Bonne nouvelle! Nous avons récolté suffisamment de fonds pour tourner un neuvième épisode de la saga winnipegoise. La série devrait également pouvoir arriver à son terme un jour! Merci au crowd funding.
Le tournage commença le lundi 6 août, jour férié au Canada. Les piscines intérieures ferment leurs portes. Mais les piscines en plein air ont leurs bras grand ouverts. Eau non chauffée mais nous n'allons pas faire le difficile. Après ce bain de début d'après-midi, je dévale vers la Fourche, en vue de remplir l'estomac criant famine. Un burger et des frites, comme je suis à la diète. Il faut bien s'acclimater au régime alimentaire canadien.
Après une journée très reposante, le mardi 7 août est synonyme de boulot et d'ennui. En théorie, c'était une journée très ordinaire. Mais non! Le coloc' québécois part en vacances au Pérou. Et jusqu' au 25 août. Hallelujah, mets les voiles mon p'tit fi! Et s'il ne revient pas, je dirai: "Au Pérou, il a péri!". M'enfin, tâchons d'être un peu moins médisant.
Jeudi 9 août, c'est le grand jour. L'après-midi, nous avons un summer event au boulot. Dès que la cloche sonne 11h30, fini le travail!
Les activités sont prévues dans le parc Selkirk, à 40 minutes au nord de Winnipeg. Pour le transport, j'accompagne Farrukh et Rocel, deux collègues directs. Le premier est un Pakistanais proche des 40 ans, ayant 3 enfants et qui s'est expatrié au Canada depuis 2 ans et demi, avec sa famille. Le deuxième est un Philippin de 49 ans, 4 enfants et tous élevés au Canada. En réalité, ils ne connaissaient pas l'âge de l'un et l'autre avant de rentrer dans la voiture. C'est un peu tabou de demander l'âge au Canada...un signe de discrimination.
Le trajet en voiture fut bien sympathique et c'était l'occasion d'un peu converser avec les collègues, avec qui nous n'avons aucune interaction au quotidien. Arrivés à bon port, nous débutons les hostilités, en remplissant le ventre vide. Et j'ai eu l'opportunité de discuter avec ceux que j'avais rencontrés à l'issue de la formation. Un Indien, une Chinoise et une Philippine. Comme vous l'aurez remarqué, toutes les nationalités se mélangent à Winnipeg et sur le lieu de travail: Chinois, Japonais, Philippin, Japonais, Nigérian, Algérien, Sud-Africain,...C'est la beauté de la laide ville de Winnipeg. Et tu ouvres ton esprit aux autres nationalités, cultures. Et surtout, tu abandonnes tes préjugés d'Européen. Tu dénigres un peu moins les voilés, les Africains, etc.
Le ventre un peu élastique, nous nous réunissons ensuite par équipe pour participer à quelques petits jeux. Notre équipe s'appelait les 'Untouchables'. Les diverses activités ludiques auxquelles nous avons participé sortaient un peu de l'ordinaire: faire le meilleur cri d'équipe, retrouver des fèves dans un plat de farine, attraper des céréales à l'aide d'un spaghetti mis en bouche et les transposer dans un gobelet, etc. L'après-midi se termina vers 16h, heure à laquelle nous retournons à nos domiciles respectifs.
Et nous arrivons au vendredi 10 août. C'est le jour J. La famille arrive! Avant leur arrivée, une journée bien soporifique m'attend au boulot. Je fêtais d'ailleurs le premier mois de dure labeur et la fin de la période d'essai. Je n'ai pas eu droit à une évaluation et mon responsable faisait du home-working. J'étais tout seul pour souffler la première bougie.
Je rejoins l'aéroport winnioegois vers 16h, en vue d'assister au débarquement des trois blondinettes. Après quelques minutes d'attente, elles pointent le bout de leur nez. Bagages surchargés et un peu fatiguées du vol. Surtout Miss Julia, qui mettra un certain temps à récupérer du jet lag.
Dès son débarquement ( le 10 août 2018 et non le 6 juin 1944), Julia commence à constituer son groupe de fans. Boucles d'or, grands yeux bleus et quelques risettes à l'occasion, les Canadiens succombent tous. Un autre passager de l'avion a d'ailleurs souligné l'attitude très sympathique de Julia pendant le vol. Toujours le sourire aux lèvres. Elle fut qualifiée de mignonne.
