Par MinJo
Située au carrefour des grandes voies antiques reliant l'Orient et l'Occident, l'Albanie a hérité d'un très riche passé historique et offre des paysages variés, entre mer et montagnes.
Septembre 2018
8 jours
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L'Albanie a hérité d'un très riche passé historique car elle est située au carrefour des grandes voies antiques reliant l'Orient et l'Occident. Elle a toujours été concernée par les grands événements historiques et culturels qui se sont déroulés en Europe centrale et dans le bassin méditerranéen.

Née et reconnue officiellement en tant qu'État indépendant au XXe siècle seulement, l'Albanie est pourtant une nation ancienne qui a une langue et une culture propre et plus de 2000 ans d'histoire.

Dès l’atterrissage, on se dit que nos mentalités occidentales conditionnées à grands coups de normes et de mesures de prévention, vont être mises à mal. En effet, dans quel autre aéroport a-t-on déjà vu des balles de foin sur les espaces verts entre les pistes, ainsi que des tracteurs garés çà et là ?!

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Première étape dans la ville de Shkodër, l'une des plus anciennes villes d'Albanie, située au nord-ouest du pays, en bordure du lac Skadar, le plus grand lac des Balkans et qui constitue une frontière naturelle entre l’Albanie et le Monténégro.

Bien que la première impression soit peu engageante quand on arrive des faubourgs, le centre-ville est relativement animé. Son architecture assez récente s'explique par le fait que Shkodër fut en partie détruite lors d'un tremblement de terre en 1979.

Plus grande ville catholique d'Albanie (environ 50 % de la population), Shkodër compte aussi la communauté musulmane (sunnite) la plus pratiquante du pays.

La folie destructrice antireligieuse d'Enver Hoxha et le tremblement de terre de 1979 n'ont ici épargné que de rares édifices dont la cathédrale Saint-Etienne et la mosquée de Plomb, qui avec ses 18 coupoles serait l’une des plus belles du pays. Elle était jadis située dans le quartier du vieux bazar de Shkodër, mais les séismes du début du XIXe siècle modifièrent le cours du Drin, qui inonde désormais régulièrement le site. Elle semble aujourd’hui presque perdue dans la campagne en périphérie de la ville. Achevée en 1774, elle reflète étroitement l'architecture ottomane classique d'Istanbul, à la différence des autres mosquées du pays qui présentent plutôt une architecture arabe.

La Cathédrale Saint-Etienne & la Mosquée de Plomb 

Construite entre 1858 et 1867, la cathédrale Saint-Etienne est l'une des fiertés de la communauté catholique albanaise. Transformée en centre sportif sous le communisme, c'est ici que fut organisée la première messe catholique en Albanie, le 11 novembre 1990, après 23 ans d’athéisme d’Etat. Le pape Jean-Paul II y célébra une messe lors de sa visite en Albanie le 25 avril 1993.

Dominant la ville, la Citadelle de Rozafa offre un panorama extraordinaire même lors d’une fin d’après-midi nuageuse et venteuse, bien que le contre-jour n’aide pas à apprécier toute l’étendue du lac Skadar. C'est l'une des forteresses les mieux préservées du pays.

 Citadelle de Rozafa
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Eglise à proximité de Shkodër 

Peu après le départ de Shkodër, la route devient étroite, sinueuse, truffée d’ornières (certaines portions ne sont même pas goudronnées) et impose donc de rouler au pas. Il faudra près de 3h pour parcourir les quelques 50km qui nous séparent du lac de Koman.

Ce lac artificiel, formé suite à la construction d'un barrage dans les années 1970, prend des allures de fjord au fur et à mesure que l'on s'approche de Fierza. Durant près de 2h30, le ferry traverse des paysages de falaises abruptes, de pentes boisées ponctuées de fermes isolées. Si le soleil est au rendez-vous, le vent aussi ! Certaines rafales nous clouent littéralement sur place, mais ne gâchent en rien le spectacle qui s’offre à nous.

