Aujourd'hui, environ 500 km à faire avec trois moyens de transport différents.
Je me réveille assez tôt pour pouvoir me rendre à l'aéroport à pied. Comme je voyage léger, ce ne devrait pas être un gros problème. Oui, mais moi qui me vantait intérieurement de n'avoir encore rien perdu en plus d'un mois de voyage ... mon écharpe est restée là bas. Quelle idée de l'avoir prise alors que je n'ai même pas fait de scooter. J'ai presque été trop prévoyante, et j'ai l'air de faire comme je peux aujourd'hui avec mon K-way autour de la taille, ma serviette sur les épaules, mon appareil photo autour du cou et mon petit sac à dos pour le reste. En partant, je vois un tout petit chaton au bord de la route qui ne semble pas savoir où aller, les voitures lui passent si près! Je le prends et le met à l'abri de l'autre côté. Quand je me retourne, je vois une fille de l'hostel qui est allée le chercher et qui l'a emmené à l'intérieur. C'est adorable! Ça fera de la compagnie à l'autre minette. Il y avait trop de chiens à Bali ...
J'arrive en sueur à l'aéroport, normalement 40 minutes avant mon vol. Je me suis enregistrée en ligne la veille, mais là pour me donner mon coupon d'embarquement, il semble y avoir un problème. Qui est finalement vite résolu par un coup de téléphone. Oui mais l'heure de l'embarquement a changé : le vol va partir vers 10h30 au lieu de 9h35. Ce n'était pas la peine de frimer hier en mettant "vol confirmé, à l'heure" si c'est pour changer d'avis le lendemain. D'ailleurs le mettre si tôt ne sert à rien. L'aéroport est tout petit, et je lis en attendant. J'attends un peu longtemps quand même ... il a encore une heure de retard mais c'est normal avec Wings Air. En compensation ils nous donnent des gâteaux et de l'eau. Quelle générosité. L'avion arrive enfin, embarquement, retour vers Bali. Sur le trajet, le temps est un peu plus couvert qu'à l'aller, j'ai eu de la chance. Nous arrivons à Ngurah Rai à 13h30. Je voulais prendre le temps de manger mais quelque chose me dit qu'il ne vaut mieux pas que je m'attarde si je veux être à une heure décente à Banyuwangi. Mon repas de midi sera très diététique : un paquet de chips. J'aurais aimé mieux, mais je ne trouve pas de sandwichs dans le terminal d'arrivée. Je récupère mon sac en bon état, et je sors le varan en bois que j'ai acheté parce que j'étale mes affaires partout pour les ranger. Le gars de la consigne en tombe de suite amoureux. Il me l'emprunte pour faire au moins une dizaine de photos, même si ce pauvre varan a déjà la queue cassée, quelle solidité. Je ne pense pas que tous mes achats arriveront en un seul morceau. Je me fais ensuite alpaguer par un taxi. Je lui dis que je me rends au terminal d'Ubung pour prendre le bus pour Banyuwangi, mais il me dit que ce terminal est fermé depuis deux ans et qu'il doit m'emmener à Mengwi. Ah bon? Il sent que je doute et il va se justifier pendant tout le trajet. Mais l'un dans l'autre j'ai fait un rapide calcul: c'est plus cher mais mieux ainsi, car Mengwi est en dehors de l'agglomération de Denpasar donc ce sera moins embouteillé pour un bus. Il est sympa ce chauffeur, il écoute Scorpions, Bryan Adams, Bon Jovi, en plus il a un hot spot sur son portable et je peux donc profiter d'une bonne Wifi pendant ce temps, j'ai posté l'article dernier depuis son taxi. Le temps, lui, est très long comme prévu : entre 2h et 2h30 pour faire 20km. C'est insupportable d'avoir une voiture à Bali, ils devraient faire des autoroutes ou je ne sais quoi pour désengorger tout ça. Parce que ça aucune brochure ne vous le dira, que "l'île des Dieux" est un bourbier à diesel géant.
