À propos

Créateur du jeu d'aventure Banana Road sur Instagram & voyageur éco-responsable, j'ai à coeur de partager mes aventures sur les réseaux.

Sur le toit de l'Espagne

À travers ce périple, je reviens sur un moment fort en émotions avec l'ascension du plus haut sommet d'Espagne continentale : le Mulhacén et ses 3479m !
Octobre 2021
3 jours
4
J1
après-midi

Longtemps, j'ai pensé (à tort) que le plus haut sommet de l'Espagne continentale devait se trouver au nord dans les Pyrénées. Quelle fut ma surprise quand j'ai découvert le Mulhacén : le vrai toit du pays à seulement 75 mètres de plus que le pic Aneto se trouvant au nord. Alors, je me suis dit pourquoi ne pas y aller ? Pourquoi ne pas le gravir lors du jeu d'aventure que j'anime sur mon Instagram. Cela serait même la première ascension de mon invité ! Il ne m'en fallait pas plus pour valider cette étape dans laquelle je vous embarque au fil de mes lignes.

Notre point de départ sera le village de Güejar-Sierra à environ 20 km de Grenade.

La sortie du village de Güejar-Sierra 

L'aventure dans laquelle j'embarque Camille (sur les photos), c'est Banana Road. Je pourrai en parler pendant des heures. Dans ce jeu d'aventure, chaque saison une personne vient se défier à travers différentes épreuves et découvrir le trek en autonomie. Nous marchons déjà depuis près de deux semaines quand nous arrivons aux abords de la Sierra Nevada dans laquelle se trouve le sommet que nous visons. Nous quittons le village assez tard et passons devant de nombreuses petites maisons isolées, champs cultivés et autres avant d'arriver près d'un petit bassin comprenant des tables pour y manger. Nous y passerons la nuit en bivouac avant d'attaquer le dur et la vraie montagne. Une longue nuit pour bien se reposer laissant derrière nous les habitants de Güejar-Sierra s'endormir.

Vue le village de Güejar-Sierra
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Très tôt le lendemain matin, nous reprenons la marche avant d'arriver sur une route menant à la station de ski de Pradollano. C'est vrai que lorsque vous êtes ici en fin d'été, vous avez du mal à imaginer des gens skier et pourtant... La station est énorme et nous le découvrirons rapidement, car un couple de retraités nous voyant avec nos sacs sur le dos, nous a proposé de nous conduire au coeur de la station. La journée commence bien en quelques minutes nous voici au dernier point habité par l'Homme. Nous pouvons nous attaquer à la montagne en direction d'un point de passage que Camille doit franchir dans le cadre de son aventure : la cascade del Molinillo.

Cascade très peu connue du massif le sentier de randonnée rétrécit au fil que l'on s'en approche jusqu'au point de disparaître par moment. Le paysage est encore assez vert malgré la chaleur écrasante, quelques chevaux sauvages nous regarde avec un regard amusé se demandant qu'est ce que deux humains peuvent bien venir faire par là. Après environ 10km de marche, la cascade se trouve devant nous. Nous l'apercevons au loin coulant à flots dans ce cadre sauvage. Il nous aura fallu à peine quelques minutes de marche pour avoir la sensation d'être au seul au monde. Nous le sommes, car nous ne croiserons personne de la journée. À part nos amis chevaux et quelques rapaces.

Au centre : le nuage de pollution se trouvant au dessus de la ville de Grenade (sans retouche) fait froid dans le dos

Nous cuisinerons ici des pâtes que nous dégusterons au son de l'eau qui vient frapper la roche. En photo, cette chute d'eau paraît petite et sans fort débit, mais je vous invite à venir la découvrir en vidéo juste ici ! Une fois requinqué, direction le prochain point de passage qui nous donnera du fil à retordre : l'observatoire de la Sierra Nevada. Vous savez, ces gros observatoires blancs dont le toit s'ouvre pour scruter l'espace. Ceux que nous voyons partout dans le désert chilien... Eh bien, il y en a ici et je n'en ai jamais vu de si proche alors nous partons. Le hic : pas de réel chemin de randonnée pour s'y rendre. Il existe bien une route destinée, mais rejoindre celle-ci nous ferait revenir à la station de ski. En soit un gros détour que nous ne pouvons nous permettre. Nous allons devoir couper en hors-sentier ce qui ne sera pas sans le moindre effort. Attention de ne pas en faire dans des zones protégées, et même qu'en vous pouvez en faire : respectez la nature.