Trêve de bavardages. Nous devons aller chercher la voiture de location et partir à la découverte de Winnipeg, cette merveilleuse ville. Les clefs au bout des doigts, des bagages dans chacune des mains et munis d'un siège pour enfants, nous sommes prêts à démarrer. La voiture est plutôt étroite, une petite Golf, bleue et automatique. Pourquoi avons-nous inventé les boîtes manuelles finalement? Nous rencontrons quelques problèmes à fixer le baby seat, et Marie, tout sauf dotée d'un calme olympien, supporte difficilement cette petite embuche. Il lui faudra un peu de temps pour se mettre à la mode canadienne: "No stress bro! Peace and love".
Fraîchement arrivés à l'hôtel Humphry Inn, au centre de Winnipeg, nous déplions les bagages. J'aide les demoiselles à faire le check in. Entre Julia qui barbotte, Marie et ses quelques notions d'anglais, et Maman qui dit 'Merci' à la place de 'Thank you', je me conduis en super héros pour leur prêter main forte. Mais elles se chargent elles-mêmes de payer la chambre, bien évidemment.
Arrivées dans leur chambre, et exténuées par le jet lag, la premiere journée des voyageuses fut relativement courte. Nous avons mangé des pizzas dans l'hôtel, et elles se sont rapidement endormies dans les bras de Morphée. Et le village s'endormit...
Jour suivant. Pas de place au repos. Nous visitons le zoo Fortwhy Alive en cette fin de matinée. Des ours, des Wapitis, des Élans, des otaries, des chouettes des neiges,... Toute la meute y passe! Et Julia, dès qu' il s'agit d'animaux, elle a une faim de loup. Même si elle montrait quelques signes de fatigue en cette deuxième journée.
Accablés par la chaleur, il est temps de mettre un terme à la visite. Direction le supermarché, faire quelques emplettes pour grignoter et s'hydrater. Cet après-midi là, nous pic-nicerons dans le parc Assiboine, situé à quelques encablures du monde des animaux. Du brie, des baguettes et de la salade.
En fin d'après-midi, les dames retournent à l'hôtel. Quant à moi, je m'en vais à la maison des Cochons.
Miss Julia a pu faire sa sieste. Ce soir, nous irons au festival Mexicain, dans le centre de Winnipeg. Depuis le 5 août, jusqu'au 18, c'est le festival Folklorama à Winnipeg. Chaque soir, différents spectacles sont organisés, par nationalité, à différents endroits de la ville. Même s'il s'agit du pavillon mexicain, Eder nous fera faux bond cette soirée-là. Il avait déjà une activité de prévue. Le spectacle était plutôt agréable et nous avons pu savourer quelques spécialités mexicaines. Après le show, il y avait une soirée dansante. Mais nous sommes partis avant la party...la fatigue se faisant ressentir.
Dimanche 12 août, en matinée, nous partons à la découverte du oak hammock trail. Il s'agit d'un endroit recommandé pour les balades en famille, à 30 minutes de route. Tu peux marcher autour de lacs et de marécages, tout en observant une multitude d'oiseaux. Nous avons apprécié le moment. Très reposant. Julia, poussée tout le long, ne prétendra pas le contraire.
Cet après-midi ensoleillé continua autour d'un pic-nic. Et, par après, nous nous sommes baignés dans une piscine extérieure, dans le quartier 'francophone' de Saint-Boniface. Julia se réjouissait de plonger son petit corps dans l'eau. Mais il n'était pas question de la promener d'un coin à l'autre de la piscine. Elle voulait rester près des marches et s'esssayait à quelques plongeons. Elle affirme déjà son caractère indépendant, à l'image de sa maman. La soirée s'est ponctuée par un souper à la Fourche. Une sorte de burger et des frites. La simplicité, ça marche toujours.
Lundi 13 août, c'est reparti pour un tour! Faites rouler les boules dans les trous pour faire avancer votre chameau. Les rouges trois points, les bleus deux points, les jaunes un point! Roulezzzzz. La journée fut une nouvelle fois calme et monotone. Mais il y a quelques avantages à travailler au Canada. Pas de deadlines. Personne ne te met la pression. Tranquille Émile! Tu auras très rarement le manager sur ton dos, qui te dit:" Fais ci, fais ça ". Moment où tu as juste envie de lui répondre: " Tu vas me laisser tranquille, oui?Je m'en tape de ton problème. Patati et patata. Va te faire voir chez les Grecs". Nous sommes dans le self-management et on te fout la paix. Et les Canadiens font énormément attention à l'équilibre entre la vie privée et professionnelle. A 17h, tu ne vois plus personne dans les bureaux. C'est affolant. Mais, au niveau relationnel, c'est pas le top! Moins d'interactions et de fous-rire avec les collègues. Chacun reste dans son coin et il n'y a pas de travail en équipe. Et les Philippins que je côtoie sont fort fermés. Je pensais que le problème venait de mon côté mais non. Je pense qu' il faudra un certain temps avant d'ouvrir leur serrure. Ils ne sont pas méchants pourtant...
