(Ne cherchez pas ... Le premier mot ne veut rien dire. Enfin phonétiquement, fuayajiu. Prononcez-le ... Pourquoi ne pas carrément chercher la traduction ? Ah mais, c'est plus rigolo comme ça. Les noms des villes devraient être corrects, en revanche).
Soudaine réalisation dans la nuit, tandis que je me réveille dans mon lit d'hostel à Barcelone: j'ai oublié ma housse de pluie pour le sac. Alors que je n'ai de cesse de rappeler qu'il va pleuvoir. Très bien, il va falloir se rééquiper sur place, probablement. Entre temps, j'ai des nouvelles de Sarah: finalement elle rentre plus tôt en France pour être auprès d'un membre de sa famille, et nous nous ratons donc à un jour près. J'espère que tout ceci ne m'apporte pas de mauvaises augures ...
Je prends la compagnie Etihad avec une escale de trois heures trente à Abu Dhabi, entre deux vols de respectivement six heures et neuf heures vingt. J'ai l'habitude, pas vrai? Mais pourtant, le trajet a été pénible, bien que j'aie eu de l'occupation. Je ne sais pas, histoire d'état mental probablement, impatience, d'autres choses en tête ... Peut-être m'avez-vous entendue me plaindre de cette compagnie, peut-être même l'ai-je mentionnée dans mon premier article et je ne m'en souviens plus, mais j'ai cette fois-ci été agréablement surprise. La nourriture était très bonne, s'il faut il y a un comité de scientifiques qui étudie la question du goût en avion car à force de voyager, je peux dire qu'il y a eu de l'amélioration.
Je ne résiste pas à l'envie de vous partager des photos du survol du désert égyptien, où les ombres des nuages paraissent imprimées sur le sol aride. Le Nil, majestueux, et de belles nuances de turquoise. L'atterrissage aux Emirats est aussi quelque chose, les habitations qui rappelleraient presque Tatooine, mais en blanc et urbanisées en blocs, et l'air qui semble saturé de sable. En plus, il est 18 heures, et c'est la Golden Hour. Abu Dhabi fait bien de se la jouer Mille et Une Nuits. L'aéroport que je connaissais déjà n'est pas extraordinaire de par sa structure ... Mais de par toutes les populations qui s'y croisent. Cheiks, Sikhs, dames en hijab et niqab qui côtoient les Européens en direction de l'Asie et les gamines aux cheveux rouges en crop top. En prenant le temps de capter cette ambiance, on se dit que le monde est quand même un endroit rigolo.
Le second vol paraît long, très long ... Et dire qu'il va durer onze heures en sens inverse. Et c'est en n'ayant pas du tout dormi que j'aperçois par le hublot au loin les premières terres nippones, BONJOUR JA ... Ah non, c'est la mer. Soit. Enfin, se profile l'aéroport de Narita, et les campagnes environnantes. La végétation ressemble à un mélange de tropical et d'autres influences. Bon, il ne semble pas que ce soit la plus belle partie du Japon. J'ai vu tant de vidéos et tant joué à Geoguessr que cela me paraît tout de suite familier. Un peu trop, même. L'aéroport est très international, sans âme, nous pourrions être n'importe où dans le monde si ce n'était pour les panneaux écrits en kanjis. Au moins, les toilettes? C'est la première fois que j'ai la hype d'aller aux toilettes. Et bien, c'est plus simple que ce que j'imaginais, mais le test du petit jet d'eau est concluant. Je récupère le backpack qui pour une fois est parti en soute, je vais prendre mon ticket de bus en manquant de me tromper et de payer le double pour un bus non low-cost qui fait le même trajet, il part dans sept minutes, mais l'arrêt est juste devant la sortie. On s'y retrouve bien, probablement que Haneda, aéroport plus proche de Tokyo, est plus imposant et en met plein la vue pour les gens qui ne prennent pas des compagnies de pauvres. D'économes, pardon. Direction la Tokyo Station, que nous allons atteindre en une heure.
Je dois dire que pour le moment, le dépaysement ne fait pas effet, probablement un effet secondaire du jet-lag, de la déprivation de sommeil ou de trop de voyages. Ou tout en même temps. Evidemment, difficile de retrouver l'effet de mon dernier long courrier, la sensation que j'éprouve en arrivant ici est de me dire "enfin! On se rencontre, Japon, il était temps!". L'urbanisation se densifie en nous approchant de Tokyo où il ne semble y avoir aucune circulation, et tout à coup au loin, la Tokyo Sky Tree! Il faut dire que du haut de ses 634 mètres, on la voit de loin, de très loin. Ce qui brouille totalement la perspective, car le relief est plat, on dirait qu'elle n'est qu'à quelques kilomètres de nous alors qu'elle est au moins à vingt. Etrange sensation. Et ce n'est pas fini. Les abords de Tokyo sont moches, qu'on se le dise. Je n'imaginais pas ça comme ça, quand bien même les quartiers pas beaux ne sont pas un souci. Il n'y a aucune unité dans l'architecture, les blocs d'immeubles sont juxtaposés les uns à côté des autres, comme dans pas mal de villes où je suis allée mais cela ne crée pas la même impression. Ouh, j'espère que je vais m'y sentir bien, quand même. Nous entrons dans Tokyo par une autoroute aérienne qui domine d'ailleurs tous ces blocs en question. Le bus prend la sortie, et nous descendons littéralement d'un niveau, la route toujours suspendue serpente entre les buildings à la moitié de leur hauteur. Ca, c'est rigolo. Encore un niveau plus bas, et je me rends compte que oui, les immeubles sont grands quand même. Tout carrés, serrés. Là comme ça à chaud, Tokyo me fait l'effet ... d'une ville Lego. Comme si on avait empilé des blocs, alors que bon, les immeubles ne sont pas les uns SUR les autres, mais je ne sais pas, la perspective est particulière.
