Avec ma femme Emilie, nous avons vécu un magnifique voyage de noce à Praslin et La Digue. J'en raconte ici le récit jour par jour.
Octobre 2005
8 jours
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Le vol s’est bien passé, si ce n’est qu’on a pas pu dormir, il faisait toujours trop chaud ou trop froid dans l’avion. A la descente, grosse désillusion : un ciel complètement gris et de petites pluies. Le mythe des Seychelles tombe un peu. Bon ce n’est que passager se rassure t-on. De Mahé, un petit avion nous transfert à Praslin. Et dans ce coucou d’à peine quinze personnes, je rencontre Timothée, avec qui je jouais au foot au Chesnay quand j’étais môme. Incroyable, comme le monde est petit ! Je redoutais ce petit vol en fait c’est très stable…contrairement au bateau qui relie ensuite Praslin à La Digue. Seulement vingt minutes de trajet, mais il était temps pour mon estomac que nous arrivions. Tous les transferts ont été rapides, bien organisés. Un dernier bus nous amène à l’hôtel « La Digue Island Lodge » où nous allons séjourner, pour une arrivée bien méritée mais brève car après les explications d’usage, nous devons nous rendre au restaurant avant que notre ventre ne crie famine. Après la première découverte des mets locaux, nous sortons de l’hôtel pour nous rendre au port de La Passe, afin de réserver notre excursion du mercredi. Le premier fournisseur trouvé fut le bon, on n’avait pas trop envie de s’embêter à chercher pour comparer les prix : Zikos nous propose donc les îles Coco, Félicité et Grande sœur pour 80 euros la journée tout compris avec barbecue. La fatigue se faisant sentir, la journée se conclut tranquillement par une sieste, un petit bain à la plage de l’hôtel, Anse La réunion, et le buffet créole du soir.

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Départ à pied vers 8h15 pour faire la côte par le nord. Après que nous ayons traversé La Passe et le grand cimetière de La Digue avec ses manguiers, un chemin monte pour atteindre l’Anse Sévère ; première belle vision des Seychelles avec ses beaux rochers aux bords de l’eau. Cette grande plage est propice à une petite baignade, mais rapide car même avec les chaussons en plastique, les cailloux dans l’eau nous rebutent un peu. Devant l’hôtel « Patatran », se situe une petite plage bien agitée, on se demande s’il s’agit d’Anse Patates, en fait c’est plus loin. A Patates, on avait lu que c’était idéal pour la plongée, alors on sort tout le matos, et là patatras ! Des courants dangereux, et ces cailloux contre lesquels on se projette. Il y a un détail qui nous avait échappé : à marée basse, impossible d’aller dans l’eau, la plongée n’est valable qu’à marée haute. Le chemin qui s’ensuit jusqu’à Anse Fourmi est très plaisant, nous croisons des vélos mais nous on est tout seuls à pied, nous prenons notre temps et profitons du beau paysage. A la fin de l’Anse Fourmi, il paraît qu’un chemin mène à l’Anse Caïman par les terres, mais soit il est très bien caché soit nous sommes aveugles ! On est contraint de passer par les plages et là c’est vogue la galère : avec la mer qui monte et s’abat sur nous, caméscope et appareil photo à la main, on s’est bien fait quelques frayeurs et c’est avec soulagement que nous atteignons l’Anse Caïman après l’escalade devenue indispensable de quelques rochers. Là, il est temps de boire un bon coup et de reprendre notre souffle. Mais en se retournant, quel spectacle ! Nous sommes seuls devant l’immensité végétale et cette eau turquoise et déchaînée. Ensuite, l’aventure continue par l’emprunt d’un chemin à peine balisé à travers la brousse qui atteint en surplomb l’Anse Coco. L’arrivée sur cette superbe plage est magique après notre périple. Petit bain intime au milieu des gros rochers en granit, puis nous traversons, en chauffant l’objectif, cette grande plage très arquée à la recherche du chemin menant à Petite Anse que l’on aperçoit enfin tout au bout. Très peu d’indications là encore, mais nous trouvons rapidement les flèches blanches qui mènent là-bas après avoir un peu crapahuté. A Petite Anse, la faim se fait sentir mais on ne croise aucun snack, alors on se contente de nos quelques gâteaux. On se baigne même si les vagues sont grosses et le courant dangereux ; en restant près du bord cela