Carnet de voyage

May-Tanz-Ken-Sey-RSA

38 étapes
18 commentaires
Départ de notre aventure en quittant Mayotte. Notre plan : pas de plans.
Octobre 2019
999 jours
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Départ de Mayotte à 0555 UTC+3.

Belle traversée vers M’twara, Tanzanie. Déroutés par un convoi transportant des matières dangereuses.

Un peu de compagnie pendant quelques heures...

Arrivés 3 jours plus tard, accueillis par des dauphins , dans la baie de M’twara.

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Mouillage calme, entourés de méduses géantes, impressionnant!

La rivière est profonde mais nous nous arrêtons en face de Sudi, rive droite .

M’Gao village, à l’entrée de la baie. Belle ballade à pied pour moi, MiniVaS et Yves se chargent du retour. En plein milieu de ce village de pêcheurs, une énorme baraque d’un m’zungu.

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Nous continuons de longer la côte , et partons explorer une nouvelle baie. Cette étape est imposée par le « transire » à faire tamponner. Enfin...on aurait pu s'en passer mais le déplacement vaut le détour.

La ville est quadrillée par quelques grandes avenues, deux, d’où partent des routes improbables et bordées de bâtiments de l’époque coloniale.

Petite pause dans un restaurant aux allures de maison normande .

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Kiswere le temps d’une nuit. Nous voilà tout au fond d'une baie, un village au loin et toujours des "barges" pour passer d'une rive à l'autre.

Nous partons de bonne heure pour rejoindre Kilwa.

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Petite traversée mais l'entrée de Kilwa est délicate, pas de voiles en ciseaux pour cette fois.

Le point de rendez-vous pour le "transire" est douteux mais nous y arrivons. Nous mouillons au pied de la mangrove, plus calme que l’entrée de la baie.

Il est midi, Yves va réveiller l'homme aux tampons! Une fois de plus, l'accueil est chaleureux et tout se passe pour le mieux.

Mais la mangrove est proche et pas très rassurante si le vent et le courant virent. Nous décidons donc de repartir aussitôt vers Mafia....mais le vent et le courant nous portent à vive allure, MedioVaS est ravi et file. Nous laisserons donc Mafia à bâbord. L'endroit est très attirant mais pas de nuit!

Nous filons si bien que nous arrivons à Dar es Salaam avant le lever du jour. Nous apercevons rapidement les lumières des énormes tours de la ville. Le mouillage du Yacht Club se trouve au fond d'une baie, les mâts apparaissent doucement une fois le grain passé. L'ancre est mouillée, et nous...nous allons nous reposer un peu, la journée sera longue en démarches.

Le Yacht Club est magnifique et calme. David nous retrouve vers 10h à la plage et nous facilite toutes les démarches à faire pour être « visiting yacht » dans les règles. La journée en ville à la recherche des tampons pour le "transire" et le "C10" commence. Passés de bâtiment en bâtiment, de bureau en bureau, nous arrivons enfin au Main Quay. Nous en profitons pour demander le "transire" pour Zanzibar.

Tours modernes face aux Dala-dala 

Affamés, nous nous installons dans une cantine des Dala-Dala. L'après-midi se poursuit par un petit tour en ville, la recherche de téléphone 4G, et la dégustation d'une mini glace trouvée dans une supérette.

Manon et Arthur arrivent le samedi soir. Je vais les récupérer à l'aéroport, sympas les bouchons, merci Uber.

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Manon et Arthur ont à peine le temps de prendre un petit-déjeuner que nous partons vers Zanzibar.

La traversée est un peu plus longue que prévue. Le mouillage dans Menai Bay s'annonce houleux, nous faisons demi-tour et allons mouiller à Kwale I. La marée basse nous permet de découvrir un minuscule îlot de sable blanc au coucher du soleil. Merci Yves pour ce beau point de mouillage ! C'est tout simplement magique. MiniVas nous amène jusqu'à cet îlot, couleurs et baignade sont au rendez-vous.

Le lendemain, nous nous promenons depuis l'îlot jusqu'à l'île de Kwale. La marée basse permet aux pécheurs à pied de remplir leurs seaux. Les décors sont superbes.

Quelle surprise, de retour sur le petit îlot, en découvrant la masse de touristes venus en boutre : nous sommes envahis! Kwale est aussitôt bondée et une file de petites boutiques ouvrent ; c'est l'heure du shopping.

Une fois les petits souvenirs locaux achetés, nous levons l'ancre pour naviguer en fin de journée vers Chumbe. L'île est un parc marin, nous mouillons au nord, à l'opposé de son beau petit phare.

Le lendemain, Yves nous dépose à terre afin de visiter cette petite merveille peuplée d'antilopes naines...mais non, nous sommes refoulés. No Tickets...No charter... No bestioles...alors nous rentrons à pied, entre mer et rochers, sur le sable fin et chaud, un peu déçus. Enfin, rien de grave, le lendemain nous allons découvrir Stone Town. Enfin un peu de terre ferme pour Manon et Arthur.

Tembo et Hyatt sont nos repères (de luxe) pour mouiller. Oh surprise, nous retrouvons Zap One au mouillage, des Sud’Af rencontrés à Mayotte et un grand dauphin pour le bonheur d’Arthur. Une petite visite à bord et hop, en ballade dans la ville.

Rien de tel que de se perdre dans les ruelles de cette ville ancienne, découvrir son histoire en contemplant les façades, échoppes, les bâtiments historiques...

Cette histoire sera complétée par Rashid, le lendemain, ami de Hubert et Hélène. Il nous a fait découvrir les parfums de l'énorme marché, l'histoire de l'esclavage à Zanzibar au Former Slave Market Site, la ville vue de haut au coucher du soleil et tant d'autres choses.

Face aux jardins de Forodhani, Yves nous a dégoté un resto flottant tout à fait surprenant par sa décoration et la qualité de la restauration. Ce fût une longue attente mais un vrai régal.

Il est temps de rentrer à Dar, malheureusement. Un petit arrêt à l'îlot blanc de Kwale pour une dernière baignade sans touriste, avant de traverser. Le vent est contre, le courant aussi, on part après le dîner, Manon pourra dormir et Arthur faire des quarts de nuit. Des pêcheurs et encore des pêcheurs m'obligent à faire plusieurs virements de bords. C’est finalement l'hydrogénérateur qui pêche un casier et arrête le bateau, net ! Je réveille Yves qui coupe le fil du bout du couteau d’urgence. Dar es Salaam avant le lever du jour, on connaît.

Il est temps de profiter un peu de la piscine du Yacht Club avant de rentrer en Belgique.

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Un petit repère dans le temps : c’est dimanche, le 3 novembre. Sans le journal de bord, on perd vite la notion du temps.

Nous levons l'ancre en fin de matinée. La traversée n'est pas très longue mais contre vent et courant. Comme souvent ces derniers temps, nous arrivons de nuit, dans un endroit pas très accueillant pour la navigation. Nous décidons donc de mouiller dans un des premiers îlots qui se présente, Shungu M'Bili. Il n’est pas très protégé de la houle ou du vent, mais suffisamment pour dormir.

Le lendemain, MiniVaS nous emmène explorer la zone afin de se rapprocher de cet îlot très attirant. Mais, nous voilà refoulés par deux jeunes "stars" de la protection marine: nous sommes dans un parc marin, îlot privé, etc. Pas grave, nous hissons les voiles vers Kilindoni (Mafia Island), face à l’hôtel Boutiama. L'endroit est paradisiaque, l'hôtel est somptueux. MiniVaS se plaît a l'abri des parasols pendant que nous visitons.

"Bye bye", "Bye bye", est à peu près le seul mot anglais lancé par la flopée d'enfants que nous croisons. Le village est très vaste, nous déambulons tranquillement émerveillés par tant d'activité, de couleurs et de parfums différents.

Un jus de mangue bien frais, un soda tiède, une bonne marche, l'estomac vide se fait sentir. Nous atterrissons à l'arrière d'une mini guinguette pour y "déguster" une portion de frites et oser quelques brochettes de bœuf. Bordant la mini terrasse couverte à une seule table, une grange très peuplée abrite plusieurs billards et une salle télé. Un peu surréaliste tout cela. Un jeune couple danois s'installe avec nous. Ils sont tous deux étudiants en médecine, l’une en stage humanitaire, l’autre en visite. Encore un déjeuner aussi sympathique qu’inattendu!

Une nuit de grains impressionnants, MedioVaS ne bouge pas, bien ancré dans 7 mètres de fond. Au petit matin, une pirogue ayant lâché son amarre à terre vient gentillement se frotter à la coque. Rien de grave. Elle sera récupérée par un autre pêcheur.

Une belle occasion se présente pour aller dîner dans le restaurant de cet hôtel qui nous fait des clins d’œil. C’est mon anniversaire. Yves m'y invite. C'est royal !

Nous sommes dans la zone des requins-baleines, je ne veux pas manquer cela, évidemment. On part mouiller dans le lagon sous Ras Mbisi. Yves fait le plein d'eau et je pars en exploration à bord de MiniVaS, mais le ciel est couvert, la lumière est mauvaise et les shark-whales absentes (depuis quelques temps apparemment). Une prochaine fois !

A la recherche d'un îlot isolé, nous atterrissons à Koma I.

Nous pensions y passer une nuit, mais nous sommes pris au piège : un village de pêcheurs... nous sommes invités à dîner sur place dans l'une des cases. Le lendemain, nous avons droit à une visite complète et historique de l'îlot, poursuivis par tous les enfants du village, à une récolte de noix de coco à boire et à cuire, à une chasse au poulpe en apnée, à déguster des beignets locaux et du "cinnamon thé". Enfin, difficile de quitter cet endroit, on s'y sent si bien.

Nous voulons participer à la construction de la maison du docteur mais l'officier d'état présent ne peut recevoir notre argent (grosse lutte contre la corruption). Il compte sur nous une prochaine fois. C'est certain, on y refera escale ! Asante sana Mohamed pour ce moment inoubliable, bonne chasse au poulpe !

Il est temps de rentrer à Dar es Salaam. MedioVas est impatient de se refaire une beauté au sec. Une fois n'est pas coutume, entre grains et pleine lune, nous mouillons avant le lever du jour.

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Un peu d'aventure à terre. Nous devons sortir MedioVaS le 13 novembre, c'est bien pour cela que nous avons quitté la merveilleuse et si accueillante île de Koma. Je vais voir le Bosco du Yacht Club qui m'annonce : "impossible, pas avant le 25 novembre, priorité aux membres, tout le monde prépare son bateau pour "The Tanga Race" ! Certes, je comprends bien cette priorité, après tout, nous ne sommes qu'un "visiting yacht". Mais quand même, nous avions réservé et sommes revenus spécialement à cette date pour le carénage. David, comme toujours, est là pour nous sauver. Après une longue discussion, il obtient une place pour 12 jours, à condition de sortir aussitôt. En revanche, il n'y a aucun aucun ber disponible, pas d'étai non plus. C'est un problème de taille pour nous, mais pas pour David. Il va voir le menuisier et le convainc de nous en construire un sur mesure, directement sous les sangles et le soir-même ! L'affaire est conclue après quelque marchandage. Il appartiendra aux deux bateaux, Blue Peter (celui de David) et MedioVaS. Il ne nous reste plus qu'à tout préparer, MedioVaS sort dans l'après-midi, faut de l'eau pour arriver jusqu'à la cale.

La sortie se passe à merveille : le "sling-cart" nous embrasse, cinq à six gars plongent sous la coque afin de placer les sangles, un treuil tire l'ensemble sur le plan incliné.

Une fois à terre, c'est le tracteur qui prend la relève. Une manœuvre de pro nous case au millimètre près dans notre emplacement, calé entre trois bateaux.

Le menuisier arrive. Deux heures plus tard, MedioVaS est posé sur sa quille, entouré de son ber-sur-mesure.

Je prends ma petite spatule pour commencer à gratter et aussitôt je me la fais enlever des mains par un des "private" du club. Nous comprenons vite que les dix gars assis autour de nous attendent du boulot : m'zungu (le blanc) ne travaille pas, ici, il est gentiment invité à payer les autres pour faire le travail. Alors, pas le choix, nous embauchons deux "private" sans nous plaindre, bien au contraire.

En trois jours, la carène est débarrassée des algues, mollusques et coquillages mahorais et la primaire est appliquée. De notre côté, nous avons de quoi nous occuper avec tout ce qu'il faut entretenir à bord : winches, barres à roue, guindeau, anodes, mât, feux à changer : tout démonter, tout graisser, tout remonter...

Toujours prendre une photo avant de démonter ! 

Nous trouvons à peu près tout ce qu'il nous faut dans les diverses boutiques du coin. Et David trouve le reste dans ses coins secrets ! Mayotte et ses pénuries sont bien loin.

Il n'y a plus qu'à attendre, maintenant, l'antifouling ne doit pas sécher trop longtemps, on ne peut le peindre que juste avant la remise à l'eau. Une visite à l'agence Coastal s'impose, rien de tel qu'un last minute booking... Et nous voici deux jours plus tard au milieu de la savane du Serengeti, après avoir survolé le Mont Kilimadjaro et le cratère du Ngorongoro.

Quelle surprise en découvrant notre camp sorti de terre il y a tout juste trois mois ! Une merveille de luxe : déjeuner devant les girafes, (tenter de) dormir avec les rugissements des lions, ne pas sortir la nuit sans escorte.

Nous avons la chance d'assister au début de la migration des zèbres et des gnous, des troupeaux comportant des milliers d'animaux.

Trois jours formidables à la découverte de la faune sauvage et de la flore diversifiée de ce somptueux parc. Un guide, Olivia la britannique et nous, dans un grand Land Cruiser ouvert... presque seuls, donc. Olivia travaille pour une agence de voyage de luxe spécialisée dans l'Afrique. Elle est en vacances entre deux prospections et nous apprend beaucoup de choses sur la région. Les photos parlent d'elles-mêmes.

Nous sommes d'attaque pour finir le carénage et l’entretien de MiniVaS.

