France / Islande / Svalbard et Jan Mayen

Déconfinement total

Mars 2020
8 semaines
Dernière étape postée il y a 1848 jours

Bientôt quinze journées à compter les heures agonisantes, quinze réveils à se demander si nous ne sommes pas confinés dans un mauvais rêve à épier un ennemi invisible espérant qu'il ne frappe pas à la porte. C'est parce que nous savons qu'il a frappé nos proches que nous essayons de respecter au mieux les mesures préconisées et nous ne saurions trop vous recommander de vous y conformer aussi.

Nous ne lambinerons pas plus sur le sujet, les journaux télévisés nous abreuvent suffisamment de sombres nouvelles.

Pour pallier la morosité qui risque de nous guetter nous avons décidé de remettre en cause la conjecture de protection chronologique d'Hawking et effectuer des sauts hasardeux dans notre passé de bourlingueurs que nous relaterons occasionnellement dans ce blog de voyages. Nous avons pour cela obtenu des instances spatio-temporelles une dérogation exceptionnelle

Nous nous sommes adressés au réseausentinelles, certes pas celui qui veille sanitairement sur nous ces temps-ci mais celles de l'air coordonnées par Jeff Tracy qui nous a fourni gracieusement un vaisseau confiné depuis quelques années dans un tiroir de la chambre d'amis.

Quelques coups de chiffon et un "polishage" amoureux dans notre pelouse suivi d'un affrètement raisonné et de quelques essais nocturnes, nous voilà bientôt prêts à débuter notre voyage anti-horaire. Encore quelques préparatifs pour un départ avant peu...

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C'est dès potron-minet que nous avons décidé de nous déconfiner discrètement dans notre galion des étoiles.

Une main sur les manettes, je me connecte psyoniquement à ma compagne et règle le chronoscaphe vingt-cinq années plus tôt.

En route Scott 

L'anamnèse révélera que mon revêtement capillaire était légèrement plus buissonnant à cette époque alors que la physionomie de celle qui m'escorte n'a guère changée (j'ai toujours aimé vendre du rêve)

Notre navigation nous emmène ainsi dans les Hautes-Alpes. Après un bref survol de Briançon, nous posons pieds à Vallouise et démarrons une mise en condition pendant laquelle nous rencontrons une petite mécananthrope qui ne nous lâchera pas les ribouis plusieurs fois ressemelés déjà.

Autour de Vallouise 

Après quelques nuits rafraîchissantes et différentes escapades dans les alentours, il est temps d'aérer les crampons fraîchement aiguisés et se diriger vers le pré de Madame Carle, endroit bucolique au pieds des seigneurs des Écrins, lieu de pèlerinage d'une armada de touristes plus ou moins bien équipés désirant s'approcher du glacier blanc. Pour certains, probablement de retour de la mer de glace, les tongs sont de rigueur. La petite mécananthrope, surveillée par un kobold , décide de nous tenir compagnie jusque la langue glacière observant au passage le glacier suspendu du Pelvoux.

Soirée au refuge du glacier blanc où, poussé par notre compagnon, prénommé Bernard., nous prenons notre première cotisation au CAF (Club Alpin Français) que nous renouvellerons annuellement depuis. La nuit fut escagassée par l'héliportage de grimpeurs égarés mais je finis par m'endormir sereinement, bercé par quelques rêves dont la décence m'impose de taire la contenance mais qui provoquèrent l'octroie auprès de ma voisine de dortoir d'un affectueux effleurement cotylédonaire avant que je ne m'aperçoive que ce n'était pas ma compagne et que je retire prestement ma pogne. Pas de réaction ! Aurais-raté une quelconque fantaisie libertine ? Pas question de laisser place à la 'gaule driole' car au petit matin le chemin sera (plus) dur et j'aurai besoin de toutes mes forces pour avaler la dénivelée et me diriger vers la convoitée barre des Écrins culminant à 4101 mètres.

La barre des Écrins et son Dôme

Le gardien réveille la chambrée à 4h00 mais le vent glacial nous pousse à traîner - le loquace kobold ne se fait pas prier, ce que nous regretterons plus tard. Lorsque nous quittons le refuge, Phebus commence à se deviner derrière la montagne des Agneaux et c'est quand nous atteignons le refuge Caron (ou refuge des Écrins) que nous réalisons qu'il est déjà trop tard pour monter jusqu'à la barre, même constat pour le Dôme.

Nous décidons de nous rabattre sur le pic de Neige Cordier au pied duquel nous stationnons. L'ascension est rude mais nous découvrons au sommet un panorama qui reste gravé depuis toutes ces années dans ma mémoire : la Meige, les Bans, la barre des Ecrins, Ailefroide ... , une multitude de sommets mythiques des habitués du parc national comme le sont Sylvie et Philippe que nous saluons amicalement depuis notre promontoire.

Il est temps de redescendre avant que la glacier ne devienne difficilement praticable à cause d'un isotherme zéro degré élevé depuis plusieurs semaines - le réchauffement climatique est ici aussi décelable.

Notre moyen de transport nous attend, ses propulseurs piaffant d'impatience pour vous faire découvrir d'autre lieux.

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Publié le 2 avril 2020

Nous avions prévu ce matin de changer de vaisseau pour nous entraîner au pilotage d'un Hypérion.

Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir une gallinoïde sur l'aire de lancement prête à en prendre possession afin de le gastronomiser. C'était sans compter sur le courage de ma compagne qui l'a mise en fuite afin que nous puissions nous lancer sans tarder.

Après avoir ingurgité une onction extraite d'une fiole que nous a offerte un ami chapelier, nous nous installons aux commandes de ce nouveau chronoscaphe dont nous réglons préalablement la date d'arrivée sur août 2009.

Notre appontage se fera à l'entrée de la vallée de la Carança où nous discernons le cliquetis de ce nous imaginions être l'arrivée d'un Snowpiercer Sud-Coréen mais qui n'était en fait que le Canari, croquignolet surnom du train jaune traversant la Cerdagne.

Nous entamons l'entrée dans la vallée.

C'est une ribambelle de passerelles sur lesquelles Christine suit discrètement Ellen Ripley accompagnée du Docteur Who qui nous guident vers une succession de vires qui s'achèveront par une pause dans une bucolique percerette. Pourvu que nous n'y rencontrions pas le 8ieme passager.

S'en suit un rapide retour à notre astronef avec lequel nous survolerons le Port d'Envalira - les habitués aux achats de breuvage enivrants, de fragrances luxueuse et de cibiches détaxés reconnaîtrons ce lieu de pèlerinage Andorran - d'où l'Hélipode implanté au sommet nous guidera à Bourg-d'Oeuil, petite station de ski à quelques encablure de Bagnières de Luchon, qui nous servira de point de départ afin de découvrir les sinistres Cromlech du Port de Pierrefite, vestiges probablement délaissés par des chrononautes en provenance d'Oxo (lieu de villégiature réputé pour sa succulente soupe aux choux), et surveillés par le Pic de Né où je me suis permis une pause topless.

