Cités hanséatiques

Un court carnet cette fois ci, à la découverte de trois villes allemandes: Brême, Hambourg et Hanovre.
Du 19 au 26 octobre 2017
8 jours
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Bonjour! Cette fois ci, je fais les choses un peu différemment. Je me centre plus sur la ville que je décris que sur moi-même car il y a un peu moins d'aventures. Je vous livre tout de même un peu de mes impressions ... Pardon pour la qualité des photos. Je n'ai plus mon portable que j'avais à Edimbourg et en Amérique du Sud, j'ai dû les prendre avec ma tablette ou mon ancien portable. Ni l'un ni l'autre ne gèrent très bien la lumière ...

Déjà, qu'est ce qu'une cité hanséatique ?

Ce sont des villes libres d'Europe du Nord qui ont fait partie de la ligue marchande de la Hanse, créée au Moyen-Âge. Beaucoup y ont appartenu, mais Brême et Hambourg (et Lübeck) en étaient les administratrices. Elles fonctionnaient comme des Cités-États souveraines, donc indépendantes du régime.

Brême en bref

Le titre de cité hanséatique a vocation historique mais aussi administrative: Brême et son port Bremerhaven sont des enclaves situées dans le Land de Basse-Saxe. Elle était au départ un évéché avant de devenir une ville marchande. Son adhésion à la ligue hanséatique est négociée suite aux attaques des pirates brêmois, mais elle reste tout de même un membre rebelle. Elle s'est construite au bord de la rivière Weser.

Autour de la Marktplatz

Première impression en descendant du tramway: c'est beau. Magnifique, même. Au milieu de ces bâtiments de style Renaissance Allemande, on se croirait dans un autre monde, dans un conte, et je comprends mieux pourquoi les frères Grimm l'ont choisie pour être le théâtre des aventures des Musiciens! Ma première visite sera pour la cathédrale Sankt Petri et ses colonnes colorées.

Aujourd'hui il fait bien plus beau à Brême que dans le Sud de la France, et ce (seul) jour de beau temps va me permettre de l'apprécier d'autant plus. La Marktplatz est désignée par certains guides "l'une des plus belles places d'Europe", quand bien même on essayerait de lancer ce genre de concours, Prague serait une très sérieuse concurrente. Brême m'y fait un peu penser, avec une touche d'Amsterdam - étrange qu'elle soit située entre les deux, n'est ce pas ...

La Rathaus, c'est à dire l'Hôtel de Ville qui était avant le palais de l'archevéché, est un chef-d'oeuvre. À part rajouter "chargé', je ne vois pas comment le décrire autrement (photos 1, 3, 4 et 5). Il y a beaucoup de statues dans cette ville, de gravures, de bas-reliefs, que je pense qu'avec un peu de motivation on pourrait partir toute une après - midi juste pour en dénicher de plus ou moins discrètes. Celle de Roland, Roland de Roncevaux (photo 6), fait face à la Rathaus: c'est le protecteur de la ville. Il y a des sites de voyages qui disent qu'il est pour les Brêmois ce que la Statue de la Liberté est aux New-Yorkais. Alors j'aime bien moi-même les comparaisons mais là ils y vont un peu fort! En fait, une statue de Roland dans une ville moyenâgeuse signifie qu'elle a des privilèges. La légende veut que Roland ait libéré Brême avec son épée Durandal de l'influence de l'archevêché. Un truc comme ça. En tout cas aujourd'hui il a un joli pain d'épice en forme de coeur autour du cou: Octobre, c'est le mois des fêtes foraines! Il y a plein de stands sur la place, avec de bonnes spécialités allemandes, des beignets et des saucisses. Ici c'est la sustentation et les manèges des petits, la fête foraine plus sérieuse est à côté de chez Marvin. Derrière tous ces stands, on peut voir Der Schütting (photo 8), une maison qui a servi aux guildes de marchands pour leurs échanges, puis est devenue la chambre de commerce. Maintenant elle est aussi classée.