Le bus arrive à destination, j'entre dans la gare pour essayer de trouver la ligne de métro que j'avais repérée, mais ... petit bug, je ne la vois plus. Il faut dire que les stations aux noms différents communiquent entre elles, et que plusieurs réseaux opèrent au même endroit, notamment le métro de Tokyo et le TOEI (oui, comme les studios d'animation). J'étais prévenue que ça allait être compliqué, mais au final, j'ai un peu la flemme de chercher à comprendre. Je me promène dans les couloirs de la gare pour aller aux toilettes, esquivant le flux de personnes. Et tout à coup, plein de lycéens en uniforme qui passent, comme dans les animés. C'est irréaliste, je suis au Japon. Irréaliste mais en même temps, cela paraît tellement familier! Les halls sont immenses, je cherche à grignoter et je rentre donc dans un konbini (une petite épicerie) et je choisis que la première chose que je vais manger au Japon sera un onigiri au saumon. Qui évidemment n'est pas extraordinaire vu la provenance, mais au moins ça calera un peu! Je décide d'ailleurs de rejoindre l'hostel en marchant une vingtaine de minutes, ça sera plus simple que de me prendre la tête à trouver le métro, et payer de surcroît.
Tokyo a beau être la plus grande ville du monde, ici c'est ... calme. Très calme, il y a des voitures mais quasiment pas, les grandes avenues paraissent vides alors qu'il est 15 heures du matin. Je croise pas mal de gens à vélo. Et des gens qui semblent pressés. Au Japon comme au Japon, j'ai laissé tomber mes manières de rustre pour le moment et je me suis acheté une politesse. Ce qui signifie dans mon cas, attendre. Patienter que le feu soit vert, et traverser aux passages piétons. Faire attention et laisser passer les voitures qui veulent se garer. Je ne sais pas, j'ai envie de faire genre l'ambassadrice européenne des bonnes manières. J'arrive à destination dans un état d'esprit un peu perplexe, suis-je dépaysée ou pas, je ne sais même pas le dire, suis-je impressionnée? Je sens surtout que je ne suis pas immergée. Qu'à cela ne tienne. Je m'allonge un peu sur le lit car cela faisait littéralement 25 heures que je ne l'avais pas fait, et malgré le manque de sommeil mais l'insomnie persistante, je me dis qu'il y a tellement de choses à découvrir dans la capitale qu'il serait bête de stagner. Il se trouve que je suis à quinze minutes à pied du fameux quartier geek d'Akihabara, appelé aussi Akiba par les locaux. Allez, on va se prendre un petit shot/choc culturel, j'espère, comme un défibrillateur.
Je dois dire que pour une photographe adepte d'architecture et d'urbain, je sens que je vais me régaler car c'est totalement le genre d'environnement qui m'inspire. On entend souvent le gimmick "le Japon, entre tradition et modernité", et bien oui allez, "Tokyo, entre tradition et modernité!". Les petites baraques en bois qui abritent des restaurants de nouilles, currys ou brochettes, coincées entre les buildings, mais aussi les izakayas avec leurs lanternes qui s'illuminent à la nuit tombée, les rues ont tout du cliché. Pour le moment, même ce que j'ai mangé est assez similaire à la cuisine japonaise que je connais, et les restaurants ressemblent aux immersifs que nous avons en France, je dois dire que je suis assez étonnée de ne pas être ... plus étonnée. Alors ça, ça ne me l'avait jamais fait, comme quoi ... Mais pour autant, ce n'est pas désagréable d'être ici, évidemment. Je me dis juste que cette partie de la culture japonaise ne nous parvient pas si déformée que ça, contrairement au sens inverse et à leur utilisation des mots français approximatifs.
Me voici à Akihabara. Soit c'est plutôt soft, soit je ne suis pas au bon endroit. Allons voir. Je rentre au hasard dans un endroit où les gens jouent au Pachinko (c'est le jeu où il faut mettre les petits cerceaux sur des piques avec la pression de l'eau, un peu comme un flipper, et là on peut gagner de l'argent) et là BOUM, la musique à fond, des néons de partout, du bruit, comme dans un casino mais le niveau au dessus. Je n'ai pas le droit de faire de photos mais vous me connaissez maintenant, j'ai fait une vidéo en scred.
Je m'excuse. Je me suis trop habituée à faire un format story, je m'en rends compte trop tard. Je refilmerai en horizontal.C'était court, car je n'allais pas rester à regarder les gens jouer, c'est gênant et je sais qu'ils n'aiment pas ça, mais c'était déjà un peu décoiffant. En faisant un tour de ce côté-ci, il semblerait qu'il n'y ait pas grand chose. Impossible. Je ne suis pas au bon endroit. Je suis en hypoglycémie et je ne réfléchis pas bien. Saleté de jet-lag. Je goûte des sushis et une yakitori pris au konbini, et bien ce n'est pas si mal pour un casse dalle! En plus c'est moins cher qu'en France pour une fois, mais dans les restaurants ils doivent être excellents. Par contre, comme je l'avais lu, il n'y a pas de poubelles à l'extérieur bien que les trottoirs soient nickels. Un jour il y a eu un attentat impliquant une explosion dans une poubelle et le gouvernement japonais a réagi en supprimant les poubelles. Malin. On les trouve en fait dans les konbinis, ou alors il faut se promener avec son petit sac plastique. Je vois qu'il y a des sacs poubelles à même les trottoirs à certains endroits précis, que selon les jours il faut déposer des déchets brûlables ou pas et ... oh, bon, on ne va pas faire de connerie. Etonnant comment marche ce système, ce serait déjà l'anarchie ailleurs.
Ah! Premier magasin de figurines, je suis sur la bonne route. Je rentre à l'intérieur, elles sont classes mais chères, et il y a des gachapons avec des photos de filles dessus, je me demande si ce ne sont pas des gachapons pour avoir des culottes - en écrivant, je me souviens que c'est réservé aux sex shops. Un gachapon, c'est quoi? C'est un espèce de distributeur de tout et de rien où on va recevoir un cadeau aléatoire. Alors dit comme ça, je le vends bizarrement, mais vous connaissez c'est sûr. On met de l'argent, on tourne la molette et le cadeau tombe dans une petite boule en plastique. Vous verrez sur mes photos et vidéos, vous allez dire "aaah, mais oui".
