Résumé de l'étape: Des temples, des forteresses, du bruit et des scooters, de sa vie mise en jeu pour traverser la rue, de la cuisine délicieuse, des chutes et des bobos, la Baie d'Halong, Tam Coc, de la chèvre grillée, de la bière gratuite en quantité, des marionnettes sur l'eau!
Je vous repasse la blague d'Hanoï-ing ... Une fois suffit. Entre Sapa et la capitale, nous traversons sous la pluie battante les montagnes du Nord Ouest du Vietnam ... et le paysage se fait ensuite plus plat, plus marécageux. A l'approche de la ville, nous pouvons distinguer les grands buildings ... C'est un peu étrange de retrouver ces marques d'industrialisation après 15 ou 20 jours (je perds la notion du temps), les derniers de la sorte étant à Chiang Mai, et encore il y en avait peu ...
Et bien sûr: les bouchons! Quoique sur le périphérique d'Hanoï, ça va encore. Le souci est que personne ne sait où va le bus, puisque c'est une compagnie privée que nous avons prise. Il finira par s'arrêter en plein centre ville ... Le temps de me repérer car je suis un peu perdue, je regarde sur ma carte pratique Google où est ce que j'ai placé mon auberge de jeunesse. Je n'ai plus un sou en poche, littéralement (bon ... J'ai genre 13 000 dongs. Je ne fais rien avec ça). Et première grosse frayeur financière: l'ATM ne veut pas me donner d'argent! Pourtant j'ai droit à 650€ sur 7 jours flottants, autant dire que je suis très large. J'essaye moins d'argent, un autre compte ... La transaction est toujours déclinée. Bon ... Peut être que cet ATM est mal réglé pour les comptes étrangers. Je tente dans un autre, un montant minimum et ... ouf, l'argent sort. Je retire donc beaucoup plus. Quel soulagement!
Je me rapproche du lac Hoan Kiem, littéralement "le lac de l'épée retrouvée", aussi appelé "lac de la tortue". La légende veut que l'Empereur Le Loi, navigant sur le lac, rencontra Kim Qui, le dieu tortue doré, qui lui demanda son épée. L'Empereur, qui avait reçu l'épée du Roi Dragon, se dit qu'il souhaite la récupérer. Comme il est gentil, il la lui donne ... Et nomme la petite tour sur la petite île du lac "tour de la tortue". Je suis presque sûre qu'en Occident, la légende aurait voulu que l'Empereur ne rende pas l'épée parce "qu'un don est un don!", et aurait combattu la tortue pour garder son épée, bref ...
Au niveau de la religion, les Vietnamiens diffèrent de leurs voisins thaïs et laotiens (je ne sais pas encore pour le Cambodge ...) Ils se disent de majorité bouddhiste mais en vérité, c'est un mélange d'animisme, de bouddhisme, de taoïsme ... appelée la Triple Religion. Ils préfèrent vénérer des rois, des sages ... On garde ses chaussures en entrant dans un temple, sauf pour prier, et peu importe dans quelle position on met ses pieds. Il y a aussi 8 à 10% de catholiques depuis la colonisation, et sur la route, j'ai pu voir ... des tombes.
Autre chose: je me suis rendue compte que je n'avais pas senti quelque chose qui pourtant fait partie de ma vie quotidienne en France ... On peut dire que j'ai carrément été élevée avec. Il s'agit ... du vent! La dernière fois que j'ai senti un peu de vent, et encore une brise légère, autre que par mouvement de pick-up ou de bateau, c'était à Bangkok. J'avais oublié ... Et le retrouver à Hanoï semble du coup un peu étrange!