A la descente du ferry, direction la vallée de la Valbona, l’une des deux vallées des Alpes albanaises. Une route de 26km suit les méandres de la rivière Valbona, réservant quelques belles vues sur la rivière et les montagnes environnantes. Un petit air de ressemblance avec le canyon de la Tara au Monténégro, dont la frontière n’est qu’à une dizaine de kilomètres de là.

Petite ville récente et sans grand charme, Bajram Curri offre peu d'intérêt hormis le fait d’être la dernière halte avant la vallée de Valbona.

 Bajram Curri 
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En quelque sorte, le « Corte » albanais…

Outre leurs citadelles posées sur des éperons rocheux, il existe bien d’autres similitudes entre les deux villes : bastion de la résistance, ancienne capitale, association avec un personnage emblématique de l’histoire locale ou nationale… Sur l’Ile de Beauté, Pascal Paoli fit de Corte la capitale de la Corse Indépendante dans la seconde partie du XVIIIe siècle, avant que la ville ne devienne le siège d’un réseau de résistance locale durant la Deuxième Guerre Mondiale. Lorsque Skanderbeg désigne Kruja comme la capitale de son royaume au milieu du XVe siècle, la ville constituera un point clé du front qui oppose l'empire ottoman aux nations européennes pendant près de 25 ans. Elle ne tombera aux mains des Turcs qu’après la mort de Skanderbeg. Avant cela, la ville a déjà été à la tête d’un état autonome illyrien à la fin du XIIe siècle. Bien plus tard, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Kruja s'illustre encore en devenant l'un des foyers de résistance contre l'occupation fasciste.

La statue équestre du héros national Skanderbeg veille toujours aux abords de la vieille ville.

Depuis l’hôtel Panorama, on remonte une longue ruelle aux pavés grossiers et polis bordée de petites échoppes en bois en direction de la citadelle. Ces dernières, occupées par des vendeurs de souvenirs et des petits ateliers de tisserands, ont été restaurées avec soin au moment de la réhabilitation du bazar dans les années 1960.

Datant du Ve siècle et reconstruite au XIIIe siècle et plus tard par les Ottomans, la citadelle de Kruja est encore habitée. Le site accueille le musée ethnographique et le musée Skanderbeg.

Citadelle de Kruja 

Le musée ethnographique, aménagé dans une maison ottomane, donne un aperçu de la façon dont vivait une famille albanaise aux XVIIIe et XIXe s. Construite en 1764, cette maison appartenait à la famille Toptani, l'une des plus riches du pays.

Musée Ethnographique  

La ville moderne de Fushë-Kruja, que l’on traverse avant de partir à l’assaut des rues pentues et sinueuses menant à la citadelle, ne présente que peu d’intérêt. On peut néanmoins noter la présence d’une statue de George W. Bush, érigée en 2017 pour marquer le 10e anniversaire de sa visite. Il s’agissait de la première visite d’un Président Américain en Albanie. Celui qui est maintenant citoyen d’honneur de la ville, était venu pour apporter son soutien à l’indépendance du Kosovo, peuplé majoritairement d’albanais.

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Apollonia est actuellement le plus grand parc archéologique du pays. Abandonnée au IVe siècle et sans urbanisation ultérieure, cette cité antique est dans un état de conservation remarquable.

Au cours de la visite, on peut notamment admirer un petit théâtre (l'Odéon), la belle façade du Bouleutérion (monument où se réunissait le conseil), le portique aux 17 niches (une promenade couverte) ou encore les ruines d’un magasin et d’une citerne.

Toujours sur le site, on trouve également l’église byzantine de la Vierge Theotokos (XIIe siècle). A l’intérieur, on peut découvrir une remarquable iconostase gravée. De rares fresques ont survécu, notamment dans l'ancien réfectoire situé en face de l'entrée de l'église.

