Ma femme Emilie, mes filles Lucie et Zoé, âgées à l'époque de 9 et 6 ans, avons passé un voyage délicieux et plein de surprise dans la région de Bahia. J'en retrace ici le récit jour par jour.
Juillet 2015
12 jours
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Arrivée sans encombre hier soir à Salvador. Bel accueil par Alberto et belle Pousada des arts. Effet du décalage horaire, nous sommes debout à 5h du matin pour attaquer cette 1ère journée. Les filles voient des cocotiers pour la 1ère fois, et Lucie aurait aperçu des perroquets. Salvador nous dévoile ses maisons colorées et ses origines africaines. Les rues mal pavées nous ont un peu cassé les pieds, et les attrapes-touristes étaient au rendez-vous, mais l’atmosphère m’a enivrée par son exotisme et son exubérance. Salvador, charme désuet.

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Le court trajet, nous menant de Salvador à Praia do Forte, nous a permis de mesurer l’étendue de Salvador et d’observer la Mata Atlantica, ensemble de forêts, dunes et mangroves bordant l’océan. Praia do Forte est un village bien touristique. On voit la différence entre l’hôtel 3 étoiles de Salvador et ce 2 étoiles, avec sa chambre vraiment petite pour nous 4. A la plage, belle surprise, j’aperçois un iguane à mes pieds. On se rencarde pour le Whale Watching, mais les problèmes de communication (et oui on ne parle pas portugais) et de téléphone n’arrangent pas nos affaires. Verra-t-on les baleines ?

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Très belle journée, sous un beau ciel bleu et avec son lot de surprises. Le matin, bon moment de snorkelling dans les piscines naturelles à proximité, avec leurs poissons multicolores. L’après-midi fut sous le signe de l’aventure. Le chauffeur de taxi nous dépose à la réserve de Sapiranga. Ni lui ni le guide ne parlant le moindre mot d’anglais et d’espagnol, on n’a aucune idée de ce qu’on va voir, faire, payer … Alors on se laisse guider. Les filles posent une graine dans leur pot, puis font leur Koh lanta en traversant la jungle et ses rios. Puis le guide nous fait patienter devant une cabane, et là, un python en sort ! J’ai grand plaisir à loger ce beau spécimen dans mes bras, pendant qu’Emilie et les filles sont apeurées. Je suis très fier de cette première. Zoé et Lucie finissent par caresser la bête. Nous arrivons ensuite au fameux Rio Pojuca, d’où nous canotons à travers ce qui me semble être l’Amazonie. On s’attend d’ailleurs à apercevoir un caïman. Après la réserve, nous découvrons un parc municipal pour observer la faune et la flore locale. C’est une belle balade qui en théorie représente une boucle de 3,5 km. Sans explication préalable, une barrière d’interdiction se dresse devant nous à 2,5 km. Deux ouvriers nous autorisent à passer le pont en travaux, s’ensuivent 40 minutes de marche jusqu’à Praia do Forte à travers les dunes, alors que la nuit s’apprête à tomber … nous prenons nos jambes et nos filles à nos cous d’un pas accéléré qui va nous réchauffer les chevilles. A l’arrivée, guarana bien fraîche et bien méritée pour les filles, alors que dans notre Capeirinha, on croit percevoir du piment. Il faut dire que cette journée n’en a pas manqué.

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Shootés au médoc ultra-puissant contre le mal de mer, nous avons la mauvaise surprise d’apprendre l’annulation du Whale Watching. Nous passons le restant de la journée avachis sous un temps maussade et pluvieux. La visite du projet Tamar réjouit toute la famille : des tortues de toutes tailles, mais aussi des requins, des raies, silures, agrémentent la visite dont les points d’orgue sont les nourrissages : des tortues, et surtout des requins que nous avons pu caresser. Le soir, samedi oblige, les bahianais sont de sortie. Il y a de la musique un peu partout, et une belle représentation de Capoeira.