MedioVaS retourne à l'eau le 25 novembre (en principe). Sa pompe à eau de mer, commandée en France, doit arriver le 28, dommage (en principe). L'antifouling est posé et le polish est fait, tout est prêt mais pas le cart : une sangle déchirée ! C'est une aubaine, finalement, car la pompe arrive plus tôt que prévu et le bateau sort plus tard, le lendemain. Alors, nous prenons une grande respiration et nous attaquons le démontage de la pompe vitale... sans savoir si nous pourrons remonter la nouvelle. C'est une grande première pour nous, mécaniciens amateurs ! Le 26, après un long taquin sur le terre-plein à cause de "Monsieur - j'ai deux bateaux à moteurs énormes et un gros 4x4 qui bloquent le passage-", MedioVaS flotte enfin, sans aucune voie d'eau ! Il jette bientôt l'ancre à l'emplacement habituel, "next to Valencia". Il ne reste plus qu'à faire le plein d'eau dessalée, un peu (beaucoup) de rangement à bord et choisir quelle route nous mènera à Tanga. Nous sommes lourdement invités à y retrouver les amis du Yacht Club, à l'occasion du leur "Tanga Race" annuelle et à participer aux festivités. Hélas, notre assurance nous interdit des participer à quelque régate que ce soit. C'est un bon prétexte pour savourer la mer pole-pole (tout doux tout doux).

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Dar Yacht club : notre base en Tanzanie pour le moment. Faudra bien que cela change!

Qu'elle belle vue !! 
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28/11, pour le petit repère dans le temps. Nous partons en terrain connu, cette fois-ci. Le kaskazi (mousson du nord) s’installe tranquillement, sans être vraiment stable. MedioVaS nous fait une belle démonstration de carène remise à neuf : il suffit de trois bords par 7 à 9 noeuds de vent et une petite dizaine d’heure plus tard, nous mouillons entre Kwale et son petit îlot de sable blanc sur lequel nous décidons de dîner. Troooop romantique!

Nous poursuivons notre route vers Stone Town. Cette ville est un petit bijou, mais un vrai labyrinthe. Au bout de la troisième fois devant la même boutique, il est temps de sortir un gps ! Le soir, des tables de cuisines sortent de terre tout autour de la place Fodhoni, incroyable. Des cuistots partout, couverts de superbes toques. La nuit tombe, la place s’éclaire, nous sommes pris au piège : pas d’autres choix que de dîner sur place et goûter le Shawarma. Un délice, rien à voir avec un quebab!

Le lendemain, avitaillement au marché. Nos premiers balbutiements de kiswahili nous permettent d’obtenir des prix presque locaux et l’étonnement des marchands fait plaisir à voir !

Le soir, Rashid (le guide de notre première halte à Stone Town) et son fils Amor, viennent dîner à bord. Une soirée formidable avec la découverte de la lasagne « bateau » et de MedioVaS ! Je lui laisse le reste des feuilles de lasagne pour que sa femme tente la lasagne façon Tanzanie et découvre ce mêt.

Merci Rashid pour ces moments inoubliables 

On s’installerait bien à Zanzibar pour quelque temps, mais ce n’est pas notre but. Nous voulons découvrir le nord. Nous naviguons d’un bond jusuqu’à Mkokotoni, gros village de pêche au fond d’une grande baie. MedioVaS se sent bien au milieu de cet énorme port de boutres et pirogues. Après deux nuits, nous partons vers la pointe nord de Zanzibar, Ras Nungwi : faut quand même arriver à Tanga avant les furieux de la «Tanga Race».

Bel accueil 

Difficile de trouver un mouillage adéquat, 30 m de fond c’est trop et si on se rapproche de la côte, on atterrit dans un hôtel ! Certes, de luxe mais.... nous préférons longer la côte, doucement, jusqu’à avoir 13 m. C’est beaucoup mieux même si la carte annonce 0,5 m.... petite plongée afin de vérifier les alentours du mouillage.

Nous nous trouvons dans la zone la plus touristique de l’île, apparemment. Des hôtels de luxe en enfilade et des étrangers partout ! Je comprends mieux « Zanzibar et voyage de noces » : le sable blanc est blanc à en avoir mal aux yeux et l’eau est bleu émeraude intense. Une splendeur .

Les hôtels en surnombre choquent mais, heureusement, ils sont concentrés en une portion de côte et assez bien intégrés au paysage. Je déambule sur un chemin improbable, derrière les hôtels. À ma grande surprise, je découvre un superbe centre équestre. Tout est vraiment fait pour passer de bonnes vacances ! Je continue ma ballade en m’eloignant de la côte. Ouf, le petit village de Nungwi existe encore et reste bien épargné des touristes. L’ambiance y est authentique, beaucoup plus calme aussi.

Galerie d’art « marée dépendante » 
Petite baignade en mer à cheval?

Il est temps, la route est tracée, le vent et le courant sont avec nous. MedioVaS, sous genaker et grand voile, nous offre une formidable traversée. Nous arrivons à Tanga beaucoup plus tôt que prévu. L’entrée dans la baie de Tanga est bien balisée, contrairement à ce que nous disent les cartes. Nous trouvons un bon point de mouillage devant le Tanga Yacht Club.

Devant nous un beau voilier (français) qui est passé trop près derrière un gros remorqueur... 

À Tanga, nous découvrons les Dala-Dala. Ce sont de gros vans, couverts d’autocollants, portant des noms aussi amusants les uns que les autres. Pratiques, sympas, parfois très très bondés mais pas chers du tout. Rashid le Zanzibaryte nous a expliqué l’origine du nom de ces taxis-bus. Un dollar pour aller, un dollar pour revenir, dollar-dollar devient dala-dala pour les oreilles africaines. Le cours du dollar a du connaître d’autres valeurs. Aujourd’hui, le passage en Dala-Dala ne coûte que 400 shillings par adulte (soit 20 centimes d’euros !)

Nous découvrons cette grande ville aux influences allemandes, britanniques, portugaises et arabes. Afin de mieux comprendre son histoire, son apogée et son déclin, rien de tel que la visite de son musée. Il réside dans une ancienne demeure allemande puis britannique. Là, un étudiant très méthodique nous raconte Tanga à travers les époques et les influences architecturales.

Les bateaux de la « Tanga Race » arrivent de Dar es Salaam, le mouillage est envahi. Nous y retrouvons nos amis, emportés dans des discussions intenses à propos du parcours, du vent, des règles de priorité lors du départ...

Tout cela s’oublie une fois le barbecue allumé et amorcée la remise des prix dans un humour plus ou moins « british ». Une fois de plus, nous passons une excellente soirée.

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Un gros grain entre dans cette paisible baie, bondée de régatiers plus ou moins bien mouillés. Spectacle pour ceux qui sont au bar : trois bateaux dérapent. Yves part aider un magnifique ketch anglais appartenant à Brian : 70 ans, l’âge de son bateau, un équipage de jeunes, passe sa retraite à Kilifi au Kenya. Bryan est un participant assidu à la « Tanga Race ». Tous les ans, il descend à Dar afin de prendre le départ de cette prestigieuse régate. Il nous avait convié à son bord alors que nous admirions son bateau. Parmi ses équipiers, un jeune homme nous reconnaît : c’est le beau gosse qui nous a viré de la petite île privée à Mafia ! Il en était tout désolé, mais le patron était là et, apparemment, il est très capricieux (shitty est le mot exact). Nous passons un très bon moment, une bière tiède à la main. Nous écoutons Bryan nous raconter sa vie et les évolutions du Kenya et surtout de la Tanzanie (qu’il a quittée quelques années plus tôt).

MedioVaS n’a pas bougé d’un maillon, il est bien ancré, nous sommes tranquilles. La décision est prise de laisser les régatiers repartir pour aller visiter l’intérieur du pays, en allant jusqu’à Arusha. Je trouve une « agence » de location de voiture. Yves négocie et obtient une belle voiture pour le lundi matin très tôt. Mais...une fois relu le « contrat », nous relevons un problème de taille : l’assurance « all included » promise par le site web se révèle « nothing included ». Le loueur n’est pas inquiet du tout. En cas de soucis, un petit coup de fil et on discute entre amis. Mouais. Nous voyons cela d’un mauvais œil. Le contrat est annulé et l’argent remboursé sans discussion (miracle). Soulagés ! Il faut maintenant trouver un autre moyen pour rallier Arusha. Pas d’avion, pas de train, pas de voiture. Le Dala Dala ? 460 km... cela représente à peu près 24h de trajet. Nous parcourons toute la ville afin de trouver un départ de car. Deux filles nous aident et nous font monter dans un Dala Dala en précisant au conducteur où nous devons descendre. Nous ne savons absolument pas où nous allons. La campagne est belle... au milieu de rien, un énorme terminal de cars longue distance. Plein de cars, des vrais, portant en grand lettres « Tanga-Arusha ». Chouette ! Mais pas de guichets. Encore une femme qui vient à notre rescousse en nous donnant les coordonnés d’une agence. On remonte dans le Dala Dala et on rebrousse chemin. En fait, nous sommes revenus à la case de départ. Raqeeb Bus était à nos pieds ! Les tickets enfin en main, le départ est fixé au lundi 7h30. Nous souhaitons une bonne deuxième manche retour à nos amis régatiers et nous embarquons dans le Luxury Bus.

Même pas une pub mensongère, à part peut-être le wifi ?

J’avais préparé une petite salade de riz et téléchargé deux-trois films. Huit heures de trajet, c’est long. Mais tout y est : la télé passe des clips (locaux) et la clim est en fonction (après la moitié du trajet). À notre grande surprise, il y a même un film : c’est le dernier Rambo qui apparaît ! La version originale, inaudible, est sous-titrée en chinois, illisible ! Bah, Rambo, ça se lit sur les lèvres, non ? Vers 11h, distribution de boissons tièdes, puis arrêt buffet-sur-le-quai : pause toilettes de rigueur (faire vite) et possibilité de s’acheter à manger (faire encore plus vite, le car klaxonne déjà). Je n’en reviens pas. Bravo pour ce voyage super bien organisé. La route est magnifique. Nous longeons le parc national de Mkomazi avant d’arriver à Moshi.

Les plantations de sisal colonial sont bien présentes.  

L’immense vallée est couverte de sisal, dont la Tanzanie est le deuxième producteur au monde. On n’en voit pas le bout. Cette plante, originaire du Mexique et cultivée jadis par les Aztèques et les Maya, connut son apogée en Tanzanie avec les allemands puis les britanniques. À l’indépendance, cette agriculture employait encore un million de fermiers. Mais le prix de cette magnifique fibre a chuté avec l’essort de la fibre synthétique. Aujourd’hui, elle retrouve un second élan. La fibre naturelle est finalement plus résistante. Surtout, son utilisation a été diversifiée : de simples cordages résistants, on en fait aujourd’hui des vêtements, des matelas, des pantoufles et .... une liqueur qui rivalise avec la Tequila.

Notre route est souvent interrompue par de brefs arrêts dans des petites villes. C’est l’occasion d’acheter de tout, en ouvrant sa fenêtre : une orange pélée ou un chargeur de téléphone. Des biscuits avec ?

Nous ne craignons pas la soif ou la faim sur la route !

Moshi est une grande ville, la plus proche du Parc national du Kilimandjaro et tout à côté du Kenya. Évidemment je guète le Kili...

Le paysage devient de plus en plus montagneux et frais. C’est agréable. Nous croisons de grands troupeaux de chèvres et de bovins, appartenant aux Massai.

À chaque arrêt dans les petits villages, sous les arbres, un groupe de piki-piki : les motos taxis.

Piki-Piki:  à deux, à trois, avec ou sans bagage, pas de soucis (Hakuna matata) !

Nous arrivons enfin à notre but, Arusha ! Le premier qui se jette sur nous, taxi, on monte dedans pour rejoindre notre Lodge. Une belle surprise.

La maison d’Asterix accrochée à la colline 

Et le plus majestueux de tous apparaît sous nos yeux au petit matin (mais alors pas longtemps du tout).

Le Kilimandjaro , certes un peu brumeux, mais montrant bien ses neiges légendaires. 

Et pour être sûr que l’on ne laisse rien traîner dehors, pleins de petits compagnons viellent jour et nuit.

« On s’en occupe » 

Nous avons une journée complète pour découvrir Arusha, ville de départ vers les Parcs et la mythique ascension du Kilimandjaro.

Nous nous promenons un peu au hasard, meilleure manière de visiter une ville et ses ruelles. Puis nous cédons à l’Experience Tanzanite : on y apprend tout sur la Tanzanite, évidemment ! Cette pierre précieuse fut rendue célèbre par le bijoutier Tiffany&Co. Elle a fait la fortune des Massai, propriétaires du gisement. «La mine est bientôt tarie, alors dépêchez vous d’en acheter ! » répète le guide, la pierre est mille fois plus rare que le diamant. C’est « la pierre d’une génération ». Les prochains ne pourront qu’en hériter. Enfin bref, il faudrait payer un bras pour devenir un pionnier !

La plus belle découverte d’Arusha, c’est un petit musée, dit de la « Déclaration d’Arusha ». En 1967, le président historique, chéri des Tanzaniens, annonçait ici sa vision du socialisme à l’Africaine. Julius Nyéréré, le père de l’indépendance, était très inspiré par le maoïsme, alors en plein développement. Il a cherché à en reproduire le meilleur, sans éviter quelques excès (nationalisations de trop, fermeture des frontières parfois, déplacement et mélange de populations de force). Si les résultats économiques furent plutôt décevants en général, on lui reconnaît une réelle honnêteté. Il aura tout de même réussi à imposer une société sans distinction de tribu, une langue unique et un vrai destin commun. Toute cette histoire transparaît dans les documents d’époque, sans propagande excessive. Évidemment, on ne dit pas grand chose du retour à une politique libérale au départ du « maître d’école » (mwalimu en swahili, sa profession initiale, dont il garde encore le titre affectueux aujourd’hui). Là encore, il avait reconnu ses erreurs et s’était effacé de lui-même, sans crise de succession, après plus de vingt ans au pouvoir.

La ville est aussi célèbre pour ses accords sur le Rwanda (non respectés) et (ce faisant) son tribunal pénal international pour juger les coupables du génocide des Tutsi. Mais là, pas de musée, pas de documents. Le tribunal a fermé, ses locaux sont reconvertis en centre de conférence. Il reste bien un « mécanisme » chargé du service après vente, mais il n’était pas sur notre chemin.

Une bonne nuit de repos avant de remonter dans notre Raqeeb Luxury Bus, sans salade de riz cette fois-ci!