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C’est un exemple rare de ville ottomane bien préservée, charmante avec ses ruelles pavées de différents motifs aux couleurs noir, blanc et rose, ainsi que ses maisons biscornues inspirées des « kule turcs », sortes de petites forteresses composées généralement d’un rez-de-chaussée surélevé, d’un premier étage utilisé à la saison froide et d’un deuxième étage servant pour la saison chaude.

Le régime communiste de l’après-guerre développa la ville au plan industriel et commercial. Elle fut élevée par le régime au rang de « ville-musée » en relation avec son état de conservation, mais aussi parce qu’elle est la ville natale de Enver Hoxha, premier secrétaire du Parti du travail d'Albanie, qui y naquit en 1908. Sa maison natale, transformée en musée, devint alors un des principaux centres du culte de la personnalité du dictateur.

Visite de la Maison Skëndulaj, maison traditionnelle construite à la fin du XVIIe siècle, qui arbore un toit en lauze emblématique de l’architecture de la ville.

Depuis 2005, la vieille ville fait partie des "Centres historiques de Berat et de Gjirokaster" classés au Patrimoine de l'humanité par l’UNESCO.

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Entre Gjirokastër & Saranda 

Centre économique, administratif et culturel de la région, Saranda constitue une halte pratique sur le chemin des sites UNESCO de Corfou, Butrint et de Gjirokastra. La baie est belle, mais elle a été complètement bétonnée depuis la chute du régime communiste.

Station balnéaire très populaire, elle est victime de la spéculation immobilière et de l’absence de plan d’urbanisation. De nombreux blocs de béton sans aucune âme se sont multipliés sur le littoral. Destinés à la location saisonnière, ils sont vides la plupart du temps, se dégradent et dénaturent le paysage.

Saranda  
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Qualifié de "microcosme de l'histoire de la Méditerranée", l’UNESCO l’a classé au Patrimoine mondial dès la chute du régime communiste en 1992. Il s'agit de l’un des plus beaux sites archéologiques des Balkans.

Parmi les ruines les mieux « préservées », on peut citer la Tour Vénitienne, ainsi que celles du théâtre, de la basilique ou encore du baptistère. Certaines portions sont immergées, ce qui donne un certain charme à l’ensemble.

 Temple dédié à Asclépios & Thermes Romains
Canal de Vivari  

Fondée par les grecs, la cité devint une colonie romaine au Ier siècle av. J-C. C’est le moment où la cité était à son extension maximale et constituait une étape importante des routes commerciales vers Byzance. Elle fut abandonnée par sa population à la fin du Moyen Âge à cause de la présence de marécages voisins.

Baptistère & Grande Basilique  

Montée à la citadelle de Saranda pour des vues sur le littoral, la ville en contrebas et l’île de Corfou juste en face (à environ 14km de la côte albanaise).

Vue sur l'île grecque de Corfou  
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Corfou  

En partant de Saranda, on emprunte la route du littoral. La route sinueuse grimpe au sommet du col de Llogara qui culmine à 1000m d’altitude. Beau point de vue sur la mer et les montagnes dont certaines atteignent les 2000m.

Visite panoramique express de celle qui fut la première capitale de l'Albanie de 1912 à 1914 : passage sur la place du Drapeau et devant le Monument de l’Indépendance, avant un arrêt photo devant la mosquée Muradiye, érigée en 1542 sur ordre du sultan Soliman le Magnifique. Elle pourrait avoir été conçu par Sinan, qui est considéré comme le plus grand architecte ottoman.

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Surnommé "la ville aux mille fenêtres" par allusion aux façades de ses maisons ottomanes collées les unes aux autres, le centre historique de Berat, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2008, est absolument incontournable pour qui visite l'Albanie.

