Cette journée aura été formidable…Peut-être la plus belle du séjour. Réveil assez tôt afin d’entreprendre la grande route qui relie au sud la Baie de Sainte Anne à Grand Anse : la « route de consolation ». Heureusement, le bus nous arrête après la première montée qui est excessivement raide. Le paysage est tout de suite attrayant. Le chemin en lacet longe la côte et nous dévoile à la fois la beauté de la mer sur notre gauche, et celle de la nature sur notre droite. Nous marchons inlassablement en véritables paparazzis tant le site se prête à la flânerie, sur fond de palmiers avec la mer en toile de fond, fleurs, takamakas, bougainvilliers et autres espèces. Ce safari photo nous ravit, quel plaisir de se balader ainsi en ramassant au passage des fruits de la passion. Nous faisons une halte au seul restaurant – bar que nous trouvons qui ne soit pas intégré à un hôtel ; il est normalement fermé le lundi mais l’employé que l’on aperçoit veut bien nous apporter un rafraîchissement sans omettre la taxe de dérangement. J’ai pu apprécier ma bière comme il se devait, sur l’esplanade dominant la mer et ses rochers qui nous rappellent La Digue. D’ailleurs, toute la balade y ressemble, vu le faible nombre de voitures qui circulent. Quelques-uns uns sont à vélo, mais ils n’ont pas toujours l’air ravis au pied des côtes qu’ils doivent subir. Nous parvenons seuls sur une magnifique petite plage. D’après la carte, il pourrait s’agir de l’Anse Takamaka mais cela reste difficile à dire, car le coin est gorgé de petites plages et criques, et vierge d’indications. Takamaka ou pas, Toujours est-il que cette plage constitue notre coup de cœur ; c’est une sensation unique de se retrouver là, car on peut dire ce qu’on veut sur les belles plages, mais le sentiment qui nous anime ici est plus intense que dans les endroits larges et fréquentés. On ne s’y baignera pas, contrairement à l’Anse Bois de rose dont nous profitons de l’ombre laissé par l’immense takamaka surplombant la plage et dont les feuilles sont ramassées par les îliens. Les Anses Marie-Louise et Consolation, à marée haute, étaient plus agitées. Mais toute cette côte est vraiment typique, authentique, et on se surprend à achever tôt notre périple jusqu’à Grand Anse qui porte bien son nom. Cet énorme arc de cercle, enclavé, est d’un calme olympien côté mer, et nous faisons trempette dans cette baignoire naturelle qui ne doit pas être loin des trente degrés, et dont l’eau n’arrive qu’à hauteur des mollets sur cent mètres. Côté rue, c’est en revanche le coin le plus animé de l’île : un pêcheur exhibe ses deux belles pieuvres de la journée, des enfants jouent, les adultes bavardent une bière à la main, on croise des boutiques plus modernes, un vidéoclub, et enfin un take away dans lequel on commande du poisson grillé à emporter pour 25 roupies, c’est pas mal et copieux. En regardant ce que nous avons parcouru en si peu de temps, nous sommes même prêts à en remettre une couche, destination La Blague après l’achat des dernières cartes postales et souvenirs, via le bus qui nous jette à une intersection. Une bonne demi-heure est ensuite nécessaire pour rejoindre ce coin paumé, après un dernier effort intense. Finalement, cela ne valait pas forcément le coup ! Mais à force de voir tant de belles choses, on en deviendrait presque difficile. Au retour, nous croisons Timothée et Alice en partance, valise à la main, vers le vol les rapatriant en France, pauvres d’eux ; notre tour approche sans qu’on souhaite trop y penser, une belle journée nous attend encore demain. Pourvu qu’elle le soit autant que ce lundi radieux où le ciel n’a jamais été aussi bleu. Je ne sais pas si on change de saison, mais plus les jours passent et plus la chaleur semble s’accentuer, Emilie étant perpétuellement à la recherche du moindre centimètre d’ombre. Un autre sentiment nous anime, ce jour, très appréciable : on commence à se fondre doucement dans le décor, à avoir les bons réflexes, à connaître le fonctionnement des choses en ce lieu, à repérer comment vivent les gens. Pas de quoi prétendre à autre chose qu’un furtif passage aux Seychelles, mais cette impression tient à des petits détails comme savoir qu’il faut crier « devant » pour que le chauffeur nous fasse descendre à l’arrêt souhaité des bus « tata ». En bref, on se sent moins touristes et plus voyageurs. Bon, je dois poser un peu ma plume, le coucher de soleil tardant à déployer toutes ses couleurs ce soir, et les moustiques se faisant un peu trop remarquer.