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Un beau soleil nous réveille de bon matin et modifie nos plans. Nous enfilons nos maillots de bain et hélons un tuk-tuk direction « Les piscines naturelles ». Il nous dépose sur une nouvelle plage pour une heure de bonheur sous l’eau claire. Court transfert vers le petit avion qui nous amène de Salvador à Lençois. Pas de secousses, tudo bem ! De mon hublot, j’aperçois la nature à perte de vue, avec ses morros, petites montagnes aux sommets plats. J’aime déjà ! Sur la route nous conduisant jusqu’à l’hôtel, il y a d’énormes trous par endroits et des camions qui doublent sur des lignes blanches. Je ne regrette pas de ne pas avoir loué de voiture. L’hôtel Vila Serrano est entouré de végétation, l’accueil est agréable, les chambres spacieuses avec un hamac sur le balcon. Cerise sur le gâteau, un jacuzzi dans lequel je me précipite avec les filles ; on s’y amuse en mangeant de la barbe à papa mousse et faisant des bisous mousse. Le soir, petite virée dans Lençois, où on y découvre un Brésil différent, avec un air d’antan : de vieilles bagnoles, du Bob Dylan dans les petites ruelles, des dreadlocks, des guitares. Et pas mal de français, aussi, surtout des randonneurs. Les nombreux chats et chiens errants effraient un peu Lucie et Zoé pendant que la Capeirinha s’avère corsée. A la cool, je finis la soirée dans le hamac. Il fait bon vivre ici, même si les nuits sont nettement plus fraîches.

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Destination matinale vers les bassins de Serrano. La balade est agréable dans ce beau village de Lençois où le temps est ralenti. Le chemin grimpe un peu au son des écoliers (tout le monde n’est pas en vacances !) jusqu’à un sentier verdoyant où l’on aperçoit des colibris et des lézards trois fois plus gros que chez nous, et qui parvient en surplomb des bassins. La vision en hauteur est chouette, mais de près, c’est encore plus beau : roches, cavités, cascades, bassins, au milieu d’une végétation tropicale où survolent les condors, et avec en toile de fond de la vallée, le village de Lençois. Sublime ! La baignade est un pur sentiment de bien-être. Lucie rentre rapidement et joyeusement dans l’eau, Zoé y va à tâtons. Un safari photo et vidéo immortalise ce lieu. Même Zoé, boudeuse avant de partir, est conquise. Déjeuner dans le « resto des glaces », repéré par les filles : beau décor, bel accueil, bon repas. Je ne peux pas m’empêcher de penser à l’éternelle comparaison entre les « côtiers » et les « terriens ». Ici aussi, ces derniers sont plus accueillants et meilleurs marchés. De retour à l’hôtel, le plan consiste à prendre un taxi pour le Ribeiro do melo, un toboggan naturel, mais le site nous est déconseillé pour les enfants. Nous décidons de ne pas faire les malins et de repartir aux bassins de Serrano, mais par le bas cette fois-ci. Zoé râle à nouveau … et sera une fois de plus ravie au final. On enjambe des rochers à travers la rivière jusqu’à de grandes vasques où nous pouvons nager, et surprise, j’aperçois un toboggan naturel qui a l’air pleinement approprié pour les enfants. Je le teste avec succès, puis les filles s’en donnent à cœur joie pendant un bon bout de temps. On ne pouvait pas rêver mieux. Compromis, chose due, Zoé a droit au retour à son jacuzzi du soir avec maman et Lucie.