C'est un peu comme Clint Eastwood dans Gran Torino. Il vit juste à côté d'une panoplie de Vietnamiens. Il les compare à des insectes qui infectent son quartier. Mais, par après, il efface ses à priori et développe quelques accointances avec ces individus aux racines différentes. J'espère qu'il en sera de même pour ma part.
La journée, je travaillais. Pendant ce temps-là, les 3 drôles de dame découvraient les alentours: Fourche, Polo Park, parcs, etc. Et le soir, nous nous réunissions à l'hôtel pour manger un boquet. Des plats à emporter pour le lundi et mardi. Julia avait également la cote auprès des réceptionnistes et des autres clients à l'hôtel. Dès qu'elle souriait, elle se mettait tout le monde dans la poche. Et elle le savait! Une vraie success story.
Le mercredi 15 août, ce n 'est pas jour férié au Canada. On bosse ici, bande de fainéants! Le travail devient de plus en plus simpliste. Tu analyses les demandes de paiement des fournisseurs (inquiries for unpaid invoices). Si c'est justifié, tu acceptes. Sinon, tu refuses. Et je remarque également que l'entreprise dans laquelle j'officie, ce sont de purs voleurs. Exemple: Si tu payes une facture de 200 dollars à concurrence de 180 dollars car la commande s'élève à 180 dollars. Selon notre processus automatique de paiement, le fournisseur est sous-payé de 20 dollars. Si ce dernier weekend réclame ensuite le remboursement du solde, nous refusons. Nous ne faisons pas d'investigations pour les demandes inférieures à 25 dollars, par facture, peu importe si elle est justifiée ou non.
En soirée, Eder va rencontrer pour la première fois notre petite famille. On lui a d'ailleurs offert un petit cadeau: du chocolat belge. Nous avons bu un petit cocktail en terrasse, suivi d'un restaurant à la pizzeria Santa Lucia. Déjà testée et approuvée avec les amis auparavant. Eder est également tombé sous le charme de Julia. Il s'esssayait également au français mais on observe encore quelques lacunes...très très légères...
Jeudi 16 août, c'est le jour du summer event pour l'ensemble de l'entreprise. A 11h30, ça débute. En tant que lunch, nous avons droit à des pizzas, un coca, des chips et des cooks. Un ensemble très harmonieux et diététique. S'en suit des activités en plein air. Encore une fois, elles sont très différentes des habitudes européennes: tenir un sac ouvert dans le dos avec des balles de ping-pong et les faire tomber le plus vite possible en concurrence avec une autre équipe; une course par équipes en sautant dans un sac de pommes de terre jusqu'à un cerceau, etc. Mais certains, un peu lassés de ces activités, ont commencé à jouer avec le ballon rond et ont décidé de créer 2 équipes pour un petit match de foot. Malgré les pépins physiques, je ne pus résister à la tentation. Je retrouvais rapidement les sensations d'antan, avec moins de rapidité, d'endurance et de vivacité. Mais le plaisir était bien présent. Si je n'avais pas un corps en papier mâché, je m'inscrirais à nouveau dans une équipe de foot. Mes collègues canadiens n'étaient pas des stars du ballon rond. Ce fut néanmoins un moment fort plaisant. Et où tu développes un peu plus de lien avec les autres.
Le soir, nous nous dirigions vers le Bird hills park. Nous avions réservé une table au Pinneridge hollow et juste avant le repas, nous avions prévu une balade à travers le parc. Julia n'était pas d'une humeur très positive durant la marche à l'air libre. Certainement parce que tonton (et non maman) la portait sur son dos. Ce parc est pourtant très beau et c'était la première fois que nous explorions la petite baie qui se trouve en plein milieu. Il y a même une petite plage réservée aux enfants. Que demander de plus?
A 20h15, c'est l'heure monseigneur! Affamés après l'effort, nous attendions impatiemment d'être servis et nous ne fumes pas déçus. On s'est régalés. Eder et Madeleine, même s'ils avaient une fête d'une de leurs connaissances, en ont profité pour passer faire un petit coucou. Et surtout remettre un petit cadeau à Julia: un petit chien. La chanceuse! Elle a maintenant un nouveau doudou.
