Carnet de voyage

Le Dévoluy Toussaint 2018

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Il est des habitudes qu'il ne faut pas changer, aussi, l'automne étant entamé, cette année encore la Toussaint est l'occasion d'une escapade alpine.
Du 20 au 28 octobre 2018
9 jours
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Publié le 18 octobre 2018

C'est en choisissant le massif du Devoluy que nous assurons notre dépaysement montagnard du break scolaire automnal. C'est la suite logique d'un ancien trek, réalisé en 2014, de la traversée du Vercors (voir http://www.riquart.fr/michel/vercors ) qui a guidé notre choix pour un séjour à la découverte du Dévoluy.

Plus connu pour ses activités sportives hivernales (Super-Dévoluy et La-Joue-Du-Loup) le massif est aussi ouvert aux pratiques de la randonnée estivale. Nous avons décidé d'en découvrir une partie en cette période de Toussaint 2018, accompagnés de nos fidèles sac à dos de 30 litres dans lesquels nous compresserons plus qu'à l'accoutumée car les propriétaires des commerces ont déserté la région pour ne n'y revenir qu'aux premiers grincements des remontées mécaniques.

C'est avec une petite appréhension que nous avons préparé ce circuit car nous serons en situation de haute montagne et des possibilités d'enneigement important ou de météo capricieuse sont à craindre.

Cette année encore Sa Coche nous accompagne (voir https://www.myatlas.com/Michel60/traversee-des-bauges-toussaint-2017) et nous sommes devenus les Pro des Notes pour nos capacités à la préparation du circuit (ce seront nos seules références pédagogiques cette fois-ci car nous avons vraiment besoin de déconnecter).

Nos habituels sacs de baroudage de 30 litres nous accompagnent, chargés à bloc car nous n'avons pas trouvé tous les logements convoités pour le trajet qui nous intéressait.

Du matos ! Du matos ! Du matos ! 

Il a fallu réitérer nos préparations culinaires utilisées lors des treks en autonomie en refabriquant des mets savoureux pour les petits déjeuners. Mélanges hyper-caloriques pour affronter les conditions montagnardes de Toussaint composés de flocons d'avoine, raisins secs, pruneaux, noix et produits à coques, bananes confites, pâte de coing maison (merci Sarah et Sylvie pour vos fruits) et miel de Tamaris qui seront mis à sécher au four pour les rendre croustillant et surtout favoriser leur conservation pendant plusieurs jours.

Utilisé lors de notre traversée du Vercors en 2014 ... Un vrai régal !

Une fois séché et légèrement doré du lait en poudre y sera incorporé et le tout sera réparti dans différents sachets (un pour chaque petit déjeuner). Il ne restera qu'à lui ajouter l'eau afin d'avoir notre ration calorique nous suffisant pour une partie de la journée.

Tout est bouclé ... Départ le 20 octobre à 20h55 de Paris Austerlitz via Paris Nord où les ennuis vont commencer ...

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Ça y est, nous partons. Départ de Pont-Sainte-Maxence 17h25 avec une petite angoisse concernant la fermeture de la Gare du Nord pour travaux de rénovation du poste d'aiguillage.

Faisons confiance aux cheminots encore quelques temps sous l'ancien statut pour nous guider dès notre arrivée - ils nous font bien confiance en nous offrant leur progéniture à former.

Chapô bas ! La SNCF a mis les moyens et un agent nous indique d'un doigt assuré le chiffre 5 jouxtant l'apocope de l'oeuvre de Fulgence Bienvenüe direction porte d'Italie.

Trente minute de métropolitain pour rejoindre la gare d'Austerlitz et patienter une heure trente pour le départ du train de nuit Paris-Briançon, l'une des deux dernières lignes ferrovière pour voyageur noctambule, dans lequel nous enfourchons les couchettes pour une nuit bercée par les cliquetis des bogies survolant les aiguillages.