Maisons de Mangalem 

Avec ses trois belles mosquées, ses ruelles pavées sinueuses et ses maisons traditionnelles, le quartier de Mangalem constitue la partie la plus ottomane de la vieille ville, là où se concentrait autrefois la communauté musulmane. Quant à Gorica, l'autre quartier historique, son principal atout est le point de vue sur Mangalem. Durant la période ottomane, c’était le quartier chrétien. Les maisons, toutes aussi intéressantes qu’en face, sont ici plus espacées et entourées de vastes jardins fleuris.

Quartier de Gorica  

La route qui monte à la citadelle est étroite et accidentée. Derrière l’entrée monumentale, on découvre un enchevêtrement de ruelles pavées, plusieurs églises byzantines d’apparence sobre mais dont les fresques sont d’une valeur inestimable (même si certaines sont abîmées)... Depuis la tour sud, on bénéficie d’un formidable panorama sur la vallée de l'Osum et sur les toits des maisons de Gorica et de Mangalem.

Le musée Onufri est aménagé dans la Cathédrale de la Dormition-de-la-Vierge-Theotokos, une église byzantine du XIIIe siècle, remaniée en 1797 pour en faire une cathédrale. Désacralisée durant la période communiste, elle fut transformée en musée dans les dernières années de la dictature (1986). L'iconostase en bois finement sculptée et dorée à la feuille d'or est un des chefs-d’œuvre des artisans albanais du XIXe siècle (1806). Le lieu étant désacralisé, il est possible de pénétrer dans le béma, l'espace sacré situé derrière l'iconostase et d'habitude strictement réservé aux religieux.

 Cathédrale de la Dormition-de-la-Vierge-Theotokos 

Dans la partie musée, sont exposés des objets liturgiques ainsi qu’une collection d’icônes peintes par Onufri ou par des membres de son école. Beaucoup d’œuvres exposées sont anonymes. Belle découverte.

Presque inconnu en Europe occidentale, Onufri est considéré comme le premier grand peintre albanais. Il vécut au XVIe siècle et est surtout connu pour son école de peinture, l'école de Berat (ou école Onufri) qu'il fonda et qui perdura après sa mort. Comme son talent fut reconnu de son vivant, Onufri fut l'un des rares peintres d'art religieux à avoir pu signer ses œuvres, qu’on retrouve aussi bien en Albanie, en Grèce, qu'en République de Macédoine. Réputé pour son "rouge Onufri" (un rouge brillant), il innova en introduisant des couleurs inédites dans l'iconographie orthodoxe (comme le rose emprunté à la peinture italienne) et en donnant plus de personnalité et de réalisme à ses sujets ainsi qu'à ses décors, s'écartant en cela des canons de l'iconographie byzantine classique.

Après un tour dans les ruelles de la citadelle, petite pause photo sur le pont en face du quartier de Mangalem pour la photo emblématique de la ville.

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Route vers Elbasan et déjeuner dans un restaurant situé dans les murs de la Citadelle. Cadre magnifique mais c’est tout ce que nous verrons de la ville, en plus de sa périphérie, jonchée de friches industrielles et de puits de pétrole. Une odeur d’hydrocarbures flotte dans l’air et les sols, pollués, ne sont pas propices à l’agriculture.

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Arrivée à Tirana en milieu d’après-midi. Premier aperçu de la ville lors d’une visite panoramique qui nous emmène le long du boulevard des Martyrs de la Nation qui relie la place Nene Teresa à la place Skanderbeg, en passant devant des bâtiments abritant les institutions albanaises, quelques petits parcs dont le Mémorial de l’Isolement Communiste, la Pyramide…

Considérée comme le centre de la capitale, la place Skanderbeg est en grande partie une création de l'époque communiste. Les grands bâtiments de couleur rouille qui accueillent des institutions administratives, furent construits dans les années 1930 sous le règne du roi Zog.

