L'Asie du Sud-Est, c'était mon rêve depuis mes 14 ans. Suivez donc mon trip solo, la meilleure expérience de ma vie, qui l'a marquée et changée pour toujours!
Du 14 octobre au 2 décembre 2015
50 jours
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Avertissement: Ceci est mon tout premier blog voyage, et mon tout premier voyage solo tout court. J'avais 26 ans et je sortais à peine de la fac. Je pense avoir beaucoup cheminé depuis (métaphoriquement et littéralement parlant), gardez cela en tête pendant votre lecture. Aussi, les photos sont pourries. Vraiment pourries. Elles étaient prises avec mon Galaxy S4 mini, et la moi du passé n'avait en aucun cas envisagé de faire de la vraie photo un jour, la moi du présent en grince des dents. J'ai donc décidé, en ce qui concerne les photos de Bangkok et Chiang Mai, d'agrémenter avec de meilleures photos prises en décembre 2018. Bonne lecture, et ne soyez pas trop durs!

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Paris, 7h du matin. Arrivée la veille de Montpellier, dormi chez une amie, et le grand jour est enfin arrivé. Le mot du jour: Fébrilité.Au sens figuré, bien entendu! Nerveuse et agitée, je le suis, mais pas forcément dans le sens négatif du terme. Dans ces conditions, un peu de stress est normal, si je n'en ressentais pas, c'est ça qui serait grave!Direction Roissy, jusqu'au terminal à l'autre bout de l'aéroport.

Le premier vol est donc Paris-Francfort. 50 minutes de retard, un passager ayant oublié son passeport dans l'aéroport ... Le personnel d'Air France a été assez sympa pour aller le chercher (du zèle? ...). Pas grave, 3h de correspondance, on est large.Pas grand chose ne s'est passé, direction donc le vol pour Changsha en Chine, par les contrôles usuels de la Gateway to Asia. Mais là, surprise! Mon vol Changsha - Bangkok n'est plus à 9h40 mais à ... 19h20! 12h d'escale ! C'était donc ça le mail d'eBookers que j'ai pris pour un doublon ... La prochaine fois, précisez en gros "CHANGEMENT D'HORAIRES" dans le titre !Le vol de 10h s'est vraiment bien déroulé. Je ne sais pas de quand datent les dernières critiques sur China Southern Airlines ... Mais les écrans avec un large choix de films, séries et jeux,c'est super! Vol agréable et tchatche avec le voisin allemand qui partait à Bali avec ses potes, devait attendre 10h et m'a dit qu'on pouvait sortir hors de l'aéroport. Cool!

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Changsha: l'intense expérience

Ma première impression de la Chine: l'odeur. Odeur qui m'est inconnue, et me rendant un peu nauséeuse du fait de la fatigue et du jet lag. C'est probablement l'alimentation ... Et ça se confirmera par la suite: "la bouffe a le goût de l'odeur".Je remarque vite qu'à Changsha, l'anglais c'est vite fait, voire pas du tout, ou sinon la différence d'accent est problématique. Le douanier ne semblait au départ pas comprendre que ma destination finale était Bangkok, mais finalement, petit tampon sur le passeport et hop, un visa temporaire d'un jour.

Après une courte sieste mais relativement confortable sur les sièges de l'aéroport, mon sac et le coussin que j'ai piqué dans l'avion (Best idea ever!) j'observe les gens autour de moi, même si j'en savais déjà un peu sur eux grâce à mon cousin. Ils crient, ils crachent (même les femmes) et ils toussent comme s'ils avaient la tuberculose. C'était l'occasion aussi de me faire piquer par mon premier moustique asiatique, et de voir mes phalanges doubler de volume en me grattant. OK, c'est cool! Il y a des distributeurs d'eau potable, chaude ou froide. Les toilettes sont soit turques soit occidentales avec des sanisièges. Du coup, c'est propre! À l'extérieur, les chauffeurs de taxi me sautent dessus, mais je suis plus intéressée par les bus. Vainquant ma fatigue, je prends un ticket, direction Changsha, l'escale inattendue (ce qui va très bien avec le titre de mon blog!). Dans le bus, une petite télé, avec une émission qui passe des vidéos gags. Et là, une vidéo tournée en France, d'un chat qui se mange la porte d'une boulangerie ... Je me suis soudain sentie bien loin ...

Les bus conduisent à droite, mais sur la voie de gauche ... Et klaxonnent sans cesse! Typique de cette région de l'Asie, on dirait ... Bientôt nous croisons des scooters, des vélos avec des chargements improbables, les grandes tours d'habitations typiques du pays le plus peuplé du monde, et leurs balcons à l'allure de cages à poules pour certains.

Le centre ville s'agite. Pour traverser la route, il faut y aller à l'instinct ... Ma première tentative est un succès (on a quand même déjà traversé Concorde et Madeleine au rouge piéton !). Je suis la seule Européenne et les gens se retournent sur mon passage. Est ce parce que je suis en débardeur et que je remarque que les femmes ne montrent pas leurs épaules ? Ou alors ce n'est pas la saison? Ou je me balade avec l'équivalent d'une micro jupe .... Dans le doute je me pare de mon pull sur mes épaules. (Bon, en vérité, ils ont continué à me regarder avec insistance, mais moins agressivement.) Je me balade autour de la station de bus, dans un petit parc où les bruits presque incessants des klaxons paraissent lointains.

Puis dans les rues proches où les gens mangent dehors. J'ai faim mais je reste nauséeuse et cette odeur n'arrange rien, les pattes de poulet seront pour la prochaine fois! Je repère des vapeurs, mais l'homme ne parlant pas anglais, dur de se faire comprendre! Je ne sais dire que nihao et xie xie! Je pense marchander malgré moi 4 vapeurs pour 7 yuans sans aucune idée du prix. Ça me suffira car mon palet n'est pas habitué à ce type de saveurs (le goût de l'odeur, encore!). Et oui la cuisine asiat en Occident ça n'a rien à voir. Surtout la VRAIE cuisine chinoise, pas thaï ou viet ...

Un parc agrémenté de panneaux traduits par Google Translate et avec des sons de pépiements d'oiseaux enregistrés. 

Je rentre après une courte découverte d'une heure, la fatigue l'emportant. Mais je suis satisfaite de cette expérience ! Même si elle était pour ainsi dire, étrange. Je ne saurais la qualifier de bonne ou mauvaise, mais elle était pour le moins intéressante. Ceci dit, cet aperçu ne m'a pas donné envie d'y retourner.

Petite sieste comme précédemment et enfin à 19h20 je décolle pour Bangkok. L'avion est bruyant. La nourriture pique! Mais ça reste bon. Je ne rajoute pas les espèces de jalapenos au cas où ...

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Et le bonheur fut.

Et 3h plus tard, c'est ENFIN l'arrivée à Bangkok. J'en ai les larmes aux yeux tant je suis émue (et CREVÉE) de voir mon rêve se réaliser ! Contrairement à la Chine, je me sens bien dès mon arrivée, ça sent " différemment mais meilleur".Ceux qui sont déjà partis en voyage avec moi savent que souvent dans les transports en commun je me débrouille comme à la maison. Donc train express (rer, quoi) puis métro jusqu'au centre commercial et là ... Je craque et je prends un tuk tuk.

J'ai bien fait, en tout cas pour cette première arrivée. J'ADORE !!! ça va vite, ça fait des sensations. Pour 200 baths (5€) pour environ 7 ou 8 km et je suis sûre que je peux avoir moins cher la prochaine fois. Là c'était mon premier donc j'ai voulu lui faire un cadeau. L'auberge de jeunesse est chouette comme tout. Le mec dit qu'on peut boire l'eau ... Lui peut être mais pas moi! Ah il fallait laisser les chaussures dehors aussi.

Et voilà, découverte demain! (Vu ma tablette et la qualité de la wifi je serai productive!)

Quelques mots en thaï (appris avant le départ, et sur place, et écrit en phonétique):

Bonjour: Sawadee ka // Au revoir: Laa ken // Merci : Kopkun kaaaa (ne sachant pas dire "merci beaucoup" j'avais décidé de faire un aaaa plus long à la fin quand j'étais contente comme si je disais "merciiiii" xD) // Beau: Swai // Délicieux: Arroy // Chat: Chaa (ou Mau).

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Résumé de cette étape:

- Jour 1: Paranoïa, Wat Pho, Palais Royal et mousson. Découverte avant tout.

- Jour 2: "Nique la police" au Wat Arun, bateau, moines coquinous, Chinatown, Pad Thai à l'oeuf Haribo, pancake aux cheveux et science-fiction.

- Jour 3: Marché flottant, toilettes cheloues, route sans fil, temple Hindou, massage thaï not-what-I-expected.

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Jour 1 - 15/10/2015

Saviez-vous que l'Asie du Sud Est est exposée à la dengue, qu'il n'existe pas de traitement à part du Doliprane pour faire baisser la fièvre, qu'il faut donc rester cloué au lit, et que d'après un site, cette maladie n'est transmise que par les moustiques diurnes de 9h à 11h et de 13h à 17h? Oui, c'était bel et bien marqué en ces termes. Ce sont des moustiques fonctionnaires, il semblerait ... Donc non, je ne le savais pas, j'avais bien entendu parler de la dengue mais vu qu'il n'y avait rien à faire contre, à part du répulsif, je ne m'en suis pas occupée davantage. C'est en voyant les panneaux à l'auberge de jeunesse "fermez la moustiquaire svp, il y a des moustiques à Bangkok qui portent la dengue!" que je me suis alarmée. Bon. J'aurais peut être pas dû. "J'ai mal à la tête! Putain, j'espère que c'est pas ça ... Et les courbatures, peut être que ..." Peut être que quoi? Peut être que c'est le fait d'avoir dormi sur des fauteuils d'aéroport à Changsha, non? Ou peut être le matelas malheureusement un peu dur de l'auberge de jeunesse.

Le jet lag m'ayant un peu embêtée, c'est vers midi que je décolle de ma chambre.Il ne pleut toujours pas!

Direction le centre névralgique de Ko Ratanakosin, le quartier royal qui a l'amabilité de concentrer la plupart des "must see", sympa ce quartier. Sur le chemin, première expérience du "je fais genre je veux t'aider mais en fait je vais te proposer du tuk tuk", l'homme en question semblant penser qu'il était inconcevable que je veuille marcher. En plus, tout ça pour me donner la mauvaise direction ... Heureusement que je ne fais plus si facilement confiance! Ou je me serais totalement perdue.Puis, une sorte de marché à nourriture qui encadre le trottoir ... L'occasion de la première expérience gustative! Plutôt réussie, les beignets de ché pas quoi en question n'arrachant pas la gueule. Définitivement, Thaïlande > Chine

 Miam, les spécialités locales! J'ai goûté les petits trucs jaunes en bas à droite, et plein d'autres, plus ou moins bons. 
 Les portraits de la famille royale sont partout ... Partout! Ici, la reine Sirikit. 

Les Thaïs conduisent à gauche, il faut donc faire attention en traversant la route. Mais bon, on n'apprend pas ça à une Londonophile chevronnée (astuce: regardez dans tous les sens!). Bangkok est ma deuxième cité des Anges (sa traduction en thaï) après Los Angeles, et ça se ressent car j'ai l'impression d'être au paradis (hahaha. C'est exagéré, ok!) c'est une ville entre tradition et innovation. La bouffe est partout dans la rue, peu chère ; les jeunes sont scotchés à leurs smartphones, et le réseau wifi/3g est étonnamment performant .. La wifi de l'auberge est meilleure que celles de Londres ou Barcelone !!

Premier temple, le Bouddha couché: Wat Pho, dont j'ai mis 10 minutes à trouver l'entrée et 10 autres pour trouver du change vu que la caisse voulait à tout prix exactement 100 Bahts (ils en font quoi de tous ces billets, pour ne pas avoir de change?) Pour une première visite, c'est plutôt sympa. Le lieu est paisible, et malgré les touristes présents, ne fourmille pas de gens. Spécificités culturelles: on laisse ses chaussures à l'extérieur en rentrant! On ne porte ni short ni débardeur. On se met à genoux appuyé sur ses pieds sans les pointer vers Bouddha. Ce temple est en fait un complexe religieux, un resort: le temple du Bouddha couché, l'école de médecine, l'école de massages, le temple Phra Ubosot, les chedis (ou stupas) représentant les rois de la dynastie Chakri (de Rama I à Rama IV), la mare aux crocodiles, et plein d'autres petits lieux de cultes ouvragés que l'on pourrait comparer à des chapelles ou des autels selon l'importance. J'ai bien fait d'acheter un guide Lonely Planet pour savoir tout cela. Le Bouddha couché est impressionnant. 43m de long, 15m de large. Il est fait de feuilles d'or, et ses yeux sont faits de nacre. Un tintement incessant se fait entendre .. Je pense d'abord aux travaux qui nous empêchent de profiter des dessous de pieds du Bouddha ... parés de perles magnifiques, tant pis. Le sens de la visite nous amène derrière le Bouddha .. Où des croyants déposent des pièces dans plusieurs petits pots en fer. C'était donc ça! Dans les galeries presque désertes, je croise deux moines "en pause" qui écoutent des prières sur leur PC. Trouvant la scène cocasse, et étant polie, je demande la permission pour une photo; ce sera non. Tant pis!

 Des Bouddhas ... partout!  
 2018: les pieds de Bouddha en perles, en rénovation trois ans plus tôt. Et ceux de la galerie avaient froid.


Ensuite, direction le Grand Palais, aussi un complexe, abritant les quartiers royaux et le Wat Phra Kaew (c'est du moins l'une des manières de l'écrire). C'est trèèès grand, et je n'ai qu'une heure pour visiter plein de trucs, mais ça se fera. Je sens que mon corps galère un peu (OH SHIT C'EST LA DENGUE ÇA Y EST), probablement un mix de déshydratation, de fatigue, de jet lag, de piqûres de moustiques, quand même, de climat lourd et humide. Le soleil semble de plomb ... Mais pas de chance, j'ai dû faire un choix entre la crème solaire et le répulsif à base de DEET (la première neutralisant le second). Heureusement, l'eau minérale potable est peu chère, 20 bahts (50 cts) en moyenne.

Vu la vénération quasi divine accordée au Roi et à la famille royale en Thaïlande, le palais royal est bien évidemment démesuré. Il est interdit de critiquer la famille royale sous peine de représailles. Le roi est connu sous le nom de Rama IX et règne depuis 86 ans. Il s'agit d'une monarchie constitutionnelle, à l'anglaise. Il doit être autant aimé par son peuple qu'Elizabeth II. Toujours pratique quand on n'a pas le pouvoir politique! Ce dernier est donc détenu par le Premier Ministre, l'actuel ayant réalisé un coup d'État en 2006. Ses partisans sont les chemises Jaunes. Les partisans de l'ancien PM sont les Chemises Rouges. Ici, je retrouve les hordes de touristes inhérentes à ces grandes attractions. Les barrières de sécurité nous parquent comme des moutons, nous obligeant à passer systématiquement devant la sécurité. Je ne sais pas si elle était aussi présente avant l'attentat mais en tout cas ils mettent le paquet, même dans les centres commerciaux. Le Wat est doré de partout: c'est bling bling mais chouette! En tout cas, moi, j'aime bien ces mosaïques qui brillent de partout. Le fameux Bouddha d'émeraude est tout petit mais se trouve sur un autel magnifique, en bois couvert d'or, évoquant le chariot céleste busabok, à la base appartenant au culte hindou, la 2e religion du pays; on ne peut malheureusement pas le prendre en photo juste de l'extérieur donc la qualité laisse à désirer. C'est la chapelle royale. La statuette s'est baladée de Chiang Rai à Chiang Mai au Laos puis à Bangkok côté Thonburi (de l'autre côté de la rivière Chao Praya) puis enfin, là. De nombreux endroits pourtant impressionnants, comme la salle d'audience, ne peuvent être pris en photo.

 Beaucoup de doré ressortant sur le ciel gris ... La mousson n'est pas loin. 
2018. Si vous aviez besoin de comprendre pourquoi je les mets également, vous avez la réponse! 

Les premières gouttes de pluie tombent. L'averse est courte mais agressives: les gouttes sont grosses, rapides, elles font mal! Profitant d'une accalmie, je reviens sur l'artère principale à pied, faisant mine de très mal parler anglais lorsque les conducteurs de tuktuks m'abordent. Ça marche. Je fais mine d'être paumée et effrayée, ils me laissent en paix. Oscar de la meilleure actrice.Il est temps de se diriger vers le grand centre commercial MBK pour du shopping nécessaire, je n'ai pris que 2 tee shirts mettables. C'est le moment d'expérimenter le bus! Fort heureusement une place se libère deux arrêts plus tard. Je saute dessus sans demander d'avis (un reste de mentalité chinoise!). Il recommence alors à pleuvoir. Les bouchons me permettent un petit standby bien mérité.

Le centre commercial MBK est immense. Genre 5 fois les Halles, facilement. Les tee shirts anti transpirants ne sont pas si bon marché que ça, en revanche les autres boutiques proposent bien plus de hauts 100% coton qu'en Europe! Je trouve ce qu'il me faut, ainsi qu'une carte sim thaï avec plein d'Internet pour m'orienter en ville mais aussi pour les bus. Mais je n'ai que 20 bahts d'appels! Je ferai gaffe la prochaine fois. Mon portable est désormais débloqué. Des allées bondées d'échoppes me rappellent les bazaars et Camden High Street (oui comme mon chat). Je mange japonais pour 4€ (un bon bol de Udon) et je repars. En tuktuk cette fois ci en splitant le prix avec un américain et un néerlandais là depuis 2 semaines. Je rencontre des français fraîchement arrivés à l'auberge qui me proposent de venir manger avec eux. La flemme, demain peut être!

 La 2e fois, c'était Noël!
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Jour 2 - 16/10/2015

Toujours pas la dengue, toujours pas la chichi. De toute façon si je l'avais, je ne vous le dirais pas. Sinon, aujourd'hui, je vais prendre le bateau. Direction Wat Arun, le Temple de l'Aube, du nom du dieu hindou Aruna. J'ai l'impression qu'ici les deux religions s'inspirent et s'interpénètrent, je trouve cela plutôt cool! Je remarque également plein de petits autels partout, dans les rues, dans les hostels, dans les restaurants ... qui me font penser à des crèches.

La rivière Chao Praya est imposante, il y a beaucoup de trafic! Des bateaux bus, des bateaux taxis, des bateaux à touristes, des bateaux qui ne font que franchir la rivière ... J'ai mis du temps à comprendre que le bateau qui m'intéressait portait un drapeau orange ... 14 baths le trajet (environ 15 ou 20 cts). Le bateau-bus est bondé, mais le trajet est sympathique.

Le Wat Arun n'a pas "d'intérieur", c'est juste un monolithe sculpté, couvert de mosaïques. Il est cependant très joli, et également entouré de plein d'autres petits lieux de culte. Il est en rénovation pendant 3 ans ... Il était possible de monter, mais actuellement les échafaudages nous en empêchent. Cependant ... Je repère deux personnes que je prends pour des touristes passer le panneau "No entry". Hey, pourquoi pas moi, alors? Les ouvriers ne font pas attention à moi, et dès qu'ils tournent le dos, je me faufile entre les échafaudages. Je me cache quand même, histoire de .. Haha, palpitant! C'est le cas de le dire car j'ai tapé un sprint pour monter les marches de 10 cm chacune. C'est de l'escalade! Elles me rappellent les marches de Chichen Itza au Mexique. Je retrouve en haut les deux "touristes" .. Qui sont en fait des rénovateurs! Au moment où je m'aperçois de ma bévue, je suis prise de ... vertige. Oui, moi, de vertige. La plateforme est toute petite et ma carte bleue est tombée deux marches plus bas. Je la récupère sans demander mon reste et redescends vite fait bien fait!

 Pause food ! 
 Tout beau tout neuf!

Direction ensuite le marché aux amulettes, à pied, car le bateau c'est quand même pas mon transport préféré. Sur la route, première brochette spicy! En mode surprise motherf**ker, car vu que je ne demande rien et que je fais au pif ... ça piiique, mais pas de là à mettre les larmes aux yeux. La langue brûle. Surtout ne pas boire d'eau. Nooon. Mais les étals de sauterelles, grillons, vers et scarabées ne m'attirent pas pour autant, je n'ai plus faim.

Une dame essaye de m'arnaquer: 1500 bahts pour 10 amulettes! Sans parler du fait que quand je lui demande "c'est pour quoi" elle me sort des trucs totalement randoms. Faisant semblant d'être dupe, ce sera finalement 500 bahts (12€) pour 5, correct. J'aurais pu faire mieux, mais la flemme.

Je remarque une fois de plus le contraste de cette ville: après le marché, après des allées où je rentre presque carrément chez des gens, je tombe sur un centre commercial dernier cri, avec des toilettes à robinets et distributeurs de savon automatisés. Il y a même un Starbucks. Il y a plus de Starbucks à Bangkok qu'à Montpellier. C'est à se demander, qu'est ce qui est le plus fake, le plus aménagé pour les touristes? Les marchés "authentiques" ou les centres modernes?

Sur ces interrogations, je reprends le bateau pour aller à Chinatown. En me trompant. J'ai de sérieux doutes sur l'amulette que je viens d'acquérir.

Je commence ma looongue marche en me dirigeant vers le temple du Bouddha doré; pas de bol, d'après ce que j'ai compris, un membre de la royauté s'y trouvait! Fermant à 17h, il était 16h55 ... Ok super quoi, le roi qui m'empêche de visiter mon temple. Chinatown est juste en face. C'est très animé, et il y a trois fois plus de bouffe que ce que j'ai vu jusqu'à maintenant, c'est dire! J'achète un fameux pad thai (conseillé dans ces échoppes par mon Lonely Planet, ils sont paraît il plus authentiques), des vapeurs, des crêpes vertes où on met des ... cheveux .. dedans. C'est en fait probablement du coton candy, vu le goût. La crêpe est très salée, l'un ne va pas sans l'autre! Comparée à mon expérience dans la Changsha profonde, Chinatown est sympa. C'est à croire que tous les Chinatown que je connais, Londres, New York, Bangkok, sont toujours mieux que la Chine elle même!

Une maison écroulée, les rues, la Reine ... 
 Un authentique Pad Thai avec un oeuf Haribo ("kap"?), et des pancakes aux cheveux colorés plutôt étranges au goût. 

Je commence à fatiguer. Parfois, je me cale quelques minutes dans un supermarché avec la clim, puis je repars. Sur ma route, je passe par un parc qui semble être le parc des sports. Un commentateur parle dans le micro, et soudain, de la musique; Ce n'est que 30 secondes plus tard que je m'aperçois que TOUT le monde sans exception a stoppé sa course, son activité; ils sont tous totalement immobiles, tournés vers la musique. Amatrice de Doctor Who et Fringe, je vous avoue que ça m'a un peu fait flipper sur le coup. Je comprends vite qu'il faudrait que j'arrête de bouger moi aussi .. C'était en fait l'hymne thaï, et cela a lieu tous les jours à 18h.

La place du City Hall est animée: les gens viennent y prendre des cours d'aérobic en plein air, ou d'un art martial un peu bizarre où ils ne font que crier .. La nuit tombant à cette heure là en un quart d'heure, ils profitent de la fraîcheur. J'admire, au passage, la poétique Giant Swing. Pour rentrer, au lieu de prendre la route habituelle, je coupe par les canaux. C'est très joli, très typique, moins industrialisé ... Une bonne immersion dans la culture. Et oui, nous n'oublions jamais qu'il ne s'agit pas d'un pays du "Nord".

 Un peu plus de paix et de calme ... 
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Jour 3 - 17/10/2015

Il y a un marché flottant qui est très réputé, très touristique. Son nom est Damnoen Saduak. Beaucoup de gens à leur retour de Thaïlande en parlent, ils en ont été enchantés car c'est le plus grand du pays.

Et bien, ce n'est PAS celui là que j'ai fait! Il est à 2h de bus de Bangkok et aujourd'hui j'avais la flemme. Je suis allée dans un petit marché flottant très typique du nom de Talin Chan, toujours à Bangkok, éloigné du centre mais accessible facilement depuis mon auberge en bus climatisé.

Cette excursion a été LA bonne surprise de la journée, déjà par ce bus confortable, un petit temps de trajet, et le marché en lui même ... Génial! Il n'y a que peu de gens sur des barques, mais ça me suffit ... Le marché est surtout situé sur un gros ponton, tout comme les restaurants. Il est relativement petit, mais très animé. Il n'y a que très peu de touristes. Un petit orchestre joue de la musique. Le restaurant à côté est bondé de familles thaïs, qui partagent d'énormes poissons. Le repas thaï est centré autour du partage: un gros plat, d'autres petits plats, et on picore un peu partout. On utilise la cuillère comme une fourchette, et la fourchette comme un couteau (pour pousser dans la cuillère), c'est plutôt facile. Je m'installe dans un autre restaurant moins fréquenté, juste à côté et .. oh my god! J'y ai eu ma première meilleure expérience en matière de bouffe! Jusqu'à maintenant c'était bon, mais là, ce riz sauté était tout bonnement divin. Bizarrement, les crevettes avaient moins de saveur, mais ce n'est pas grave. Mon repas est rythmé par les éclats de rire des gamins qui se baignent dans la rivière, tout près. Un super moment.

 Et une bonne coconut water pour terminer! 

Il faut tout de même que je reparte: Il n'y a pas d'arrêt de bus à proprement parler ici, mais grâce aux autres gens, j'ai trouvé où attendre. Je décide de faire le trajet jusqu'à une station de métro pour me rendre à Chatuchak park/market/bus terminal où j'aimerais réserver mon ticket pour Sukhothai lundi. Dans le parc, je me fais aborder par un jeune homme qui me pose des questions en anglais pour un devoir, pendant que nous sommes filmés par ses potes. Il veut faire instit, tiens! Je me dirige ensuite vers Chatuchak market, le plus grand marché à ciel ouvert du monde, qui a aussi des airs de bazaar animé et étouffant. Il est divisé en sections, pour se repérer, ce qui est une bonne idée ... Je ne peux rien acheter pour l'instant car cela alourdirait mon sac. Fort heureusement, je serai à nouveau de passage à Bangkok samedi 28 novembre! Je le traverse en pensant tomber sur le terminal rapidement ... Et bien non. J'ai marché je ne sais combien de temps avant d'y parvenir, ça m'a semblé être une heure. Une fois le ticket acheté, demi tour, cette fois en coupant par le Queen Sirikit Park, qui m'a semblé romantique. Un détour pour rien par un parking m'amène à Chatuchak Park, également très joli, une belle bouffée d'air pur après avoir marché si près des voitures. De plus, mes conneries à Wat Arun et ses grandes marches se font sentir ... J'ai trop forcé sur mes quadriceps, j'ai mal toute la journée, je boîte dans les escaliers .. Trop chouette.

 Un peu con l'hippo rose des toilettes, non?  On comprend mieux en voyant d'autres toilettes ... Mais quand même ...

Un coup de métro pour me rendre dans un autre parc connu, Lumpini Park. Entouré de buildings, un poumon vert dans le quartier des affaires. Les gens font du sport, et à 18h, comme hier, l'hymne retentit et ils s'arrêtent tous. Cette fois ci je ne me suis pas faite avoir et j'ai pris une photo discrète.

Jeton réutilisable avant de prendre la "route sans fil", voir des gens s'arrêter à 18h pour l'hymne, puis se dépenser à l'aérobic ...

Je me dirige ensuite vers le temple hindou, le Sri Mahamaazmmaemama (je sais pas l'écrire .. Bon, ok. Le Sri Mahamariamman.) en passant au milieu des buildings. Le temple est petit, mais j'y pénètre en plein pendant une cérémonie, je me fais toute petite. Petit, mais magnifique. Les gens se succèdent en un calme ballet pour apporter leurs offrandes à Ganesh. Il y a de la musique, un homme chante des cantiques religieux, des tambours, flûtes et clochettes l'accompagnent. Je n'ai pas le droit de prendre des photos ... Mais j'ai eu le temps de prendre une vidéo avant qu'on me fasse la réflexion. Au retour du temple ... Massage thaï car mes épaules n'en peuvent plus! Le massage traditionnel est ... particulier. La masseuse (ce sont souvent des femmes, j'ai remarqué) utilise ses poings, ses genoux, son corps entier ... Ca fait mal à certains endroits! J'ai regretté d'avoir mangé juste avant. Elle me fait faire des exercices de souplesse en me tirant les bras vers l'arrière tout en appuyant ses genoux derrière mon dos .. C'est du sport, pour elle!

Retour en bus, par le quartier des centres commerciaux bling bling ... Encore du contraste! Arrivée à l'auberge, je décide qu'il serait temps de prendre une bouffée d'air frais ... Et une bonne baignade ...

 Hindouïsme, Siam Paragon de richouse et Khao San Road. 
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Résumé de cette étape: PLAGE, première rencontre intéressante, statues bizarres, stupas de sable.

Mes journées deviennent de plus en plus awesomes ... Et c'est drôle de voir comme des choix et des coïncidences changent le cours de la journée!

Prenez par exemple mon histoire de plage, alors que j'avais prévu d'aller visiter autre chose. Je prévoyais de prendre le bus de 9h, mais réveillée à 6h30, je me suis mise en route pour avoir celui de 8h ... et si je ne l'avais pas fait, aurais je rencontré Zarina, la Tadjikistanaise sympa avec qui j'ai passé l'aprem? Non.

Mais revenons un peu en arrière. Il faut savoir que les chauffeurs de bus ne sont pas pressés. Nous n'étions que 7 mais nous sommes partis à 8h30 ... avec une dame qui a attrapé le bus une fois qu'il avait fait le tour de la plateforme de départ! Bah c'est pas à Montpellier qu'on aurait fait ça. On me claque la porte du tram au nez à 2 secondes près ....

Sortir de Bangkok fait du bien. Observer la campagne thaïlandaise c'est chouette, c'est joli. Le bus est confortable pour 3h30 de trajet. À côté de moi, une petite japonaise de 8 ans lit un Chair de Poule ... en anglais. Et ben!

Au bord des routes. 

Arrivée à l'embarcadère pour Koh Samet où Zarina vient me parler, et nous sympathisons dans le bateau, parlant de nos expériences en Thaïlande ...

Nous accostons sur l'île 40 min plus tard. Il faut un peu marcher pour aller à la plage ... et payer l'entrée. Tant pis on n'a pas fait tout ce chemin pour rien! Et ça valait le coup ... la plage est paradisiaque. L'eau est chaude et turquoise, le sable est blanc. Après mes 3 jours de marche éprouvants sous 35 degrés à Bangkok, je suis restée dans l'eau jusqu'à être flétrie comme un pruneau. Je suis cependant la seule en maillot de bain ... tous les asiatiques se baignent habillés! Je fais la remarque à Zarina, qui me rassure: c'est culturel mais c'est de la merde. Il faudrait que tout le monde porte un maillot comme moi. "It's the way it should be".

Nous nous régalons de crevettes fraîches à la citronelle, nous flânons, nous nous racontons nos vies. Zarina travaille pour la Croix Rouge. Et elle me glisse aussi que les Tadjikistanais ne peuvent pas se blairer les Chinois. Personne ne peut se blairer les Chinois. Ni les Japonais, ni les Thaïs, ni Hong-Kong, ni Taïwan, et donc, ni le Tadjikistan.