Je m'arrête manger dans un café car il est tout de même 15h et quelques et je suis affamée. Ma première erreur ici est d'avoir voulu aller aux toilettes, je devais passer dans une cour humide avec des escaliers tout aussi humides ... Et badaboum, j'ai glissé et je me suis rapé le poignet gauche et les fesses. Si je récapitule, en plus de ça je suis tombée en scooter (et je pense garder une petite cicatrice sous le menton ... badass!) et mon genou gauche guérit enfin, j'ai encore un peu mal à la main droite (radio en rentrant, au cas où ...), je me suis frotté le genou droit en tombant sur le plancher à Sapa (l'alcool), j'avais fait une réaction allergique à l'éléphant sur le genou gauche, j'ai failli me brûler avec l'huile essentielle de cannelle non diluée ... Pfouh! Pas de tout repos! Je devrais même compter le moment où je me suis fait mal à la cheville dans le Ouigo ... Je transportais ma Bétadine avec moi, donc encore un truc à soigner!
Je continue mon chemin vers l'auberge, mais quand j'arrive au point indiqué, surprise ... Ce n'est pas là. Je vérifie l'adresse sur le papier, effectivement, ça n'a rien à voir. Pourtant Hostelworld la mettait là! C'est à 2 km plus au nord! Bon, je craque et je prends un taxi ...
J'arrive enfin à destination, avec comme accueil un personnel sympa qui m'aide à porter mon sac. Le dortoir de 12 personnes est funky, il a failli prendre feu hier car le câble de la climatisation avait grillé. Nous dormirons sans clim, d'ailleurs! Heureusement, il faisait frais ...
Les photos sont encore plus floues que d'habitude car ça bouge tout le temps dans les rues! Il n'est que 16h30, je me risque donc dehors. "Risquer" est le mot! Martin m'avait dit que la ville était un gros bordel, et il n'avait pas tort. Il n'y a que les voitures qui s'arrêtent au rouge, pas les scooters, ni les vélos ... Sur la route il y a tout ce petit monde, plus les piétons, et des poules ... Et il ne se passe pas 5 secondes sans un bruit de klaxon! (j'ai compté). Pour traverser, il faut s'y prendre à plusieurs fois, les gens nous évitent ce qui techniquement revient à dire que je pourrais traverser les yeux fermés vu les réflexes asiatiques, mais je ne vais pas tenter, déjà que je crains pour ma vie! Mais c'est drôle, cette animation. Au passage une dame m'offre un beignet, c'est très bon mais je ne veux pas en acheter 15, donc je m'éclipse au plus vite en prétextant mon retour ultérieur. Je me retrouve cette fois au nord d'Hoan Kiem, pour visiter le petit temple Ngoc Son (temple de la montagne de jade). La nuit commence tout juste à tomber, et le lac commence à s'éclairer ... C'est magnifique. Le temple en lui même est petit mais splendide également. Les éclairages le rendent encore plus beau, et malgré les touristes, on le sent paisible ... Peut être est-ce l'odeur d'encens qui flotte dans l'air. C'est rouge, doré, c'est beau. L'orage qui gronde un peu plus loin et qui auparavant avait rendu le ciel jaune semble retenu ailleurs. Les klaxons aussi paraissent fort lointains. Je pense que je suis tombée au meilleur moment pour le visiter ... J'ai l'impression d'être dans une bulle, dans un autre monde, tant je suis émerveillée par ce premier contact avec la civilisation de "la vieille dame de l'Asie" comme on surnomme Hanoï. Même les enseignes lumineuses rendent la scène jolie.