Quand on attend longtemps la fin d'un trajet, il faut se dire que de toute manière on finira bien par arriver, le temps est obligé de passer. Il n'y a même pas besoin d'entrer dans le terminal, mon chauffeur demande à des gens près d'un bus, il va à Banyuwangi. Ouf, je n'aurais pas à attendre une heure supplémentaire. Il n'est en revanche pas en très bon état et je croise tous mes doigts pour ne pas me ramasser des punaises, qui sont en fait ma seule inquiétude vis à vis des bus locaux. Jusque là, au contraire j'adorais, mais l'expérience de Nazca m'a changée à jamais je crois. De toute manière, là, je ne suis pas en position de refuser. Pour dire quoi, y'a des punaises dans vos banquettes? Ça fait princesse colonialiste. Je me dis que je l'ai déjà fait avant en Thaïlande quand je ne savais pas que les punaises de lit existaient, et je n'en avais pas attrapé pour autant. Allez, ça va bien se passer. Par contre nous sommes peu et quand le chauffeur démarre, je crains le pire: il va lentement et essaye de racoler. À ce rythme là, on arrive demain matin. Mais non, il change ensuite de chauffeur dix minutes plus tard, qui s'arrête juste après la ville au joli nom de Tabanan. Nous changeons de bus et là, oui il y a un sacré monde. Je vais sur une banquette à trois mais je ne peux que m'asseoir à moitié dessus, il n'y a de la place que pour une de mes cuisses. Je passe le trajet à essayer de trouver une position relativement confortable sans me faire un tour de rein. J'essaye de penser à autre chose. Nous traversons la partie ouest de Bali, qui est beaucoup plus authentique. Il y a un peu plus de mosquées dans ces environs. Il recommence à pleuvoir comme d'habitude, d'une pluie forte et cinglante, j'espère que le chauffeur n'est pas trop fatigué. Il double dès qu'il peut, un peu n'importe comment tout en étant relativement prudent (il se rabat si une voiture arrive en face comme normalement), il ne doit pas avoir de désir suicidaire. C'est ce qu'il faut se dire quand on a peur en transports, ce gars ne veut pas nous tuer ni se tuer, donc il va faire de son mieux. La pluie se calme mais la nuit tombe. J'aurais aimé voir les montagnes du Parc National de Bali situé à sa pointe ouest, mais c'est fichu.
Maintenant, il faut aller dans le ferry, c'est une toute autre histoire, il va falloir encore s'armer de patience ... ah, non, nous nous garons assez vite et le bateau quitte le port de Gilimanuk. Je pensais souffler un peu sur le ferry, il n'en est rien: il tangue de droite à gauche. Les vagues sont si violentes que ça pour qu'il ne les fende pas? Ça ne m'empêche pas de manger des nouilles instantanées, mais je sens qu'il ne vaut mieux pas que je me penche trop. Il n'y a pas de sièges à l'extérieur, seulement des ouvertures sur les côtés avec une rambarde par-dessus laquelle je vais essayer de ne pas passer malgré les mouvements du bateau. Je suis la seule Occidentale. Il y a de la musique qui passe, et je la trouve très adaptée aux vagues qui nous soulèvent. Je crois que l'artiste s'appelle Adella. C'est drôle, elle me rappelle une chanteuse péruvienne, et le style se confond aussi un peu avec ce que j'avais écouté au Laos. Une nana avec une petite voix aiguë qui chante du gnagnagna. La terre se rapproche, qu'est ce qu'il me tarde de ne plus bouger dans tous les sens. Mais au moment où je me dis que c'est gagné, nous nous arrêtons en pleine mer pour attendre qu'un cargo nous laisse la place. J'espère que ça ne va pas durer toute la nuit. Mais si on veut relativiser quand on voyage dans des pays en développement, il faut se dire qu'ils ont beau être plus à la cool que nous, ils ont quand même autre chose à faire de leur vie que de camper là. Ils peuvent tout autant avoir envie d'arriver à destination donc il faut faire confiance à leur efficacité. Ça me paraît bête de penser cela tant c'est évident, finalement.
Enfin, on accoste. Et on est abordés par des gens qui font de la musique. Je trouve que c'est très égayant, je les ai filmés avec la tablette juste pour le son vu qu'on ne voit rien. J'aurais aimé qu'ils soient là avec leurs petits banjos pour la première partie du trajet.
Entre temps, l'homme sur ma banquette m'a laissé la place du milieu car il a dû comprendre mon désespoir. Je suis bien mieux installée même pour 25 km, c'est déjà ça. Ça va très vite d'ailleurs, je n'ai pas le temps de comprendre qu'on est arrivés qu'ils me disent qu'il faut que je descende. Comme d'habitude on me saute dessus pour me conduire quelque part: non je suis motivée pour marcher 20 minutes avec mon sac, c'est la nuit ça devrait aller. Je fanfaronne dans ma tête en me disant que je me sens accomplir quelque chose, mais en réalité je galère. En plus ma guest house n'est pas localisée là où maps.me la met. Heureusement elle n'est pas loin, le seul qui ne sait pas me renseigner est celui qui pourtant est juste en face. J'arrive vers 20h30, mais il est 21h30 pour moi. Je dois réveiller la dame, Isha, pour accéder à ma chambre simple, je voulais de l'intimité mais il semblerait que je sois vraiment seule ici. Isha ne parle pas bien anglais, mais heureusement juste en face il y a la guest house où j'avais prévu d'aller en premier, quelle ironie. La mienne avait un jardin qui me plaisait mieux. En face ils parlent anglais et proposent des tours, et une location de scooter. Pour ce que je veux faire demain, personne ne veut y aller apparemment. Mais je peux louer un scooter pour y aller seule. Je pense que c'est ce que je vais faire, et je vais réserver le trek avec eux aussi. Il y a une heure de moins que sur Bali ici, mais je suis trop flemmarde pour ressortir manger.