Place Skanderbeg  

Visite du Musée National d’Histoire dont la façade se pare d’une immense mosaïque (11m de haut pour 40m de large) de style réalisme socialisme. Les collections reviennent sur toutes les périodes de l’histoire albanaise, ainsi que sur certaines dimensions culturelles : Antiquité, Moyen-Age, Renaissance nationale, Indépendance, art orthodoxe, folklore, lutte antifasciste, génocide communiste, Mère Teresa.

Musée National d’Histoire  

Passage devant la Mosquée Et’hem Bey (malheureusement en travaux), avant d’aller découvrir la Cathédrale Orthodoxe de la Résurrection-du-Christ.

Inaugurée en 2012, la Cathédrale orthodoxe de la Résurrection-du-Christ est la 3e plus grande cathédrale orthodoxe d’Europe… et sans aucun doute la plus tape-à-l’œil. De forme circulaire, elle est surmontée d’un immense dôme de 26m de diamètre. De style architectural indéterminé (la nuit, on se croirait à Las Vegas), elle ne cesse de provoquer la polémique du fait de son coût jugé excessif dans un des pays les plus pauvres d’Europe.

Cathédrale orthodoxe de la Résurrection-du-Christ 

Pour nos dernières heures dans la capitale albanaise, on remonte la Rruga ë Durësi jusqu’à la place Skanderbeg, avant de rejoindre le boulevard des Martyrs de la Nation. Au passage, visite de la Cathédrale Catholique Saint-Paul, bâtiment moderne qui ne brille pas par son architecture, mais où on a la surprise de découvrir des vitraux représentant Jean-Paul II, Mère Térésa (dont une statue trône dans la cour) ainsi que l’actuel Pape François.

Aussi récente soit cette cathédrale (construite de 1998 à 2001), deux papes y ont déjà célébré une messe : Jean-Paul II le 26 avril 1993 et le pape François le 21 septembre 2014.

Cathédrale Catholique Saint-Paul  

Un peu plus loin, nous verrons également une statue du Pape François devant la Pyramide à l’abandon.

Inauguré en 1988, ce devait être un musée dédié à Enver Hoxha. A la chute du régime, ce vaste bâtiment a été transformé en centre culturel et salle de conférence, puis en base logistique pour les ONG accueillant les réfugiés de la guerre du Kosovo (1999), avant de devenir une boîte de nuit. En 2010, les autorités ont décidé de détruire l'édifice avant de revenir sur leur décision devant l'opposition des historiens, pour qui il s'agit d'un important témoignage de la période communiste. Devenue un symbole de Tirana, la " Pyramide ", très délabrée, devrait faire l'objet d'une restauration dans les prochaines années.

La Pyramide 

Repéré la veille durant la visite panoramique, nous faisons un petit crochet par le Mémorial de l’Isolement Communiste. Conçu autour d'un ancien bunker marquant l'entrée du Bloc, ce mémorial a été inauguré en 2013. Outre l’un des nombreux bunkers albanais, il met en scène deux autres éléments représentant à la fois l'isolement de l'Albanie durant la période communiste, mais aussi celui de tous les anciens pays du bloc de l'est avec un pan du mur de Berlin offert par la capitale allemande, ainsi qu’un élément de soutien des galeries de la mine de Spaç, un camp de travail forcé où furent envoyés des milliers d'opposants politiques albanais.

Mémorial de l'Isolement Communiste  

Nous pénétrons ensuite dans le Blloku, l’ancien quartier réservé aux dirigeants de l’Etat, où nous verrons la maison d’Enver Hoxha.

Avec ses fast-food et restaurants internationaux, ses bars bruyants, ses boîtes de nuit bondées, c'est aujourd'hui un des lieux préférés des habitants de Tirana. Le Bloc, ou plutôt l'ex-bloc comme on l'appelle désormais, fut pendant 30 ans, réservé à l'élite politique du pays, complètement fermé aux habitants du reste de la ville et surveillé par la garde républicaine.