Le temple du lac Hoan Kiem et la magie des éclairages. Jour 1
Le lendemain, j'ai fait un peu n'importe quoi au niveau de mon organisation, principalement car je pensais que certains endroits étaient fermés, et que d'autres étaient plus loin que ce que je pensais. J'ai cependant pu goûter un Bun Rieu Cua délicieux: une soupe de nouilles (encore) mais avec du crabe, du boeuf, de la crevette, du tofu, des moules, de l'ail, de la citronnelle, du persil ... Un régal! Je retrouve le chemin que je souhaitais emprunter, arrivant au "Ho Chi Minh complex". Je commence par acheter deux souvenirs avant d'oublier de le faire, j'essaye de marchander ... Non, ici on ne marchande pas! Il vaut mieux essayer dans le vieux quartier! Bon, ça ne coûte pas un bras non plus, ça va. Je suis déçue par la fameuse One Pillar Pagoda que je voulais voir en premier de peur qu'elle ferme: elle est toute petite! Et on ne la visite pas de l'intérieur car il y a juste un autel qu'on voit de l'extérieur. Bien, bien, bien, c'est donc cette petite chose qui a bouleversé toute mon organisation. Sachez qu'elle représente l'éclosion d'un lotus, symbole de pureté, émergeant d'un océan de douleur. Beaucoup de poésie pour pas grand chose.
Il y a un sens de visite, je dois remonter un peu au nord pour entrer dans le palais présidentiel et visiter les demeures d'Ho Chi Minh. La foule de touristes est canalisée du mieux possible, il n'y a qu'un seul itinéraire. Nous finissons sur le musée qui lui est consacré, contenant surtout des missives envoyées par le principal intéressé lors de la révolution contre le colonialisme français. Et ce qu'on peut en dire, c'est que les Indochinois étaient vraiment pris pour du bétail. Plantations de riz, exploitation, morts pour la France sur le front, misère, famine, maladies ... Il y a aussi des oeuvres un peu cheloues, comme une pyramide, et une immense table avec des fruits censée symboliser l'espoir d'HCM en la jeunesse. Moui.
Il n'y a pas de complète biographie d'Ho Chi Minh et d'ailleurs il ne faut pas se tromper lorsqu'on lit les courriers et les articles: ce cher monsieur a plusieurs alias. Mais qui est donc ce Nguyen Ai Quoc dont on n'arrête pas de parler? Ah ben, c'est lui (nom signifiant "le patriote"). Nguyen Tat Thanh, "grandes espérances" ... Le leader de la révolution vietnamienne s'insurge contre les conditions de vie, et il a bien raison. Les Français ont aussi détruit une partie du patrimoine vietnamien pour construire leurs locaux. Ou comment encore plus mépriser son pays ... Ho Chi Minh a aussi été jeté en prison, en Chine, où il a tenu un journal de bord. Il est ensuite libéré puis fonde le parti communiste vietnamien. Je vois beaucoup de gens qui prennent des photos devant sa statue. En tout cas, il a l'air bien plus humble que ses camarades Staline ou Mao !!
Sur la fin, ça part en live. Je m'arrête au Temple de la Littérature, haut lieu du Confucianisme. Ici sont vénérés trois rois: Ly Thanh Tong, qui a diminué les peines, développé l'agriculture et l'éducation, défendu les frontières, renforcé l'indépendance, et fondé le Temple; son fils Ly Nhan Tong, monté sur le trône à l'âge de 7 ans, a développé la musique, interdit de tuer les boeufs et les buffles, développé le confucianisme; enfin Le Thanh Tong a développé l'administration et toujours l'éducation, agrandi plusieurs temples et villes, fait rédiger des livres d'histoire et de géographie. Puis, je vais manger un délicieux Bun Cha, du porc au barbecue dans une petite soupe, et avec un nem offert ... Génial !! Aujourd'hui, il va y avoir un peu plus de photos de nourriture que d'habitude car j'ai voulu goûter plusieurs choses pendant que je suis à Hanoï (c'est Philippe qui va être content!)