Veynes-Dévoluy 6h25 (dire qu'il a fallu descendre si loin vers le sud pour goûter à des températures frôlant le point de givrage, situation actuellement inconnue dans le grand nord Picard depuis que l'automne s'est installé), réveil matinal dans une gare quasi-déserte où quelques rames esseulées attendent quelques voyageurs qui ne viendront pas.

A 7h39 nous attrapons notre correspondance pour Lus-la-Croix-Haute où nous descendons à 8h11 précise. La gare excentrée nous impose trente minutes de marche pour nous attabler à l'estaminet du bourg afin de déguster un petit-déjeuner conséquent qui nous préparerera à affronter les pentes que nous attendons impatiemment pour rejoindre La Jarjatte par des sentiers détournés. Petit-déjeuner terminé ... C'est parti

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Mauvaise manipulation (saleté de gros doigts sur le smartphone!), revoici donc avec le peu de mémoire qu'il me reste le contenu de l'étape. Un petit complémentà la fin.

Lus - La Jarjatte s'effectue en moins d'une heure pour un bon marcheur mais la brume qui s'accroche sur les sommets alentours nous tente, ne serait-ce que pour y rencontrer le loup à défaut du gorille.

Nous décidons de monter au hameau des Amayeres et tracer dans la gorge éponyme.

Ça y est la pente s'infléchir fortement et j'ai l'impression de ramper sur les tuiles de ma demeure pour la ramoner (la cheminée je précise).

C'est en la remontant que le point de rosée s'annule et la brume disparaît. Tant pis nous surporterons l'astre flamboyant qui nous rappellera qu'il est nécessaire de bien s'hydrater, ce que nous ferons en dénichant une source équipée.

Une petite erreur de parcours nous a amené sur la face sud de la pointe Feuillette.

Continuant notre montée, dans un strip-tease langoureux sa majesté Montagne se découvre peu à peu derrière le sommet sur lequel nous limiterons le temps passé à cause d'une bise ouragantesque.

Nous nous mettons à l'abri à une encablure de là pour quelques photographies. Le Grand Ferrand et son petit frère s'offrent à nous tout en contemplant en face d'eux la chaîne du Vercors d'où émerge timidement le Mont Aiguille reconnaissable à sont sommet aplati (désolé pour la qualité des panoramiques effectué avec le smartphone)

Nous reprenons le cheminement en crête sur la piste des balises du GR93 que nous perdons dans le brouillard. Il devient nécessaire de sortir la carte, la boussole et consulter altimètre régulièrement tout en essayant de naviguer à vue. Atteindre le col de la Croix nous prendra plus de temps que prévu en longeant les barres rocheuses.

C'est au terme de 8h45 de marche que nous atteignons La Jarjatte où nous faisons étape pour trois nuits.

Les puristes allègueront que le hameau de La Jarjatte ne fait pas parti du Devoluy mais est resté dans le giron du Vercors. Choix logique vu l'ouverture de sa vallée sur le Diois.

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Publié le 23 octobre 2018

Ce lundi nous avons décidé de profiter d'un repos bien mérité et de limiter l'effort pour éliminer l'acide lactique accumulé dans les muscles. Nous jouirons aussi du spectacle du soleil jouant à cache-cache derrière les sommets ou illuminant le fond de la vallée.

Nous quittons ces lieux enchanteurs vers 10h30 pour nous rendre à Lus-la-Croix-Haute fréquenter les buvettes et goûter un peu de cuisine locale.

C'est aux abords de la place principale que sont disposés les commerces tenant compagnie au peuplier de la liberté planté en 1848 pour célébrer la seconde république.


Nous quittons ces lieux à 14h00 et rentrons par le GR94, 1h00 sur notre topo* mais son trajet balisé, beaucoup plus intéressant maintenant, n'y correspond plus. Le nouveau trajet demande plus de 2h00 et se situe à une altitude non négligeable qu'il faudra vaincre avec nos estomacs réclamant leur sieste digestive.