Première expérience avec le really spicy ... une sauce au piment, à part. Ah ouais quand même! Tremper la cuillère dedans me suffit.

À 16h, la plage privée ferme et nous sommes virées de nos transats. Nous marchons un peu jusqu'à ce que je reprenne mon bateau, Zarina restant pour la nuit. Super rencontre, en tout cas!

Au retour, j'ai tout juste le temps de monter dans le bus que la mousson se déverse. Vous voyez les murs d'eau décoratifs? La même sur les fenêtres du bus.

La route du retour s'annonce longue ... mais peu importe, cela ne gâchera pas cette journée pour autant!

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Résumé de l'étape: Sukhothaï Ancient City, LanSang National Park, les Thaïs sont géniaux, spiritualité, Pick-Up les cheveux au vent!

C'était le premier loooong voyage en bus, 8h de route.

J'avais lu quelque part que le confort des bus grandes lignes laissait à désirer. Je ne sais pas quelle compagnie de bus avait prise cette personne car, de mon côté, c'était plutôt agréable comme trajet. Je l'ai d'ailleurs attrapé de justesse, juste le temps d'acheter un sandwich au ... gras de poulet ?? Beurk! C'était dégueulasse, et même pas gardé au frais. Heureusement nous avons fait un stop pipi/bouffe sur la route, dans des locaux ruraux mais soignés. Avec des toilettes sans chasse d'eau, pour lesquelles il fallait mettre le papier sale dans la poubelle, puis évacuer avec une bassine d'eau: plus on met d'eau plus ça part, et le volume d'eau dans la cuvette n'augmente pas. C'est plus technique qu'il n'y paraît.

Les paysages défilent, mais se ressemblent un peu.

Arrivée à Sukhothai à 19h. Bien entendu, des chauffeurs de taxi me sautent dessus!

"Sukhothai new city center!- No thanks.- Taxi ! Ma'am! 300 bahts!- No thanks!- 300 bahts!- No sorry, I wanna walk.- Why?- Because I want to !!" (se retenir de ne pas rajouter "moron" à la fin de la phrase ... Et oui c'est bel et bien la conversation!)

J'ai un peu regretté ce choix ensuite. C'était bieeeen plus loin et long que ce que j'imaginais. Et j'étais bien contente d'arriver de nuit, et d'avoir de bons skills d'orientation, et un screen de Google Maps. J'ai mis 1h pour arriver à ma guest house, avec mon sac sur le dos. Il y a quelques bars et restaurants qui sont les bienvenus, car je commence à être écoeurée de la street food (oh pauvre choupette!): trop gras (micro trauma depuis que j'ai mangé une brochette de gras de poulet), pas assez nourrissant. Le riz et les nouilles sont trop bons, ici ... Le Pad Thai aussi, quelque soit la manière de l'écrire.

La guest house est jolie, mais ma chambre ... est une fournaise. Le ventilateur au plafond ne rafraîchit qu'un peu la pièce. Ah, il y a une tache sur la couette. Oh, il y a des bestioles (moustiques et autres) sur le matelas ... Je m'asperge abondamment de répulsif et croise les doigts pour que ma nuit se passe bien.

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Jour 1: Visite de Sukhothaï

Mieux que je ne l'espérais, finalement. Je n'ai QUE 3 piqûres que je puisse sentir et compter, et le sauna s'est un peu rafraîchi dans la nuit. Je dors quand même la tête sur mon coussin chinois (et non germain haha), d'une c'est plus confortable, deux je sais pas s'il y a des poux mais je le sens moyen, cet oreiller.

Pour commencer la journée, je fais un rapide tour au temple de Sukhothai, paisible et plein de poules et coqs. Ici, les coqs ne sont pas fichus pareil que chez nous: ils sont plus fins, plus allongés, semblent plus grands lorsqu'ils allongent leur cou. Au départ quand j'avais vu des statues décoratives de coqs (symboles de virilité probablement?) j'avais trouvé qu'ils étaient bizarres, un peu déformés. Ah non, c'est juste qu'ils sont moins ramassés que les nôtres.

En sortant, rencontre de la journée: Phitsanu, prof d'anglais pour collégiens, qui me tape la discute pour pratiquer son anglais. Je gère de mieux en mieux, les réflexes reviennent. Ça me vient plus naturellement qu'au début du voyage, c'est sûr! Il me propose de m'emmener en scooter voir le temple Phra Mae Ya, dédié à la mère du roi Jaipacomprisonnom qui a régné il y a 700 ans. Phitsanu m'apprend quelques mots, à dire Sawadee Ka en joignant les mains convenablement selon à qui je m'adresse, m'apprend aussi à prier: joindre les mains, s'incliner jusqu'à les poser sur le sol, répéter trois fois. Et cette charmante dame, Phra Mae Ya, m'a gratifiée d'une prédiction: pour ce faire, prendre un pot avec des bâtonnets dedans, secouer, le premier qui tombe correspond à un numéro: sur le côté, de petits casiers avec les numéros, où les prédictions sont écrites sur de petites feuilles. Alors sachez donc que je vais être heureuse, que je vais trouver l'amour (lol, dans une poubelle probablement), et que je vais gagner de l'argent (si c'est relatif aux concours de la fonction publique que j'espère passer en rentrant, ce serait cool). C'est quand même pas mal comme croyances, car si on y croit dur comme fer, quand on tombe sur ce genre de prédictions on ne peut être qu'optimiste. Même à travers un moment de tristesse, si la déesse a prévu joie et bonheur, ça veut dire que ce n'est qu'une passade. C'est tout un système différent en ce qui concerne la vision de la vie, et finalement, ce sont eux qui le font arriver ... La prédiction dirige la vie dans le sens où elle va donner un déchiffrage des évènements particulier.

Phitsanu m'amène ensuite au bus qui va vers l'Historical Park, un songthaew/sorngtaaou, où l'on s'assoit sur des planches qui font mal aux fesses.

Sukhothai (Rising Happiness, oui Bonheur Ascendant c'est bof) est une ancienne capitale, fondée en 1257, faisant face à l'empire Khmer: le nouvel empereur y gagne des terres allant jusqu'à Vientiane. Je n'ai non plus aucune idée de son nom car le Lonely Planet a décidé que ce n'était pas important de le mentionner, malgré le fait que ce soit lui qui ait développé l'alphabet thaï. Comme si on disait "bon y'avait un roi en France il a construit Versailles et voilà". Et je n'ai pas retenu les panneaux du parc ... Je les ai pas tous trouvés. Déjà je me suis rendue compte au milieu de la visite qu'on pouvait avoir un audioguide ... Bon ok, raté ce coup ci. Les ruines sont ceci dit très belles. Beaucoup de colonnades avec une statue de Bouddha au bout qui se ressemblent entre elles. Le parc est assez grand, et je m'y balade pendant 4 bonnes heures, dedans, autour, en me posant à l'ombre, en prenant le temps, en avalant mes 2 litres d'eau quotidiens car sous le soleil, c'est dur. Chercher l'ombre quand on marche, toujours ...

 Des vaches aux formes bizarres ... Et de la cruauté animale.
 Leur roi est surnommé "Dad". Phitsanu a d'ailleurs un bracelet "I love my father" jaune, aux couleurs du roi. 

Retour vers New City en songthaew ... Avec un chauffeur un peu creepy. Me voyant manger ma glace, il commence par dire "aaah, ice cream, arroy (délicieux), slurp slllllurp", heureusement un "please stop this" de ma part lui fait comprendre que c'est inconfortable pour moi. Pas pressé de partir, et lorsqu'il se met en route, il va bien moins vite que les vélos et klaxonne tout le long. Je crois qu'il n'est même pas sur la bonne file: en fait, il cherche des gens, il racole. Il accélère lorsque nous sommes un peu plus, frôlant les vélos, pilant pour prendre quelqu'un ... Ce type est un peu dangereux.

J'ai mis longtemps à décider de mon programme de demain: je pensais aller à Kamphaeng Phet, autre capitale de région, qui a un parc ressemblant à celui de Sukhothai. Mais on conseille aussi Si Satchanalai, petite bourgade où il y a encore un autre parc historique. Mais ... cela vaut-il la peine? Qu'est ce qui est le mieux? Comment se décider? Finalement, rien à voir: je vais essayer d'aller dans un parc national, pour un peu de nature plutôt que des ruines, encore.

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Jour 2: LanSang National Park

Après m'être pris la tête toute la soirée pour trouver dans quel parc national aller, j'ai enfin fait mon choix: Lan Sang National Park, avec des cascades, tout ça. C'était tout de même pas facile de faire comprendre où je voulais aller ... La dame me facturera finalement un aller pour Mae Sot, le terminus (130 bahts quelle arnaaaaque). J'en profite pour prendre mes tickets pour Chiang Mai pour demain.

Bon, là je dois admettre, les minibus sont moins confortables bien que plus rapides. C'est un peu plus chaotique. Passé Tak, nous nous arrêtons dans une station service avec un 7 Eleven, et je me risque à goûter les petites brioches vapeurs fourrées au porc que j'aime tant ... Du moins en France car celles ci sont dégueulasses! La pâte c'est du caoutchouc, la farce, des bouts de gras. Déception.

Le minibus me dépose au bord de la route et je commence mon ascension d'environ 3 km (enfin je pense, peut être plus, j'ai vu nulle part la distance) jusqu'au Visitor Center puis aux cascades, non loin de là. Ça grimpe! Il y avait marqué 150m mais ils auraient pu préciser que c'était le dénivelé! Peu importe, grâce à mon arrêt de la clope, moi, rien ne m'arrête. Je continue même un peu plus loin sur le chemin, bien que des branches d'arbres me barrent le passage, c'est l'aventure! Quelques mètres plus loin, une petite descente me mène au bord de la rivière, où un groupe de thaïs quittent les lieux. Je suis toute seule ... Allez zou, à poil, le temps de mettre le maillot, et petite immersion dans la rivière: là où il n'y a pas trop de courant mais où ce n'est pas trop stagnant. Je n'ai pas envie de me retrouver avec, par exemple, des sangsues dans des endroits incongrus. Mais ça a l'air sécurisé. L'eau est fraîche et ça fait un bien fou après avoir perdu mon poids en eau par tous les pores de ma peau. Le paysage est magnifique.

Mais oups ... La tête commence à me tourner un peu. C'est mon corps qui me dit "hey c'est bien beau de se dépenser mais c'est pas avec une brioche dégueulasse dans le ventre que je vais tenir, avec tous ces efforts!" pauvre corps, il ne comprend pas ce qu'il se passe, déjà que des fois j'ai des douleurs ou brûlures aléatoires et rapides un peu partout sans explications ... Je vérifie qu'il n'y a pas de bestioles dans mes vêtements, et je redescends un peu patraque. Petit arrêt par l'autre cascade également, les marches sont raides, je vais regretter à la montée ... Mais au pire si je tombe dans les pommes, il y a des gens à côté. Arrivée au Visitor Center, horreur! C'est fermé, il n'y a rien à manger. Une demi heure de plus de marche en descente me fait arriver au petit restaurant, où la dame ne parle pas un mot d'anglais ... Elle me dit "pad thai", je secoue la tête avec enthousiasme, mais finalement ce sera du riz avec du boeuf. "Boeuf" se dit "mooh", d'ailleurs. Comme si pour inventer le mot ils étaient allés voir un boeuf et lui avaient demandé "hey comment tu t'appelles?" "Mooh" "Ah ok" (comme "chat" se dit "mau" dans certaines langues ...)Pour demander le prix, je dessine un gros B barré (symbole de Baht) avec un point d'interrogation, et je lui montre, et lui donne mon stylo. Elle m'y écrit le prix. En partant, elle a tenu à remplir ma bouteille d'eau. Sympa!

Je redescends totalement, encore 30 min de marche pour sortir du parc; le bus arrive dans 10 minutes, selon la dame. Il faut l'attendre sur le bord de la route, là où il y a pas d'arrêts. Et être réactive pour lui faire coucou pour qu'il s'arrête. Première "erreur": être du mauvais côté de la route. Non, je ne me suis pas trompée de sens, mais en face c'est en plein cagnard. Je compte sur le fait de l'apercevoir de loin et courir de l'autre côté. Cependant, j'avais négligé l'idée du "euh ... C'est ça le minibus? Oui? Non? Hummm ..." qui a fait qu'il est, je crois, passé sous mon nez.

En fait je ne le saurai jamais avec certitude car dès que j'ai traversé la route, deux hommes avec un pickup aménagé avec des banquettes comme souvent ici me demandent où je vais. A Tak, pour trouver un bus vers Sukhothai. Ils me proposent de m'emmener, et gratuitement. Allez, ok, si j'ai raté le bus c'est trop chiant ...Wouhou, quelle expérience! Le vent dans la gueule à 100 km/h pendant 20 km! On ne peut pas trop bouger. Dommage pour une seule chose: je n'ai pas pu faire de photos des champs verts de soja et de riz avec les montagnes en arrière plan, une vraie carte postale. Mais bon ne nous plaignons pas trop. Ils me déposent à la gare routière, et après tous les remerciements possibles, j'attrape un minibus pour Sukhothai qui part 10 min plus tard. Parfait, parfait! Et comme si je n'avais pas assez fait de rando, je laisse tomber l'idée du tuktuk pour marcher les 2,5 km qui me séparent de la guesthouse, de jour cette fois ci. C'est, bizarrement, beaucoup plus vivant et joli. Peut être demain vais-je refaire ce trajet en sens inverse ... Tout dépend d'à quelle heure je me réveille, de quand je veux bouger, etc. Départ pour la grande ville du nord, Chiang Mai, demain!

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Résumé de l'étape:

  • Jour 1: Plein de temples, rituels, nouvelles saveurs, nouvelles rencontres!
  • Jour 2: Papouilles de tigrounets.
  • Jour 3: Elephant hell yeah, jungle trek, peuplades paysannes, bonnes soirées!
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Départ de Sukhothai en milieu de matinée, mon sac sur le dos, prête à marcher pendant 1h jusqu'à la station de bus ... Du coup, je suis partie plus tôt. Je n'ai jamais pris cette route dans ce sens là, juste deux fois dans l'autre sens, de nuit puis de jour. Je n'avais donc jamais vu le petit panneau en carton mentionnant "BUS STATION" permettant de couper à travers champs par une toute petite rue ... Et effectivement ... 5 minutes plus tard je suis au terminal de bus ... Dans ces moments là on est forcément content mais aussi un peu blasé, surtout quand c'est le jour du départ. Pour rester optimiste, disons que jusque là, ça a fait faire du sport ...

Il n'était peut être pas temps pour le sport, parce qu'une fois arrivée et assise, je commence à me sentir ... Bizarre, nauséeuse et la tête qui tourne. Un peu dans les vappes, quoi. Sans compter ma petite paranoïa d'avoir chopé une infection dans la rivière ... Je prends un Doliprane, m'installe dans le bus un peu à la ramasse en espérant ne pas avoir plus envie de vomir pendant le trajet. Un peu shootée, je finis par aller mieux, j'arrive même à manger un poulet au lait de coco pendant la pause ... Et puis tout s'éclaire: je crois que je fais une réaction hormonale du fait que j'aie décalé mon cycle de pilule de 5h! Ça peut aussi expliquer pourquoi je me sens un peu nerveuse aujourd'hui.

Bref, pas plus à dire car ça va mieux, maintenant. Le bus continue sa route, passant plusieurs contrôles de police (j'en avais eu un la veille dans le minibus également, j'avais montré mon passeport), alors franchement qu'on se le dise ... Par là où je suis passée, la Thaïlande, ça craint pas. Entre ces contrôles, les passages aux détecteurs de métaux à Bangkok dans les métros et centres commerciaux, et le fait que tout le monde laisse ses affaires dans le bus quand on s'arrête ... Mes potes avaient raison, il est vrai que le vol est mal vu mais je ne pensais pas me sentir autant en sécurité. Ne prenons pas trop confiance, les autres pays seront peut être différents!

Le paysage change. Des champs de riz (je ne sais pas si on peut les appeler des rizières vu que ce n'est pas en terrasse?) verdoyants de Tak, nous passons ... à la jungle, le paysage se fait plus montagneux, les routes plus escarpées ...

Arrivée à Chiang Mai, je prends le minibus pour aller en centre ville (j'ai compris la leçon) malgré les embouteillages. Ce qui s'est passé ensuite, je ne sais pas si je dois le prendre comme une mésaventure ou non: Je vois une jeune fille descendre avant l'arrêt, et j'ai l'impression d'être plus proche de mon hôtel en m'arrêtant là. Je descends, le billet à la main, mais aussi pour demander où nous sommes, montrant ma carte. Je ne comprends pas pourquoi soudain le chauffeur s'énerve "ta tié tap" répète-t-il, un truc comme ça, et il finit par démarrer alors que je suis encore appuyée sur la carrosserie ... Ok tant pis pour toi, tu as perdu 30 bahts. Heureusement grâce à Google Maps, je me repère facilement, et arrive à mon auberge. Check in, petit tour aux alentours, je m'installe à une table pour manger de la street food, et comme il n'y a que peu de place, un local se faisant appeler Ben vient manger en face de moi. Il a vécu 2 ans à New York donc il parle bien anglais. Il est sympa, je l'ajoute sur Facebook (en restreint, il ne voit pas tout mon compte) et peut être que nous nous reverrons dans les jours à venir pour le night bazaar de Chiang Mai. Là, j'ai plutôt besoin de repos après mon petit coup de mou, et aussi de chercher si le Tiger Kingdom que j'ai repéré est éthique (il l'est), de même pour l'Elephant Nature Park. Ce seront de petits écarts de budget, au delà des 20€ par jour que je me suis fixés!

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Jour 1

Plusieurs remarques, déjà:- Le climat de Chiang Mai est BIEN meilleur que celui de Bangkok. Il fait chaud, mais moins. C'est aussi moins humide. Je n'ai mis le ventilateur que la première partie de la nuit. Ça fait vraiment du bien. - Il y a de l'eau chaude dans la graande douche ! - J'ai enfin compris comment utiliser les toilettes convenablement. Après avoir fait son affaire, il faut prendre la douchette et se rincer avec. Ensuite, on s'essuie avec du papier qu'on jette dans la poubelle. C'est parce que leur papier toilette ne se dégrade pas dans les canalisations. C'est étonnamment propre, finalement, et c'est pas grave si on a les fesses un peu mouillées. Écologique, pas spécialement, car si le papier ne se dégrade pas il faut bien le jeter quelque part. - Je n'ai pas trop parlé de mon ressenti vis à vis des chauffeurs de tuktuks. Imaginez des "hey mad'moiselle" incessants toute la journée, avec klaxons, sifflements ... Sauf que là c'est pour l'argent. C'est chiant, mais ça me met moins mal à l'aise que si c'était sexuel.

Bref! Visite de Chiang Mai à pied, donc. Cette ville est super! Je la compare à Salzburg en Autriche car quelques gros points communs: le nombre de temples est honorable pour la petite aire du centre-ville (mais dans toute la ville: 350), tout comme Salzburg avec ses églises. Il y a plein de jolies petites rues, bien plus belles qu'à Sukhothai. Il y a une concentration de bars-restos près de mon auberge, ce qui fait bouger ce coin là. C'est une ville de taille moyenne, étudiante. Elle est dominée par des montagnes sur lesquelles est juché le temple Doi Suthep (voir plus loin), il y a un peu moins de collines qu'à Salzburg, mais en tout cas c'est marrant d'avoir ce même ressenti!

Sur le chemin menant aux temples, je commande un smoothie. Au départ je voulais goûter au Fruit du Dragon, mais la jeune femme me dit que si je ne connais pas le goût, je ne devrais pas choisir cette option .. Alors, non, le fruit du dragon n'est pas dégueulasse comme le durian pourrait l'être. Il n'a juste ... Pas beaucoup de goût, bien qu'une jolie couleur! Mon choix se porte donc sur mangue/fruits de la passion.

Il y a beaucoup, beaucoup de photos de temples. Je vous laisse constater par vous-mêmes!

 Wat Chiang Man, et des oiseaux en cage ... mouais ... 
Wat: Lam Chang, Khuan Ka Ma, Lok Mo Lee, Phra Sing, Chedi Luang (pour l'exotisme des noms!)  

Le dernier petit temple était interdit aux femmes. Ouille, ça pique. Partagée entre "mais personne ne me traite comme ça!" et "ouais mais c'est pas ta culture quand même, c'est irrespectueux", je trouve un compromis en dépassant le panneau mais en restant sur le seuil pour prendre une photo. Peut être que ce temple contient le secret de la féminité (et de ce que ça veut vraiment dire) et que les hommes ne veulent pas que les femmes sachent qu'ils savent? ^^

4 heures de randonnée urbaine plus tard, après avoir décidé que ce serait super d'aller à Doi Suthep aujourd'hui, et harcelé des chauffeurs de songthaew pour savoir s'ils s'y rendaient (ils répondaient "nooo, noooo" en agitant la main comme si j'étais en train de les agresser), je trouve un endroit où il peut y avoir un regroupement de touristes. Seule, le prix aller/retour serait de 500 bahts, à 8 ou 10 de 100 bahts. Je pensais attendre longtemps, mais finalement, au bout de 20 minutes, des français de Bayonne arrivent! Discussion, nous sommes ensuite rejoints par un groupe d'allemands, et n'étant que 6 le chauffeur nous propose 150 bahts A/R, bon deal. Cela nous prend un peu plus d'une demi heure pour sortir de Chiang Mai et ses bouchons et monter tout en haut, la route étant viragée (ça existe ce mot? Maintenant, oui). En arrivant, il nous reste à gravir pas mal de marches ... Mais ça vaut vraiment le coup. La vue sur Chiang Mai est superbe, le temple est grand, très doré, et plein de monde est venu prier.

Des toilettes spéciales pour les moines pour leur intimité! Et des Khao Soy noodles tout à la fin.  

Redescente 1h15 plus tard, j'ai craqué sur quelques souvenirs (dont un étant un cadeau pour ma mère! Évidemment, j'étais bien partie pour un peu d'économies mais là c'est foutu, je suis en "budget normal". Je me sépare des français, n'osant pas non plus les suivre à la trace; ils ne m'ont rien proposé non plus, donc, tant pis, rencontre sympa éphémère. Je file réserver mon trek avec les éléphants, les long necks, les Karen, la jungle et le plus haut sommet de Thaïlande (ouaais, tout ça! pour 70€ environ. Budget "hors vie quotidienne" qui s'impose, donc, sinon ça va me déprimer), programmé pour dimanche (car il faut partir tôt et là je veux me reposer demain, en tout cas jusqu'à maxi 10h30 vu que je veux aller voir les tigres, ce qui va encore me coûter 40€, mais bon, il faut en profiter tant que je suis là!)

Le soir même, je rencontre David, un suisse francophone, et Martin, un américain de l'Indiana, au petit bar juste à côté de mon auberge, le Chill Out Bar, qui contribuera pour beaucoup à mon bonheur à Chiang Mai. Son propriétaire s'appeller Jassadaporn. Plusieurs bières, des anecdotes (beaucoup concernant les toilettes!), des Khao Soy, spécialité de Chiang Mai, et du Thai Whiskey qui est en fait entre le whisky et le rhum. Sympa comme soirée.

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Jour 2

Les deux jours suivants, je les ai passés à caresser des chats et faire du cheval. Non je déconne, j'ai caressé des tigres et fait de l'éléphant. Comme prévu, je veux aller voir les tigres. Comme pas prévu, la dame qui vend le taxi aller/retour pour 150 bahts n'est pas là. Je me mets en quête d'un autre moyen de transport, je trouve finalement un chauffeur de songthaew avec qui j'ai réussi à très bien marchander. Normalement ça aurait été 600 bahts vu que j'étais seule (encore!) mais finalement je m'en tire à 250 bahts aller/retour et il m'a attendu. Pauvrette, il ne faisait pas beaucoup de chiffre d'affaire ... Et puis donc, ces tigres, ah, ces tigres !! Ça m'a quand même un peu chagrinée qu'ils soient en cage, car les avis disaient que les cages étaient "grandes" .. ouais m'enfin ce sont des tigres. Ils ne sont pas drogués paraît-il mais dorment beaucoup, comme tous les félins. En fait, on dit souvent "l'éthique, l'éthique", mais dès qu'on a l'occasion ... Quand même ... Presque impossible de résister. Ils sont plusieurs par cages, et les gros tigres mâles ne se battent pas entre eux. Les instructions sont plutôt strictes, mais bon il vaut mieux ça que de se faire décapiter. Les tigres ont le poil dru, mais c'est quand même une super expérience de les caresser. Et les tout petits, de 3 mois, on peut toucher leurs pattounes et leur faire des bisous sur le ventre.... Mes chats me manquent beaucoup!

Sinon, j'ai goûté leur riz gluant qu'ils font sucré (avec de la mangue et de la noix de coco), et un red-curry ultra spicy le soir. Les espèces de grosses bogues sont des durians, le fruit qui pue et qui a un goût de cadavre en décomposition mais qu'ils adorent dans cette partie du monde. Mais c'est à tel point qu'il est interdit d'en consommer dans certains lieux publics fermés comme le métro.

Gros tigre de 18 mois. 
12 mois 
6 mois. 
 Les tout pitits de 3 mois!

Une rétrospective car je refais encore ce blog en 2021: En regardant ces photos et vidéos, je pense qu'il faut nuancer pas mal de choses. Je ne crois pas que ce soit très moral, je ne referais pas ce genre d'excursion de ma vie, une seule expérience était suffisante. Mais maintenant, quand je regarde ces petits tigres, je me dis qu'ils sont nés et élevés en captivité, on les habitue très vite aux humains, donc ensuite ça donne de gros tigres patachons qui n'ont pas du tout le même comportement que des tigres sauvages qui se font braconner. Ils n'ont connu que ça donc ils ne doivent pas être si malheureux. Ils restent dangereux car s'ils veulent griffer comme un chat, ben, ils vont t'emporter le bras avec. C'est pas génial ok, mais ce n'est pas aussi horrible pour les tigres qu'on peut le penser, finalement.

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Jour 3

J'avais réservé un tour/trek pour une non-tourist area. Bon, vous êtes peut être aussi sceptiques que moi au départ: si on le propose, ça devient forcément touristique. Et bien figurez vous que finalement, ça ne l'était pas tant que ça. Le tour s'adressait à un tout petit groupe, et ce jour là ça tombait bien, j'étais seule. Oui, ça fait que j'ai eu un guide personnalisé, aux petits soins. Rendez-vous devant sa boutique (à 10 minutes de marche de mon auberge) à 7h du matin. Déjà la ponctualité est ok ... Nous nous arrêtons une 1e fois pour acheter des bananes. "Elephant food!". Nous prenons la route vers Mae ... Bon, dans cette région, il y a trop de "Mae quelque chose". Je crois que c'est Mae Wang mais je ne suis pas à 100% sûre. Le guide (Mr Poo de son nom, Poo voulant dire CRABE en Thaï, merci, pauvrette) m'arrête à un 7 Eleven en me conseillant de prendre quelque chose à grignoter. Bonne idée. Nous continuons donc notre route (avec un 4x4 très confortable) en nous insinuant dans les contreforts du parc naturel de Doi In Thanon, prenant une route pleine de virages (où les gens klaxonnent avant chaque virage pour pouvoir le prendre au milieu sans souci), et après être passé devant un camp d'éléphants "pour touristes chinois" où les gens chevauchaient l'éléphant avec une selle sur le milieu du dos, ce qui est TRES mauvais pour l'animal .. Nous nous engageons sur une petite route cabossée presque sortie de nulle part. Rien n'est indiqué, il faut être du coin pour le savoir. On ne peut même pas y passer deux voitures! Et nous y sommes. Je suis (du verbe suivre) le mahout désigné. Bon, mon guide a l'air de me prendre un peu pour une conne en précisant que les éléphants ne mangent pas de viande, mais ok. J'ai un peu bugué en voyant un éléphant enchaîné par la patte en arrivant. Je le fais remarquer, et il me dit "sinon, il viendrait attaquer les villages". Sounds legit. J'apprends également qu'un éléphant ne dort que ... 3 à 4h par jour. Et vous savez pourquoi? Car il crève constamment la dalle. Bref, mon premier contact avec l'éléphant, Boje de son prénom (il n'y en a que 3 ou 4 où nous sommes): troooop bizarre. Autant avec les tigres j'étais très à l'aise, autant avec les éléphants, au départ, c'est perturbant. Ça ne ressemble à rien de connu chez nous. Ça a une putain de trompe baveuse et intrusive, carrément phallique, qui réclame à bouffer. Oui, j'ai eu la même sensation qu'avec un pénis au départ, qui bougerait dans tous les sens, et c'est bizarre. En plus ça vous souffle dessus. Mais au bout de 3 minutes, on s'y fait. On sait où mettre les bananes pour qu'ils les portent à la bouche.Le mahout me dit de monter sur sa nuque, genre allez, aucune protection, comme ça, bim, yolo. Je n'ai jamais été aussi contente de ma vie d'avoir fait 8 ans d'équitation car bizarrement je n'avais pas tout oublié, comme le réflexe de serrer les cuisses si ça part en sucette, et de me pencher en montée ou de me cambrer en descente. L'éléphant bouge pas mal, donc au départ ça fait un peu peur. Ensuite on se dit qu'on doit lui faire confiance ... Enfin, en TRES grande partie au mahout. Vous savez, quand un cheval s'emballe et qu'il part au "triple galop" en balade. Vous imaginez pareil avec un éléphant?Au départ, c'est étonnamment confortable. 5 minutes après, mes jambes étant juste derrière ses oreilles, je commence à sentir un fort picotement au genou gauche. Peu importe! C'est génial! Une sensation inégalable. Celle de chevaucher la puissance incarnée. Le mahout crie d'une façon faisant penser un peu à un retardé, du style "AH! Aaaaanh .. Oh! Uuuuuuh" mais ça marche. Une grande montée, une grande descente, le tout ponctué par un éléphant qui veut bouffer toutes les branches feuillues qui passent. N'ayant pas de rênes et seulement sa tête pour mettre mes mains, je laisse le mahout s'en occuper. Parfois, il me lance des bananes pour les donner. La trompe se tourne vers moi et je mets le fruit entre les deux narines. Quand je n'ai plus rien, je le laisse sentir mes mains. Vraiment génial, donc. Un tout petit peu moins quand en arrivant je m'aperçois que j'ai fait une allergie: la peau de l'éléphant a quelques poils très durs qui peuvent piquer comme un dard. Et quand on n'est pas habituée ... Je ne suis pas la première à qui ça arrive car dès que je montre mes symptômes, ils savent me dire ce que c'est, et la jeune fille m'applique un baume spécial. En tout cas, c'est l'heure de doucher l'éléphant! Le mahout l'a amené dans la rivière, et à l'aide d'un petit récipient, je le douche. Comme depuis le départ, le guide me dit "photo! photo!" je cède car c'est quand même cool. J'avais pu lui laisser mes affaires en toute confiance, aucun souci. Il a fait des photos et des vidéos. En revenant mettre mes chaussures, je donne une dernière fois à manger à tous les éléphants, et même un éléphanteau de 13 ans (un ado, quoi), avec un petit groupe de français passant par là.

