Du samedi 17 au mardi 20 décembre 2022
JOUR 17 : KEEP ON ROLLING
Rouler, rouler, rouler, pause déjeuner, essence, rouler encore. 475 km au compteur aujourd'hui, dont 200 km de route sont des pistes de garnotte. Route ardue. L'accès au parc national Perito Moreno, ça se mérite.
C'est en refuge sur la presqu'île du lac Belgrano qu'on dort ce soir. Une petite cabane en bois aussi charmante que le cadre est bucolique. Il y a même un poêle à bois. Alléluia !
La nature est verdoyante, les paysages présentent leurs plus beaux reliefs et l'eau du lac est d'un bleu turquoise hallucinant. Ça respire la pureté.
Longue journée dans les pattes ! Une soupe et au lit !
Un des quatre refuge de l'île Belgrano Vue sur le lac Belgrano Bonne nuit Sud-est du Lac Belgrano***
Note post-voyage : La Patagonie regorge de lacs et de rivières turquoises. Tantôt très clairs, parfois laiteux, souvent lumineux, il y a des teintes de bleus pour toutes les humeurs avec la promesse de ne jamais vous donner les "blues".
Le lac Belgrano du parc national Perito Moreno m'a particulièrement enchantée. Par son bleu perçant et éclatant, il m'a inspiré bonheur, chaleur et réconfort. Quand je prête attention à mes souvenirs, j'arrive à ressentir que j'étais particulièrement heureuse et détendue ce jour là. C'est d'ailleurs ce jour là que j'ai réprouvé un réel plaisir à écrire. J'ai pris conscience que l'écriture est une forme d'expression quasi infinie. J'ai dansé, acté, peint, dessiné, sculpté et créé sous bien des formes, mais écrire, c'est tout ça à la fois. Jamais l'écriture ne m'était apparue comme une forme d'expression qui me permettrait de laisser libre cours à ma créativité. Pourtant, j'ai l'impression que le monde peut prendre les formes, les couleurs, les textures, les saveurs et les odeurs que l'on souhaite à travers les mots.
Mon imagination et mon état d'esprit sont mes seules limites.
Heureuse
JOUR 18 : TOUR DE L'ÎLE
Randonnée détente au programme. Un sentier de 16,5 km à très faible dénivelé qui nous fait faire le tour de l'île Belgrano. Parfait pour une reprise d'activité avec mon genou qui se remet tout juste de ses blessures.
"C'est un petit paradis ici." C'est bien dit mon amour. C'est vrai que cet endroit est véritable éden.
La tranquillité dans les montagnes, l'eau d'une couleur digne des lagons des mers chaudes, un soleil brillant, des prairies vallonnées aux herbes dorées, des lacs intérieurs comme sanctuaires pour les oiseaux, une végétation verte et florissante. Le parterre de fleurs passe du jaune au blanc avec des touches de violet et de fuchsia. J'ai peine à croire qu'autant de si petites fleurs arrivent à survivre avec autant de vent. Elles se font valdinguer dans tous les sens et leurs pétales sont à peine décoiffés.
C'est vrai que c'est le paradis ici.
J'augmenterais seulement la puissance calorifique de quelques degrés afin de satisfaire l'Antillaise en moi et je diminuerais la force éolienne de quelques nœuds. Je vous jure que par moments le vent souffle si fort qu'on lutte pour avancer et pour rester debout.
En fin de journée, les lumières sont propices à la photo. Mon homme part à la chasse des plus belles images de cet eldorado des grands espaces. Je l'accompagne, parce que le paradis, c'est aussi avec lui.
D'une par et d'autre de la digne, l'eau s'habille de couleurs différentes. Paysages au tour de l'île Belgrano APARTÉ #1
Pas besoin d'écran télé par ici.
Ici, mère nature est la grande réalisatrice. La scène se partage entre lacs, montagnes, vallées et prairies. Le décor est planté par bosquets et arbrisseaux, rochers et cailloux. Les fleurs servent d'accessoires pour parfaire l'apparat. L'éclairage revient tout naturellement au soleil. Les nuages qui vont et qui viennent sèment l'ambiance. Les principaux comédiens sont les guanacos et les papillons. Sans oublier les oiseaux de toutes sortes : condors, nandus, ouettes, ibis, flamants roses, caracaras, pics, perruches, cygnes à tête noire et j'en passe. Tous ces oiseaux font trame sonore, accompagnés par le bruit des vagues et les clapotis de l'eau. Les figurants sont les lièvres qui passent furtivement. Ils ont toujours l'air inquiet ou catastrophé. Avec un peu de chance, des invités surprises apparaissent : renards, pumas, armadillos, huemuls. Le vent est le fil conducteur de toute cette histoire. Parfois il n'est que murmure en fond de scène, plus souvent qu'autrement il ne fait que brasser de l'air et, à ses heures, on n'entend plus que lui.
Nous sommes aux premières loges pour profiter de ce spectacle.
Suite du programme au prochain épisode...
APARTÉ #2
J'ai l'impression que le vent incessant a creusé deux petites rides frontales entre mes deux sourcils. Ou est-ce que c'est la marque du temps de la 37e bougie que je vais bientôt souffler...?
Spectacle grandeur nature Méditative face au paysageUn paradis sur terre JOUR 18 : JARDIN D'ÉDEN
Les règlements du parc limitent à deux nuitées consécutives dans un même refuge. On a donc plié sacs de couchage afin d'explorer d'autres zones de cet écrin de paradis et de se trouver un abri pour la nuit.