L'ascension accomplie nous cheminons en sous-bois, sous les Chamoussets, le long de ce que l'on pourrait qualifier de vire, requérant régulièrement attention. La végétation laissant parfois entrevoir le pic de l'aigle et les sommets vers le Devoluy.

Peu de temps avant notre arrivée, nous traversons le Buëch qui peine à se faire entendre tellement son débit est faible.


* pour Guy : topo = apocope de topographie 😉

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Publié le 24 octobre 2018

Ça y est l'automne vient de s'installer et il était temps que la nature respecte le calendrier et concentre ses premières gelées sur le tapis de feuilles qui tapissent les chemins.

Notre objectif du jour consistait initialement à atteindre le permafrost de la combe obscure et taquiner du regard le pré des vachères.

C'est dès la première montée que je sens ma chaussure droite me faire signe : un vilain petit caillou a choisi de s'inviter dans ma chaussette pour s'offrir quelques pas de danse avec mes orteils. Grand bien leur fasse, je décide pour l'instant de l'ignorer.

Nous arrivons au permafrost où le glacier a depuis bien longtemps disparu. Son biotope est protégé par un arrêté préfectoral tenant compte de la spécificité d'une zone où le sol est perpétuellement gelé en profondeur car balayé constamment par un courant d'air froid. Nous grimpons dans les éboulis quelques mètres au dessus pour constater qu'effectivement, bien qu'exposées au soleil, les pierres restituent la fraîcheur souterraine.


C'est en poursuivant le long de la croupe de la tête des vachères que, dans un swing endiablé, ma petite pierre teuffeuse décide de changer de cavalier et se planter dans mon gros orteil. Je décide de mettre un terme à ces réjouissances et d'ordonner la fermeture de cette guinguette improvisée en expulsant la noceuse.

Notre cheminement continue en sous-bois sous des éclairages enchanteurs vers les alpages de Mougious. Nous poursuivons au ravin de la chaumette où nous déjeunerons notre classique pain-saucisson-fromage accompagné de quelques pommes glanées en chemin la veille.

Notre repas terminé nous poursuivons vers la combe du Fleyrard puis atteignons la cabane éponyme au prix d'une montée accompagnés d'un couple de randojeûnes, âgés tout de même, en stage parmi un groupe qui pratiquent le jeûne une semaine l'année. Ils nous ont avoué la difficulté d'assumer l'effort et nous ont quitté rapidement pour rejoindre leur véhicule, la conjointe étant sujette à des vertiges hypoglycémiques.

Un petit en-cas avalé nous suivrons la croupe traversant l'alpage pour rejoindre le chemin descendant du col de la Croix et nous ramenant à l'hébergement.

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Départ matinal pour un changement de massif. Nous allons quitter l'extrémité Est du parc national du Vercors pour enfin atteindre le Dévoluy. Des le nez dehors nous avons confirmation du bulletin météo ... brrrr ... Ça souffle !

Trente cinq minutes de route avant d'attaquer la montée au col de la Croix au soleil montant. À notre arrivée difficile de se tenir guindé avec ce vent à décoiffer les escargots.

Depuis que nous randonnons nous n'avons rencontré quasiment personne mais aujourd'hui, cest mercredi, le jour des enfants ... retraités. Un troupeau de trois sexagénaires ! Nous en profitons pour leur demander de nous photographier avant qu'ils ne s'échappent pour s'abriter.


Nous poursuivons la montée vers le col du Charnier. Le paysage devient de plus en plus minéral puis, contre toute attente, découvre une prairie, où la sécheresse a sévi, dans lequel le lac de Lauzon se love.

Nous décidons de faire une courte pause déjeuner dans ce cadre idyllique puis de repartir rapidement à l'assaut des 150 mètres de dénivelé nous séparant du col de Charnier [...]

[...] et nous laissant découvrir enfin le massif de Dévoluy, ses agneaux réputés, ses loups.