Maison d’Enver Hoxha 

Nous empruntons des rues moins fréquentées pour retourner vers l’hôtel. Dès que l’on s’éloigne des grands axes, le bruit de la circulation s’atténue et l’on se croirait dans n’importe quelle petite ville.

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Les bunkers qui ont poussé jadis comme des champignons sont transformés en grange ou en discothèque. Les blocs d'habitation de Tirana, cité qui s'occidentalise à vitesse grand V, se parent de mille et une couleurs. Et la jeunesse de la capitale s'amuse sans retenue dans l’ancien quartier fermé du Bloku. On peut également voir de nombreuses réalisations dites de style réalisme socialiste, à l’image de ces monuments en béton arborant une étoile rouge ou encore des statues monumentales.

Les bunkers font véritablement partie du paysage albanais. Estimés à plus de 700 000, ils sont disséminés un peu partout dans les campagnes et sur les bords des routes, principalement sur le littoral et aux frontières. Ces vestiges de l'époque communiste ont pour la plupart été construits dans les années 1970 et étaient destinés à protéger le pays d'une éventuelle invasion. Laissés à l'abandon, on en trouve aux abords voire dans les jardins de nombreuses habitations, certains d'entre eux ont été reconvertis pour le stockage de l'alimentation du bétail ou parfois même de restaurants et servent fréquemment de lieu de fête pour la jeunesse. De nos jours, ils constituent même une source de revenus non négligeable : une fois dynamité, on peut récupérer jusqu'à 200 € en vendant le fer et l'acier coulés dans le béton armé.

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Si les distances semblent courtes, les temps de parcours ne sont pas négligeables en raison du relief ainsi que de l’état des routes. Souvent étroites et sinueuses, elles sont parfois truffées d’ornières (lorsqu’elles sont goudronnées !). Les zones de travaux, fréquentes et jamais indiquées, s’étalent de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres et imposent de rouler au pas. Cela montre néanmoins la volonté d’améliorer le réseau routier en vue du développement du pays, notamment sur le plan touristique.

Autre point noir sur les routes, les conducteurs albanais ! Les règles de circulation semblent négligeables... Dépassements intempestifs, stationnement en double voire en triple file… ne parlons même pas des ronds-points ! D’une manière générale, qui klaxonne passe !

Pour la prévention routière, on repassera ! D’autant que de nombreux usagers se partagent la chaussée : voitures, camions, bus, mobylettes, vélos, remorques tirées par des ânes, animaux divers… De nombreuses vaches divaguent au bord des routes et dans la périphérie des villes. Elles ne sont toutefois pas aussi nombreuses que les chiens errants qui pullulent à la ville comme à la campagne.

Impossible de tomber en panne sèche, à moins de le faire exprès... On trouve des stations-services à la pelle, des plus modestes et défraichies, aux plus rutilantes.

L’Albanie est souvent désignée comme le pays des Mercedes. Rares avant les années 1990 (on parle d’environ 2000 voitures réservées au personnel d’Etat), la voiture personnelle est devenue l’objet de toutes les convoitises dès le rétablissement du droit de propriété individuelle et à l’heure actuelle, elle est toujours un marqueur de réussite sociale et professionnelle. Au final, si j’ai vu des modèles datant des années 1980 en circulation (notamment des taxis), je n’ai pas trouvé qu’ils étaient majoritaires sur les routes. J’ai plutôt été étonnée de constater la proportion de véhicules récents ou hauts de gamme (Mercedes, Audi, Skoda…) si l’on considère le niveau de vie moyen de la population. D’autant que proportionnellement à leurs revenus, le prix de l’essence semble relativement élevé (175 Leke /L, ce qui correspond à environ 1,39€/L pour un salaire moyen équivalent à 200-300€/mois).

De nombreux véhicules provenant de pays européens sont recyclés ici, à l'image de ce camion de pompier allemand dont personne n’a pris le temps de modifier le logo...