L'observatoire de la Sierra Nevada

Plus nous approchons de l'observatoire plus l'eau se fait rare et plus la végétation s'amenuise. Signe que nous grimpons de plus en plus, les pierriers nous tendent les bras. Nous savourons ce point de passage, admirant le paysage. Au loin Grenade, plus bas la station de ski devenu si petite et derrière nous, quelques sommets nous cachant le pic du Mulhacén que nous atteindrons demain. Après le partage d'un petit saucisson, nous reprenons la marche. Notre objectif : s'approcher du pic (forcément) et trouver un spot sympa pour bivouaquer ce soir. Nous sommes presque en fin septembre, la nuit tombe vite et nous ne tarderons pas à trouver le lieu parfait. Proche d'un petit lac qui nous remplira les gourdes et qui nous offrira probablement le plus beau coucher de soleil dont j'ai pu me délecter jusqu'à présent.

Quelque part dans la Sierra Nevada 
Coucher de soleil sur notre bivouac - Embalse de la Laguna de las Yeguas
J3

Le lendemain matin, il ne fait plus que 2 degrés ! De quoi bien se réveiller. Nous nous hâtons de nous vêtir, ne petit-déjeunons pas et attaquons directement le sentier de randonnée qui nous fera traverser un premier pierrier afin de rejoindre le refuge très prisé de la Carihuela se trouvant juste au-dessus de notre bivouac, sur un petit col destiné aux randonneurs. Depuis ce dernier, nous apercevrons enfin au loin notre sommet. Nous rejoindrons le soleil qui depuis le bivouac était caché par le pierrier et nous y prendrons des forces en petit déjeunant pour rejoindre le sommet.

 Le pierrier - le pic du Mulhacén au loin - le refuge culminant à 3205m 

Et enfin, nous sommes prêts, le sommet que nous visons se trouve devant nous dans un décor me faisant penser au Seigneur des Anneaux. Dépaysement garanti, la vue depuis le refuge est déjà à couper le souffle alors je n'ose imager depuis le pic. Le paysage est lunaire, hormis quelques petits points d'eau ou un brin de végétation jaunâtre tente de résister à l'altitude. Nous quittons le refuge où deux petites chèvres se promenaient, des étoiles pleins les yeux et cette sensation de marcher sur une autre planète. Une terre inconnue où s'il n'y avait pas ce refuge, il serait difficile d'imaginer que des Hommes y sont venus avant nous.

Deux options s'offraient à nous, un petit détour où une main courante pour les plus téméraires qui n'ont pas le vertige. Contre la paroi rocheuse nous voici élancés, tenant d'une main ferme la chaîne et marchant lentement pour ne pas glisser n'y être attiré en arrière par le poids de nos sacs. Une fois ce petit passage franchi, j'ai une pensée pour mon invité d'aventure, Camille qui vit en cet instant sa toute première ascension de sa vie et directement à + de 3 000 mètres. Je suis fier d'elle. Fier aussi de pouvoir faire découvrir et vivre les sensations du trek en autonomie chaque année à de nouvelles personnes directement sur le terrain. Outre mon jeu d'aventure, j'ai plaisir de répondre favorablement aux demandes d'abonnés, de potes et autres pour accompagner et faire découvrir ce mode de voyage si riche.