Cette étape sera aussi de courte durée et nous filerons illico rejoindre le lac de Nère pour lequel nous décidons de fixer l'origine de notre cheminement au lac d'Estaing afin de parcourir le vallon fleuri du lac de Plaa de Prat (pas d’erreur, il y a bien deux a à Plaa) sous la bienveillance d'une lune gibbeuse imposante.

Nous poursuivons un peu plus haut vers le Lac Long où nous rencontrons deux personnages étranges enfermés dans leur cadre spatio-temporel et cherchant leur chemin. Nous comprenons qu'ils se sont perdus en suivant les voies d'Anubis depuis Vogon et attendent un vaisseau de secours situé à 25 parsecs de la Terre. Un rapide calcul issu d'un récent exercice de continuité pédagogique vous permettra de situer le positionnement de leur engin. Je vous détaille l'énoncé ici :

Sachant que 1 UA (Unité Astronomique) est égale à la distance Terre-Soleil et que 1 parsec = (648 000/π) UA, calculer la distance de 25 parces en AL (Année Lumière). Le lien suivant pourra vous être utile : https://fr.wikipedia.org/wiki/Parsec


Pensez à déposer votre réponse dans l'application Casier de l'Environnement Nebulleux de Télétransportation (E.N.T.)

Brrrrrrr ! 

Las de tergiverser avec ces inconnus au physique ingrat et aux intentions libidineuses, nous les aspostasions rapidement afin de rejoindre notre prochain départ et gravir le Pic de Bastan d'où nous aurons une vue splendide sur le Pic de Néouvielle - que nous gravirons quelques années plus tard.

Un rapide coup d'oeil à notre Cronoswift nous fait prendre conscience qu'il est temps de redescendre pour une dernière étape montagnarde nous menant au Lac Bleu après le franchissement du col d'Aoubé où nous croiserons un berger se bigornant avec quelques brebis Benetton.

Cette partie du voyage touche à sa fin et nous nous octroyons une pause balnéaire à Biarritz où nous éviterons de nous engouffrer dilapider notre cryptomonnaie dans le casino régulièrement agressé par l'océan. Nous sommes le 15 août et nous profitons du célèbre feu d'artifice sur la plage.

Minuit approche, il est temps de rentrer si nous ne voulons pas que notre vaisseau se métamorphose en citrouille.

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Publié le 4 avril 2020

Notre nuit fut agitée d'ébats psioniques et ma compagne a eu le réveil difficile. La coiffure hirsute, c'est avec l'accortise qui la caractérise qu'elle décide de s'occuper des préparatifs et charge avec précaution l'aquaberzingue dans son container. Pendant ce temps je règle le chronoscaphe seize ans plus tôt.

Oulala, tu as fais quoi cette nuit toi ? 

Le décollage s'effectue sans encombre et c'est lorsque nous atteignons notre vitesse de croisière supraluminique à l'approche de Saint-Malo qu'un Vonnegut fraîchement débarqué par les conspirationnistes de Tralfamadore et posté en embuscade sur une falaise décide de nous désigner comme papegai, supputant que nous ne respections pas le confinement. D'un tir ionisant il paralyse le fonctionnement de notre réacteur arc plan à tribord.

Le propulseur touché laisse fuiter une grande quantité de Pronoterium. Afin de d'alléger l'engin, nous décidons que larguer momentanément le caisson et son précieux chargement au large et nous dirigeons au spatioport du barrage de la Rance pour une réparation de fortune.

De retour sur la côte nous accostons un équipe de dépanneurs du Cycle d'Ender en plein entraînement afin de leur implorer d'afflanquer (et non efflanquer) notre cargaison et la remonter sur la falaise afin de la recharger.

Pendant que nous affrétions notre caisson un appel du gouvernement d'Aarklash nous enjoint à contrôler les travaux en cours au château de la Roche Goyon, plus connu sous le nom de Fort la Latte.

Je paramètre le cap vers cette destination et décide une pose au Cap Fréhel pour vérifier le fonctionnement du gyroscope gravitationnel qui présente des signes de fatigue. Nous y retrouvons la petite mécananthrope métamorphosé de quelques années qui insiste pour une pose accompagnée d'un déduisant représentant de l’espèce humaine. Flatté par temps de discernement je n'ai pu lui refuser - j'avoue avoir eu la chance qu'aucun autre humanoïde ne divague dans les parages.

Nous décidons de poursuivre notre voyage intemporel en direction de Pleumeur-Bodou en suivant la côte bretonne délicatement subulée et ô combien fractale. Quelle ne fut pas notre surprise d'apercevoir notre acrimonieux Vonnegut carapatant dans les rochers. Nous décidons de nous l'approprier, il tiendra compagnie à la douce mécananthrope qui ne cesse de jaspiner au fond de la cale, en prenant soin auparavant de le raisonner par une déambulation côtière, usant de mon talent de pédagogue spécialisé dans la continuité.

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Notre transhumance vers Pleumeur-Bodou se déroulera sans encombre. Sitôt débarqué le Vonnegut pose fièrement devant le radôme, débagoulant l'histoire de la prouesse technologique nichant à l'intérieur: l'antenne ayant permis la première liaison télévisuelle avec les Etats-Unis le onze juillet 1962, le musée des télécoms, une reproduction de la fusée Ariane et une copie miniature la station Mir qu'il promet de pulvériser dans l'atmosphère terrestre en 2001.

Après une visite rapide nous reprenons notre trajet effectuant une courte pause au menhir d'Uzes où la mécananthrope a tenu se faire clicher en compagnie de ma compagne dans une pose saphique.

Depuis Trégastel, nous embarquons pour une excursion sur-aquatique vers la réserve ornithologique des sept-iles, déçus d'apprendre lors de l'appareillage qu'elles ne sont que cinq (erreur de traduction du breton). Le teuf-teuf de ce caboteur, consommant une quantité d'énergie fossile aberrante alors qu'une petite modification aurait suffit pour le ragaillardir en carburant uniquement à la soupe au plomik savamment mijotée sur Vulcain. La beauté des paysages parcourus réussi à en atténuer le désenchantement du cheminement marin.

Le retour toujours brinbalant nous permet d'admirer la version côtière de la côte de granit rose ou apparaissent de sardanapalesques rochers laissant divaguer, pour une fois, notre imagination afin d'y deviner tortue, bouteille enivrante , gardiens de pierres quand le Vonnegut se mis à hurler "Jak ! Jak ! Jak !" en pointant d'un doigt trémulant une proéminence rocheuse , allez savoir pourquoi ?

De retour sur la terre ferme nous apercevons sur un parking un vaisseau antique comme celui que nous possédions dans un temps maintenant révolu : un Caravanobi tracté par un zafiroïd à propulsion thermique.

Nous décidons de nous propulser plantigradement sous un vilain crachin pour découvrir un lieu magique dénommé "la roche aux fées", une allée couverte de dolmens abritant probablement la sépulture de quelques alphacentaurien venus dispenser une parole didactique d'une époque lointaine où l'éducation s'effectuait encore en présentiel.