Après cette expérience unique, un peu de route s'impose. Le guide me parle de certaines choses que je vais retranscrire ici, mais pas tout car il parle pas mal anglais mais par parfaitement. Oui, je vous jure, pour le coup ce n'était pas moi qui déconnait. "Cou" pour "cold", "ablicouyer" pour "abricotier", bon, pas grave je me suis débrouillée. Nous passons par un village karen, puis hmong. Les Hmongs viennent de Chine et le village est tel qu'on se l'imagine. J'ai vu une femme avec un bébé "en bandouillère" venir acheter quelque chose à l'épicerie, mais je n'ai pas eu le temps de la prendre en photo.

Il est presque midi. Le guide m'amène à un point de ralliement de Doi Inthanon, où un autre guide va s'assurer que nous traversions la jungle sans souci .. Moi, et 5 étudiants ingénieurs venus de Chiang Mai! Nous parlons un peu, mais il s'avère qu'ils sont tous plus intéressés par le fait de faire des photos. Chacun des 5. Dans des points stratégiques. Oui, nous avons perdu 30 min en tout.Ceci dit, le circuit était épique. De la jungle et des cascades, mais aussi des rizières, bonne surprise à l'arrivée. Après que tout le monde ait fini de prendre ses photos, nous arrivons au petit village de Ban Mae Klang Luang (j'ai l'impression que c'est une combinaison de noms communs), où je retrouve mon guide qui me donne du riz frit avec des légumes (miam!) et où les locaux m'offrent du café et du thé. 1) Le thé n'est pas en sachet, il faut manger les feuilles ou les éviter 2) J'ai moulu moi même le grain de mon café. Pas mauvais, pour chacun d'eux.Il s'agit d'un village qui a été promu par le roi. Il vivait tranquillement jusqu'à la déforestation pour produire du tek. Le roi est alors intervenu pour y développer une nouvelle forme d'agriculture. Depuis, le village se maintient. Long live the King.

Jungle. 

Après le repas, nous allons donc à Doi Inthanon, le point culminant de la Thaïlande, où se dressent les pagodes du Roi et de la Reine. Et il fait froid et il pleut. Ça fait partie de l'aventure. C'est pas mal, mais pas plus d'une demi heure par ce temps. Du coup, je suis en avance. Le guide m'amène dans une ferme à orchidées (cool!) et à une énième chute d'eau. Puis direction Chiang Mai. Ce tour était super, pour 60€ avec les entrées, l'essence et la bouffe, cool! Je recommande! Si vous prévoyez de partir à Chiang Mai, demandez moi les coordonnées, pour un vrai périple au fin fond de la Thaïlande.

Ceci dit, j'ai besoin d'une bière. Retour au Chillout bar que j'ai officiellement renommé le Shannon de Chiang Mai, parce qu'il est cool. J'y rencontre Simone l'italien un peu mytho qui a tout fait dans sa vie, et Pimporn (oui ...) une nana qui ne manque pas d'énergie et avec laquelle je vais manger ensuite. Demain, nous aurons peut être d'autres plans!

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Résumé de l'étape:

Apprendre à faire du scooter à gauche, près de la Birmanie, rencontre des "femmes girafes", lanternes, route à 1000 virages.

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Il y a quelque chose que vous devez savoir sur moi: je n'ai jamais conduit de scooter de ma vie.

Ni conduit à gauche.... Et bien maintenant, si!

Le trajet via Mae Sariang est interminable: 8h30. Mais nous faisons 3 pauses toilettes en repas en tout, c'est honorable. Il y a 1864 virages entre Chiang Mai et Mae Hong Son en prenant cette route du sud. Oh, et le bus roule la porte ouverte, à tel point que j'en ai eu des sueurs froides quand la pochette que je porte normalement autour du cou, avec mon portable, ma carte bleue et mes sous, était tombée du siège ... Sans exagérer, à 10 cm des escaliers du bus, donc de la route. Le cordon a été un peu retenu par le siège. Pfouuu karma, tu es sympa de faire ça.

C'est vrai qu'il y a beaucoup de virages. Et ça prend du temps. Mais nous traversons les montagnes, le Namtok Mae Surin National Park, Mae Sariang ... Avec ses MAGNIFIQUES lanternes partout. Je n'ai pas réussi à prendre de photo moi même et je pensais qu'il y en aurait à Mae Hong Son, mais que nenni: quelle déception! Bon, c'est peut être pas plus mal car pour le transport ça n'aurait pas été facile. Peut être en trouverais-je une comme je veux à Chatuchak market à Bangkok puisqu'il y a de tout ... Je croise les doigts.

Marcher de la station de bus à la guest house que j'avais repérée (et c'est la première que je ne réserve pas, j'ai eu de la chance car aujourd'hui plein de monde est arrivé) est rapide, car la ville est petite. Au départ, j'accepte une chambre au rez de chaussée mais je me rends compte qu'il y a un nid de fourmis (non pas une fourmilière, c'est dans la terre!) juste à côté du lit. Qui est, en passant, un matelas sur le sol. Mais étonnamment confortable. Pour 150 bahts la nuit ça me convient. Je change donc pour une chambre à l'étage. Il s'avèrera que la guest house est bruyante et que je ne pouvais pas fermer tous les volets, mais avec un masque et des boules quiès, c'était cool ...

Petite balade près du lac et du temple (qui tous deux paraissaient beaucoup plus grands sur les photos! Mais c'est pas grave car ce temple reste très joli - je ne mets pas son nom, car finalement on s'en fout. Il est vraiment beau, Wat a surprise! (expression convenant aussi à Chiang Mai quand on tombe sur un temple au détour d'une rue, oh, wat machin, wat a surprise).

Je goûte des frites à la citrouille, gras mais pas mal. Je voulais boire une petite Leo beer après tout ce trajet .. Mais on m'annonce que c'est un jour spécial dans le calendrier bouddhiste donc personne ne vend d'alcool! Même pas aux pharangs (étrangers) ... Dur! Mais c'est pour ça que j'entends les moines non stop entamer une litanie, depuis le temple et probablement enregistré et retransmis dans la ville par des enceintes car impossible de les entendre aussi distinctement depuis ma chambre autrement.

Le lendemain, je suis déterminée à aller voir les "Long Necks". Oui, aucune formalité dans leur nom. En France on les appelle plus facilement les femmes girafes, mot qui existe aussi en anglais pour les désigner. J'ai aussi envie d'aller voir un temple qui surplombe la ville. J'avais la solution du taxi scooter .. Et bien j'ai décidé de tenter le tout pour le tout et de louer un scooter, ça revient moins cher, je suis plus libre, et j'essaye un nouveau truc. Bon, "j'apprends" un nouveau truc, surtout. Quand la dame me demande si j'ai déjà conduit un scooter, je réponds "oui" en espérant qu'elle ne se souvienne pas que la veille en passant dans sa boutique pour un taxi j'avais dit que non.

Je prends le scooter, je l'emmène à pied quelques mètres plus loin, pour qu'elle ne me voie pas galérer, car c'est évident que je n'ai jamais conduit de scooter de ma vie. Je demande à quelqu'un qui passe comment mettre le contact, et fort heureusement il m'aide, car je n'aurais pas trouvé toute seule, particulièrement le fait de presser le frein quand on tourne la clé. VROOM. Je démarre sur les chapeaux de roue. La première et dernière fois que j'avais conduit une mini moto, il y a 15 ans, j'ai foncé dans le mur car avec la peur je n'ai pas eu le réflexe de lâcher l'accélérateur, m'y cramponnant, en bref le plus mauvais réflexe du monde, le plus débile aussi. Cette fois ci, même si c'est le premier qui vient, je ne me laisse pas faire! Je le lâche. Je freine. Je respire. Je fais gaffe à mon équilibre car au départ j'ai du mal à "sentir" le guidon, à savoir à quel point je tourne. Je m'engage sur une route où il n'y a personne, gardant à l'esprit "à gauche, à gauche ..." Au bout de 5 minutes, je suis déjà plus à l'aise. J'étais tellement concentrée sur mon scooter que je me suis à moitié perdue. Dans Mae Hong Son. La mini ville. Bon je m'y suis finalement retrouvée, c'était pas compliqué.

Je jette un oeil à ma carte et c'est parti pour le village des Kayan! Je ne vais pas vite et laisse tout le monde me doubler. Je m'engage sur la petite route qui traverse la forêt ... Et qui requiert de traverser l'eau 6 ou 7 fois. La loueuse m'avait prévenue, il faut aller doucement. Ayant peur d'abîmer le scooter, je le fais ... Ce qui ne m'a pas empêchée de glisser pendant une traversée! Pas parce que j'allais trop vite, mais parce que j'ai tourné un peu trop brusquement et c'était glissant. Les gens derrière moi étaient hilares, tout comme moi qui était trempée (et qui en plus portait un pantalon blanc !! Mes fesses étaient toutes marrons après, on aurait dit que je m'étais chiée dessus) et en même temps me disait "j'espère que j'ai rien cassé sur le scooter" - j'avais perdu le rétro mais la jeune fille qui me suivait me l'a rendu, ouf, j'aurais été foutue de ne pas m'en rendre compte. J'ai testé l'étanchéité de mon petit sac, elle est très bonne, aussi. Bref c'est reparti! J'arrive au village Karen, où les gens sourient de me voir trempée. Il faut payer 250 bahts pour voir les Long Necks, les fonds sont reversés de moitié au Karenni National Progressive Party et l'autre au ministère de l'intérieur thaï, qui tous deux les protègent et leur fournissent de la nourriture, des fournitures, une éducation etc ... Aussi appelés Kayan, cette tribu est en fait réfugiée de Birmanie (soyons honnêtes, personne ne les appelle Myanmar ...) suite à des persécutions du gouvernement après avoir gagné l'indépendance du Royaume-Uni. Ils ne peuvent pas travailler légalement en Thaïlande, cependant ils vendent dans leur village plein de produits faits à la main. Ça fait, comme je m'y attendais un peu, zoo humain. Mais elles ont l'air d'en tirer parti. Cependant, polie, je demande la permission pour prendre des photos. En disant ensuite à l'une d'elle: you're beautiful. Bonjour, j'ai dragué une femme girafe, achievement unlocked.

Il n'y a pas grand chose à faire dans le village à part les contempler, et faire du shopping. Je n'achète qu'une petite poupée ... Et je constate qu'elles parlent quand même bien anglais. Pratique pour les touristes. Et merci l'éducation! Bon, ça valait quand même le coup d'oeil.D'ailleurs, pour info: comment ça tient, leur cou? Comment c'est fait? Et bien des scientifiques ont fait des études sur elles. La position des vertèbres reste intacte. Le poids des colliers ne repose pas sur les clavicules, mais sur les côtes, qui sont repoussées à 45 degrés. Elles sont toujours sous pression, repoussées vers le bas, étant connectées aux vertèbres. Ainsi, cette déformation ne met pas le squelette en danger! L'espace gagné pousse les muscles du cou vers les épaules. C'est donc ... un effet d'optique, car leur cou n'est pas plus long que le nôtre! Voilà, j'ai cassé le mythe ...

 C'est un peu un zoo humain.

Je prends de l'assurance avec le scooter, je vais plus vite, j'adore, et je parcours presque toutes les rues de Mae Hong Son, quelle liberté! Je retourne au temple du centre ville pour faire des photos de jour, puis je monte à celui qui surplombe la ville. Quelle vue! Je caresse même une minette qui s'était jetée sur moi pour des câlins ... Tant pis pour les puces, je tente le coup.Je vais ensuite faire le plein pour rendre le scooter. Ah, quelle bonne expérience!

Je n'ai pas passé une très bonne nuit car j'ai été malade, ce qui ne m'a pas empêchée de prendre mon sac sur mon dos le lendemain et de partir à pied à la gare routière (bon ok 1km et demi et en descente). La veille on m'avait dit qu'il y avait un bus à 10h30, et bien surprise il n'y est pas. Je me rabats sur un minivan qui est un peu plus cher mais plus rapide. Étant sur le siège arrière, j'étais coincée entre deux garçons. Le conducteur met nos sacs de rando sur le porte bagages du toit et les sangle ... pendant tout le trajet j'ai décidé de lui faire une confiance aveugle, du fait des virages encore très nombreux, des travaux, de la pluie, des ballotages et cahots. Nous passons à Paï. C'est vrai, ça a l'air mignon, c'est hippie et tout le monde dans le pays en parle, des tee shirts proclament "I LOVE PAI". Moi je m'y serais un peu embêtée, c'est le genre de ville où il faut venir avec ses potes.

Je suis de retour à Chiang Mai pour la soirée. Mais l'orage gronde ... de toute façon pas de folies ce soir.

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Résumé de l'étape: White Temple kitch, bonnes et mésaventures en bus, les Thaïs sont ADORABLES, Famille Addams.

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Ce sera un article assez court, vite fait, car Chiang Rai (avec un R) n'est pas une ville très passionnante, il n'y a que deux attractions qui m'ont intéressée ici.

Premièrement, le White Temple: il fallait que je descende du bus un peu avant Chiang Rai et en rattraper un au bord de la route.

C'était plutôt joli, ça valait le coup, même si on ne pouvait pas rentrer à l'intérieur ... Dommage car il paraît que pour représenter le renouveau, au lieu de mettre l'éternelle histoire de Bouddha, l'artiste y a peint les Twin Towers et Neo de Matrix. Parce que.

Avec le panneau "interdit de fumer" le plus classe du monde.  

J'ai eu la chance d'arriver pile quand un bus s'arrêtait pour laisser descendre d'autres touristes, un peu moins qu'il ne se soit pas arrêté au bon terminal ... Pas grave, merci aux songthaews (bleus, ici) d'exister. A peine posée à la guest house, je repars pour aller visiter la Black House, qui cette fois se trouve 13 km au Nord de Chiang Rai. Je prends un bus régulier pour une autre ville, m'arrête devant, marche un peu, coupe par des habitations ... La maison de loin ferait penser à celle d'une famille Addams thaïe. C'était marrant car c'était Hallowe'en en avance. Il s'agit de la demeure de l'artiste thaï Thawan Duchanee, mort depuis.

C'est un peu un Dali punk asiatique, car ce monsieur a vraiment des goûts particuliers, c'est le moins qu'on puisse dire.

Au retour, j'attends le bus au bord de la route, et une gentille dame qui vend des billets de loterie m'offre un tabouret et un coin à l'ombre pour ne pas attendre le bus debout en plein cagnard ... La gentillesse des gens ici m'épate toujours.

Bon ceci dit ... sur 4 trajets en bus, par 2 fois j'ai eu à côté de moi des mères avec leurs bébés, qui m'ont donné des coups de pied. J'ai même poussé les pieds d'un des bébés qui menaçait de déchirer ma poche, quoi ... grrrr.

Je fais un petit tour en ville, rien de très folichon, à part le fait d'avoir goûté les vapeurs bouchées porc qui étaient une vraie tuerie.Je m'interroge sur mon programme de demain: faire une pause à la frontière ou directement aller à Luang Namtha? J'aimerais choisir la 2e solution mais je n'ai pas réservé de ticket et le terminal de bus est loin. J'irai demain matin, et je laisse faire le destin: s'il reste de la place, je fonce!

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Résumé de l'étape: frontière, visa, bus disco, végétation luxuriante, gamins affamés, défonçage de gueule en scooter.

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Finalement, c'était une meilleure idée de décider d'avancer jusqu'à Luang Namtha au lieu de prévoir une nuit à Huay Xai, à la frontière. De Chiang Rai, j'ai pu prendre un bus pour aller jusqu'à Huay Xai, où j'étais censée avoir un bus pour Luang Namtha à 15h. Vous le sentez venir, avec le "censée", n'est ce pas?

Dans ce premier bus, je rencontre Christina l'allemande et Duncan l'américain. On nous demande de remplir une petite carte d'immigration pour notre entrée au Laos. En nous demandant notre "race". J'ai paniqué, j'ai mis "caucasian", je sais pas si c'était ça, j'ai pas l'habitude qu'on me le demande ... C'était quoi la bonne réponse? "White"? Mais ils mettent quoi les Asiatiques alors, "yellow"? Et les Indiens? Et si on est métis? Que doivent mettre les Noirs, "black" ou "african" (vu qu'aux USA ils disent afro-american) ? Quel bordel, on ferait mieux de ne rien mettre. Ou j'aurais dû mettre "border collie". Le passage de la frontière a été plutôt long, malgré le fait que nous ne soyions que 7 dans le bus. D'abord un tampon de sortie de Thaïlande à Chiang Khong, où l'on me demande quand est ce que j'y reviens. "Dans 25 jours" ne semble pas poser de problèmes, ouf, je devrais être rentrée à temps pour Loy Krathong à Bangkok. Nous récupérons le bus, et dans cette zone franche, nous traversons le Friendship Bridge qui enjambe le fameux Mékong. Je m'attendais à des eaux boueuses marronasses ... en réalité, à cet endroit il est encore assez clair.

Sur l'autre rive, il est temps d'obtenir son visa d'entrée au Laos. Je montre mon passeport, je donne 30$ (Duncan n'en donnera que 25) ... Ah pardon! 31$. Nous sommes samedi, et il y a "la taxe du week end" qui s'applique. C'est la même que "la taxe d'entre 16h et 18h parce que c'est comme si on faisait des heures supps". Ok, j'avais prévu le coup, contrairement à Christina. Lui faisant cadeau d'un dollar américain, j'obtiens un dollar de Singapour! Chouette! Christina, comme moi, voyage pendant 6 semaines. Sauf qu'elle rushe beaucoup plus, vu qu'elle a décidé de faire l'Indonésie, la Malaysie, Singapour, le Myanmar, la Thaïlande, le Laos et le Cambodge. Elle n'est, par exemple, restée qu'une journée à Bangkok. Les employés de la frontière ne sont pas très aimables ... Et pas non plus pressés. Nous changeons ensuite nos bahts en kips ... Soudain, plein de zéros ... 1€ est environ égal à 10 000 kips mais l'écart se creuse dans les sommes plus importantes. Au terminal de bus d'Huay Xai: surprise! Mon bus n'est pas à 15h mais 18h, tout comme celui de Christina et Duncan, qui vont directement à Luang Prabang (12h de route, alors que je n'en ai que 4). Nous avons 4h30 à attendre, nous nous dirigeons vers un petit restaurant ... Il n'y a pas grand chose à faire autour. Je me mets en quête d'une carte sim, j'en trouve une mais la vendeuse ne parle pas anglais et donc je n'ai aucune explication sur le forfait proposé. Ça attendra un peu ... Peu de monde parle anglais ici. Je sens que ça va être compliqué. Ceci dit j'ai mon petit carnet, ça va être l'occasion de travailler mes compétences en Pictionnary.Les heures s'écoulent ... Nous voyons une vache passer sur la route, seule ... Ok, ce pays est spécial! Bon pour une première impression du Laos, c'est bof. 18h, le bus qui va jusqu'à Luang Prabang est là. Je ne monte pas dedans mais ne voit pas celui pour Luang Namtha ... Heureusement que le chauffeur me demande où je vais car il s'agissait du même bus! Et oui, c'est la route pour Luang Prabang. Je dirais même plus la route pour Luang Prabang, car il n'y en a qu'une ... Qui par moments n'est pas en très bon état. Et ici ... 10% des Laotiens ont reçu une éducation. Donc peu parlent anglais. Ça va être sympa comme expérience! Le bus lui même est un bus disco VIP conçu pour les voyages de nuit: on enlève donc nos chaussures pour monter dedans. Les sièges sont entre la couchette et le siège relaxant: l'avantage c'est qu'on peut dormir de côté! Il y a même, en contrebas, des espèces de matelas de sol très fins si l'on préfère la dureté du sol mais la possibilité de mieux s'allonger au confort des sièges (si on est trop grand, on ne tient pas dans l'habitacle, par exemple, c'était le cas de Duncan).Plusieurs groupes de voyageurs font la route, ça parle anglais de tous les côtés, certains jouent aux cartes sur les couchettes du bas, avec une lampe frontale lorsque la lumière s'éteint ... Il y a une ambiance auberge de jeunesse très sympa. Je me sens ... apaisée. Les lumières s'éteignent, mais se rallument très régulièrement. La première pause a lieu près d'une station service 20 minutes après le départ, à ce rythme là on n'est pas arrivés! Au lieu d'aller aux toilettes, tous les mecs pissent contre les buissons. Une ribambelle de 7 ou 8 personnes, c'est assez comique. Nous repartons, subissons les cahots de la route ... Elle défile comme dans un rêve. Seul le bus fournit de la lumière car les petits villages ne sont pas éclairés. Les maisons sont toutes petites et très traditionnelles: en bois et en roseau, sur pilotis. Il y a des gens qui vivent vraiment là! Wahou! Je ne peux détacher mon regard de la route tant je suis fascinée (nous roulons maintenant à droite, au fait). Il y a peu de voitures, il y a des camions qui transportent des vaches, des scooters ... Ça se sent déjà que nous ne sommes plus en Thaïlande, au vu de l'urbanisation. Après encore plusieurs arrêts, nous arrivons à la station de bus de Luang Namtha où nous sommes 4 à descendre: moi, et 3 polonais: Anya, Friedric et Dorotea, dont j'écris les noms au pif, je n'ai pas osé leur demander comment les écrire.La station de bus de Luang Namtha est à 12km de la ville. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle est glauque. Elle semble désaffectée, il y a peu de lumières, du brouillard, des guest houses miteuses l'entourent pour les gens comme nous qui arrivent à 10h du soir ... Car les tuktuks sont sensés s'arrêter la nuit. Nous repérons un signe de vie, et évidemment personne ne parle anglais ... "Tuktuk?" "No." Vous la sentez vous aussi, l'ironie? En Thaïlande on se fait harceler par les chauffeurs qui à chaque coin de rue nous gueulent TUKTUK dans les oreilles, sans même se demander si on n'est pas, genre, à deux pas de notre guest house ou qu'on vient juste d'arriver. Les gars, on sait où vous trouver! C'est pas en nous disant ça qu'on va se dire "tiens il me reste 50 mètres à marcher, oui je vais prendre un tuktuk". Bref. Quand on a besoin d'eux, par contre ...Nous trouvons finalement quelqu'un qui parle un peu anglais, a un pick up pour nous ramener en centre ville, nous négocions avec lui 50 000 pour 4 mais nous attendons 20 minutes ... Le temps que toute la famille mange ses nouilles. Ils ne nous proposent rien ... Je commence à être épuisée mais la conversation avec Anya me tient un peu éveillée. Nous finissons par nous mettre en route. Il fait froid, avec le vent et l'humidité ...

Une fois à Luang Namtha, nous cherchons une guest house. J'en avais repéré une pour 60 000 kips, mais nous en trouvons finalement une à 30 000 kips avec dortoirs. Elle est bruyante car le night market est juste en face, tout comme la route, mais j'ai mon masque et mes boules quiès. Il n'y a qu'un matelas sur le sol: tant pis, ça fera l'affaire. Nous n'avons même pas le courage d'aller manger ... Je n'aurai qu'un paquet de Pringles dans le ventre, mais je n'ai pas si faim que ça. Il y a de l'eau chaude dans la douche ... Dorotea m'explique qu'il faut appuyer sur un gros bouton, et je crois que j'ai déjà pris des douches froides sans connaître cette astuce. C'est malin de se plaindre alors qu'on fait de la merde, hein !

Le lendemain, les Polonais partent: trop de bruit dans la guest house. Et la bonne surprise: je me réveille avec une Hobo Map à côté de mes affaires! De mon côté, dès 10h30 je m'enfile un chicken laab (du poulet avec des oignons, du basilic, des épices ...) et du riz gluant !! Bien que je sois un peu déçue car il n'avait pas un petit goût fumé que j'apprécie particulièrement. C'est bon quand même. J'ai décidé de visiter les environs de Luang Namtha et son parc national en ... scooter! Et oui, je suis devenue accro! Il n'y a pas beaucoup de traffic ici non plus, donc c'est parti ... Ces environs sont beaux.

J'ai pris beaucoup de photos de la végétation. Ce n'est pas la même jungle qu'en Thaïlande, je suis malheureusement trop nulle en arbres pour vous dire desquels il s'agit. La rivière devient plus claire en amont du barrage, à la suite duquel elle devient marron et plus paresseuse ... Les petites maisons en bois bordent la route. Cette dernière est par moment goudronnée, par moments ... C'est une piste pleine de cailloux. Comme ça paf, sans prévenir. Et ça secoue! Mais bon, c'est tellement grisant cette balade, j'ai du mal à m'arrêter et faire demi-tour (car le niveau d'essence me menace). En sens inverse, je rencontre une bande d'enfants, je leur demande si je peux les prendre en photo ... Ils prennent la pose puis se jettent littéralement sur moi. J'avais déjà assisté à ça en République Dominicaine. Je n'ai pas grand chose ... Je leur donne la boîte de trois Ricolas qu'il me reste, faute de mieux. Je pense que les touristes occidentaux doivent prévoir des bonbons à leur donner, et du coup c'est devenu leur réflexe. Stimulus, réponse, tout ça ...

Je fais quelques pointes à 60 km/h en ligne droite sur le goudron, mais mon scooter grince à partir de 40 km/h et crie au dessus (littéralement, HIIIIIII). Arrivant près d'un village, je descends à 10 ou 20 km/h ... ET SOUDAIN UNE POULE. Quand je passais mon permis, ma monitrice me disait "tout ce qui a des ailes s'envole ou court se cacher". Et bien pas les poules du Laos apparemment. Je lui fonce dessus et celle ci ne bouge pas ... Je tourne brusquement pour l'éviter et .. BAM L'ASPHALTE.Ma pensée: "merdeeeeeeee". Genre "la poisse, je vais me faire mal!" ou "je vais péter le scooter". Bon. Je me relève, ça fait mal. Je porte ma main au visage, je pisse le sang. Je vérifie mon nez: il est en place. Mes dents: toujours là. Mes piercings: pas arrachés. Bon, ce n'est pas si grave que ça! Par contre de nombreuses gouttes de sang tombent sur la route et viennent de je ne sais où. Je me regarde dans le rétroviseur: Ma lèvre est enflée et ouverte, et c'est surtout mon menton qui a pris. A cause du protège menton du casque. Je le sais, il y a un peu de chair dessus. MERCI LA PROTECTION QUOI! Les gens autour de moi, dans le petit village de maisons de bois, ramassent mon scooter, et une femme m'amène ... de la bétadine. Cool, le fin fond du Laos! Je m'éponge avec mon papier toilette car je mets du sang vraiment partout. Sur la route, le scooter, mon sac, ma pochette, mon tee shirt. Ça aurait pu être pire: le scooter a pris une bonne partie des dégâts de l'impact. Si j'avais été à vélo, peut être serais-je blessée ailleurs, ou plus gravement. Allez, comme quand on tombe de cheval, il faut se remettre en selle, surtout que je ne suis pas loin. Je rentre à la guest house, me nettoie, mets un pansement sous mon menton, demande de la glace ... Oui mais la journée n'est pas finie. Je repars donc, en scooter, pour refaire un tour. Je passe par des pistes caillouteuses, encore, ce qui finit par m'énerver même si le paysage est beau, surtout que mon scooter cale régulièrement. Petit passage par la bus station pour apprendre qu'on ne peut pas réserver les tickets de bus pour Luang Prabang. Je prends une autre route, arrive à un temple, gravis les 175 marches pour y monter ... Pour être déçue, c'est un vulgaire stupa doré comme celui que j'ai vu précédemment. Je reprend la route de Luang Namtha pour rendre mon scooter. Bien évidemment, le loueur se rend compte de l'accident et des dommages (surtout qu'avec ma tête, et mon pansement qui déborde à nouveau de sang ...), il m'emmène au garage. Je suis au départ censée payer pour la peinture et le guidon. Hé ho, c'est quand même pas sympa de me prendre pour une cruche. Ce guidon est très peu endommagé, et il a une gomme de rechange. Il ne me fera payer que la peinture, l'équivalent de 27 euros. Je ne m'en sors pas trop mal.

Je rencontre les françaises qui partagent ma chambre, Mélanie et Margaux; nous échangeons nos impressions: la Thaïlande nous manque. Le Laos est en fait un peu plus cher, malgré tous ces zéros sur les billets. Après la crise, le pays n'a pas réussi à s'en sortir, il est toujours en inflation. Pas un bon point ... Et elles m'annoncent aussi qu'en fait le risque paludique est tout de même fort au Laos, contrairement à ce qu'on m'a dit à l'hôpital. Ok ... le répulsif est mon meilleur ami. Et de plus j'ai cramé des points de malchance aujourd'hui, donc je ne devrais plus trop en avoir, non?

Deux mots en Lao: Bonjour = Sabaidee // Merci = Kopchai (+ lalai pour "beaucoup")

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Résumé de l'étape: le plus loooong trajet en bus (pas "du monde" mais bon, presque), un rallye, des petits chats, des moines de près, de très beaux temples, des trucs en français, le Mékong, une soirée au bowling, des cascades turquoises, des arnaques et de la musique!

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Pas facile d'y arriver! Tout d'abord, parlons un peu des pluies diluviennes de Luang Namtha la veille, car ça a joué dessus. La pluie était vraiment très forte, à tel point qu'il était difficile d'entendre Lauren et Bobo via Skype. Mais ça a empiré ... Des trombes d'eau! Les voitures ne pouvaient plus passer, et les deux personnes qui s'étaient faites suprendre avaient de l'eau jusqu'aux chevilles. Moi qui voulait aller au Night Market, c'est mort. Mais allions-nous pouvoir partir le lendemain? En fait, tout avait séché ou presque. L'avantage d'une végétation abondante et d'une urbanisation non massive! Margaux, Mélanie et moi nous dirigeons vers nos tuktuks respectifs pour aller à la station de bus et prendre le mini van pour Luang Prabang. Dans le mien, je parle à deux irlandais, en route pour Vang Vien. Nous trouvons notre van, qui part dans une heure. Je me dis que pour 9h de route, je devrais prendre une carte sim. La couverture 3g est très bonne au Laos d'après tous les avis de voyageurs que j'ai consultés pour choisir mon opérateur. Mais quel que soit ce dernier, c'est en fait très galère d'obtenir de la 3g! Je dois payer en plus mais je n'ai aucune idée de comment. On verra plus tard, 2€ ce n'est pas grand chose. Nous faisons connaissance avec un couple d'allemands, un couple franco-suisse et Emily, originaire de Chicago qui parcourt le monde. Je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point j'ai progressé en anglais!

Nous nous mettons en route mais ... Nous sommes stoppés 30 minutes plus tard. Il y a eu un énorme glissement de terrain à cause des pluies. D'ailleurs une petite maison tout en haut de la colline l'a échappé belle. 5 mètres de plus et elle dévalait la pente, sur la route en contrebas. Les pelleteuses s'activent pour déblayer, mais les premiers scooters de la file attendent déjà depuis 2 heures. Et comme il n'y a qu'une route, personne n'a le choix! Finalement, ça ne prendra qu'entre 30 et 45 minutes pour nous. Nous filons sur la route pleine de virages. Le chauffeur va vite, coupe les virages. Nous nous arrêtons à Udomxai pour midi, petite ville construite sur le modèle soviétique et remplie de drapeaux communistes qui n'a rien de très excitant, pour manger une soupe de nouilles au poulet avec les os. Même le goût n'est pas bon. Comment suis-je supposée me venger des poulets?