est faisable, et c’est même un plaisir de recevoir des gifles comme dans l’atlantique, en moins fraîches. Le sable est fin, la mer est claire, il n’y a plus tous ces cailloux. La route se poursuit pendant quelques minutes jusqu’à Grand Anse, qui nous accueille bien volontiers avec un coca, mais qui ne nous impressionne pas plus que Coco ou Petite Anse. Et puis on y retrouve un peu de monde, même si cela reste très relatif, alors que jusque là nous étions vraiment dans l’intimité. Notre coca ne s’accompagne pas d’un léger repas, car c’est buffet à 125 roupies ou rien, et ça ne nous convient pas. Mais nous retrouvons nos voisins de l’hôtel Philippe et Laetitia, forts sympathiques, pour discuter de nos impressions et de nos voyages. Au moment de regarder la montre, il est un peu tard pour l’aller-retour jusqu’à Anse Songe, alors nous empruntons la route centrale du retour. C’est le moment de flâner, de regarder les petites maisons, les sourires des Seychellois, la variété de la flore. Il fait bon vivre quoi ! Arrêt bref à la réserve de la veuve, qui ne présente pas d’autre intérêt qu’attendre je ne sais combien de temps en espérant voir l’oiseau rare. Le dernier bain à La réunion est fort agréable ; on peut y nager entièrement, ce qui n’est pas le cas des autres plages. Emilie part ensuite toute seule, mal de mer oblige de mon côté, pour l’excursion du soir en bateau permettant de voir le coucher de soleil. Le groupe devait faire tout le tour de l’île mais la mousson du sud-est l’a contraint à ne faire qu’un petit tour.

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Journée complète d’excursion à Grande sœur, Coco et Félicité. Le matin, notre coffre n’ouvre plus, il ne reconnaît plus notre code. Et sans coffre, pas d’argent pour payer l’excursion ! Après relance, le personnel arrive à temps pour débloquer la situation. La marche vers La Passe, qui dure normalement dix minutes, semble durer des heures pour Emilie qui a pris un énorme coup de soleil derrière les genoux, l’handicapant pour marcher. Et oui, on ne s’est pas assez méfié la veille, sous un temps légèrement nuageux. Elle n’a pas d’autre choix que de se baigner en t-shirt et pantalon afin de ne pas aggraver ses brûlures, et tant pis pour le look. Les souriants créoles prennent leur temps sur le quai, ils sont cools, on part à 10h au lieu de 9h30. Dans le bateau, on se retrouve avec un groupe uniquement composé d’italiens, qui ont l’air de se connaître en plus, avec une accompagnatrice parlant italien. On s’est senti forcément isolés, d’autant qu’ils n’ont pas eu d’attention pour nous et que le personnel polyglotte ne pensait pas toujours à faire les traductions. Il fallait se manifester quoi ! A Grande sœur, je plonge à cent mètres de la plage pour me retrouver à dix bons mètres de profondeur, et n’incite pas Emilie à en faire autant, car j’avais lu que les requins aimaient bien venir du côté de cette île, ce que je me suis bien gardé de lui dire. J’atteins le corail où j’aperçois quelques beaux spécimens, avant de rejoindre sur la plage Emilie et le reste du groupe ayant fait escale. Là, nous sommes émerveillés devant les poissons ronds, des « Poules d’eau », pas farouches du tout, qui viennent presque nous caresser les jambes dans à peine trente centimètre d’eau. Rapidement, nous nous dirigeons vers l’autre côté de l’île et découvrons cette parcelle de paradis dans laquelle vit une seule famille, profitant de la taxe des visiteurs comme nous qui s’y rendent. Il y a là un grand jardin entretenu avec des cocotiers géants et des rochers sculptés, qui permettent d’accéder à une très belle plage. Les hommes s’amusent dans les rouleaux impressionnants, tandis que les femmes préfèrent l’eau à hauteur des genoux ou les photos. Au retour, un très bon barbecue avec du bourgeois nous attend, des petits bouts de pain sont donnés aux Poules d’eau qui se précipitent, et on met le moteur en marche pour Coco. Plongée du bateau un peu trop brève à mon goût, sans même nous arrêter sur cette île magnifique et hostile avec sa plage miniature. Les fonds sont beaux, clairs, les poissons variés, colorés et nombreux. Dommage de ne pas apercevoir de gros calibres, mais c’est un bel aquarium. La halte est aussi rapide à Félicité qui se trouve juste à côté, le