Je continue mon chemin, j'observe les bâtiments, c'est quand même beau et pour certains il y a un sacré effort de décoration. Et puis soudain, sans prévenir, bam, je me retrouve au coeur d'Akihabara. De la musique dans les rues, encore des arcades de Pachinko, des magasins d'électronique et de figurines, de souvenirs, des écrans lumineux et des néons comme à Times Square, wouah, d'un seul coup je ne sais plus où donner de la tête! Il y a plein de monde, c'est bruyant, animé, je rentre dans plusieurs magasins mais je ne sais pour le moment pas trop quoi acheter. Et pour la peine, j'essaye un gachapon pour avoir une figurine de Pokémon, à côté on peut avoir des tote bags, ou alors des masques pour les yeux, ou alors des porte clés ... Le choix est vaste. J'ai trouvé un magasin où il n'y a que des figurines d'animaux, dont des ornithorinques.
Là, je dois dire que c'est assez incroyable, ces explosions de bruits, de lumières et de couleurs. Je traîne, je traîne ... Il y a des jeunes filles qui font du rabattage pour les Maids cafés. Pour le fun, j'ai pris un prospectus mais je ne sais même pas si c'est bien vu pour une femme d'y aller, je vais me renseigner et j'aviserai, par curiosité. Il n'y a pas que les Maids, je tombe aussi sur une jeune qui fait partie d'un groupe d'idols (les chanteuses/danseuses des groupes de pop), il faut voter pour elle pour qu'elle gagne en popularité pour espérer être prise en Ligue 1. Pardon, dans un groupe plus important. La concurrence est rude. Du coup, que ce soient les Idols ou les Maids, elles rivalisent de style, entre uniforme et cosplay. J'ai demandé à les prendre en photo ne serait-ce que de dos mais elles n'ont pas voulu. Celle que l'on voit, là, et bien je ne le savais pas et elle n'était pas encore en heure de rush.
Je profite encore de l'ambiance, je vais manger des sobas tandis que le soleil se couche, je prends des photos, et je me dis que je reviendrai plus tard car quand même, la fatigue. Tokyo de nuit semble encore plus inspirante que de jour.
Jour 2
Ah! Les joies du jet-lag. Dormir deux heures, profondément certes, puis se réveiller à nouveau, et ne pas se rendormir de la nuit tandis qu'on entend les gens ronfler et être jalouse qu'ils arrivent à dormir. Je suis réveillée à minuit et cela n'a aucun sens comparé à l'heure de la France, je me suspecte de m'être accidentellement recalée sur l'heure de Vancouver. C'est un peu embêtant car demain j'aimerais faire une grande journée de balade, et surtout, je meurs de faim en plein milieu de la nuit et il n'y a rien à manger. Bah, on survivra. Ce n'est que plus tard qu'on m'a rappelé que les konbinis étaient ouverts 24h/24h. Et au final, je tombe de fatigue vers sept heures du matin, pour me faire réveiller par les hommes de ménage à onze heures. Oups! Bon, ce n'est pas un trop mauvais timing, pour ce que je veux faire ...
Je profite du temps encore agréable pour me rendre à pied au marché de Tsukiji, à cinquante minutes de là. Il ne fait pas encore trop chaud, entre 23 et 25 degrés, avec un petit vent doux. Sur le chemin, j'observe une fois de plus les bâtiments éclectiques, mais je me trouve dans un quartier plutôt résidentiel, Nihonbashi, donc il y a peu d'animation comparé à hier soir. J'entre dans un 7 Eleven pour retirer de l'argent, car il va bien m'en falloir, et l'ATM me parle (oui, me parle littéralement) en français. Et pas n'importe comment! C'est sympathique. J'atteins ma destination, et en profite pour visiter un temple bouddhiste. J'aurai l'occasion d'en reparler, mais les Japonais sont donc bouddhistes ou shintoistes. C'est ces derniers qui mettent les portes que l'on connaît bien, les torii, à l'entrée de leurs temples.
Le fameux marché de Tsukiji était connu pour être le plus grand marché de poissons d'Asie. En fait, par manque de place, il a été décalé au marché de Toyosu, dans lequel j'irai peut être faire un tour si le temps (dans les deux sens du terme) me le permet. Il y a encore une halle qui semble peu impressionnante car beaucoup de stands sont fermés, il est déjà presque une heure de l'après-midi, mais en revanche il y a de petites ruelles pleines de restaurants et snacks. J'ai entendu parler de l'un d'eux qui sert de l'oursin ... C'est à tester! Malheureusement, il y a la queue, et le plat coûte 6000 yens (40 euros) de toute façon. Mais quand je regarde le restaurant d'en face, moins prestigieux, je me rends compte qu'ils en servent aussi (un peu, pour goûter c'est bien), à moitié prix, avec un assortiment de thon, une crevette, de l'anguille, de la coquille Saint Jacques, du saumon, du poulpe. Et bien, ça fera l'affaire, et en plus il n'y a pas d'attente. La serveuse me sert de l'eau légèrement aromatisée à ... quelque chose de vert, on dirait du matcha mais le goût en serait très peu prononcé. Le plat arrive assez rapidement: il est délicieux. L'oursin, c'est assez rigolo, bien que tout un plat pourrait être écoeurant. Je ne me souvenais plus du goût de l'anguille, c'est aussi validé.
Repue, ou presque car je ne résiste pas à prendre une brochette de Saint Jacques pour seulement 300 yens (2 euros) sur un autre stand, je fais le tour du marché extérieur. Il est animé mais c'est bien moins le bazar que ceux d'Asie du Sud Est ou d'Amérique du Sud, comme on s'en doute. Mais c'est tout aussi appréciable. Les différents mets font envie, cependant je ne peux plus rien avaler pour l'instant.