Jour 1: un trip loin de l'Indonésie
Ploc ploc ploc, qu'est ce que c'est? C'est le bruit de la pluie qui ruine tes projets.
Il est tôt, et Google semble dire que l'orage va s'arrêter en milieu de matinée. Croisons les doigts, car il n'y a pas grand chose à faire dans ma guest house. Au petit déjeuner, menu local: du nasi goreng et du fruit du dragon. Ça ne me dérange pas vu que je n'ai pas mangé hier soir. Finalement, vers 9h30, la pluie se calme, il bruine, ça devrait aller. Je vais dans la guest house d'en face, qui propose des tours et une location de scooter. Je booke pour le volcan Ijen cette nuit, et je vais avec le gérant pour prendre possession du scooter. Surprise: il ne veut pas démarrer. On dirait un problème de contact, heureusement que ça m'arrive maintenant. Il va en chercher un autre qui a bien plus la pêche. Ce n'est pas un Scoopy, d'ailleurs il est deux fois plus cher. Les poignées sont en mousse, ce qui est agréable, mais ce n'est pas facile de le faire tourner, il faut s'habituer à la bête. Ce que j'apprécie, c'est qu'il y a un Kway avec, qui couvre aussi mes jambes. C'est vraiment pratique! La pluie me dérange moins, et la visière est assez transparente pour que je puisse conduire convenablement avec. Je me promène un peu dans Banyuwangi pour m'entraîner. C'est une ville sans grand intérêt, avec de grandes avenues qui la traversent. Comme partout, il y a des drapeaux indonésiens tout le long pour préparer la fête de l'indépendance. D'abord, je vais prendre de l'argent et m'enquérir du bus pour Surabaya au terminal. Il part à 11h tous les matins. Une fois cela fait, je prends mes affaires et finalement, le temps s'éclaircit. Je vais pouvoir faire ce que j'avais prévu : une visite au Parc National de Baluran, à 45 kilomètres de là. Il n'y avait personne pour un tour organisé, je dois donc le visiter par mes propres moyens. La conduite de ce scooter est fluide, c'est agréable. Je repasse devant le terminal de ferry: on peut voir Bali en face, et les montagnes de son parc national. Vu de loin, ça n'a pas l'air extraordinaire. Mais c'est une bonne façon de dire au revoir une dernière fois à l'île. De ce côté, il y a beaucoup de palmiers derrière lesquels on peut apercevoir la mer. Le trajet n'est pas compliqué, c'est tout droit. Après environ une heure de conduite, me voici devant l'entrée du parc, il n'y a pas l'air d'y avoir foule.
Ce parc est en fait surnommé la savane de Java, du fait de sa végétation qui nous transporte en Afrique. Je ne sais pas pourquoi j'avais lu qu'on pouvait voir quelques animaux africains, comme des gnous ou des girafes, mais c'est faux. Il y a des panthères de Java et des tigres, mais on ne peut les voir que la nuit. Pour accéder à la savane, il faut conduire sur une route pendant 12 kilomètres. C'est bien mais ... Bien sûr, ce n'est pas une route goudronnée. C'est une piste qui alterne de la terre (ça c'est très bien), de gros cailloux (à éviter) mais surtout, du gravier, et là c'est un peu plus dangereux car mon scooter peut glisser dessus. Ce qui manque d'arriver plusieurs fois. Je conduis donc avec les pieds en dehors, prête à me stabiliser en cas de dérapage incontrôlé. Il y a quelques Jeep qui me doublent et qui m'envoient de la poussière en pleine face, comme c'est agréable. Il va falloir prendre son mal en patience. Le trajet semble bien long, mais j'arrive à la Savannah Bekol 45 minutes plus tard après avoir contourné le Mont Baluran. Ah oui, effectivement. Il fait très sec ici et l'herbe est jaunie par le soleil. C'est vrai qu'on se croirait presque partis pour un safari! Comme je suis toute seule, je me demande si je vais arriver à voir des animaux. Je commence à prendre des photos et repère un peu de mouvement entre les arbres, pas si loin de la route. Je m'approche doucement: ce sont des antilopes? Non, des cerfs et des biches qui broutent tranquillement. Ils finissent par me repérer et lèvent la tête. Les biches semblent craintives tandis que le cerf paraît me juger. Amie, ennemie? Il pourrait m'encorner facilement s'il décide que j'ai de mauvaises intentions. Pour l'instant, ça a l'air d'aller. Un pas de plus, et la biche se met à bramer, comme un avertissement. D'accord, je vous laisse tranquille. Merci pour votre temps, merci pour cette rencontre. Ils s'en vont de leur côté et moi du mien. Je m'aperçois en revenant qu'un macaque a sauté sur mon scooter à la recherche de nourriture. Ça va, faut pas s'embêter. Il repart assez vite en s'apercevant qu'il ne peut rien se mettre sous la dent. J'explore un peu les environs, je vois aussi un arbre à Golden Tail monkeys, on dirait qu'ils ont poussé dessus comme de gros