Nous sommes contents de notre escapade et heureux de retrouver MedioVaS et la tranquillité du mouillage.

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Nous quittons Tanga en début d’après midi. Nous profitons d’une belle brise pour aller explorer la première baie au sud de Tanga, nous mouillons sous le Ras Nyamaku. L’endroit est superbe et très coloré. Les grandes marées permettent de découvrir l’immensité des plages au pied de petites falaises ocres.

MiniVaS, notre fidèle compagnon 
Et toujours autant de pêcheurs au rythme des marées  

Plusieurs routes s’offrent à nous pour continuer notre descente, mais elles offrent peu ou pas d’abris, côté continent. Je trouve un tout petit îlot en face de Pangani, qui me fait de l’oeil. Il n’est pas trop abrité, mais le mouillage semble de bonne tenue. A 6h30, nous appareillons, pour arriver à 13h30 à Maziwi Island. En effet, l’îlot est de toute beauté.

Et dire qu'il était couvert d'arbres... 

Anciennement couvert d’arbres, il ne reste aujourd’hui qu’un petit sommet de sable blanc. La marée basse laisse apparaître un énorme platier au nord, avec un petit lac en son centre. MiniVaS descend de ses bossoirs et nous y amène sans tarder. On a juste envie de se baigner dans cette eau couleur émeraude. La surprise est de taille : nous sommes accueillis par un « employé local » prétendant que l’endroit est un Parc Marin et que nous devons payer 50$ pour le mouillage et 50$ par personne pour débarquer ! Nulle part cet îlot est indiqué comme un Parc Marin. Devant nos mines agacées, il nous demande combien nous sommes prêts à payer. Ah ah, ben voyons. Pas de documents officiels, on ne paye rien et on part ! Il faut vite choisir un autre plan de route. La meilleure option se trouve en face, c’est Zanzibar, notre refuge préféré, au Ras Nungwi.

Ils partagent notre décision  

Nous y arrivons vers 18h. C’est toujours aussi bruyant et peuplé de boutres promenant les touristes, musique à fond. Mais l’endroit reste magnifique.

Les journées en mer sont longues, rien de tel qu’une bonne nuit de sommeil. Le matin suivant, nous appareillons vers Bagamoyo. C’était le point de rassemblement des négriers de terre (noirs) amenant les esclaves pour retrouver les négriers de mer (blancs et arabes), à Zanzibar. Le nom signifie, paraît-il, « l’endroit où l’on perd tout espoir ». Une petite anse promet un abri sûr par tous les vents, face à une tentative avortée de compagnie de pêcherie industrielle.

Le spi tambourine dans la soute, il veut prendre l’air. Il a bien raison, nous serons vent arrière toute la journée. Et quand le spi hisse ses couleurs, à bord de MedioVaS, il est d’usage de préparer des crêpes (nous sommes des marins aussi téméraires que gourmands). Nous accélérons aussitôt nettement, un délicieux parfum monte de la cambuse et MedioVaS m’offre un nouveau record en faisant une pointe à 10,3 noeuds sur l’eau. C’est l’instant vitesse et sirop d’érable !

Évidemment, le vent tourne un peu et forcit, le spi rentre et le genaker prend la relève en milieu d’après midi.

Il est plus de 18h quand nous entrons dans le chenal de Bagamoyo, la nuit tombe vite. Nous suivons bien les conseils des instructions nautiques et les indications de la carte, mais je garde les yeux fixés sur le sondeur.

On se tire de là... 

7m, 5m, 3m.... c’est louche ! La sonde annonce pourtant 6m sur la carte et la marée est encore haute.

Maji usiyoyafikia huyajui wingi wake (proverbe swahili : You do not know the depth of water  until you have enterred)

Pas d’hésitation, barre à droite toute et on s’échappe vite fait. La nuit est tout à fait tombée, maintenant, mais il y a encore de l’air. Le génois serait ravi de bosser un peu ? Un échange de regards et le cap est mis sur Dar es Salaam, nous filerons au près dans la nuit. Pour se remonter un peu le moral, Yves nous cuisine le rougail saucisse mis en conserve à Mayotte, avec l’aide du chef Pat’. Il ne reste plus qu’à passer entre les cinquantaines de loupiotes qui clignotent rouge-vert-blanc, la multitude de pêcheurs en pirogues occupe la route.

Lundi 16 décembre, à deux heures du matin, MedioVaS retrouve son point de mouillage préféré au DYC : karibu na Valencia. Du repos bien mérité.

Le Dar Yacht Club a pris ses couleurs de Noël.

Bon Noël !

Je prends l’avion ce soir afin de passer les fêtes en famille, en Belgique. Yves retrouve ses enfants à Dar.

La suite, l’année prochaine....

Bonne année !!! 
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De retour à Dar es Salam le 6 janvier dans la nuit, Yves m’attend à l’aéroport. Petit soucis, ma valise n’a pas pu attraper la correspondance. Elle arrivera avec le prochain vol, le lendemain.

Le 8, en route vers une île qui nous est inconnue : Pemba. Le vent souffle, nous arrivons assez rapidement au sud de Zanzibar. La nuit tombe, le vent également. Le courant nous empêche d’avancer à la voile uniquement: motor-sailing. Nous longeons Zanzibar par l’est puis le sud de Pemba. Moins de courant, davantage de vent, on peut continuer à la voile. Nous avons le temps, rien ne presse, et nous savons déjà que nous arriverons de nuit. Fin de journée, on s’offre un petit bain de mer dans le Pemba Channel, au milieu de rien. Cette couleur bleu indigo de l’eau est trop attirante. À l’approche de Pemba, coup d’accélération et prudence dans le labyrinthe des passes. Nous trouvons un point de mouillage abrité du vent afin de nous reposer un peu.

Pemba a une double réputation : superbes îlots souvent payants pour y mouiller, et compliquée en navigation et en formalités. Il faut passer par les autorités locales si nous ne voulons pas de problèmes.

Au réveil, un grain approche, faut aller à Mkoani afin de nous mettre en règles. À l’approche, le sondeur passe de 10 à 3 puis 2,5 m.... nous dégageons vite fait. Hauts fonds et patates de corail, tant pis pour les formalités, il y a d’autres ports plus au nord. Toutes voiles dehors, nous naviguons : les couleurs, les paysages, les pirogues se reposant entre deux pêches sur les plages de sable blanc, les femmes pêchant à pied, les boutres bien chargés sous voile; ce spectacle est magnifique.

Nous arrivons en début d’après midi à notre point de mouillage. Une longue estacade, de bungalows bien cachés, une plage de rêve ... nous sommes en face de l’unique hôtel du sud de Pemba. On débarque. Le lieu est grandiose. On s’attend à devoir payer ou être virés.

Rien de tout cela. Ramón, manager du Fundu Lagoon, nous y accueille chaleureusement. « Mi casa es tú casa ». Et le plaisir partagé de parler espagnol.

Pas mal, n’est ce pas? 

Nous dînons au restaurant, royal.

Le lendemain matin, nous partons sur leur bateau rapide vers Mesali Island, Parc Marin ultra protégé, pour une plongée en bouteille. Un déjeuner nous attend sur la plage, tout est réglé comme du papier à musique.


C’est simple... 
Certains attendent les restes  
Petite promenade digestive 
Finir la journée au nord de la piscine sous le regard de MedioVaS 

On quitte ce petit paradis en se promenant à la voile entre le dédale des îlots .

Faut partir, nous devons aller récupérer notre ami Stéphane à Tanga.

Pemba nous a offert toutes ses couleurs.

La traversée se fait plus rapidement que prévu. Le kaskazi ( vent du nord ) était bien présent!

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Notre premier invité, depuis que nous avons quitté Mayotte, arrive ! Stéphane, ami de la fac véto, débarque de son petit avion à Tanga avec deux heures de retard, il y aurait des orages..

Après le Dala-Dala, une promenade à pied dans Tanga et une petite traversée à bord de MiniVaS , le voilà à bord.

Euh, dans l’eau en fait! 

Après ce petit rafraîchissement, les choses sérieuses commencent. Pas de repos pour Steph, nous traversons de suite vers Pemba. La traversée est longue entre grains, grisaille, vents tournants et rafales. Enfin, une éclaircie nous récompense, à l’entrée de Pemba. Après quelques petites siestes, il peut profiter du paysage. Bon, ça manque encore un peu de lumière .

Nous mouillons chez Ramón, évidemment ! Et nous réservons une plongée pour le lendemain. Le bateau file rien que pour nous.

Hakuna matata, plus de trente ans que Steph n’a plus plongé !!! 

Une plongée formidable sur la montagne de corail. Steph retrouve vite, très vite ses repères de flottabilité et le voilà à 20 m sous l’eau.

Déjeuner en bonne compagnie.  

L’après-midi est relax, au bord de « notre » piscine. Nous rencontrons un couple de français ayant vécu deux ans sur un catamaran. La vue de Mediovas face à la plage fait remonter de bons souvenirs et beaucoup de nostalgie. La soirée se termine par un BBQ sur la plage. Les tables sont dressées dans le sable, à la Britannique. Simplement somptueux ! Merci encore Ramón pour l’accueil que tu nous réserves à chaque visite.

Steph ne veut pas quitter les lieux, fallait s’y attendre. Pourtant, Zanzibar nous attend. La traversée est rapide, poussés par Le fameux vent du Nord, le Kaskazi.

Tout le monde porte son gilet. 

Petite escale sous Cemetery Island pour une baignade bien méritée après cette navigation musclée.

C’est bleu, très bleu ! 

Une fois mouillé devant Stone Town, un grain d’une grande violence nous pousse vers la plage, il faut dégager vite fait. Trempés jusqu’aux os, nous attendons que le calme revienne : pas question de se priver du mythique Shawarma au Forodhani Gardens ! Quelques stands sont restés, malgré ce qui vient de nous tomber dessus, ouf.

Après une nuit à se faire secouer, on décide de déplacer MedioVas côté sud, en espérant avoir moins de houle. C’est le moment de quelques courses avant de déjeuner avec Rashid au Lukmaan. Nous abandonnons Steph dans les mains de Rashid pour une belle visite de la ville historique.

Les bains perses   

Toujours cette ambiance de folie sur la plage.

Sportif de haut vol! 

Nous continuons notre descente. Petite escale sous le Ras Buyu, le temps de palmer un peu et de faire le plein d’eau dessalée.

Élégance et grâce! 

En appareillant, quelques dauphins font leur apparition, au grand bonheur de Stéphane.

À la barre, concentré !
En cuisine, Stéphane nous prépare sa bolognaise royale à la mer . 

Que reste-t-il pour éblouir notre invité ? Kwale Island et son petit îlot, bien sûr!

Heureux...  
Dîner au champagne, coucher de soleil... 

La longue traversée vers Dar es salaam sera courte : la météo est bonne et le vent porte comme on l’aime. Arrivés au Dar Yacht Club, piscine obligatoire et hamburger !

No coment! 

De nouveau grains nous occupent dans la nuit. Une grosse houle entre dans la baie du DYC, la nuit est courte, il faut remouiller sous peine de partager le mouillage de Visblik, le gros cata de derrière. Au petit matin, un OFNI : objet flottant non identifié , apparaît au large. Je crois y voir un toit. Nous le surveillons car il semble dériver vers nous. Comment expliquer à notre assureur, par exemple, qu’un toit nous serait tombé dessus ?! L’OFNI termine sa course sur la plage. En fait, il s’agit du beau petit resto flottant de Zanzibar! Snif...

Une longue route qui se termine au DYC. 

Visite de Dar es Salaam, la ville reste intéressante quoi qu’en dise le Routard.

Contrastes... 

Et pour finir son séjour, un petit tour au Slipway pour un dernier coucher de soleil.

Kwa heri twiga! 

Bravo Steph! Tu as passé tous les niveaux. Jamais eu le mal de mer, même en cuisinant. Toujours gardé le sourire, même dans les grains et « si je peux faire quelque chose » au milieu de la nuit. Des plongeons inoubliables, je crois que les poissons en parlent encore! Karibu tena.

Bon vol, hasta la vista, amigo!

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Il est temps de quitter la Tanzanie, le cœur en peine ! Mais les visas ont des limites.

Kwa heri DYC, et merci pour cet accueil formidable ! À bientôt !

Nous décidons de faire notre ascension vers le nord tranquillement. Nous faisons un petite escale sous le Ras Buyu afin de se reposer un peu, au calme. Nous avons eu quelques dîners avant notre départ. Merci les amis et au plaisir de vous revoir bientôt !

Nous allons ensuite à la découverte de la Marina de Zanzibar ! C’est sans doute la seule du pays. Nous sommes déjà passés quelques fois à Zanzibar et jamais nous n’avions entendu parler de cette marina. Sortie de terre depuis peu et d’ailleurs pas vraiment terminée, nous n’arrivons à trouver l’entrée qu’aux jumelles et avec l’aide de Google map. Sur notre carte marine Navionics, nous naviguons sur du sable. Enfin, nous ne sommes pas loin du sable, le sondeur affiche 1,9 mètres (marée basse) à l’emplacement qui nous est attribué. MedioVaS se sent tout petit au milieu des énormes catamarans luxueux qui l’entourent.

Grande place pour MedioVaS 

Mais il est ravi d’être dans un port, et porte fièrement ses défenses. Les batteries profitent du chargeur de quai. Mauvaise surprise: deux boulons du balcon avant se sont brisés, il faudra trouver un soudeur inox quelque part au Kenya.

Le bureau de Azammarina 
Un énorme terrain de jeu pour enfants ainsi qu’un parc aquatique  

Nous prenons un Dala Dala vers Stone Town, dernières petites courses à faire. Un gros et long grain nous surprend au milieu de notre promenade et nous voilà bloqués une heure dans les échoppes côté nouvelle ville.

Le soir, notre ami Rashid nous envoie un chauffeur à la marina afin de le retrouver dans son école de cours du soir de français. C’est une merveilleuse surprise ! Rashid, en plus d’être guide, donne des cours de français bénévolement à des jeunes défavorisés, afin de leur donner la possibilité de trouver du travail dans le tourisme. Ces jeunes sont incroyablement doués. Ils nous bombardent de questions. Nous essayons de temps en temps de parler swahili, cela fait beaucoup rire. La soirée est forte en émotions !

