'hier, donc la température bien plus basse. Walter nous dit que ce temps ne va durer que trois jours. Soit le temps de notre tour, ce qui n'est vraiment, mais alors vraiment pas de chance. Nous ne tardons pas trop pour les photos, mais les Italiennes semblent particulièrement dévouées à se prendre partout en photo, quitte à risquer d'attraper la mort. Le paysage est cela dit exceptionnel, mais il est bien depuis la voiture.
Nous passons près de la frontière chilienne, en pouvant admirer le volcan Ollaguë. Il y a un mirador, mais c'est la même histoire, peu de temps à l'extérieur avant de foncer rentrer au chaud dans la Jeep. Il y a des toilettes qui coûtent 5 Bs, mais hors de question de faire pipi dehors cette fois ci. Notre arrêt suivant est à la Laguna Cañapa, qui est perchée à 4150m, déjà. L'eau est gelée et s'écoule par endroits, poussée par le vent, ce qui est somme toute assez artistique. Mais ici, pas de flamants. Nous continuons notre route vers la Laguna Hedionda, où nous pouvons apercevoir les mignonnes bêtes roses, mais de loin et vite fait. Ils ont l'air transis de froid, surtout que le vent semble encore avoir pris de la vitesse. Walter nous dit qu'il est à 65 km/h mais pour connaître la tramontane et ses tempêtes, c'est tout bonnement impossible.Je l'estime à 120, si ce n'est 140, pour vous donner une idée. Nous rentrons à l'intérieur, et c'est bondé. Walter ne semble pas avoir un grand esprit d'initiative, vu qu'il regarde dans le vide et ne réserve rien. C'est nous qui nous jetons sur une table qui se libère sans qu'un autre guide nous dise "on a réservé gnagnagna". On a aussi la nourriture, donc on met la table, on s'impose. Nous avons des pâtes froides, mais du délicieux poulet. Je demande aussi à Walter de descendre mon backpack car il faut que je rajoute une couche supplémentaire, histoire d'arriver à 5 couches de vêtements. Comme il est gentil malgré tout, il nous emmène plus près des flamants qui sont collés les uns aux autres, mais dommage, ils ne ressortent pas bien sur mes photos, peut être vais-je pouvoir récupérer les photos des filles ensuite. Nous passons près de la Laguna Negra, la Laguna Honda ... La route se fait caillouteuse et chaotique, nous sommes ballotés dans tous les sens, sans compter que nous avons l'impression de traverser une tempête de sable. Au détour d'un virage, nous tombons sur la Jeep des autres Français, le chauffeur semble avoir un problème de moteur. Walter descend et va l'aider, car il ne savait pas quoi faire, lui aussi regardait dans le vide. Walter se brûle les mains en essayant d'ouvrir le bouchon du réservoir d'eau, ça commence à fumer, il prend une bouteille d'eau vide pour ne pas que ça pète, il met une couverture dessus ... On espère que ça ne va pas exploser ... Et au final ils peuvent repartir, bravo! On dit qu'il n'est pas dégourdi mais là il a regagné des points. Nous continuons notre montée vers les hauts plateaux, jusqu'à être au niveau de la neige: 4700m. De grandes plaines désertiques, encadrées de montagnes et volcans bruns et blancs.
Et là, l'altitude sévit encore: mon oeil gauche commence à me gratter. J'espère encore que c'est une poussière, mais je frotte, frotte, rien n'y fait ... Ça fait même un peu mal. Je regarde avec mon téléphone, et oui, mon vaisseau sanguin a encore explosé. C'est une sensation comme si j'avais très très très sommeil mais que d'un oeil. Le seul moyen de me soulager est soit de fermer les deux yeux, soit d'appuyer dessus et continuer à voir le paysage avec l'oeil droit. Je trouve un système en mettant le pompom de mon bonnet entre mon oeil et mes lunettes de soleil, et ça passe, mais c'est temporaire. Quand nous arrivons à l'Arbol de Piedra, formation géologique plutôt jolie et donc en forme d'arbre, ce n'est pas mieux, ça gratte toujours. Et pour terminer, nous voici à la Laguna Colorada! Cette fois ci j'enlève tout, et je vois carrément flou, heureusement ça compense avec le droit. La Laguna est bleue, blanche et rouge du fait des minéraux que l'on y trouve. Walter nous dit qu'il y a des vigognes (vicuñas), les petits lamas maigres et craintifs qui normalement s'éloignent des humains et dont la laine est la plus chère car ils sont plus rares. Donc, je n'y crois pas, je me dis qu'il nous raconte des craques. Ensuite, nous devons aller payer 150 Bs notre droit d'entrée dans la réserve Avaroa, qui vante sa faune se résumant à des lapins, des flamants et ... Ah oui ce sont bien des vigognes. C'est très cher quand même, mais nous n'avons pas le choix!