C'est alors que je sens se réveiller le garou qui sommeille en moi avec l'envie de sauter sur la brebis qui m'accompagne.

Malgré ses frêles jambes elle saute de barres rocheuses en barres rocheuses et dévale l'interminable pente qui nous mènera à Agnières-en-Dévoluy.

C'est alors que je sens se réveiller le garou qui sommeille en moi avec l'envie de sauter sur la brebis qui m'accompagne.

Malgré ses frêles jambes elle saute de barres rocheuses en barres rocheuses et dévale l'interminable pente qui nous mènera à Agnières-en-Dévoluy.

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Lors de la descente de la journée précédente, nous avons pu observer des cavités ouvertes dans la montagne.

Le Dévoluy est un vrai gruyère et il regorge de ces grottes dénommées ici Chourum (prononcer chourin), nous allons essayer de partir en exploration dans l'un d'eux.

Nous montons dans la brume que nous finissons par surmonter pour la laisser envelopper le hameau.


Pour pimenter notre périple nous effectuons un détour par les gorges du ruisseau des Adroits. Le premier tiers semble ne jamais recevoir la visite du soleil, l'atmosphère pesante est humide, l'odeur d'humus omniprésente, les pierres couvertes de mousse glissent et sont parfois gelées.

Le ruisseau est complètement à sec, le cheminement est mal-aisé, un séjour à l'école du cirque aurait été nécessaire pour maîtriser l'équilibre permettant la progression vers la partie éclairée.

Nous finissons par nous demander si ce canyon à déjà connu la présence d'homosapiens. Un cairn solitaire nous rassure à ce sujet et nous rappelle que nous sommes sur le bon chemin tant soit-il que nous ayons pu trouver un autre échappatoire entre ces parois inquiétantes.

Ces dernières se resserrent de plus en plus pour arriver à un ressaut à franchir à l'aide d'une corde sous le regard de la dame de pierre (à retrouver sur la quatrième photo ci-après)

À la sortie de la gorge dévale un pierrier que nous devons gravir pour atteindre le Chourum des Adroits.

La fatigue de ces derniers jours et la difficulté d'approche nous conduise à abandonner raisonnablement le projet.

Nous décidons tout de même de gravir le pierrier en direction du Grand Ferrand pour profiter de panoramas sur la vallée et les sommets alentours. Le hasard de notre élévation nous permettra de découvrir un Chourum ... de marmotte.

Nous déjeunerons tardivement au pied des falaises du Grand Ferrand avant de redescendre à vue en direction du col de Charnier.

La descende sera identique à celle effectuée la veille et nous prendrons un peu plus notre temps pour profiter des paysages et découvrir le Chourum de la cabane du Clôt.

Ce gouffre dont on peut observer du haut une bonne dizaine de mètres de profondeur, encore rempli de la neige accumulée les hivers précédents, est long de plus de six kilomètres.

Les conditions de lumière vesperale ne nous permettront pas de l'explorer aussi nous filons vers la vallée retrouver notre logement avant la tombée de la nuit, non sans un dernier regard sur le panorama sommital nous entourant.

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Publié le 27 octobre 2018

Ce vendredi nous avons décidé de découvrir depuis les hauteurs ce qui attire les touristes l'hiver dans le Dévoluy.

Au fil de la matinée le ciel se couvre et nous nous rappelons les conversations que nous avons eues avec les gens du pays : lorsque nous avons parlé dégradation et la neige qui doit arriver ce samedi, cela les a bien fait rire et ils nous ont fait part sur leurs doutes concernant les actualités télévisuelles sur la météo.

Le loup, lui, est une de leur grosse inquiétude et ils semblent vraiment le détester car ici il fait de gros dégâts dans les cheptels (probablement depuis qu'il ne s'attaque plus au chaperon rouge à bonnet vert et se contente de l'observer).