fruits noirs. Je me promène un peu sur un chemin, mais je décide de ne pas aller très loin car depuis ce matin je me sens un peu nauséeuse, et ça continue. Peut être le contre-coup d'une hypoglycémie d'hier, malgré le riz de ce matin. Mais ce n'est pas bien grave. Je retourne sur mes pas. À 3km de là, il y a une plage, Bama Beach, où l'on peut faire du snorkelling. Bien sûr, vous imaginez bien que je ne vais pas me faire 6km de plus avec une route pareille. Je l'emprunte mais je vais jusqu'au bout de la savane, et je vois une forme grise allongée, avec des cornes. Je m'arrête, je m'approche, j'espère que ce n'est pas une illusion d'optique et que je vais tomber sur un gros caillou. Non, c'est bien un buffle d'eau qui se prélasse, tout seul. Il semble écarquiller les yeux quand je m'approche. Je décide de rester derrière un arbre, s'il me fonce dessus soit je grimpe soit il se le prend entre les deux cornes comme dans les dessins animés. Je crois que ça marche en vrai, il ne verrait pas 36 chandelles mais il serait coincé. Je prends ma photo, il est amical mais je ne vais pas tenter de lui faire des câlins. Allez je m'arrache, merci la vache. Je spotte encore des cerfs et des biches, pendant que des touristes font des selfies de l'autre côté sans même les avoir vus. Je suis satisfaite et repars en sens inverse car par moments je vois flou devant moi, donc je ne distingue pas bien le relief, ça peut être dangereux. J'ai faim et pas faim en même temps, mais ce serait bien que j'avale quelque chose. Je rebrousse chemin et ... je vois de la fumée sur le versant du Mont Baluran. Super, encore un incendie, décidément la nature m'en veut. Personne ne semble trop s'en soucier mais ils n'ont peut être pas échappé à un séisme, un tsunami et un autre incendie. Je dis souvent que je pars en voyage pour faire un break du poids de mes responsabilités, mais la seule que j'ai c'est moi même, c'est de rentrer vivante et en un seul morceau. Le vent devrait pousser le feu dans l'autre sens, mais on ne sait jamais, c'est tellement aléatoire ici qu'il pourrait tourner. Donc je me ravise, je ne vais pas manger ici, je trace. On s'habitue à la route, et paradoxalement c'est en allant plus vite que l'on prend le moins de risques de déraper. C'est tout de même agréable de retrouver le bitume.
Il y a plein de petits restaurants au bord de la route mais je me sens trop barbouillée pour tester des choses que je ne connais pas, encore moins des soupes. Sauf que je ne reconnais aucun nom sur les menus, à part "nasi" avec d'autres choses. Cependant, je sens que mon cerveau bugue car j'ai failli faire une bêtise avec le scooter, il me faut des glucides. Je m'arrête au hasard. Il y a une famille qui va déjeuner et comme ils m'accueillent, je pense qu'ils sont du restaurant mais il n'en est rien. Ils se nomment Jun et Titin, et ils ont un petit garçon timide du nom de Farik. Nous essayons de parler et de nous comprendre, et nous partageons un repas ensemble, des brochettes de poulet dans la sauce au beurre de cacahuètes. Par contre, ils essayent de me caser avec un de leurs amis. Quelques photos ensemble plus tard, je prends congé avant qu'ils ne me prennent la tête ou me présentent un autre ami. Je refuse de croire qu'avec ma tête de déterrée et mon look Décathlon je sois "beautiful", c'est juste parce que je suis occidentale.
Sur la route, le trafic se densifie. Que se passe-t-il, des travaux? Non, mieux! Il y a un défilé en habits traditionnels et en costumes! Des adultes mais surtout des enfants trop mignons. Je pense que cela fait aussi partie de la fête de l'indépendance. Quelle chance! Je suis contente d'assister à cela même si c'est dur de prendre des photos rapides depuis l'autre côté de la route. Il y a aussi des chars et bien sûr, des gens qui jouent de la musique.
Le temps se gâte, un gros nuage noir semble m'arriver dessus. En rentrant à Banyuwangi il me reste une chose à faire: vérifier les trains pour Surabaya, c'est mieux que le bus, quand même. En fait comme je rentre du volcan à 9h (ou plus), il m'en faudrait un qui parte en début d'après midi. À la gare, il n'y a personne, juste quelqu'un de la sécurité qui me dit qu'il y en a bien un qui part à 14 heures. Mais impossible de confirmer cela sur Internet, je ne le trouve pas. Je n'ai pas envie de me retrouver coincée à Banyuwangi sans moyen de rejoindre Surabaya, donc je penche pour la solution de sécurité plutôt que de confort: le bus. En plus je ne suis pas sûre qu'il reste des places si je m'y présente, et je réalise que je ne pourrai peut être pas réserver sur Internet vu que ma banque m'envoie une confirmation par sms lors de mes achats.