C'est au soleil couchant que nous rejoignons le parking pour déguster pupillement l'astre flamboyant se lovant sur la mer avant de s'y noyer et nous laisser nous ébaubir devant le spectacle multi-millénaire des poussières dont nous sommes issus

Il est temps de rentrer pour préparer le prochain voyage

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Publié le 5 avril 2020

L'hypernavigation n'est pas toujours de tout repos !

Comme chacun a pu le remarquer le site MyAtlas a quelques soucis dans l'affichage des images qui se sont probablement dé-confinées en toute autonomie, ne respectant pas la durée maximale de sortie.

LE PROBLÈME EST RÉGLÉ . MERCI A L'EQUIPE DE MYATLAS

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Nous profitons d'un week-end de repos pour entretenir notre exploitation potagère. Notre attestation de déplacement dérogatoire complétée, nous disposons d'une heure pour effectuer la plantation décidée, j'ai nommés les truches. Le temps imparti s'avérant trop court, Scott et Alan Tracy viennent nous porter assistance et la tâche sera compendieusement achevée nous permettant un départ rapide.

Le chronoscaphe réglé sur juillet 2015 pour une virée au Svalbard, archipel arctique ancré entre la mer de Barents et la mer du Groenland à la limite de l'océan arctique, nous décollons sans tarder.

Pendant le ravitaillement au spatioport d'Oslo en hydro-oxonium, issu de la solvatation de Solanum tuberosum savamment élaborée clandestinement par le Professeur Caupet, nous rendons une petite visite à une corpulente amie poissonnière reconvertie dans l'accueil en hostellerie de luxe pour disgracieuses voyageuses..

Après cet intermède nous filons plein nord et, nous survolons longuement Longyearbyen, ville de l’île du Spitzberg dans l'archipel du Svalbard, territoire norvégien, où il est admis que la population d'ours blancs est supérieure à celle des humain.

Longyearbyen est l'une des trois bourgades de l'archipel où vivent environ 2000 habitants qui composent 80% de la population. A 40 kilomètres se trouve Barentsburg, une petite ville où habitent en autarcie 400 russes abandonnés par leur gouvernement et n'ayant plus les moyens financiers de rentrer sur le continent. Un troisième lieu de population plus au nord, Ny-Alesund, accueille sporadiquement une communauté de scientifiques. Il existe aussi quelques communautés anecdotiques (Sveagruv, IsfjordRadio ainsi que Pyramiden dont nous vous entretiendrons plus loin).

A Longyearbyen la vie est plutôt calme sauf aux horaires nocturnes (bien qu'à cette époque de l'année il fasse jour 24 heures sur 24) pendant lesquelles la bière coule à flot pour apporter l'oubli de la rudesse du travail des ouvriers dans les mines de charbon (consommé sur place), seule ressource de l'île avec le tourisme. Le seul acte criminel s'y étant déroulé fut l'attaque de la banque, seul endroit de la ville où les armes sont interdites, en décembre 2018 par un touriste. Le braquage le plus improbable et irréfléchi de Norvège ! La seule fuite possible à cette époque de l'année étant l'aéroport de la ville, son arrestation fut quasi-immédiate.

Ville calme - mine - entrée de la banque 

Comprenant, ami lecteur, que tu n'es pas là pour recevoir la continuité pédagogique d'un cours de géographie sur cette contrée polaire à la limite du 80ième parallèle convoité par tant d'explorateurs mais pour suivre une épopée, nous allons à grande foulée entamer la chronique de notre première sortie.

L'ours rôdant aux alentours et bien que les Gewehr 98 (Mauser pour les collectionneurs), abandonnés par les allemands en 1945, soient en location libre sur l'archipel, mon aversion pour les armes s'est montrée la plus forte. Nous nous sommes donc octroyé les services d'une charmante garde du corps locale prénommée Hjørdis pour programmer une randonnée sur le plateau de Longyearbyen afin de découvrir le frossen edens hage (jardin d'Eden glacé). Si certains d'entre-vous nous considèrent givrés, nous avons tout de même troqué la tenu d'Adam contre un ensemble vestimentaire plus adapté au climat ici-haut.

Notre première sortie sur les sommets de la ville nous permettra de croiser un Rangifer tarandus platyrhynchus, renne arctique du Svalbard pour les intimes, à la pilosité défaillante, se préparant pour un été de deux mois à engranger suffisamment d'énergie afin de survivre à une période noctambule pendant les six mois d'hiver.

Nous poursuivons notre mise en jambes en patinant sur les pentes verglacées raquettes aux pieds.

C'est au retour en ville que nous aurons la bonne fortune de croiser un lagopède (rare perdrix des neiges) ayant déjà revêtu sa tenue estivale.

Le lendemain matin, nous nous levons à l’aurore (chacun observera que le terme aurore succédant à la nuit est inconnu ici à cette période de l'année, on lui préférera dans ce cas l'expression "tôt sur la pendule") car nous sommes attendus à l'embarquement par Sören, baroudeur nautique, pour une navigation tranquille dans l'Isfjord afin de découvrir le glacier de Petunia Bay au pied duquel des scientifiques étudient l'avancée du monstre de glace vêlant ses séracs dans le Billefjord.

C'est glacialement réfrigérés que nous quittons à regret ce spectacle merveilleux pour rejoindre Pyramiden, ancienne ville russe d'extraction charbonnière.

La visite de la ville s'effectue sous la surveillance d'un pétrouquin armé, Alexander Romanovskiy coiffé de sa chapka à l'étoile rouge, seul citoyen présent et délégué à la protection et la visite de ces lieux dont on ne perçoit que la respiration silencieuse du vent tournaillant langoureusement entre les bâtiments. L'atmosphère est pesante. Toutes les installations sont intactes, comme abandonnées la veille par une évacuation précipitée de ses habitants suite à un cataclysme nucléaire.

Il est temps de quitter notre ami d'un autre temps.

Avant l'embarquement nous avons repéré une capsule de tork dans le bric-à-brac qui encombre le quai de débarquement. Nous la larronnons. Elle fera l'affaire pour remplacer l'angreal défaillant du tableau de bord de notre engin.

Le lendemain nous décidons de rester sur la terre ferme pour une randonnée sur le plateau de Platåberget où nous découvrons la Svalbard Satellite Station qui permet de suivre les satellites en orbite polaire essentiellement destinés à l'observation météorologique.

Nous poursuivons plus en avant et prenons de la hauteur sur les étendues glacées.

Arrivés à l'apogée de notre parcours nous rencontrons un groupe de marcheurs autochtones avec qui nous lions amitié. Par quelques pas de danse ma compagne les embabouine et ils finissent par nous proposer de partager leur repas vespéral et déguster la bière locale avant d'être accueillis par une couette douillette où nous passerons une nuit lénifiante.