Maintenant, direction les jardins d'Hama-rikyu, qui sont proches. C'est une ancienne réserve de chasse qui appartenait au jeune frère du shogun Tokugawa, et qui était seigneur féodal (daimyo). Par la suite, servant toujours l'intérêt de la famille impériale, il servait à accueillir des dirigeants étrangers. Le site brûle une première fois lors du tremblement de terre de 1923, et est bombardé en 1945. Les jardins restent, mais pas les grandes propriétés qui sont transférées ailleurs. Maintenant, il y a de mignonnes petites maisons de thé, que l'on peut visiter, et où on peut se détendre. Il est très agréable, une fois déchaussée, de sentir la texture des nattes en bambou sous les pieds.
Un premier point historique sur le Japon, puisque nous parlons des Tokugawa. L'état japonais se constitue vers 300 après JC, lorsque quatre grands clans s'allient autour d'une première capitale, Asuka. Le prince Shotoku Taishi est à l'origine de l'appellation "pays du soleil levant", lorsqu'il envoie une missive à l'empereur de Chine commençant en ces termes, "de l'empereur céleste du soleil levant à l'empereur céleste du soleil couchant", ce qui était assez couillu pour l'époque quand on considère que la Chine était un empire bien plus puissant. La capitale change pour Nara en 712, mais l'empereur Kammu la déplace à Heian (actuelle Kyoto) pour éviter l'influence du clergé bouddhiste. Cependant, comme partout et comme toujours, des guerres de clans éclatent un peu partout. En 1192, Minamoto gagne une guerre contre des barbares et reçoit le titre honorifique de shogun (généralissime pour la soumission des barbares), ce qui a pour effet de créer un régime parallèle appelé bakufu et qui va s'installer à Kamakura, faisant de l'ombre à Heian. La classe guerrière se développe. Le Japon féodal, fonctionnant aussi avec des seigneurs, est une période d'enjeux de pouvoir. A partir de 1573, trois généraux vont pacifier le Japon: Oda Nobunaga, Hideyoshi Toyotomi et Ieyasu Tokugawa. Les deux premiers connaissent un destin tragique tandis que le dernier remporte la bataille de Sekigahara et établit son shogunat à Edo, actuelle Tokyo. Leur dynastie s'installera jusqu'au milieu du XIXe siècle! Période de colonisation de la région par le Royaume-Uni. La puissance britannique n'envahit pas vraiment le Japon, mais le shogun sait qu'il n'a pas d'autre choix que de négocier un traité commercial contraignant pour garder l'indépendance de son pays. Les différentes castes (samourais, marchands, artisans et paysans) sont abolies, ainsi que les apparats vestimentaires qui les distinguaient. La révolte gronde chez le peuple, notamment chez les anciens samourais. Ils remportent finalement la bataille et c'est le début de la Restauration de Meiji, avec un empereur à la tête du pays.
Il est bientôt 15h30, j'ai le temps de me promener dans le quartier de Ginza. C'est un endroit assez huppé, mais pas autant qu'un autre nommé Omotesando. Le temps de marcher et de faire des photos, l'heure tourne, et j'ai encore une heure de marche avant d'arriver à ma prochaine destination, Teamlabs Planets, qui abrite une exposition d'art digital immersif. Le musée est situé sur une île artificielle, pour m'y rendre je dois traverser plusieurs ponts. J'ai mal aux jambes mais je suis motivée, je ne suis pas sûre de pouvoir autant marcher à l'extérieur les prochains jours, il vaut mieux donc en profiter. En plus, la grisaille a laissé place à un rayon de soleil.
J'ai encore de l'énergie pour l'exposition, qui me fait envie depuis trois ans, quand j'étais déjà censée me rendre à Tokyo en 2020. A l'entrée, c'est assez rigolo car une vidéo précise qu'il y a des miroirs sur le sol et que si nous sommes en jupe, on risque de voir nos culottes. Du coup, ils louent gratuitement des shorts, plutôt sympa. Nous entrons, et des casiers sont à notre disposition pour laisser les chaussures car l'expo se vit pieds nus. On nous avertit même que nous allons avoir de l'eau jusqu'aux genoux ... Wahou. Il faut d'abord passer par la "Water Area", qui porte bien son nom car la première installation nous fait remonter une rivière artificielle les pieds dans l'eau. Je dois dire qu'après toute la marche, c'est extrêmement agréable. Il y a du blabla artistique sur le fait que nous ne sommes qu'un par rapport à la nature, et à vrai dire il semble que toutes les oeuvres parlent de la même chose. La suite, c'est un tapis géant rempli de boules de polystirène que nous devons traverser, évidemment c'est galère. Cela donne envie de se poser et de rester couchée, pour faire une sieste. Le coeur de l'exposition, c'est la salle Crystal Universe. Bien qu'il y ait du monde partout, l'ambiance est incroyable. Je m'asseois sur les miroirs et écoute les sonorités, je m'amuse à faire des photos et des vidéos ... C'est magnifique, c'est fascinant, c'est reposant. On se croirait dans une galaxie où nos esprits flottent à travers des stimulations lumineuses et une musique éthérée.
Time Lapse Nous revoici dans une salle avec de l'eau, la fameuse où nous en avons jusqu'aux genoux. Des lumières ondulent sur les flots, tâches lumineuses qui se transforment peu à peu en carpes koi. Puis, une autre salle où nous sommes invités à nous allonger pour nous immerger dans un océan numérique de fleurs. Je pourrais y rester des heures, c'est si reposant ... Mais il y a une seconde aire à découvrir, la "Garden Area". Malgré le fait qu'il faille la faire en second, elle n'est pas aussi incroyable que sa voisine, et il faut passer par des files d'attente pour y accéder, ce qui est agaçant. Nous ne pouvons profiter du plafond de fleurs qu'en durée limitée. Mais bon ... Je ressors de l'exposition ravie, et détendue: j'ai adoré. Malgré les expos immersives que j'aie pu faire sur Paris, celle ci est d'un tout autre niveau.
Je pleure de la qualité de mes vidéos qui s'est dégradée. Il va falloir que je change de portable.