temps de nous baigner avec deux tortues de mer hospitalières, même si je ne suis pas sûr qu’elles iront en Italie un jour. En attendant le départ, je suis pris d’un instant d’émotion en filmant cette île que je trouve, d’aspect extérieur, d’une beauté immense. Je ne peux m’empêcher de la regarder en détail en prenant conscience que la nature a fait là un travail remarquable. A l’hôtel, nous sommes vite pris de sommeil car le soleil a frappé fort durant ces sept heures, de 9h30 à 16h30. Et il n’est pas question de refaire une activité après cela, d’autant que la nuit se pointe dès 18h, et que les routes ne sont pas éclairées, bien qu’il n’y ait rien à craindre côté sécurité. Une belle jeune fille peut sans doute s’y promener seule, les autochtones sont à l’image de leur île, doux, accueillants, sereins. C’est un havre de paix. Un chanteur nous accompagne pour le cocktail du soir à base de rhum et le dîner où le poisson est toujours aussi bon. Je veux bien en manger tous les jours.

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Quelle délicieuse journée ! Elle commence par un réveil bien matinal pour découvrir l’Anse Source d’argent avant la cohue. Bonne nouvelle, les brûlures d’Emilie lui font moins souffrir, elle peut marcher à peu près normalement et se baigner en maillot en se badigeonnant de crème. Vers 8h15, le domaine de l’Union n’est pas encore gardé, on peut y pénétrer sans payer. La carte ne nous sert plus à grand chose et nous traversons le domaine sans nous y attarder en tentant vainement de trouver l’une des plus belles plages du monde. Il ne faut pas compter sur un panneau ou une quelconque indication, du coup, ironie du sort, on traverse plusieurs petites plages sans savoir si on a bien vu Source d’argent ou s’il faut continuer plus loin. Il faut dire que si le décor est beau, il ne correspond pas tout à fait à notre rêve, la mer étant à marée haute. La séance photos commence et ne s’arrêtera jamais. Nous sommes bel et bien tout seul, et oui, ou presque, à profiter aux aurores de ce paysage. Mais au moment où la horde arrive, vers 9h30, l’eau se calme, se retire légèrement pour glisser entre les blocs de rochers, et ce site devient peu à peu somptueux. Nous plongeons avec masques et tubas en compagnie d’autres français, les fonds sont limpides, et puis on se retourne pour, de l’eau, admirer le spectacle qui s’offre devant nous. Cela devient encore plus beau que dans nos rêves ; cette nature sauvage, abrupte, posée devant la plage de sable blanc, nous fascine. On s’amuse entre les rochers, on se risque avec nos appareils, persuadés à chaque prise de vue d’avoir réalisé le plus beau cliché. On s’en va à regret pour flâner paisiblement, encore bercés par l’enchantement, dans le domaine de l’Union où on bavarde avec les tortues géantes, les vendeurs de souvenirs, les producteurs de coprah ou les cultivateurs de vanille. On fait tomber le maillot de bain de retour à l’hôtel pour nous préparer à une toute autre demi-journée. Halte chez Zérof pour un déjeuner typique paraît-il, il ne le sera que par sa médiocrité à tous les niveaux : les serveuses se sont trompées sur nos deux commandes (brochettes de poulet et salade d’octopus au lieu de brochettes de poissons et brochettes d’octopus), les plats n’étaient pas très bons et la surtaxe a remplacé les excuses : Zérof Catastrophe ! Les baskets ne furent pas de trop pour la balade qui s’ensuivit. Ca grimpe fort jusqu’à Bellevue et Nid d’Aigles, sans que nous puissions dire exactement où se trouvent l’un et l’autre, les repères étant à peu près inexistants. Mais de là-haut, une très belle vue sur les trois-quarts de l’île depuis le port de la Passe, et sur les îles au loin que sont Coco, Félicité et sans doute, Praslin, s’offre à nous. Les jambes sont lourdes et au retour, les ravitaillements nombreux ; la route est sympathique, les touristes se font rares et nous pouvons apprécier la vie locale et le soin donné par les habitants à leurs habitations. A partir de Château Saint Cloud, les « Guests houses » se multiplient et le quartier s’anime. La dernière ligne droite est difficile mais cette rando valait vraiment le coup d’œil. Le bain pour finir à la plage de l’hôtel jusqu’au beau coucher de soleil conclut de belle manière cette journée.