Nous arrivons à la station de sports d'hiver de la Joue du Loup et nous comprenons le mécontentement des fermiers d'avoir vu ces structures remplacer leurs pâturages. Le seul avantage qu'ils en tirent est d'avoir incité "les jeunes", qui travaillent à la station en saison pour compléter des revenus qui ne leur aurait pas suffit avec un travail agricole dans le massif, à rester au pays.

Nous poursuivons notre chemin vers le col du Tât au travers les prairies.

A 1500 mètre le sentier est coupé par une clôture éphémère où paît un troupeau de brebis défendu par un patou pas commode. Mauvais souvenir d'un trek pyrénéen où j'ai ressenti le coup de gueule de l'animal sur le mollet lors de la traversée d'un troupeau, nous préférons déclarer forfait et poursuivre plus loin ... bien plus loin.

Ce contretemps nous a fait perdre le fil du cheminement et avons du poursuivre dans une sapinière où le repérage commença à devenir problématique.

Nous decidâmes de défouler l'aiguille de notre boussole pour retrouver la bonne direction et rejoindre les paturages.

Des terriers égrainent la pente qui s'accentue. S'ils appartiennent aux marmottes, celles-ci sont discrètes et probablement déjà endormies à digérer la graisse accumulée pour cet hiver qui pourtant tarde à venir.

Par un détour ensoleillé nous prenons pieds sur la crête des Baumes

En parcourant le sentier, pas toujours rassurant car s'approchant parfois du vide à moins d'un mètre, notre regard est fasciné par l'étendue de la barrière ouest du Dévoluy qui s'étend du col de Festre, porte d'entrée sud du massif, au col des Faïsses, en parcourant du regard, du sud au nord, pour ne citer qu'eux, le col des aiguilles, le rocher rond, les petit et grand Ferrand, la tête de l'Aupet, La tête de l'Obiou et l'Obiou lui-même.

Et nous oublions bien vite la station de SuperDévoluy entre aperçue à la montée.

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Nous partons sans tarder d'Agnières-en-Dévoluy pour éviter les gros épisodes pluvieux et neigeux d'altitude prévus en fin de matinée. La météo des autochtones rencontrés la veille au bar n'est pas vraiment fiable mais nous devons reconnaître que ça n'est pas aussi critique que prévu dans le petit écran : il ne pleut que depuis ce matin et ce n'est pas le déluge. Aucune corde ne nous tombe dessus pour tenir compagnie à celle qui se blottit au fond de mon sac

Arrivés au col du Fresne nous rencontrons un jeune du pays qui nous assure que "ça devrait passer". Nous doutons. En période estivale, accompagnés de l'équipement de bivouac nécessaire, nous aurions tenté l'expérience, quitte à installer la tente en cas d'imprévu mais nous allons essayer d'être raisonnables. De toute façon nous n'aurions profité d'aucune vue intéressante, la purée de pois étant insistante. L'appareil photographique restera momentanément au sec au fond du sac où il pourra courtiser la corde.

Ce n'est pas sans une petite amertune que nous laisserons à leur solitude les Aiguilles et leur col chers à Jean Giono pour emprunter les 20 km de route descendant à Veynes-Dévoluy.

Pas de chance pour nos godillots pleins d'entrain : quelques minutes plus tard une automobiliste se sent l'âme d'une Thérèsa et insiste pour nous descendre en ville.

Nous aurons ainsi le temps de parcourir rapidement les ruelles, [...]

[...] prendre un café et attraper le train qui nous déposera à la gare de Lus-la-Croix-Haute où le wagon chasse-neige a vu ses roulements graissés et son soc affuté en prévision de sa prestation hivernale.

La pluie s'est intensifiée et nous décidons de nous réfugier au bar le plus proche, celui du camping la Condamine pour ... boire mais aussi nous restaurer et puis ... encore boire.

Nous traversons ensuite le camping en croisant un arbre nous tirant la révérence en approchant d'étranges Tatous locatifs.