Mais c'est après Udomxai que la galère commence: la route est en travaux. Donc, les voies sont, par moments, fermées. Et par moments, ouvertes dans un seul sens. En tout, nous nous arrêterons 3 fois, à chaque fois entre 30 et 1h d'attente. Je ne me plaindrai plus jamais de la SNCF après ça!

Les attentes sont pénibles, même si elles nous permettent de nous dégourdir les jambes. Nous n'avons aucune information, voir que la circulation est rétablie en sens inverse est frustrant, et parfois nous remontons en voiture et attendons 15 minutes de plus. Une fois, nous pensions que c'était terminé, et n'avons roulé que 15 minutes jusqu'au prochain barrage. Nous sommes sur des pistes en terre, et lorsque les camions passent, il y en a partout. Nos vêtements, notre peau, nos cheveux, nous faisons ce que nous pouvons pour nous protéger. Mes poumons me font un peu mal et ma gorge me gratte, comme tout le monde. Heureusement, ce qui sauve la face, c'est que notre groupe est cool. Nous échangeons nos expériences de voyage, et cela fait passer le temps. Enfin, au dernier barrage, nous traçons. Littéralement. Le chauffeur, que je devrais appeler pilote, a une conduite digne d'un rallye sur petites pistes terreuses. Et même sur goudron! Il n'y a aucune barrière qui nous sépare des ravins de cette région montagneuse.Personne n'a connu la vraie peur en voiture tant qu'il n'a pas été sur les routes du Laos. Je choisis de faire une confiance aveugle, tant pour la conduite que pour l'attache des bagages sur le toit. Nous traversons les petits villages de maisons de bois (toutes équipées d'une parabole) à toute vitesse. Enfin nous atteignons Pak Mong, où les deux couples descendent. C'est triste de les voir partir ...

Nous redémarrons sur les chapeaux de roue. Normalement, il nous reste 3 heures de route à vitesse normale, de bus de ligne dirons nous. Nous avons mis 1h45. Mais c'était pour le mieux car nous avions encore des tuktuks à Luang Prabang! Le chauffeur nous met son CD de musique lao, qui est assez particulière du fait que les chanteurs font parfois des bruits étranges durant les chansons. J'ai enregistré quelques parties avec le magnéto de mon portable.Nous arrivons à 20h! Nous n'avons finalement fait "que" 11h de route dans ce van qui nous secouait de partout. Quelle expérience! Je suis la seule à avoir réservé une guest house, donc les filles me suivent. C'est un bon choix! Elle est jolie, confortable, abordable. Nous rencontrons Liam l'autralien (qui, dommage, part le lendemain pour Vang Vien. Il est jeune mais cela fait longtemps qu'il voyage, au départ il était avec sa mère, mais plus maintenant, elle est aussi rentrée ... Il traîne entre le Laos et le Vietnam et commence à avoir le mal du pays. Au moment où je le rencontre, il a décidé de retourner en Australie début décembre. Le 5, précisément. C'est dire s'il est impatient s'il cite la date), ainsi que le petit chaton, Nancy! Nous nous dirigeons vers le marché de nuit pour manger, et pour que je retrouve Christina et Duncan le temps d'une demi heure, car ils s'en vont demain! Mais c'était bien chouette. Nous mangeons de simples sandwiches, mais c'était un bon moment.

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Jour 1

J'avais bien besoin de me reposer, surtout après l'accident! Du coup, je n'ai plus mal partout comme hier. Ma lèvre n'est plus enflée bien qu'une petite croûte persiste. Pareil pour mon menton qui n'est pas très beau mais au moins la plaie est sèche et non infectée. Emily est partie ce matin, bien plus tôt que moi. J'aurais bien aimé lui dire au revoir, c'est dommage. Liam a pris un ticket pour Vang Vieng pour aujourd'hui, il part donc, quel dommage, c'était bien sympa de le rencontrer. C'est une ville dans laquelle j'avais décidé de ne pas aller car j'avais lu qu'elle était lieu de débauche, comme un springbreak au Laos qui gênait énormément les locaux, mais maintenant, tout a fermé et c'est devenu une éco-destination. Je ne croise pas Mélanie et Margaux non plus, je décolle de mon lit vers 11h30. Après avoir lavé mon débardeur à la main et l'avoir séché avec le sèche cheveux. Je dois admettre que Luang Prabang est une très jolie ville. En fait, d'après ce que j'ai compris, un "Luang" est un regroupement de plusieurs gros villages qui se touchent pour former une ville. Par exemple, mon auberge de jeunesse est dans Ban Aphay ("Ban" signifiant probablement "village" au Laos comme en Thaïlande). La végétation y est abondante, et elle est située sur une confluence entre le Mékong et la rivière Nam Khan. Elle est classée au patrimoine de l'UNESCO. Sur certains panneaux administratifs, c'est marqué en lao et en français: et oui, pour ceux qui ne se souviennent pas de leurs leçons d'histoire, le Laos est une de nos anciennes colonies puisqu'il fait partie de l'Indochine avec le Vietnam et le Cambodge. Il a obtenu son indépendance en 1954 si je me souviens bien. Dans ces eaux là. Pour en revenir au présent, je décide de gravir (c'est le mot) le mont Phu Si pour aller admirer le monastère qui s'étend sur toute la partie haute de la colline. Faisant une pause dans les escaliers, j'écoute une conversation entre un moine et des anglaises. Il parle de sa décision de devenir moine, de sa famille qui est fière ...

Je continue ma route vers les divers lieux de culte, dont une "empreinte de Bouddha" (c'est l'avant dernière photo ci-dessus). Oui m'enfin, je ne sais pas si le vrai Siddharta était un géant ... Enfin c'est rigolo, quoi. Le stupa tout au sommet n'a rien d'extraordinaire mais il y a de belles vues sur la ville et le Mékong.

Mon ventre criant famine, c'est vers le Mékong que je me dirige, pour avoir le privilège de manger du riz gluant avec vue sur ses eaux troubles. J'assiste même à l'embarcation de tout plein de gens qui veulent traverser le fleuve et montent dans un tout petit bateau avec leurs portes bols sur l'épaule. Je ne sais pas comment ça s'appelle, à vrai dire, mais ça ressemble à une immense balance, et je suis sûre que vous voyez ce dont je veux parler. Je me fais plaisir avec un laab au canard, du riz gluant, et le restaurant offre deux bananes en dessert ... Sympa!

Je continue ma route en suivant la rive, je veux visiter le temple mais ... Ah! Première erreur de la sorte! J'ai oublié que j'étais en débardeur, je n'avais que ça de propre, et je ne peux rentrer sans louer un tissu - j'ai la flemme et j'ai 3 jours ici. Et ceci dit, je commence à me sentir bizarre, pour ne pas changer. Cette fois on dirait de la fièvre. Peut être le fait de m'être douchée à l'eau froide hier et de ne pas avoir su éteindre les ventilos la nuit (et non pas la dengue ou le palu!). Je rentre me reposer tranquillement à l'hôtel puis me met en route vers le TAEC, musée des arts et cultures du Laos. Nous allons faire un peu d'ethno, si vous le voulez bien. Sinon, sautez le paragraphe suivant. Le Laos est l'un des pays avec le plus d'ethnies avec 80 recensées, divisées en 4 groupes. J'ai les noms mais je vous en fais grâce. Il y a des costumes traditionnels de quelques ethnies, des outils et récipients en bambou (quand je parlais des maisons en bois je n'étais sûre de rien mais je crois que c'est du bambou ...).Ce qui a retenu mon attention, c'est l'expo temporaire sur la condition des femmes qui évolue (évidemment !) dans cette société matriarcale.Toute la famille vit dans la même raison, avec plusieurs générations qui se fréquentent, et la femme est celle dont on attend un travail au foyer important. Enfant, elle aide sa mère dans les tâches ménagères. Ados, elles doivent montrer leur diligence et leur patience pour attirer un mari. Adultes, elles s'occupent de la famille, enfants puis petits enfants. Elles nouent des bracelets avec des clochettes autour des poignets et chevilles des bébés (je l'avais déjà remarqué en Thaïlande dans les bus, c'est répandu chez les Hmongs) pour éloigner les mauvais esprits et chez les ethnies Lao et Tai doivent rester près du feu après leur accouchement, avec le bébé. Le musée dispose d'un simulateur de portage de bébé sur le dos, par un porteur en tissu traditionnel ... C'était léger. Elles amènent leurs enfants avec elles au marché, dans les champs ... ce qui change également avec l'apparition des poussettes et les crèches dans les villes. Ces différentes ethnies sont très portées sur le tissage pour les femmes, la fabrication de paniers et le taillage de bois pour les hommes. Il y a quelque temps, le tissage étant une fierté, elles vendaient leurs produits tels que les porteurs de bébés ou les jupes traditionnelles au night market de Luang Prabang. Mais avec l'explosion du tourisme, ces produits ont été reconvertis en sacs, en tentures, en chaussons, portes monnaies et dessous de verres ... Produits que les touristes vont effectivement utiliser. L'offre et la demande, dans un monde qui change et qui se soumet à notre suprémacie ......Sur ces pensées peu optimistes, je teste la divination en lançant deux cornes de buffle. Sachez donc que c'est un esprit qui est la cause de mes problèmes. Je dois consulter un shaman pour qu'il lui demande ce qu'il attend de moi ... Et bien merci, esprit. Peut être est-ce Pra Mae Ya qui se venge de n'avoir pas pris sa prédiction au sérieux (mais bon, rencontrer quelqu'un? Vraiment? Stop les bêtises!). L'exposition s'achève avec le témoignage des jeunes filles et femmes qui ont pris les photos présentées sur les différents panneaux. Toutes sont très fières de leurs origines et de présenter ce travail aux visiteurs.

Je rentre à l'auberge, pensant passer une soirée tranquille. Hahahahaha. C'est toujours sans compter les coups du destin.Je me rapproche du night market pour manger, et comme il y a peu de tables, je m'assois avec ... des français! Ça alors. Nous sympathisons et ils me proposent de les suivre à l'Utopia, le meilleur bar de la ville, près de mon auberge. Il y a Clément le parisien, Bertrand, et le couple Maël et Lou; Clément voyage seul mais il a rencontré les autres depuis 10 jours et ce soir ils se quittent car lui aussi part sur Vang Vieng (comme un peu tout le monde que je rencontre, je ne regrette toujours pas de ne pas y aller). Le bar est cool, avec des matelas bariolés qui font ressembler le lieu à un repère de fumeurs d'opium. La végétation est comme partout abondante et magnifique, et de petites bougies décorent les tables, en pierre ou en bois. L'ambiance est sympathique et nous sommes rejoins par Barbara l'argentine et Tim le hollandais. Avec Clément, nous parlons psycho et psycha, Freud et Lacan, car il s'y connait un peu bien que ce ne soit pas du tout son métier. Taper sur Lacan est cool même à l'autre bout du monde. Mais le bar ferme à 23h30 ... et il n'y a pas de boîtes à Luang Prabang. Alors, tout le monde va ... au bowling, qui sert de la bière et ferme à 2h. Nous prenons un tuktuk à soudain 10 personnes, les gens crient et sont morts de rire! Tout le monde se dirige donc vers la sortie de la ville, et ... les locaux sont un peu glauques. Pas très décorés, une lumière blafarde, des murs décrépis, des toilettes sales et pleines de fourmis ... Et les gens hurlent car ils sont tous bourrés. Ambiance spéciale donc, à tester mais pas en étant sobre, et une fois mais pas deux. J'ai de la chance car Clément joue pour la première fois et je finis donc avant dernière au lieu de dernière habituellement ... D'un point quand même! Ah là là je suis incorrigible. J'aurais beau jouer au bowling 50 fois dans ma vie, ça ne sera JAMAIS mon truc!

C'est la fêêête! Au moins ça ne hurle pas dans les rues comme à Vang Vieng avant ... 

Après une partie, nous rentrons, nous nous disons au revoir ... C'était une chouette soirée! Je suis censée faire les grottes Pak Ou le lendemain, en me levant à 7h et faire 2 heures de bateau. Je mets le réveil à sonner mais serais-je fraîche demain ...

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Jour 2

... Et bien non. Le réveil sonne mais je suis encore embrumée par les vapeurs d'alcool matinales, et faire du bateau dans cet état est la pire des idées. Je croise d'autres personnes de ma guest house, des françaises cette fois: Nadège, qui est avec Charlotte et Elena (logeant dans une autre guest house et qui prévoient d'aller à Nong Khiaw le même jour que moi). Je les avais croisées la veille mais nous n'avions pas pu nous accorder, principalement pour une histoire d'appétit! Mais cette fois ci, elles ont réservé un minivan pour les emmener aux chutes d'eau Kuang Si, les plus belles de la région, dans une demi heure. C'est ce que je prévoyais aussi, et le tarif est plus bas que ce que j'avais vu auparavant. Qu'à cela ne tienne! Je les suis! Je vais réserver rapidement ma place, prend un rapide petit déjeuner (du riz gluant avec une sorte de caviar d'aubergine dont je n'ai pas retenu le nom), et le temps de faire cela il est déjà l'heure de partir. Les cascades sont à 30 km au sud de la ville. Aurais-je pu louer un scooter, puisque mon accident ne m'a pas tant traumatisée? Non. Ils sont trop chers ici, 100 000 kips pour un automatique. Il faut payer le parking aussi. Le minivan revient donc 2 fois, voire 3 fois moins cher si on compte l'essence etc.

Il y a BEAUCOUP de monde quand nous arrivons. Mais on comprend vite pourquoi. Le cadre est particulièrement enchanteur. Les eaux qui se déversent dans les différents bassins sont turquoises, du fait de la réaction avec le calcaire. La jungle entoure ces piscines naturelles, et même les touristes et leurs perches à selfies ne gâchent pas totalement l'effet. Nous montons jusqu'en haut de la cascade, par le chemin le moins escarpé (mais qui l'est quand même ...) et par où personne ne passe, grâce aux conseils du Lonely Planet. La vue est plutôt jolie mais je m'attendais à mieux ... Qu'à cela ne tienne, nous redescendons nous baigner! Cela s'avère un peu plus difficile que prévu d'entrer dans l'eau, non pas à cause de la température, mais des rochers escarpés ... Une erreur peut coûter cher. Mais pas de bobos particuliers, pour personne. Il y a du courant là où nous sommes, un rayon de soleil ... Et c'est agréable car on se croirait presque en thalasso. Ceci dit, je ne fais pas l'erreur de mettre la tête sous l'eau. Pamukkale, en Turquie, c'est un peu le même principe: de l'eau turquoise due au calcaire. Et je me souviens encore de mes cheveux qui s'étaient transformés en crin. Pas la peine de prendre le risque, donc. Il y a des ours en cage, aussi, n'est-ce pas un peu ironique de clamer "Free the Bears"? Mais comme souvent, c'est pour empêcher l'extermination de l'espèce.

Nous rentrons sur Prabang pour 16h, ce qui me laisse cette fois ci le temps de visiter le temple, où les mosaïques sont magnifiques. Je remarque plein de petites boulettes de riz gluant accolées sur le temple ... ce sont en fait des offrandes, aux dieux comme aux cendres des ancêtres contenues dans les stupas.

Je rentre rapidement pour trouver un cyber café, car ... Je veux postuler pour une offre d'emploi et je dois taper une lettre de candidature. Et oui. Ça m'arrive de rester sérieuse. Je compte ensuite rejoindre Nadège devant le musée national pour que nous allions dans une rue pour manger là où il y a un buffet, avec les filles .. Mais le marché de nuit est installé pile devant et nous ne pouvons nous retrouver. Finalement je croise Charlotte et Elena qui m'y emmènent, et nous nous y retrouvons toutes les quatre. Nous sommes serrées mais la nourriture est plutôt bonne! Grasse, mais bonne. Ce n'est pas ici que je vais perdre mon ventre qui me donne l'allure d'une femme enceinte de 4 ou 5 mois ... Bien que j'aie perdu la moitié de ma cellulite à force de marcher. On avisera au retour ... Ou pas.

Galettes de riz gluant séché, clavier lao et night market.  

Je fais un petit tour dans le night market, craque pour une lampe rectangulaire en papier faite main, et retour à l'auberge. Demain donc, les grottes et le musée. Et je tente également le coup de me lever à 5h30 du matin pour assister à l'aumône particulièrement intéressante à Luang Prabang.

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Jour 3

Oui, j'ai réussi à me lever! Mais je n'ai vu que la fin du rituel. C'est mieux que rien. Il y avait plein de touristes chinois qui prenaient des photos, et un peu trop de brouhaha à mon goût. Il y avait même des européens qui donnaient du riz gluant aux moines; ce rituel leur est essentiel car sinon ils ne mangent pas. C'est faire la manche mais en inversé

Je rentre à l'auberge, me recouche un peu, dis au revoir à Nadège, ferme les yeux ... Le réveil sonne à nouveau, dur dur. Je me dirige vers l'embarcadère et prend mon ticket. Nous n'allons être que 6 sur le bateau. Je ne suis jamais très à l'aise sur les flots, mais la remontée du Mékong est agréable. Nous avons une vue directe sur les champs qui occupent ses berges, sur les locaux qui y travaillent ... Sur la pollution du Mékong également: des bidons d'essence, des sacs plastiques ... Ils n'y sont que par endroits, ce n'est pas tout le fleuve qui en est jonché, tout de même.

Nous faisons un premier arrêt pour remettre de l'essence, puis un second au "Whiskey Village" qui bien que la dégustation d'alcool ait été bonne, le reste ne m'a pas du tout emballée. Premièrement j'avais payé pour aller aux grottes (Pak Ou de leur petit nom), pas pour faire un arrêt dans ce piège à touristes; et ensuite, il semblerait que le village lui même ait été transformé en attraction, avec des étals de tissus comme au marché de nuit avec des vendeuses réclamant notre attention. Que font ces gens quand il n'y a personne? J'ai la sensation d'être tombée dans un traquenard, un passage obligé tout ça parce que je suis occidentale. Et ceci dit, les grottes n'ont l'air d'être là que pour les touristes, également. C'est LA première grosse déception de mon voyage. L'endroit est tout petit et tous les touristes sont entassés les uns sur les autres. Je m'attendais au moins à voir de belles formations calcaires pour une grotte .. Et bien non, que dalle. C'est juste un trou poli dans la roche où on a mis trouze milles Bouddhas. Wow .. ça valait tellement 20 000 kips ... Il y a une autre salle accessible par un escalier qui prend 10 minutes d'ascencion. Bien sûr, j'arrive en haut essoufflée et transpirante. Des lampes torches sont prêtées ... Chouette, un peu d'aventure? Et non, que dalle. Cette salle ressemble à celle d'en bas, juste que la lumière ne va pas jusqu'au bout ... Tout ça pour ça? Tout le monde dans mon bateau pense la même chose, mais nous nous consolons avec le trajet sur le Mékong. Au loin sur l'autre rive, des mahouts montent des éléphants et se baignent avec eux. Nous croisons une barque, avec un père et son fils. L'Américain du groupe agite la main pour dire bonjour, et le petit garçon répond. Son père lui lance un regard noir, lui dit quelque chose en lao et le petit se stoppe net ... Ok. Cela ne l'arrête pas, il dit bonjour à d'autres enfants sur la rive, qui ne lui répondent pas et le regardent l'air hagard comme s'ils voyaient un fantôme. Pourtant, la réaction du jeune garçon montre bien que c'est un geste qu'ils comprennent. Je me demande si dès qu'ils sont jeunes, on ne leur met pas dans la tête un certain mépris du touriste. Ce qui expliquerait la scène précédente, et aussi cette façon obséquieuse de vouloir nous rendre service mais jamais gratuitement. Ou de se foutre ouvertement de notre gueule, parfois, en nous donnant de fausses infos ou en faisant mine de ne pas comprendre l'anglais alors que pour parler business tout à coup ils sont bilingues.

CETTE LIBELLULE.
 Regardez la libellule de la photo 5!

J'avais prévu de me rendre au musée; mais finalement, j'ai la flemme de payer 30 000 kips et de me restreindre sur autre chose ensuite, surtout que Nadège m'avait dit que ce n'était pas le plus emballant. Je visite le temple sur la droite et regarde ensuite les expos du musée de loin, sans entrer dedans. On ne peut prendre de photos. Décidément cette journée est décevante.

Mais vers 18h30, j'ai prévu d'aller au théâtre pour écouter un conteur nous plonger dans les légendes laotiennes. Le petit théâtre est intimiste, et le conteur, qui parle en anglais, est accompagné d'un musicien qui joue du khene, instrument inédit au Laos qui ressemble à une immense flûte de Pan sur deux niveaux. Le son est très mélodieux; la légende veut qu'il ait été construit par une jeune fille qui voulait imiter le chant de l'oiseau magique dont je n'ai pas retenu le nom. Sa mélodie enchantait tout le monde, même le roi Pha Num, le premier roi du Laos qui l'a baptisé Lan Saan, le royaume du million d'éléphants. Luang Prabang était l'ancienne capitale du Laos, Luang signifiant donc "capitale". Prabang, car c'est le nom du Bouddha protecteur de la ville. Au fait, quel est le rapport entre des champignons et le mont Phu Si (qui en fait se prononce "pussy")? La Reine, un jour, eut une envie folle de champignons. Mais elle avait la flemme de sortir du palais pour aller en chercher, d'autant plus qu'on trouvait ceux qu'elle voulait au Sri Lanka. Elle demande à Hanuman, le dieu singe, d'aller lui en chercher. Voulant la satisfaire, il se rend au Sri Lanka, dans la montagne, et lui en ramène tout un panier. Ce n'est malheureusement pas ceux ci qu'elle veut ... "quel est le nom de ces champignons, ce sera plus simple pour les trouver?" demande Hanuman. La Reine est gênée: ils s'appellent les "oreilles de singe" et elle craint qu'Hanuman ne se vexe si elle le lui révèle (je suis la seule à me dire qu'elle est un peu conne quand même ??). Elle dit qu'elle n'en sait rien ... Alors, Hanuman prend carrément le haut de la montagne du Sri Lanka, et la pose devant le palais royal. Une autre histoire qui m'a faite rire est celle de Singmian, qui serait un peu un équivalent non divin de Loki puisqu'il s'agit d'un farceur ("trickster" en anglais, je ne sais pas si je le traduis bien). Il aimait faire des farces au roi. Par exemple un jour ce dernier lui dit "je veux te voir avant le coq" (= "avant le lever du soleil", mais le jeu de mots ne marche pas en français, sinon). Singmian, le lendemain, dort jusqu'à midi ... Il arrive dans la salle d'audience, les mains derrière le dos. Le roi, mécontent, le rabroue: "je t'avais dit de venir avant le coq!" et Singmian révèle ce qu'il cachait derrière son dos ... un coq. "Je suis entré dans la salle avant le coq. Je suis donc venu avant lui". (... Oui j'avoue j'ai ri tellement c'était du Ruquier.) Ou encore, Singmian dit au roi "je parie que je peux vous faire sortir de la mare par une simple parole". Le roi relève le défi, et entre dans la mare. "Alors Singmian, que vas tu me dire?" "... Et bien non, je ne peux pas vous faire sortir de la mare. Mais j'ai au moins réussi à vous y faire entrer ..." Le spectacle dure une heure, et il est enchanteur. La voix du conteur est douce, et rythmée d'intonations dramatiques qui rendent l'écoute savoureuse. On se croirait dans une bulle ... Et heureusement, car c'était la meilleure idée de la journée!

 Buffle aux noix de cajou // Asso où on peut lire des livres aux enfants ... Mais ça commence à $350. 
On ne voit rien ... Mais on entend. 
10

Résumé de l'étape: bateau, de l'interdiction de tourner du porno dans sa chambre, escalade, arbres flippants, remarques sur le tourisme, solitude.

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Nong Khiew, ຫນອງຂຽວ

Je commence à m'ennuyer un peu à Luang Prabang et ça tombe bien car j'ai décidé de bouger vers Nong Khiew/Nong Khiaw/Nong Kiau, impossible de se mettre d'accord sur l'orthographe apparemment. Aujourd'hui va être un jour de restriction car je dois dépenser environ 30€ pour le strict minimum, incluant le prix de l'auberge, le trajet, la taxe de l'ATM ... Ceci dit j'ai besoin d'exercice et, ignorant les chauffeurs de tuktuks, je marche les 3 km qui me séparent de la bus station en passant sur le pont de la rivière Khan en espérant que les planches puissent supporter 100kg.

Spoiler alert: oui puisque je suis toujours là. J'espérais prendre un bus local mais il n'y a que le mini van pris d'assaut par des français backpackers comme moi. Ici les Laotiens ne conçoivent pas que les touristes veuillent prendre autre chose qu'un mini van. Oh, et le chauffeur me regardait, hilare, je le soupçonne de se foutre de la gueule des touristes avec ses potes. J'avais lu qu'ils avaient une grande estime du fun. Apparemment ça inclut aussi "making fun of us". Je ne le sens pas, ce mec, et d'ailleurs il s'arrête en plein milieu du trajet pour répondre au téléphone et chercher une personne qui aurait acheté trois tickets mais personne n'est dans ce cas là. Il passe tout de même le téléphone aléatoirement au mec à côté de moi et comme par hasard il dit " more!". Le mec ne comprend rien, j'entends son interlocuteur gueuler au téléphone, c'est bizarre cette histoire. Finalement le chauffeur repart. Ça puait l'arnaque ... Franchement ces laotiens j'ai de plus en plus de mal à me les encadrer. Pays du sourire? Oui parce qu'ils se foutent de ta gueule ...

Nong Khiew est un joli petit village, le décor est magnifique, je passe près d'une école en entendant les élèves réciter leurs leçons, mais on en fait très vite le tour. Je n'ai pas beaucoup d'argent, et la solitude me pèse un peu aujourd'hui. J'ai bien parlé un peu à ces français mais c'est un couple, donc bon ... Et ils ne m'ont pas spécialement accrochée. Je passe la majeure partie de mon temps dans ma chambre où je suis aussi la seule cliente de la guesthouse. C'est un peu triste ce soir, pour la première fois j'aimerais être partie avec quelqu'un. Bah, la nuit aura raison de ce moment de faiblesse.

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Muang Ngoi Neua

Imaginez un village qu'on ne peut atteindre que par bateau ... Enfin c'est comme ça qu'on nous le vend mais en réalité il y a une piste qui mène ... Bon, qui mène à un endroit paumé, et le grand axe de circulation est effectivement par bateau, emprunté par des touristes pensant sortir des sentiers battus.

Nous ne partons qu'avec une demi heure de retard .. Le temps de séparer ceux qui vont à Muang Khua et ceux qui s'arrêtent à Muang Ngoi. Ce premier part un petit peu avant nous ... en n'arrivant pas à faire démarrer le moteur du premier coup et en perdant l'un de ses flotteurs. Ces gens en ont pour environ 6 ou 7h de bateau ... Nous seulement 1h. La planche qui nous sert de siège est peu confortable, le bateau semble prendre l'eau entre les planches, bref ... Nous, nous sommes sur les planches, et ce n'est pas plus mal, car il y a aussi des sièges auto dans ce bateau, qui ne sont ... exclusivement que pour les touristes. Pas pour la petite mamie laotienne qui a l'air fatiguée, non ... Ca met mal à l'aise.

Le trajet semble court, et nous accostons donc dans ce charmant village. Vraiment, il est très chouette. Bon, j'ai toujours le problème de devoir payer ma chambre le double, mais tant pis ça fait partie du voyage. Cette guest house est propre ... Muang Ngoi est réputé pour ses bungalows, il n'y a quasiment que ça et les gens dans la rue qui m'accostent en pensant que je suis riche m'en proposent d'emblée. J'aurai une chambre normale, sans vue, mais pour 40 000 kips au lieu de 80 000!

Je croise l'un des hommes qui travaille au restaurant de la guest house. Il est en train de nettoyer son coq ... de combat. Le mois dernier, il a gagné 3 millions de kips! Le coq n'a pas trop de cicatrices, il est juste déplumé à certains endroits. Ce ne sont pas des mises à mort, mais juste un vainqueur par KO. Il l'entraîne avec d'autres poules, et avec des fruits. Vu comme ça, il n'a pas l'air trop agressif ...

J'attends 15h pour commencer à me balader dans le village car il fait déjà moins chaud qu'entre midi et deux. Je me dirige vers le temple, puis je repère un petit panneau indiquant des grottes. Je traverse une petite partie de la forêt, et l'admission est payante, 10 000 kips. Il y a marqué 10 minutes de grimpette ... J'en mets un peu plus car c'est du haut niveau. C'est même un peu dangereux. Des rochers qui bougent, de petites échelles, des planches peu solides ... Et un dénivelé très important. Chaque marche m'arrive presque au niveau du genou ... Ces Laotiens, ils sont sportifs, c'est le moins qu'on puisse dire!Je me trompe même de chemin, n'ayant pas vu les planches servant de guide. Je me retrouve à esquiver des arbres qui ont l'air peu sympathiques ... Ils ont des piquants sur leurs troncs! Non définitivement, ce n'est pas par là ... En rebroussant chemin, je trouve celui à suivre. Et deux minutes plus tard me voilà au point de vue! Ah ouais ... ça valait le coup, même si j'avais critiqué le fait de faire payer l'admission, toujours un truc pour se faire de l'argent sur notre dos alors que le mec ne fait rien, il n'y a même pas d'entretien ... Mais bon, c'est très beau, j'adore les points de vue en hauteur. J'ai une vue imprenable sur le village et la rivière. On n'entend que les cocoricos des coqs ... Et puis un couple de français arrive, et je suis contrainte de partir, dérangée dans mon moment de sérénité. Au passage, j'apprends que j'ai raté la grotte ... Qu'à cela ne tienne, je la visite comme je peux pendant ma descente, car je n'ai pas de torche, juste la lumière de mon portable pour ne pas glisser sur les rochers et le flash pour entrapercevoir les formations calcaires. Bon, c'était déjà pas mal, mais je souhaite redescendre, et sans me casser une jambe ...

Toutes ces photos, c'est le chemin ... Pas facile!  

Arrivée en un seul morceau, je me promène dans le village. Cela ne prend pas longtemps, mais ça vaut le coup. Prendre un verre au bar aussi, même si encore, personne ne m'adresse la parole malgré les occasions, je suis la seule personne toute seule et moi je n'ose pas aller les voir non plus. Je suis aussi l'actrice et la témoin d'une scène un peu spéciale au restaurant ... Ayant bu beaucoup de bière, je vais aux toilettes, j'ouvre la porte et oups ... une petite fille riante est en train de se doucher. Avenante, je referme la porte mais quelques secondes plus tard, la mère entre en la grondant ... Elle est ressortie très vite, l'air ronchonne. C'était gênant car je pouvais attendre 5 minutes de plus! Mais il fallait que ce soit vite fait pour que la touriste soit encore la reine. Pas étonnant qu'ils nous méprisent, si on passe toujours avant leurs propres besoins. C'est triste.

Ok, c'est un cadre magnifique mais vivement la suite ...

 3: You shall not pass! / 4: des ordures :s / 6: merci j'aurais pu me perdre / 7: les Beyblades du Laos. 
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Muang Khua

Dernière étape avant le Vietnam, terre promise où j'espère que la vie sera un peu moins chère!Mais le départ commence mal. Nous ne sommes que trois et les bateliers aimeraient que nous soyons bien plus. En fait nous aussi, car nous devrions payer 150 000 kips au lieu de 100 000 ...

