Le lendemain matin, il fait frisquet et j'ai les yeux en compote. Qu'à cela ne tienne, je suis plus excitée que jamais, car ce soir nous arriverons enfin en Espagne ! En attendant, nous décidons de visiter le village martyr d'Oradour-sur-Glane. La petite ville est divisé en deux parties: l'ancien village, qui a été conservé dans l'état où il a été découvert, et le nouveau village, reconstruit quelques centaines de mètres plus loin.Ce sont les ruines de l'ancien village qui nous intéresse, riches d'une histoire dramatique lors de la seconde guerre mondiale.
Le 10 juin 1944, des allemands débarquent dans le village. Le garde champêtre fait savoir aux habitants qu'ils doivent tous se rassembler, sans exception et sans délai, sur la place du Champ-de-Foire, avec leurs papiers pour une vérification d'identité. Les SS pénètrent dans toutes les maisons et obligent tout le monde, les malades, les enfants, les femmes enceintes et les vieillards, à se rendre sur le lieu de rassemblement.
Les hommes sont répartis dans des lieux avec peu d'ouverture, comme des granges, des remises, où ils sont mitraillés. Les SS recouvrent ensuite les corps de paille et et y mettent le feu. Selon quelques rares rescapés, les SS tiraient dans les jambes, les hommes brûlaient donc vivants... Dans l'église, les Allemands regroupent les femmes et les enfants. Ils placent une grande caisse dans la nef, dans laquelle se trouve du gaz asphyxiant. C'était le plan de départ, mais la caisse explose lors de l'allumage. Les SS décident donc de fusiller tout le monde et de mettre le feu à l'église.
Une seule femme survit: Marguerite Rouffanche. Elle se dirige vers une ouverture grâce à un escabeau qui servait à allumer les cierges, et se jette dehors. Elle est blessée par un SS en s'enfuyant mais parvient à se cacher, jusqu'au lendemain à 17h où elle est enfin délivrée. Dans la tuerie, elle a perdu son mari, son fils, ses deux filles et son petit-fils, alors âgé de 7 mois seulement.
Bien que cette histoire soit horrible, je trouve qu'il est parfois important d'y prêter attention et de s'en rappeler. M'étant déjà rendue à Auschwitz, je peux dire à quel point cette période de l'histoire fut dramatique et triste, mais je pense personnellement qu'il ne faut pas oublier ces atrocités. C'est d'ailleurs ce que la France a décidé de faire lors de la découverte de ce bourg martyr. Pour la première fois en France, on a décidé, dès juillet 1944, de conserver l'ancien village dans son état de ruine, afin d'entretenir la mémoire et l'émotion liée à ce crime de guerre.
Après cette visite et ce recueillement, c'est en direction de Toulouse que nous avons repris la route.
Nous avions prévu d'y rester plus longtemps, mais le temps nous manquait un peu, alors nous avons accéléré la cadence. Nous somme néanmoins resté assez pour nous délecter de la verdure presque omniprésente du quartier dans lequel nous avons volontiers mangé une petite glace.
Quelques heures plus tard, nous voilà dans les Pyrénées ! Nous sommes la tête dans les nuages, dans tous les sens du terme. A ce moment là, on se félicite de ne pas avoir prolongé notre retard à Toulouse, car de fréquents arrêts photos rajoutent régulièrement des minutes au compteur.
On sent qu'on approche de la destination, et on est conquis par les paysages accidentés, dont nous n'avons pas l'habitude...
C'est assez drôle de remarquer la différence entre les Pyrénées du côté France et du côté Espagne. Une fois sortis du tunnel, le soleil est totalement présent et il y a beaucoup plus de verdure. Le terrain est d'ailleurs encore plus montagneux.
Nous nous perdons quelques instants dans El Grado, un petit village aux rues très étroites et pentues, à seulement 5 minutes de notre destination. Et puis, enfin, nous arrivons à El Tozal, là où nous passerons les 5 prochains jours !