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Il est temps de quitter La Digue pour Praslin. Non sans nostalgie tant cette île nous aura bercés. En dehors d’une certaine pénurie d’eau chaude (mais peut-être est-ce tout simplement propre à l’île), nous n’avons que des compliments à formuler sur La Digue Island Lodge qui a tout de l’hôtel de charme. La mer est calme pour le trajet en bateau, ce qui n’est pas pour me déplaire. A quai, nous abandonnons Laetitia et Philippe qui ne seront pas en reste au « Lémuria », en pensant bien leur rendre visite plus tard sur leur belle plage. L’arrivée à « L’Archipel » annonce tout de suite la couleur : c’est le luxe, un accueil soigneux, à la bonne école ; nous sommes traités comme des rois. La vue de notre terrasse sur la mer est imprenable ! Dommage qu’il n’y ait pas de salle de bain. Nous empruntons les dix petits mètres qui mènent à la plage. Le panorama est chouette, mais les algues sont omniprésentes, ce qui déteint un peu le tableau. D’ailleurs personne ne se baigne, tout le monde bouquine, déjeune ou s’allonge. Au niveau touriste, ça a l’air plus pépère ici ; et au niveau personnel, c’est marrant la différence qu’il y a entre deux îles aussi proches, le style est bien différent. Ils sont plus anglophones que francophones à l’inverse de La Digue, et plus typés indiens, british, moins créoles. Normal pour certains qui viennent de l’île Maurice. Un peu de canoë nous dégourdit les bras, mais on ne peut aller bien loin alors on fait vite demi-tour. C’est le moment de découvrir la plage de côte d’or en face, dont l’eau paraît bien plus claire. Ce qui frappe en arrivant là-bas, c’est d’une part le sable qui est incroyablement fin, et la grandeur du lieu : cette plage est interminable. La bifurcation vers la route nous fait immédiatement passer dans un autre univers que La Digue : plein de voitures, des rastas écoutant du reggae et nous accostant pour du change, de l’animation, de nombreuses boutiques. Cela nous agresse un peu, comme le provincial qui débarquerait à Paris pour la première fois. A l’heure où j’écris, de notre chambre, la musique au loin, provenant du « Paradise Sun », est aussi là pour nous le rappeler. Nous étions tellement bien habitués au calme et à la nonchalance. Le retour à pied semble long, nos pieds sont lourds ; on se rend bien compte que les distances n’ont plus rien à voir avec La Digue. Là-bas on pouvait presque faire le tour de l’île en une journée, ici un petit trait sur la carte nous fait déjà suer. Il nous faut revoir un peu à la baisse notre programme. Côté culinaire, c’est la grande classe, le niveau au-dessus : cocktail délicieux, buffet excellent, et quels desserts ! Le coucher de soleil est magnifique, avec ses nuages rouges surplombant les collines au loin ; la piscine est chaude et belle ; la soirée est agréable et s’achève par une balade éclairée le long de la plage, parfait cliché pour amoureux comme nous.