Nous avons visité la Rathaus, l'intérieur étant dans le style "renaissance de la Weser", et d'inspiration flamande. La guide devait jongler entre le groupe allemand, et notre visite en anglais, qui était donc presque personnalisée. Il y a seize sculptures de sept princes électeurs, mais aussi des philosophes comme Platon, Aristote ... A l'intérieur, il y a des tableaux de bateaux. Brême est un port, mais malheureusement le niveau d'eau de la Weser était parfois trop bas pour permettre aux grands vaisseaux d'accéder à la ville. Durant des hivers très rigoureux, elle gelait. Ainsi a débuté la construction de Bremerhaven. Le grand hall est impressionnant, du fait de tous ses éléments en bois gravé. Plusieurs grosses maquettes de bateaux sont suspendus au plafond, portant les armoiries de Brême: une clé blanche sur fond rouge, couleurs des villes hanséatiques. "Hanse" signifie "groupe" en allemand. On peut y voir une salle à tapisserie rouge ornée de feuilles d'or (photo 13), ainsi qu'un escalier en colimaçon assez particulier. Sur le côté gauche, où les marches sont étroites, est représentée une fleur qui symbolise la vertu. Du côté droit est représenté Satan, là où les marches sont plus larges. La signification est que le chemin de la vertu est plus difficile à emprunter que le chemin de la débauche (photo 12). En parlant de débauche, le cellier contient des tonneaux des douze vins les plus vieux du monde.

De l'autre côté de la Rathaus, il y a les Musiciens de Brême. Il y a eu un dessin animé pas très connu dessus. Le conte des frères Grimm raconte l'histoire d'un âne, un chien, un chat et un coq. L'âne appartenant à un meunier s'enfuit de chez lui pour ne pas se faire tuer et dépecer. En chemin, il rencontre un chien qui, devenu trop vieux pour la chasse, ne sert plus son maître qui voulait s'en débarrasser. Puis un chat, et un coq dans des situations similaires. Ce groupe d'outcasts s'en va donc ensemble vers Brême. Ils découvrent une maison habitée par des voleurs, qu'ils convoitent. Pour chasser ses occupants, ils font une pyramide (comme sur la statue) et se mettent à donner de la voix, ce qui fait peur aux voleurs. Ils défendent jalousement cette maison ... et ne vont jamais à Brême, du moins dans le conte original. Ah. L'autre intérêt c'est qu'il y a un marché médiéval qui jouxte une autre église, avec des potions, des élixirs, de l'artisanat ...

Non loin de la place se trouve une petite ruelle étroite, la Böttcherstrasse, autrement dit la rue des tonneliers. Elle date du Moyen Âge car elle était le lien entre la place du marché et la rivière Weser, mais son look actuel ne date que du début du XXe siècle, et créée par Ludwig Roselius, un magnat du café qui a inventé le déca. Il voulait une sorte de retour aux sources, tout en y mêlant un certain trait artistique inspiré de la mythologie. Son style architectural se nomme "l'expressionnisme de briques". Ça ne sonne pas très sexy dit comme ça ... En vrai elle est très mignonne, même si elle fait exposition pour touristes avec ses petites boutiques de créateurs et ses différents musées. L'entrée est surplombée par le "Lichtbringer", le "porteur de lumière", qui était censé être un cadeau aux nazis (oups)(photo 1). On passe ensuite devant la maison de la peintre fauviste Paula Modersohn-Becker, abritant son musée. Peu connue en France mais bien plus en Allemagne, est l'auteure du premier autoportrait féminin nu. Ce n'était pas trop du goût des nazis, qui la qualifiaient de dégénérée. On peut ensuite trouver la maison des Sept Fainéants (photo 3), avec la fontaine, référence à un autre conte des Frères Grimm. Puis la maison du Carillon, avec toutes ses petites cloches (photo 7). La maison Saint-Pierre, la maison Roselius, puis déjà à la sortie de la rue, la maison Robinson Crusoé (car dans le roman, son père était originaire de Brême)(photo 10), et la maison Atlantis qui accueillait une ancienne chapelle païenne, nommée ainsi en référence à l'Atlantide à laquelle Roselius croyait dur comme fer (photo 11).