Nous arrivons à l'hôtel où nous allons passer la nuit, c'est le moment de vérité. Et bien oui, il fait bien froid, et il ne fait pas encore nuit. Nous héritons de la chambre la plus exposée au vent, la plus froide, encore à côté des cuisines, mais après vérification il n'y a pas de courants d'air. Quand je dis qu'il fait froid la nuit, c'est dans les -15 degrés. Pas de chauffage ni de douches, et ça se dit hostel. Nous croisons les Français, qui viennent de s'en faire virer. On leur avait au depart donné la chambre que nous allons occuper, ils ont gueulé, les autres étant réservées ... Mais les guides d'Uyuni ne réservent que dalle apparemment, seulement les guides chiliens dont le tour commence de San Pedro. Ça n'a pas plus aux tenants de l'hostel, on ne peut même pas dire qu'on nous prend pour des cons, donc. Surtout que ce groupe avait réservé le tour à l'avance, n'ont pas eu le guide qu'ils voulaient même si on leur a dit "oui oui" comme d'habitude, et ils sont partis avec une Jeep sans chauffage, avec une vitre cassée, sans GPS, sans musique alors que nous, c'est quand même bien confort. Pas étonnant qu'ils pètent un câble, ça devient de la torture, pour un tour payé 100€. Ils ont trouvé à côté, heureusement. Mais on les sent quand même maltraités, ce n'est pas parce que nous sommes de jeunes touristes qu'il faut nous prendre pour des vaches à lait et nous mettre à l'épreuve de l'hypothermie.
Au repas, nous avons un peu de spaghettis bolognaise, avec des pâtes pas bonnes. Et une bouteille de vin rouge offerte, mais bon. On ne demande pas notre reste, on va au lit tôt, et j'ai actuellement 6 couches en haut: un pull polaire, deux sous pulls, mon haut de pyjama chaud, mon sweat en alpaga, ma polaire. En bas, collant chaud, chaussettes de sport, bas de pyjama chaud, jogging, chaussettes chaudes. On va voir ce que ça donne. Et aussi 3 couvertures, et un plaid. J'entends des gens rire dans le hall où le vent s'infiltre, comment font-ils? Je me fais une petite tente avec les couvertures pour avoir moins froid, et c'est parti.
Jour 3: Vite, la civilisation!
Nuit un peu moins rude que ce à quoi je m'attendais grâce à mon système de survie, mais loin d'être agréable. En plein milieu de mon rêve, je me suis réveillée en grelottant violemment, mes couvertures étaient tombées. Il est 23h30. Soledad sort de la chambre à ce moment là, elle est en train de faire une crise de panique. Nous laissons donc la lumière allumée, que Yann va éteindre vers minuit.Je cherche une bonne position, je regarde l'heure, il est maintenant 1h. Ça ne passe pas vite. Je me rendors un peu, jusqu'à 4h. Mon oeil me gratte. Tant pis, je me cale sous la couette et retouche les multiples photos jusqu'à 5h30, où le gérant de l'hôtel entre et nous dit qu'il faut se réveiller, et direction la sortie, un truc comme ça, pour mettre de bonne humeur le matin. Quelques minutes plus tard, Walter vient s'enquérir de notre état, nous avons survécu. Maintenant il faut sortir de sous les couvertures, c'est plus dur mais des pancakes nous attendent. Nous ne tardons pas, et partons vers 6h30, ce qui nous permet de voir le lever de soleil. Nous cheminons jusqu'à arriver aux fumerolles, qui sentent l'oeuf pourri, donc c'est du soufre. La fumée sort de la terre comme d'un petit volcan. Au moment de partir ... La vitre est bloquée, on ne peut la remonter.