Bien, maintenant il s'agirait de rentrer, et certainement pas à pied cette fois-ci. D'abord, j'aimerais voir le Rainbow Bridge allumé, ça tombe bien la nuit est tombée mais ... il n'est plus rainbow. Des économies d'énergie, probablement. Une fois dans la station de métro, mauvaise surprise: le ticket n'inclut pas de correspondances, même dans le seul réseau de Tokyo Metro. Et le prix est en fonction de la distance parcourue. Ah ... Finalement, le ticket à la journée aurait été pas mal, sauf que comme j'avais décidé de ne pas le prendre avant, ce serait frustrant de le faire maintenant. En plus de cela, je n'ai plus assez de monnaie. Donc, je me rabats sur le bus qui m'emmène à Tokyo Station. Je comptais marcher vingt minutes comme lors de mon arrivée, mais je me retrouve de l'autre côté de la gare ... Et impossible de traverser sans ticket. Donc, je vais tester le JR, qui est un peu comme le RER. La station est immense, mais de mémoire je sais quelle ligne je dois prendre, je parviens à ne pas me tromper. Pour le moment, ça va! Le train n'est pas bondé, et j'arrive à cinq minutes de mon hostel, où je prends du repos bien mérité. Et cette fois-ci, avec des horaires plus normaux pour le Japon. Par contre, force est de constater que l'ambiance de l'hostel ne se prête pas à des rencontres malgré ce que disaient les commentaires Booking. Il n'y a pas vraiment de vibe backpacker, ni même flashpacker, car le bar est un peu snob et sert des pintes d'IPA à 12 euros. Pour un début de voyage et une acclimatation, pas grave, on se socialisera plus tard.
Jour 3
Ca y est, il pleut! Et pas qu'à moitié. Réveillée un peu avant cinq heures du matin, je prévois donc mon programme indoors. J'étais à la base censée assister à un show au Robot Restaurant, avec des danseurs, des lasers et donc des robots. Mais le staff m'a envoyé un mail pour me dire qu'ils annulaient pour cause de sérieux problèmes techniques, et le site ne marche plus non plus. A savoir que ce show vient de réouvrir, genre, il y a quelques jours, après avoir souffert du Covid (mais il va mieux maintenant). Ils se sont juste associés à un cabaret et la salle accueille des stripteaseuses le soir. Bon, on verra si dans deux semaines, c'est réglé, j'espère avoir de leurs nouvelles! Donc, on va se rabattre sur des musées, et on va tenter de faire la tournée des cafés à thème que je n'ai pas pu réserver. C'est potentiellement une journée où on va se faire refouler et avoir des échecs. En tout cas, une journée qu'on va passer à grignoter et à dépenser de l'argent.
Il est encore relativement tôt, je me dirige donc vers le musée Sumida Hokusai, du nom de celui qui a réalisé l'estampe bien connue de la Grande Vague de Kanagawa. La pluie n'est pour le moment pas bien gênante, bien qu'il y ait des bourrasques de vent par moment et que je doive faire attention à mon parapluie, mais il fait une vingtaine de degrés. Arrivée sur place, c'est un peu la déception; ce musée n'abrite que des reproductions car la Vague est encore entreposée dans les stocks pour sa protection. Bon, maintenant que je suis là, je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Il y a de jolis travaux, notamment Hibiscus and Sparrow, Peonies and Butterfly, et Watching Fireworks in the cool of the evening at Ryoguko Bridge. Il y a bien quelques croquis originaux exposés dans une autre partie du musée, mais il fallait payer en plus. Je n'aime pas beaucoup le principe.
Hokusai est un personnage intéressant, non seulement parce qu'il s'est affranchi des traditions de l'ukiyo-e, mouvement artistique dont il faisait partie et qui consistait à peindre surtout des acteurs et des courtisanes, mais aussi pour ses mangas qui sont à la base des carnets de croquis destinés à ses étudiants. En 1796, il invente un nouveau style personnel, lyrique, inspiré par des influences chinoises et occidentales. Il est à l'origine d'une tradition du Nouvel An de s'offrir des surimonos, ses estampes et ses poèmes sur de petits papiers entre amis. Personnage atypique, il a changé plusieurs fois de nom au cours de sa vie, Hokusai signifiant "Atelier du Nord" en hommage à la divinité bouddhique Myoken.
La technique de réalisation d'une estampe.En un coup de métro direct, me voici maintenant à Shinjuku pour tester le café à thème Alice in Fantasy Book. C'est un quartier très connu, notamment pour les ruelles du Kabukicho, où l'on trouve des bars à karaoké, des clubs, mais aussi pas mal de prostitution et des yakuzas à la nuit tombée. Evidemment, l'ambiance à midi sous la pluie est toute autre, et je prévois déjà de revenir un soir quand il fera beau. En attendant, je ne trouve pas le café ... il faut dire que les immeubles accueillent tous plusieurs restaurants, boutiques ou salons. Les enseignes que l'on voit à l'extérieur permettent de savoir à quel étage aller, et quelle porte prendre, ce qui n'est pas toujours évident quand on ne connaît pas et que la localisation n'est pas précise. Je tourne autour du bloc, en détaillant les panneaux ... Tokyo est une ville à la verticale où il faut lever la tête. J'arrive à trouver de la wifi gratuite tant bien que mal au bout de dix minutes pour plus de précisions, et enfin, je repère l'enseigne, noyée au milieu de toutes les autres. Pas facile. Pour y accéder, je dois obligatoirement prendre l'ascenseur, et c'est une spécificité que l'on retrouvera dans beaucoup d'autres endroits, parfois on ne peut juste pas prendre les escaliers.