Au bord de l'eau

Je me promène ensuite sur les rives de la Weser, où de vieux bateaux sont encore amarrés pour la déco et parfois reconvertis. J'ai de la chance qu'il fasse beau, malgré mon sac qui me fait mal au dos, je profite vraiment de l'instant. Je passe devant la Gewerbehaus (photos 4 et 5), construite par les marchands de vêtements puis utilisée par la guilde des épiciers pour accueillir des évènements, comme la venue du tsar Pierre le Grand. Puis, je longe le canal qui borde l'Altstadt au nord. Il y a une petite promenade traversant des parcs, où les feuilles d'automne jonchent les tapis verdoyants. Les arbres se confondent avec leur reflet dans l'eau, de sorte qu'on ne sait parfois plus où est la frontière entre l'image et la réalité (photos 6 et 7). La promenade suit le tracé des anciens murs de la ville.

Das Viertel

En continuant vers l'Est, on arrive dans "le Quartier" et ses petites rues instagramables. C'est un quartier bobo, avec un peu de street-art pour orner les murs des habitations. Les petites rues sont pavées, et la végétation y reprend parfois ses droits. Les façades y sont colorées et ce quartier respire le calme et la tranquilité, du moins quand on quitte un peu Osterstrasse pour aller se perdre en son coeur. Au sud on débouche à nouveau sur la Weser, face à la plage de Brême (photo 9).

Schnoor

Encore une belle surprise ici! Un petit quartier romantique coincé entre le Viertel et le centre-ville. Les rues y sont étroites, très étroites parfois (peut-être plus qu'à Amsterdam qui clame avoir la rue la plus étroite du monde!). Ici aussi, plein de petits créateurs, des merceries, des jouets de bois, des vêtements, des carteries ... Il semble figé dans le temps, et apporte au touriste encore plus de pittoresque que ce qu'il n'a déjà vu. Brême est une petite ville certes, mais une ville étonnante, tant ses quartiers peuvent refléter des styles et des ambiances différents. Je suis ravie.

Rhododendron Park et autres activités

Après ces forts belles visites, j'ai la chance de participer à la chorale avec Marvin. Comme ce sont des gens qui n'ont pas forcément fait de solfège, ils ont un système particulier simplifié pour lire les notes. Il n'y a que des mi, fa, sol, la, en fonction de la forme de la note et non de la hauteur de la note elle-même. C'est très perturbant pour quelqu'un qui connaît la musique, donc pour ne pas mettre le bordel, je fais des "mmm" ou des "aaaa". C'était en tout cas un moment fort sympathique! Avant notre départ pour Hambourg le soir, je vais visiter le Rhododendron Park. Mais le temps n'est plus au beau fixe, et Marvin revient du travail plus tôt que prévu. J'ai tout de même le temps de me promener dans ce parc au milieu de grands arbres, de jardins botaniques et prends une pause déjeuner dans le restaurant. Une flammkueche aux betteraves ... Je ne connaissais pas la traduction du mot allemand qui pourtant ressemble à "beetroot". C'est assez particulier.

Il sera ensuite temps de partir à Hambourg, puis Hanovre, qui vont nécessiter de nouvelles étapes. A Brême, j'ai également eu l'occasion d'aller manger dans un restaurant typiquement bavarois, et d'aller au Freimarkt, la fête foraine! C'est une ville que je trouve vraiment très agréable, malgré le crachin, il y fait en général un peu plus doux que dans les deux autres villes que j'ai visitées. Une très bonne surprise.