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Après pas mal de tergiversations, nous décidons de faire en ce jour la Vallée de mai ainsi que l’Anse Lazio. Le rendez-vous fixé le matin avec l’organisatrice des transferts nous fait perdre un peu de temps pense t-on. Nous en profitons pour appeler le Lémuria afin de fixer un rancart avec Philippe et Laetitia. Les trajets se font plus facilement que prévus ; le stop marche bien, deux jeunes nous conduisent à Baie Sainte Anne, puis le bus rejoint rapidement la Vallée de mai. Cette vallée, c’est vraiment la jungle : on emprunte de tous petits chemins de terre à travers les immenses cocotiers et autres arbres endémiques. Les palmes sont énormes, tout comme les cocos fesses et cocos de mer mâles dont les silhouettes font joyeusement penser respectivement au sexe féminin et masculin. Le décor serait en tout cas parfait pour le tournage d’un Indiana Jones. La petite balade va devenir au fur et à mesure une vraie randonnée pour nous, d’abord parce qu’on se trompe de chemin, ensuite parce qu’Emilie perd son chapeau et met un certain temps à le retrouver. Malgré ces déboires on a bien de la chance, à peine retournés sur le bitume et hop dans le bus. La route menant à Anse Boudin doit être une véritable épreuve physique pour le chauffeur : ça balance fort, attention les épaules ! Il faut dire qu’il y a des côtes impressionnantes. Il nous faut marcher de Boudin à Lazio, et même si la route est sympathique, notamment car elle est très peu motorisée, elle est légèrement rude. La fameuse Lazio nous dévoile ses formes parfaites. C’est la plage idéale de beauté, classe, clinquante, limpide et calme. Ce qui est agréable, c’est que même s’il y a un peu de monde, personne ne se bouscule. Le soleil cogne sec, alors on se trouve un petit coin idéal à l’ombre d’un cocotier. Nous restons un bout de temps dans l’eau et sur la serviette pour bien profiter des atouts de cette plage (tiens, c’est bien la première fois qu’on fait la crêpe, à l’instar du cliché sur cette destination !), qui par contre n’a pas le charme et le côté sauvage de Source d’Argent ou autres plages Diguoises. Disons que Lazio c’est parfait, mais que les imperfections sont parfois magiques ! Rebelotte pour la marche du retour jusqu’à Boudin où je profite d’être seul dans l’eau pour nager à n’en plus finir. Le bus m’amène à Côte d’or pour le ravitaillement et dépose Emilie au pied de l’hôtel, épuisée par cette journée. Je la rejoins à la piscine pour le bain du soir toujours aussi exquis, avec ses débordements, sa vue imprenable et sa température proche du jacuzzi. Ce soir, un régal nous attend : dîner de langoustes grillées. On en salive d’avance…De retour de ce dîner, je n’ai qu’un mot : Waouh ! Cette langouste, depuis le temps que j’en rêvais. Un bon moment en amène un autre, je découvre TF1 en zappant et conclut en beauté cette soirée en mattant en direct cet important match de foot qu’est Suisse-France… Je me passerai volontiers de Téléfoot en rentrant. Elle est pas belle la vie ?

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Le départ pour l’excursion est prévu pour 10h. Comme nous avions pris l’habitude de nous lever tôt, nous pensions faire une petite activité précédemment. Il n’en sera rien, vu notre état de fatigue après le match de veille…Bah oui il y a deux heures de décalage ! On se gave bien au p’tit déj. pour éviter le creux en journée comme la veille, il faut dire que nos déjeuners ne sont garnis que de gâteaux et fruits secs. A ce propos, nous n’avons pas encore croisé les fameux « take away » dont Arnaud nous avait parlé, ces petits repas à emporter qu’on espérait. L’arrivée à Curieuse est sympathique, avec ces tortues géantes, en liberté donc beaucoup plus agréables à regarder et à toucher que dans le