Je vais ensuite visiter cette citadelle classée à l'UNESCO qui finalement est ouverte aujourd'hui, mais seulement entre 8h-12h et 14h-17h. Les Vietnamiens prennent les repas très au sérieux, comme chez nous. Mais cela vaut la peine de le souligner, car les Thaïs n'avaient pas d'heures de repas précises et les Laotiens travaillaient tout le temps mais se relayaient. Les différences de culture d'un pays à l'autre sont fascinantes. Il s'agit donc de la cité impériale d'Hanoï, ThangLong, le Dragon ascendant, qui a vu défiler plusieurs dynasties, a été détruite, reconstruite ... Elle date du 11e siècle, et a été érigée par les Ly, puis s'y sont succédés les Tran, les Le so, les Mac, les Le Trung hung, jusqu'en 1789. Les bâtiments restants sont appelés "reliques", et le site archéologique découvre tous les jours de nouveaux objets antiques. On peut y voir les portes d'entrées, les marches de l'ancien palais royal qui n'est plus, la Pagode des Dames, faite de stuc et qui servait de réservoir à concubines pour l'Empereur; elle a été détruite, puis reconstruite par les autorités françaises.
Je vais maintenant donner quelques détails issus de ce que j'ai appris au musée du site archéologique, des récapitulatifs de la culture indochinoise, ce qui est toujours intéressant. Si vous, ça ne vous intéresse pas, sautez donc ce paragraphe!
- Les Vietnamiens avaient et ont toujours une forte croyance animiste, qui s'est enrichie avec l'hindouïsme et le bouddhisme. La vénération de la terre fertile s'est combinée avec le Shivaisme, et certains endroits clés ont été construits aux emplacements stratégiques des divinités hindoues, particulièrement près de montagnes sacrées; ils ont pu aussi être choisis grâce aux astres, comme les citadelles Thang Long et Ho. Les rivières sont aussi vénérés, pour représenter le couple divin Shiva/Ganga. Le symbolisme de la montagne est fortement représenté à Angkor (on verra donc ça dans une semaine ...). Au final, les peuples différents vénèrent les mêmes esprits mais avec des noms différents: neak-ta pour les Khmers, phi pour les Laotiens, le dieu de la Terre ou du Village pour les Vietnamiens, et le yang pour d'autres peuples indochinois des montagnes. Les animaux ont aussi un rôle important, comme l'éléphant - dérivation du culte de Ganesh, le dragon qui représente le pouvoir, le phoenix qui représente la paix et la prospérité, mais aussi les licornes et les tortues. Les divinités de l'eau sont un symbole de fertilité et de purification, et c'est peut être pour cela qu'il y a autant de lacs dans les villes vietnamiennes, comme je l'avais déjà remarqué. C'est surtout le dieu serpent Naga qui est vénéré. Dans le bouddhisme, Naga accompagne Bouddha lors de ses méditations et est le protecteur de la richesse et de la fertilité; dans l'hindouïsme il livre bataille contre Garuda, le roi oiseau messager des Dieux. Les forêts représentent la force de la nature, le contraste d'avec la civilisation, tandis que les fleurs représentent la pureté.
- Les partenaires commerciaux de l'Asie du Sud Est, et ce depuis l'aube des civilisations, sont la Chine, l'Inde, et l'Asie centrale et occidentale. Ce sont les Champas, les Dait Viets et les Khmers qui les premiers ont développé le commerce. Les produits locaux étaient exportés, tandis que la philosophie, la mode, les croyances, les arts, étaient importés pour créer des civilisations hybrides. Ainsi la cosmologie brahmaniste et les mandalas bouddhistes ont commencé à être représentés sur les temples. Le sanskrit est utilisé pour écrire le nom des divinités, les villes, les statuts sociaux, les classes (castes?), les objets et pratiques religieuses. La route de la Soie et des épices a bien sûr contribué à cette expansion, grâce aussi aux nombreuses rivières et ouvertures sur la mer. Le Fleuve Rouge permettait aux Dai Viets d'échanger avec les Chinois, tout comme le Mékong était utile aux Khmers. Les Champas (Vietnam central et du sud) utilisaient plutôt des ports, comme Hoi An dont nous parlerons bientôt.