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Hambourg en bref

Hambourg est la deuxième ville d'Allemagne, et aussi le deuxième port d'Europe derrière Rotterdam. C'est aussi une ville hanséatique comme je l'ai dit précédemment, et une Cité-Etat comme Brême (Etat est au sens de "Land" en allemand, donc un peu comme une région). Ses armoiries représentent un château blanc sur fond rouge, respectant les couleurs de la Ligue. Elle est située à la confluence de l'Alster, de la Bille et de l'Elbe. C'est la ville natale de Karl Lagerfeld et Angela Merkel.

Hambourg a été le lieu d'expériences uniques et enrichissantes, que je vais vous faire découvrir!

Le quartier de Sternschanze

C'est là où se trouve notre auberge de jeunesse "Instant Sleep", un peu mal nommée car elle est située au dessus d'un bar bruyant le week-end, le Rossi, qui passe du reggaeton. Ca ne nous donne pas envie.

Marvin et moi adorons le street-art, et prendre des photos: nous sommes ravis. Un tour gratuit est proposé, mais quand nous avons voulu nous y rendre, il pleuvait et nous n'avions pas réservé, donc nous n'avons pas trouvé de guide. On se l'est fait tout seuls ... Nous pourrions nous attarder des heures sur les petits détails insolites des façades des bars, restaurants et autres magasins. Ainsi, descendre cette rue de Sternstrasse nous a pris une heure. L'architecture est aussi sympathique, car il y a beaucoup de maisons avec cours auxquelles on peut accéder par de petites galeries taguées. Nous atteignons ensuite le marché aux puces vintage qui se tient les samedis matins mais nous avions décidé de ne rien y acheter.

Continuant notre route, nous croisons des jardins potagers collectifs. Il y a aussi des livres en libre service, et même de la nourriture gratuite comme du pain, des cakes, des légumes ... Malheureusement le climat humide en a vite raison et il vaut mieux ne pas y goûter sous peine de se retrouver moisi de l'intérieur.

La nuit, ce quartier est très animé car il y a beaucoup de bars. Mais curieusement, nous n'y avons pas croisé d'étrangers parlant anglais, que des locaux ensemble préférant évidemment parler allemand. Le bar Good Old Days à côté de notre auberge (pas celui qui passe du reggaeton) sera notre QG pour les soirées du week-end vu qu'il ferme le dimanche et là c'est bien plus calme. Nous avons également assisté à un concert acoustique dans un mobil-home par un gars avec sa guitare qui chantait de mièvres chansons d'amour. C'était rigolo quelques minutes, mais c'était petit et l'espace empestait le vin rouge de (très) mauvaise qualité. Sans compter que je ne sais pour quelle raison, peut être parce que nous étions arrivés en cours de chanson, le chanteur a voulu nous taquiner en disant au public que nous n'étions pas ses amis. Qu'à cela ne tienne, de toute manière nous n'aimions pas sa musique et nous avons attendu quelques minutes encore que la pluie cesse ... Et bye.

Le centre-ville et la Speicherstadt

En soi, les rues du centre n'ont rien d'extraordinaire. Mais là où ça devient intéressant, c'est de se rendre dans le quartier des anciens entrepôts, constituant la partie la plus touristique de Hambourg. C'est le lieu rêvé pour prendre de belles photos symétriques des canaux qui serpentent entre les hauts bâtiments de briques rouges. Les ponts de fer donnent à cet endroit un air de Révolution Industrielle figée dansle temps. Par contre, le ciel gris n'est pas du plus bel effet sur nos clichés. Mais bon, c'est le Nord de l'Allemagne mi-octobre, quoi. Le climat est un peu moins doux qu'à Brême, nous avons perdu quelques degrés et il y a du vent. Cela donne à la ville et ses couleurs un air un peu sévère et déprimant qu'elle ne mériterait pas.