Safari ni maicha, na maicha ni safari. Le voyage c’est la vie et la vie c’est un voyage !

Zanzibar, nous reviendrons !

Nous quittons la marina et faisons une petite halte sous Cemetery Island, les couleurs y sont si belles.

Nous devions avoir un vent du nord mais il vient du sud. C’est parfait pour aller au nord. Nous longeons doucement Zanzibar, nous profitons du paysage qui défile. Le vent tourne nord-est, il est temps de traverser Pemba Channel vers Tanga. Alors que le jour commence à tomber, un énorme filet dérivant entoure MedioVaS. Nous voilà stoppés net ! Nous enroulons les voiles et analysons la situation. Nous sommes bien « péchés ». Après des appels infructueux du pêcheur au loin dans sa pirogue, nous décidons de couper ce que l’on peut. Mais cela ne suffit pas, Yves est obligé de plonger afin de libérer MedioVaS. Nous allons être pris trois fois de plus durant la nuit mais sans devoir plonger : le bateau stoppe, dérive au travers et le filet passe dessous sans nous emprisonner.

Entre clair de lune, petite pluie, gros nuages menaçants et tapis d’étoiles étincelantes, s’ouvre le chenal de Tanga au petit matin.

Nous déjeunons au Tanga Yacht Club (TYC) sous une pluie battante. Évidemment elle tombe cinq minutes après avoir commandé nos plats. Nous attendrons l’éclaircie suivante pour que le serveur traverse toute la terrasse avec son parapluie.

Nous veillons la tenue du mouillage de MedioVaS 

Nous retrouvons des amis et nous rencontrons de nouveaux voiliers en voyage. Conseils et échanges d’expériences autour d’un verre, c’est toujours sympa. Nous apprenons ainsi qu’il vaut mieux faire notre entrée à Kilifi, au Kenya, et surtout pas à Shimoni où les douaniers ont une tendance à la perfection en fouillant et retournant le bateau à la recherche de quelque chose de suspect. Il vaut mieux éviter Mombasa également.

Les papiers de sortie de Tanzanie sont faits très rapidement. Nous sommes prêts pour Kilifi, 100 miles au lieu des 35 prévus.


Au revoir la Tanzanie, à bientôt ! 
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16h10, le 3 février, nous appareillons. Nous avons quelques 120 miles à parcourir. En soi, ce n’est pas beaucoup (x1,852 km), mais nous savons que la route va être longue. Le vent va fléchir, il viendra de face et un fort courant contraire nous attend. Mais peu importe, il faut partir et nous avons tout le temps.

Beaucoup de virements de bord nous occupent le long de la côte. À la nuit tombée, je laisse mes amis pêcheurs à Yves. On a l’impression qu’ils nous ont préparé une barrière d’honneur à la démarcation des eaux tanzaniennes. C’est beau à voir, mais prudence. En les croisant de près, j’entends Yves crier : « Habari usiku ? Samaki wakubwa ? » (Comment est la nuit ? De gros poissons ?) et les pêcheurs de répondre, au milieu de cris de surprise et de joie, avec grand enthousiasme : « Safari n´jema ! » (bon voyage !), c’est émouvant.

Je prends le quart à 3h du matin. Arrivés dans les eaux kenyanes, un grain fait des siennes au loin. Le vent monte d’un coup, puis tombe et prend une toute autre direction. Le souffle est trop faible, nous continuons au moteur. À la lueur des feux de route, je vois tout à coup les bouées d’un filet de pêche dérivant. J’ai juste le temps de sauter sur la poignée des gaz pour la mettre au point mort et espérer que l’hélice s’arrête de tourner rapidement. Nous sommes bien pris dans un filet, une fois de plus. La situation est simple, d’autant que nous sommes entourés de méduses par dizaines : cette fois, hors de question de se mettre à l’eau pour se libérer et contrôler que l’hélice est claire. On se laisse dériver, on observe, on libère une grosse bouée ... mais rien n’y fait. Décision est prise : on remonte le centre du filet à bord et on le coupe entièrement dans sa largeur. Il n’y a plus qu’à attendre, pas question de faire tourner l’hélice tant que l’on ne voit pas le filet au loin, de chaque bord de MedioVaS.

Après une heure de travail, MedioVaS est libre et peut reprendre sa route au moteur.

Le pavillon kenyan flotte à tribord. 

Une belle brise se lève avec le soleil. Nous poursuivons sous voile. La journée est magnifique. Nous saluons Mombasa et son mouillage de cargos.

Petite analyse des cargos au mouillage grâce à l’AIS. Surprenante « destination » ... serions-nous dans une zone à risques ?

Le vent tourne à notre avantage mais le courant contraire est de 3 noeuds. Pas grave, MedioVaS file sur l’eau.

Bonheur et silence 

On commençait à se demander si le Kenya voulait de nous quand un attroupement de dauphins vient jouer autour du bateau. Un spectacle de sauts et de glissades sous l’étrave nous réconcilie avec le pays.

Dauphins en fête  

En fin de journée, le courant nous laisse enfin avancer à notre vitesse réelle. Nous embouquons le chenal de Kilifi vers 1h du matin. Le chenal est compliqué mais bien signalé, Yves est aux anges. Pour arriver au boatyard de Kilifi, il nous faut passer sous des câbles électriques aériens et sous un pont. On attend au mouillage, en aval, que la marée baisse et que le jour se lève.

7h30, c’est le moment d’y aller.

Si avec tout cela on a un soucis, ce ne sera pas faute de préparation !

Tout se déroule à merveille. Yves veille à l’avant : « - Câbles électriques passés », « pont passé ». « - Tu es bien certain pour le pont ? Sur la carte, je ne suis pas encore dessous ». On nous le confirmera au yacht club : le pont est décalé d’une centaine de mètres sur les cartes électroniques Navionics. Mais tout le reste de la crique est juste. Ouf !

Pont reliant Kilifi à Mnarani (côté yacht club) 

Une bonne douche et nous débarquons. Peter, le commodore, nous accueille formidablement. Il met un de ses gars et son pick up à notre disposition pour aller aux douanes de Kilifi, afin de faire notre entrée au Kenya, achat de carte SIM et change d’argent. De là, nous prenons la route de Malindi en « matatu », l’équivalent local du Dala Dala, pour nous mettre en règle avec l’immigration.

Matatu signifie trois (au pluriel) en swahili. Avant, c’était le prix de la course, trois dollars. Aujourd’hui c’est trois cents shillings. Il y a toujours un trois dedans, au moins.

La route vers le nord est superbe, baobabs et cocotiers entourent des petits villages fait de maisons en terre, des petits champs cultivés et des troupeaux de zébus.

Une heure de matatu, cinq minutes de tuck-tuck, l’officier de l’immigration nous reçoit très gentillement. Tout se déroule parfaitement bien et très vite, nous avons certainement bien fait de ne pas tenter nos démarches plus au sud. Nous nous promenons ensuite dans Malindi. Nous prenons un piki-piki-parasol (moto 3 places couverte d’un mignon parapluie allongé) pour rallier le centre-ville. Le pilote nous conseille un petit resto local. C’est un régal à deux euros qui satisfait nos estomacs affamés.

Malindi, dans le temps, c’était LA ville portuaire rivale de Mombasa pour l’Afrique de l’Est. 

Retour vers Kilifi après une longue attente sous le cagnard à la station de matatu. Le nôtre ne quittera pas la station avant d’être plein, au rabatteur de faire rapidement son boulot « -Mombasa, Kilifi ! »

À Kilifi, nous trouvons le sentier qui descend vers le petit embarcadère où Georges vient nous cueillir pour traverser en dinghy. Pas besoin de l’appeler, il est là en même temps que nous, nous sommes chanceux.

Georges, un des patrons de dinghy du club

Le soir, c’est barbecue. Comment refuser des « spare ribs de porc » ?! La soirée est faite de nouvelles rencontres, Barth le Belge et sa femme Georgina l’Anglaise née au Kenya, René le Hollandais, Antonio l’Italien, et tant d’autres nationalités... dont un Canadien de Vancouver ! Tous se retrouvent autour d’un délicieux repas.

Une bonne nuit de sommeil nous attend.

Nouveau mouillage de MedioVaS 

Nous resterons quelque temps dans le coin afin de faire nos petites réparations et de profiter du calme et la beauté des lieux.

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La vie se passe plutôt à terre pour le moment. Le balcon avant est démonté. Le soudeur local nous prévoit une belle consolidation. C’est un peu la galère pour tout remettre en place, ajuster les trous, mais tout finit par s’arranger, on arrive même à replacer les câbles des feux de navigation.

Cassé, démonté et réparé-renforcé par plaques et contre-plaques !   

Nous pouvons aller nous promener tranquillement.

Déjeuner à Salty’s Beach. C’est un nouveaux spot de kite-surf. L’endroit est superbe et la plage est infinie. Idéal pour un bon déjeuner et pour se reposer. Peut-être reviendrons-nous tenter le kite?

Je dois aller à Mayotte, ewa, récupérer mon décret de naturalisation française. Alors nous en profitons pour visiter Mombasa.

Nous prenons le matatu et en route pour une bonne heure ! Bienvenue dans les bouchons autour de M’twapa. Nous arrivons à trouver notre hôtel en piki-piki (les motos taxis). L’hôtel est magnifique, en bordure de plage avec une superbe piscine. Mais ce sera pour plus tard. Un tuk-tuk nous conduit à Mombasa.

La ville est grande, très grande. Nous décidons de nous concentrer sur la vielle ville avant de se perdre un peu dans la nouvelle ville.

Soyez rassurés , ce n’est pas de l’ivoire. The Tusks ont été érigées pour la venue de la reine Elizabeth II  en 1956 sur MOI Avenu...

C’est dimanche, peu d’activité. Mais nous avons eu l’occasion par la suite d’y retourner. La ville bouillonne de tous côtés ! Marchés, boutiques, vente à la sauvette...

Après cette longue promenade, on profite de la piscine. La nuit sera très courte, mon avion décolle à 4h du matin et l’hôtel est proche de l’aéroport, mais pas le bon ! Ben oui, je me suis trompée, me voilà à 45 min du bon aéroport.

De retour de Mayotte, mon décret en main, je suis enfin belgo-française ou franco-belge. Yves m’attend amoureusement à l’aéroport, avec un taxi, prêt à nous ramener à Kilifi, toujours notre base.

Quelques BBQ et de nouvelles rencontres. Nous revoyons également Bryan, le ferru de la Tanga Race, Kilifi est son port d'attache. L’endroit est vraiment paisible. Quelques marins ont fait escale ici et ils y sont toujours, depuis quatre ou cinq ans. Cela ne va pas nous arriver, nous attendons toujours notre nouvelle ancre pour partir.

Barth, paléontologue flamand, nous offre une visite des ruines. Nous avons droit à une conférence complète sur l’évolution de l’homme de la préhistoire à aujourd'hui parallèlement à l’évolution géologique. C’est passionnant ! Les chasseurs-cueilleurs, les bantous, la forêt tropicale qui disparaît suite à la sédentarisation, les kaya, les cultes, l’arrivée des arabes ....

Le baobab sacré des animistes, les Arabes y ont mis leur mosquée juste à côté . Normal, non? 


La promenade se termine par une magnifique vue du mouillage  et un dîner à bord
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Nous décidons de partir à Nairobie. Nous prenons l’avion à l’aller, pour gagner du temps.

Nairobie est une ville dense. Le nombre de voitures est à son maximum, les bouchons et la pollution également ! C’est une ville qui se veut moderne mais bien des gratte-ciels sont encore quasi vides.

Faut passer à la bonne heure ! 

Yves nous a trouvé une superbe guesthouse dans le quartier Karen.

« - J’avais une ferme en Afrique, au pied des collines du Ngong », oui, oui, c’est bien elle : Karen Blixen, « Out of Africa ». Le quartier porte son nom. Il occupe son ancienne propriété.

Nous partons sur ses traces. Nous déjeunons dans la maison de son frère, qui a servi au tournage du film. Nous visitons la maison de la baronne, devenue un musée. Le moment est fort en émotions. On a l’impression de sentir sa présence autour de nous, sa force de caractère, ses échecs aussi.

Mozart au coin de la terrasse... 

La journée se termine par un moment de détente au « Giraffe Center ». Ce centre fait naître des girafes de Rotchild. En attendant qu’elles grandissent, on peut les nourrir. Elles sont ensuite relâchées, vers l’âge de trois ans. Elles rejoignent alors les réserves qui conviennent le mieux à leurs besoins, essentiellement en Ouganda et au nord du Kenya. L’espèce était en voie de disparition, elle s’est bien rétablie !

Sympathique compagnie

Retour en ville, nous voulons connaître l’histoire du train du Kenya, 931 km de voie ferrée entre Mombasa et l’Ouganda. Une histoire incroyable et un nombre de décès tout autant : quatre par kilomètre de construction. Les conditions de travail étaient particulièrement difficiles. En outre, le trajet de la voie ferrée, en plein milieu du futur parc Tsavo, attirait une faune sauvage parfois très agressive, dont deux célèbres lions mangeurs d’hommes. Le directeur de la construction lui-même y est passé, dévoré dans son propre wagon !

Où l’on retrouve également les wagons et  les locomotives qui ont servi au tournage de « Out of Africa » 

Comment quitter Nairobie sans passer par le musée national ? Le Kenya est l’un des berceaux de notre espèce et le musée expose les crânes et squelettes les plus anciens et complets de nos origines.

Bonjour les ancêtres ! 

Pour le retour, nous choisissons le train. Malheureusement, l’ancienne ligne n’existe plus. Elle est remplacée par une nouvelle voie ferrée qui la longe, plus rapide et plus moderne. Qui a « offert » tout cela ? La Chine. Enfin, le train est très confortable. Et la route est splendide. Nous traversons tout le parc de Tsavo. Nous apercevrons des éléphants, des zèbres, un troupeau de buffles avec des antilopes... mais aucun lion, ouf ! Entre collines et plaines, le voyage vaut vraiment la peine .


Notre ancre est arrivée , on peut partir. Formalités : douanes , immigration , courses, .... demain : nous naviguons vers les Seychelles !