Je refais ensuite un petit tour dans le Old Quarter, pour aller voir le temple Bach Ma, le plus ancien de la ville. Il ressemble un peu aux autres, je n'ai donc pas fait beaucoup de photos, mais c'est chaque fois un enchantement que de pénétrer en ces lieux. Je cherche ensuite un autre endroit visitable, la Memorial House, apparemment une maison rénovée d'un riche marchand, mais je ne l'ai jamais trouvée. Peu importe, je vais faire un peu de shopping, et je serai rentrée pour la bière gratuite à 6h. Je rencontre Antoine, et Enrich du Danemark. La Bia Hoi Ha Noi est une "draught beer" qui n'est pas la meilleure que j'ai pu boire, et qui tape un peu sur la tête le lendemain. Ceci dit, le lendemain, la migraine n'était pas ma préoccupation principale, puisqu'avec le décalage horaire pour moi c'était le 14 novembre, mais pour les Français, encore le 13.
Jour 2 : La Baie d'Halong
Le lendemain fait mal. Réveillée tôt, je jette un oeil à Facebook et ... au départ, l'incompréhension, tous ces gens qui mettent "Pray for Paris". Je crains le pire, et j'aurais aimé me tromper. Antoine, réveillé aussi, n'a pas de nouvelles de sa famille, qui sont tous à Paris (et comme il est minuit, certains dorment ...). Je prends des nouvelles moi aussi, et je suis soulagée que tout le monde aille bien. Mais nous avons tous deux les larmes aux yeux en découvrant les nouvelles. Je passerai la journée à me connecter sur Facebook pour vérifier que tout le monde est bien marqué en sécurité. Au final, je connais une personne dont un membre de la famille est mort, et qui allait devenir papa. Même si cette personne et moi ne sommes pas proches, je suis quand même très touchée par cette nouvelle effroyable. Plus que pour Charlie, car les terroristes ont ciblé des activités quotidiennes. Je pense aux familles des victimes avec émotion.
Mais je n'annule pas pour autant mes activités prévues aujourd'hui: j'ai réservé un tour pour la baie d'Halong. Y aller par mes propres moyens était bien trop compliqué, les bus stations sont loin du centre ville, le trajet prend du temps, il faut trouver où prendre le bateau, où manger ... Au final pour 30$, je me demande si ça ne revient pas moins cher car nous sommes beaucoup. Tant pis pour l'attrape touristes et le promène couillons, on a le choix entre ne pas se mêler à cette peuplade ou ne pas voir les plus beaux sites classés à l'UNESCO ... J'ai facilement fait mon choix.
Le gérant de la Joy Company qui vient nous chercher à nos hôtels respectifs est un vrai showman. Il ramène un peu de gaieté à la grisaille environnante, malgré la pluie qui commence à tomber. Au Vietnam, encore plus que chez nous, les prévisions météos ne s'accordent jamais, c'est à la chance. Bref, il a probablement dû s'inspirer des stand-ups américains pour nous présenter certaines choses, à base de "ce n'est pas ... et non pas ça ... mais bien: cela !!", et heureusement il n'en abuse pas. Il m'offre même une intervention car je suis allée à Sapa. Décrire la ville en un mot? "Pluvieux!" Tout le monde rigole. C'est aussi agréable car il parle clairement, c'est facile de comprendre ce qu'il raconte en anglais. Il nous présente le pont Doumer (dont il n'y a probablement que moi qui ait retenu ce nom officiel, puisqu'on l'appelle aussi le pont de l'amour), le nouveau centre de business ... La pluie s'arrête vers le milieu du trajet, et nous aussi pour refaire le plein d'essence. Cependant, pas tout de suite de pause pipi, car c'est sale, mais aussi car les tours opérators ont des plans spéciaux pour nous: des aires où on peut acheter des souvenirs et de la nourriture ... deux fois plus cher qu'ailleurs. Haha, les partenariats ... C'est la plus grosse contrainte, d'autant plus qu'il faut attendre 20 minutes avant de repartir - bien que nous soyions tous prêts avant. Il y a beaucoup de bus, et il faut être vigilant pour ne pas se tromper! Nous mettons en tout 3h et demi/4 heures pour parcourir la