domaine de l’Union à La Digue, où elles étaient dans un enclos. Les plus grosses, soit les plus âgées, apprécient qu’on leur caresse le cou. Tina nous accueille gentiment et nous donne quelques explications sur ces tortues. Il nous faut ensuite emprunter un chemin qui, depuis le Tsunami, dure trois-quarts d’heure au lieu de dix minutes auparavant avec le barrage, pour atteindre une belle plage de l’autre côté. Mais ça nous fait découvrir sommairement l’intérieur et ce n’est donc pas si mal, même si Emilie souffre de la chaleur. Après la baignade, visite rapide du petit musée, la maison du Docteur Mac Grégor, installée au 18ème siècle pour soigner les lépreux et restaurée récemment. Nous apprenons ainsi quelques notions historiques. Notre conducteur fluvial, très gentil, s’adapte à notre rythme, on décide de notre horaire de départ pour l’îlet Saint-Pierre, et de notre temps là-bas dédié au snorkelling. Pour Emilie, c’est flippant car à Saint-Pierre les fonds sont moins clairs qu’à Coco, et plus profonds. Malgré sa peur elle prend son courage à deux mains pour m’accompagner, en m’agrippant fortement, un petit bout du chemin que je prolonge seul jusqu’au coin poissonneux sous les rochers que l’accompagnateur a eu la bonne idée de m’indiquer ; car effectivement c’est réjouissant : il y a peut-être moins de corail et de jolis petits poissons qu’à Coco sur ce qu’on a vu, mais ici j’en vois de belle taille, ornés de superbes couleurs. Mais mon masque ne tient pas, je bois la tasse et m’épuise pour revenir au bord et emprunter celui d’Emilie. J’y retourne, têtu que je suis, en finissant la pellicule de l’appareil photo sous-marin, car ça vaut vraiment le coup d’œil. Il est 14h passées quand nous revenons à l’Archipel ; on aura fait en gros deux heures et demie à Curieuse et une heure à Saint-Pierre. Je suis pris d’un léger vertige, ayant accumulé la fatigue et le soleil et bu la tasse. Emilie aussi accuse le coup, on ne s’en rend pas compte sur le moment, mais avec la plongée on prend le soleil en pleine tête. Et nos peaux ont d’un coup pelées. Rien de tel qu’un repas pour reprendre des forces : les restes de la corbeille de fruits déposée hier dans notre chambre, caramboles et fruits de la passion en tête, accompagnent nos gâteaux et nous apportent un bien nécessaire. Après c’est le bambou total, je m’en vais faire une sieste, incapable d’entreprendre la route qu’on avait prévu pour nous mener à Anse La Blague. Le sommeil laisse ensuite place à la somnolence au bord de la piscine avec un bon bouquin, avant que nous profitions de la salle de fitness et de billard pour nous occuper. Jusqu’ici, nous avions quand même énormément crapahuté et vu du pays, alors ça fait du bien aussi de se reposer, comme font bon nombre de touristes ici en fin de compte, à la différence pour une bonne tranche d’entre eux qu’ils en font leur activité quotidienne favorite. Ce soir, malgré que le poisson soit excellent ici, on peut manger une entrecôte grillée et nous ne nous privons pas de ce bon gros morceau de viande.

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Cette journée aura été formidable…Peut-être la plus belle du séjour. Réveil assez tôt afin d’entreprendre la grande route qui relie au sud la Baie de Sainte Anne à Grand Anse : la « route de consolation ». Heureusement, le bus nous arrête après la première montée qui est excessivement raide. Le paysage est tout de suite attrayant. Le chemin en lacet longe la côte et nous dévoile à la fois la beauté de la mer sur notre gauche, et celle de la nature sur notre droite. Nous marchons inlassablement en véritables paparazzis tant le site se prête à la flânerie, sur fond de palmiers avec la mer en toile de fond, fleurs, takamakas, bougainvilliers et autres espèces. Ce safari photo nous ravit, quel plaisir