Le tour pour le Kawah Ijen part à ... Minuit. En fait c'est un volcan qui produit des flammes bleues qu'on ne peut voir que dans la nuit. Et il faut bien monter jusqu'au cratère! Donc, la randonnée se fait en pleine nuit. Encore un challenge. Je décide de me reposer et même si je ne dors pas, je ferme les yeux et me décontracte. Il est 18h, ça ne va pas être facile de piquer un somme. Je ne sais même pas si je vais avoir faim, je devrais manger avant de partir, ce serait une bonne idée ... Je fais mes exercices de respiration habituels, je crois que ça me permet de passer d'ondes betas à alphas donc ça calme le cerveau. Finalement après 4 heures de demi-sommeil je ressors pour dîner. Je trouve un café restaurant très sympathique près de ma guest house, qui sert des plats japonais et coréens. Un boeuf teriyaki avec du riz, c'est exactement ce qu'il me fallait! Il y a un live et le chanteur a une très belle voix. Mais je remarque qu'ici, personne n'applaudit à la fin de la performance. Ce restaurant s'est aussi doté d'un appareil à hologrammes, c'est la première fois que j'en vois un dans le quotidien. C'est très sympa mais cela dit, je dors encore à moitié, comme si j'étais en décalage horaire. Il est 22h30, je me recouche, je peux dormir une heure mais pour une fois, d'un sommeil réparateur.
Jour 2, ou nuit 2?
Je suis étonnée de ne pas être aussi à la ramasse que je le pensais. Je dois être trop impatiente d'aller voir le cratère. Minuit, je vais en face. Je rencontre Mattéo et Gianluca, deux Italiens qui vont partir avec moi. Notre guide Yush vient nous chercher, et nous faisons connaissance avec Pedro, un Portugais, et un Indonésien de Surabaya dont je n'ai pas saisi le nom. Nous prenons la route dans la noirceur de la nuit sans lune, et dans le brouillard. Le chauffeur va vite, il ne semble pas gêné par la buée que nous produisons sur la vitre. Il y a des gens qui montent en scooter et nous sommes parfois coincés par d'autres voitures. Nous voici arrivés au point de départ de la rando, l'Indonésien a juste le temps de sortir pour vomir dehors. Je le remercie de ne pas avoir vomi sur moi et lui donne un Motilium pour s'il est encore nauséeux. Nous nous installons pour prendre un thé avec d'autres touristes et prendre les masques à gaz. Le café-warung a l'allure d'un phare dans la nuit, et d'un refuge car il bruine. J'ai bien fait de prendre un haut à manches longues et mon Kway car il ne fait pas très chaud. Il y a des gens qui sont bien équipés, avec des parkas et des bonnets, et heureusement que je n'ai pas perdu mon écharpe, en fait. Si nous ne bougeons pas, je vais m'endormir, il est 2h30 du matin. Mais enfin nous nous mettons en route. Les garçons tracent, ils ont un très bon niveau de rando et je les perds très vite. Il faut dire que la pente est raide! Et de là où nous sommes, il n'y a pas de plat ou de descente. Que de la montée, et de la montée. Au bout de 5 minutes, tout le monde commence à peiner, et moi je ralentis. J'ai l'espoir de retrouver mon groupe, au moins mon guide, parce que là je me sens seule dans l'épreuve même si je suis entourée de gens. Je ne pensais pas que ça allait être aussi fréquenté en une seule nuit. Je continue, je continue, je reste motivée. Je ne m'arrête pas beaucoup, et au bout d'un moment ça y est, j'ai moins de mal, muscles chauds. Comme il pleut, il faut faire attention à ne pas déraper dans la boue quand on monte. Et puis sur le chemin, il y a des gens qui crient "taxi". Comment ça, taxi? Et là, c'est mon premier gros choc culturel du voyage: il y a des gens qui proposent à d'autres de les monter sur des carioles, sauf que ce sont eux qui poussent à la force de leurs bras pendant que d'autres sont littéralement attelés pour tirer la cariole dans la pente. C'EST QUOI CE BORDEL. Comment c'est possible. Comment les gens acceptent de monter là dedans? Les gars ne sont pas tout jeunes, en plus, et la pente comme je l'ai dit ce n'est pas n'importe quoi, en ski ce serait une rouge. J'entends même un homme hurler de douleur en tirant. Ah vous pensiez que l'esclavage avait été aboli? Je suis dégoûtée et encore plus par les gens qui en profitent. Et même pas des occidentaux, des asiatiques! J'ai envie de leur cracher dessus. Je ne pense même pas à prendre de photo, j'aurais dû et balancer ça sur les réseaux sociaux, et faire un lynchage public ou quoi. Comment on peut gagner sa vie comme ça, il y a tellement d'autres options. Au bout d'un certain temps, le chemin devient rocailleux et fait des lacets. On peut voir tous les gens monter avec leur lampe de poche comme une procession, ou de petits feux follets. En haut, ça devient plat, je me rapproche du cratère. Il y a un sacré vent glacé, mais ça va