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Journée « avec guide » aujourd’hui. Hum, il arrive une ½ heure en retard sans prévenir. Hum, il se trompe de chemin au village reculé où il nous a emmenés pour atteindre les pirogues, et en faisant demi-tour, il s’embourbe complètement. Son pick up est immobilisé en pleine brousse. Il m’avoue venir « de la ville », de Sao Paulo plus précisément : tu m’étonnes ! Pendant qu’il va chercher de l’aide auprès des ouvriers forestiers du coin, notre petite famille est livrée à la boue, aux fourmis qui grimpent sur nous et aux moustiques qui nous dévorent. Les locaux nous délivrent enfin, ouf ! La route rebondissante nous amène au fleuve Marimbu, qu’on appelle coca-cola (couleur de l’eau très ressemblante) pour une balade sauvage en pirogue de 2h, durant laquelle je scrute la faune. Caïmans et piranhas obligent, on évite de faire trempette, mais nous n’aurons au final croisé que des oiseaux. Nous nous restaurons dans une petite cahute paumée, au centre de ce territoire reculé de la taille de la Belgique, occupé seulement par une communauté noire de 54 familles. L’après-midi, baignade rafraîchissante au bord d’une cascade. Une fois passée l’appréhension (sauf Emilie) pour le plongeon à l’aveugle dans ce coca, nous nageons avec les filles jusqu’aux chutes. Bon moment d’intimité en famille pendant que Bruno, notre guide, se tapit à l’ombre. Le trajet du retour en pirogue est identique à l’aller donc un peu monotone, mais les couleurs de fin de journée nous gratifient de splendides reflets photogéniques des géants palmiers sur l’eau. Notre pagayeur infatigable, et buveur du coca local, a bien mérité son pourboire. Aujourd’hui, nous avons vu un Brésil rural, pauvre et africain. Cela valait le coup, même si la voiture saute-mouton et la pirogue « qui fait mal aux fesses » ne nous ont pas ménagés. Espérons que nous verrons un singe demain aux abords des grottes : Lucie, alias Miss Guarana, en serait ravie. Le soir, ambiance toujours aussi bohême à Lençois.

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Bruno nous conduit pendant une heure jusqu’au « Puit du diable ». Mais sur la route, par endroits, il y a des crevasses du diable : les collectivités ne réagissent pas alors que cette route est un carrefour pour le transit de marchandises (maïs, soja, coton). Le puit, qui est en fait un bassin d’eau au pied d’une belle cascade, se dévoile après une agréable marche (même pour Zoé !) le long de la rivière, à travers les rochers. L’eau est fraîche mais les filles se baignent, avant que nous apercevions de mignons petits singes juste au-dessus de nos têtes. Check ! Après avoir lourdement insisté, Bruno modifie l’ordre des visites qui suivent afin d’éviter la horde des touristes. Notre deuxième étape nous amène au Morro de Paï Inacio (père Ignace), dont la légende raconte que cet esclave se serait réfugié en haut du mont avec la fille du chef des esclaves, puis jeté dans le vide à l’arrivée des poursuivants tout en se raccrochant aux branches pour fuir incognito avec la belle. La grimpette jusqu’en haut n’est pas évidente mais Zoé nous épate. D’en haut, la vue est superbe, ces monts plats nous plongent dans l’ouest américain, mais avec une végétation relativement dense dans le décor. Zoé s’écrie « C’est bizarre de ne rien entendre. » lol ! La descente est sans encombre, et nous prenons la direction de la grotte de Lapa doce, à travers un superbe paysage de terre ocre, de cactus, de grands espaces sauvages avec les morros en toile de fond. Pas de doute, on est en Arizona, je suis aux anges ! Il est plus de 13h et les filles crèvent la dalle. Bruno me demande à plusieurs reprises si on est sûr de vouloir déjeuner avant la grotte … Euh bah oui, c’est pas comme si on avait des enfants ! Au déjeuner, nous chassons les guêpes et dégustons le « Poma », seule variété de cactus qui se consomme. Un guide local nous équipe de lampes et nous fait emprunter le chouette chemin menant à la grotte. Seuls, au milieu des stalagmites et stalactites géants aux formes étranges sculptées par la nature, nous traversons 1 km de grotte sur les 45 km souterrains existants. Je m’étonne de la sécheresse du lieu. Ce fut un moment magique, « un des meilleurs de ma vie » me confie Lucie. Nous faisons l’expérience d’éteindre nos lampes : l’obscurité est telle que nous ne voyons pas nos doigts à 1cm de l’œil ! Dernière escale : les grottes Azul et Pratinha. La première est censée avoir des fonds d’un bleu intense, mais on arrive un poil tard, à la dernière lueur du soleil. C’est une petite déception. Bruno nous fait découvrir un légume étrange, le « Machich », qui a l’exacte odeur du concombre, avant que nous ré-apercevions nos amis singes. A Pratinha, le fond de l’eau est magnifiquement clair et la baignade agréable en cette fin de journée, mais il faut s’éloigner un peu à l’extérieur pour avoir une visibilité de cette transparence. La route « Arizona » du retour est encore plus belle à l’approche du coucher de soleil, aussi je demande à Bruno s’il peut prévoir un arrêt photo japonais. Nous serons malheureusement exaucés quand, aveuglés par le soleil, nous faisons une sortie de route et fonçons dans un talus. Penché en avant au moment du choc, j’ai un peu mal au cou, tandis que les filles ont eu très peur. En descendant du véhicule, on constate que celui-ci est en équilibre précaire et menace de se retourner. Après quelques manœuvres, Bruno parvient à se dégager. A priori, la voiture n’a rien, sauf qu’en reprenant la route, un voyant inquiétant s’allume. Verdict du garage : tudo bem ! Alors de nuit, à moitié rassurés, nous roulons jusqu’à l’hôtel. Fin d’une journée très intense, qui s’achève par un adieu mitigé à Bruno, puis des burritos et tacos bien mérités et qui s’accordent parfaitement à ce périple pimenté, comme pour le prolonger de l’Arizona jusqu’au Mexique. Ma pensée du soir : j’ai l’impression d'être au Brésil depuis au moins 3 semaines, vu la richesse des paysages et expériences vécues. Pas de doute, ce voyage est une aventure, surtout pour les enfants. A la réflexion, les enfants de cet âge se font très rares d’ailleurs autour de nous.