de se balader ainsi en ramassant au passage des fruits de la passion. Nous faisons une halte au seul restaurant – bar que nous trouvons qui ne soit pas intégré à un hôtel ; il est normalement fermé le lundi mais l’employé que l’on aperçoit veut bien nous apporter un rafraîchissement sans omettre la taxe de dérangement. J’ai pu apprécier ma bière comme il se devait, sur l’esplanade dominant la mer et ses rochers qui nous rappellent La Digue. D’ailleurs, toute la balade y ressemble, vu le faible nombre de voitures qui circulent. Quelques-uns uns sont à vélo, mais ils n’ont pas toujours l’air ravis au pied des côtes qu’ils doivent subir. Nous parvenons seuls sur une magnifique petite plage. D’après la carte, il pourrait s’agir de l’Anse Takamaka mais cela reste difficile à dire, car le coin est gorgé de petites plages et criques, et vierge d’indications. Takamaka ou pas, Toujours est-il que cette plage constitue notre coup de cœur ; c’est une sensation unique de se retrouver là, car on peut dire ce qu’on veut sur les belles plages, mais le sentiment qui nous anime ici est plus intense que dans les endroits larges et fréquentés. On ne s’y baignera pas, contrairement à l’Anse Bois de rose dont nous profitons de l’ombre laissé par l’immense takamaka surplombant la plage et dont les feuilles sont ramassées par les îliens. Les Anses Marie-Louise et Consolation, à marée haute, étaient plus agitées. Mais toute cette côte est vraiment typique, authentique, et on se surprend à achever tôt notre périple jusqu’à Grand Anse qui porte bien son nom. Cet énorme arc de cercle, enclavé, est d’un calme olympien côté mer, et nous faisons trempette dans cette baignoire naturelle qui ne doit pas être loin des trente degrés, et dont l’eau n’arrive qu’à hauteur des mollets sur cent mètres. Côté rue, c’est en revanche le coin le plus animé de l’île : un pêcheur exhibe ses deux belles pieuvres de la journée, des enfants jouent, les adultes bavardent une bière à la main, on croise des boutiques plus modernes, un vidéoclub, et enfin un take away dans lequel on commande du poisson grillé à emporter pour 25 roupies, c’est pas mal et copieux. En regardant ce que nous avons parcouru en si peu de temps, nous sommes même prêts à en remettre une couche, destination La Blague après l’achat des dernières cartes postales et souvenirs, via le bus qui nous jette à une intersection. Une bonne demi-heure est ensuite nécessaire pour rejoindre ce coin paumé, après un dernier effort intense. Finalement, cela ne valait pas forcément le coup ! Mais à force de voir tant de belles choses, on en deviendrait presque difficile. Au retour, nous croisons Timothée et Alice en partance, valise à la main, vers le vol les rapatriant en France, pauvres d’eux ; notre tour approche sans qu’on souhaite trop y penser, une belle journée nous attend encore demain. Pourvu qu’elle le soit autant que ce lundi radieux où le ciel n’a jamais été aussi bleu. Je ne sais pas si on change de saison, mais plus les jours passent et plus la chaleur semble s’accentuer, Emilie étant perpétuellement à la recherche du moindre centimètre d’ombre. Un autre sentiment nous anime, ce jour, très appréciable : on commence à se fondre doucement dans le décor, à avoir les bons réflexes, à connaître le fonctionnement des choses en ce lieu, à repérer comment vivent les gens. Pas de quoi prétendre à autre chose qu’un furtif passage aux Seychelles, mais cette impression tient à des petits détails comme savoir qu’il faut crier « devant » pour que le chauffeur nous fasse descendre à l’arrêt souhaité des bus « tata ». En bref, on se sent moins touristes et plus voyageurs. Bon, je dois poser un peu ma plume, le coucher de soleil tardant à déployer toutes ses couleurs ce soir, et les moustiques se faisant un peu trop remarquer.