Je reviendrai pour prendre des photos, avec la pluie c'est trop embêtant. La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas foule, comme j'en avais peur, donc peu importe que j'aie une réservation ou non. Ce café a survécu à la crise, contrairement à ses compatriotes. Il y avait avant au moins cinq ou six cafés sur le thème d'Alice dans Tokyo. Je vois cependant sur une affiche qu'ils viennent de réouvrir un buffet sucré à volonté. Et sinon, l'immersion? Je dois dire que la déco est soignée, tout comme la présentation des plats. Vu que nous sommes midi, tout n'est pas disponible, mais il y a un sacré soin accordé aux détails. Je n'ai pas encore très faim, j'hésite à ne prendre qu'à boire mais finalement, je suis attirée par une salade car je manque de verdure. En plus, il y a un très joli dressing qui va avec, autrement je pouvais commander des spaghettis bolognaise sur le thème du chat du Cheshire mais pour des pâtes, l'estomac ne m'en dit pas. Je suis assez surprise de découvrir que c'est délicieux, j'imaginais franchement qu'ils soignaient plus la présentation que le goût, mais cette vinaigrette à la framboise relève divinement le plat. Et manger des tomates, qu'est ce que ça fait du bien! Elles sont trop chères en supermarché. Force est de constater qu'au niveau du prix, c'est plutôt correct car je m'en tire pour 1300 yens (8,5 euros) alors que soyons honnêtes, à Paris la même chose aurait coûté 20 balles. Pendant mon repas, j'observe ce que les autres tables ont pris, comme un assortiment de desserts pour le thé, tandis que passent les musiques de Disney en fond sonore.
Je sens cependant que je ne suis pas invitée à rester éternellement car la serveuse m'apporte l'addition. Première expérience originale! Mais je ne suis pas pour autant repue. Je me dirige maintenant vers Harajuku, le quartier le plus pop de Tokyo. Je m'aperçois cependant que le ticket "all-day pass" que j'ai acheté, ne passe pas sur certaines lignes, et pas sur celle que je viens de prendre, mais je fais semblant de ne pas avoir remarqué. Il faut dire que les barrières du métro sont en mou, avec un espace entre les deux, à hauteur de genou, donc facilement franchissables. C'est le Japon, quoi. Takeshita Street est juste à la sortie, et là, j'ai un coup de coeur pour les boutiques goths et kawaii! Il y a pas mal de gens qui se promènent avec des outfits comme s'ils étaient en convention, c'est vraiment plaisant, mais ce n'est tout de même pas la majorité. J'avais lu qu'on voyait de moins en moins de gothic ou pink lolitas dans les rues, c'est malheureusement vrai. En plus, vu le temps ... La pluie se calme cependant. Je me dis que je reviendrai forcément ici quand je serai en mode shopping avant de partir, histoire de me dénicher des fringues et accessoires bien cools. Je trouve cependant que le quartier est un peu petit, quand on considère la taille de la ville. Il doit être bondé en temps normal. Au passage, comme j'ai faim et qu'il y a un McDo et qu'il est toujours rigolo de tester leurs spécialités autour du monde, je goûte un burger avec un pané de crevette. Convaincant, il faudra que je goûte le chicken teriyaki. Je prends aussi, ailleurs, un long bâton de pomme de terre frite, en tourbillon, qui fait 52 cm. Original, même si galère à manger.
Prochain café à thème: Harry Harajuku. Ce n'est pas ce que vous croyez, ce n'est pas Harry Potter, il y en a bien un mais vu qu'on en a à Paris ... Il s'agit d'un bar à hérissons. Parce que le nom des hérissons en japonais, c'est harinezumi. On peut les caresser et les prendre dans nos mains, pas la peine d'avoir réservé si je ne reste que trente minutes. Une fois de plus, il n'y a pas trop trop de monde et je n'ai pas besoin de faire la queue, ouf. Il y a aussi des hamsters, mais c'est beaucoup moins hypant tout de même. Je m'installe près du bac des petites bestioles après que la serveuse m'ait expliqué comment interagir avec eux. Je prends le premier au creux de ma main ... mais je lui fais peur, il veut s'enfuir. Ah ben bravo, l'amie des animaux. Il va se blottir contre son copain. J'y vais un peu plus doucement, parce qu'ils essayent de dormir, donc je préfère les prendre au moins pour filmer et quelques photos, puis les laisser tranquilles et aller voir ceux qui sont réveillés, notamment parce qu'on leur donne à manger. Ils doivent avoir l'habitude d'être manipulés par tout le monde, et pas forcément en douceur. Le café a tout de même une politique d'amende si on ne prend pas soin de l'animal, et il y en a qui ont des temps calmes. En tout cas, c'est la première fois que je prends des hérissons, et que j'en vois d'aussi près! C'est vraiment trop mignon, super expérience. Mais ce qui est d'autant plus rigolo, c'est qu'il y a un suricate qui a l'air un peu stressé ... Mais qui en fait cherche des câlins des serveuses, comme un chien ou un chat. D'ailleurs, il y a des photos de lui à l'extérieur car elles le baladent dans la nature. Il s'appelle Saburo et il se laisse facilement caresser, c'est presque plus rigolo d'avoir des interactions avec lui qu'avec les hérissons.
Les aventures de SaburoJe traîne encore un peu dans le quartier, profitant que la pluie se soit arrêtée. Comme je passe ensuite par la station de Shibuya, et que je me retrouve à l'extérieur pour faire ma correspondance, je me dis que c'est l'occasion d'aller voir la statue de Hachiko, ce petit chien fidèle connu pour avoir attendu son maître à la gare tous les jours lorsqu'il rentrait du travail. Il y a une file d'attente devant pour prendre un selfie avec lui, heureusement que je m'en fiche et que je peux le prendre de loin. Shibuya est aussi connu pour son fameux croisement, le plus fréquenté du monde aux heures de pointe. Mais nous ne sommes pas une heure de pointe. Il y a quand même du peuple. Ceci est dû au fait que tout le monde traverse en même temps pour aller dans toutes les directions à la fois, sans alternance. Aussi, vu sa réputation, il y a plein de touristes (comme moi) qui viennent faire l'expérience, donc cela fait encore plus de monde.
