Le lendemain matin, il ne fait plus que 2 degrés ! De quoi bien se réveiller. Nous nous hâtons de nous vêtir, ne petit-déjeunons pas et attaquons directement le sentier de randonnée qui nous fera traverser un premier pierrier afin de rejoindre le refuge très prisé de la Carihuela se trouvant juste au-dessus de notre bivouac, sur un petit col destiné aux randonneurs. Depuis ce dernier, nous apercevrons enfin au loin notre sommet. Nous rejoindrons le soleil qui depuis le bivouac était caché par le pierrier et nous y prendrons des forces en petit déjeunant pour rejoindre le sommet.
Le pierrier - le pic du Mulhacén au loin - le refuge culminant à 3205m Et enfin, nous sommes prêts, le sommet que nous visons se trouve devant nous dans un décor me faisant penser au Seigneur des Anneaux. Dépaysement garanti, la vue depuis le refuge est déjà à couper le souffle alors je n'ose imager depuis le pic. Le paysage est lunaire, hormis quelques petits points d'eau ou un brin de végétation jaunâtre tente de résister à l'altitude. Nous quittons le refuge où deux petites chèvres se promenaient, des étoiles pleins les yeux et cette sensation de marcher sur une autre planète. Une terre inconnue où s'il n'y avait pas ce refuge, il serait difficile d'imaginer que des Hommes y sont venus avant nous.
Deux options s'offraient à nous, un petit détour où une main courante pour les plus téméraires qui n'ont pas le vertige. Contre la paroi rocheuse nous voici élancés, tenant d'une main ferme la chaîne et marchant lentement pour ne pas glisser n'y être attiré en arrière par le poids de nos sacs. Une fois ce petit passage franchi, j'ai une pensée pour mon invité d'aventure, Camille qui vit en cet instant sa toute première ascension de sa vie et directement à + de 3 000 mètres. Je suis fier d'elle. Fier aussi de pouvoir faire découvrir et vivre les sensations du trek en autonomie chaque année à de nouvelles personnes directement sur le terrain. Outre mon jeu d'aventure, j'ai plaisir de répondre favorablement aux demandes d'abonnés, de potes et autres pour accompagner et faire découvrir ce mode de voyage si riche.
Camille et moi, nous élançons à présent sur un chemin de randonnée moins difficile que la veille. Presque plat, le dénivelé est léger sur plusieurs kilomètres ce qui repose un peu nos chevilles et nous permet d'admirer encore plus la vue au fur et à mesure de notre avancée.
La brèche (au centre en bas) - Passage impressionnant vers le pic du MulhacénPuis le chemin remonte légèrement vers une brèche qui se dévoile un peu plus à chaque pas. Une brèche qui me fait penser à celle de Roland dans les nos Pyrénées et qui nous offre un spectacle saisissant vers le cirque de Gavarnie. Celle-ci n'a rien à lui envier, car lorsque vous la franchissez, la vue est incroyable. Devant vous se dresse le sommet du Mulhacén. Enfin nous le voyons très net pour la première fois et nous réalisons que la dernière étape ne sera pas sans effort conséquent. Sur votre droite, le décor s'adoucit avec un ultime petit lac qui subsiste tant bien que mal pour le bonheur des animaux.
La Sierra Nevada dans toute sa splendeurRapidement, nous franchissons le chemin qui nous reste à parcourir et nous menant au pied du géant et d'un dernier refuge que nombre de randonneurs utilisent pour dormir afin d'attaquer le sommet directement aux petits matins pour y capter un lever de soleil sur l'Espagne. Et quand vous êtes à ce point, vous ne pouvez qu'être saisi par le pic qui se dresse devant vous. La tête penchée en arrière en vous disant que la dernière grimpe va piquer. Nous nous sentons ridiculement petits face au géant de pierre.
Refugio de la Caldera Nous y mangerons à l'abri du vent un plat lyophilisé qui requinquera avant la dernière ligne droite et je ne peux que vous conseiller de vivre une fois dans votre vie une ascension pour vous rendre compte de l'effort fournit et de la sensation que cela procure. Découvrir aussi la difficulté qu'il est impossible de retranscrire à l'écrit même à l'aide des meilleurs mots et des meilleurs photos qui ne reflètent pas correctement les niveaux. Camille et moi sommes prêts. Une dernière gorgée, un dernier serrage de sangle et de lacets. C'est parti !
Les premiers mètres sont les plus difficiles lorsque l'on s'élance dans ce pierrier. Heureusement, les traces sont bien visibles ce qui diminue la difficulté. Il nous faudra une bonne heure de marche à coup de petite pause pour reprendre notre souffle, d'hydratation et bien entendu de photos afin de savourer notre prochaine victoire et de vous partager cet article. Puis devant nous, nous apercevons un petit point blanc, le signe que nous y sommes presque. Un dernier effort. Camille et moi arrivons ensemble sur le toit de l'Espagne. Les visages rougis par le vent qui souffle ici sans interruption. Les sourires aux lèvres et les yeux qui pétillent. Après deux jours de marches, nous y voilà. Nous nous poserons une heure, peut-être deux à admirer le paysage et enfin quelques randonneurs venant de l'autre versant nous rejoignent. Eux aussi, heureux et fiers d'avoir atteint le sommet. Petit point négatif, au sommet ne se trouve aucune indication, panneau mentionnant le nom du sommet et l'altitude ce que je trouve triste et déplorable dans le sens où c'est tout de même le point culminant du pays.
Puis quelques chèvres arrivent tout en nous regardant prendre un encas et leurs yeux, étrangement, sont aussi pétillants que les nôtres. C'est ainsi que se termine notre ascension sur le toit de l'Espagne.
Rêvant déjà à d'autres sommets...
Au sommet du Pic du Mulhacén - 3479 mètres