Tout le monde est prêt . 
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Jeudi 5 mars, 7h du matin, c’est le départ. Prudence, nous démarrons par le passage du pont et des câbles électriques, puis c’est la porte de l’océan Indien.

Il faut dix-huit mètres pour que le mât passe... 
Sortie de Kilifi Creek, une suite de maisons somptueuses 

Pendant trois jours, nous filons à belle allure, entre 4 et 7,5 noeuds (avec des pointes à 8!) vers le 4ème parallèle sud. Le vent vient du sud, sud-est, parfois sud-ouest et on sait qu’il va tourner au nord. Entre les deux, une grosse zone sans vent, la ZCIT : zone de convergence intertropicale des vents, un « pot-au-noir ». Cette zone se déplace selon les saisons, et comme nous sommes partis légèrement plus tard que prévu, elle est sur notre route. On essaye de l’éviter au mieux mais samedi après-midi, nous y sommes...

C’est un peu le rendez-vous de tous les vents...sans vent !

Nous motorisons, comme disait notre copain Antonio, l’italien de Kilifi : « si tou né met pas lé moteur, tou peux passer dix jours là-dédans».

Nous en profitons quand même un peu, une piscine de 5000 m de fond et si bien entretenue, c’est rare ! 

Nous arrivons à nous en dégager dimanche après-midi, une brise du nord nous permet enfin de naviguer à la voile. Le vent est très variable en force, de 3 à 8 noeuds, mais il est là, il est agréablement frais et on avance. Il ne se passe pas une soirée sans avoir un rassemblement de dauphins autour du bateau. Peut-être est-ce l’hydrogénérateur qui les attire par son léger sifflement? Nous le mettons à l’eau la nuit uniquement. Quoiqu’il en soit, c’est un spectacle magnifique.

Nous avons également la visite de plusieurs oiseaux marins. Ils sont beaux, certes, mais nous n’aimons pas les avoir à bord. L’un d’entre eux s’est posé sur notre feu de mouillage pour y rester pendant trois heures. Certes, une belle démonstration d’équilibre, surtout quand son copain veut lui voler la place. Mais c’est en tête de mât que se trouvent la girouette, l’antenne VHF, l’anémomètre ... résultat : nous n’avons plus de girouette!

Voici la coupable : une ou deux plumes en moins ...  

Nous naviguons avec une lune montante. La lune est si lumineuse que l’on en est presque éblouit . De plus, nous naviguons plein Est. Chaque jour nous offre une nouvelle palette de couleurs, devant nous et derrière nous : entre lever et coucher de lune ou de soleil, on ne sait plus où regarder.

Superbe, non? 

Pour la veille, nous fonctionnons par tranche de trois heures. Quand l’un veille, l’autre dort ou fait ce qu’il veut. Mais celui qui veille, ben... il veille : toujours à l’extérieur, le regard sur l’océan, les voiles et les appareils de navigation. Veiller le ciel aussi, un grain arrive rapidement et il faut l’anticiper en réduisant les voiles tout aussi rapidement. Nous croisons quelques cargos, tanker et surtout des bateaux de pêches (enfin, usines de pêche). Ils sèment de nombreux petits récifs artificiels qui attirent les poissons. Les plus modernes sont signalés, les autres...

Des signaux AIS apparaissent au fur et à mesure que nous avançons, ce sont les DCP : Dispositif  de Concentration de Poissons. 

Pour ce qui est de la barre, elle est bloquée à un certain angle, c’est le régulateur d’allure qui la complète. Il faut le surveiller aussi, surtout lorsque le vent est faible ou trop incertain, le régulateur devient alors un peu capricieux. C’est un réel bonheur de l’avoir, d’autant plus qu’il n’est pas énergivore : zéro consommation, purement mécanique.

Popov, notre régulateur d’allure. Il navigue au vent, selon l’angle de vent que nous désirons. 

À partir de lundi soir, le vent monte à 10/13 noeuds, un vrai bonheur. Mediovas file sur l’eau. On se rapproche des Seychelles. Ceci se poursuit jusqu’au mercredi soir. Ensuite, c’est l’accalmie. Le courant n’est pas avec nous. Mais ce n’est pas grave. Nous ne sommes pas pressés. Le vendredi 13 mars, au petit matin, nous apercevons la terre, Silhouette, l’île à l’ouest de Mahé. Nous y sommes. Peu de temps après, Mahé se dessine à l’horizon. Le vent tombe, le moteur ronronne, nous voulons arriver à Port Victoria en début d’après-midi afin de pouvoir faire notre entrée.

A dix milles du port, Yves fait un appel radio afin de prévenir le capitaine de port de notre arrivée. Personne ne répond. Deuxième, troisième, quatrième essai, rien. Nous mouillons dans la zone de quarantaine et nous attendons la visite des autorités. Enfin un contact radio avec le pilote de port, qui prévient les autorités. Ils viennent vers 15h45. En effet, une pilotine transfère trois personnes à bord, chacun portant un uniforme différent. Une petite visite du bord, un regard sur nos provisions, deux ou trois questions à propos de notre santé (petite inquiétude, ces temps-ci), quelques documents à remplir, et ils repartent. Nous devons attendre lundi pour les paiements et l’immigration. Le we tout est fermé. Nous en profiterons pour refaire des provisions avant de repartir vers les jolies plages...

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L’histoire des Seychelles est passionnante. Je vous conseille de la lire. Cet archipel perdu au milieu de l’océan Indien était encore inhabité il y a 250 ans. Aujourd’hui, 90000 personnes y vivent : les créoles, issus des colons français puis anglais, d’anciens esclaves, des Arabes, des Indiens et des Chinois. Il est vrai que l’archipel se situe sur les anciennes routes commerciales des Indes et de l’Afrique de l’Est. Il fallait seulement tomber sur l’une de ses îles. L’indépendance est obtenue en 1976. Victoria, capitale des Seychelles, tient son nom de la reine Victoria. C’est l’une des capitale les moins peuplées du monde.

Au centre des deux rues principales, une mini clock tower en hommage aux Anglais.

La ville est petite et l’atmosphère très agréable. Des petits restos, des take-away, beaucoup de banques et, assez surprenant, beaucoup de centres d’affaires. De fait, après un régime proche du communisme, le nouveau président a choisi d’ouvrir les portes aux investisseurs et de développer le tourisme, l’écotourisme plus exactement.

On y trouve aussi un marché couvert, regorgeant de poissons et de fruits et de légumes, tout en couleur et en ambiance créole. Nous qui gardons toujours une frustration de nos deux ans dans les pénuries mahoraises...

Le port de Victoria est devenu le deuxième port au monde pour la pêche au thon. C’est un beau contraste avec la politique de préservation de l’environnement, l’écotourisme, etc. L’économie nationale doit avoir ses raisons...

En ce qui nous concerne, lundi à la première heure, nous faisons visite aux autorités : douane, immigration, bureau du port. Tout se passe à merveille dans la nonchalance locale. Quelques masques et gants apparaissent ... Notre visa de plaisancier n’est valable que 15 jours seulement. Nous allons donc illico au bureau des prolongations, en ville. Il nous faut attendre trois jours pour avoir la réponse. Nous partirons pour les petites îles plus tard.

Je loue une voiture et nous voilà partis toute une journée pour sillonner Mahé.

Les routes sont étroites et en lacets dans les collines. Gare aux bus qui roulent vite !

Nous traversons le Parc National du Morne Seychellois et son point culminant de l’île à 906m. Ce parc est une splendeur. Nous nous retrouvons un milieu d’une forêt primaire, en plein décor de film.

Des oiseaux et des arbres de toutes sortes. 
Et les ruines de la mission catholique (1870). 

Nous poursuivons notre route d’est en ouest.

Nous arrivons à une belle cascade au milieu de cette forêt tropicale. 

Et au bout de notre route, port Glaud, quelle belle surprise !

On se croirait presque aux Seychelles ! 

Une pause déjeuner s’impose dans ce beau restaurant en bord de plageounette.

Pause déjeuner .... 
Et baignade ! 

Il nous reste du temps, nous en profitons pour explorer les anses, côté sud ouest, sud, sud est. Et nous rêvons déjà de nos prochains mouillages.

Le lendemain, après avoir rempli les bidons de gasoil et d’essence du bateau, nous rendons la voiture. C’est le temps d’une dernière ballade dans Victoria tout en complétant l’avitaillement, dans l’espoir de pouvoir bouger dès le lendemain. MedioVaS s’impatiente dans son port de pêche aux parfums délicats.

Jour J à 9h, nous sommes devant les bureaux immigration-prolongation avec l’ami Rob, le canadien. Nous avions tous les trois envisagé le refus : prêts à demander l’asile sanitaire !

Ouf ! Nous obtenons tous la prolongation demandée, trois mois pour nous. Nous pouvons appareiller ! En route vers Praslin, deuxième île des Seychelles par sa taille.

Nous pensons fort à vous tous, confinés en maison ou appartement. C’est vrai que notre confinement est plus facile à vivre pour le moment, tant que nous pouvons encore naviguer et bouger.

Courage!!!!  
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Tous nos documents en main, nous partons vers Praslin le 19 mars à 10h30. La navigation débute au moteur, peu de vent en cette saison. Mais la brise thermique nous sauve et le gennaker retrouve enfin le grand air ! Nous longeons toute la côte ouest de Praslin. Elle fait rêver. Nous passons à terre des îles Cousin et Cousine. Les paysages sont de toute beauté. On opte pour l’anse Georgette pour notre première nuit à Praslin. Une petite anse pleine de surprises.

Tellement beau !

Rapidement nous voyons d’autres bateaux arriver. L’un est un cata avec, à son bord, cinq couples français qui ne peuvent pas rentrer au pays.

Nous descendons à terre. Un petit sentier au milieu d’une forêt tropicale nous conduit au trou numéro 15 d’un splendide golf. Inattendu, c’est le plus beau au monde, paraît-il.

Le mouillage est très houleux, nous partons le lendemain mouiller dans l’anse d’à côté. Plus grande, elle nous offre un nouveau décor de rêve, c’est l’anse Lazio. L’ancre est jetée devant une minuscule plage entourée de granit.

Petite plage privée ... 

Au loin, nous apercevons un voilier qui nous semble connu. En effet, Flâneur est là, avec Marie-Christine à son bord. On l’avait ratée de 24h au Kenya. Nous avions fait sa connaissance à Mayotte, il y a deux ans. Elle tourne autour du monde depuis trente ans, seule sur son Trismus. Qui ne la connaît pas ?

Une magnifique goélette vient mouiller devant nous, un couple d’australiens a son bord. Ils sillonnent les océans et le grand froid de l’Alaska,... depuis dix ans. Nous les invitons à dîner avec Marie-Christine à bord de MedioVaS. La soirée est charmante.

MedioVaS frime une peu 

Le tuba s’impose...

Les coraux sont morts suite au passage du Niño mais ils reprennent vie petit à petit. 
Les fameux blocs en granit rose, majestueux et pas en cartons. 

Faut bien se dégourdir les jambes. Rien de tel qu’une promenade à terre. Nous empruntons le chemin conseillé par Marie-Christine...deux kilomètres en montée franche pour atteindre Zimbabwé, nos jambes s’en souviendront.

Petite vue des hauteurs de notre mouillage.  

Les voiles ont également envie de se dégourdir un peu. Nous appareillons pour une sortie autour de Curieuse, un parc marin.

Petite séance de pêche...infructueuse 

A notre retour, nous avons l’honneur de dîner à bord de la goélette australienne, et de la visiter. Nous restons sans voix.

Qui n’a jamais rêvé d’une goélette ? 
Cette baie est décidément somptueuse.  

Petite histoire de l’Honesty bar : ce petit bar, au milieu de la forêt avec vue sur mer, n’était qu’un frigo et quelques chaises autour de quelques tables. Les gens venaient, se servaient et laissaient l’argent dans une boîte. Aujourd’hui, le tenancier était là, est-ce à cause du corona?

Repos pour Snoopy, de nouveaux copains  pour MedioVaS, et une belle plage pour MiniVaS

Le lendemain, il faut faire de l’eau. Mais notre groupe électrogène est vraiment capricieux. Nous partons à Baie Saint Anne, ville principale de Praslin, en espérant trouver un mécano.

L’accueil est surprenant. « A cause du corona, on ferme. On ne travaille plus . » Nous restons un peu perplexe, il est en plein travail ! Nous insistons un peu : « ok, laissez-le là (à deux mètres de lui) et revenez dans une heure, ne restez pas là ». On a compris. Nous sommes des touristes français et nous faisons peur. Ce qui nous a aidé, c’est quand nous lui avons dit que cela faisait depuis plus de quinze jours que nous étions aux Seychelles. Enfin, l’essence du groupe électrogène est encrassée, il devrait fonctionner à merveille maintenant.

Baie Sainte Anne sous le grain 

Retour à Anse Lazio afin de tester le groupe. Bon, nous finissons par réaliser une chirurgie à cœur ouvert en le démontant complètement, vidange de l’essence .... il ronronne à nouveau. Le plein d’eau est fait.

Corona Détente 
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Le 26 mars nous décidons d’appareiller vers La Digue, petite île au sud de Praslin. MedioVaS se régale au grand largue, toujours accompagné de son rémora qui lui « colle à la coque ». Après cinq heures de belle navigation, nous avons réussi à passer entre les grains, nous mouillons au sud de La Digue. Une succession d’anses s’offrent à nous. Le choix est difficile : Grande Anse, Petite Anse, Anse Coco, elles sont toutes très attirantes. C’est à Petite Anse que nous mouillons. Une heure plus tard, un énorme yacht vient jeter son ancre derrière nous. S’en suit un va-et-vient incessant de son annexe : un apero/dîner de luxe se prépare sur la plage !

MedioVaS frime un peu moins 

Comme toujours, notre vaillant MiniVaS nous amène à terre. Cette fois-ci, il fera comme les grands et nous attendra au mouillage, trop risqué pour lui de passer la barre.

C’est toujours somptueux 

Un gros grain interrompt les festivités des riches vacanciers. Une pluie torrentielle s’abat sur nous mais sans vent. MedioVaS est tout rincé.

Anse Coco, plus petite et très sauvage  

Le soleil se couche et nous offre une palette de couleurs complètement incroyables. Je vous promets que la photo n’est pas trafiquée.

Spectacle inhabituel. 