Il y a tant à faire ici pour les personnes amoureuses de grandes étendues glacées que nous nous levons de bon matin et décidons d'user nos semelles dans une randonnée d'altitude au delà du Sukkertoppen,(Pain de Sucre en français) pour surplomber l'Isfjord.

Ingemund nous accompagne pour assurer notre sécurité car cette zone est réputée pour attirer attirer les ours polaires friands de la chair tendre des touristes continantaux. Hors de question d'en enlever un pour dorloter notre petite fille dans ses rêves nocturnes.

Nous serons toujours aux aguets pendant notre excursion.

Même si nous ne percevons pas la décroissance lumineuse, il se fait tard et la température commence à chuter accompagnée d'une couverture nuageuse s'épaississant vélocement. L'onglée a aussi décidé de nous chatouiller les doigts.

Nous réaliserons la descente sur la pente hyperboréenne du sommet atteint afin d'apercevoir la plus grande réserve mondiale de semences (non visitable) abritant près d'un million d'échantillons.

La fin de notre séjour approche et c'est flânant en ville que nous apprenons qu'une expédition de secours est organisée pour rapatrier deux kayakistes contus dans un camp de base au pied du glacier de Svea.

Nous nous précipitons au port où nous retrouvons Brynhild avec qui nous avions dîné deux jours auparavant. Engagée sur le Polarsyssel, navire de secours en mer, sous les ordres du Sysselmannen (gouverneur du Svalbard), elle nous propose de les accompagner, nous engageant à nous tenir à l’écart pour ne pas gêner les opérations.

Nous rentrons tard dans la soirée les montagnes alentours jouissant d'un éclairage flamboyant.

Notre périple touche sa fin et il est temps de rejoindre le tarmac pour y retrouver notre spationef qui piaffe d'impatience de nous renvoyer à notre réalité télétravailleuse, en espérant que vous avez pu nous accompagner par la pensée dans nos souvenirs intemporellement déconfinés.

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Publié le 12 avril 2020

Quelle surprise ce matin, nous sommes abasourdis par un charivari qui, à défaut d'être séculaire n'en est pas moins spectaculaire.

Nous nous précipitons extra-muros pour distinguer subrepticement notre engin s'éloigner dans la chaleur naissante de l'aube, une mystérieuse boîte alvéolée accrochée à son empennage.

Lors de son passage dans l'hypercorde deux gallinoïdes, nommées affectueusement par Adaline, une petite mécananthrope , l'une Eggy Pop et l'autre Gayette, que nous avions capturées lors d'une récente sortie ont commencé à s'émietter.

Notre sang ne fit qu'un tour et nous sprintons dans la salle de contrôle pour contacter Miss Tine et J-L afin de leur demander conseil. Leur réponse fut aussi brève qu'interminable :

"Ce n'est Pâ-ques nous ne connaissions pas la cause de cette interférence mais nous vous conseillons d'aller inspecter par vous-même les alentours afin de vérifier s'il ne subsisterait pas quelques sphères de Dyson."

De peur d'être contaminé par le rayon de Schwarzchild qui pourrait être émis par la recombinaison des quarks de nos gallinoïdes, ils s'équipèrent de masque FFP-X pour un confinement indéterminé.

Quelle ne fût pas notre surprise, en visitant la gloriette attenant à notre habitation, de découvrir une lapinoïde couvant quelques archégones encapsulés dans des conques ovoïdales saturées de carbonate de calcium pendant que Scott et Alan jouent à pile ou face la distribution d'oeufs cacaotés afin de déterminer lequel des deux s'en bâfrera sous les yeux médusés de deux concupiscentes cocottes ébouriffées se délectant à l'idée de les becqueter. (vous pouvez respirer !)

Les négociations terminées nous envoyons nos deux compères explorer les environs et les retrouvons bien embarrassés à s'essayer, l'un tirant, l'autre pointant, à un jeu de boules peu ordinaire.

C'est rassuré de diagnostiquer que tout est en ordre que nous rentrons nous détendre après tant d'émotions.

Joyeuses Pâques à tout ceux qui ont le courage de nous lire et milles excuses aux amis bien involontairement intégrés dans ce récit.

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Publié le 16 avril 2020

La continuité pédagogique fait une pause pour les congés scolaires de Pâques et je voulais profiter de quinze jours de désœuvrement pour lambiner dans mon intérieur. C'était sans compter sur ma compagne qui a persuadé les sentinelles de l'air de me kidnapper pour une sortie Pyrénéenne.

Le chronoscaphe réglé sur juillet 2017, nous débarquons à Aulus-les-Bains afin d'entreprendre notre première sortie à la Cascade d'Ars où je décide de poser présomptueusement avant que nous n'enchaînions la montée à l'étang d'Alet pour une grande boucle sous un ciel arrogant de plénitude ennuagée.

En ces temps de confinement le calfeutrement frontalier n'aura pas raison du temps à relativité dimensionnelle Inter-Spatiale. Nous reprenons notre voyage à géométrie variable et assolons en pays Andorran pour une visite du sanctuaire de Notre-Dame de Meritxell né d'un rosier au pied duquel est apparue une statue de la vierge à l'enfant au XII-ième siècle.

Après cette visite historiquement et architecturalement riche nous retournons titiller notre chauvinisme territorial pour côtoyer la gent de l'Indret, comprenez les habitant d'Eyne. Nous commençons par inspecter les alentours pour étancher notre soif de paysage en nous abreuvant d'une superbe vue sur la vallée de Font-Romeu, joyaux ensoleillé d’Occitanie.

Même si les lieux incitent au repos et à la vie joyeuse du mastroquet du village d'Eyne, nos extrémités distales se rappellent à nous et nous décidons d'enfiler nos sacs à dos gonflés par notre résidence toilée, nos paillasses douillettes et suffisamment de victuailles pour quelles jours de binôme solitude.

La montée depuis Llo, village réputé, été comme hiver, pour ses piscines sulfureuses de plein air, vers le col de Finestrelles est laborieuse et une visite reposante s'impose chez Simon dont ne subsistent que quelques ossements probablement délaissés par l'ours qui rode alentour. Il s'agit en fait d'un refuge où quelque voyageur harassé par la marche peut se reposer.

L'arrivée au col frontière ravivera en moi une frénésie mystique pour une pose hérétique avec ce qui n'était qu'un ancien panneau directionnel.

Une enluminure rocailleuse nous indique la direction de l'objectif que nous nous étions fixé : le sanctuaire de la Núria ancré au fond de la vallée éponyme dans laquelle s'ébouleront de zélés skieurs quand la saison hivernale arrivera. La vue sur la basilique enflera tout au long de la descente.

Nous arrivons tardivement au site vidé de tous ses pèlerins et il est temps d'installer notre bivouac pour une nuit rafraîchissante.

La température a flirté avec le plus petit entier positif ou nul et le réveil est vivifiant mais le rayonnement solaire nous caresse rapidement pendant qu'un flot de quidams déleste le traditionnel train à crémaillère provenant de Ribes de Freser et s'éparpille dans les lieux. Nous sommes en territoire espagnol ... sans autorisation dérogatoire.