Dernier jour de la semaine. Hop hop hop, c'est bientôt le weekend. Hourrah! Mon manager en profite pour planifier une petite réunion matinale, en vue de recueillir mes impressions sur la vie à Winnipeg. Il m'a précisément demandé: "How are you settling in Winnipeg?". Je lui ai répondu, avec une certaine franchise: "Well, Winnipeg is not a dreamtown but I try to get used to it.". Il m'a immédiatement proposé de pendre 2-3 jours de congé pour découvrir plus amplement cette très belle région. Ce n'est pas en Belgique que ça arriverait...Et lorsque je l'ai informé que ma famille était actuellement en visite au Canada, il a insisté pour que je prenne des congés et que je parte à midi ce vendredi. Cela montre bien qu' ils font fort attention à l'équilibre vie privée/ vie professionnelle. En même temps, avec 15 jours de congés l'année (10 légalement), c'est la moor assurée. Quant au travail, il n' a aucunement évalué mes performances. Il est vraiment bizarre. Si tu t'en tapes, moi aussi fieux!
Deuxième et dernier weekend de visite pour la famille. Afin de se ressourcer au maximum, nous avions réservé un hôtel près du Lac du Bonnet, région non explorée jusqu'alors, même par Christophe Colombe. 115km de route furent nécessaires pour arriver à destination. Sains et saufs, nous mettons pieds à terre à l'hôtel. Il ne faut pas nier l'incontestable: il est miteux, très miteux. Une odeur fétide, de renfermé, émane de la chambre. Ce n'est pas propre. Et à des années lumières d'être luxueux. Ceci étant dit, la chambre offrait une superbe vue sur le lac, depuis le balcon. Et cette golden view soignait tous les maux du monde. Quand tu te lèves entre chien et loup et on t'offre le loisir d'observer le lever de soleil, illuminant le lac de part en part...Tu ne peux qu'apprécier.
Pour plus de facilité, nous prenions des plats à emporter au bar/restaurant de l'hôtel. Nourriture pas très élaborée mais peu coûteuse et qui se laisse manger. Le bar proposait également des cocktails à seulement 4 dollars. Nous les avons évidemment testés. Au final, ce fut un weekend très réussi et l'endroit, peu touristique, valait le détour. La petite plage du lac avait son charme. J'y retournerai!
Au retour vers Winnipeg, dimanche midi, nous faisons une dernière étape à Pinawa. Mais pas d'animaux en vue! Nous nous promenons également sur le sentier transcanadien et prenons quelques clichés sur le pont suspendu. En soirée, nous choisissons de souper, à nouveau, au Santa Lucia. Il nous avait bien plu la première fois!
Nous sommes lundi 21 août. C'est avec une pointe de nostalgie que je me rends au travail. La famille n'est plus là et les visites sont terminées pour cette année. Je suis également débordé au travail. Ruffa, quittant l'équipe, me refile toutes ses tâches. Mais je ne me tracasse pas trop...
Cette semaine, je cherchais également, en désespoir, une nouvelle maison. J'en visitais quatre ce lundi. Les 2 premières étaient horribles. A la limite de l'insalubrité. Dans le porche d'une de celles-ci, il y avait une odeur piquante de cannabis. Et les co-habitants étaient tous des repris de justice et aussi peu propres sur eux que des sans-abri. J'ai finalement jeté mon dévolu sur la quatrième , même si la propriétaire, de mon âge environ, semble avoir quelques problèmes. Elle n'avait pas accepté ma visite dans un premier temps car je cherchais une location à court terme/mensuelle. Mais elle m'a ensuite re-contacté, le lundi soir, pour demander si j'étais toujours en quête d'une chambre. Et elle voulait absolument que je vienne visiter les lieux le jour-même. Le lendemain, c'était trop tard. Donc, je m'y suis rendu à 21h et la maison était de loin la mieux des quatre. Je lui ai donc manifesté mon intérêt et je pensais être d'office choisi vu son empressement. Mais non! Le jour d'après, elle m'annonce qu' elle a d'autres visites et qu' elle me donnera un feedback mercredi. Elle a vraiment joué avec mes pieds...Mais je suis finalement le candidat "sélectionné" et j'emménagerai ce samedi 1er septembre. Espérons que les relations seront positives entre les différents colocataires!
Ce weekend du 25-26 août fut un peu morose, à l'image de la semaine. Peu d'activités étaient au programme. Eder est quant à lui parti en vacances à Calgary jusqu'au prochain week-end. Le chançard! Cette ville sera peut-être ma prochaine destination au Canada...qui sait?