C'est le vague à l'âme que nous entamons cette dernière journée.
Nous espérions ce matin nous éveiller sous la neige et s'y rouler, se battre à coup de boules de neige, redevenir ce que nous avons toujours été : des gamins.
Que nenni ! Seuls les sommets ont été saupoudrés histoire de ne pas humilier Monsieur Météo des chaînes télévisuelles nationales.
Le train n'est annoncé au départ qu'en fin de journée aussi nous avons le temps de retourner sur les hauteurs de Lus-la-Croix-Haute.
Un degré dans le village pour attaquer la montée sur le Chaleyran. Cela n'empêchera pas le fauve qui sommeille en moi d'imprégner ses vêtements de phéromones sudatives.
La pluie de la nuit a rendu les pierres glissantes et je m'offre une demi-culbute en solitaire. Nous cotoyons le bord des falaises pour avoir des vues magnifiques sur les hauteurs de Lus-la-Croix-Haute, les nuages se déchirant parfois et laissant apparaître l'azur sur les sommets.
Nous redescendons dans le village vers midi pour faire quelques réserves fromagères sur le marché.
Nous décidons ensuite de continuer à marcher vers les hameaux au nord du bourg ainsi que parcourir les gorges de Vallauris.
Nous attaquons Mas Rebuffat puis grimpons au dessus des gorges pour atteindre les bergeries de Vallauris.
Après plusieurs repas lors desquels nous avons dégusté l'agneau du Dévoluy, les ravioles de Romans-sur-Isère, le paleron de veau du Champsaur accompagné de ses tourntons locaux, les aiguillettes de canard d'une ferme locale, nous avons oublié le goût de l'association pain-saucisson-tome. C'est réparé pour le déjeuner aux abords des bergeries sous un temps plutôt agréable.
Des bergeries nous redescendons vers le pont des Amayeres dans les gorges et via les terres rouges ou nous chercherons en vain les grottes de Vallauris.
Après le pont des Amayeres, nous remontons vers les Siezes et prenons la direction de Serre la Tour où nous aurons une vue sur le viaduc ferrovière qui commence à être enveloppé par la brume du crépuscule.
De là nous commençons à presser le pas car la luminosité a fortement déclinée. Nous passons la ferme de Grisail et longeons des bâtiments lugubres (un ancien hôtel centre nordique abandonné) ou s'engouffre le vent nous laissant imaginer des hurlements de loup-garous.
Nous rattrapons le cheminement le long de la nationale à la nuit tombée pour arriver à la gare déserte juste avant le déclenchement d'une averse glaciale.
Notre premier trajet de retour débute et 35 minutes plus tard nous sommes à Veynes-Dévoluy où l'aventure continue : ma couchette est occupée par une jeune fille qui s'est trompée de voiture. Impossible de négocier avec mon épouse qui refuse catégoriquement que je m'y installe ausi et m'expulse dans le couloir.
Me voilà devenu l'espace de quelques minutes un sans-abri. Ce serait sans compter sur la détermination de ma conjointe qui a réussi à nous obtenir une suite nuptiale en compensation du préjudice subi (plus modestement, nous avons droit à un compartiment pour deux). Nous allons pouvoir en profiter sans restriction sonore. Je sens qu'elle va pouvoir, à plein poumons, s'extérioriser (en un mot s'il vous plaît) et ... hurler du plaisir de pouvoir ... ronfler sans compter.
Plus sérieusement : Chapeau bas aux agents SNCF qui ont été réactifs et efficaces dans les minutes qui ont suivies. Seuls dans notre compartiment, nous avons été autorisé à lever les banquettes supérieures pour plus de confort.
Bonne nuit à tous pour la fin de ce périple