Le vent tourne au sud, allons donc au nord. C’est ainsi que nous déterminons où s’installer, à la recherche d’un abri confortable en fonction des vents.

Nous allons mouiller à la Passe, en face du port de La Digue. Le tirant d’eau de MedioVaS est trop important pour y entrer. Et nous aimons être au calme, entourés d’une eau limpide.

La Digue est une petite île où tout se fait à pied ou à vélo. Il ne nous reste plus qu’à louer deux vélos. « Dereck-oui-oui-comme-l’inspecteur » (ce n’est Derick ?) nous promet les plus beaux vélos de l’île. À cause du corona, l’activité de l’île est en baisse et il devient difficile d’avoir accès aux activités touristiques. Mais Dereck veille sur notre espèce en voie de disparition ! Nous voilà donc équipés et nous partons en expédition.

Nous ne sommes pour ainsi dire pas nombreux !

Nous déambulons le long de la côte. L’Union State est resté ouvert, mais agréablement gratuit à cause du corona, toujours lui. Une belle opportunité de visiter ce domaine superbe.

Nous pouvons ainsi accéder à l’Anse Source d’Argent, sans doute la plus belle de l’île.  
Ici sont la maison coloniale utilisée pour le film Good bye Emmanuelle et les tortues géantes seychelloises, moins sexy...

Nous nous perdons à l’intérieur des terres. Ça monte fort, mais pas question d’arrêter.

Végétation luxuriante et couleurs magnifiques  

Le lendemain, nous recommençons !

Oui, c’est trop beau 

Notre ami Dereck s’occupe de nous trouver des légumes et des fruits frais ainsi qu’une langouste fraîchement pêchée. Bon, on aura pas mal de choses, mais pour la langouste, payée à l’avance, faudra attendre la prochaine escale à La Digue. Un couvre-feu est instauré sur l’île, tout devient un peu plus compliqué.

Les tortues nous remontent le moral 

Le calendrier tourne. Nous savons déjà qu’Yves ne pourra pas rejoindre ses enfants en métropole et que Manon et Arthur ne pourront pas venir me voir ici. Grosses déceptions !

Il est temps de retourner à Victoria. Nous avons notre visa, mais nous devons nous occuper de l’importation temporaire de MedioVaS. C’est obligatoire au delà d’un mois. Et dans cette situation, nous risquons bien d’être bloqués dans cet Éden pendant quelque temps !

Le retour se fait entièrement à la voile. Ici et là, un grain croise notre route afin de nous rafraîchir un peu.

Devant Victoria, alors que nous filions toutes voiles hautes dans le chenal, nous sommes interceptés par les Coast guards. Nous mettons à la cape, toutes voiles roulées et nous attendons qu’ils vérifient nos déclarations auprès des autorités portuaires. Ouf, nous avons l’autorisation de rentrer au mouillage du port. Nous hésitons un peu à rentrer, pourrons-nous ressortir de ce piège ?

Nous retrouvons les thoniers, énormes machines de guerre pour produire de toutes petites boites de fer blanc ! 

Au mouillage, nous comptons à peu près tous nos nouveaux copains de voile ainsi qu’une vieille connaissance, Erias. Nous avions connu ce bateau à Madagascar avec Nadine et Jean-Yves à bord et nous les avons revus à Mayotte, avant leur dernière année de navigation. Désormais, Erias navigue avec Éric, Nathalie et leurs trois jeunes enfants. Ils ont un projet sur deux ou trois ans dans l’océan Indien et peut-être bien davantage. C’était avant le corona...

Je dois contacter Maria, notre agent, afin de lui transmettre tous les documents pour la douane. C’est déjà une aventure en soi, mais avec beaucoup de patience, j’y arrive. Rob le canadien et Ashley l’australien y parviennent aussi. Nous voilà tous un peu plus tranquilles après ce parcours du combattant et toute cette paperasse.

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Nous voilà libérés des formalités. Le 6 avril, nous décidons de rejoindre nos amis sur Erias, partis la veille à l’Anse Royale. C’est une belle traversée vers le sud-est de Mahé. Pas de grains pour nous, à la place, nous trouvons du vent juste comme il faut pour se régaler.

L’entrée de l’anse Royale est assez impressionnante. Un petit chenal passe entre deux récifs. Enfin, nous arrivons à trouver un bon point de mouillage, juste avant les coraux mais après le tombant. Les vagues brisent derrière nous, c’est tout simplement splendide.

Les autres bateaux arrivent et tout le monde se retrouve à bord d’Erias pour fêter l’anniversaire de leur fille aînée... Manon !

Anse Royale porte bien son nom. 

Une visite au marché local, il est très bien approvisionné en fruits et légumes. Ça fait du bien ! Évidemment, tout est à peu près fermé, sauf « laboutik » de vêtements. Yves m’offre un superbe chapeau de paille, je suis enfin bien protégée du soleil pour nos promenades à terre.

Visite surprise... 

Le matin suivant, nous avons tous la visite surprise des anti-narco... non, non, pas de fouilles à bord mais un petit questionnaire à remplir, des consignes à respecter,.... et nous gardons l’autorisation de naviguer.

On profite de la baie : baignade, poissons, et apprentissage du STUP (stand up paddle, mais après les narcos, ça prend un sens rigolo)

Nos débuts. 
Couleurs du mouillage par temps de grains 

Nous quittons l’Anse Royale pour la Baie Lazare, au sud-ouest de Mahé. Sous gennaker et à belle allure, j’installe la canne à pêche. C’est beau d’y croire ! Elle se fait oublier, la ligne à la traîne, quand tout à coup le moulinet file et se déroule presque entièrement. Une touche ? Je laisse filer le peu qui reste et je reprends et ainsi de suite, il faut fatiguer la bête, dit-on. Il faut aussi empanner. Tout à coup, le moulinet se déroule à nouveau, très vite et la canne plie si fort que j’ai cru qu’elle allait se briser. Yves remonte comme il peut mais, soudain, un saut au loin et la partie est perdue pour nous mais pas pour tout le monde. Plus de rapala, pas de poisson .... un poisson plus gros aurait il mangé notre pêche ?

Que d’émotions ! J’y croyais, pour une fois. Mais que d’émotions également en arrivant à Baie Lazare. Une grande courbe parfaite, des plages des sable blanc séparées entre elle par les fameux énormes rochers de granit arrondis, ce sont les Seychelles !

C’est très bleu par ici. 

Nous nous promenons dans les hauteurs à la découverte du village et de son église qui surplombe la colline.

Jour de prières mais l’église est fermée.  

Malheureusement tout est fermé. Le lockdown est en place depuis la veille au soir, annonce faite pas le Président des Seychelles. La police commence à faire des contrôles à terre. Le bateau reste le plus prudent. Le matin suivant, de très bonne heure, ce sont les Coast Guards. « Vous ne pouvez pas rester là, il faut retourner à Victoria ». Après discussion et quelques appels, nous arrivons à gagner du temps. On peut rester finalement. On les revoit le midi et le soir. Notre temps est compté.... rebelotte le lendemain, il faut rester calme. Mais voilà, cela ne pouvait durer. La tournée du soir, tard, nous annonce que tous les bateaux doivent se rendre à Victoria ou devant l’île de Saint Anne.

Mais oui, nous aussi... 

À la première heure du jour, au matin suivant, ils sont là, pour veiller à ce que tout le monde parte.

Nous négocions un petit plein d’eau dessalée dans l’eau propre de l’anse et nous faisons route vers Saint Anne. Après un peu de moteur, les voiles retrouvent le grand air. Je dois avouer que nous ne sommes pas pressés de rentrer, le confinement a débuté depuis deux jours aux Seychelles, il nous attend semble-t-il avec impatience.

Nous arrivons en milieu d’après midi face à Saint Anne. L’île est un magnifique parc marin qui est mis à disposition, gratuitement, pour les bateaux en confinement, bientôt rejoints par deux voiliers en fin de quarantaine. C’est beaucoup mieux que le port de Victoria !

Nous voilà donc confinés comme le reste du monde, mais le 8 avril 2020 seulement et dans un décor de rêve.

Île Sainte Anne: lieu dit de confinement  
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Presque tous nos voiliers amis sont là, deux sont partis au port de Victoria. Nous faisons très rapidement la connaissance de deux Espagnols, Andrés et Thays. Ils travaillent sur un catamaran Lagoon de 18m. Ils viennent d’arriver des Maldives. Lui est skipper et elle « chef » de cuisine à bord de cet énorme cata de charter. Ils ont quitté les Maldives pour des raisons de sécurité mais sont arrivés aux Seychelles après la fermeture des frontières. Ils ont eu l’ordre de quitter le pays au plus vite, mais ils négocient pour rester. Donc ils battent toujours pavillon Q, leur « demande de libre pratique » se transformant de facto en quarantaine sine die (Q : pavillon jaune du code international que l’on hisse à bâbord en arrivant dans un pays et que l’on garde tant que les formalités douanes, immigration, ou... contrôle sanitaire, ne sont pas terminées). Interdiction pour eux de descendre à terre, le parcours sera long. Même problème mais encore plus compliqué pour Mike, l’Autrichien, arrivé seul de Djibouti et bien après les Espagnols (sa copine étant rentrée seule au pays). Trois semaines de mer et autant de quarantaine, suivies du lockdown... il se sent un peu seul ! Tous les bateaux les ont aidés pour l’approvisionnement, accélérer les démarches par nos contacts, .... les Espagnols ont ainsi réussi à régler leur situation. Mais pas Mike, qui doit rester en quarantaine/expulsion. C’est ainsi que notre groupe s’est agrandi.

Matin, midi et soir, les Coast guards viennent vérifier le respect du confinement : ne pas aller à bord d’un autre bateau, nager seulement autour du sien, ne pas descendre sur la plage... Par contre nous pouvons aller à Victoria en annexe faire nos courses (il a fallu discuter plusieurs fois pour que chaque équipe de gardes comprenne que nous n’achèterons pas les vivres des agents aux prix décuplés).

Victoria est un peu triste. L’ambiance créole a disparu. À la place, il y a des files en dehors des supermarchés afin de respecter le social distancing, en attendant de tendre ses mains pour la désinfection au spray. Mais nous ne nous plaignons pas, bien au contraire. On trouve assez facilement de la nourriture, sauf les tomates (les anciens Mahorais ont l’habitude).

Au mouillage, la vie s’organise. On s’invite les uns les autres autour d’un petit repas clandestin ou d’un apéritif dînatoire en lumière rouge. Chacun laisse son annexe derrière son propre bateau et l’on guette les Coast guards. Donc il y en a un qui joue les taxis, c’est bien souvent Yves le « mooring driver », MiniVaS étant le plus discret des dinghies rapides. On se croirait un peu en colonie de vacance, appliquant la vieille astuce de mettre l’oreiller sous la couette pour laisser penser que quelqu’un y dort.

Le confinement est prévu jusqu’au 29 avril, ce n’est pas trop long.

Principale activité : le PMT (palmes-masque-tuba)

Je me perfectionne en boulangerie et je prépare des conserves, on ne sait jamais.

Seconde  activité : manger le mieux possible pour permettre la première.

On apprend assez rapidement que le confinement va se prolonger jusqu’au 4 mai. Flûte ! Chacun faisait déjà des plans de navigation. Il faudra patienter encore un peu.

Entre temps, notre ami Mike est mis dans un avion vers l’Autriche. Il voulait partir retrouver sa copine mais pas si vite. Des Seychelles, il n’aura connu que le mouillage de quarantaine, le confinement et l’aéroport du rapatriement. Il reviendra une fois que tout sera arrangé. Les autorités ont permis qu’il prenne ce vol « de rapatriement », manière douce d’exécuter l’interdiction de débarquer. Il a sauté sur l’occasion ne sachant pas quand se présenterait un avion pour l’Europe .

Nos activités évoluent doucement, les Coast guards s’occupant un peu moins de nous. Et, surtout, ils deviennent moins regardants avec le temps.

Il y a du vent ou non, chacun sort des jouets  
Nathalie récupérée par son mari, avec Yves en couverture, un poil avant que les Coast guards s’en mêlent.  Le courant et la fatigu...

Nathalie, partie en planche, fatiguée, dérive et attend son mari, comme d’habitude. William, l’Américain-du-mouillage, s’empresse d’appeler les Coast guards, ce qui ne plait à personne. L’enfer est pavé de bonnes intentions. Petit moment de panique, quelle sera la punition ? Aucune finalement.

L’île Moyenne, juste en face 
Couleurs, avec  ou sans grain
Tout le monde se protège du soleil , notre générateur possède son parasol assorti. 

Yves profite d’une opportunité pour commander un parc de batteries neuves, celles de Mayotte étant vraiment trop... magnégné (expression locale imagée). Les magasins sont fermés, mais les commerçants sont prêts à tout pour vendre quand même, réduction de prix et service illimité. Notre vendeur nous livre cinq grosses batteries au ponton de MiniVaS, en s’excusant de ne pas pouvoir utiliser son bateau pour nous les amener en grande rade !

Waouh, ça c’est du gros boulot qui transpire sur les blocs de 100A et 30kg. 

Dernier barbecue général à bord du cata avec les Espagnols. Ce 3 mai à 20h, nous saurons si oui ou non nous sommes déconfinés. La pression monte et la rumeur court que tout sera ouvert ...

Aïe : point 7 en juin... c’est pour nous cela. Que faire ?

Le Coast guard passe ce lundi 4 mai, à 6h30, comme tous les matins. Pas un mot. Je vais à Providence avec Andrés et Thays pour des courses de bateau pendant qu’Yves part à Victoria pour acheter de l’Internet et donner quelques roupies et notre linge sale au yacht club. Je tente, avec Andrés, le coup de poker et allons rendre visite aux autorités portuaires pour faire une demande de navigation locale vers Praslin et la Digue. Les papiers sont remplis, les 50 roupies chacun payées... il ne manque plus que la signature du harbour master. Pardon ? L’autorisation sanitaire ? Le ministre de la santé lui-même, vraiment ? Ah, nous devons aller à l’hôpital (à deux kilomètres dans la montagne) pour obtenir l’autorisation ? Ils sont au courant ? Oui-oui. Bon, bien, nous y allons, nous verrons bien. Évidemment la secrétaire du ministère de la santé n’est pas au courant. C’est pour un leisure boat ? Non-non, ce sont des sailing boats. Ah bon, alors ça va. Pas sûr qu’elle ait compris le bluff, mais elle nous donne quand même l’autorisation et plusieurs numéros de téléphone en cas de soucis au port. Retour chez les autorités portuaires, coups de fil, malentendus et... nous avons les deux autorisations durement signées. L’Espagnol reste muet de stupeur devant ma partie de poker.