Camille et moi, nous élançons à présent sur un chemin de randonnée moins difficile que la veille. Presque plat, le dénivelé est léger sur plusieurs kilomètres ce qui repose un peu nos chevilles et nous permet d'admirer encore plus la vue au fur et à mesure de notre avancée.

La brèche (au centre en bas) - Passage impressionnant vers le pic du Mulhacén

Puis le chemin remonte légèrement vers une brèche qui se dévoile un peu plus à chaque pas. Une brèche qui me fait penser à celle de Roland dans les nos Pyrénées et qui nous offre un spectacle saisissant vers le cirque de Gavarnie. Celle-ci n'a rien à lui envier, car lorsque vous la franchissez, la vue est incroyable. Devant vous se dresse le sommet du Mulhacén. Enfin nous le voyons très net pour la première fois et nous réalisons que la dernière étape ne sera pas sans effort conséquent. Sur votre droite, le décor s'adoucit avec un ultime petit lac qui subsiste tant bien que mal pour le bonheur des animaux.

 La Sierra Nevada dans toute sa splendeur

Rapidement, nous franchissons le chemin qui nous reste à parcourir et nous menant au pied du géant et d'un dernier refuge que nombre de randonneurs utilisent pour dormir afin d'attaquer le sommet directement aux petits matins pour y capter un lever de soleil sur l'Espagne. Et quand vous êtes à ce point, vous ne pouvez qu'être saisi par le pic qui se dresse devant vous. La tête penchée en arrière en vous disant que la dernière grimpe va piquer. Nous nous sentons ridiculement petits face au géant de pierre.

Refugio de la Caldera 

Nous y mangerons à l'abri du vent un plat lyophilisé qui requinquera avant la dernière ligne droite et je ne peux que vous conseiller de vivre une fois dans votre vie une ascension pour vous rendre compte de l'effort fournit et de la sensation que cela procure. Découvrir aussi la difficulté qu'il est impossible de retranscrire à l'écrit même à l'aide des meilleurs mots et des meilleurs photos qui ne reflètent pas correctement les niveaux. Camille et moi sommes prêts. Une dernière gorgée, un dernier serrage de sangle et de lacets. C'est parti !

Les premiers mètres sont les plus difficiles lorsque l'on s'élance dans ce pierrier. Heureusement, les traces sont bien visibles ce qui diminue la difficulté. Il nous faudra une bonne heure de marche à coup de petite pause pour reprendre notre souffle, d'hydratation et bien entendu de photos afin de savourer notre prochaine victoire et de vous partager cet article. Puis devant nous, nous apercevons un petit point blanc, le signe que nous y sommes presque. Un dernier effort. Camille et moi arrivons ensemble sur le toit de l'Espagne. Les visages rougis par le vent qui souffle ici sans interruption. Les sourires aux lèvres et les yeux qui pétillent. Après deux jours de marches, nous y voilà. Nous nous poserons une heure, peut-être deux à admirer le paysage et enfin quelques randonneurs venant de l'autre versant nous rejoignent. Eux aussi, heureux et fiers d'avoir atteint le sommet. Petit point négatif, au sommet ne se trouve aucune indication, panneau mentionnant le nom du sommet et l'altitude ce que je trouve triste et déplorable dans le sens où c'est tout de même le point culminant du pays.

Puis quelques chèvres arrivent tout en nous regardant prendre un encas et leurs yeux, étrangement, sont aussi pétillants que les nôtres. C'est ainsi que se termine notre ascension sur le toit de l'Espagne.

Rêvant déjà à d'autres sommets...

Au sommet du Pic du Mulhacén - 3479 mètres

Attention : c'est généralement à partir de 3 000 mètres d'altitude que le mal de la montagne se manifeste. Si cela vous arrive, ne forcez pas et redescendez.

Si vous souhaitez découvrir en vidéo cette fabuleuse ascension, il suffit de se rendre sur mon Instagram dans les stories à la une et de regarder les épisodes 11 à 15 de la dixième saison de Banana Road ou en cliquant directement ici ! Bon visionnage.