Pourquoi est-ce que j'utilise le conditionnel? C'est ce que nous avons fait!

Car oui, nous ne sommes que 3 pelés à remonter la rivière vers le nord, pour le lendemain attraper le bus qui part vers Dien Bien Phu. Tout le reste redescend vers Nong Khiew. Et apparemment, beaucoup d'autres font le trajet en sens inverse, du Vietnam vers le Laos en descendant la rivière.

J'apprends ainsi l'art de charger une pirogue pour que nous ne basculions pas dans l'eau. Ainsi, je ne reste pas dans le même bateau que le couple de français, je m'installe seule dans celui où il y a une autre cargaison. C'est un signe! En attendant ... "Private Boat". Les quatre sièges de bus sont très confortables, et je m'installe à mon aise, je peux même étendre les jambes. J'en profite pour faire un "coucou main Miss France" en quittant l'embarcadère: appelez moi "Votre Majesté".

Ceci dit, ce trajet a été très intéressant pour ressentir le pays en profondeur. Nous sommes passés par des coins reculés, certainement encore des villages qui ne sont accessibles que par bateaux. La jungle, les montagnes, les champs cultivés se succèdent. Nous nous arrêtons de temps en temps pour prendre quelques passagers laotiens, dont une dame qui transporte son coq et son cochon dans de minuscules cages, celle du cochon faisait exactement sa taille et l'empêchant de bouger. Non, en Asie du Sud-Est, on n'est pas de fervents défenseurs de la cause animale, mais nous l'avions déjà remarqué.

Je me sens enfin plus au contact des locaux que je ne l'ai été jusqu'à maintenant. Ce qui implique d'avoir voulu aider une jeune femme à monter, lui calant son chargement, lui tendant la main pour qu'elle m'ignore complètement. Aucun local n'a d'ailleurs souhaité s'asseoir à côté de moi, alors que je faisais de la place. Soit. Et personne ne paye. C'est aux frais de la princesse (moi en l'occurrence)?

Je regarde, curieuse, tous les enfants que nous croisons s'ébattre joyeusement dans l'eau. Pas de trop près, puisque la plupart sont tous nus. De jeunes garçons miment même l'ébat sexuel en me voyant passer. Bon, c'est donc une constante dans tous les pays du monde, à cet âge là? Freud en serait ravi.

Je pense avoir également compris la présence de ces bouteilles d'eau vides et de bidons d'essence déjà présents sur les flots du Mékong. Petit détail: ces déchets sont immobiles. S'il s'agissait de vulgaires déchets, ils suivraient le courant de la rivière. Mais non: ils sont forcément lestés. Et oui, ce sont des filets à poissons!

Le faible chargement a pour effet de nous faire atteindre Muang Khua en juste un peu moins de cinq heures de trajet. Et le moins que l'on puisse dire de ce village, c'est que .. euh .. Non, il n'y a vraiment pas grand chose à faire, à part un rapide tour des environs, faire quelques photos, passer devant un bar où tout le monde fait la fête en plein après-midi avec la musique à fond et traverser le pont en bois. Ma guest house, pour 40 000 kips, n'est pas terrible! "Douches chaudes (ok) et toilettes occidentales (pas ok) dans la chambre (pas ok)", dit Travelfish. Le site parle certainement des chambres un peu plus chères au 1e étage pour 50 000 kips? Franchement plutôt me faire payer 30 000 dans ce cas là ... J'essaye toujours de négocier, mais parfois il n'y a vraiment pas moyen. Au moins la Wifi est correcte, contrairement à la guest house d'hier ... Mais hey. On est au Laos, dans des coins paumés. C'est déjà bien chouette qu'il y ait la Wifi; je l'utilise plus souvent car je fais vite le tour des endroits de ces derniers jours.

Muang Khua ne m'aura pas laissé un souvenir impérissable ... Mais je n'y suis que de passage. Le meilleur reste à venir.

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Résumé de l'étape: Ah non c'est pas mieux, vendeurs hurleurs, gens qui vomissent, odeurs cheloues, viande de chien, beurk beurk et beurk.

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Laos, il est temps de se dire au revoir. J'avais pas mal d'attentes, certaines comblées, d'autres déçues. Un petit résumé:

Ce que j'ai aimé:

- Les paysages. Moins d'urbanisation qu'en Thaïlande, donc plus sauvage.

- Les petites maisons en bambou!

- L'ambiance de Luang Prabang, repère de backpackers. Oui, même le bowling.

- Le riz gluant, qu'on trouve plus difficilement ailleurs.

- Le climat plus frais qu'en Thaïlande mais bien agréable.

Ce que j'ai moins aimé:

- La fameuse déception par rapport à la mentalité, l'écart entre la description et mon ressenti. (Exception faite de quelques personnes de Luang Namtha et des tenants de la guest house de LP).

- Le coût de la vie. Je m'attendais à bien moins cher que la Thaïlande et c'est en fait une fois et demi à deux fois plus cher. Pour la France ça reste peu, mais c'est tout de même embêtant quand on tient à rester dans ce qu'on a envisagé.

- Les poulets qui font des accidents de scooter.

- Le manque d'organisation dans la logistique! (en général, autant pour les travaux que pour les bus ou encore "ah ben merde on fait comment pour passer la pelleteuse si y'en a une autre qui arrive en face?")

J'en attendais certainement trop. Espérons que le Vietnam sera sur une autre dynamique ...

Ma journée a commencé à 5h45, la guest house n'était pas si mal que ça bien que je me sois demandé plusieurs fois si elle n'était pas hantée vu les craquements inexpliqués. Le bus partait à 7h, mais je n'étais pas sûre de savoir où le trouver. Tellement pas sûre que j'ai eu de la chance de tomber dessus avant qu'il ne parte pour l'arrêt prévu! Nous ne partons qu'avec 20 petites minutes de retard. A ce stade, je ne sais toujours pas si je vais rester coincée à Dien Bien Phu (bof) ou si je peux tracer directement à Sapa dans les rizières .. Ou Lai Chau au mieux. On verra sur place.

Comme d'habitude, le bus fait de nombreux arrêts sur la route. J'aime bien ce principe qu'ils ont entre eux, les bus transportent également des marchandises d'un village à l'autre car il y a peu de voitures, et pas tant de scooters que ça comparé à ailleurs.

Nous arrivons au premier poste frontière; cela prend environ 20 minutes d'attente avant que l'on nous dise que nous, étrangers, étions au mauvais endroit. Hop un petit tampon de sortie, remontons dans le bus, et allons au prochain poste pour le check in au Vietnam. Je me fais la réflexion que c'est en fait les premières fois que je passe une frontière terrestre; toutes les autres étaient à l'aéroport. Ou en Europe, donc ça ne compte pas, on se balade où on veut. C'est pratique, quand même ...

Autant le Laos tenait des registres et faisait tout à la main, autant le Vietnam ... Dès notre arrivée, immersion dans le communisme soviétique carré (on le voit moins dans le Nord du Laos où j'étais ... Seulement en passant à Oudomxai mais c'est pareil). Carré, car c'est l'impression que donnent les bâtiments; on dirait de gros blocs. L'affiche de propagande pub pour le communisme nous accueille. Mais en parlant d'accueil, nous en avons eu un excellent! Un militaire posté à la frontière nous explique dans un anglais impeccable les formalités que nous connaissons déjà, plus nous informe des bus à la gare routière de Dien Bien Phu, de combien valent les millions de dongues, nous change notre monnaie (je ne sais pas en quoi sont faits les dongues mais on dirait du plastique et c'est beaucoup mieux que les kips!) ... Plutôt cool! Nous récupérons nos passeports, mais ... Il y a un petit hic. Il y a marqué que nous pouvons rester sans visa jusqu'au 18 novembre ... Soit 9 jours. C'est une erreur que je signale, et il nous corrige donc jusqu'au 24 novembre, soit les 15 jours escomptés. Ouf, heureusement que je l'ai vu!

Et le premier contact avec le "vrai" Vietnam, pas celui des formalités, se fait à la gare routière de Dien Bien Phu. Nous sommes submergés par des vietnamiens qui crient "SAPA?" "HANOI?" je ne comprends pas tout puisqu'ils parlent tous en même temps dans un brouhaha un peu agressif. Ils ne sont pourtant pas méchants. Bonne nouvelle, je peux attraper un bus pour Lai Chau à midi 30, ou attendre un bus de nuit pour Sapa à 17h. Je vais faire comme j'avais prévu, car le paysage vaut le coup, et je n'ai pas envie d'arriver à Sapa de nuit. Ce sera donc une nuit à Lai Chau.

Dans le minibus, il n'y a cette fois que des locaux et des marchandises, ainsi qu'un chien ... Chien qui est dans une cage, sous un siège, totalement délaissé. Il ne semble être à personne ... Vous pensez la même chose que moi? Parce que je n'ai pas osé demander.

5 heures de trajet, encore. Mais je suis un peu endormie et je préfère faire le gros bout maintenant, tant que j'ai la flemme de bouger. Hum pourtant, ce ne fut pas de tout repos! Les guides sur la Thaïlande évoquaient les virages de Mae Hong Son, c'est la route équivalente au Vietnam, tout le monde dit que pour les deux il faut avoir le coeur bien accroché ... Mais la seconde est en réalité bien pire que la première, car les routes sont beaucoup moins larges et parfois défoncées. Pas autant qu'au Laos, mais quand même ...

Comme toujours, le chauffeur de bus klaxonne dans les virages pour ne pas que nous nous prenions quelqu'un venant d'en face. Et le klaxon des bus et camions vietnamiens est spécial! Le son va decrescendo pendant l'utilisation. En appuyant une fois, ça fait PIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiin. Plusieurs fois, PIN pon PIN pon PIN pon. Je trouve ça très drôle, même quand nous avons failli nous prendre un camion qui roulait en plein milieu de la route et n'avait pas klaxonné. Heureusement les chauffeurs ont de trèèès bons réflexes ici. Le nôtre évite même de tomber dans le fossé.

Le voyage se déroule sans encombres ... Ou presque. Le chien se met à gémir, et soudain une odeur bizarre se dégage dans le van. Pas comme à la française, non, un peu moins fort donc ça pourrait aller, mais il reste 4 heures de route ... Et la jeune femme devant moi se met à vomir ses tripes, elle devait résister s'il n'y avait eu que les virages, mais du coup ... Elle a de petits sacs plastiques qu'elle balance par la fenêtre après les avoir utilisés. Super, ce pays est crade ... Et je ne vous parle pas de l'état des toilettes publiques, tout le monde préfère faire dehors ...

Ils ont l'air de gros crados, ces vietnamiens. En revanche, je ne peux le nier: ils sont GENTILS. Vraiment. Ils n'ont aucun intérêt à l'être comme les Laotiens mais pourtant ils le sont. Le jeune homme à côté de moi me propose de partager sa bouteille d'eau, comme ça ... Les jeunes filles me proposent une chaise pendant la pause ... ça change de ces derniers jours. Et ça fait du bien.

Enfin, après ce trajet sur une route avec vue imprenable sur les montagnes magnifiques, nous arrivons à Lai Chau. Ville de style sinosoviétique par excellence, de hauts immeubles sortis de nulle part, des drapeaux communistes, des drapeaux du Vietnam, des enseignes en néon rouges, de grandes avenues dégagées avec des "pubs" ... en fait ça me met un peu mal à l'aise car j'ai l'impression que Kim Jong-Un va sortir de derrière un panneau (oui c'est pas à côté la Corée du Nord je sais). Je ne sentais pas trop cette ville en arrivant, et le mot est bien choisi: ça pue un peu. C'est une odeur dans le style à la chinoise, mais encore différente, un peu moins prenante. Je dois dire que je m'y attendais.

Je me promène un peu, à la recherche d'une guest house ou hôtel, même un hôtel m'irait car là je me sens un peu perdue car il n'y a rien. Mais heureusement, des gens à scooter me disent "hello!" et m'indiquent des hôtels en mimant l'action de dormir car ils ne parlent pas anglais. J'en ai croisé deux ou trois comme ça ... Ils sont gentils, pour de vrai, vous dis-je.

Je me retrouve donc dans un hôtel où apparemment la chambre est à 5€ la nuit (ouf j'avais peur de tomber sur 10€ dans ce coin là!), wifi, eau chaude, toilettes propres et occidentales (y'a pas de douchette! Je suis même un peu déçue! Ils font comme nous!), ventilateur, proche de la gare routière pour partir pour Sapa demain, mais un matelas dur comme du bois. Je vais dormir enroulée dans la couette, car quand je m'allonge, je finis par avoir mal aux côtes.

Il est 20h et je commence à avoir faim. Cependant, quand je sors ... Plus rien n'est allumé, tout est fermé, sauf un petit restaurant en bas de la rue. Je m'y aventure, tout le monde me dit bonjour, les gens me PRENNENT EN PHOTO, non il n'y a pas beaucoup de touristes ici. Il y a de la soupe de nouilles, avec ... une viande que je ne connais pas, mais vu la taille, la couleur et la couche de graisse, je suppose que c'est du ..."Woof woof!" me dit la tenancière et tout le monde éclate de rire.

Premier jour au Vietnam. Et il n'y a que ça à manger. L'expérience sera venue plus rapidement que prévue.En attendant ils font des selfies avec moi sans forcément me demander. Je suis contente d'avoir, jusqu'à maintenant, demandé aux gens si je pouvais les prendre en photo ... Je suis une star. Mais je suis un peu gênée aussi. La célébrité c'est vraiment pas pour moi !

Je n'ai pas spécialement peur de manger du chien, au contraire je fanfaronne, je compte ONE, TWO, THREE! avant de mettre la viande dans ma bouche....

C'est ...

......Mais c'est DÉGUEULASSE !! Ils ont mis du Durian dans la soupe aussi ou quoi? Ça a un goût d'égouts. Et l'odeur spéciale que j'avais repérée ? C'est un mix entre le durian et le chien cuit. Deux bouchées et je sais dorénavant que je ne peux pas me forcer. Il n'y a pourtant que ça à manger donc je retiens ma respiration (comme quand j'étais petite et qu'on me forçait à manger des choses qui me dégoûtaient) et engloutis quelques nouilles. Mais je sais que le goût est là, encore sur mon palais. Je ne peux pas, je préfère ne pas plus manger que ça ce soir. Je leur dis que je n'aime pas le goût (ils ont dû le comprendre vu mes réactions) et au moins ils ne se fichent pas de moi. Ils ne me font même pas payer et sont désolés pour moi. Je vais donc me coucher le ventre presque vide, mais tant pis. Je pensais avoir plus de chances le lendemain ... Mais rien ne me fait envie sur les étals. Il y a des chips mais ils veulent me les vendre à 40 000 dongs. Tout le monde me dit coucou, c'est gentil de leur part, vraiment ... Mais je préférerais passer inaperçue. Je ressens un peu ce que j'ai ressenti à Changsha et je me sens un peu oppressée, pas à ma place. Ni une ni deux, je saute dans le premier bus pour Sapa. Sortir des sentiers touristiques c'est bien. Repousser un peu sa zone de confort aussi. Mais pas de là à se mettre à mal. Je sais qu'il ne s'agit que de mon propre ressenti, et pour moi c'est comme ça.

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Résumé de l'étape: des chalets, de l'humidité et l'oubli du poncho, les rizières sous la pluie et des glissements de terrain.

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Une randonnée.

Sous la pluie.

Avec la gueule de bois.

Comment en suis-je arrivée là? Faisons un petit flashback.

J'arrive à Sapa aux environs de 11h du matin. La station de bus est un peu loin de mon hôtel, je traverse donc la ville à pied. Il y a deux parties presque distinctes: celle construite par les Français, c'est une ancienne station, qui a des airs de station de ski. D'après des photos que j'ai pu voir, les montagnes sont parfois enneigées. Il y a des sapins, une petite place, une église (c'est la première fois que j'en vois une ici!), des bâtiments qui ressemblent à de grands hôtels savoyards. Et ensuite, la ville s'est développée, et les Vietnamiens ont repris leurs droits: des bâtiments typiques d'ici, étroits et hauts (je dois dire que je les trouve un peu moches), des étals de chien, des marchés ...

Mon hôtel est presque à la sortie de la ville, et je descends donc la rue avec tous les hôtels et restaurants, où l'architecture est un peu plus jolie. C'est accueillant, et des femmes Hmongs en habits traditionnels sautent sur tous les touristes pour vendre leurs petits sacs, tentures, écharpes, nappes, porte clés ... J'ai trouvé une parade pour les éviter: je pars en courant en criant AAAAH et en plus ça les fait beaucoup rire. Si je ne peux pas m'enfuir, je les ignore, littéralement.

J'ai un dortoir, et une fois installée, je vais manger. Je craque pour un menu composé de plusieurs petits plats: de la soupe, des rouleaux de printemps, de la salade de poulet, du canard au miel et sésame, du riz, un pancake banane chocolat. De quoi oublier la douloureuse expérience de la veille.

Après un peu de repos, je suis rejointe par Martin: français qui était deux ans en Australie et qui maintenant visite l'Asie du Sud Est. Revenant d'un trek, il a besoin de se reposer, je vais donc faire un tour de la ville de mon côté.

Le soir, nous allons manger ensemble, j'apprends enfin comment dire "bonjour" (shin tao) et "merci" (kem oune) et nous finissons dans un bar où nous rencontrons d'autres français - il s'avère qu'ils me souleront un peu, ces deux gars. Au sens propre comme au figuré ... Et pourtant, l'un des deux vient de Clermont L'Hérault !! Que le monde est petit. En parlant avec une autre femme voyageant seule, je comprends enfin l'écart entre ce qu'on dit du Laos et mon ressenti. Je n'y avais pas fait attention, mais tous les conquis par les habitants sont des hommes, ou des couples, ou un groupe ... Jamais des femmes seules, comme elle et moi. Je me sens soulagée, car il me semble que tout s'éclaire. Un peu bête aussi de ne pas y avoir pensé alors que j'aurais dû m'en douter depuis le temple interdit aux femmes. Il ne s'agit pas là de sexisme, mais plutôt de pudeur. Ils ne venaient me parler spontanément que pour me proposer des tuktuks ou des hôtels, pour le commerce, en somme.

Et bien sûr, difficile d'échapper à la gueule de bois du lendemain après avoir fini au billard. Déjà, c'est bien parti! Il pluviote, mais rien de bien méchant. Nous nous rendons à 6 km de Sapa, à Lao Chai (à ne pas confondre avec les autres villes aux mêmes consonances).

Nous commençons notre trek doucement, en descente. Plusieurs femmes nous suivent, nous demandent comment nous nous appelons, d'où nous venons ... Nous traversons deux villages Hmongs, car ils sont vraiment partout en Asie du Sud Est. Nous apprenons quelques détails sur l'indigo, qui vient d'une plante, et dont la couleur vire au vert si on le laisse reposer plus longtemps. Pour les motifs, ils utilisent de la cire pour le modèle.

Nous avons même le privilège de jeter un oeil dans une salle de classe, où les enfants parlent mieux anglais que moi à leur âge ... Et ils n'ont appris que des touristes. Comme notre guide qui parle très bien anglais (et les femmes qui nous accompagnent se débrouillent aussi) alors qu'elle n'est jamais allée à l'école. Impressionnant quand même! Vous auriez beau me mettre avec des touristes suédois pendant un an, si je comprends pas, je comprends pas! Nous arrivons dans un petit village Zay, une autre ethnie un peu plus rare. Nous nous arrêtons pour manger du riz, du tofu, une salade de poulet ... C'est plutôt bon! Mais soudain ... La pluie se met à tomber bien plus fort. Et bien sûr, je n'ai pas pris le poncho de ma tante! (principalement car il n'a pas de capuche, donc finalement l'intérêt est restreint. Je pense d'ailleurs sincèrement qu'il n'aurait servi à rien et que j'aurais quand même fini trempée jusqu'aux os! Il est midi et demie, et nous allons marcher dans ces conditions pendant 2 heures.

Bien entendu, le sol se fait boueux. Ce qui aurait dû être une marche agréable se transforme en grande concentration intensive et permanente pour ne pas glisser, ne pas marcher dans les grandes flaques ... Et nous montons, nous descendons, sur de petits chemins terreux et des rochers qui même par temps sec ne seraient pas de tout repos. Heureusement, les femmes nous tiennent la main, elles sont bien plus agiles que nous puisqu'elles y vont en tongs, carrément.

Nous traversons une magnifique forêt de bambous, qui devrait être bien agréable ... J'en ai marre, mais je me rassure en me disant que de toute façon, ce trek ne va pas durer pour l'éternité et qu'il aura bien une fin. Je rassemble tout mon courage et je continue, tenace. Je n'ai même pas le coeur à faire du shopping et à acheter des babioles aux femmes qui, après nous avoir aidés, aimeraient bien qu'on les remercie à notre manière.

Et enfin, c'est la délivrance. Nous rejoignons la route, nous montons dans le bus, arrivons à l'hôtel et douuuuuuuche chaaaaaaude. Je ne veux plus jamais sortir de ma chambre ... Mon sac est un désastre, tout est mouillé dedans, je passe donc un coup de sèche cheveux dessus.

Il ne se passera pas grand chose de plus ce soir là, car vu qu'il pleuvait encore, je n'ai pas remis le nez dehors ... Je dors en polaire, dans les couvertures humides. Et bien entendu, le lendemain, rien n'a séché! Je prends donc un bus sleeper (comme au Laos ... mais avec 5cm de plus!) et c'est parti pour Hanoï, que j'espère plus clémente niveau météo ...

 Fabrication de l'indigo et suite du trek

PS: je crois comprendre que la langue vietnamienne fonctionne par associations de mots d'une syllabe (prononcés comme tels) pour donner un sens. Sa Pa, Ha Noï, Da Nang, Shin Tao ...

PS2: Pas de pièces de monnaie ici non plus.

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Résumé de l'étape: Des temples, des forteresses, du bruit et des scooters, de sa vie mise en jeu pour traverser la rue, de la cuisine délicieuse, des chutes et des bobos, la Baie d'Halong, Tam Coc, de la chèvre grillée, de la bière gratuite en quantité, des marionnettes sur l'eau!

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Je vous repasse la blague d'Hanoï-ing ... Une fois suffit. Entre Sapa et la capitale, nous traversons sous la pluie battante les montagnes du Nord Ouest du Vietnam ... et le paysage se fait ensuite plus plat, plus marécageux. A l'approche de la ville, nous pouvons distinguer les grands buildings ... C'est un peu étrange de retrouver ces marques d'industrialisation après 15 ou 20 jours (je perds la notion du temps), les derniers de la sorte étant à Chiang Mai, et encore il y en avait peu ...

Et bien sûr: les bouchons! Quoique sur le périphérique d'Hanoï, ça va encore. Le souci est que personne ne sait où va le bus, puisque c'est une compagnie privée que nous avons prise. Il finira par s'arrêter en plein centre ville ... Le temps de me repérer car je suis un peu perdue, je regarde sur ma carte pratique Google où est ce que j'ai placé mon auberge de jeunesse. Je n'ai plus un sou en poche, littéralement (bon ... J'ai genre 13 000 dongs. Je ne fais rien avec ça). Et première grosse frayeur financière: l'ATM ne veut pas me donner d'argent! Pourtant j'ai droit à 650€ sur 7 jours flottants, autant dire que je suis très large. J'essaye moins d'argent, un autre compte ... La transaction est toujours déclinée. Bon ... Peut être que cet ATM est mal réglé pour les comptes étrangers. Je tente dans un autre, un montant minimum et ... ouf, l'argent sort. Je retire donc beaucoup plus. Quel soulagement!

Je me rapproche du lac Hoan Kiem, littéralement "le lac de l'épée retrouvée", aussi appelé "lac de la tortue". La légende veut que l'Empereur Le Loi, navigant sur le lac, rencontra Kim Qui, le dieu tortue doré, qui lui demanda son épée. L'Empereur, qui avait reçu l'épée du Roi Dragon, se dit qu'il souhaite la récupérer. Comme il est gentil, il la lui donne ... Et nomme la petite tour sur la petite île du lac "tour de la tortue". Je suis presque sûre qu'en Occident, la légende aurait voulu que l'Empereur ne rende pas l'épée parce "qu'un don est un don!", et aurait combattu la tortue pour garder son épée, bref ...

Au niveau de la religion, les Vietnamiens diffèrent de leurs voisins thaïs et laotiens (je ne sais pas encore pour le Cambodge ...) Ils se disent de majorité bouddhiste mais en vérité, c'est un mélange d'animisme, de bouddhisme, de taoïsme ... appelée la Triple Religion. Ils préfèrent vénérer des rois, des sages ... On garde ses chaussures en entrant dans un temple, sauf pour prier, et peu importe dans quelle position on met ses pieds. Il y a aussi 8 à 10% de catholiques depuis la colonisation, et sur la route, j'ai pu voir ... des tombes.

Autre chose: je me suis rendue compte que je n'avais pas senti quelque chose qui pourtant fait partie de ma vie quotidienne en France ... On peut dire que j'ai carrément été élevée avec. Il s'agit ... du vent! La dernière fois que j'ai senti un peu de vent, et encore une brise légère, autre que par mouvement de pick-up ou de bateau, c'était à Bangkok. J'avais oublié ... Et le retrouver à Hanoï semble du coup un peu étrange!

Je m'arrête manger dans un café car il est tout de même 15h et quelques et je suis affamée. Ma première erreur ici est d'avoir voulu aller aux toilettes, je devais passer dans une cour humide avec des escaliers tout aussi humides ... Et badaboum, j'ai glissé et je me suis rapé le poignet gauche et les fesses. Si je récapitule, en plus de ça je suis tombée en scooter (et je pense garder une petite cicatrice sous le menton ... badass!) et mon genou gauche guérit enfin, j'ai encore un peu mal à la main droite (radio en rentrant, au cas où ...), je me suis frotté le genou droit en tombant sur le plancher à Sapa (l'alcool), j'avais fait une réaction allergique à l'éléphant sur le genou gauche, j'ai failli me brûler avec l'huile essentielle de cannelle non diluée ... Pfouh! Pas de tout repos! Je devrais même compter le moment où je me suis fait mal à la cheville dans le Ouigo ... Je transportais ma Bétadine avec moi, donc encore un truc à soigner!

Je continue mon chemin vers l'auberge, mais quand j'arrive au point indiqué, surprise ... Ce n'est pas là. Je vérifie l'adresse sur le papier, effectivement, ça n'a rien à voir. Pourtant Hostelworld la mettait là! C'est à 2 km plus au nord! Bon, je craque et je prends un taxi ...

J'arrive enfin à destination, avec comme accueil un personnel sympa qui m'aide à porter mon sac. Le dortoir de 12 personnes est funky, il a failli prendre feu hier car le câble de la climatisation avait grillé. Nous dormirons sans clim, d'ailleurs! Heureusement, il faisait frais ...

 Les photos sont encore plus floues que d'habitude car ça bouge tout le temps dans les rues! 

Il n'est que 16h30, je me risque donc dehors. "Risquer" est le mot! Martin m'avait dit que la ville était un gros bordel, et il n'avait pas tort. Il n'y a que les voitures qui s'arrêtent au rouge, pas les scooters, ni les vélos ... Sur la route il y a tout ce petit monde, plus les piétons, et des poules ... Et il ne se passe pas 5 secondes sans un bruit de klaxon! (j'ai compté). Pour traverser, il faut s'y prendre à plusieurs fois, les gens nous évitent ce qui techniquement revient à dire que je pourrais traverser les yeux fermés vu les réflexes asiatiques, mais je ne vais pas tenter, déjà que je crains pour ma vie! Mais c'est drôle, cette animation. Au passage une dame m'offre un beignet, c'est très bon mais je ne veux pas en acheter 15, donc je m'éclipse au plus vite en prétextant mon retour ultérieur. Je me retrouve cette fois au nord d'Hoan Kiem, pour visiter le petit temple Ngoc Son (temple de la montagne de jade). La nuit commence tout juste à tomber, et le lac commence à s'éclairer ... C'est magnifique. Le temple en lui même est petit mais splendide également. Les éclairages le rendent encore plus beau, et malgré les touristes, on le sent paisible ... Peut être est-ce l'odeur d'encens qui flotte dans l'air. C'est rouge, doré, c'est beau. L'orage qui gronde un peu plus loin et qui auparavant avait rendu le ciel jaune semble retenu ailleurs. Les klaxons aussi paraissent fort lointains. Je pense que je suis tombée au meilleur moment pour le visiter ... J'ai l'impression d'être dans une bulle, dans un autre monde, tant je suis émerveillée par ce premier contact avec la civilisation de "la vieille dame de l'Asie" comme on surnomme Hanoï. Même les enseignes lumineuses rendent la scène jolie.

Le temple du lac Hoan Kiem et la magie des éclairages. 
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Jour 1

Le lendemain, j'ai fait un peu n'importe quoi au niveau de mon organisation, principalement car je pensais que certains endroits étaient fermés, et que d'autres étaient plus loin que ce que je pensais. J'ai cependant pu goûter un Bun Rieu Cua délicieux: une soupe de nouilles (encore) mais avec du crabe, du boeuf, de la crevette, du tofu, des moules, de l'ail, de la citronnelle, du persil ... Un régal! Je retrouve le chemin que je souhaitais emprunter, arrivant au "Ho Chi Minh complex". Je commence par acheter deux souvenirs avant d'oublier de le faire, j'essaye de marchander ... Non, ici on ne marchande pas! Il vaut mieux essayer dans le vieux quartier! Bon, ça ne coûte pas un bras non plus, ça va. Je suis déçue par la fameuse One Pillar Pagoda que je voulais voir en premier de peur qu'elle ferme: elle est toute petite! Et on ne la visite pas de l'intérieur car il y a juste un autel qu'on voit de l'extérieur. Bien, bien, bien, c'est donc cette petite chose qui a bouleversé toute mon organisation. Sachez qu'elle représente l'éclosion d'un lotus, symbole de pureté, émergeant d'un océan de douleur. Beaucoup de poésie pour pas grand chose.

Il y a un sens de visite, je dois remonter un peu au nord pour entrer dans le palais présidentiel et visiter les demeures d'Ho Chi Minh. La foule de touristes est canalisée du mieux possible, il n'y a qu'un seul itinéraire. Nous finissons sur le musée qui lui est consacré, contenant surtout des missives envoyées par le principal intéressé lors de la révolution contre le colonialisme français. Et ce qu'on peut en dire, c'est que les Indochinois étaient vraiment pris pour du bétail. Plantations de riz, exploitation, morts pour la France sur le front, misère, famine, maladies ... Il y a aussi des oeuvres un peu cheloues, comme une pyramide, et une immense table avec des fruits censée symboliser l'espoir d'HCM en la jeunesse. Moui.

Il n'y a pas de complète biographie d'Ho Chi Minh et d'ailleurs il ne faut pas se tromper lorsqu'on lit les courriers et les articles: ce cher monsieur a plusieurs alias. Mais qui est donc ce Nguyen Ai Quoc dont on n'arrête pas de parler? Ah ben, c'est lui (nom signifiant "le patriote"). Nguyen Tat Thanh, "grandes espérances" ... Le leader de la révolution vietnamienne s'insurge contre les conditions de vie, et il a bien raison. Les Français ont aussi détruit une partie du patrimoine vietnamien pour construire leurs locaux. Ou comment encore plus mépriser son pays ... Ho Chi Minh a aussi été jeté en prison, en Chine, où il a tenu un journal de bord. Il est ensuite libéré puis fonde le parti communiste vietnamien. Je vois beaucoup de gens qui prennent des photos devant sa statue. En tout cas, il a l'air bien plus humble que ses camarades Staline ou Mao !!