Fin du confinement pour nous, les copains sont babas et les voiles trépignent. Nous partirons dès le lendemain, avant que quelqu’un s’aperçoivent qu’il n’y a que très peu de différences entre leisure et sailing, dans ce monde moderne !

Au revoir la belle Saint Anne. 
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Heureux de pouvoir naviguer à nouveau. Nous doublons Anse Georgette où sont mouillés nos amis espagnols. Et nous atterrissons à Anse Lazio. Cette magnifique baie est bordée d’une plage parfaite, entrecoupée de rochers de granit, évidemment ! Nous retrouvons aussi sa petite plage que nous nous accaparons à chaque fois que nous mouillons là-bas.

Nous y retrouvons nos amis les plattax et rémoras. 

Andrés et Thays nous y rejoignent. Le temps leur est compté et ils visitent tout ce qu’ils peuvent, en un temps record. Le propriétaire du bateau veut les remettre au boulot avec des clients locaux, sans se rendre compte de la situation dans laquelle est son bateau aux Seychelles : Discovery Clandestino, espñoles illegal!!! (Réécouter « Clandestino » de Manu Chau).

Nous continuons vers Anse Volver, dans le parc marin face à Curieuse, entre les îlots Saint Pierre et Chauve Souris. L’ancre repose dans 5 mètres de fond. Le lieu est une merveille.

Nouvelle photo de profil de MiniVaS ... devant l’îlot Saint Pierre 

L’îlot saint Pierre est une des splendeurs des Seychelles, photo couverture de la plupart des guides. Et cela se comprend, l’harmonie est parfaite.

Un décor de cinéma? 
Tel l’iceberg, l’îlot est plein de surprises sous l’eau  

Lors d’un dîner à bord, nous recevons Andrés y Thays. Je tente les pâtes fraîches, recette transmise par mon père.

Lasaña y pasta casera , que du bonheur.

La belle Curieuse, île protégée, nous appelle. Nous traversons le chenal, et mouillons devant sa belle plage, profitant encore de la gratuité du parc. Les Espagnols ont été refoulés par les gardes lorsqu’ils ont posé pied à terre : « le parc est fermé, entretien avant l’arrivée des touristes ». On va quand même tenter le coup.

Une peu d’histoire : l’île fut découverte en 1778 par l’explorateur Marc-Joseph Marion du Fresne dit Marion-Dufresne. De 1883 à 1965, elle sert de léproserie, évitant ainsi les contagions. Cet isolement protégera la faune et la flore de l’île. Aujourd’hui, l’île participe à la protection des tortues terrestres amenées de l’île d’Aldabra et des tortues marines qui viennent y pondre. Entre nous, on aurait pu nous mettre là en confinement, cela aurait été assez symbolique !

Je pars à la nage et pour seul garde sur la plage, à l’ombre d’un cocotier, je croise :

La fameuse tortue Seseloise. 

Nous profitons alors de cette surveillance allégée du dimanche pour y débarquer et nous y promener.

Face à Curieuse, c’est Praslin 

Des sentiers bien balisés permettent d’en faire le tour. Nous nous aventurons dans celui qui ne passe pas devant la maison des gardes.

Ce qui reste de la léproserie. 

Ce sentier nous mène de l’autre côté de l’île, lieu d’accueil des touristes, toujours absents.

La réputation de l’île n’est pas surfaite 
Heureux de pouvoir enfin déambuler à terre dans un des parcs ( Parc Marin, illegal !)
Petit bain rafraîchissant après tant de surveillance 

J’étais loin d’imaginer qu’une tortue terrestre prenait de tels bains de mer!

Coucher de soleil seselois 

Y a de l’air, y a de la brise, y a les voiles. Nous décidons de faire le tour D’Aride à la voile. Petite île qui porte bien son nom, à 6 miles au nord de Praslin, elle est très aride dans sa partie basse. En revanche, la végétation est luxuriante dans les hauts. Elle abrite une multitude d’oiseaux que nous pouvons entendre et apercevoir en la longeant. L’île est privée et payante au débarquement. Peu importe, nous n’envisageons pas d’y descendre, le mouillage en bordure de récif étant exposé au vent du sud et à la houle. Après ce bon bol d’air, Anse Lazio nous accueille une fois de plus.

Nous sommes seuls dans ce paradis, bon avec des dauphins 
Et un spectacle aérien  

Le vent souffle dans nos oreilles. Allons un peu au sud, voir à quoi ressemblent Petite et Grande Sœur, deux îlots sauvages mais privés également, ne contenant qu’un hôtel de luxe. Grand voile et génois se régalent, entre prise et largage de ris (de rouleaux). La plage n’est pas abritée en cette saison. Nous terminons la journée à Anse Petite Cour, bien protégée de la houle.

Nos amis les australiens nous y rejoignent. Quelle élégante surprise !

Le magnifique schooner sous voilure de route. 

C’est l’heure des petites courses à terre, dans la «mini-pico-haut-perchée-supérette » d’un couple américain. Il manque des fruits et légumes ? Pas de soucis, il m’en rapporte de son jardin. Bien chargés, il nous propose de nous raccompagner dans son « mega-gros-pick-up » et d’aller récupérer un fruit à pain chez son frère ! Now, that’s cool.

Anse Petite Cour, et toujours ces arcs en ciel complets !

Je m’empresse de faire des chips de frampé que l’on amène le soir à bord de Windjammer, nous sommes invités pour un BBQ de poisson pêché la veille. Ben oui, il est meilleur pêcheur que moi.

Je pars pour une petite ballade solitaire en MiniVaS de l’autre côté du phare. Peuf peuf peuf, le moteur s’arrête. La fumée et l’odeur ne sont pas de bon présage... Un petit coup de fil à Yves et je rentre à l’aviron. C’est long mais le vent est portant et m’aide. Je vois arriver Ashley, l’australien, qui vient « me secourir ». Yves l’a dérouté pour venir m’aider, trouvant aussi le temps long. Le moteur est passé au peigne fin. Un peu d’huile, il redémarre, ne fume plus mais ... il a l’air dans un mauvais état quand même.

Nous devons de toute manière retourner vers Victoria, il aura droit à son entretien par un professionnel. Enfin, on espère.

La navigation est tranquille entre Praslin et Mahé. Nous y retrouvons nos amis voileux. Une nuit au mouillage devant l’île Saint Anne nous donne (presque) la nostalgie du confinement, avant de retrouver le mouillage au port de Victoria. La météo annonce du mauvais temps.

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Arrivés à Victoria, nous optons pour une bouée. C’est toujours risqué, nous ne savons pas comment est le corps-mort ni l’état de son orin, le câble qui nous relie au fond. Et surtout, l’on sait qu’il y a déjà eu de la casse. La nuit est venteuse. Nos voisins Hervé et Anne, à bord de leur légendaire Boréal battant pavillon belge, perdent leur bouée dans la nuit. Nous décidons, le lendemain, de mouiller une ancre additionnelle, « trop fort n’a jamais manqué » !,« On nous annonce 25/30 noeuds dans les jours à suivre.

Quelqu’un de la concession Yamaha vient gentiment récupérer notre petit moteur qui a besoin de soins.

Nous profitons également de Providence, ville qui porte bien son nom, on y trouve de tout ! Je me lance donc à la recherche d’un filtre séparateur eau/gasoil, Yves ayant démonté le nôtre afin d’avoir le bon modèle. Il nous faut également un réa pour le hale-bas, celui fabriqué au Kenya est déjà mort ! D’une boutique à l’autre , je trouve le filtre, et « un français local» me renseigne sur un atelier où ils fabriquent les pièces à la demande. Alléluia !

Maintenant, il faut remette ce filtre tout neuf en place. Pas question de passer la nuit sans moteur avec la mauvaise météo en vue. Un vrai calvaire. Toujours une fuite importante de gasoil à chaque tentative de réamorcer le circuit. La troisième tentative est la bonne, Yves a compris d’où vient la fuite. L’ouverture de la vanne de gasoil est désormais possible en grand. Ouf ! Il faut quand même une demi heure, si pas davantage, pour réamorcer le circuit de gasoil dans tout le moteur. On démarre ... tout va bien. La nuit sera plus sereine. La météo annoncée est au rendez-vous. Le vent est monté à plus de 30 noeuds, tournant dans tous les sens et accompagné de grosses draches, tout ceci de nuit, évidemment. L’orin du corps- mort casse vers une heure du matin, « fort assez à souvent dépassé » ; l’ancre prend le relais aussitôt. Heureusement ! D’après les bruits que l’on entend au bout de notre chaîne, on se dit que notre ancre doit être engagée sur quelque chose au fond. Et on se demande si on va pouvoir la relever un jour. En attendant, la tenue est de premier ordre, quelques soient les rafales. Nous restons prudents, laissant très peu de temps le bateau seul durant le journée. Cette météo est vraiment capricieuse.

Entre temps, Yamaha nous annonce le « décès » de notre petit moteur. Trop de choses ont cramé et certaines pièces sont indisponibles ou sur commande à longue échéance, sans parler du prix. Donc, il s’agit soit d’attendre (longteeeemps) soit de changer de moteur. Évidemment ils avaient LE moteur qu’il nous fallait : un huit chevaux deux temps à la place du six chevaux quatre temps. Nous cassons notre petite tire-lire et en avant. MiniVaS a besoin d’un moteur fiable, il doit pouvoir nous aider dans des moments difficiles.

Nous sommes donc prêts à repartir. Les copains nous annoncent un changement dans les formalités pour quitter le port. En fait, tout le monde s’est vu refuser cette autorisation. Le parcours est semble-t-il devenu bien compliqué.

Il faudra encore faire des miracles. Je me rends aux autorités portuaires pour obtenir le petit papier rose. « -Avez vous eu l’autorisation du SMSA?—Euh, non. C’est où, qui dois je demander?... - SMSA, le Captain V. -Ok ». Je me rends alors à la Seychelles Maritime Safety Autority, à la rencontre du redoutable Captain V, dont la réputation est déjà grande chez nos amis. On nous le décrit très agressif, contrarié par tous ces bateaux qui arrivent des Maldives sans permission, furieux parce que les autorités portuaires ont délivré des autorisations de mouvements sans son accord (on sait bien !) Surtout, il est arrivé après le début du confinement. Il ne fait pas encore la différence entre les bateaux arrivés avant ou après la fermeture des frontières. Il met tout le monde dans le même panier, qu’il rêve de rejeter à la mer ! Si on peut facilement le comprendre, je vais quand même tenter de changer son regard. Après quelques minutes d’attente dans un hall d’entrée gigantesque, voilà l’homme qui arrive, déjà de mauvaise humeur. Je lui demande le plus diplomatiquement possible le formulaire à remplir afin de pouvoir naviguer vers Praslin et les autres îles proches. Refus direct. L’heure est venue de lui expliquer de quel bateau il s’agit : « - MedioVas est arrivé en mars, bien avant la fermeture des frontières. L’importation temporaire a eu lieu - ah, vous avez l’importation? » Ouf, il m’écoute ! Je peux enfin rentrer dans son bureau. Il me donne le formulaire de quatre pages et me renvoie sur un tout petit bureau d’écolier au milieu de ce grand hall d’entrée. Je m’applique à bien tout remplir, Yves me donne quelques compléments par texto. Je retourne, telle l’écolière ayant fini sa préparation, dans le bureau du Captain. D’un coup d’un seul, il savait tout à notre propos: « - vous venez de Mayotte... - oui, oui, mais nous avons quitté Mayotte en octobre. - la situation est catastrophique là-bas, beaucoup de voiliers arrivent de Mayotte et squattent nos îles du large... ». Tiens, pas entendu parler, mais pas impossible. Il a du passer quelques coups de fil pour en savoir autant à notre propos ! Mais nous commençons à parler tels des amis. Il me parle de Zanzibar, où il était juste avant le lockdown. Pas surprenant qu’il mélange tous les bateaux. Il reprend son téléphone, parle aux différents services portuaires et m’annonce que l’on recevra le mail d’accord le lendemain matin. Chouette !

Chose dite, chose faite : impression du formulaire, judicieuse couverture de tampons et retour aux autorités portuaires pour obtenir le petit papier rose et payer les 50 roupies seselwases. Nous saluons les amis ébahis, notre ancre se laisse hisser par le guindeau sans problème et nous partons aussitôt vers Éden. Quelques courses dans leur superbe super-marché, dîner avec nos amis espagnols et, le lendemain, nous filons sous Genaker entre les grains, vers Anse Volvert. Nous y retrouvons Erias et sa petite famille ainsi que Windjammer, les australiens, qui étaient partis avant le changement des formalités.

Anse Petite Cour, de l’autre côté. Concours du plus joli bloc de granit. 

Surprise, les gardes du parc marin viennent nous annoncer qu’il faudra payer, dorénavant. Les choses avancent... et redeviennent presque normales. On déplace notre mouillage juste de l’autre côté de la ligne délimitant le parc, à un quart de mille. Mais la houle rentre et c’est assez inconfortable, surtout lorsque le courant nous met travers à la celle-ci. Nous décidons le lendemain de retourner vers notre anse préférée, Lazio.

Promenade sur MiniVaS, apéritif au coucher du soleil. 

Les parcs ont l’air d’ouvrir, il est temps de visiter la fameuse Vallée de Mai, à Praslin, pour y découvrir enfin les mythiques coco-fesses. Pour cela il faut aller au port de Saint Anne, au sud de Praslin. Genaker au largue, petit foc prend la relève lorsque nous entamons la descente le long de la côte ouest, entre 10 et 15 noeuds de vent, bonheur.

À Saint Anne, on trouve un ponton réservé aux charters, un embarcadère pour les ferries et les ferrys au mouillage. La place est restreinte mais bien protégée, au fond d’une vaste baie. Nous mouillons par l’avant et l’arrière afin d’être bien parallèle aux ferries de réserve et surtout de ne pas donner sur eux lors des grains.