Nous quittons sans regret cet endroit où la foule commence à s'amasser pour nous confiner dans une nature qui nous ressemble plus.

Direction le col de Nou Fonts où de nonchalants rapaces viendront nous chatouiller les sens avec de rares coups de pennes.

Bravant la crête nous rejoignons le col de Nuria et déboulons l'interminable descente dans la réserve naturelle de la vallée d'Eyne où les marmottes du syndicat d'initiative nous morgueront à chaque approche.

Direction Fontpédrouse où, après une journée de repos, nous reprenons notre périple en décidant de nous livrer à une perambulation ferroviaire jusque Mont-Louis, site majeur de Vauban et abritant le premier four solaire mondial à double concentration, à bord du "canari catalan".

Nous décidons de rejoindre notre point de départ par les chemins en longeant au plus près la voie ferrée afin d’admirer les ouvrages d'art permettant d'enjamber combes et précipices.

Le lendemain nous poussons plus à l'est pour nous cantonner au col de Mantet surplombant le village de même nom régulièrement isolé plusieurs semaines de l'année pendant les mois d'hiver.

Le temps radieux et les nombreux touristes profitant de la vue nous incitent à nous esbigner aussitôt pour accéder au pic de Tres Estelles où les symboles catalans m'encouragent à une pose semi-naturiste pendant que ma compagne vagabonde en solitaire pour aguicher le vide sous le regard affolé d'un petit reptile saurien prêt à se précipiter pour sauver la belle.

Au retour nous découvrons trois hurluberlus, Julien (arborant fièrement un dossard estampillé du nombre 2381), Fabrice et Cronus, installés à coté de notre campement et fêtant avec une joie discrètement alcoolisée à grandes rasades de boissons fermentées leur préparation au grand raid des Pyrénées qui se déroulera dans trois jours.

Au petit matin du jour suivant nous attaquons une grande boucle chatouillant la frontière espagnole en débutant par la montée au Roc Colom. Un passage obligé à la Mort de l'Escoula nous permet de découvrir deux Palimpsestes posés là par votre serviteur en souvenir de nos acolytes de la veille partis s'entraîner toutes jambes dehors sur les crêtes alentours.

Nous poursuivons en longeant les bornes frontière jusqu'au Portella de Mentet d'où nous descendrons sur l'accueillant village de Mantet en effectuant au passage une pose funéraire pour ensuite remonter à l'emplacement où nous passerons une dernière nuit auprès de ceux qui deviendrons vite de sympathiques labadens avec qui nous échangeons de temps à autres des souvenirs de treks mémorables.

Ce reposant périple touchant à sa fin il est temps de rejoindre notre astronef pour avaler les 900 kilomètres nous séparant de notre résidence principale en n'oubliant pas au passage d'effectuer notre quasi-annuelle obsécration au pied du viaduc de Garabit.

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La conjonction de nos multiples voyages avec un carburant de qualité médiocre issu de l'aldhésisation du protoxyde d'azote en phytoépuration, technique mise au point par l'équipe Ledoulebell de la BIT-Comp. (Beltegeusian Interspatial Teletransportation Company) a eu raison de notre système à propulsion de type warp drive.

Nous décidons de confier notre appareil à la MEI-Corp. (Mercurian Extraterrestrial Interspatial Corporation) dirigé par Martin Carreudont qui, après avoir abandonné l'intégration d'un dispositif de rétropulsion à énergie de Helmholtz (la température des lieux avec lesquels nous allons flirter n'étant pas constante), décide d'implanter un moteur à distorsion pour lequel nous devrons nous fournir en énergie adynamique de type Oxy-MOR dans une usine de transformation de Beta vulgaris.

"Ça tombe à pic" s'écrit ma compagne, nous avons un établissement de ce type près de chez nous et c'est dans la lumière des ténèbres que nous décidons de nous y ravitailler discrètement avant de nous faire surprendre par deux obscurs scialytiques.

C'est dans une interminable précipitation que je paramètre le chronoscaphe sur le mois de juillet 2016 et nous sommes instantanément télé-transportés en contrée viking : l'Islande.

Arrivés dans une bruyante discrétion nous décidons de changer de moyen de locomotion pour notre escapade.

Après avoir refusé une alléchante proposition d'un acrimonieux autochtone prêt à nous transbahuter dans son humble limousine, nous jetons notre dévolu sur un modeste véhicule tout-terrain pour un voyage décousu de sens géographique et intemporellement organisé ici pour de doux rêves confinés et le plaisir des yeux. par des scènes chaleureusement colorées.

L'Islande est si riche en paysages, faune, villes et culture que nous nous limiterons pour cette étape à une découverte rapide du volcanisme alimentant la cocote-minute sur laquelle sont assis ses habitants.

Notre premier arrêt sera Gesyr, l'incontournable lieu hyper-touristique où les geysers, dont le Strokkur ici photographié par votre serviteur, expulsent dans une erratique régularité des fleuves aqueux provenance des entrailles de la terre.

Le baptême terminé, nos vêtements embaumant le sulfure d'hydrogène, nous rendons une rapide visite au cratère de Kerið pour un cliché aérien avant une excursion au volcan sous-glaciaire de Snæfelljoküll.

L'odeur d'oeuf pourri s'étant dissipée de nos vêtements nous décidons de nous parfumer à nouveau de cette fragrance nasalement attachante en découvrant le site géothermique de Hverir et ses solfatares.

Les lieux sont balisés et le moindre écart peut se conclure par la dissolution de nos chaussures à cause de l'acide sulfurique remontant sous pression des chambres magmatiques situées à peine trois kilomètres sous nos pieds, désagrégeant au passage les minéraux et la terre pour lui donner ces couleurs chatoyantes.

Le danger est là. Et c'est sans ménagement que Christine sermonne un touriste tentant de la pousser alors qu'elle immortalisait les fumerolles. Elle lui subtilisera au passage ses gants en guise de châtiment.

Nous poursuivons notre voyage pour gravir le cône du volcan de Hverfjall d'où nous pourrons admirer de nombreux cratère des kilomètres à la ronde et apercevoir nos premières centrales géothermiques.

Après une nuit ponctuée des grondements mélodieux de la croûte terrestre nous effectuons un saut à la centrale hydroélectrique de Kárahnjúka, implantée en ces lieux pour alimenter la fonderie d'aluminium américaine de Fjardaál. A proximité se trouve l’impressionnante "gorge de l'avoine" (traduction de Hafrahvammagljúfur) où il ne ferait pas bon débarouler comme j'ai failli le faire.

Toutes ces émotions nous poussent à explorer un peu plus ce territoire détonnant et nous nous rendons au champ de lave noire de Krafla où il est possible de jouer les Haroun Tazieff en herbe, à condition de ne pas s'y perdre. Le coeur de la terre est omniprésent et il est possible d'y observer et écouter l'impétueuse activité souterraine.