Je repars dans le métro dans l'intention de visiter le musée scientifique Miraikan, situé sur l'île artificielle d'Odaiba, en grugeant encore au passage puisque c'est une ligne qui n'est pas prise en compte dans mon ticket, mais difficile de savoir lesquelles le sont et ne le sont pas. Enfin, là, c'est un sky train, donc ça se voit que c'est différent. La pluie reprend de plus belle, le métro s'avance dans la tempête tandis qu'il franchit le Rainbow Bridge. Nous passons devant le centre commercial où il y a le Unicorn Gundam, qui semble immense et qui s'anime à certaines heures. J'avais oublié ce détail, heureusement il y a de la wifi gratuite dans la station où je descends, histoire que je vérifie à quelle heure il bouge. 17 heures, normalement, et il est 16h30 passées, bon, peut être que je peux aller le voir de plus près et ensuite aller au musée ... Sauf que je percute, à temps: il ferme à 17 heures. Oh, non, j'ai fait tout ce chemin pour rien, heureusement que je n'ai pas payé. Enfin, presque pour rien, le Gundam va faire son show, non? J'essaye de me rapprocher une fois à l'extérieur, mais il y a de plus en plus de vent qui retourne mon parapluie, et même 500 mètres vont être insupportables sous ces conditions. Je rentre à nouveau dans la station, je me mets au sec ... Et je fais bien car des trombes d'eau se mettent à tomber. Je peux quand même voir de loin ce qu'il va se passer à 17 heures ... Et bien, il s'allume, il fait des lumières rouges, mais c'est tout. J'avais lu qu'il faisait plus que ça. Mais aussi qu'il y a un show de sons et lumières entre 19h et 21h30, ce qui est bien trop tard et pas du tout le moment opportun à rester dehors de toute manière. Donc, demi tour, c'était instructif tout cela. Heureusement que j'aime le métro.
Peut être que je vais expérimenter un typhon. Après tout j'ai déjà fait le tsunami et le tremblement de terre. Seul dans la tempêteAu final, la ligne m'emmène à la station de Shimbashi, qui est juste à côté de l'horloge Ghibli qui va s'animer à 18 heures. J'adore les automates, et là ça a un côté assez magique. Vous avez peut être entendu parler du musée Ghibli à Tokyo, je ne vais malheureusement pas pouvoir le faire car il aurait fallu réserver des mois en avance pour avoir un créneau. Un peu comme un repas au Pokemon Café, bien que je puisse probablement trouver une alternative à cela.
La suite du programme, c'est d'aller au Vampire Café tant que je suis revenue du côté de Ginza. Même principe qu'Alice, mais ambiance différente. C'est beaucoup moins chaleureux, sans blague, je veux dire que le service l'est bien moins. Il est possible que cela fasse partie du truc. Je suis dans un petit box avec un rideau, je ne peux pas voir la salle ni les autres clients sauf si je le pousse, mais les serveuses le referment quand elles viennent prendre ma commande. Je constate qu'ils ont augmenté les prix car ils faisaient avant, symboliquement, leurs entrées et accompagnements à 666 yens. Là, c'est 740, avec de la belle décoration aussi. Je reprends une salade, mais je suis obligée de prendre une boisson avec. Va pour du Dracula's Blood avec de la Ginger Ale, car les autres cocktails, bien que beaux, risquent de me revenir un peu cher. La musique dramatique crée une belle ambiance, et il y a des moments où les serveuses se mettent à réciter des sortes de psaumes. En japonais bien sûr. Par contre, dès que j'ai fini de manger, je me fais pousser vers la sortie. La serveuse attend même immobile derrière moi le temps que mon ascenseur arrive, et ce dernier met du temps, c'est malaisant mais ça fait partie de l'expérience et je trouve que c'est encore plus immersif qu'Alice. Bordel, j'aurais dû appeler Alucard.
Il pleut tellement que mon parapluie en tissu censé être imperméable commence à prendre l'eau. Cela ne m'empêche pas de passer rapidement au centre commercial Matsuya Ginza qui est juste à côté, car j'ai entendu dire qu'on pouvait goûter des échantillons de nourriture au sous-sol. C'est un peu comme les Galeries Lafayette. Au final, je n'ai goûté qu'un truc. Et j'en ai acheté pour plus tard. C'est comme des gyozas, mais moins frit. Et en parlant de gyozas, je n'ai pas fait de "vrai" repas pour ce soir, donc je risque d'avoir faim dans la nuit. Journée grignotte, mon pancréas me déteste. Juste à côté se trouve le quartier d'Hibiya, avec un restaurant de gyozas réputé et recommandé par le youtuber que je suis. Sur le chemin, en passant sous la voie ferrée qui donne au quartier un air de Blade Runner, je tombe sur des stands de street food. J'hésite à y rester manger, mais j'ai quand même envie de tester le Chao Chao. Que je galère à trouver car il y a plusieurs restaurants au même endroit et l'enseigne n'est qu'en japonais. Heureusement, j'ai encore pu employer la stratégie de la wifi gratuite, et ce, à l'abri. J'ai bien fait, car il y a une vraie ambiance locale, les gyozas ne sont pas chers donc j'en prends plusieurs, même que j'en recommande. J'ai donc goûté porc gingembre, crevette, et prune/shinsu, je prends aussi du riz dans une soupe de fruits de mer, le tout accompagné de saké chaud. Une expérience qui me régale, je me sens vraiment contente d'être là!
Le Japon de nuit sous la pluie, c'est quand même canon.Et c'est ainsi que cette journée s'achève. Il est temps d'aller se mettre au sec !
Jour additionnel
Naïve que je suis. Naïve. Pourtant, j'ai beaucoup baroudé. Mais je ne sais pas comment j'ai pu croire que j'allais arriver à monter dans le Shinkansen si facilement, en arrivant à la gare à l'arrache.