 Sur la fin, ça part en live. 

Je m'arrête au Temple de la Littérature, haut lieu du Confucianisme. Ici sont vénérés trois rois: Ly Thanh Tong, qui a diminué les peines, développé l'agriculture et l'éducation, défendu les frontières, renforcé l'indépendance, et fondé le Temple; son fils Ly Nhan Tong, monté sur le trône à l'âge de 7 ans, a développé la musique, interdit de tuer les boeufs et les buffles, développé le confucianisme; enfin Le Thanh Tong a développé l'administration et toujours l'éducation, agrandi plusieurs temples et villes, fait rédiger des livres d'histoire et de géographie. Puis, je vais manger un délicieux Bun Cha, du porc au barbecue dans une petite soupe, et avec un nem offert ... Génial !! Aujourd'hui, il va y avoir un peu plus de photos de nourriture que d'habitude car j'ai voulu goûter plusieurs choses pendant que je suis à Hanoï (c'est Philippe qui va être content!)

Je vais ensuite visiter cette citadelle classée à l'UNESCO qui finalement est ouverte aujourd'hui, mais seulement entre 8h-12h et 14h-17h. Les Vietnamiens prennent les repas très au sérieux, comme chez nous. Mais cela vaut la peine de le souligner, car les Thaïs n'avaient pas d'heures de repas précises et les Laotiens travaillaient tout le temps mais se relayaient. Les différences de culture d'un pays à l'autre sont fascinantes. Il s'agit donc de la cité impériale d'Hanoï, ThangLong, le Dragon ascendant, qui a vu défiler plusieurs dynasties, a été détruite, reconstruite ... Elle date du 11e siècle, et a été érigée par les Ly, puis s'y sont succédés les Tran, les Le so, les Mac, les Le Trung hung, jusqu'en 1789. Les bâtiments restants sont appelés "reliques", et le site archéologique découvre tous les jours de nouveaux objets antiques. On peut y voir les portes d'entrées, les marches de l'ancien palais royal qui n'est plus, la Pagode des Dames, faite de stuc et qui servait de réservoir à concubines pour l'Empereur; elle a été détruite, puis reconstruite par les autorités françaises.

Je vais maintenant donner quelques détails issus de ce que j'ai appris au musée du site archéologique, des récapitulatifs de la culture indochinoise, ce qui est toujours intéressant. Si vous, ça ne vous intéresse pas, sautez donc ce paragraphe!

- Les Vietnamiens avaient et ont toujours une forte croyance animiste, qui s'est enrichie avec l'hindouïsme et le bouddhisme. La vénération de la terre fertile s'est combinée avec le Shivaisme, et certains endroits clés ont été construits aux emplacements stratégiques des divinités hindoues, particulièrement près de montagnes sacrées; ils ont pu aussi être choisis grâce aux astres, comme les citadelles Thang Long et Ho. Les rivières sont aussi vénérés, pour représenter le couple divin Shiva/Ganga. Le symbolisme de la montagne est fortement représenté à Angkor (on verra donc ça dans une semaine ...). Au final, les peuples différents vénèrent les mêmes esprits mais avec des noms différents: neak-ta pour les Khmers, phi pour les Laotiens, le dieu de la Terre ou du Village pour les Vietnamiens, et le yang pour d'autres peuples indochinois des montagnes. Les animaux ont aussi un rôle important, comme l'éléphant - dérivation du culte de Ganesh, le dragon qui représente le pouvoir, le phoenix qui représente la paix et la prospérité, mais aussi les licornes et les tortues. Les divinités de l'eau sont un symbole de fertilité et de purification, et c'est peut être pour cela qu'il y a autant de lacs dans les villes vietnamiennes, comme je l'avais déjà remarqué. C'est surtout le dieu serpent Naga qui est vénéré. Dans le bouddhisme, Naga accompagne Bouddha lors de ses méditations et est le protecteur de la richesse et de la fertilité; dans l'hindouïsme il livre bataille contre Garuda, le roi oiseau messager des Dieux. Les forêts représentent la force de la nature, le contraste d'avec la civilisation, tandis que les fleurs représentent la pureté.

- Les partenaires commerciaux de l'Asie du Sud Est, et ce depuis l'aube des civilisations, sont la Chine, l'Inde, et l'Asie centrale et occidentale. Ce sont les Champas, les Dait Viets et les Khmers qui les premiers ont développé le commerce. Les produits locaux étaient exportés, tandis que la philosophie, la mode, les croyances, les arts, étaient importés pour créer des civilisations hybrides. Ainsi la cosmologie brahmaniste et les mandalas bouddhistes ont commencé à être représentés sur les temples. Le sanskrit est utilisé pour écrire le nom des divinités, les villes, les statuts sociaux, les classes (castes?), les objets et pratiques religieuses. La route de la Soie et des épices a bien sûr contribué à cette expansion, grâce aussi aux nombreuses rivières et ouvertures sur la mer. Le Fleuve Rouge permettait aux Dai Viets d'échanger avec les Chinois, tout comme le Mékong était utile aux Khmers. Les Champas (Vietnam central et du sud) utilisaient plutôt des ports, comme Hoi An dont nous parlerons bientôt.

Je refais ensuite un petit tour dans le Old Quarter, pour aller voir le temple Bach Ma, le plus ancien de la ville. Il ressemble un peu aux autres, je n'ai donc pas fait beaucoup de photos, mais c'est chaque fois un enchantement que de pénétrer en ces lieux. Je cherche ensuite un autre endroit visitable, la Memorial House, apparemment une maison rénovée d'un riche marchand, mais je ne l'ai jamais trouvée. Peu importe, je vais faire un peu de shopping, et je serai rentrée pour la bière gratuite à 6h. Je rencontre Antoine, et Enrich du Danemark. La Bia Hoi Ha Noi est une "draught beer" qui n'est pas la meilleure que j'ai pu boire, et qui tape un peu sur la tête le lendemain. Ceci dit, le lendemain, la migraine n'était pas ma préoccupation principale, puisqu'avec le décalage horaire pour moi c'était le 14 novembre, mais pour les Français, encore le 13.

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Jour 2 : La Baie d'Halong

Le lendemain fait mal. Réveillée tôt, je jette un oeil à Facebook et ... au départ, l'incompréhension, tous ces gens qui mettent "Pray for Paris". Je crains le pire, et j'aurais aimé me tromper. Antoine, réveillé aussi, n'a pas de nouvelles de sa famille, qui sont tous à Paris (et comme il est minuit, certains dorment ...). Je prends des nouvelles moi aussi, et je suis soulagée que tout le monde aille bien. Mais nous avons tous deux les larmes aux yeux en découvrant les nouvelles. Je passerai la journée à me connecter sur Facebook pour vérifier que tout le monde est bien marqué en sécurité. Au final, je connais une personne dont un membre de la famille est mort, et qui allait devenir papa. Même si cette personne et moi ne sommes pas proches, je suis quand même très touchée par cette nouvelle effroyable. Plus que pour Charlie, car les terroristes ont ciblé des activités quotidiennes. Je pense aux familles des victimes avec émotion.

Mais je n'annule pas pour autant mes activités prévues aujourd'hui: j'ai réservé un tour pour la baie d'Halong. Y aller par mes propres moyens était bien trop compliqué, les bus stations sont loin du centre ville, le trajet prend du temps, il faut trouver où prendre le bateau, où manger ... Au final pour 30$, je me demande si ça ne revient pas moins cher car nous sommes beaucoup. Tant pis pour l'attrape touristes et le promène couillons, on a le choix entre ne pas se mêler à cette peuplade ou ne pas voir les plus beaux sites classés à l'UNESCO ... J'ai facilement fait mon choix.

Le gérant de la Joy Company qui vient nous chercher à nos hôtels respectifs est un vrai showman. Il ramène un peu de gaieté à la grisaille environnante, malgré la pluie qui commence à tomber. Au Vietnam, encore plus que chez nous, les prévisions météos ne s'accordent jamais, c'est à la chance. Bref, il a probablement dû s'inspirer des stand-ups américains pour nous présenter certaines choses, à base de "ce n'est pas ... et non pas ça ... mais bien: cela !!", et heureusement il n'en abuse pas. Il m'offre même une intervention car je suis allée à Sapa. Décrire la ville en un mot? "Pluvieux!" Tout le monde rigole. C'est aussi agréable car il parle clairement, c'est facile de comprendre ce qu'il raconte en anglais. Il nous présente le pont Doumer (dont il n'y a probablement que moi qui ait retenu ce nom officiel, puisqu'on l'appelle aussi le pont de l'amour), le nouveau centre de business ... La pluie s'arrête vers le milieu du trajet, et nous aussi pour refaire le plein d'essence. Cependant, pas tout de suite de pause pipi, car c'est sale, mais aussi car les tours opérators ont des plans spéciaux pour nous: des aires où on peut acheter des souvenirs et de la nourriture ... deux fois plus cher qu'ailleurs. Haha, les partenariats ... C'est la plus grosse contrainte, d'autant plus qu'il faut attendre 20 minutes avant de repartir - bien que nous soyions tous prêts avant. Il y a beaucoup de bus, et il faut être vigilant pour ne pas se tromper! Nous mettons en tout 3h et demi/4 heures pour parcourir la distance de 170 km. La ville d'Halong est bordée d'hôtels luxueux, et nous pouvons d'ores et déjà voir les grosses formations calcaires, que je vais appeler limestones par la suite car je trouve ce mot plutôt joli. Il y en a partout, tellement qu'on les distingue mal au départ, et on dirait une chaîne de montagnes ininterrompue sur la mer. Difficile de faire des photos, qui ne rendent rien. Nous montons sur notre bateau pour manger (youpi!), le temps d'atteindre le village flottant au milieu des limestones. Je me retrouve donc avec deux irlandais et trois coréens, et nous partageons du riz, un poisson grillé, des nems, des cacahuètes, et ce qui est censé être des fruits de mer, avec des palourdes vides ... Pas pratique. Les irlandais ne savent pas utiliser des baguettes, et les coréens supposent donc que je ne le sais pas non plus, donc ils me tendent une cuillère et me disent "regarde on fait comme ça". Je suis un tout petit peu vexée (niveau 3 sur une échelle de 1 à 10) car je leur ai dit voyager depuis un mois déjà, et surtout j'ai déjà commencé à manger avec mes baguettes. Et à attraper des cacahuètes. Ah! Prends ça, le cliché! Je ne suis pas sûre qu'ils sachent qu'il y a beaucoup d'asiatiques en France, et que du coup, je sais manger avec des baguettes depuis mes 6 ou 7 ans ...

Nous arrivons à notre destination; malgré la grisaille, les limestones sont impressionnants. Il y a des petites grottes, nous pouvons passer en dessous. J'avais prévu de faire du kayak, mais finalement il fait frais, l'eau est un peu sale, et je veux prendre des photos sans risquer de faire tomber mon portable dans l'eau. Je paye donc un peu plus pour un bateau de bambou, et je me retrouve encore avec les irlandais. Ce qui pour la suite sera pénalisant, car nous ne pourrons pas atteindre une petite crique ... le bateau touchant le fond à cause de son poids. Heureusement, il y en a deux! J'admire le ballet des touristes car bien entendu nous nous suivons. Au final, ça ne durera pas très longtemps ... Nous remontons sur le bateau. Qui, stupeur! Refait demi tour! Nous avons oublié des touristes! J'aime bien le gérant, mais la logique veut qu'il faut recompter les gens AVANT de repartir.

Il nous promet un combat de coqs dans la baie d'Halong! Je grince un peu des dents, mais en réalité ... Il s'agit de deux rochers qui ressemblent à des coqs. Ils nomment beaucoup les micros îles et autres rochers, comme "l'île toute seule", "l'île du gorille", "l'île du chat" ... Il y en a 1969 en tout. Le nom de la baie d'Ha Long vient de "dragon descendant", le dragon ayant créé trois baies en descendant le long des côtes. Nous accostons près de Dong Thien Cung, la grotte du singe, car elle a été découverte par les locaux qui suivaient un singe voulant se mettre à l'abri pendant un orage. On peut y voir le "Fairy Breast", censé donner une poitrine généreuse aux femmes qui le touchent. Devinez quoi? Ça ne marche pas ! En revanche, la grotte est magnifique. Elle satisfait enfin mes envies de grottes qui ont été frustrées au Laos par leurs petites grottes inintéressantes. Des draperies, des stalactites, stalagmites, des fontaines, et un éclairage arc en ciel mettant le tout en valeur! On peut dire que les Vietnamiens sont forts quand il s'agit d'éclairages. Nous quittons ensuite la baie et ses aigles tournoyant autour des limestones. Le trajet de retour semble long ... Il y a des travaux sur la route, et le chauffeur doit prendre une route à deux voies, puis repasser sur la quatre voies en passant sur ... un tas de terre plein de bosses. Un terre plein, littéralement. Ok, vive le Vietnam! Rentrés à 21h, nous avons le privilège de ne pas avoir de bouchons. Ils me déposent en premier à Hoan Kiem, je trouve un restaurant pour manger du poulet frit, du riz gluant au maïs et un truc qui ressemble à du saucisson mais un peu plus sucré, et je rentre pour me coucher, exténuée ... Car demain, bis repetita à Ninh Binh/Tam Coc!

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Jour 3: Hoa Lu, Tam Coc, Ninh Binh

Une nuit un peu agitée, du fait du bruit et car je ne sens plus trop mes affaires en sécurité dans cette auberge. En effet, la veille, j'ai constaté la disparition de mon pantalon de pyjama et de mon oreiller chinois, et mes affaires déplacées, ce qui m'agace. Je vais donc le signaler à la réception ... Pour l'instant ils ne peuvent rien faire. Aujourd'hui, mon tour sera avec Mr. Sunny de son surnom! Un peu moins showman, un poil moins chaleureux, mais tout aussi passionnant et efficace. Il nomme les toilettes les "happy rooms" car quand on y rentre, on est content. Pendant le trajet, il nous parle de spécialités locales: je l'aime bien. Notre premier arrêt est Hoa Lu (prononcer Walou), une ancienne capitale avant que cette dernière soit déplacée à Hanoï. C'est le nom d'une fleur que le roi agitait pour rallier ses armées. Elle est construite au pied des limestones qui semblent cette fois ci avoir été posés sur la terre, contrairement à l'effet d'émergence des flots de la baie d'Halong. Il ne reste pas grand chose d'Hoa Lu, le palais royal ayant été bombardé pendant la guerre. Il reste beaucoup d'étangs, car un corps propre équivaut à un esprit clair, et il faut donc toujours se laver avant d'aller voir le roi. Il y a toujours trois portes pour entrer, car 3 est un chiffre porte bonheur. Le roi seul entre par la porte centrale. Le nom "Vietnam" vient de l'époque où la Chine occupait le territoire. "Nam Viet" signifie "groupe de Viets", tout simplement. L'ancien drapeau représente les cinq éléments: l'eau, la terre, le feu, le métal et le bois, et date du 10e siècle. La royauté ne s'éteint non pas avec l'arrivée des Français, mais avec celle du communisme. Ainsi, le dernier roi a dû filer en France pour se protéger, pour que sa famille ne soit pas tuée. Et non, aucun régime n'est parfait.

Nous reprenons le bus pour aller manger à Tam Coc, dans un buffet à volonté, youpi! Je n'ai pas pris de photos, mais c'est là qu'à mon grand plaisir, j'ai goûté ... de la chèvre. C'est délicieux, en brochettes comme avec de petits oignons. Je me régale. Je rencontre ensuite un couple de français de Toulouse, et nous échangeons quelques mots. Il est temps de prendre le bateau, et je fais paire avec Lynn, une Australienne qui travaille dans la fourniture d'équipements médicaux en Asie. Le trajet en bateau est superbe, j'accroche un peu plus qu'à la baie d'Halong, peut être parce qu'il fait beau. Malgré encore le ballet de touristes, c'est très paisible. Nous naviguons sur la rivière pendant deux heures, puis prenons des vélos pour un petit tour d'une demi heure. Un peu dur de s'y remettre! Même si j'étais loin d'être à l'aise vu que je ne suis pas montée sur un vélo depuis 7 ans si ce n'est un vélo d'appartement, c'est vrai que ça ne s'oublie pas.

Nous retournons ensuite à Hanoï, avec un peu de retard suite à un accident sur la route. Avant de nous quitter, deux petites anecdotes:

1) La numérotation des étages est à l'américaine. Le rez de chaussée c'est l'étage 1! Eux aussi sont restés longtemps ...

2) J'avais remarqué que chaque rue du vieux quartier semblait avoir des spécialités, par exemple l'aciérie ou la mercerie. En fait ça va plus loin: c'est carrément le nom des rues! Rue de la soie, rue de la papeterie ... facile! Même si elles tendent à diversifier leurs activités.

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Jour 4

Au départ, je voulais me rendre à la Pagode des Parfums ... Mais il fallait réserver encore un tour d'une journée. Et faire encore minimum 4h de bus dans la journée. Jamais deux sans trois? Pour le coup, j'ai contredit ce proverbe. Elle a l'air jolie, au sommet d'une montagne; mais il faudra payer 5$ de plus pour le téléphérique, et cela me convainc de prendre une journée tranquille. D'après les photos, elle n'est tout de même pas extraordinaire. Et puis, j'ai surtout envie d'aller voir les marionnettes sur l'eau le soir, les Water Puppets, et de goûter des choses que je n'ai pas encore eu le temps de goûter.

C'est officiel: mon pantalon de pyjama est perdu. Je pense que la femme de ménage l'a embarqué avec les draps, et je lui laisse le bénéfice du doute, sans faire exprès. Nous arrivons tout de même à retrouver mon oreiller chinois, auquel elle avait passé une housse et elle l'avait mis sur un autre lit! Ahem ... Elle est tout de même un peu bêtasse. Un oreiller étant plus difficile à trouver qu'un bas de pyjama de remplacement, je suis quand même contente.

Je sors de l'auberge vers 11h pour aller goûter un Banh Cuon, qui me donne envie vu la description du Lonely. Et c'est normal puisqu'il s'agit des petites crêpes vietnamiennes dont je rafolle en France! Et elles ont ... le même goût que celles que j'achète. Bien joué, si elles sont aussi bonnes que les authentiques! C'est une petite portion, donc il ne s'agit que d'un encas. Je vais ensuite réserver mon billet pour le spectacle de ce soir, il ne reste que 21h15. Je prends ensuite une autre rue pour aller prendre quelque chose de plus consistant: un Xoi Yen, qui ressemble à ce que j'ai déjà mangé avant. Du riz gluant au maïs un peu pâteux, mais sur lequel je peux ajouter la saucisse asiatique sucrée, du porc au barbecue et un oeuf, et une fois de plus je me demande comment ils peuvent donner ce goût là à un simple bout de porc. J'ai beaucoup de questions à poser à ma Couchsurfeuse demain ... Je suis toute contente et en même temps j'ai un peu d'appréhension! Mais il n'y a pas de raison que ça se passe mal.

Retour à l'auberge pour se reposer un peu, puis lorsqu'il fait un peu moins chaud, je me dirige vers le musée des arts vietnamiens. Discret, au coin d'une petite rue, il n'est pas clinquant comme le musée d'Ho Chi Minh. Il est dans un petit bâtiment colonial, mais c'est sympathique de le visiter, sans beaucoup de monde. Il y a des statues en bois laqué, des peintures sur bois, sur soie, sur papier, des céramiques, des robes et objets folkloriques ...

Pour faire rapide pour la suite des évènements: happy hour à la bière, bun cha puis marionnettes. Lorsque je me présente au théâtre, la salle n'est finalement pas comble. Des musiciens jouent des instruments parfois un peu étranges en guise d'introduction, et accompagneront le spectacle. Ce dernier est une vraie partie de plaisir! Même si je ne comprends pas un mot de vietnamien, les intonations peuvent être drôles, selon la scène je ris ou je suis émerveillée. Je ne comprends pas tout de suite comment ça marche, mais ensuite je repère que la troupe de marionnettistes est derrière des stores, et carrément immergés dans l'eau pour leur représentation. Le reste ... c'est magique.J'ai fait plusieurs petites vidéos de 5 secondes, parfois 10, pour la meilleure qualité d'image possible (bon, ce n'est pas exceptionnel non plus) et pour en même temps ne pas importuner les gens trop longtemps. En tout cas, en seulement une heure de spectacle, c'était magique, et ça valait vraiment le coup!

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Résumé de l'étape: premier Couchsurfing, baignade, dormir sur une paillasse, beau temps, ville trop mignonne, long trajet inutile, oh-merde-j'ai-encore-failli-mourir-en-scooter, train funky, citadelle et Cité interdite, réflexions sur le racisme.

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Je suppose que vous connaissez tous le Couchsurfing ... Ou peut être pas, en fait. Le principe est donc de trouver un hôte dans la ville qu'on souhaite visiter et on va squatter chez lui gratuitement (enfin, l'inviter au resto ou payer deux trois courses ou encore offrir un cadeau c'est bien, dans le doute j'ai choisi la dernière option au cas où ma Couchsurfeuse ne voudrait pas que je fasse le reste, haha!). C'est ce que je vais faire aujourd'hui. Mais d'abord, prenons l'avion! Je rencontre Sven, un belge flamand, qui part à Danang également. On fait donc la route ensemble, pour prendre un minibus un peu plus rapide et fiable que le bus de ville. Il est sympa comme tout, il a déjà passé un mois au Vietnam et a goûté des choses bizarres comme des soupes avec des têtes d'oiseaux, ou du vin avec un oiseau mort, il paraît que c'est bon pour la santé!

Pesée du sac: 11,6 kilos. Honorable. Et choc à la porte d'embarquement: je retrouve le couple avec qui j'avais passé la frontière! Trop drôle la coïncidence! Le vol passe à une vitesse éclair, quand on s'est habituée à des trajets en bus de minimum 3 heures, jusqu'à 11 heures ... La récupération des bagages est aussi très rapide, beaucoup plus qu'en France et c'est impressionnant. Pour une compagnie low cost, Jetstar c'est cool!

Sven part directement vers Hoi An et nous nous disons au revoir, pendant que j'attends que Tam An, ma Couchsurfeuse, vienne me chercher en scooter, et le trajet avec le sac sur le dos m'a fait un peu mal partout mais qu'importe. Je suis contente de l'avoir reconnue directement (non ce n'était pas forcément facile!). Elle est toute jeune, 19 ans, et elle veut devenir guide touristique. Elle ne parle pas très bien anglais pour l'instant (il faut qu'elle s'accroche pour passer le TOEFL!) et du coup je lui parle lentement, comme j'aurais aimé que mes potes américains et anglais me parlent, et du coup on se comprend mieux. A tel point que je crois qu'elle n'a pas compris ce que voulait dire "Fluent in English" sur le site! Mais tant pis, je suis contente de pouvoir lui rendre service en lui parlant anglais, et c'est là que je vois que je n'ai jamais eu un si bon niveau, je ne reconnais même plus mon accent français! Mais je crois que Tam An comprend mieux si je le reprends, les sonorités doivent ressembler un peu plus à de l'anglais avec l'accent vietnamien.

Nous arrivons chez elle, et je fais connaissance avec sa grand mère. Peu importe quand on n'a pas de mots, un sourire fait tout comprendre! Je fais aussi connaissance avec le mode de vie vietnamien: pas de matelas! Mais une natte de bambou sur des planches surélevées! Pas de douche mais un tonneau rempli d'eau froide et une petite coupelle pour s'asperger. Et finalement pour avoir essayé ce n'est pas si terrible que ça, car il fait environ 26 ou 27 degrés le soir. Mais ça me fait rire, quand j'y repense, le fait que je n'aie pas voulu me laver les cheveux à Hanoï en espérant trouver de l'eau chaude à Da Nang. Hahaha, quelle européenne! Aussi, seulement deux pièces et la salle d'eau sur le palier. Pas de machine à laver mais tout à la main. Pour trois jours, je trouve ça super.

Tam An est un peu fatiguée, et elle reste souvent sur son portable, plus souvent que moi. Mais on sent qu'elle est un peu timide, et puis l'anglais n'est pas très facile pour elle; vu le nombre de personnes qui l'appellent au téléphone, elle doit être très chouette! Vers 16h30 nous allons à la plage, je vais me baigner dans la Mer du Vietnam! (oui c'est son nom) En revanche pas de photos, car Tam An me dit qu'il ne vaut mieux pas prendre autre chose que des vêtements, car on pourrait nous les voler. Je lui fais donc une confiance absolue. Et nous montons encore sur le scooter, et c'est tellement bien de se faire balader comme ça! J'ai d'ailleurs compris le truc: les gens peuvent passer au rouge s'ils tournent à droite. Ça explique pas mal de choses.

Je dois me baigner à la manière asiatique: habillée. J'ai mis mon débardeur de sport et mon short qui me sert à ne pas frotter mes cuisses entre elles. Eeeet j'aime toujours autant les vagues. Nous restons à peu près trois quarts d'heure. Tam An me confie qu'elle ne sait pas nager, qu'elle n'a pas appris; je lui confie que je sais nager mais que je ne sais pas aussi bien conduire un scooter, vu qu'ici ils ont l'air d'être nés sur un scooter. Ce n'est pas si éloigné de la vérité car j'ai vu un bon nombre de bébés transportés sur des scooters! L'eau est chaude, il fait bon ... Et c'est le crépuscule. Un chouette moment.

Nous rentrons, Tam An part voir une de ses amies pendant que je teste la douche, test qui s'avère donc concluant. Il n'y a rien de tel pour devenir écolo lorsque l'on se rend compte de l'eau que l'on gaspille ... Avec le minimum, j'ai dû utiliser 20 ou 30 litres, peut être. A son retour, nous mangeons ce que nous a préparé la mamie: du riz, du tofu, de la soupe aux épinards, c'est vraiment bon. Et je dois encore prouver que je sais manger avec des baguettes, mais je suis fière de moi! Tam An s'est arrangée pour me louer un scooter pour le lendemain. Le loueur vient donc à 20h, et après sa visite, nous partons faire un tour de Da Nang by night ... Vous vous souvenez quand je vous disais que les Vietnamiens étaient très forts en éclairages? Et bien c'est toujours le cas au centre du Vietnam. Il y a 7 ponts à Da Nang et chacun est savamment éclairé. En particulier, le Dragon Bridge vaut le détour! J'apprends qu'il crache même de l'eau les samedis et dimanches ... Pas de bol, je pars vendredi. Nous nous arrêtons également boire un jus de canne à sucre sur les berges de la rivière. Je me plais déjà ici! Et j'apprends aussi l'astuce des Vietnamiens pour ne pas non plus perdre tout leur argent en lumières: tout s'éteint à 10h, heure où beaucoup de gens vont se coucher. Et nous rentrons comme nous sommes venues.

 Commentaire de 2021: Oui c'est bien mon masque du covid, je l'ai acheté là-bas pour le porter à scooter.
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Direction Hoi An

Bon ... La nuit n'a pas été très facile sur la paillasse. Malgré le fait d'avoir dormi SUR le plaid, j'ai mal partout. Je suis réveillée à 7h30, et cela ne m'empêche pas de prendre le scooter pour partir à l'aventure ... Enfin, la première étape consiste à aller acheter un billet de train pour Hue demain. L'ayant repéré écrit en vietnamien sous titré anglais, j'écris les mots vietnamiens sur mon carnet pour les montrer à la guichetière, pour éviter la confusion. Cependant elle parle anglais ... Et elle ne sait pas si le train va passer par le tunnel ou par la côte. Ça sera la surprise demain, et déterminera mon moyen de retour! Je dois aussi repérer où est l'arrêt de bus. Tout ceci fait, je décide de me diriger vers la Lady Bouddha, qui veille sur Da Nang un peu à la manière du Christ du Corcovado. J'emprunte donc encore un autre pont de la ville. Les prévisions annonçaient de la pluie, il fait grand soleil, c'est très agréable de rouler cheveux au vent, et finalement le masque est très pratique pour ne pas prendre de coup de soleil sur le nez, ou autres résidus de pollution. Et de la petite butte, on peut voir toute la station balnéaire qui s'étend sur la plage de sable blanc. Un régal.

Une ville plus agréable qu'il n'y paraît  

Je fonce vers Hoi An, plus grand port impérial du 16 au 17e siècle, en espérant prendre une route qui longe la mer ... Déception car elle longe des entrées d'hôtels qui offrent des plages privées. Et ça me rallonge le trajet de 6 km ... Ceci dit cette fois ci, la route qui a bifurqué sur la droite est belle. Elle passe au milieu des rizières verdoyantes et des rivières et petits étangs. J'arrive enfin à Hoi An pour avoir une bonne et une mauvaise surprise. La bonne, c'est que la ville est mignonne comme tout! Les murs sont d'un jaune provençal (et je n'ai pas trop joué sur la saturation en retouchant mes photos), les toits en bois sombre, il y a pas mal de petites lanternes pour décorer, des tonnelles ... Un paysage idyllique, lui aussi classé à l'UNESCO! Mais je vais finir par croire que ces derniers sont des brigands, car 120 000 dongs pour visiter cinq trucs à choisir parmi une vingtaine de choses à voir, c'est un peu abusé. Il faut un ticket pour tout, chaque pont, chaque temple! Du coup autant prévoir son itinéraire à l'avance. Cette vieille ville est assez petite, et se visite rapidement. Je visite le pont Pagode, reliant le quartier chinois au reste de la ville, et dont les français avaient enlevé une partie pour faire passer leurs véhicules ... Les cons! L'original a ensuite été restauré. J'y zappe les musées pour y préférer les temples et maisons anciennes, même si celle que je visite, conseillée par le Lonely Planet, est un peu arnaque ... Pas parce qu'elle n'est pas belle, mais parce qu'on voit déjà tout de l'extérieur; je pensais qu'il y avait une autre pièce, mais non. Cette mésaventure m'a permis de ne pas me faire avoir deux fois, et de truander un peu le système, quand en passant devant un petit temple, je m'y suis faufilée ... Le contrôle des tickets était au fond de la pièce et le gardien regardait la télé. J'ai admiré et pris des photos sans faire de bruit ... héhéhé. Cela m'a permis de visiter une chose en plus!

 Sur la dernière photo: une licorne! Pas le même concept! 
 Maison de  Tan Ky, Docks, temple Quan Cong (6), Phuc Kien Assembly Hall (10)
 Cookies au sable, Quand Trieu Assembly Hall.

Je ne reste en tout qu'environ deux heures ici, car je souhaite aller visiter My Son, l'ancienne capitale du royaume Cham (centre du Vietnam), devinez quoi, classée à l'UNESCO, devinez encore quoi, l'entrée coûte 100 000 dongs ... En rentrant, je pense que je pourrais bosser pour eux. J'ai environ 1 heure de route pour m'y rendre et je dois y être pour 15 heures, car le parc ferme à 16 heures. C'est mal parti car je fais un détour inutile, ratant la grande route ... Bon, pas grave, le scooter c'est chouette, malgré le mal de dos qui commence. Je retourne sur le bon chemin, traverse plusieurs villages, et la route commence à paraître longue ...