Nous passons à l'opéra, l'Elbphilarmonie. Sa partie supérieure est assez design et apparemment, sa forme de vague assez caractéristique (photo 17). Nous pouvons entrer gratuitement, mais seulement pour monter en haut, pour le point de vue sur l'Elbe et sur une partie de la ville. Les salles ne sont pas accessibles hors concerts ou hors visites guidées. Ce n'est donc pas si passionnant que ça mais le panorama vaut un peu le coup. Nous continuons notre promenade vers Hafen City, un quartier qui a été rénové pour créer de nouvelles habitations modernes.

Il pleut, la nuit tombe, la ville devient fantômatique. Bon, ça n'a rien d'extraordinaire non plus, passons à la suite qui promet d'être plus palpitante!

Le Miniatur Wunderland

Derrière ce nom se cache le paradis des fans de maquettes et de trains électriques, surtout de trains électriques pour ma part! Nous avions pris un ticket coupe-file qui a été parfaitement inutile si ce n'est qu'il nous a fait plus galérer qu'autre chose. Mais à l'intérieur c'est l'extase. Il y a de longs circuits de trains qui traversent les différentes scènes reproduite à la quasi-perfection. Les animations ne sont pas en reste: on peut appuyer sur des boutons pour faire bouger les personnages et les décors et obtenir parfois des scènes comiques, dont les maquettes sont truffées. Beaucoup de références aussi, comme le Faucon Millenium en plein milieu de l'aéroport, Lucky Luke et les Dalton dans un tournage de western, E.T., Ghostbusters ... Il est impossible de tout voir en une seule fois, et les détails ne rendent pas forcément bien sur mes photos vu la luminosité. C'est pour ça que j'ai volé des photos à Marvin.

Ces magnifiques maquettes sont à découvrir de jour ... Comme de nuit. Les lumières baissent et nous plongent dans la pénombre pour découvrir la petite fête foraine sous un autre angle, voir les aurores boréales de Scandinavie et l'éruption du Vésuve sur Pompéi. Les trains se promènent inlassablement d'une maquette à l'autre, sous nos pieds, au dessus de nos têtes, et on ne s'en lasse pas. Le mot "Wunderland" est parfaitement adapté.

Plusieurs ambiances: Scandinavie, Amérique avec Bryce Canyon et Vegas, Allemagne centrale, Autriche, Suisse, Bavière, aéroport, Italie ... Venise est d'ailleurs en préparation pour 2018. Il va falloir y retourner. Tout ce beau monde a pris 760 000 heures de travail, pour 260 000 personnages et 15 400m de voies ferroviaires sur 1 490m². Mais à la fin des prochains travaux, la surface sera de 2 300m² et 20km de voies (!!!). C'est immense, c'est génial, c'est magique. Nous y passons trois heures. Au bout d'un moment ça nous fait mal aux jambes et à la tête, tous ces détails et toutes ces stimulations. Malgré la fatigue, nous quittons à regret ce monde féerique pour retrouver la pluie et le froid du monde extérieur.

Photos de Marvin. IG: @qantuums 

Dialog Im Dunkeln

Une expérience pour le moins enrichissante et originale, que j'appelle "Daredevil Experience". Il s'agit d'être plongé dans l'obscurité la plus totale pour se mettre à la place des aveugles. Dit comme ça, ouais, bof, on fait pareil en fermant les yeux. Oui mais non: nous sommes escortés par un guide que nous devons repérer à la voix à travers différentes pièces reconstituées pour avoir toutes les sensations de la réalité. Nous prenons des cannes pour sentir le relief, et c'est parti. On ne voit rien de rien, ce n'est pas commun, c'est même un peu angoissant au départ, de perdre tous ses repères de la sorte. Mais le guide est là, et nous sentons la présence des autres membres du groupe, assez souvent puisqu'on passe son temps à se rentrer dedans. Ça doit être comique, vu depuis les lunettes infrarouges!