Il faut dire que le contexte est particulier. Moi qui pensait que les pluies d'hier étaient normales pour le pays, et qui faisait des blagues, et bien c'était bel et bien un typhon. Un typhon qui a inondé toutes les voies de train alors que je suis censée aller à Nagoya. Prête à 7 heures du matin, grignotant des raviolis, je regarde Facebook et sur le groupe de voyageurs consacré au Japon, les gens signalent que les trains sont annulés pour le moment. Toute la circulation entre Tokyo et Osaka est interrompue, on ne sait pas quand elle va reprendre. Bon, et bien je vais me recoucher, et me réveiller juste avant le check-out en espérant que la situation ait changé. Effectivement, les trains recirculent. Je me rends donc à la gare, non sans d'abord faire un crochet par le Dawn Avatar Robot café, que j'ai vu hier, où la commande est prise par un robot. Et bien, on s'habitude vite à lui parler comme à un humain ... Mais les prix sont hors taxes, et du coup, je n'aime pas le principe, on n'est pas en Amérique, c'est trop cher et je m'en vais. Je vais prendre mon latte au distributeur ... C'est très bon, ça me motive pour les vingt minutes de marche jusqu'à la gare.
Il faut que j'échange mon coupon Japan Rail Pass que j'ai commandé, pour le vrai Pass qui va me servir pendant quatorze jours. Et il y a la queue au guichet ... Avec un peu de chance, je vais pouvoir attraper le train de 12h57 qui est maintenu. Sauf que ça prend, longtemps, bien longtemps ... Je commence à stresser. Enfin, le guichetier me délivre le précieux sésame, mais je dois encore réserver mon billet sur une machine. Et là, mauvaise surprise: les options qui s'offrent à moi avec le Pass sont limitées ... J'aurais dû m'y prendre à l'avance, mais je pensais qu'on ne pouvait activer le Pass que le jour où on le faisait émettre. Avec le recul, évidemment que j'aurais pu réserver en avance, ça paraît logique. Premier train disponible vers 15 heures, mais il y a marqué qu'il ne reste que des sièges non réservables, oui d'accord ça me va mais ... ? Ca ne marche pas. Je commence à stresser car je me dis que tout le monde est en train de booker ses tickets. En fait, je vois qu'il y a marqué sold out, sold out ... Et je ne comprends pas trop le système de non-réservation, parce que l'option n'est pas disponible, et il me faut quand même un ticket ... ?! Mais c'est probablement parce que c'est le chaos depuis ce matin et que tous les gens dont le train a été annulé doivent être recasés dans la journée. Il y a un train toutes les dix minutes, rendez vous compte le monde que cela représente. Je veux sélectionner un ticket pour 17h33 car c'est le premier qui semble disponible, mais trop tard, le temps que je tape mes informations, c'est sold out! Reste 18h03 ... Super. J'ai toute l'après-midi à attendre, mais je ne semble pas avoir le choix. Je cherche à déposer mon lourd backpack dans un casier, mais ils sont tous pris. Evidemment. Je le garde donc avec moi ... Quitte à me défoncer les épaules et le dos (bon en vrai, ça va, c'est juste sportif).
Pour ne pas totalement perdre ma journée, je me rends au Palais Impérial qui est juste à côté. Enfin, à vingt minutes de marche quand même. Heureusement qu'il ne pleut plus, il fait plutôt bon, et pas trop humide, là -dessus j'ai de la chance. Le Palais Impérial n'est pas visitable, mais les jardins à côté le sont. Il faut monter une côte pour accéder à l'ancien château d'Edo qui me fait penser à une base de temple Maya. Et juste à côté se trouve le jardin de Ninomaru et ses magnifiques iris au bord d'une mare où s'ébattent quelques discrètes carpes koi. Le tout en faisant trois ou quatre pauses en tout pour soulager mes trapèzes.
Le château d'Edo était la résidence des shoguns Tokugawa, et la résidence de l'empereur actuel. Akihito a abdiqué le 30 avril 2019 et a pris le titre d'empereur émérite. Il a représenté l'ère Heisei, "Accomplissement de la paix", depuis 1990. Il est de tradition de donner des noms aux ères sous chaque empereur, depuis la restauration de Meiji sur le trône, et de compter les années en fonction ("an deux de l'ère Heisei" par exemple) bien que maintenant, le modèle occidental soit plus largement utilisé. Quand il va mourir, on se réfèrera à lui par le nom "Heisei Tenno". C'est maintenant son fils, Naruhito, qui règne durant l'ère Reiwa, ce qui veut dire "belle harmonie" (et non pas "on en a chié avec la pandémie"). D'ailleurs, je rigole, mais le photographe Hiroshi Sugimoto a carrément proposé que l'on rebaptise l'ère à cause de cela, car une tradition ancienne veut qu'on la renomme après une épidémie ou une catastrophe naturelle. "C'est un appel des Dieux, Reiwa n'est pas un bon nom". Ah, et bien si on avait su que c'était leur faute, bravo Naruhito.
Il est bientôt 16 heures, j'ai encore deux heures à attendre et je vais d'abord manger des ramens dans la bien nommée Ramen Street au coeur de la Tokyo Station. Apparemment, c'est une institution chez les tokyoïtes, malgré l'artificialité du fait qu'elle soit en plein centre commercial. Cela dit, c'est très bon, il faut dire qu'ils doivent tenir la concurrence. Je galère ensuite à avoir de la wifi gratuite, puis je vais vérifier la voie de mon train ... Qui a une heure trente de retard. Comme tous les autres. Oh, putain ... Et dire qu'on pense que le Japon n'accuse jamais de retard. Même en temps normal, c'est faux, d'ailleurs. C'est une légende qui a été amplifiée lors de l'histoire récente du train qui était parti deux minutes en avance. Et en fait on comprend que ça mette le bazar, vu que comme mentionné précédemment, ils partent toutes les dix minutes. En fait, il y a eu une enquête car le conducteur avait quitté son poste, d'où le fait que ça ait fait des remous.
Heureusement que j'ai trouvé un bon spot pour la wifi. L'heure arrive, enfin. Je me demande si j'aurais pu faire autrement, je ne crois pas. Je monte dans le train, direction Nagoya, que je vais rejoindre pour un festival culturel.