Profitant de l'intense bouillonnement du sous-sol, une centrale géothermique formée d'inextricables tuyauteries enchevêtrées de passages routiers fut édifiée pour alimenter la région et je profite d'une douche de plein air pour m'imprégner à nouveau de l'empyreume afin d'en exhaler mon abondante tignasse.

Une brève incartade à Hvítserkur nous permettra de découvrir, abandonné sur une plage déserte, un troll de basalte pétrifié par les rayons du soleil alors qu'il était occupé à lancer des pierres sur le monastère de Þingeyrar. La légende est bien plus féerique que le grand boulversement qui a créé ce rocher doucement érodé par le temps.

Tels des toxicomanes en état de manque sulfurique nous décidons de musarder dans le site de Hveragerði où d'ardentes projections acides postillonnent nos vêtements. Le chemin nous emmène à la découverte d'un spot de baignade dans la rivière chaude issue d'une abondante source vomissant une eau à 42 degrés. Nous profitons prestement d'un plaisir typiquement islandais. L'ambiance est hot !

Après nous être ébroués, nous inspectons les lieux dont les couleurs nous émerveillent. Une tardive réflexion nous remplit d’inquiétude car ce magnifique bariolage provient du vitriolage des roches par l'eau alimentant la rivière où nous avons batifolé.

Quittant les lieux nous poursuivons notre périple en abordant la péninsule de Snaefellsnes où une impudique forme attire notre attention : le canyon de Raudfeldsgja, issu de la colère d'un père admonestant un adolescent ayant poussé sa cousine sur un iceberg, l'envoyant dériver jusqu'aux côtes groenlandaises.

Ce voyage en Islande ne saurait être complet si nous n'étions pas parvenus à la plaine tectonique de Þingvellir, haut lieu de pèlerinage local où le terre se déchire à perte de vue, mue par la dérive des continents.

Ce tiraillement est symbolisé par un pont sur la faille séparant en deux l’île islandaise, la partie ouest appartenant à la plaque nord-américaine tandis que l'est reste sur la plaque eurasienne.

Constatant qu'aucun contrôle douanier n'est pis en place nous enjambons la structure et c'est avec allégresse que nous choisissons de rester dans une adhérente séparation car nous avons encore de nombreux paysages de ce pays à vous narrer.

Profitant que nous sommes dans la péninsule du cap des fumées (Reykjanesskagi), notre curiosité nous emmène au dispendieux blue lagoon où batifolent de nombreux baigneurs savourant cette eau colorée par la silice en suspension.

Malgré la douceur promise par ce résurgent liquide puisé à 2000 mètres sous terre, l'observation de la corrosion sur les pierres aux alentours nous incitera à une abstinence alcoolique : nous n'irons pas trinquer au bar.

Ce voyage approche de son terme et nous allons imprégner une dernière fois nos vêtements des effluves du pays près de la centrale géothermique de Reykjanes.

Nous terminerons par un autre symbole de l'activité volcanique omniprésente ici en observant la fin d'une interminable journée illuminant Surtsey, une île volcanique qui a émergé en l'espace de quatre ans entre novembre 1963 et juin 1967.

Nous terminerons par un autre symbole de l'activité volcanique omniprésente ici en observant la fin d'une interminable journée illuminant Surtsey, une île volcanique qui a émergé en l'espace de quatre ans entre novembre 1963 et juin 1967.

Cette déchronologie touche à sa fin, le temps de retrouver notre vaisseau pour un retour en terre connue.

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Publié le 29 avril 2020

Réveil nocturne aujourd'hui pour notre équipe des Sentinelles de l'Air qui nous pressent à programmer le chronoscaphe à une date indéterminée pour un voyage indécis.

Plutôt que de nous agiter au lit et risquer un lumbago libidinal nous prenons place à bord de notre engin et décidons de commencer par un souvenir bientôt lointain en survolant les lieux où nous besognions jadis afin de compénétrer les compétences essentielles à de turbulents jouvenceaux pour valider le référentiel de certification de nos enseignements respectifs.

Balayant les lieux de notre scialytique nous constatons que l'endroit est encore inanimé.

Déterminés à revenir quand tout ce petit monde sera éveillé afin de vous narrer une uchronie mémorable, nous décidons d'un intermède pour vous abreuver, amis lecteurs, de quelques photographies monochromiquement régionales. Nous filons donc vers l'est afin d'inhaler les effluves campagnardes de la Montagne de Reims, débutant la pérembulation par le phare de Verzenay suivi d'une rapide visite aux faux de Verzy, énigmatiques hêtres tortillards.

Nous ne musarderons pas très longtemps et entamerons le retour vers notre institution en effectuant une pause au Familistère de Guise, à la frontière de la Thiérache, un ensemble social créé par Jean-Baptiste André Godin destiné à loger et assurer le bien-être alimentaire, sanitaire et culturel de ses ouvriers.

C'est en achevant une rapide revue de presse, savourant une bistouille au zinc d'un estaminet, que nous feuilletons une psychotique gazette localement régionale.

"Zabibe en première page ! " s'écrit ma compagne subjuguée par le minou sarcastique d'un vénéré collègue occupant la une de l'imprimé. Dédaignant l'article centré sur le persifleur, je jette un rapide coup d'oeil à l'horoscope, étudie les intrigantes annonces et porte mon attention sur une découverte intéressante effectuée par deux de nos confrères au sujet de l'excipient QSP dont on retrouve le nom dans la composition de moult médicaments. Longtemps fustigé, cet excipient est remis au goût du jour par nos deux collègues qui ont apparemment commencé des essais cliniques.

Nous pressons le départ pour en savoir un peu plus.

Atterrissant à proximité de l'athénée où nous officiions récemment, nous sommes ébaubis par un rassemblement inopportun en ces temps de confinement.

Nous apprenons que deux malappris ont rapatrié leurs condisciples du canal Saint Martin pour les installer le long d'un bâtiment destiné à accueillir la vitrine technologique de l’établissement.

Portant à bout de bras un dazibao à leur effigie, une manifestante s'insurge de leur intrusion craignant la propagation d'un virus déformant dont ils seraient porteurs.

Protéinements interleukés, nous décidons de patienter la fin de la révolte, signalée par un Bel inconnu annonçant le dispersement.

Nous pouvons enfin pénétrer les locaux et constater un tout autre rassemblement, présentement plus festif, où de sombres individus ingurgitent des sages breuvages pendant que mijotent quelques gibiers sur un barbecue improvisé.

Nous remarquons un discret schumbizourk affublé d'un hiémal accoutrement et intervenant discrètement sur les grillades, y jetant quelques herbes, suivi par, entre guillemets, un curieux personnage observant, circonspect, la caléfaction des denrées.

Son forfait accompli, le schumbizourk s'éloignera subrepticement sans attirer l'attention.

Le repas entamé, les effets des herbacées commencent à se faire ressentir et un convive bougonne, enfermé dans une custode, après avoir abusé d'un breuvage étiqueté du domaine des terres de Raoult.