c'est toujours moins pire qu'Uyuni. Une Française du nom de Charlène qui vient d'à côté de Montpellier (décidément!) m'aborde car elle n'était pas dans ma voiture mais elle dépend aussi de Yush, que nous avons perdu il y a bien longtemps. Elle est avec deux Autrichiens, ils m'ont reconnus à mon parapluie sur la tête. Nous ne sommes pas contents car les autres guides sont restés avec leurs groupes alors que le nôtre c'était vraiment débrouillez-vous, quoi. Je suis contente de ne plus être seule. Nous voulons descendre dans le cratère mais il y a énormément de gens qui le font, pire que le Canigou au 15 août, sans mentir. C'est très dangereux en plus, les rochers glissent à cause de l'humidité et les gens se poussent et se croisent sur ce tout petit sentier. C'est une vraie usine mais ce n'est pas le meilleur endroit pour le tourisme de masse comme ça. Il y a un moment où je glisse, mais côté roche, en fait je me retrouve accroupie mais préfère me laisser tomber assise, aucun mal, donc. Tant bien que mal, nous parvenons un peu plus bas, Charlène trace jusqu'au lac du cratère mais moi je suis stoppée par la fumée sulfureuse qui m'étouffe et voilà, asthme. Même avec le masque à gaz j'ai du mal, en même temps je ne m'attendais pas à du matériel de pointe. Mais waouh, je suis dans un volcan, quoi. Je peux voir la source des fumigènes, et les fameuses flammes bleues! Il n'y a que deux endroits au monde où c'est possible. Ce ne sont pas de grosses flammes, elles commencent par faire de petites lueurs dans la fumée et ensuite quand ça se dégage, on peut voir un peu de lave d'un bleu électrique suinter de la roche. Il fait bien trop sombre et je ne parviens pas à la prendre en photo, trop peu de contraste, dans la fumée en plus. Je vous mets une photo réaliste trouvée sur Google. C'est fascinant mais je suis gelée. Le soleil commence à se lever, les lueurs de l'aube éclairent le cratère. C'est super car nous l'avons descendu un peu à l'aveugle, et maintenant que nous sommes dedans, nous le découvrons un peu comme dans un spectacle. Il y a de très belles formations rocheuses! Le lac bleu turquoise se dévoile aussi. Mais il y a vraiment, vraiment trop de fumée aujourd'hui. On le voit mieux d'en haut, mais pas en entier non plus comme sur les photos de promotion (étonnant).
Les nuages s'invitent à la fête. Nous avons rendez-vous à 7h30 en bas, mais vu comme j'ai froid, je préfère partir maintenant. Il est 5h45. Tout le haut du volcan a la tête dans les nuages, au départ ce n'est que de la bruine mais ensuite ça devient franchement de la pluie. Je suis trempée de la tête aux pieds. Mais dans tout ça, Charlène me retrouve, je suis contente car je pensais l'avoir perdue (pour toujours!). Nous descendons donc ensemble accompagnées de militaires qui friment. Ça va, personne ne tombe. Il y a des gens qui montent à cette heure là, c'est dommage pour eux car on ne voit vraiment plus rien de jour. Nous arrivons enfin au warung au sec. Tout le monde qui a fait le volcan Bromo dit que les flammes bleues c'était bien, mais le paysage est plus joli à Bromo. Forcément quand il pleut pas. Moi, un seul volcan à gravir me suffisait, donc j'avais fait mon choix. C'est l'heure, les autres partent mais nous, nous attendons Pedro, qui arrive avec une demi-heure de retard. Un peu plus au chaud, nous redescendons et nous arrêtons pour voir une cascade. Il faut descendre, remonter, j'ai la flemme. Je mange un peu de banane frite mais c'est lourd. Je vérifie sur le téléphone de Gianluca: il y a bien un train cet après midi (à 13h30 donc pas à 14h) mais il est complet. Evidemment, en Indonésie c'est génial de voyager par train. Donc pas le choix, ce sera le bus qui va mettre une durée indéterminée. Pedro a dû le prendre entre Probolinggo (au volcan Bromo) car le train était complet aussi. Je devrais anticiper pour mon train entre Surabaya et Yogyakarta ... Quand aurais-je le temps? Je peux le prendre en rentrant mais je vais probablement devoir trouver un portable débloqué pour mettre ma carte sim dedans et avoir le code de confirmation mais à mon avis, c'est mal parti. En fait c'est mieux quand je m'organise tout à l'avance ... J'ai une idée, je propose à Gianluca de prendre mon billet et je lui donne de l'argent. Je suis un peu stressée, la connexion est mauvaise, mais ça marche. Par contre, avec la fatigue et la précipitation, je ne me rends compte que trop tard que j'ai laissé. com à la fin de mon adresse mail alors que c'est .fr. Gianluca m'a pourtant dit de double checker, il l'a fait lui même, m'a donné le code de confirmation que j'ai heureusement noté (même pas sûre que je l'aurais fait sinon) mais j'ai tout regardé sauf ça. Donc, je n'ai jamais reçu mon e-ticket ...