Par le fond du camping nous cheminons vers les hameaux sous un léger crachin floconant les sommets alentours afin de retrouver notre dernier hébergement au centre de Lus-la-Croix-Haute.

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C'est le vague à l'âme que nous entamons cette dernière journée.

Nous espérions ce matin nous éveiller sous la neige et s'y rouler, se battre à coup de boules de neige, redevenir ce que nous avons toujours été : des gamins.

Que nenni ! Seuls les sommets ont été saupoudrés histoire de ne pas humilier Monsieur Météo des chaînes télévisuelles nationales.

Le train n'est annoncé au départ qu'en fin de journée aussi nous avons le temps de retourner sur les hauteurs de Lus-la-Croix-Haute.

Un degré dans le village pour attaquer la montée sur le Chaleyran. Cela n'empêchera pas le fauve qui sommeille en moi d'imprégner ses vêtements de phéromones sudatives.

La pluie de la nuit a rendu les pierres glissantes et je m'offre une demi-culbute en solitaire. Nous cotoyons le bord des falaises pour avoir des vues magnifiques sur les hauteurs de Lus-la-Croix-Haute, les nuages se déchirant parfois et laissant apparaître l'azur sur les sommets.

Nous redescendons dans le village vers midi pour faire quelques réserves fromagères sur le marché.

Nous décidons ensuite de continuer à marcher vers les hameaux au nord du bourg ainsi que parcourir les gorges de Vallauris.

Nous attaquons Mas Rebuffat puis grimpons au dessus des gorges pour atteindre les bergeries de Vallauris.

Après plusieurs repas lors desquels nous avons dégusté l'agneau du Dévoluy, les ravioles de Romans-sur-Isère, le paleron de veau du Champsaur accompagné de ses tourntons locaux, les aiguillettes de canard d'une ferme locale, nous avons oublié le goût de l'association pain-saucisson-tome. C'est réparé pour le déjeuner aux abords des bergeries sous un temps plutôt agréable.

Des bergeries nous redescendons vers le pont des Amayeres dans les gorges et via les terres rouges ou nous chercherons en vain les grottes de Vallauris.

Après le pont des Amayeres, nous remontons vers les Siezes et prenons la direction de Serre la Tour où nous aurons une vue sur le viaduc ferrovière qui commence à être enveloppé par la brume du crépuscule.

De là nous commençons à presser le pas car la luminosité a fortement déclinée. Nous passons la ferme de Grisail et longeons des bâtiments lugubres (un ancien hôtel centre nordique abandonné) ou s'engouffre le vent nous laissant imaginer des hurlements de loup-garous.

Nous rattrapons le cheminement le long de la nationale à la nuit tombée pour arriver à la gare déserte juste avant le déclenchement d'une averse glaciale.



Notre premier trajet de retour débute et 35 minutes plus tard nous sommes à Veynes-Dévoluy où l'aventure continue : ma couchette est occupée par une jeune fille qui s'est trompée de voiture. Impossible de négocier avec mon épouse qui refuse catégoriquement que je m'y installe ausi et m'expulse dans le couloir.

Me voilà devenu l'espace de quelques minutes un sans-abri. Ce serait sans compter sur la détermination de ma conjointe qui a réussi à nous obtenir une suite nuptiale en compensation du préjudice subi (plus modestement, nous avons droit à un compartiment pour deux). Nous allons pouvoir en profiter sans restriction sonore. Je sens qu'elle va pouvoir, à plein poumons, s'extérioriser (en un mot s'il vous plaît) et ... hurler du plaisir de pouvoir ... ronfler sans compter.

Plus sérieusement : Chapeau bas aux agents SNCF qui ont été réactifs et efficaces dans les minutes qui ont suivies. Seuls dans notre compartiment, nous avons été autorisé à lever les banquettes supérieures pour plus de confort.

Bonne nuit à tous pour la fin de ce périple