distance de 170 km. La ville d'Halong est bordée d'hôtels luxueux, et nous pouvons d'ores et déjà voir les grosses formations calcaires, que je vais appeler limestones par la suite car je trouve ce mot plutôt joli. Il y en a partout, tellement qu'on les distingue mal au départ, et on dirait une chaîne de montagnes ininterrompue sur la mer. Difficile de faire des photos, qui ne rendent rien. Nous montons sur notre bateau pour manger (youpi!), le temps d'atteindre le village flottant au milieu des limestones. Je me retrouve donc avec deux irlandais et trois coréens, et nous partageons du riz, un poisson grillé, des nems, des cacahuètes, et ce qui est censé être des fruits de mer, avec des palourdes vides ... Pas pratique. Les irlandais ne savent pas utiliser des baguettes, et les coréens supposent donc que je ne le sais pas non plus, donc ils me tendent une cuillère et me disent "regarde on fait comme ça". Je suis un tout petit peu vexée (niveau 3 sur une échelle de 1 à 10) car je leur ai dit voyager depuis un mois déjà, et surtout j'ai déjà commencé à manger avec mes baguettes. Et à attraper des cacahuètes. Ah! Prends ça, le cliché! Je ne suis pas sûre qu'ils sachent qu'il y a beaucoup d'asiatiques en France, et que du coup, je sais manger avec des baguettes depuis mes 6 ou 7 ans ...
Nous arrivons à notre destination; malgré la grisaille, les limestones sont impressionnants. Il y a des petites grottes, nous pouvons passer en dessous. J'avais prévu de faire du kayak, mais finalement il fait frais, l'eau est un peu sale, et je veux prendre des photos sans risquer de faire tomber mon portable dans l'eau. Je paye donc un peu plus pour un bateau de bambou, et je me retrouve encore avec les irlandais. Ce qui pour la suite sera pénalisant, car nous ne pourrons pas atteindre une petite crique ... le bateau touchant le fond à cause de son poids. Heureusement, il y en a deux! J'admire le ballet des touristes car bien entendu nous nous suivons. Au final, ça ne durera pas très longtemps ... Nous remontons sur le bateau. Qui, stupeur! Refait demi tour! Nous avons oublié des touristes! J'aime bien le gérant, mais la logique veut qu'il faut recompter les gens AVANT de repartir.
Il nous promet un combat de coqs dans la baie d'Halong! Je grince un peu des dents, mais en réalité ... Il s'agit de deux rochers qui ressemblent à des coqs. Ils nomment beaucoup les micros îles et autres rochers, comme "l'île toute seule", "l'île du gorille", "l'île du chat" ... Il y en a 1969 en tout. Le nom de la baie d'Ha Long vient de "dragon descendant", le dragon ayant créé trois baies en descendant le long des côtes. Nous accostons près de Dong Thien Cung, la grotte du singe, car elle a été découverte par les locaux qui suivaient un singe voulant se mettre à l'abri pendant un orage. On peut y voir le "Fairy Breast", censé donner une poitrine généreuse aux femmes qui le touchent. Devinez quoi? Ça ne marche pas ! En revanche, la grotte est magnifique. Elle satisfait enfin mes envies de grottes qui ont été frustrées au Laos par leurs petites grottes inintéressantes. Des draperies, des stalactites, stalagmites, des fontaines, et un éclairage arc en ciel mettant le tout en valeur! On peut dire que les Vietnamiens sont forts quand il s'agit d'éclairages. Nous quittons ensuite la baie et ses aigles tournoyant autour des limestones. Le trajet de retour semble long ... Il y a des travaux sur la route, et le chauffeur doit prendre une route à deux voies, puis repasser sur la quatre voies en passant sur ... un tas de terre plein de bosses. Un terre plein, littéralement. Ok, vive le Vietnam! Rentrés à 21h, nous avons le privilège de ne pas avoir de bouchons. Ils me déposent en premier à Hoan Kiem, je trouve un restaurant pour manger du poulet frit, du riz gluant au maïs et un truc qui ressemble à du saucisson mais un peu plus sucré, et je rentre pour me coucher, exténuée ... Car demain, bis repetita à Ninh Binh/Tam Coc!