En parcourant le parc, j'admire silencieusement les montagnes. Elles m'impressionnent énormément, voire m'intimident. Elles me donnent la sensation que je dois m'incliner à leurs pieds. Reconnaître qu'elles sont à la fois maîtresses, gardiennes et pionnières de ces lieux. On est ici chez elles. Elles renferment un habitat naturel riche et elles veillent sur la vie qui s'anime en leur sein. Elles sont témoins de l'histoire et de l'évolution de la nature depuis l'ère glaciaire... Ces géantes de rocs détiennent pour moi la sagesse du monde. Elles imposent le respect. Je les trouve belles ces montagnes avec leurs crêtes en dents de scie, leurs sommets enneigés et leurs falaises escarpées. Je suis particulièrement fascinée par les dégradées de couleurs des sédiments qui rehaussent les reliefs. Selon les lumières du jour, ces reliefs expriment différentes facettes.
Si mon cher et tendre s'exclame pleinement sur la beauté des paysages, pour ma part je suis sans voix. Lui prend des photos, moi j'écris. Un paradis photographique, un paradis pour méditer. Tout le monde est comblé.
Je reste silencieuse, mais dans ma tête il y a mille mots. Des histoires et des images se tricotent dans mon esprit. C'est inspirant autant de nature pure.
En fin de journée, on découvre un petit lac habité par une multitude d'oiseaux. Ça vole, ça chante, ça nage, ça se dore au soleil. Un havre de paix pour les volatiles. Un jardin d'éden merveilleusement éclairé par les derniers rayons du jour. C'est un flamant rose qui déploie ses ailes qui me tire de mon silence du jour. "Woah!" Gracieux et majestueux à la fois.
Ce parc national est de loin notre préféré depuis le début du voyage. Hormis un garde du parc, nous n'avons pas croisé un seul être humain aujourd'hui. Seuls au monde. C'est un terrain magnifiquement préservé. On espère que ça le restera et que ça ne devienne pas un Walt Disney du plein-air comme Los Glaciares ou d'autres parcs nationaux ailleurs dans le monde. Partout où l'on va ici, j'ai l'impression de suivre les traces d'un petit poucet qui a su garder la nature sauvage et intacte pour les amoureux de la nature. Les quelques aménagements du parc respectent l'environnement et s'y fondent à merveille sans gâcher le paysage.
Mon regard était particulièrement attiré par ces monts et falaises couleurs rouilles. Dégradés et textures au sommet des montagnes Paysages et reliefs Rio Volcano Mirador de aves. Le paradis des oiseaux. Petit matin au deuxième refugeJOUR 19 : AU NATUREL
Les insectes bourdonnent ce matin. Le vent est "quelque peu" tombé depuis hier et les plus petits de ce monde peuvent s'affairer à leur besogne sans trop de peine.
Toilette du matin au lac (l'eau est glacée), café au soleil et on est repartis pour la journée
Pour se rendre à notre prochain lieu de couchage, on traverse une plaine parsemée d'étangs, de ruisseaux et de marécages. Cette zone humide grouille d'oiseaux et de guanacos avec leurs petits. Des rejetons trop mignons qui ressemblent à de petites biquettes au pelage roux. Ils jouent et bêlent, insouciants des possibles dangers. Il n'y a pas énormément de puma dans les parages, mais les guanacos adultes restent alertes.
Le campement du jour est établi au bord du lac Burmeister. Malgré l'accalmie éolienne, il vente tout de même à décorner les bœufs. On s'abrite dans une clairière au grand soleil. Ce n'est pas de trop pour nous réchauffer.
Fin de journée dans les marais du parc national Perito Moreno. Lac Burmeister. Le vent soufflait si fortement et si froidement que j'avais dû mal à rester en place pour prendre la photo.Le Notro. Échantillon d'une fleur aux couleurs de Noël.APARTÉ #3
Je réalise aujourd'hui que Noël approche bientôt. Rien ne me rappelle le temps des fêtes nord américain en ces terres. C'est l'été, il fait entre 5 et 20 degrés, le soleil se couche à 22h. Aucune décoration de Noël à l'horizon et encore moins de fala lalala ou de beau sapin n'ont retenti dans nos oreilles. Le seul air qui me vienne en tête est "vive le vent".
Ciel obscur sur les étangs du parc national Perito Moreno
JOUR 20 : LE VENT REMPORTERA
Promis, je vais démordre du facteur vent après cet épisode, mais il est tellement présent qu'il est difficile de l'ignorer dans notre itinéraire et nos activités.
Autant il est un allié précieux pour sécher rapidement nos vêtements et la vaisselle propre ou même pour chasser les nuages... Autant il devient lourdingue en randonnée, pour poser une tente ou pour cuisiner. Et je ne vous parle pas du défi qu'il pose quand vient le temps de se vider la vessie en pleine nature ! On a intérêt à bien capter le sens du vent pour ne pas avoir un retour du jet. Désolée pour les détails.
Il nous arrive aussi de croiser quelques voyageurs à vélo chargés comme des mules et, bien franchement, je leur lève mon chapeau. Ceux qui me connaissent savent que j'adore faire du vélo, mais dans ce coin du monde je ne comprends pas quel plaisir on peut tirer d'un tel mode de transport avec autant de rafales, si peu d'abri et des routes de caillasse. J'en viens à la conclusion que :
a) ces gens sont en crise existentielle monumentale,
b) on leur a promis de gagner le gros lot,
c) ils ont perdu un pari.
Bref, avec les 140 km/h de vents annoncés, on quitte le parc Perito Moreno vers d'autres horizons. On y reviendra plus tard, c'est déjà prévu.
Arrêt dans la petite ville de Perito Moreno, à 310 km du parc national du même nom.
Repos avant d'attaquer la route vers le parc national Patagonia côté Chili.
Au revoir Perito MorenoSur la route, sans abri et sans aire de pique-nique, on fait comme on peut !