Les effets de l'excipient QSP des deux abracadabrants chercheurs se font aussi bien sentir que l'un des attablés se lève prestement, jetant un regard exorbité sur une petite taure encourant l'encéphalopathie spongiforme bovine.

Nous éviterons les commentaires sur la fin de cette festoyante agape car de nombreux convives, battant la breloque, ne purent rejoindre leurs véhicules. Nous les avons cloîtré afin qu'ils se reposent dans une narcoleptique brume ponctuée de ronronnements à l'haleine inimitable d'un dipsomaniaque.

Soulagés de ne pas être atteints des même maux, nous regagnons notre engin et quittons prestement les lieux pour éviter l'aérostier départ anticipé de quelques retraités, nous excusant au passage d'avoir égratigné tant de monde dans cet apologue qui n'a rien à envier à La Fontaine. Nous nos retrouverons tantôt pour un prochain voyage dans une contrée beaucoup plus reculée.

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C'est par une singularité technologique que débute cette journée de confinement. Alan et Scott ont décidé d'installer une classe virtuelle afin de conforter les restes acquis par cinq hurluberlus en grande détresse pédagogique.

La peur au ventre, l'un des protagonistes, complètement dans le Dénis, apparaît affublé de son masque de protection, arguant que le virus circulant actuellement est composé d'une chaîne ARN encapsulée sur tranche de silicium, donc assurément artificiel et ne s’attaquant qu'aux systèmes informatiques par réplication binaire.

La didactique de la séance s'en trouve grandement perturbée et la conversation se déroule sens dessus dessous alors qu'est affiché un tableau de statistique où tous les indicateurs sont au vert en vue d'un hypothétique déconfinement.

Adepte du grand complot interstellaire, un intervenant interrogé en direct de Le Travet , petite commune fibrement sinistrée dans le Tarn, argument plutôt pour une expérimentation midichlorienne échappée d'un laboratoire Mizarien.

Éperdument hilare, Lee Made, un nouvel apprenant, balaye d'un revers de main sur sa trombine toutes ces explications et assure que la bestiole n'est autre qu'un respirocyte à couronne boréale.

Fraîchement débarqué de Belgique, un Gilles de Binche (récemment canonisé sous le cryptonyme de Saint Tasse), en est tout retourné et effectue un salto arrière en passant en anti-gravité aux commandes de son ordinoscaphe à propulsion ionique.

Le dernier comparse rit car le virus a produit chez lui une élongation capillaire dont il rêvait depuis une éternité. Il affirme que ce n'est pas demain la veille que l'on surfera sur une deuxième vague, décevant au passage Brice Denice, et que le traitement au Monoxyde de Dihydrogène en dilution Centésimale Hahnemannienne dans une solution de H-H-O est le seul remède efficace et qu'il obtient des résultats de rémission bien supérieur à l'Hydroxyde d’Hydrogène.

Qu'on se rassure : Je n'ai pas consommé de solution hydroalcoolique et je propose aux apprenti-chimistes consultant ce chapitre de vulgariser les formules précitées en commentaire.

La séance est levée rapidement car Christine signale avec verve que les acacias au fond de notre propriété ont revêtu leur robe florale aux fragrances exquises et qu'il est temps d'en collecter délicatement les capitules inflorescentes afin de les consommer sous forme de savoureux beignets.

C'est sans tarder que l'équipe des Sentinelles de l'Air enfourchent les Thunderbirds 1, 2 et 3 et virevoltent, tels de vrombissants hyménoptères autour des grappes charnues, pour se mettre à l'oeuvre.

Le grand enfant qui sommeille en moi se réveille et c'est mu d'une euphorie indescriptible que je décide de manipuler puérilement le sténopé pour immortaliser cette cueillette improvisée.

C'est en rejoignant le centre de tri que le container décide de se désengager de Thunderbird 2, atterrissant dans la pelouse, éparpillant toute sa cargaison qu'il fallut réintégrer à l'aide de Thunderbird 4.

La catastrophe évitée il faut maintenant recompter une à une les délicates corolles protégeant un fragile androcée n'aspirant qu'à laisser jaillir sa semence pour un coït orgasmique avec le gynécée, tous deux abrités dans un calice douillet.

La cuisine est en vue et Alan décide de mettre la main à la pâte tout en vous offrant charitablement la liste des ingrédients pour quatre personnes : 250 grammes de farine - 2 œufs - 1 verre de lait - une pincée de sel et, pour les plus éthyliquement dépendant, un peu de rhum.

N'écoutant que son bon coeur, Scott vous explique algorithmiquement la recette : mélanger dans l'ordre farine, jaunes d'oeufs, sel et lait puis ajouter délicatement les blancs battus fermement en neige. Rien de plus simple.

Les feuilles égrappées seront abondamment ajoutées dans l'onctueuse mixture puis délicatement incorporées pour ensuite être rissolées dans une cholestérolement explosive extraction d’hélianthe à 160°C .

Un conseil pour ceux désirant se lancer dans l’aventure : éviter de laver les fleurs, à défaut les rincer très brièvement et les essorer aussitôt, au risque de perdre le sublime parfum.

Goulûment arrosée d'une fermentation houblonnière, la dégustation peut commencer et nos deux amis décident de s'en bâfrer jusqu'à l'indigestion.

C'est ici que se clôture ce bref épisode pédagogiquement appétissant en attendant de nouvelles aventures extra-confinées.

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La liberté du confinement qui nous est assigné semble s'éterniser pour Alan et Scott. Tels d'insolents mômichons ils nous escagassent depuis quelques jours pour que nous ressortions nos tablatures et animions le bastringue à 20h00 dans le quartier pour troquer nos casseroles dont le fond commence à se détériorer à force de coups cinglants pour faire entendre nos remerciement à tous les personnels œuvrant à la continuité de la société et à la sauvegarda des vies atteintes par notre ennemi invisible.

Nous ne faisons "ni yna ni davet" (traduit plus élégamment dans son film il y a presque un an par Anne Giafferi par "ni une ni deux") et déterrons prestement nos instruments pour les accorder en scordatura.

C'est ainsi que le groupe du Fatal Rikar renaît de ses cendres en entamant son succès maintenant planétairement connu "Hey Covid ! Laisse béton !".

Nous décidons de jouer en sextolet et c'est lorsque j'attaque un accord en sus-tonique que les trois engins des thunderbirds, effarouchés du coup de pédale, décollent diligemment de ma pittoresque grosse caisse, ciment de notre groupe.

Toujours bon public, Alan et Scott applaudissent à tout va tandis qu'un petit caméléon affolé se réfugie sur l'amplificateur de Christine.

Laisse Béton 

Toujours plein d'entrain, nos deux compères nous proposent de nous remémorer quelques sorties culturelles à des événements musicaux compromis pour un certain temps compte tenu des circonstances actuelles.

Une courte escapade en 2011 leur permettra de jouer les groupies devant Morgan Ji, la guerrière créole.