Jour 3: Hoa Lu, Tam Coc, Ninh Binh
Une nuit un peu agitée, du fait du bruit et car je ne sens plus trop mes affaires en sécurité dans cette auberge. En effet, la veille, j'ai constaté la disparition de mon pantalon de pyjama et de mon oreiller chinois, et mes affaires déplacées, ce qui m'agace. Je vais donc le signaler à la réception ... Pour l'instant ils ne peuvent rien faire. Aujourd'hui, mon tour sera avec Mr. Sunny de son surnom! Un peu moins showman, un poil moins chaleureux, mais tout aussi passionnant et efficace. Il nomme les toilettes les "happy rooms" car quand on y rentre, on est content. Pendant le trajet, il nous parle de spécialités locales: je l'aime bien. Notre premier arrêt est Hoa Lu (prononcer Walou), une ancienne capitale avant que cette dernière soit déplacée à Hanoï. C'est le nom d'une fleur que le roi agitait pour rallier ses armées. Elle est construite au pied des limestones qui semblent cette fois ci avoir été posés sur la terre, contrairement à l'effet d'émergence des flots de la baie d'Halong. Il ne reste pas grand chose d'Hoa Lu, le palais royal ayant été bombardé pendant la guerre. Il reste beaucoup d'étangs, car un corps propre équivaut à un esprit clair, et il faut donc toujours se laver avant d'aller voir le roi. Il y a toujours trois portes pour entrer, car 3 est un chiffre porte bonheur. Le roi seul entre par la porte centrale. Le nom "Vietnam" vient de l'époque où la Chine occupait le territoire. "Nam Viet" signifie "groupe de Viets", tout simplement. L'ancien drapeau représente les cinq éléments: l'eau, la terre, le feu, le métal et le bois, et date du 10e siècle. La royauté ne s'éteint non pas avec l'arrivée des Français, mais avec celle du communisme. Ainsi, le dernier roi a dû filer en France pour se protéger, pour que sa famille ne soit pas tuée. Et non, aucun régime n'est parfait.
Nous reprenons le bus pour aller manger à Tam Coc, dans un buffet à volonté, youpi! Je n'ai pas pris de photos, mais c'est là qu'à mon grand plaisir, j'ai goûté ... de la chèvre. C'est délicieux, en brochettes comme avec de petits oignons. Je me régale. Je rencontre ensuite un couple de français de Toulouse, et nous échangeons quelques mots. Il est temps de prendre le bateau, et je fais paire avec Lynn, une Australienne qui travaille dans la fourniture d'équipements médicaux en Asie. Le trajet en bateau est superbe, j'accroche un peu plus qu'à la baie d'Halong, peut être parce qu'il fait beau. Malgré encore le ballet de touristes, c'est très paisible. Nous naviguons sur la rivière pendant deux heures, puis prenons des vélos pour un petit tour d'une demi heure. Un peu dur de s'y remettre! Même si j'étais loin d'être à l'aise vu que je ne suis pas montée sur un vélo depuis 7 ans si ce n'est un vélo d'appartement, c'est vrai que ça ne s'oublie pas.
Nous retournons ensuite à Hanoï, avec un peu de retard suite à un accident sur la route. Avant de nous quitter, deux petites anecdotes:
1) La numérotation des étages est à l'américaine. Le rez de chaussée c'est l'étage 1! Eux aussi sont restés longtemps ...
2) J'avais remarqué que chaque rue du vieux quartier semblait avoir des spécialités, par exemple l'aciérie ou la mercerie. En fait ça va plus loin: c'est carrément le nom des rues! Rue de la soie, rue de la papeterie ... facile! Même si elles tendent à diversifier leurs activités.