Heureusement, ce petit contretemps est rapide. Maintenant, nous allons jusqu'aux sources chaudes, où la température est un peu plus acceptable car il n'y a plus de vent. Mais est-ce assez pour se baigner? Je ne veux pas trop tenter. Je vais aux toilettes mais quand je reviens, tout le groupe est dans l'eau. Bon ... Allez je me dépêche et je saute dedans. Ça va on ne sentait pas trop le froid. Mais j'ai si bien fait ... C'est très agréable. Elle est à une très bonne température. Pour moi c'est un peu plus court mais c'est déjà ça! C'est déjà l'heure de ressortir, vite on se dépêche pour ne pas avoir trop froid. Mon corps est encore tout fumant, il a gardé la température. Il ne faut pas trop tarder car il est 9h et notre bus est à 10h. Nous traversons le désert Salvador Dali, qui pourrait être un peu plus surréaliste, je ne m'attendais pas à seulement des pierres aux formes certes un peu étranges, posées sur une dune. Ça fait un bel arrière-plan de tableau, ceci dit.Nous passons aussi rapidement devant la Laguna Verde, qui n'est pas très verte à cette saison de toute manière.
Le poste de frontière avec le Chili est tout petit, posé au milieu de nulle part. Nous arrivons pile, avec Soledad nous disons rapidement au revoir à tout le monde, filons à la migration pour le tampon de sortie, et hop, dans le bus. Le poste s'appelle Hito Cajon, et nous devons attendre, mais au moins nous sommes dans le bus. Par contre, en arrivant à San Pedro, nous devrons passer la douane et ils ont l'air assez stricts, vérifiant tous les sacs pour voir si nous ne transportons pas d'artisanat végétal (mon cendrier en palisangre est vernis, normalement ça passe, et j'ai la semilla de wayruru dans la bouteille, mais c'est scellé ...), animal (ça ça va, la laine d'alpaga ...) et pas de fruits non plus (aïe, les fruits d'Amazonie! Bon on tente et je dirai que j'avais pas compris que c'étaient des fruits). C'est un passage de frontière assez efficace: 20 minutes d'attente, et nous voici au Chili, en route pour de nouvelles aventures!
Comme je quitte la Bolivie, je vais donc faire un petit résumé de mes impressions.
C'est effectivement un pays que l'on sent pauvre, du fait du niveau de vie assez bas, même si nous les touristes, nous raquons à fond. C'est un pays que j'ai plutôt vécu à travers ses fêtes, qu'il s'agisse de l'Entrada Universitaria aux allures de carnaval, ou de la Fête de l'Indépendance, plus militaire mais qui révèle la fierté d'appartenir au peuple de Bolivar. Qui dit fête, dit bien sûr musique. Meilleure qu'au Pérou dans les grandes villes, un peu plus kitsch dans l'arrière pays. Surtout, beaucoup de fanfares, certainement des répétitions avant la fête nationale, mais que l'on pouvait entendre de partout, même dans des petits villages comme Tihuanaco. Un peuple en général gentil, mais qui semble parfois sur la défensive par rapport au gringo. Un peuple politisé, impliqué dans le "oui" ou "non", Evo Morales doit-il rester. Les Boliviens du département de Potosi avaient voté non, car Evo n'avait pas tenu ses promesses. D'autres ont suivi. Alors, qui assurera la relève à la fin de son mandat? Et enfin, tout de même, un pays qui bouffe mal. J'espère ne plus sentir autant d'odeur de poulet frit et de friture froide, manger moins de semelle en guise de steak, et avoir un climat plus clément que sur l'Altiplano. Mais, en définitive, un pays "à l'arrache" où je me suis amusée autant que reposée, où j'ai fait de bien belles rencontres au fil de ma route, un pays entre tradition et modernité, bref, un pays qui m'a tout de même plu.
De la musique. Les seconds sont péruviens, mais bon !