L'angoisse passe assez vite quand on entre dans la première pièce et que l'on découvre l'expérience. Ils ont reconstitué une rivière, dont on entend le bruit, de petits oiseaux qui chantent, et on sent même l'herbe puis les galets sous nos pieds. Nous devons franchir deux petits ponts en bois dont l'un bouge, mais niveau équilibre, ça va le corps s'adapte assez vite. Ce que je ressens très vite, c'est la capacité à imaginer un paysage bucolique magnifique en partant de ces sensations, alors qu'en vrai ce sont des trucs en plastique probablement d'une couleur dégueulasse et le mobilier doit être très cheap. Mais aveugles, nous ne voyons pas la laideur du monde qui nous entoure. Nous le ressentons, comme lorsque nous arrivons dans une petite maison faite de rondins qui sent bon le pain chaud quand nous y entrons. Là, nous explorons la pièce pour toucher les meubles, les appareils, nous mettons les mains sur les plaques électriques ... Nous devons longer les murs pour nous repérer et bien sûr je n'ai pas arrêté de me coincer dans les coins. On oublie vite par où on est arrivés et c'est très perturbant. Ensuite nous devons traverser la rue, je me suis faite écraser 10 fois au moins en me prenant les capots, Marvin a réussi à s'installer au volant mais moi la seule chose que j'arrive à faire c'est grimper sur le capot et m'étaler dessus. Nous rentrons ensuite dans une salle de musique où nous avons l'occasion de "sentir" le rythme, probablement grâce au banc vibrant aussi. On ne l'écoute pas de la même manière quand on ne voit rien, on y est plus sensible, d'où des artistes comme Ray Charles et euh ... Gilbert Montagné. Ensuite à la sortie, nous allons faire une petite croisière. Il y a même une petite odeur iodée, bien que les canaux de Hambourg sentent plutôt la boue qui stagne. Un monde meilleur, vous dis-je. Le bateau sent le bateau, mais ce qui est plus compliqué c'est d'éviter de se prendre les pieds, passer les marches sans se casser la gueule, ma plus grande inquiétude, mais bizarrement ça passe. Nous avons l'occasion de découvrir une carte du monde au bout de nos doigts. Nous nous asseyons maladroitement sur les bancs- on doit ressembler à des manchots quoi - et c'est parti. C'est rigolo car on sent bien la vibration du moteur comme si on y était, ainsi que lorsque le bateau tourne. Le guide s'amuse à nous commenter ce qu'il "voit" pendant cette croisière, pour nous mettre en position de handicap et nous faire réfléchir pour que tout de même ce ne soit pas tout glamour. Et pour finir nous allons dans un bar pour tester une situation presque réelle. On prend une petite bouteille de (faux?) champagne pour être drunk in the dark, mais j'ai peur d'en verser partout à côté donc je finis à la bouteille, ce qui fait rire le guide (ça fait alcoolique aussi). Et nous retrouvons la lumière qui fait mal aux yeux, mais ça fait du bien de voir. L'expérience aura duré 80 minutes.

Il y a aussi une expérience qui simule la surdité. Elle doit être intéressante vu qu'on ne peut pas fermer ses oreilles habituellement, et en plus on entendrait probablement le son de notre coeur qui bat.

Le sous-marin russe U434

Une visite pour le moins originale! C'est un ancien sous-marin des années 1970 qui a été en activité jusqu'aux années 2000. A l'intérieur, c'est une véritable machine à remonter le temps. On descend par un petit escalier en fer en colimaçon, et on se retrouve au milieu d'une infinité de pièces de machinerie. Il y en a partout, on ne sait plus où donner de la tête. C'est en revanche très étroit, il ne faut pas être claustrophobe pour être dans ce sous-marin, surtout qu'il accueillait un équipage de 82 matelots. C'est très difficile d'imaginer les conditions de vie de tous ces gens, qui doivent se marcher dessus, se faire à manger et faire leurs besoins dans de petites pièces exiguës où tout rouille fort facilement. L'odeur du fuel est présente en permanence, ainsi que les bruits de dépressurisation. Si le sous-marin avait un problème en dessous de 80 mètres de profondeur, la pression de l'eau était si forte qu'ils ne pouvaient pas enclencher de processus pour remonter à la surface, et ils étaient promis à une mort certaine. Charmant. On se croirait dans un autre monde.