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Après plusieurs journées intenses, ce matin c’est grasse mat’ : un euphémisme vu ma nuit presque blanche, mais ce repos matinal nous fait du bien, les filles s’amusant tranquillement. Il est temps de quitter cette magnifique région. Dans l’aéroport de Lençois, je sympathise avec ce couple brésilien et leurs enfants que nous avons maintes fois croisés durant notre séjour ici. Ils me racontent leurs vacances précédentes en France avec les mêmes yeux émerveillés que je raconte les miennes passées sur leurs terres : la preuve que la beauté est partout, et que c’est bien la découverte de nouveaux environnements qui créent le sel du voyage. Le vol se passe bien et nous retrouvons notre aimable Alberto qui nous détaille les graves dérives de corruption en ce moment au sommet de l’Etat, avec l’incarcération de plusieurs membres du Gouvernement, et la présidente sous la sellette. Je tombe des nues, me souvenant des louanges démocratiques entendues au moment de son élection. Retour à Salvador où nous prenons plaisir à revoir la Pousada des arts, avec son personnel charmant. Nous quittons Alberto non sans l’avoir chaleureusement remercié. Ce soir, un classique Capeirinha + Moqueca devant un serveur amusé à ma question des régions qu’il a visitées lors de son passage en France : « Bah j’en ai fait le tour complet, c’est tellement petit ! ». Je repense au couple brésilien qui m’évoquait les différences de cultures entre l’Etat de Bahia et les Etats du sud, et prends conscience que dans son immensité, nous n’avons pas visité LE Brésil, mais UN des Brésil.

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Le réveil très matinal est juste à temps pour une dernière dégustation des exquis beignets de Tapioca. Le chauffeur nous transporte jusqu’au ferry qui nous dépose sur Itaparica, l’île d’Alberto. De là, la route jusqu’à Valença nous dévoile sa merveilleuse végétation luxuriante, ses rivières et ses petits villages isolés. Le petit bateau à moteur en direction de Boipeba vrombit en slalomant entre la mangrove et les îlets : les filles rigolent, moi je songe aux Philippines ou à la Malaisie. D’ailleurs, on repère avec Lucie la réplique de l’île du confort de Koh Lanta. La pluie laisse place à un beau soleil à notre arrivée. La Pousada Santa Clara est très jolie, et Charles, l’américain exilé au Brésil après ses études en France, nous accueille royalement. Nous longeons la plage en vue de nous restaurer, et les paysages me rappellent les Seychelles … C’est bon ! Lucie adopte définitivement le Cupuaçu, dont le goût ressemble à un mélange de pêche et de fraises. Baignade agréable l’après-midi à la plage de l’hôtel à marée basse, avant que la fraîcheur nous prenne par surprise vers 17h. Nous croisons encore beaucoup de français, décidemment, en allant dîner dans le petit village de Veilha Boipeba qui n’est pas si animé que cela. L’est-il plus en été ? Toujours pas de cartes postales, et je m’étonne du très peu de boutiques qui en proposent depuis notre arrivée au Brésil. C’est la 2ème contradiction avec les lieux touristiques habituels, l’autre étant que le personnel de tourisme lui-même ne parle majoritairement que la langue du Pays.