J'arrive enfin sur les lieux. Et je dois dire que je suis déçue. Évidemment, il ne reste pas grand chose, c'est vieux et ça a été bombardé ... Mais ce n'est pas comme ça qu'on nous le vend dans les guides, et en parlant de vendre, le prix est exorbitant pour ce que c'est. Alors oui, il y a bien quelques vestiges de temples hindous. Mais ceux de Sukhothai étaient mieux conservés, plus passionnants, et c'était bien plus grand. Ici les panneaux essayent de nous faire rêver à base "d'imaginez ce temple, de magnifiques marguerites étaient taillées. La base de la tour était ornée de figures animales et humaines ..." oui, d'accord ... Mais là c'est un tas de pierres. Bon, je suis mauvaise langue, ces reliques étaient probablement au musée de l'entrée et je les ai regardées vite fait. Cela n'avait tout de même rien de très folichon, et le site est visité en 30 minutes. Bien ... Il est temps de reprendre la route pour Da Nang.

Et cela n'a pas été une mince affaire! Je dois parcourir 55 km, prendre la voie rapide, et il est déjà 17h ... La nuit va bientôt tomber. Je me mets donc vite en route, mais m'aperçois que la jauge d'essence a chuté rapidement! Donc le premier challenge est de trouver une station essence avant de tomber en panne ... Réussi de justesse! Ensuite, c'est l'heure de sortie des étudiants, il faut donc esquiver tous les vélos, scooters et voitures ... Heureusement j'ai plus d'aisance, et j'ai confiance en mon scooter, c'est important. Et le dernier mais pas des moindres ... Rentrer en prenant la grande route avec la nuit qui vient de tomber, plein de monde et ... Avec mes lunettes de soleil car sinon je me prends des cailloux et des insectes dans les yeux. Et ce pendant 30km donc un peu moins d'une heure. Je ne me suis pas permis d'avoir peur, pas permis de penser concrètement à ce qui se passerait si je dérapais ou rentrais dans quelqu'un qui déboulait sans phares et klaxon alors que je ne vois presque rien, seulement les autres phares et le faible éclairage. C'est en fait assez tant que je suis concentrée. Pas besoin de jeux vidéos dans ce pays! J'ai décidé de me faire confiance, je peux et je dois le faire. Des fois j'ai des frayeurs, puis je me reprends. Au loin, je vois la grande roue de Da Nang comme un phare dans la nuit. Elle est rassurante. Je tiens bon, malgré mon dos contracté et mes fesses meurtries par le siège ... La grande roue, encore, mais elle semble toujours aussi loin. Les minutes sont des heures, les secondes éternelles. La revoilà et cette fois elle est significativement plus près ! Un péage, encore un peu de route, une sortie à droite, un repérage sur Google Maps ... Et je reconnais les lieux. Je suis en sécurité. Plus que jamais, j'ai mérité du repos!

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Le train pour Hue

Alias le jour où j'ai fait n'importe quoi niveau dépenses car j'ai dû prendre des taxis alors que je déteste répondre à leurs sollicitations. Je ne voulais pas que Tam An s'embête pour moi alors qu'elle n'avait pas cours, elle était fatiguée, donc j'ai voulu prendre un bus. Des jeunes me disent qu'il faut lui faire coucou pour qu'il s'arrête, pas besoin d'aller jusqu'à l'arrêt, et habituée à la Thaïlande et au Laos ça ne me choque pas ... sauf que ça n'a pas marché, il ne s'est pas arrêté. Le temps pressant, je dois donc prendre un taxi ... Première déconvenue, donc. Les Vietnamiens n'autorisent personne sur les quais tant que le train n'est pas là, et ils ferment carrément les portes d'accès au quai et ne les ouvrent que quand le train arrive. Là il n'y en avait qu'un à la fois. J'ai choisi un "hard seat", il s'agit d'un banc en bois. Dans le wagon, il y a même des gens qui dorment par terre sur leur paillasse ... Il faut dire que ce train fait HCMC-Hanoï en 40 heures. Des gens y passent presque deux jours de trajet. En conséquence, des chariots de nourriture passent aux heures de repas, et font payer des rations comme dans les avions. Le train, lui, ne va pas vite, 30 km/h à peu près, et il bouge dans tous les sens, mais le chemin qu'il emprunte vaut largement le coup. Lorsque nous stoppons dans une gare, nous sommes assaillis par les vendeuses de nourriture, et je dois avouer que je suis contente de constater qu'elles harcèlent tout le monde alors que je suis la seule blanche du wagon. Il y en a une qui tient la jambe du jeune homme assit en face de moi pendant au moins trois longues minutes. Vendre des choses comme ça, devoir insister et surtout essuyer des refus (ou carrément des "lalala je t'entends pas je te vois pas" quand ils essayent de me harceler) ce n'est pas une vie idéale non plus, ils ne font pas ça pour le plaisir. C'est très difficile, cette part entre l'agacement et finalement, la compassion. Là où est l'une des différences majeures d'avec nous, et que j'ai de plus en plus de mal à supporter, c'est qu'on dirait qu'ils nous forcent, alors que l'on pourrait très bien aller vers eux quand on en a besoin, on sait demander tout de même. J'ai souvent l'impression que les consommateurs potentiels, et les touristes cent fois plus, nous serions des oies à gaver et ils nous mettraient un entonnoir dans la bouche. En fait c'est comme les télédémarcheurs en France, puissance 10 et on ne peut même pas leur raccrocher au nez.

Arrivée à Hue et là encore, tout ne se passe pas comme prévu: le train que je veux prendre pour le retour est complet. Je suis obligée de me rendre au terminal de bus en taxi scooter, et bim payons donc l'aller-retour, tout ça pour apprendre que je ne pouvais pas réserver de ticket de bus mais que je devais me présenter à l'heure pour y monter. Inutile, donc. J'ai dû reprendre encore un taxi scooter car la citadelle était plus loin que prévu, le pont en plein cagnard, et je n'ai pas un temps illimité ici. Heureusement, je négocie de mieux en mieux.

L'entrée pour la citadelle impériale coûte 150 000 dongs (6€), mais cette fois ci le jeu en vaut la chandelle. Elle ne date que du début du 19e siècle et n'a été quittée qu'en 1945 ... Seulement au Vietnam l'histoire est toujours un peu la même: soit les Français ont rasé les bâtiments pour construire les leurs, soit les Américains ont bombardé. Ici il s'agit de la seconde option. Mais les équipes de restauration font un travail extraordinaire, car de nombreux bâtiments ont été rafraîchis, presque comme neufs. Des allées ombragées permettent de se promener dans la citadelle, mais parfois il faut bien passer au soleil ...

Avant de continuer, un peu de précisions sur ce système impérial (dynastie des Nguyen). Sans grande originalité, l'Empereur est l'autorité suprême, représentant du paradis sur terre. Il n'y a que la Reine Mère qui, selon l'étiquette royale, l'égale. C'est lui qui légifère et fait appliquer la loi en tant que Juge Suprême, il est considéré comme père ET mère de tous ses sujets. Il se doit de respecter le culte des ancêtres et des esprits (ce qui est logique quand on les représente sur terre). Beaucoup de pression tout de même vu que l'harmonie de son peuple dépend de ses actes. Seul lui peut célébrer les victoires et signer les traités. Il vit semi-reclus, dans la Cité Pourpre Interdite, son pouvoir devant rester préservé par le mystère qui l'entoure. Ses échanges se font par un murmure à travers de fins écrans pour le camoufler. (C'est un peu terrible comme vie ...) Dans ses décisions il est assisté par un conseil de quatre mandarins du plus haut rang, le Co Mat. Il traite d'affaires politiques strictement confidentielles et assure le pouvoir pendant la transition entre la mort de l'Empereur et la prise de pouvoir de l'héritier au trône. Un conseil de ministres d'un rang plus bas, le Noi Cac, est l'intermédiaire entre l'Empereur et ses autres ministres. Le Ton Nhon conseille et représente la famille royale pour les affaires internes, en collaborant avec les autres autorités. Le Do Sat Vien fait appliquer les lois. Le Trésorier Impérial est appelé le Noi Vu Phu. Le Kham Thien Giam s'occupe des prophéties et de fixer les dates des cérémonies annuelles selon les auspices. Le Secrétariat Impérial prépare les décrets et garde les sceaux.

Les mandarins le représentent dans les provinces, et ne sont pas choisis du fait de leur position sociale mais bien par ce qu'ils peuvent accomplir. Il y a plusieurs phases dans ce concours, basé sur la doctrine confucéenne. Les épreuves se tiennent tous les trois ans. Au départ il siège au Thi Huong dans sa capitale provinciale, s'il y parvient il passe au Thi Hoi dans la capitale de région, puis s'il se distingue particulièrement, au Thi Dinh à la cour de l'Empereur. Cette épreuve finale dure toute une journée et confronte beaucoup de candidats sur des questions politiques, légales et morales. S'ils sont choisis par l'Empereur, ils sont présentés au palais à la foule, à dos de cheval, accompagnés par le Ministre des Rites, et traversent les jardins impériaux. Oui, c'est un concours de la fonction publique amélioré, en quelque sorte. Ils sont ministres, officiers, juges, diplomates, leaders locaux, et peuvent enseigner. Il y a neuf rangs dans le mandarinat, divisés en deux grades, soit 18 grades en tout. Ils coordonnent les transports et les échanges, supervisent les constructions des routes et des barrages, collectent et assignent les taxes. Ils sont très respectés, du fait de leur représentation du pouvoir impérial. Une discipline de fer est exigée, et s'ils dérogent à la règle, les punitions n'en sont que plus terribles (il n'est pas précisé de quoi il s'agit exactement, peut être de la torture?).

Il y a six rangs chez les eunuques, qui veillent sur les concubines et autres femmes (plusieurs centaines). En comptant les servantes, les femmes sont classées selon 8 rangs. Les eunuques, Thi Ve, tirent les ficelles. Si un enfant d'un genre indéterminé naît à la campagne, il est placé sous la protection du Ministre des Rites. Son village est alors exempt de taxes et sa famille reçoit une compensation. Mais il ne pourra jamais atteindre la position de mandarin. Les eunuques adultes sont respectés ; chaque jour ils font une liste de concubines pour l'empereur. Ils sont aussi les confidents du monarque. Ils sont recrutés dans la garde impériale et ont des missions secrètes.

La manière de s'habiller définit également le rang, et à la cour, la vie quotidienne est rythmée par de nombreuses petites cérémonies significatives où chacun a son rôle à jouer: aucune fonction n'est inutile. Pour les mandarins, la couleur et la matière de la robe varient en fonction du rang. Une robe bleue basique est portée pendant une audience ordinaire avec l'empereur. Pour les cérémonies spéciales la couleur de la tunique correspond alors au rang de la personne. Ce peut être cuivre, bleu ciel, violet, vert mandarin, indigo, ou bleu-jade. Au dessus de la ceinture, ils portent des "ailes de paon". Leurs tuniques sont brodées d'or, représentant des animaux symboliques, là encore selon le rang. Tout le monde a des badges en signe de leur autorité, en or, argent, ivoire ou ébène.

La visite me prend environ deux heures.

 Porte Ngo Mon, palais Thai Hoa,  Hien Lam pavilion.
 Temples To Mieu, etc.
 Des trucs aux noms imprononçables ...  .. et à la fin, un Bun Bo Hue, et Tam An et sa mamie!

Je ne dois tout de même pas perdre de temps; je mange des nouilles instantanées sur le pouce, et je prends un taxi scooter pour filer vers la gare routière et prendre le bus de 16h en avance pour avoir de la place et ne pas rentrer trop tard à Da Nang, ce n'est pas poli. Dans le bus, une vietnamienne - dont je n'ai pas retenu le nom ... - engage la discussion en anglais, et c'est agréable car elle parle bien et elle est bavarde juste ce qu'il faut! Je regrette un peu de ne pas l'avoir comme Couchsurfeuse. Elle est serveuse à côté de ses études et adore pratiquer l'anglais avec les clients étrangers. Elle m'apprend officiellement que le masque est porté non seulement pour la pollution mais aussi pour protéger son nez et ses joues du soleil, et c'est pour cela que la majorité des gens qui les portent sont des femmes.

Un incident se produit en arrivant à la gare routière qui a tôt fait de faire passer mon exaspération face aux chauffeurs de taxi au niveau supérieur. Le bus n'était même pas rentré qu'ils m'avaient repérée et déjà me hurlaient dessus. Mais .. LAISSEZ MOI ARRIVER TRANQUILLE !!!! Je ferme violemment la fenêtre, les insulte, tout le monde me regarde mais je m'en fiche, ma réaction est légitime. Je ne pourrais jamais vivre ici, du fait de ma couleur de peau qui pour eux semble crier PIGEON ou ARGENT. Où que j'aille je suis catégorisée par leurs préjugés (les baguettes ...), ils me repèrent comme des vautours. Je ne me fonds pas dans la masse et je ne peux pas me cacher. Même sous mes lunettes, masque et casque de scooter, même si ma peau devient plus dorée, mes cheveux me trahissent. Et au Cambodge ça sera pareil ... Je vis déjà ça au quotidien du fait de mon genre, pour mon voyage cf. le Laos ou cf. la vie d'une femme face à des machos, on veut leur faire du mal mais souvent on est coincées et ça ne sert à rien car il y aura toujours un prochain. Là j'expérimente la différence de traitement de par la couleur de peau. Je n'ai pas la prétention de savoir ce que les non-blancs ressentent car ce n'est pas de la discrimination. Mais le sentiment doit être similaire, et c'est horrible. Déprimant de se sentir si impuissante ... Alors, qu'est ce que ce doit être quand on est victime de racisme?

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Résumé de l'étape: au revoir petite lampe laotienne, arnaque à la frontière, ATM jem'enfoutiste, temples et Palais Royal, danses cambodgiennes.

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Et ce qui devait arriver ... arriva. C'était tout un challenge de transporter ma petite lampe laotienne en papier à la main dans les déplacements pour ne pas qu'elle s'abîme dans mon sac. Je me demandais si elle tiendrait jusqu'à Montpellier, en bon état, et si je n'en aurais pas tellement marre de la porter que je ne la balancerais pas dans une poubelle ... Et en même temps, elle était jolie et je n'avais ramené que ça du Laos. Et bien elle est restée à l'aéroport d'Ho Chi Minh Ville/Saïgon, certainement dans les toilettes après qu'une mamie m'ait poussée dehors alors que j'ouvrais la porte. Mais je ne m'en suis rendue compte qu'une fois dans le bus ... Et bien, tant pis. J'ai le support lumineux donc elle ne fera même pas lanterne pour celui qui la trouvera. Ou alors ils vont croire que c'est une bombe et faire évacuer l'aéroport ...

Bref, c'est un peu un acte manqué mais en même temps, j'aurais dû acheter un autre petit truc du Laos, quel dommage! Je me retrouve avec un bout de bois et une ampoule! Et des kips ...

Un peu triste mais relativisant cet incident, j'observe HCM City par la fenêtre du bus, alors que le contrôleur m'a fait payer double à cause de mon sac. C'est une ville très moderne, qui semble beaucoup plus occidentalisée que Hanoï. Il y a plein d'enseignes américaines (Baskery Robbins, Starbucks, New York Café, Burger King ...) et un peu plus de buildings. Et beaucoup de bouchons! Mais pourtant j'arrive une bonne heure à l'avance avant le départ du bus, le temps de manger, et j'embarque vers le Cambodge pour de nouvelles aventures!

Le gérant qui nous accompagne nous demande nos passeports, et le tampon de sortie du Vietnam est très rapide à obtenir. Ensuite, le visa cambodgien est à 35$: je n'en ai que 31 et de plus je vois marqué "visa touristique: 30$, visa ordinaire: 35$" et déjà ça sent l'arnaque. Je lui donne mes dollars et 140 000 dongs, ce qui était un peu trop mais je n'avais pas le choix ... Et bien sûr il ne m'a jamais rendu ma monnaie. Soit disant à cause du taux de conversion riels/dongs. Et la magie du taux de conversion a fait que comme par hasard j'avais donné pile ce qu'il fallait! J'ai eu beau insister ... Bien sûr rien n'y a fait.

La toute première impression du Cambodge n'a pas été la meilleure. En entrant dans le poste frontière, qui est carrément construit à la façon d'un temple alors que le côté vietnamien n'est qu'un bloc de béton, ça pue. Ce sont soit les toilettes, soit la climatisation, je ne sais pas ... Et bien, d'accord, c'est un peu surprenant. Au dehors bien sûr cela ne sent pas comme ça, mais il y a une légère odeur subtile de nourriture et d'épices différente du Vietnam. C'est quand même fou que ça se sente juste en passant la frontière! Je vais finir par croire que les nuages radioactifs aussi s'y arrêtent vraiment ... Bon, ici il s'agit bien entendu de la nourriture cuisinée qui sollicite notre olfaction. Nous avons encore de la route et une heure et demie avant que la nuit ne tombe. Encore une fois, d'un pays à l'autre le contraste est parfois un peu surprenant. Les champs sont vastes et s'étendent à perte de vue, moins verdoyants, le relief est bien plus plat. La route est correcte, toujours meilleure qu'au Laos. Je vois toute une foule de gens sortir de ce qui ressemble à une usine (qui clame être en vente sur un panneau ...) et c'est le spectacle d'une foule colorée qui s'offre à moi, foule se pressant dans des pick-ups pour quitter les lieux, foule se déployant dans le petit marché proposant de la nourriture à la sortie du travail ... Affiches pour le Cambodian People's Party, gouvernement mis en place par les Vietnamiens lorsqu'ils ont chassé les Khmers Rouges, dirigé par Hun Sen .. Un ancien Khmer Rouge. Autant vous dire que les Cambodgiens étaient très contents au départ, cela dure depuis 1979. Car les élections de 2013 ont encore rendu le CPP victorieux à la majorité ... Enfin, sur le papier, un peu comme Poutine en Russie. Le Cambodge est un pays de corruption. Suite à cette annonce, le peuple a protesté pendant sept mois, mais ils doivent pourtant bien se résigner. Il y a deux leaders d'opposition et le peuple espère qu'ils puissent un jour se mettre d'accord pour une opposition plus consistante.

La nuit finit par tomber et le trajet commence à sembler long, vu que pour moi il a commencé dès 7h du matin. J'ai faim et sommeil ... Et pas grand chose pour m'occuper, la wifi de temps à autre, mais ce qu'il se passe au dehors n'est pas très passionnant la nuit. Enfin nous arrivons à Phnom Penh, littéralement "la colline de Lady Penh", jeune dame ayant construit un temple sur la colline car elle venait de trouver quatre Bouddhas flottant sur le Mékong. En approchant du centre ville et du palais royal, wahou! Les Champs Elysées! Je n'exagère qu'à moitié car les arbres sont parés de guirlandes lumineuses et le boulevard mène non pas à un arc de triomphe mais au monument de l'indépendance, sorte de grosse tour style khmer. Pendant ce temps, le bus est censé s'arrêter bien plus loin que le centre, mais je repère des gens qui veulent descendre avant ... Je dis au gérant que je souhaite aussi descendre avec ces locaux, et il me dit quelque chose comme "vous ne pouvez pas attendre le terminus? De là vous pourrez prendre un tuktuk pour revenir en ville" - et il faudrait arrêter de me prendre un peu pour une conne, car quand je lui dis que non je n'ai pas d'argent - c'est vrai - et que je vais y aller à pied donc autant que je descende là, il essaye de m'embobiner en disant "qu'il y a déjà trop de bagages à sortir" ... Oui donc un sac de plus c'est énorme ... Je l'ignore totalement et je descends donc avec les autres personnes, deux autres blancs avec moi, et je crois comprendre que le gérant nous dit de remonter dans le bus maintenant que nous avons nos sacs. Sentant la colère monter, j'arrache mon sac de ses mains, donnant un coup à une pauvre jeune fille qui se trouvait derrière moi - pardon! :/ - et lui donne mon étiquette à bagage. Il ne va pas me forcer à prendre un tuktuk ! Il se tourne pour parler avec les deux autres blancs et je m'en vais, vite fait bien fait, sur le grand boulevard.

Il me faut de l'argent, et il y a plusieurs ATM. Mais je n'ai pas de chance avec le premier! Il me dit "maximum 1000" et je me dis que 1000 riels c'est peu mais je peux le faire en plusieurs fois ... Mais la transaction est annulée, "à cause de trucs". Non, ce n'est pas moi qui invente. C'est le message de l'ATM. "For some reasons". Malgré la situation, j'éclate de rire, et me dirige donc vers un autre ATM. Et là surprise! Il n'y a que des dollars! C'est la même chose pour tous les autres! Je me doute qu'il n'y a pas le choix et je voudrais tout de même confirmation que je peux payer comme ça en dollars, j'attends donc l'auberge de jeunesse où on me le confirme. Je ne peux pas payer la chambre dans l'immédiat, je dois juste retirer, et la jeune femme me dit que ce sera 1$ de plus ... Apparemment c'était une blague mais peut être pas tant que ça si j'avais effectivement payé le lendemain. Ce pays va me rendre parano!

Et vu les prix de la nourriture, des entrées, de tout, je suis finalement contente de n'y rester que 5 jours, tant pis pour le prix du visa. Je ne pense pas que je vais m'y sentir aussi bien qu'en Thaïlande ou au Vietnam si absolument tout a un prix - c'est ce que dit le Lonely. Je m'engage dans une rue pour trouver de la nourriture, ce n'est pas un franc succès en revanche c'est la rue des bars, et des bars colorés. Les jeunes filles ici s'habillent comme des occidentales allant en boîte, parfois un peu provocantes, mais elles sont plutôt jolies. Je ne sais pas jusqu'où peut aller la prostitution ici, cependant, ou du moins l'escort. Bref, on ne se croirait plus à Phnom Penh, on serait presque de retour à Bangkok sur la Khao San Road mais en un peu plus soft, tout de même. Je suis cependant trop fatiguée pour rester, on verra demain vu que mon bus de nuit est à 22h30. Je mange un petit truc dans un restaurant et je monte les 4 étages aux marches géantes - je ne redescends pas! - pour aller me caler dans mon lit, sur un matelas moelleux! Quel plaisir! En plus la ville n'étant pas très grande et les visites concentrées dans mon quartier, je peux faire la grasse matinée jusqu'au check out ... Et inutile de préciser que je vais en profiter.

Je me renseigne un peu sur l'histoire du Cambodge, entre magnifiscence, soumission et tâches de sang. Le territoire a d'abord été occupé au premier siècle après JC par les Indiens, qui en firent un point d'échanges pour le commerce, grâce à la mer et au Mékong. Plusieurs petits royaumes se créent, dont Funan et Chenla. C'est en 802 que l'ère d'Angkor débute avec le roi Jayavarnam II qui, fort de son alliance avec les Javanais, renverse tous ces petits royaumes et les unifie sous son joug. 200 ans plus tard, ce royaume attaque les Champas (dont on a déjà parlé!) pour un peu de territoire, et tout est prospère ... Mais en 1177 les Champas répliquent , tuant le roi, mais le cousin du roi parvient à venger cette mort et reprendre l'avantage en les repoussant. L'Empire est cependant affaibli car ce sont maintenant les Thaïs qui viennent attaquer Angkor. Pris d'assault de part et d'autres, le royaume du Cambodge n'a eu de cesse jusqu'en 1600 de demander soit la protection de la Thaïlande, soit celle du Vietnam, à un prix. Et finalement la protection finale sera celle des Français, qui ici ont beaucoup moins asservi la population mais l'ont bel et bien protégée. D'ailleurs, après l'indépendance du Cambodge, et suite à la Guerre du Vietnam, le Français ne sont plus là pour les protéger des Khmers Rouges, menés par Pol Pot, et suivant un maoïsme extrême. On les compare souvent aux Nazis du fait de leur asservissement de la population - travail dans les champs, combats, rationnement de la nourriture pour élever le pays au rang de patrie formidable - et de tueries de ceux qui s'opposaient au régime ou étaient trop faibles pour travailler. C'est en janvier 1979 que ce régime a été défait par le Vietnam. Les Cambodgiens d'aujourd'hui, bien que la nouvelle génération soit en reconstruction, portent encore les stigmates de cette époque. Pour ma part, je n'irai pas visiter les "killing fields", je ne veux pas faire face à la violence avec ce qu'il se passe en France en ce moment.

Et c'est donc après un boooon gros dodo agréable plus tard que je m'aventure dans les rues de Phnom Penh, et ma première étape est donc Wat Phnom, ce fameux temple de la colline. Il culmine à, attention, 23m d'altitude. Il est plutôt joli, et derrière, il y a même un petit autel dédié à Lady Penh, la grand mère de toute la ville, à qui on peut offrir des cosmétiques si l'on veut paraître plus belle. En passant, je prends un peu de riz et de poisson au marché; j'essaye de négocier car je n'ai que 3000 riels au lieu de 5000 et on m'enlève carrément un bout de poisson ...

Je redescends le long de la rivière Tonlé Sap pour aller voir Wat Oulom, autre petit temple peu intéressant si ce n'est que c'est le premier centre bouddhiste qui s'est rétabli après les Khmers Rouges. Il y a un stupa qui contient un poil de sourcil de Bouddha, mais rien n'est indiqué. Un chauffeur de tuktuk harceleur a même voulu me faire croire que le temple était fermé depuis 11h du matin ... Je ne comprends pas leurs tactiques commerciales, parfois. Le Palais Royal, lui, ouvre bien ses portes à 14h. Je traîne un peu, m'assieds dans un jardin à l'ombre avec les locaux, marche un peu même si au soleil c'est peu agréable, et il est l'heure.

Ma grande faute est d'avoir d'abord visité Bangkok; ce palais là n'est pas aussi impressionnant, et le temple du Bouddha d'Emeraude local non plus; ou alors c'est que je prends l'habitude. En revanche je n'hésite pas à faire des photos discrètes alors que c'est censé être interdit ... (Je sais, c'est pas bien!) Ce qui me vaut de rigoler avec une petite fille qui a été ma complice pour me dire quand la surveillante arrivait. Au final, malgré mes tentatives, cette dernière était trop sur le qui-vive! Peu importe, c'est la règle, hein! En résumé, beaucoup de bâtiments, seulement le tiers que l'on visite, donc un prix d'entrée un peu cher pour ce que c'est. Par contre, comparé aux autres pays, j'apprécie les tours rondes de type khmer.

Je rentre à l'auberge, mais je dois attendre jusqu'à 22h30 pour prendre le bus de nuit qui va m'amener à Siem Reap. Je craque donc pour un show d'arts cambodgiens (de la danse principalement) à 19h malgré son prix de 15 euros. C'était fort joli, mais pas aussi féérique que les marionnettes sur l'eau, et ça a eu le mérite de faire agréablement passer le temps. Les danseuses sont très belles, et comme la chorégraphie est basée sur les représentations sur pierre de la déesse Apsara, elles se tordent les doigts dans des positions étranges. Je vais ensuite manger un peu de nouilles dans un petit restaurant de rue juste à côte de mon auberge, bon marché et délicieux! Une bonne surprise! Et le thé est offert et à volonté. Je fais un petit tour sur le marché, je remarque beaucoup de poissons frits, de minuscules crevettes ... Vu comme le pays est traversé de rivières et parsemé de lacs, cela ne m'étonne pas.

Donc, Phnom Penh c'est bien ... Mais un jour m'a largement suffit. Sur ces entrefaits, il est temps de se préparer à prendre ce fameux bus de nuit ... et finalement le soulagement : c'est un bus de luxe avec de vraies couchettes, des toilettes, la wifi, la clim ... J'avais oublié avoir réservé si haut de gamme!

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Résumé: changement de plan, vélo dans la jungle, la magnifique Angkor, vélo sous la pluie, agression sexuelle ... :/

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Comme je le disais hier, le bus de nuit n'était pas si terrible que ça, au contraire. Je n'ai certes pas dormi d'une traite mais j'ai eu ce qu'il fallait de sommeil pour être fonctionnelle à 5h du matin et marcher une heure jusqu'à la guest house ... Enfin avec quelques détours vraiment inutiles ... Mais quand j'arrive, le portail est fermé et je me dis qu'elle ne doit ouvrir qu'à 7h ... J'attends donc, assise par terre, le dos calé contre mon sac, les yeux clos. Et vers cette heure là, je vois un Occidental qui s'affaire ... Je crie "hello?" et ce dernier vient m'ouvrir ... Pour me dire que l'hôtel est fermé depuis 6 semaines. Allons bon! Le propriétaire a vendu vite fait et les travaux pour le nouvel hôtel finiront dans 3 semaines.

Effectivement, en entrant, il y a des débris partout. Mais gentil comme tout, il m'offre un café. Il s'appelle Arthur, doit avoir 65 ans, néerlandais, à Siem Reap depuis 43 ans, ancien SDF d'Amsterdam, des tattoos et un physique maigre à la Iggy Pop, parlant français, bref tout un personnage. Il m'accompagne ensuite dans une autre guest house où je trouve un lit. Je le remercie chaudement, me repose un peu ... Oui mais avec tout ça, j'ai un Angkor à visiter!

Il est 8h, je débute ma marche en me résignant déjà à prendre un tuktuk, mais depuis le centre ville pour payer moins cher ... Quand je passe devant une location de vélos à 1$ la journée. Allez ... J'en ai refait à Tam Coc, je peux le faire! Et les économies ... Je me convaincs donc bien vite, et je suis lancée sur la route des temples! Il y a quand même 8,5 km et pour quelqu'un de pas entraîné ... L'aller ça va encore. Je m'arrête au check point pour prendre mon pass d'un jour, avec une photo dessus! Je cale ma bicyclette au parking et ... C'est parti pour l'exploration d'Angkor Wat.

Le temple est à la hauteur de sa réputation. Il est tout simplement grandiose, et je sens même des frissons parcourir mon corps face à ce spectacle. La traversée de la rivière, du champ, sur la route royale, tout est spectaculaire. Et je me dis que rien que pour ce moment, j'ai bien fait de venir au Cambodge, payer un visa ... Le temple représente le Mont Meru, l'Olympe des Hindous. Il s'agit donc d'une représentation du paradis sur terre. Rien que ça. En entrant, dans les bâtiments encerclant le temple de galeries, il y a des bas reliefs partout, représentant Apsara, Vishnou, Hanuman ... On ne sait plus où donner de la tête, et des jambes du fait des nombreux petits escaliers destinés à nous aider à gravir les marches imposantes. On peut monter en haut, seulement 100 personnes à la fois. Pour ne pas faillir à cette règle, le personnel distribue des badges quand on monte, qu'on rend quand on redescend, et il n'y en a que 100 ... Ingénieux ! La montée est fatigante mais elle en vaut la peine. Dominer le site est exceptionnel. En redescendant, je vais jeter un œil à un autre petit temple plus loin, revient pour contourner le principal et me faire harceler par les vendeurs. Une représentation d'Apsara en bois coûte 25$! Je n'ai même pas envie de m'embêter à marchander, et d'ailleurs je trouve des dessins en relief sur du papier de riz, deux pour 4$ et le tuyau de protection. Ça vaut le coup.