Le quartier de Sankt Pauli

Et plus précisément, autour de Reeperbahn. C'est le quartier des prostituées, il y a une rue qui est dédiée aux plaisir de la chair. C'est presque le même principe qu'à Amsterdam car ces demoiselles sont dans les vitrines. Mais ce que j'aime moins, c'est qu'il y a une grande porte de fer à l'entrée de la rue pour préserver l'intimité de ces messieurs. Mais seulement de ces messieurs. Parce que les femmes y sont INTERDITES. Oui carrément. Bien sûr, rien à faire, j'y suis quand même passée. J'ai voulu prendre une photo juste de la rue sans qu'on ne voie les filles (comme Amsterdam) mais une demoiselle m'a engueulée quand même. Je me dis que si une lesbienne veut y aller, ou une bi-curieuse qui voudrait expérimenter, elle n'en a pas le droit. C'est nul.

A part ça, le quartier autour est plutôt sympa. Il y a des bars dans lesquels nous reviendrons le soir, mais comme c'était dimanche soir, pas une grosse ambiance, ce n'est pas plus mal. Sur la grande avenue, plein de sex-shops, évidemment!

Et puis le lendemain, il est temps de repartir pour de nouvelles aventures, et pour la dernière étape: Hanovre.

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Hanovre en bref

Hanovre a été une ville hanséatique, mais pas au même rang que les deux autres villes. C'est la capitale du Land de Basse-Saxe, et la huitième ville d'Allemagne. Ses armoiries sont quand même rouges et blanches, mais il y a en plus un lion et un écu doré sur le blason. Elle est surtout connue pour son royaume, gouverné au départ par la famille royale d'Hanovre, puis par union, par l'Angleterre. Mais au terme de la guerre avec la Prusse, elle en devient une province. Je reviendrai dessus plus tard.

Les jardins de Herrenhausen

Tout le monde m'avait parlé de ces jardins royaux qui comptent parmi "les plus beaux d'Europe". Donc en arrivant sur la ville, Marvin souhaitait se reposer alors que j'avais envie d'aller voir ce dont il était question. En un coup de métro léger (qui est un hybride de tram et de métro car il est souterrain dans le centre ville), je m'y rends alors que le ciel est encore menaçant.

Au niveau de l'heure, c'est un peu juste mais faisable. Je ne peux par contre ni visiter le jardin botanique (à d'autres, j'en ai vu plein), ni le musée du château (idem). De toute manière, le château qui s'y trouve actuellement est en fait une reconstruction, achevée en 2013, de l'ancien qui a été bombardé durant la Seconde Guerre Mondiale. Et les jardins en eux-mêmes? Et bien ... Pas mal, mais je n'ai pas eu un coup de coeur spectaculaire. Ce sont juste de grands jardins à la française, avec de petits jardins à thème à quelques endroits. A cette époque de l'année, il y a peu de fleurs. L'originalité, c'est la grotte Niki de Saint Phalle (photos 3 à 6), où l'artiste y a mis des sculptures colorées et un jeu de miroirs qui nous feraient croire que nous sommes dans un kaléidoscope. Cette grotte était avant plus "naturelle", avec de l'or et de l'argent qui recouvraient les murs. Bien sûr, ils n'y sont plus depuis longtemps.

Le centre-ville

Une bonne partie a disparue sous les bombes de la guerre. Ainsi, il y a surtout de grandes artères avec des magasins, comme souvent dans les grandes villes d'Allemagne. Mais il reste un tout petit "vieux" centre ville autour de la cathédrale qui arbore un pentagramme. Les photos ne sont pas extraordinaires, car prises de nuit et nous n'avons pas trop eu le temps d'y revenir le lendemain.