9

Hier, je disais que la journée avait été formidable…et que dire de celle là, la dernière du séjour. Après avoir mangé notre dernière crêpe choco-coco du matin, et vu pour la dernière fois le très sympathique garçon de la plage, nous prenons le bus pour Boudin avant d’emprunter à pied, pour la deuxième fois, le chemin jusqu’à Lazio. Maintenant qu’on connaît tout va plus vite. C’est bien de découvrir aussi Lazio le matin, avant l’arrivée du monde, bien que nous passions la moitié de notre temps sous l’eau, équipés de nos masques et tubas à proximité des rochers, pour admirer les poissons qui viennent en nombre. Emilie m’accompagne pour une partie de cette randonnée aquatique, puis seul j’ai la chance de partager mon instant avec une tortue de mer. Il fait encore une chaleur de plomb en ce lieu, alors la plupart des gens, comme nous, cherchent à s’écarter de cette forte exposition solaire. Nous nous devons d’acheter de l’eau supplémentaire au prohibitif restaurant de la plage, car après c’est montée de plus d’une heure à travers la montagne pour atteindre l’Anse Georgette. Le chemin de rando est tout d’abord difficile à trouver et nous perdons cinq à dix minutes à tourner en rond avant de l’apercevoir à l’extrémité de la dernière petite plage sur la gauche. La montée est ardue car certains sentiers sont glissants, et parfois ça grimpe fort ; Quel cagnard ! Nous grillons littéralement sous les gouttes qui tombent ; Quel spectacle de la nature ! Quel panorama sur la mer ! Quelle variété de paysages auprès de ces magnifiques arbres endémiques des Seychelles que nous surnommons « rastas » car les feuilles sont en forme de tresses, ou des plantations d’ananas dont nous ne soupçonnions pas qu’ils poussaient au niveau des sols ! A force, la chaleur est telle qu’en l’absence de vent et d’ombre, je suis pris d’un léger maux de tête. Il est grand temps de marquer une pause et de boire abondamment. Puis vient le moment magique, celui de l’arrivée sur les hauteurs d’Anse Georgette, la vue y étant tout simplement unique. On a hâte de pouvoir toucher ce trésor qui se dévoile au fur et à mesure, tout en jetant un coup d’œil à gauche vers le célèbre golf du Lémuria. Cette balade nous aura par moments fait penser à la série « Lost, les disparus » où on en voit de toutes les couleurs et où on en bave. La plage, enfin, que de bonheur au moment d’y poser le premier pied, d’autant que de près elle est tout aussi belle que d’en haut. On aperçoit Philippe et Laetitia, les circonstances de notre rencontre étant bien hasardeuses du fait que leur réception ait omis de transmettre le message de notre arrivée. Ces chanceux finissent paisiblement leur pique-nique de luxe dont nous profitons aussi un peu : un brownie et un kiwi, ça ne fait de mal à personne. Les hommes partent en expédition sous-marine, les fonds étant tout à fait acceptables ici aussi près des rochers, tandis qu’Emilie et Laetitia papotent comme des concierges. Le bain collégial nous réunit sur cette plage qui a tout pour plaire, d’une beauté remarquable et sauvage, nous y resterions des heures s’il ne faisait pas si chaud. Pour ajouter encore un peu à l’émerveillement, les dauphins viennent nous rendre visite. Nous tentons de nous approcher d’eux à la nage mais nous les faisons fuir. On a le droit ensuite à la visite guidée par nos hôtes du luxueux hôtel en passant par le golf et les manguiers. La piscine à trois niveaux en jette, et le « domaine » est immense, il faudrait presque une voiture pour arriver à la chambre, certains n’hésitent d’ailleurs pas à faire appel à ce service auprès des très nombreux employés qui ont même leur bus dédié : un autre monde ! Nous abandonnons bientôt, malgré nous, nos compagnons, le temps de prendre un délicieux bain dans leur piscine à travers les rochers restés incrustés à l’état naturel, d’entrapercevoir la chambre, les plages de Kerlan et Petite Anse Kerlan, et enfin d’échanger nos adresses. On arrive tardivement à l’hôtel pour nous préparer à notre dernière soirée bien arrosée de cocktail et de vin. Demain, lever à 5h pour départ à 6h, cela ne va pas être facile. Goodbye Archipel, Goodbye Praslin et Goodbye Seychelles. L’Archipel se sera avéré être un très bel hôtel, très classe et parfais pour une lune de miel au calme…un peu trop classe pour nous qui ne sommes pas habitués à tant d’attention. Celui de La Digue, plus décontracté, nous convenait à merveille ; on s’y sentait tellement bien, un peu comme sur les petites îles de France (Yeux, Aix, etc.) où les voitures ne circulent pas ou peu. Mais Praslin a aussi beaucoup d’atouts, à commencer par ses plages nettement plus adaptées à la baignade. Je crois qu’au bout du compte, notre programme était réussi, ces deux îles étaient merveilleuses et le timing pour les découvrir était bon. On y retournerait bien un de ces jours…FIN