Nous arrivons finalement à la guest house vers 10h du matin. Je suis étonnamment en forme, ça doit être l'adrénaline. Le temps de faire des photos ensemble et de dire au revoir, je file. Je demande un petit déjeuner car sinon je ne mangerai pas de sitôt, finis de faire mon sac, me change, je mange (je crois que c'est un soto quelque chose, une soupe quoi) et ça va être l'heure d'y aller. La dame, qui n'est pas Isha, n'a pas compris quand je lui ai demandé si elle connaissait quelqu'un pour m'emmener au terminal de bus. Après tout, ils proposent tous leurs services pour les déplacements, autant payer quelqu'un qu'elle connaît. Mais même en essayant d'appeler un taxi, ça ne semble pas très bien rouler cette affaire. Je n'aime pas les gens qui font semblant de comprendre alors que ce n'est pas le cas. Bon ok moi ça m'arrive souvent, mais je ne travaille pas dans l'hôtellerie et on ne me pose pas des questions importantes et pratiques. En plus elle a de quoi traduire sur son téléphone, on aurait dû commencer par là. Je finis par partir à pied vers l'avenue dans l'espoir de trouver quelqu'un qui fasse taxi. Je tends mon pouce en criant "taxi"- comme les rôles sont inversés c'est ironique mais comme quoi on se fait comprendre quand on cherche - et quelle chance, un jeune couple s'arrête. Ça va que je ne vais pas loin, mais à pied ça m'aurait pris 20 minutes que je n'avais pas. Si encore je savais par où le bus passait ce serait plus simple, je lui ferais coucou depuis la route. Mais ces gens sont très gentils, je leur propose de l'argent en cadeau mais ils refusent. J'abuse beaucoup de la gentillesse des gens aujourd'hui, ça va me filer un mauvais karma tout ça.
Il y a deux bus, un direct et un autre où il faut changer. "This one direct, this other one you have to change at the BRRRR" "The what now?" "The BRRRRR", je vous jure que ça sonnait comme ça et ça m'a autant fait rire que peu inspiré confiance. Je crois avec le recul qu'il parlait de la ville de Jember. Je préfère donc le soit disant direct pour Surabaya, il n'y a pas la clim dedans, pas comme le premier mais je n'ai pas chaud donc c'est parfait.
Comme la dernière fois, il va très lentement tant que nous sommes à Banyuwangi pour racoler des gens. Sauf que je me rends vite compte qu'il y a un problème : il ne dépasse jamais 15 voire 20 km/h. Putain, on a 300km à faire comme ça? On n'arrivera que demain. Bon au moins, je suis bien installée et dans un état second. Mais qu'est ce que c'est long. C'est désespérant. Nous nous arrêtons 10 à 20 minutes à chaque terminal de bus, pour récupérer des choses. J'ai envie de secouer le chauffeur. Mais ai-je le choix? Le point assez positif dans mon cas c'est que le bus est fumeur. Les fenêtres sont tout le temps ouvertes ce qui évite l'effet aquarium, donc ce n'est pas si désagréable, ce le serait pour un non-fumeur probablement. Je sens souvent qu'ils fument les cigarettes aux clous de girofle qu'Anika m'avait faites goûter. Heureusement qu'ils ne fument pas des cigares. J'ai aussi l'impression qu'il n'y a que les hommes qui fument. Je dois les impressionner, avec mes manières à l'opposé de la délicatesse. Le long trajet me donne le temps de regarder le paysage. Les aires urbaines se concentrent autour des routes et il y a peu d'espace entre un village et un autre, c'est comme une grande agglomération. Sinon topologiquement parlant ce n'est pas bien différent de Bali car il y a des rizières et des bananiers, mais c'est un peu plus plat. Ça manque de temples, je trouve que cette plaine est un peu fade. Ce qui l'est moins ce sont tous les gens qui montent pour jouer du banjo et vendre à manger quand le bus s'arrête, donc assez souvent. On peut monter dedans par devant ou par derrière, moi je suis devant et ces gens ont tendance à monter par derrière. Donc la plupart du temps je les vois arriver dans mon dos sans être prévenue. En fait c'est comme les moustiques, tu laisses ta porte ouverte, ils voient de la lumière et hop y'en a 10 qui rentrent! D'ailleurs pour les joueurs de banjo c'est un peu bête car au bout du cinquième plus personne n'a de la monnaie. Je repère d'autres détails insolites dont je n'ai pas encore parlé ici: les dentistes se nomment les "Dokters Gigi". Et là je vois même le nom d'un "Dokter Kiki" qui est urologue. Non mais c'est le vrai nom qu'on leur donne, hein! Il faut bien s'occuper, en plus j'ai deux enfants derrière moi qui crient à plein poumons, la mère ne fait rien et tout le monde s'en fiche. J'aimerais avoir ce flegme au quotidien. Cette patience aussi. Mais cela me donne quand même l'impression que les mères d'ici, même en Malaisie, sont très permissives. Je pense qu'ensuite les enfants apprennent le respect par le biais de la religion.