Nous n'aurons guère le temps de tergiverser avec l'artiste car nous recevons un appel d'un fanatique mélomane au regard sulfiteux nous conviant dans son œcuménopole picarde pour une analyse sensorielle et éthylique de gouleyants concerts qu'il produit au Mas Oudo. Les amateurs apprécieront.

Urbees sera le premier groupe sur scène. Disposant d'un répertoire gargantuesque, il tiendra près de 2h00 à jouer un mélange de blues-rock accompagné d'une contrebasse frottée à l'archet mais aussi utilisée en pizzicato, accordée en E1, A1, D2, G2 (touché-coulé)

Urbees 

Un duo complice et dans le vent, François Thuillier et Alain Bruel, composera Rocaille sublime mélange d'une monophonie polyphonique pour des airs aux accents musette d'Amérique Latine même si le tubiste semble quelquefois perdre le rythme à cause d'une presbyopie lui procurant des difficultés à analyser les gammes de sa partition. Le lecteur pourra aussi remarquer que le port de ce type d'instruments nécessite, même assis, un polygone de sustentation conséquent, prouvant que ces musiciens sont des pointures dans leur genre.

François Thuillier et Alain Bruel 

S'en suivra une prestation de Sylvain Cathala Trio qui comme son nom l'indique sera composé de six musiciens capables de jouer sur deux séances un jazz endiablé en septet alors qu'ils ne se sont présentés qu'en quintet. Décidément, les chiffres ne réussissent pas chez notre ami.

Cathala 

Encaisser autant d'émotions musicales méritent bien un interlude pour toutes les gueules cassées venues s'anesthésier les tympans et le gosier.

Les hostilités reprennent avec la présentation par trois alcoolytes de François Guernier composant sur des airs folk, rock et blues de la chanson française humaniste sous le regard lubrique d'un batteur aux rythmes pathogènes.

François Guernier 

La scène accueillera ensuite Vagalam, un trio dont le registre reggae aux consonances latino nous emmènera pour un voyage exotique par des paroles inspirées dans une vie teintée d'humour noirci par l'enthousiasme de leur dynamisme musical.

Vagalam 

Un nouvel entracte permettra à Allan et Scott de tailler une bavette avec le dichroïdique vu-maître de céant qui se console et se la joue avec un gobo à égalisation logarithmique.

Brrrr 

A peine installés, les Mauvaises Langues, fraîchement débarqués du pays ch'ti, animent le public par un rock torride aux harmoniques langoureuses tirées sur une basse au diapason des cordes plus étendu que la normale et rythmé par percussionniste au regard lubriquement monochrome.

Les mauvaises langues 

Nous resterons dans les Hauts de France avec une formation picarde : le groupe Ouroub' qui enchaîne par une prestation mélangeant funk, reggae et rock'n roll dynamisant un public toujours aussi enthousiaste.

Ouroub' 

Funk, blues et Rock'n roll restent au programme avec le dernier passage : le groupe familial Sweet Scarlett qui continue d'alimenter les braises d'un public déchaîné appréciant au passage, lors d'un dernier rappel, la reprise de morceaux cultes des années 70 sous un déluge de corpuscules photoniques.

Sweet Scarlett 

Ni tenant plus, nous montons sur scène, poussés par une foule hystérique où quelques couguars, subjuguées par ma remarquable plastique, arrachent leurs sous-vêtements pour me les offrir.

Ce ne sera pas du goût de ma compagne qui m'admonestera sévèrement à coup de Washburn, signant ainsi la fin de cet épisode.

Merci à Superdirck pour sa photo de concert 

Le téléphone sonne à la maison nous signalant qu'il est temps de regagner notre domicile pour cette dernière journée de confinement, et, à défaut de bicyclette, nous enfourchons Thunderbird 2 pour un retour illuminé par la dernière super lune de l'année.

  • Le Caméléon est une petite salle de spectacle associative (régie sous la loi de 1901) située à Conchy-les-Pots dans l'Oise destinée à promouvoir le spectacle vivant de musique, de théâtre et de contes. Il accueille aussi en résidence les formation pour leur permettre de répéter et enregistrer leurs compositions.
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Publié le 2 juin 2020

Réveil matutinal assourdissant aujourd'hui ! Une âcre odeur de d'oxyde de dihydrogène émane de notre courtil confinement ensemencé. Quelques pas au milieu d'un envahissant liseron nous emmènent dans les rayons de petits pois pour y découvrir Thunderbird 1 en feu. Remplis d'empathie, nous filons à la recherche des pilotes craignant le pire. Quelle surprise de les découvrir illuter dans les cerises que nous avons négligemment abandonnées la veille après une cueillette harassante.

Après ce constat amer nous décidons de régler le chronoscaphe sur l'année 2014 afin d'effectuer une randonnée en autonomie à parcourir la chaîne du Vercors depuis Grenoble à la recherche des cerisiers ‘de Sainte-Lucie’, espèce adaptée aux vergers montagnards.

Notre arrivée coïncidera avec un épisode méditerranéen nous plongeant souvent dans une atmosphère humide égayée de brouillard locaux où retrouver les piquets de notre campement ce sera pas une sinécure lors de son installation aux abords du gite des Allières.

Après une nuit bercée par le cliquetis des gouttes incessantes sur la toile de notre tente nous reprenons le chemin pour une pause séchoir à la cabane de Roybon avant de monter au 'col vert' dont les couleurs en cette période aqueuse contredisent sa dénomination.

Le 'col vert' franchi, nous cheminons avec prudence pour rejoindre la baraque du Clos, afin d'y effectuer de confortables ablutions et passer une nuit dans de moelleux grabats.

Levés avec l'aurore, nous ingurgitons rapidement un en-cas, nous réjouissant du spectacle offert par la nature montagnarde sur le soleil levant.

Un long périple brumeux nous attend, chemins escarpés et vires embrumées nous amènent doucement sous 'Séguré' aux strates caractéristiques du calcaire meurtri par l'érosion composant la chaîne du Vercors.

Nous descendons doucement vers Gresse-en-Vercors où un mielleux apiculteur nous accueille pour une bourdonnante nuit dans son domaine..

Nous reprenons notre périple le lendemain, alternant vires et longues traversées embrumées pour rejoindre le Grand Veymont où nous observerons un jeune bouquetin en pleine palinodie.sous le regard circonspect de ses géniteurs.

Il est temps de perdre de l'altitude pour rejoindre la plaine de la Queyrie où nous admirerons l'efflorescence de la nature en plein ébat.

Nous arrivons à la cabane de Pré Peyret où nous installeront notre campement pour une nuit dans un relief plus aplani.

L'étape de lendemain se révélera éprouvante malgré la perte initiale d'altitude en dévalant le cirque d'Archiane car nous devrons mettre en oeuvre nos talents de sourcier dans un espace où le liquide cristallin se fait rare.

Après une dernière montée au sommet du Jocou, nous dévalons dans la pleine de Trièves pour une dernière nuit sous tente.

Le périple accompli, nous reprenons le chemin du retour, accompagnés d'Alan et Scott biens décidés à nous aider à la cueillette des fraises dont ils raffolent les akènes.