Il n'est que 10 heures quand je prends la route de Bayon qui n'a rien à voir avec les férias. Au départ je compte y aller à pied mais je me fais alpaguer par un chauffeur de tuktuk qui me dit que c'est à 3km ... Ne faisant plus entièrement confiance, je lui demande de me montrer une carte des lieux ... Effectivement c'est loin. Il me raconte qu'il ne peut m'emmener qu'à la porte sud et qu'après je devrai prendre un scooter. Ah bon? Et au moment où il pense m'avoir convaincue, je lui dis que je vais récupérer mon vélo ... "Oh, you have a bicycle ..." oui et ça t'apprendra à me dire des bêtises car aucun problème pour continuer après la porte, tuktuk vélo ou même voiture ...

Ce temple est aussi particulièrement imposant. Il y a des visages d'Avalokiteshvara (à mes souhaits) paaartout, mais qui bizarrement ressemble au roi qui l'a fait construire, Jayavarnam VII. Là encore, grande ascension de marches presque à la verticale ... Je commence à sentir la fatigue, mais ce qui m'entoure est trop beau pour que je me laisse aller.

Ensuite, le Palais Royal ... Et cette fois le coup de pompe se fait plus intense, j'ai un peu de mal à marcher droit. Je continue cependant le circuit à travers la jungle. Je souhaitais manger en rentrant sur Siem Reap pour que ce soit moins cher; mais je ne me sens pas de faire les 12 km le ventre vide. C'est beaucoup pour moi, vous ne pouvez pas vous en rendre compte si vous en faites régulièrement. Je mange donc un plat à 5$ (snif) et je dois rentrer ... Il y a quelques temples que je n'ai donc pas vus, mais m'imposer 3km de plus me semble énorme. Il y a le temple de TombRaider mais peu importe, j'en ai vu un ressemblant, où la nature a aussi repris ses droits.

Avec peu de sommeil et beaucoup d'exercice, le retour est difficile. Dont une partie sous la pluie. Je me repose à l'auberge, ressort un peu pour un tour en centre ville ... Il se remet à pleuvoir quand je rends ma bicyclette ... Je rentre vite à l'abri. La pluie se calmant, je vais manger une spécialité cambodgienne, un amok: du poisson ou du poulet cuit dans des feuilles de bananier avec du lait de coco.

Malheureusement, ma nuit ne sera pas de tout repos. Je suis seule avec un indien dans mon dortoir, voire dans la guest house. Je suis fatiguée. Au moment de me coucher il me propose d'éteindre la lumière, sympa de sa part, OK. Sauf qu'il vient s'asseoir sur le rebord de mon lit et passe son bras au dessus de mon corps, contre ma taille. Presque endormie, je ne comprends pas tout de suite ce qu'il se passe, du moins mon cerveau s'y refuse. Par contre au moment où il a clairement touché mon sein, la décharge d'adrénaline se déclenche. Je n'ai pas peur, non. Je suis outrée. Je lui dis de dégager, de ne pas me toucher. "Ok, ok !" Revenu dans son lit, il met, sur son téléphone, du porno, bien fort. Je lui hurle dessus, je le menace, lui dis que s'il me touche il va le regretter. Cependant, j'ai autre chose à prendre en considération, outre le fait de dormir avec mes ciseaux, car je le voyais bien attendre que je m'endorme pour m'immobiliser ... Et la suite ne serait agréable pour personne. Je me dis aussi que je ne connais pas la police cambodgienne, prennent ils en compte la légitime défense ou aurais je eu tort car porter un short quand il fait 30 degrés c'est provocant? Ou se gratter les fesses est une invitation au sexe, rien à voir avec des boutons de moustique? Et qui me dit qu'il n'est pas capable de se masturber dans mes affaires ? Je sais reconnaitre un "ok" pas sincère, signifiant "cause toujours". J'aurais aimé me battre. Mais je ne suis pas dans mon pays. Et je dois me reposer car demain, debout à 6h. En tout cas, si nous restons dans la même pièce, je suis clairement en danger. Je ne compte pas m'empêcher de dormir à cause de lui. Dans l'idée de LE faire dégager,je descends à la réception pour du renfort.Personne.J'ai un peu peur pour la première fois. On dirait un film d'horreur ... Je m'assois deux minutes pour réfléchir. Je pousse la porte d'une chambre, il y a quelqu'un qui dort ... Je l'appelle, pas de réponse. Je le secoue un peu, pas de réponse. Oh mon dieu un cadavre, il ne manquait plus que ça. En le secouant plus fort, il se renverse sur le dos - il est vivant - mais quand j'essaye de lui parler il ne fait que "hmmm ..." je ne peux pas compter sur lui. Alors, que faire? Et bien, voler une clé derrière le bureau pour aller s'installer dans une chambre individuelle. Je récupère mes affaires dans le dortoir en souhaitant copieusement insulter l'Indien .. Qui n'est plus là. Dommage. Mais je dois faire vite pour ne pas me faire griller, qui sait, le veilleur pourrait se réveiller et je viens de voler une clé, quand même. Il pourrait ... Me faire payer plus cher ... (ARGGGG LE CAUCHEMAR!)Au final le lit était bien mieux mais j'ai quand même peu dormi du fait de la musique non stop du night club en face, toute la nuit. 2 heures de sommeil, au mieux, en tranches de demi heures. À 6h30, je file discrètement de ma chambre face aux caméras de surveillance qui doivent être là pour décorer. On se sent de suite en sécurité.

Personne ne vient me dire quoi que ce soit quand j'attends mon pick up devant l'hôtel. Je suis soulagée quand il arrive, heureuse de monter dans le bus pour Battambang et partir de cette ville. Et vite.

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Résumé de l'étape: sauterelle, cirque, mafia tuktuk, scooter et belle balade, crânes.

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J'ai mangé une sauterelle. C'était l'occasion d'essayer, quand nous nous sommes arrêtés pour une courte pause. Et bien ... Ça a un peu le goût de crevette très salée dont on mangerait la tête avec le reste du corps. Bon, je n'en mangerais pas plein pendant un repas!J'ai l'occasion de manger une brioche vapeur au porc ... Mais le problème avec ces trucs c'est que c'est plein de gras. Du coup, celles de France sont plus à mon goût.

En arrivant à Battambang, ou comme d'habitude à 2 ou 3km de la ville pour que la mafia tuktuk pompe notre argent, tout le monde se précipite sur nous. Comptant partager un tuktuk avec une autre jeune fille, elle me dit qu'il y a un service pick up gratuit pour Ganesha Guest House. Moi je veux aller à Tomato, car les dortoirs coûtent 1,5$, mais c'est dans la même zone et peut être que je vais préférer Ganesha ... Je n'avais pas tout de suite compris que ce pick up était là car elle avait déjà réservé. Avant que le chauffeur ne s'aperçoive de ma supercherie et me fasse payer, je me carapate vite fait ..

Je ne regrette pas mon choix: Tomato Guest House est accueillante, il y a un bar sympathique avec des nattes de bambou sur le toit, des lanternes pour décorer, des lits confortables ... Mais pas de couverture! Et pas de robinet au lavabo, j'ai donc carrément utilisé la douche pour me laver les dents ... Le personnel est agréable, la lessive sera rapide. Installée, je pars découvrir les rues de Battambang. Il n'y a pas grand chose à voir dans la ville elle même, juste quelques temples et les anciens bâtiments français. Je rappelle que depuis deux jours je dors peu ... La tête me tourne un peu, je ne traîne donc pas et m'accorde une petite sieste.

Le cirque Phare Ponleu Selpak est très populaire à Battambang, et les bénéfices servent à financer l'éducation des enfants, principalement des handicapés. Ils ne se produisent que trois fois par semaine, et il y a un show ce soir. C'est une occasion à ne pas manquer ... Je prends mon ticket depuis la guest house, et prends un tuktuk malgré ma fatigue. Mais arrivée là bas, mauvaise surprise: l'endroit est bondé de moustiques. Plus qu'ailleurs, je n'en ai jamais vu autant. J'ai beau m'enduire de répulsif ... Il y en a un qui se pose sur moi toutes les 5 à 10 secondes. C'est l'enfer. Je commence à paniquer, mais en changeant de place ... C'est un peu mieux. Pas le choix de toute façon. C'est la première fois que ce genre de chose m'arrive ...

Le spectacle lui même est sympathique mais il ne casse pas trois pattes à un canard. Il est surtout basé sur des acrobaties, impressionnantes certes, et du jeu comique. Seuls deux artistes sont costumés, et encore de manière chep. Le show lui même raconte l'histoire de fantômes, et de quatre gars qui ont peur d'eux. Moui ... Indice de satisfaction : 6. Et en bon pays qui gratte l'amitié à tout le monde, ils nous incitent à faire encore des donations.

 Une ville figée dans le temps, un plat pays, et du cirque.

Enfin, j'ai récupéré un peu d'énergie ! Car aujourd'hui, grande journée pour découvrir les alentours ... Et qui dit "découvrir les alentours" dit ... "Scooter". Et oui! Ça aurait été un dans chaque pays! Je me permets un manuel après mon expérience au Vietnam. Ma formation scooter express est plutôt satisfaisante vu que cette fois ci j'ai appris à utiliser le frein à pied. Il n'y a pas beaucoup de circulation ici, et je remarque que les klaxons ont moins de décibels qu'ailleurs. L'effet en résulte que je me sens plus éloignée du tumulte depuis Hanoï ! Je dois mettre un petit peu d'essence, et les Cambodgiens ont un système ingénieux: ils ont des bouteilles en plastique d'un litre, remplies d'essence, que l'on trouve dans de petites échoppes, au même prix qu'en station. Un bon moyen de pallier aux pannes!

Mon premier arrêt est le Bamboo Train! Autrefois utilisé par les Français pour transporter des marchandises, c'est maintenant une attraction touristique qui fait partie des 10 trajets les plus cools du monde - j'en ai déjà un à mon actif depuis les paniers en osier de Madère, ce serait bête de rater celui là. Heureusement que j'ai l'application MAPS.ME car rien n'est indiqué, les groupes louant en général des tuktuks pour la journée. En arrivant, je n'attends pas longtemps avant de trouver une Luxembourgeoise seule aussi, et nous embarquons à bord! Le petit wagon avance avec un petit moteur qui fait un bruit fou. Ça secoue. Le Lonely promettait des passages "vertigineux" sur de petits ponts, je crois qu'ils ont un problème avec les hauteurs. 20 minutes aller, nous nous arrêtons à l'ancienne station reconvertie en attrape touristes. Ceci dit, les bananes gratuites que l'on nous offre sont délicieuses ! Je retrouve la jeune fille d'hier qui entre temps a formé un petit groupe avec les jeunes de sa guest house, ils ont loué un tuktuk et ils vont faire à peu près le même trajet que moi, je vais les recroiser trois fois! Et le temps de remettre les planches sur les rails, nous refaisons le trajet en sens inverse ... Leur organisation doit être plus technique qu'il n'y paraît car nous ne pouvons pas nous croiser. Le verdict n'est pas mauvais, c'était à tester!

Me voilà repartie sur mon scooter, avec mon masque pour me protéger du soleil. C'est tout de même, selon moi, le meilleur moyen d'explorer et d'avoir une bonne expérience du pays lorsque l'on traverse les petits villages, qu'on s'arrête, qu'on prend des pistes, qu'on conduit, qu'on se fait klaxonner et qu'on klaxonne comme une locale. C'est déjà vivre comme eux! Mon prochain arrêt est le délicieusement nommé Wat Banan. Mais avant, je m'arrête manger sur le bord de la route. Les plats sont présentés dans de grosses cocottes minutes et personne ne parle anglais ... Je soulève les couvercles, touille, sens ... Je choisis finalement à l'odeur qui me plaît le plus. Bonne pioche! C'est du canard! Pas vraiment laqué en lui même mais il me semble que la sauce contient des épices similaires ... Je ne sais pas, mais une chose est sûre, je me régale.Et des forces, il en fallait pour la suite! Le Cambodge est plat, vraiment plat, mais dès qu'une colline surgit de terre, hop on construit un temple dessus. Ici, les escaliers sont très raides, très longs ... Je m'arrête quatre ou cinq fois ... Et quand j'arrive en haut ... AH! Y'en a encore! Au moins une trentaine! Mais ce petit temple vaut le coup car il fait un peu sauvage, caché dans les arbres et entouré de cactus. Il ferait presque inca.

Sinon, connaissez vous le scooter cross? C'est une discipline non reconnue qui devrait être au rang d'Olympique en Asie du Sud Est. Il y a du moto cross, du BMX, pourquoi pas du scooter cross. Parce que c'est ce que j'ai fait ensuite pendant trois bons quarts d'heure, entre Wat Banan et Phnom Sampeau. Sur une petite piste pleine de creux et de bosses, le but étant de les éviter. Plus besoin de jouer à des jeux vidéos, la réalité est plus drôle (tant qu'on ne se fait pas mal)! À noter sur ma to do list: acheter un Vespa. M'entraîner. Faire le FISE avec. Sympa, non?

J'arrive donc à destination, et j'ai failli faire une bêtise. Heureusement qu'après avoir garé mon scooter on m'a proposé un " hello, motorbike?" pour monter tout en haut de la colline! Sinon je serais montée à pied comme une bécasse. La pente est très raide et je plains les gens qui sont venus en tuktuk, car eux ne montent pas tout en haut (trop raide, justement). Je monte d'abord aux Killing caves, endroit glauque où les Khmers Rouges tuaient des intellectuels, des handicapés, des femmes, des enfants ... Ces gens sont charmants, le maoïsme c'est bien, blablabla ... Les crânes des victimes ont été conservés dans un petit sanctuaire.Je ne m'éternise pas et monte au temple par une pente encore plus raide. Et devinez quoi, c'est encore un monument classé à ... L' U N E S C O. La vue sur les plaines immenses est magnifique. Quand même cette immensité fait un peu vide, et c'est en fait car il y a peu de végétation. Je suppose que les Khmers Rouges avaient tout rasé pour laisser encore plus de place aux champs, au travail, à l'exploitation ... Ici, il y a aussi la bats cave (avec un S!), la grotte des chauves souris, qui ne sortent qu'au crépuscule et que Léo m'avait conseillé. Malheureusement quand j'y suis il est 15h30. Je ne veux pas rester plantée là et je n'ai pas envie de reprendre le scooter de nuit ... Du coup, je zappe, c'est dommage.

 "Roger, arrête de te chercher des poux en public, c'est crade" "Tu sais ce que j'en pense de tes manières, Gertrude?" 
 "Ben quoi, toi aussi tu te grattes les fesses, non? Me regarde pas comme ça!" "Bon fais le toi même si c'est comme ça, la flemme"...

Je vais voir un autre temple, mais il ne vaut pas le coup. C'est la balade en scooter elle même qui est chouette. Je rentre juste avant la nuit, dépose le scooter, repart me promener un peu dans le centre ... Je me fais aborder par un homme qui me demande si je sais parler anglais, et quelle est la différence entre "shall" et "will". J'explique, il me demande si je veux venir donner des cours aux enfants! Mais je pars le lendemain. Il me demande aussi si je ne serais pas d'accord pour faire un don pour acheter des livres. Oui mais qu'est ce qui me dit que ce mec va vraiment acheter des livres? Je refuse poliment. Et c'est tout. Je rentre à l'auberge, bois quelques bières pour cette dernière soirée au Cambodge, sur la terrasse sympa en échangeant avec quelques voyageurs, et filons au lit ...PS: J'étais au Cambodge pendant le "Water Festival", célébrant la période de l'année où les eaux du Mékong remontent dans la rivière Tonlé Sap jusqu'au lac du même nom, amenant du poisson. C'est l'occasion de faire des courses de bateaux ... mais Battambang, bien que profitant des jours fériés pour l'occasion, le célèbre un mois avant. Si j'avais su je me serais mieux organisée et je serais allée à Siem Reap le 24 au lieu du 22 ... à Phnom Penh, le festival est encore annulé, troisième fois en cinq ans ... soit disant qu'il n'y a pas assez d'eau, mais tout le monde proteste ...

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Résumé de l'étape: glandouille ... fête locale, vie quotidienne à Bangkok, shopping, évasion d'un temple!

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Il n'y a pas à dire: la Thaïlande, finalement, ça reste mon pays préféré parmi les quatre que j'ai visités. Peut être parce que c'est plus industrialisé, plus branché, plus européanisé tout en restant exotique. Ou alors, parce qu'il y a de la nourriture partout, une chose est sûre, on n'y meurt pas de faim. Ou encore car j'avais oublié cette manière d'être gentils, juste de s'intéresser aux touristes sans avoir pour but de leur extorquer de l'argent - ou alors c'est déjà fait. Les 7 Eleven aussi, m'avaient manqué, pour acheter de l'eau et des biscuits à bas prix. Vraiment, je ne pensais pas que juste en passant la frontière, cela ferait autant de bien de tomber sur un centre commercial. Non, je n'aime peut être pas les pays un peu plus pauvres. Je ne vais pas mentir juste "parce que ça fait bien de dire qu'on a adoré le Laos parce qu'il y a peu d'infrastructures on se sent vraiment loin de chez soi blablabla on est trop des hippies". Je reste fidèle à moi même, j'aime les pays développés, ou en voie de développement comme la Thaïlande, qui offre tout grâce à ses contrastes.

Mais en tout cas, la Thaïlande, nous avons mis deux heures pour l'atteindre, car une heure et demie d'attente à la frontière pour un petit tampon de rien du tout. Il y avait énormément de monde, plus que je n'en ai vu jusqu'à maintenant, pour franchir les postes. Nous l'avons d'ailleurs passée à pied, avec nos sacs sur le dos, le minibus s'étant arrêté à Poipet. Je ne sais d'ailleurs pas comment ils se débrouillent, mais les deux villes frontières que j'ai passées au Cambodge ... puent. Poipet sent le poisson et les ordures. Mais côté thaï, juste en arrivant, ce n'est pas mieux.

L'attente a donc été interminable, et nous attendons encore trente minutes un minibus pour Bangkok. Trois heures de route, et nous voici dans les bouchons ... Nous arrivons pile à l'heure de pointe, et les "6 heures de route" promises par la jeune fille de l'hôtel "mais sans la frontière" se transforment en 10h30 de voyage. Nous arrivons vers 19h à Khao San, et je me presse de me rendre à mon hôtel, poser mon sac et filer voir Loy Krathong, le clou de mon voyage. C'est également un festival en rapport avec l'eau, ici la rivière pour Bangkok. Il a lieu lors de la pleine lune, et le but est de mettre de petits bateaux faits de feuilles de bananier, fleurs, ou même de pain, avec des bougies dessus, et de l'encens. Avant de le mettre à l'eau, on récite une prière ... Le plus gros du festival se tient à Asiatique, ponton commercial, un peu loin du centre de Bangkok: je dois donc prendre un tuktuk. Et maintenant que je peux comparer, les tuktuks de Bangkok sont plus agréables: ils vont vite, et les chauffeurs sont bien moins insistants qu'ailleurs - j'en suis même un peu confuse! Les distances sont plus grandes, donc les trajets plus longs ... Et un mois et demi plus tard, il fait bien entendu un peu plus frais, ce qui est encore plus agréable.

Mais le festival attire beaucoup de monde, donc les bouchons sont longs et nombreux ... Je dois finir le trajet à pied, et j'arrive ... sous la pluie. Qui se fera battante quelques minutes plus tard. Tout le monde file s'abriter, et quelques courageux tentent d'allumer leurs bougies et de mettre leur Krathong à l'eau ... J'ai souhaité immortaliser le moment, mais mon téléphone a failli rendre l'âme, la pluie forte sur l'écran tactile le rendant un peu fou. Heureusement, l'averse passe vite, et bientôt la file d'attente pour déposer son petit krathong dans la rigole avant qu'il ne se fasse expédier dans la rivière Chao Praya redevient interminable. J'avais pu me glisser juste avant la fin de l'averse, quand il n'y avait encore personne. Je suis donc aux premières loges pour prendre quelques photos! Cela vaut le coup. Mais malheureusement, pas de lanternes cette année : il parait qu'elles sont maintenant interdites car elles ont mis le feu l'année dernière. Super, j'aurais mieux fait de retourner à Chiang Mai! Là bas c'est sûr qu'il y a des lanternes.

Des bateaux décorés pour l'occasion passent devant le ponton, tellement lumineux qu'il est impossible de prendre des photos correctes. Dommage car ils sont magnifiques! Et pour finir, un feu d'artifice est tiré ...

J'entame donc déjà ma dernière semaine de voyage ... Et j'en profite pour prévenir qu'il n'y aura plus qu'un ou deux articles, dépendant de si je regroupe Lopburi et Ayutthaya ou non. Ces prochains jours, je ne vais pas à Kanchanaburi, je reste sur Bangkok pour me reposer un peu et faire le dernier shopping ... Donc le prochain article ne sera qu'en fin de semaine!

Je mets tout de même quelques photos éclectiques de ces derniers jours où nous trouvons:

  • De la nourriture et des boissons: du jus de nénuphar qui a le goût de ... plante. A quoi je m'attendais? Je sais pas trop. Du Tom Yum, un plat népalais qui s'appelle le Dal Bhat, du thé noir en fait orange
  • Du Muay Thai, au détour d'une ruelle. Ce qui a contribué dans mon choix de faire de la boxe ensuite.
  • Un centre commercial, je ne sais plus lequel, peut être le Siam Center, très décoré!
  • Nana, le quartier bien nommé, des prostituées.
  • Le Golden Mountain, où je suis restée enfermée! J'avais voulu voir le coucher de soleil sur Bangkok depuis là haut. J'avais vu "fermeture 17h30" mais je pensais qu'il s'agissait du temple tout en haut des escaliers! Et pas des lourdes portes qui mènent à ces escaliers en question ... J'ai dû désescalader le mur grâce à des gouttières, et une petite cabane ... Heureusement, haha!
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Résumé de l'étape: de belles rencontres en Couchsurfing, des singes, beaucoup de singes!

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Place au Monkey Fest!

Qu'est ce donc ? C'est un banquet en l'honneur des singes qui se promènent en liberté dans le centre de Lopburi. Et quand je parle des singes, ce ne sont pas dix ... Mais quelques centaines, avec pas moins de 5 espèces différentes de macaques! C'est la spécificité de la ville: ils sont dans les ruines, sur les toits alentour, chipent la nourriture ...

Je retrouve mon Couchsurfeur Nantawat, ainsi que son pote dont je n'ai retenu que le surnom Keaky, et Senda l'espagnol qui habite à Bangkok depuis 2 ans. Ils sont tous les trois profs, comme tous leurs amis. Ça ne me change pas de d'habitude on va dire. Il est 11h et le festival bat son plein. Il y a beaucoup de touristes, de caméras télés, et de singes bien sûr ! Ils s'amusent avec des bouteilles d'eau, montent sur les touristes ... Dont moi! Je suis malheureusement un peu gênée car j'ai encore mon gros sac sur le dos. Mais nous ne nous éternisons pas: il fait chaud et il y a vraiment trop de peuple. Je pose avec soulagement mon sac dans le coffre de la voiture. Nous voici parti pour un petit tour des temples de la ville. Il faut dire que les deux autres sont passionnés de photo! Nous en prenons donc souvent. Nous commençons par aller nourrir les poissons au bord de la rivière, visitons un temple, allons manger: je teste la peau de porc frite. Pas trop mal!

C'est l'occasion pour les deux thaïs d'apprendre qu'en Europe, si on critique la famille royale ou le Président, on ne va pas en prison. On peut les insulter en face à face, même. Ils sont morts de rire à l'idée que Senda dise "fuck you" à Juan Carlos ou Felipe. Et nous, nousapprenons que bien entendu, le roi actuel Rama IX fait partie des rois les plus aimés avec Rama V qui avait libéré les esclaves ... que la reine et la princesse sont des personnes merveilleuses ... mais qu'il y a un petit bug au niveau du Prince. Il est, apparemment, colérique et enfant gâté. Ça se chuchotte, bien sûr. Mais le peuple, sans le critiquer ouvertement, craint pour la succession. "Long live the King" prend un tout autre sens ... personne n'a l'air prêt à laisser partir leur "Dad".

Le nom complet de Bangkok est sympa, aussi. Là où nous apprenons l'alphabet en chantant, les petits thaïs ont une chanson pour le nom de Bangkok, le plus long du monde (Llanfair machin au Pays de Galles étant le plus long tout attaché):

Krung Thep Mahanakhon Amon Rattanakosin Mahinthara Ayuthaya Mahadilok Phop Noppharat Ratchathani Burirom Udomratchaniwet Mahasathan Amon Piman Awatan Sathit Sakkathattiya Witsanukam Prasit

Nous nous posons ensuite dans un coffee shop (non ici rien à voir avec la drogue!) et repartons vers 15h, pour voir d'autres ruines et retourner voir les singes alors qu'il fait moins chaud et que le monde s'est dispersé. Je remarque que quand même, ils ont l'air d'avoir des maladies ... Certains ont des goîtres et des derrière trop rouges et irrités pour être naturels. Et bien sûr ils sont plein de puces. C'est donc tout naturellement que je les ai laissés me grimper dessus! Un, deux, j'essaye de faire des selfies mais sans grand succès ... C'est Keaky qui immortalise le moment. Je suis hilare: ça chatouille! Ça décoiffe ! Mais je rigole un peu moins quand l'un d'eux essaye d'arracher ma boucle d'oreille et me tire carrément les cheveux quand je l'en empêche. Vilain! Ça peut vite dégénérer!

Nous rencontrons quelques amis de Nantawat, remangeons vers 18h et Senda doit reprendre son bus. Je pars donc avec Nantawat chez lui, et rencontre son chien qui s'appelle Carrefour. Ce n'est pas une blague! En tout cas j'aime bien ce gars. On a des références communes, on aime le même univers geek. On regarde les mêmes séries, et on aime être un peu asociaux le soir. Par contre on doit partager le même lit et je ne suis pas du tout à l'aise. Mais il est assez grand pour ne pas que l'on se touche.

C'est arrivé par mégarde pendant la nuit et j'ai sursauté, prête à l'attaquer! Ok, tout va bien ...

Le matin, nous discutons encore un peu et amenons sa petite soeur à l'école et je prends le train pour Ayutthaya (13 bahts! Presque comme le bus à Bangkok ... oh non il coûte 7 bahts. Certes, 15 quand il est climatisé). En tout cas, c'était une expérience bien sympa, encore une fois 😀

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Résumé de l'étape: pas grand chose ... Un Bouddha dans les racines, du train, la grosse déception de Pattaya, et ... C'est la fin!

On m'avait dit que le train était long, que c'était surtout pour l'expérience ... franchement je n'ai pas été particulièrement choquée. C'était plus agréable qu'au Vietnam.

Je n'ai pas grand chose à dire sur Ayutthaya, ancienne capitale du royaume autour du XVe siècle, car je n'y suis restée que cinq heures, le temps de visiter, me balader, et me faire masser. Je devais faire un Couchsurfing mais Tinita a dû aller à l'hôpital ... du coup je repars sur Bangkok, en train encore.

Ayutthaya ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Je pense qu'après avoir vu tout ce que j'ai vu, je mets la barre haut! Ayutthaya ça doit être sympa quand on est sur Bangkok et qu'on ne veut pas aller trop loin. Mais Sukhothaï vaut beaucoup plus le détour.

Pour mon dernier jour, pour célébrer le 1e décembre, j'ai décidé d'aller me baigner.

Mais Koh Samet et Hua Hin sont loins ... j'ai donc choisi Pattaya. Histoire de voir la bête. Je me disais que c'était moche, mais que ça ne pouvait pas être SI moche ...

Je me trompais.

La plage où je me retrouve est toute petite, pas naturelle car le sable est importé, la vue est gâchée par des bateaux, l'eau est verdâtre ... et sale. Il y a des déchets venant probablement des bateaux en face. C'est une catastrophe. Je vois des touristes qui ont l'air heureux et ai envie de leur dire "prenez le bus pour Koh Samet!" ... mais peut être ont ils fait la même bêtise que moi et relativisent. Cependant, l'eau est bonne, et vers 16h c'est agréable ... puis retour sur Bangkok en bus, avec une gentille dame qui m'a prêté sa pièce de tissu car j'avais froid (only in Thailand!), dernière Leo Beer avant le départ.

Mon vol est à 15h35 et je profite de la matinée pour dormir - ce que je vais peu faire les prochaines heures: 3h de vol jusqu'à Guangzhou. 5h d'attente. 13h de vol jusqu'à Paris. RER B puis A pour prendre le Ouigo, puis 3h30 jusqu'à Montpellier - faire quelques emplettes, dire au revoir à Khao San et à Rambuttri ... j'ai le coeur serré quand je prends les transports en commun et arrive à l'aéroport. De loin, les buildings de Bangkok, dans la brume, attendent l'orage à venir ...


C'est la fin, ça y est.

Merci donc à tous ceux qui ont suivi ce blog, famille et amis. Cela m'a motivée à le tenir à jour, et dans plusieurs années quand je le relirai, je ne le regretterai pas.

De ce voyage, je retiens la gentillesse inspirante des Thaïs, plus que tout autre peuple de cette région du monde. Désintéressée, car par exemple les Cambodgiens peuvent se montrer pareils en apparence mais ils veulent souvent gratter l'amitié ou de l'argent. Et oui ... nous sommes élevés différemment. Aussi, justement, la blase des pays pauvres, comme le Laos envahi de touristes, où leur population n'est même pas dominante dans leur propre pays. Différence de couleur de peau ... un traitement différent. Je n'y étais pas habituée mais pourtant ça arrive tous les jours en France. Mais pas à moi. Et certainement plus quand je vais rentrer dans ce climat post attentats et élections régionales ... c'est ce qui glacera mon coeur, plus que la différence de température.

En tout cas, je l'ai fait. 7 semaines seule avec un sac à dos, pleines de rencontres et d'aventures. J'ai gagné mon bagde dans la communauté backpacker!

Je ne pourrais pas voyager un an comme ça : deux mois c'est ma limite. Avec le travail, ça sera un mois maximum.

Mes projets à venir (à part trouver du travail)?

Acheter un scooter.

Faire de la boxe ... thaïe ou française, je ne sais pas encore.

Aller en Scandinavie et/ou en Islande, quelques semaines.

Un voyage d'un mois en Amérique Latine ... quand, je ne sais pas!

Et probablement revenir en Thaïlande un jour.

Merci encore.

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EPILOGUE

Nous sommes en avril 2017 alors que je remets ce blog à neuf! Ca a été l'occasion de retrouver des souvenirs de voyage, et pendant une semaine où j'ai retouché toutes mes photos, j'ai revécu énormément de choses et c'était d'une intensité terrible!

Je me trouvais très jugeante, voire un peu raciste, sur certaines de mes publications. Mais j'ai voulu les garder telles quelles, parce que ce voyage m'a faite évoluer, et il ne faut pas oublier les étapes si on veut s'autocritiquer! J'étais un peu énervée à cause de certains problèmes personnels, mais au final, c'est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie.

Mes projets "à venir" à l'époque se sont pas mal réalisés. J'ai trouvé un boulot très vite en décembre 2015 qui se termine en juin 2017, et devinez ce que je vais faire à ce moment là? Et oui, je vais partir en Amérique Latine, comme prévu! Pérou, Bolivie et Chili, pendant le même laps de temps que l'Asie du Sud-Est 😀 Pas de scooter, mais la boxe, check!

Les pays du Nord et le retour en Thaïlande attendront encore un peu, mais déjà si c'est la Thaïlande, ça sera probablement avec la Birmanie, et la Malaisie, si possible l'Indonésie.

Voilà voilà, merci encore de m'avoir suivie, ou resuivie!