Jour 4
Au départ, je voulais me rendre à la Pagode des Parfums ... Mais il fallait réserver encore un tour d'une journée. Et faire encore minimum 4h de bus dans la journée. Jamais deux sans trois? Pour le coup, j'ai contredit ce proverbe. Elle a l'air jolie, au sommet d'une montagne; mais il faudra payer 5$ de plus pour le téléphérique, et cela me convainc de prendre une journée tranquille. D'après les photos, elle n'est tout de même pas extraordinaire. Et puis, j'ai surtout envie d'aller voir les marionnettes sur l'eau le soir, les Water Puppets, et de goûter des choses que je n'ai pas encore eu le temps de goûter.
C'est officiel: mon pantalon de pyjama est perdu. Je pense que la femme de ménage l'a embarqué avec les draps, et je lui laisse le bénéfice du doute, sans faire exprès. Nous arrivons tout de même à retrouver mon oreiller chinois, auquel elle avait passé une housse et elle l'avait mis sur un autre lit! Ahem ... Elle est tout de même un peu bêtasse. Un oreiller étant plus difficile à trouver qu'un bas de pyjama de remplacement, je suis quand même contente.
Je sors de l'auberge vers 11h pour aller goûter un Banh Cuon, qui me donne envie vu la description du Lonely. Et c'est normal puisqu'il s'agit des petites crêpes vietnamiennes dont je rafolle en France! Et elles ont ... le même goût que celles que j'achète. Bien joué, si elles sont aussi bonnes que les authentiques! C'est une petite portion, donc il ne s'agit que d'un encas. Je vais ensuite réserver mon billet pour le spectacle de ce soir, il ne reste que 21h15. Je prends ensuite une autre rue pour aller prendre quelque chose de plus consistant: un Xoi Yen, qui ressemble à ce que j'ai déjà mangé avant. Du riz gluant au maïs un peu pâteux, mais sur lequel je peux ajouter la saucisse asiatique sucrée, du porc au barbecue et un oeuf, et une fois de plus je me demande comment ils peuvent donner ce goût là à un simple bout de porc. J'ai beaucoup de questions à poser à ma Couchsurfeuse demain ... Je suis toute contente et en même temps j'ai un peu d'appréhension! Mais il n'y a pas de raison que ça se passe mal.
Retour à l'auberge pour se reposer un peu, puis lorsqu'il fait un peu moins chaud, je me dirige vers le musée des arts vietnamiens. Discret, au coin d'une petite rue, il n'est pas clinquant comme le musée d'Ho Chi Minh. Il est dans un petit bâtiment colonial, mais c'est sympathique de le visiter, sans beaucoup de monde. Il y a des statues en bois laqué, des peintures sur bois, sur soie, sur papier, des céramiques, des robes et objets folkloriques ...
Pour faire rapide pour la suite des évènements: happy hour à la bière, bun cha puis marionnettes. Lorsque je me présente au théâtre, la salle n'est finalement pas comble. Des musiciens jouent des instruments parfois un peu étranges en guise d'introduction, et accompagneront le spectacle. Ce dernier est une vraie partie de plaisir! Même si je ne comprends pas un mot de vietnamien, les intonations peuvent être drôles, selon la scène je ris ou je suis émerveillée. Je ne comprends pas tout de suite comment ça marche, mais ensuite je repère que la troupe de marionnettistes est derrière des stores, et carrément immergés dans l'eau pour leur représentation. Le reste ... c'est magique.J'ai fait plusieurs petites vidéos de 5 secondes, parfois 10, pour la meilleure qualité d'image possible (bon, ce n'est pas exceptionnel non plus) et pour en même temps ne pas importuner les gens trop longtemps. En tout cas, en seulement une heure de spectacle, c'était magique, et ça valait vraiment le coup!