Ah, nous arrivons au pied de collines, le paysage va être plus intéressant. Nous passons dans des forêts de conifères sur une route à virages. Je ne comprends pas car il y a des gens au bord de la route qui ne font que nous dire de passer avec la main. Non pas des policiers, pas des travailleurs, juste des civils. Il n'y a même pas de travaux ou de bouchons à cet endroit. C'est quoi, ça sert à quoi, c'est pour se donner l'impression d'être utile, c'est pour se dire qu'on travaille? Au retour quand je vais m'ennuyer, je vais aller faire ça au bord de la route. Mais j'ai l'impression qu'ici ils aiment montrer l'évidence. Comme quand ils te désignent les toilettes juste en face de toi au cas où tu sois malvoyante. Le bus va un tout petit peu plus vite car il n'y a pas de ville ici, ouf. Les gamins se sont endormis, ça fait des vacances. Nous arrivons à Jember vers 16h. Donc, 5h pour faire 100km. Tout va bien, tout va bien. "I am right where I'm supposed to be". J'ai fait un ou deux micro-sommeils et c'est un peu mieux. Mais vraiment... À quelle heure vais-je arriver? Je dois me lever à 6h30 le lendemain. J'essaye de rester zen. Nous devons changer de bus au terminal de Jember, j'ai envie d'en trouver un qui ne s'arrête pas partout... Mais ils ne parlent pas bien anglais et ils rigolent, ils se moquent de moi comme d'habitude. Je prends un ton autoritaire sans leur crier dessus et enfin j'ai une réponse. Et oui les gars, en Europe on n'est pas toutes de petites soumises dociles. Je monte dans un autre bus avec la dame qui était à côté de moi. Je dois avoir l'air d'être au bout du rouleau. Mais qui dit changement de bus dit changement de chauffeur. Le nouveau annonce être à 22h à Surabaya, donc 6h de route encore. Et en fait mes prières silencieuses ont été exaucées: il va vite. Un peu trop même, il met beaucoup de coups de frein, il est toujours en train de doubler même quand les voitures arrivent en face, tout le monde lui fait des appels de phare et il klaxonne toutes les 30 secondes. Un gros excité du volant. Mais curieusement cela me remplit de joie, je retrouve mon optimisme et je lui en suis reconnaissante. Non seulement nous arriverons à l'heure mais en plus je ne vais pas m'ennuyer! Voilà, là il y a du risque, là c'est intéressant. Je le remercie intérieurement de tout mon coeur. Pour risquer ma vie de la sorte. Oui. Même dans les bouchons il nous évite une attente interminable. Nous filons et les kilomètres s'enchaînent. Il ne ralentit que quand il doit mettre de l'essence. Et voilà, au bout du temps annoncé, alors que je commence vraiment à m'endormir, nous arrivons au terminal de Surabaya, hors de la ville. Taxi, taxi! Je ne suis pas en position de dire non mais quand on me propose un prix je leur dis clairement qu'il faut arrêter de me prendre pour une conne, que je n'ai plus de patience car je dors debout et qu'ils me donnent ce prix uniquement parce que je suis une femme blanche. Ils le prennent un peu mal en disant que je n'en sais rien, que le parking est cher, oui probablement mais tu m'as quand même donné un prix au dessus. Comme si on ne connaissait pas votre manège. J'ai été sur un groupe Facebook avec des Indonésiens et ils étaient insultants dès que l'on parlait d'essayer de payer moins. Je pensais avoir négocié pour 50k au lieu de 75k (ce qui est déjà un peu abusé, non je n'ai aucune idée des vrais prix mais je sais qu'ils nous annoncent le double de ce qui est attendu), finalement il me dit que je vais payer le parking en plus à la fin, 10k. Nous avons un peu de mal à trouver mon hostel mais j'arrive à destination. Je vais l'embêter un peu, je ne lui donne que ce que j'avais convenu au départ. Il s'énerve. Ah ben oui mais c'est toi qui te fiche de moi, hein. Il ne fallait pas m'embrouiller comme ça. Il râle vraiment, il n'est pas violent mais au bout d'un moment je sens que c'est assez sincère et il n'est pas trop méchant. Je lui donne ses 10k de plus pour le parking et je le laisse s'en aller. Si je sens que je me fais encore arnaquer mais que je n'ai pas le choix, je vais faire ça, tiens. Les faire mariner un peu et ensuite leur donner ce qui était convenu, juste pour faire passer le message que moi aussi, je peux te prendre pour un con de la manière dont moi tu me prends pour une pigeonne. C'est aussi pour cela que je ne voyage pas des mois et des mois: c'est ce qui me lasse le plus.
L'hostel fait à manger mais comme il est 22h45, c'est trop tard. Ils passent cependant par Go Eat pour me dépanner, c'est comme Allo Resto. J'ai le temps de prendre une douche avant que la commande arrive, et je ne fais pas long feu. C'est enfin la fin de cette longue journée!