Le château de Marienburg

Ah! Ca, ça promet d'être intéressant. J'ai de la chance d'être tombée par hasard dessus sur Internet. Il est situé à 20 km au sud de Hanovre, nous devons donc prendre un bus. Nous sommes chanceux car nous pouvons prendre un bus direct depuis la gare routière, et qui s'arrête juste devant le château, ce qui n'est possible qu'à certaines heures et de mars à novembre. Sinon, l'arrêt est à 2km et cela nous aurait encore fait perdre un temps précieux.

Après une heure de trajet dans la campagne où nous avons traversé de petits villages de briques rouges, nous voici sur la colline, à l'orée de la forêt du château. Il a un petit côté féérique, et c'est normal: il est construit comme un château médiéval, mais il ne date que du XIXe siècle. Ce qui fait que malgré sa relative modernité et son excellente conservation, il invite au voyage dans le temps. C'est d'ailleurs encore le fief de la famille royale des Hanovre, le prince y vit toujours (peut-être pas à plein temps). Ce château a été construit par le Roi Georges V de Hanovre, pour sa femme Marie. Actuellement, on peut aussi louer le château pour des réceptions, principalement des mariages (mais en ce qui concerne le prix, pas d'infos!).

Malheureusement, nous ne pourrons pas prendre de photos à l'intérieur, sur ordre du prince, ce qui se comprend. La guide est déguisée en princesse, et ne parle pas très bien anglais, car l'accueil nous donne des audioguides qui traduisent tout ce qu'elle dit. Nous passons d'abord dans un hall d'entrée aux arcades gothiques, où l'histoire du château nous est retracée. Comme précisé plus haut, le Royaume de Hanovre était indépendant, puis a été lié à la famille des Stuart par alliance, donc sous domination anglaise. La reine Marie de Hanovre avait du mal à patienter pendant les travaux de son château, et a commencé à s'y installer avant qu'il ne soit terminé. Mais la guerre avec la Prusse éclate, au terme de laquelle le royaume sera annexé. La Reine se réfugie dans son château pendant que le peuple célèbre cette annexion. Elle quittera le château et la famille part s'exiler en Autriche.

Nous passons ensuite dans une salle remplie de portraits, comme toujours, mais aussi d'armures. Le Roi Georges V a eu un accident qui l'a rendu aveugle d'un oeil, aussi est-il toujours représenté de côté. Je remarque que les visages des membres de cette famille sont assez gracieux. Ils n'ont pas une tête de consaguins comme les Habsbourg. Nous sommes dans une salle de banquet qui est encore utilisée par le Prince de temps en temps. Nous continuons notre visite dans les appartements de la Reine, et des princesses. La partie la plus jolie de la visite est fort probablement la bibliothèque! Elle a déjà été détruite par une tempête, mais reconstruite en bois plaqué. On croirait voir débouler un alchimiste à tout moment! Ce que j'ai beaucoup aimé avec ce château, c'est qu'on sent qu'il est encore vivant. Ce n'est pas juste un tas de briques antiques ou de vieilles tapisseries restaurées qui sont le témoin d'un temps ancien. Malgré le décor pour le moins peu habituel, on sent encore une âme à travers ses couloirs. Nous terminons notre visite par les cuisines "modernes" pour l'époque, avec tous les ustensiles en cuivre.

 Image sous licence, crédits renseignés.

Un petit tour dans la forêt qui entoure le château, qui nous vaut des pieds boueux, et nous reprenons le bus pour rentrer sur Hanovre ... Et reprendre le bus pour retourner sur Brême.

Voilà, ce carnet est terminé! J'espère que le style, un peu plus axé sur les choses à voir que sur ma vie, vous a plu. Il aura plutôt vocation à être public et à présenter la région à tous ceux qui voudront se rendre dessus.