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Pour notre 1ère journée pleine à Boipeba, il va faire beau, et ça c’est cool car c’était pas gagné à la lecture de la météo une semaine plus tôt. Au p’tit déj, Charles nous parle de l’excursion d’une famille en bateau aller/retour pour Moréré et ses piscines naturelles, afin de voir si on veut partager la course. C’est tentant, mais on préfère notre programme de l’aller qui est d’atteindre Moréré à pied, et on ne le regrettera pas. L’affaire est entendue de rejoindre l’autre famille en milieu d’après-midi pour l’escale du retour. On part en fin de matinée, le temps que la marée descende, en longeant les plages en direction du nord. C’est une super balade et les plages désertes traversées sont magnifiques : une vrai carte postale ! Le sentier qui grimpe de Tassirim à Cuera en surplomb de la mer nous ramène 10 ans en arrière aux Seychelles, entre l’anse caïman et l’anse coco : mêmes cocotiers, mêmes plages de sable fin, même végétation … C’est un ravissement, et il ne manque au tableau que les fameux rochers Seychellois. Mais en étudiant la marée à l’avance, on a retenu la leçon de notre expérience passée, quand l’eau avait bien failli submerger appareil photo et caméscope ! La paillote « Chez Guido », sur la plage de Cuera, se pointe enfin devant une Zoé fatiguée et affamée. L’agua de coco nous rafraîchie, et les langoustes grillées sont un régal à petit prix. Pour nous 4, et avec 2 langoustes, le repas complet nous coûte 38 € devant les footeux qui jonglent sur la plage en écoutant du Bob Marley. Nous nous baignons ensuite au calme, un peu plus loin : le sable est fin, l’eau est claire, et les vagues fouettent Lucie pour son plus grand bonheur. Au désespoir de Zoé, nous reprenons notre chemin sableux jusqu’au rio qui se jette dans la mer, et que nous traversons. Une grande vallée nous y attend, peuplée d’immenses cocotiers qui nous rappellent une autre île Seychelloise, l’île cousin ou bien cousine. La plage de Moréré s’offre enfin à nous vers 15h après 2h de marche depuis l’hôtel, mais oups la famille américano-brésilo-coréenne a déguerpie sans nous attendre. On enclenche donc le plan B, qui était d’ailleurs le plan A initial : pas de piscines naturelles, tant pis mais les filles adorent jouer sur les langues de sable au bord de l’eau qui leur arrive aux chevilles, et ensuite nous traversons le village de Moréré jusqu’au tracteur qui nous ramène illico jusqu’à notre village. Le tracteur, c’est amusant, mais ça fait quand même mal aux fesses. Ce trajet nous permet d’entrapercevoir l’intérieur de l’île. A l’arrivée, nous flânons jusqu’au beau coucher de soleil sur la plage de notre hôtel. Cette séquence photo, vidéo et jeux de sable en toute quiétude, encore accompagnée par Bob Marley, conclut parfaitement cette belle journée. Nous dinons au restaurant de l’hôtel dont le choix est plus varié que la traditionnelle cuisine bahianaise dont les accompagnements (surtout les haricots) ont fini par nous lasser. Maintenant, la haute réputation de ce restaurant est un peu exagérée à notre goût.

