Tout d'abord, il y eut le vent et ses bourrasques infernales qui venaient frapper la cabane. Les claquements nous empêchaient de plonger dans le sommeil. Vers minuit, l'intensité du souffle diminua et Morphée nous accueillit. Jusqu'à ce qu'un rongeur sous le sol de la cabane s'amusait à gratter le bois. Chaque heures, nous y avions droit. Chaque fois, un nouveau réveil, il n'y eut qu'au lever du jour que l'animal se calma, mais il fallait se réveiller et se préparer pour notre seconde journée. Je crois que je n'ai jamais aussi peu dormi en huit ans d'aventure. La nuit fut courte.
On s'habille rapidement et nous préparons un café que nous petit déjeunons avec une boîte de cookie avant d'ouvrir la porte et de découvrir que toutes les traces de la veille sont recouvertes par le vent et par une nouvelle couche de neige. Effectivement, par endroits, nous avons plus d'un mètre de neige qui nous attendra et celle-ci continue de tomber à gros flocons. L'objectif était de rejoindre la voiture puis de continuer une autre rando autour du lac de Gérardmer et notamment de l'observatoire des Mérelle, mais nous arriverons trop tard pour nous le permettre et puis le ciel étant couvert, il serait dommage d'aller un un observatoire pour ne rien voir.
Première étape, rejoindre le Rouge Gazon. Le début est rendu difficile par l'épaisseur de poudreuse qui est importante. Si bien que la source de la veille se retrouve totalement recouverte et que ne l'ayant pas vu, j'ai mis le pied dedans. Nous marchons lentement, car il faut vérifier en permanence sur une application que nous sommes toujours sur le tracé. Il est impossible de se repérer quand celui-ci est recouvert, sans aucune trace d'autres randonneurs et lorsque la neige et le vent ont recouvert les balises des arbres. Sans application, nous serions à l'aveugle et c'est pourquoi l'hiver, soyez vigilant et suivez les tracés en direct sur une appli. Il en existe plein qui fonctionne très bien en mode hors ligne et gratuitement. Cela vous évitera de vous perdre ou pire d'avoir un accident.
À environ mi-chemin, la chance nous sourit et nous croisons un groupe en raquette qui arrive devant nous et tente de rejoindre la cabane que nous avons quittés. Nous leur offrons nos traces, ils nous lèguent les leurs et tout de suite, tout devient plus facile et plus rapide. Une fois le Rouge Gazon franchit, c'est au refuge du Gazon Vert que nous nous rendons. Une autre cabane non gardée qui nous surprendra par sa beauté et sa décoration de Noël installée par les randonneurs bénévoles qui s'en occupent. À l'intérieur, se trouve un groupe de retraités venu marcher et s'y arrêter pour faire une raclette. Ils ont fait du feu, nous nous réchauffons en parlant avec eux pendant que l'on mange quelques barres de céréales. Ils étaient montés avec tout, même des verres à vin... en verre ! Tout sauf le tire-bouchon. Par chance, j'en ai toujours dans le sac et aussitôt on se retrouve avec eux, un petit verre de blanc et du cake au lard. C'est ça la convivialité de la montagne et les rencontres avec les autres randonneurs. On ne se connaît pas, mais on partage un moment tous ensemble.
Après notre pause, il est temps de continuer la descente. Dernière ligne droite vers la voiture. Dernière galère, car une bonne partie du sentier pour redescendre à Urbès n'avait vu personne de la journée donc de nouveau le nez sur l'application. Même si malgré cela, nous sommes partis dans la mauvaise direction au moment de quitter le refuge. Retour en arrière, reprise de l'itinéraire et début de notre descente vers le village. Il nous reste environ 5 km de marche à travers la forêt et très vite la couche de neige s'amoindrit. Bientôt, nous quitterons les raquettes pour retrouver des sensations de marche "classique", puis nos pieds seront dans de la neige fondue puis de l'eau et enfin, nous arriverons sur une route départementale goudronnée sur laquelle la pluie vient s'écraser. C'est fou la différence de température et de météo qu'il peut y avoir à seulement 500 mètres d'écart.
Il est environ 15 h quand nous arrivons à la voiture. Nos dos sont heureux de pouvoir déposer les sacs dans le coffre. En route, nous pensons à ce week-end hors du temps. Coupé de tout, dans notre bulle. C'est ma vie j'ai l'habitude, mais pour mon ami, c'est la première fois et il comprend ce que procure la montagne et la randonnée. Un week-end comme celui-ci même s'il est intense et éprouvant, vous coupera davantage de votre quotidien qu'un week-end à la maison. Il vous ressourcera, car vous n'aurez pensé à rien, aurez vécu à 100 à l'heure et où chaque seconde un nouveau paysage vous émerveillera. Bien plus qu'un week-end, c'est comme prendre des petites vacances alors je ne peux que vous conseiller de partir vivre l'aventure dès que vous le pouvez, car le plaisir que cela vous procurera vous comblera !
Et c'est ainsi que nous revenons à nos vies. Fatigué, mais comblé.