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L’excursion qui fait le tour de l’île est compromise, alors on passe la matinée dans l’eau à la plage de l’hôtel. On en profite bien : Lucie adore toujours les vagues, et Zoé s’amuse dans la lagune de sable. Au déjeuner, on commande des pizzas, mais mince elles sont servies que le soir. Avant-hier dans le village, on avait commandé des pâtes mais il n’y avait que des pizzas … Dans l’après-midi, on emprunte l’intérieur de l’île, à l’écart des touristes. La balade est pittoresque, et les habitants charmants : ils sourient, nous saluent à notre passage. Nous observons leur quotidien : les adultes papotent, réparent leurs filets de pêche, rigolent, dansent sur la musique « collégiale » (une caisse alimente fortement tout le quartier), et les ados jouent avec des toupies ; ils doivent atteindre une cible et ajuster en conséquence la taille de la corde qui enroule la toupie. Leur fonctionnement est très communautaire, et aucun ici ne vit nez à nez avec son iphone. Nous apercevons le moulin de fabrication de farine de manioc, puis nous dirigeons vers le morro de l’île pour y grimper : un habitant nous indique le passage, et la montée est rapide. De là-haut, on a une très belle vue à 360° sur toute l’île. Dans la dune de sable qui trône au sommet, les filles jouent à la marchande. Nous photographions le coucher de soleil, mais ne tardons pas à redescendre avant que la nuit soit totale. Sur le chemin du retour, un groupe de filles collectent de la nourriture auprès des commerçants et les font danser : quel est ce rite, un mariage peut-être ? Ce soir, les restaurants de plage sont fermés, et le village guère moins déserté : le dimanche soir c’est mort, seuls quelques jeunes boivent leur dernier verre. D’ailleurs je me demande si les bahianais dinent vraiment le soir : sans doute boivent-ils plus qu’ils ne mangent. Je laisse la famille sur la plage et y revient avec un pique-nique improvisé dans un supermarché, à défaut de take-away. A l’hôtel, Charles nous sert une Capeirinha pendant que les filles regardent la téloche. Demain, suspense, fin de séjour tranquille ou sur les chapeaux de roue avec l’observation des baleines. En tout cas, finir sur une île sans voiture est une aubaine. Ici, la vie est cool : les rastas que nous croisons apportent un air Jamaïcain, et les locaux semblent se dire « Les touristes sont là, ok, mais on vit bien sans eux. » Personne n’est venu nous alpaguer, et au contraire, il fut parfois difficile d’obtenir ce que l’on cherchait.

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Pour notre dernière journée complète, nous sommes réveillés par une pluie intense, et passerons un bon bout de temps à attendre le verdict sur le possible départ en bateau. Même Charles s’arrache la tête pour obtenir des infos. Le RV est à 10h, puis décalé à 11h30. La mer est annoncée mauvaise, puis meilleure et on peut à priori partir. J’annonce la bonne nouvelle à tous, on gobe nos médocs français (pas les leur, histoire de ne pas se faire avoir deux fois !) et on se présente à l’agence. On attend une 2ème famille, on revoit comme à Praia do forte la vidéo de présentation, puis nous embarquons enfin après avoir quand même ingurgité pour Emilie et moi le médoc local ultra-puissant, au moment où une belle averse surgit. L’équipage s’en va affronter les grosses vagues. Les filles se marrent, et nous aussi, tellement la situation est cocasse bien qu’elle devrait nous effrayer. Devant les déferlantes, nous rebroussons chemin un quart d’heure plus tard. Tant pis, les baleines ne veulent pas de nous. La nana de l’agence me rembourse, donc disons qu’on a fait un petit tour de montagnes russes gratos ! Un peu cassé par le médoc (bis répétita !) je m’allonge comme une crêpe après nos frites, et nous retournons ensuite à la plage sous un ciel grisâtre. On réalise notre chance d’avoir eu deux premières belles journées. Ça sent la fin du voyage dans l’atmosphère, et ce lundi soir il n’y a pas foule non plus. Pour éviter le syndrome de la chaise vide, nous optons pour un resto où une autre famille est déjà attablée. Les passants suivants nous copierons, car le monde attire le monde, tandis que d’autres restos ont dû être bredouilles ! Mon oreille me fait à nouveau mal, et mon ventre est dérangé. Il est temps de rentrer de ce superbe périple !