Après une nuit perturbée par les grains, nous partons visiter la ville, petite mais très jolie. Nous prenons le bus qui mène à la Vallée de Mai. Le bus fonce comme toujours dans les routes sinueuses et étroites qui escaladent la colline, à tel point que nous loupons l’arrêt et nous nous retrouvons à Grande Anse, de l’autre côté de l’île ! Bon, ben, profitons-en pour découvrir ce coin qui nous est inaccessible en bateau, du fait de notre tirant d’eau.

Nous déjeunons au take away juste en face du monument de l’indépendance.

Au moins nous avons vu un coco-fesse !
Visite de l’église anglicane Saint Matthew

Dans l’église du coin, ce sont les gros préparatifs pour le service du dimanche. Le prêtre nous aborde et nous raconte toute l’histoire de sa petite église anglicane. Ce fut la première de l’île. Une dame nous propose d’y revenir le lendemain pour la messe de 9h, enfin, un peu avant car avec la désinfection des mains, les marques au sol, et le placement-anti-virus.... Le lendemain au réveil, c’est le dimanche de la Pentecôte. On perd un peu nos repères, ces temps-ci. Nous sortons nos habits du dimanche et filons en bus vers la messe.

Mais quelle ambiance ! Trois heures de chants, formidable.

Nous avons eu droit à un petit mot de bienvenue et de remerciements lors des premiers mots de l’officiant, très touchant.

On allège un peu les tenues lors du déjeuner et en route pour la Vallée des cocos-fesses. Cette fois-ci, on surveille le bus. Le Parc est ouvert !

La végétation est impressionnante ! Des cocos fesses partout.  

Une ballade au frais au milieu de ces cocotiers qui ont tant fait parler d’eux.

Des cocos de toutes sortes pour les grands et les ... grands. 

La découverte du coco-fesses et ses légendes est passionnante. En voici quelques-unes, en lien avec l’histoire des Seychelles.

Selon la légende, cette noix de coco était le fruit d’un grand arbre sous-marin, d’où son nom : coco de mer, que l’on retrouvait sur les côtes des Maldives, de l’Inde et parfois même Java et Sumatra. Tout comme l’ambre gris, ce coco devenait propriété des rois et sultans. L’indigène qui en trouvait une et la gardait pour soi risquait d’avoir le poing tranché. Les premiers navigateurs de l’océan indien firent connaître ce trésor végétal en Europe. Il devint ainsi un objet précieux suscitant la convoitise des souverains. On retrouve ainsi des cocofesses montés en or ou en argent dans certains musées. On évoque des propriétés médicinales : aphrodisiaque, remède contre les poisons, les coliques, l’épilepsie .... En 1563, Garcia de Orta, qui le nomme coco des Maldives, souligne que celui ci est le fruit de palmiers submergés quand les Maldives se sont séparées de l’Asie par une inondation.

On racontait aux navigateurs incrédules qu’il était impossible d’approcher l’endroit où ces arbres poussaient en raison des hautes vagues et tempêtes qu’ils provoquaient pour se protéger.

Les gens et officiers du Roy maltraitaient les personnes soupçonnées d’en avoir trouvés. Le fabuleux coco de mer reste une exclusivité maldivienne jusqu’en 1634, quand un médecin fait paraître à Amsterdam la première monographie consacrée à cette curiosité si bienfaisante.

En 1750, le botaniste Ramphius tente de démontrer aux indigènes de Java et d’Amboine que l’abîme de Pausengi, où le cocotier de mer est censé pousser, ne peut se trouver sur la côte occidentale de Java. Le lieu tant recherché doit être situé quelque part dans l’océan Indien occidental. Pas tord!

Le plus drôle est que six ans plus tôt, le capitaine Lazare Picault a débarqué, au nom du roi de France, à Praslin, baptisant l’île « l’île de Palme », car elle porte beaucoup de palmistes et de lataniers portant du coton. Ce dernier était justement le fameux cocotier des mers tant recherché. Soit il ne les a pas vu dans cette végétation si luxuriante soit il les vit mais ne considéra pas ce coco de mer comme les noix si précieuses des Maldives.

En 1768, ce fut l’ingénieur Brayer du Barré, lors d’une nouvelles expédition aux Seychelles sur le Marion-Dufresne, qui eut l’honneur de constater que le mythique cocotier poussait sur une terre française ! Il ramena une trentaine de coco avec lui, douteux de sa trouvaille. C’est le fameux Poivre qui confirma que ce coco était bien ce fruit si recherché en Inde et en Asie. Cette découverte suscite d’autres vocations. C’est ainsi qu’en 1769, le capitaine Duchemin s’empresse de retourner à Praslin, l’île au trésor. Il charge L’Heureuse Marie de cocos de mer qu’il va vendre en Inde. Mais inondant le marché , il oublie la bonne vieille loi de l’offre et la demande, la noix va perdre ainsi sa fabuleuse valeur.

En 1771, une corvette anglaise est envoyé à Praslin pour y recueillir tous les cocos de mer et mettre le feu à l’île Curieuse, juste en face de Praslin, ce qui fit périr un grand nombre de ce palmier présent sur cette île.

Certains auteurs avancent que les maldiviens connaissaient de longue date l’archipel des Seychelles. Ils en avaient juste gardé le secret par intérêt financier. Cette théorie peut être appuyée par la découverte de tombes indo-musulmanes à Silhouette, île en face de Mahé.

Le secret percé, le coco continue de fasciner. Tous les naturalistes et botanistes veulent voir cette forêt .

C’est Cammerson qui lui aurait donné son nom, Lodoicea dérive du latin Lodoicus (Louis) , en l’honneur du roi Louis XV.

Et comment ne pas parler du plus grand admirateur du coco de mer, le général anglais Charles Gordon dit Gordon Pacha. En 1811, les Séchelles deviennent britanniques et deviennent les Seychelles. C’est en 1881 que Gordon Pacha débarque pour y dresser des plans de défense militaire. Il fut tellement subjugué par cet arbre qu’il vit en lui l’arbre biblique de la science du bien et du mal. La Vallée de Mai lui apparaissait comme un vestige de paradis terrestre. On le comprend ! Il dessina même une carte du district du jardin d’Eden, où il identifia les quatre rivières de la Genèse : l’Euphrate, Le Tigre , le Gihon et le Pishon. Il a vu dans cette noix en forme de cœur le fruit du péché.

La plus belle description de ce symbole « seselwa » est sans doute celle de Jean-Baptiste Quéau de Quinssy, dernier commandant français des Séchelles, en 1974 : « ... lorsqu’il est dépouillé de la première peau et de son enveloppe filandreuse, l’on voit d’un côté qu’il ressemble parfaitement à des fesses. L’entre-deux qui les sépare représente la partie naturelle de la femme. On y remarque même une protubérance ressemblant absolument à l’une des parties extérieures de la génération de la femme, autour de laquelle plusieurs petits filaments qui existent représentent des poils parfaitement imités.... c’est aussi de cet entre-deux que sort le germe ... ».

Le coco de mer est donc propre à la terre, et pas n’importe quelle terre. Il est propre aux Seychelles, nulle part ailleurs ! Sa majesté le cocotier devient l’emblème local, il est nationalisé : la République des Seychelles contrôle de très près le commerce de cette œuvre que la nature ne donne qu’à 3000 exemplaires par an. On le retrouve partout, même estampillé en visa sur nos passeports. Il est interdit d’en emporter avec soi, sauf s’il est agréé par les autorités.

Haut de 35 mètres, ils vivent en colonies mâles et femelles.

L’inflorescence du mâle ressemble à un membre viril de l’épaisseur et la taille d’un bras 

Personne n’a encore pu filmer les amours de ces cocotiers. Il faut attendre 25 ans pour qu’ils se fructifient. Et ils peuvent vivre jusqu’à 800 ans. Fascinant, non?

Petit tour de l’autre côté de l’île, toujours en bus. La vie reprend doucement son cours, et cela malgré l’absence de touristes .

Café des Arts pour nous tous seuls. 

Après tant d’émotions à terre, nous traversons et mouillons devant La Digue. Promenade, glace et farniente sont au programme. On se fait réveiller la troisième nuit par un grain aussi impressionnant que surprenant. Le temps de rentrer tous les panneaux solaires mobiles, nous voilà à la gîte. MedioVaS fait un 360 autour de son ancre mais tout tient à merveille. Vive la Spade toute neuve, qui mérite bien sa réputation (et son prix très élevé).

Seul dégât: la bouée verte du chenal de La Digue qui part au large, enfin, qui dérive sur nous, en fait. 

Tout le monde n’est pas indemne, il me semble apercevoir une bouée de balisage qui dérive gentiment vers nous. Yves confirme mon impression et saute dans l’annexe pour la remorquer vers le port. Cette malheureuse bouée est toute neuve, mouillée la semaine précédente pour baliser le chenal du port. Il a eu du mal à trouver la personne responsable des trois bouées qui délimitent le chenal !

Il est temps pour nous de rentrer à Victoria, notre visa expire bientôt.

Notre traversée se passe à merveille, petit foc est ravi sous le vent des grains. Nous décidons cette fois-ci de faire escale à Éden. L’eau y est beaucoup plus propre et l’endroit est plus calme que Victoria.

Éden est une île-marina sortie de l’eau pour le tourisme. Il y a toute les infrastructures des marinas de luxe. On peut aussi mouiller gratis devant les pontons, ce que nous faisons.

Nous y retrouvons nos amis espagnols, toujours pas rapatriés !

Éden Marina  
Et toutes sortes de bateaux.
Même un des deux « A », conçut par Philippe Starck pour le milliardaire russe Alexandreï Melnitchenko et sa femme Alexandra. A & A...

Chacun a son avis à propos de ce géant des mers. Étrave inversée, allure de sous-marin en marche arrière, ils ont également la version à voile. Je dois avouer que j’aime assez bien sa ligne.

Nous assistons également à une invasion de catamarans venant des Maldives depuis la réouverture des frontières. On ne se sent presque plus chez nous !

Et les grands pêcheurs sont également de retour, en masse.

Une dizaine de grands senneurs au mouillage à la sortie du port.  

MiniVaS nous emmène très fièrement avec son nouveau moteur vers Victoria. Il retrouve les annexes des copains pendant que nous allons déposer nos documents et une demande de prolongation de visa gratuite aux services de l’immigration. Le refus est rare, mais la gratuité aussi. Nous prenons exemple sur la lettre faite par nos amis australiens. Il n’y a plus qu’à attendre quelques jours. Alors pour passer le temps, nous partons de l’autre côté de l’île, à Beau Vallon, réputée pour être LA station balnéaire de Mahé. Évidement, nous y retrouvons nos amis du confinement. Glace et pizza sont au rendez-vous, et une partie de ballon-prisonnier avec la famille Erias et d’autres afin de digérer.

Et toujours un arc-en-ciel pour nous éblouir. 

De retour à Éden, nous allons chercher le verdict de l’immigration. Il y deux grands meubles classeurs dans le bureau, l’un dit « Visa Fee » (avec la taxe), l’autre « Visa Free » (sans !) Après un long suspens, la fille ayant fait le tour du premier classeur, trouve enfin nos passeports dans le second. Ouf ! Ça nous fait une belle économie et rembourse la moitié du prix du moteur !

Erias nous propose de participer à un pique-nique anniversaire de leur fille Eva, sur la petit plage de l’île aux Cerfs, juste en face de notre lieu de confinement. Une après-midi très sympa. Nous sommes une trentaine, des nouvelles têtes, une partie de beach-volley et une super ambiance.

Parking à annexes, table dressée, Thays l’Espagnole ...  

Nous passons une dizaine de jours à Éden. Entretien après-rodage du nouveau moteur, entretien des 1000 heures du moteur de MedioVaS par un professionnel, confection de housses en tout genre, petits restaurants et glaces, courses à Providence... Bientôt nous repartirons, mais pas bien loin malheureusement, il faut encore attendre pour les îles lointaines.

Nos amis d’Erias et d’Olicecante sont partis vers la Tanzanie. Cela faisait déjà huit mois qu’ils étaient ici et le besoin de partir s’est fait sentir. Bonne mer... et prudence à l’arrivée.

À bientôt!  
27

Nous repartons vers Praslin en espérant trouver une météo un peu moins humide. Il y a deux saisons aux Seychelles, la saison des pluies et la saison ... des pluies, apparemment. L’alizé est bien installé, les nuits sont fraîches mais le soleil se fait rare. Le mois de juillet sera ainsi.

La mer est très agitée, le vent stable entre 15 et 20 noeuds et pas de pluie ! MedioVaS gère tout cela à merveille filant à 7 noeuds avec un ris dans la grand-voile et son petit mais très enthousiaste foc auto-vireur.

Nous décidons de passer entre Praslin et La Digue pour retrouver nos amis les Australiens à Anse Petite Cour.

Devant nous, le ciel est noir. À tribord, La Digue disparaît doucement sous le grain. Allons nous échapper à la pluie? Le vent mollit, ce n’est jamais bon signe entre les grains. L’île Coco, petit joyaux des Seychelles, nous offre un spectacle magnifique de couleurs d’orage. Mais l’aspect de la mer au loin n’est pas encourageant. La pluie commence à tomber. J’appelle Yves. A peine le temps de demander d’arriser que nous nous trouvons dans 35 noeuds de vent et une pluie démentielle. Un petit string de voile est laissé en place, et MedioVaS reprend sa route. Nous rattrapons notre panneau solaire d’appoint qui s’envole, il ne servira plus, ses câbles se sont arrachés . Et une des « fenêtres » du bimini est arrachée.

Le grain dure un bon moment mais il a la gentillesse de s’affaiblir au moment de poser l’ancre. Je passe le restant de l’après-midi à coudre une « patch-fenêtre » opaque sur le bimini.

Yves va rendre visite aux Australiens. Ça tombe bien, je vois leur magnifique schooner déraper lentement et s’éloigner de nous. Je préviens donc Yves afin de les avertir.

Nous sommes invités pour un apéritif, mais n’ayant pas beaucoup avancé dans la couture, nous refusons. Yves vient m’aider, pas facile de coudre avec le bimini à poste, les postures sont assez tordues. Les courbatures nous le rappellerons le lendemain !

Lendemain, repos bien mérité et apéritif-dîner à bord de Windjammer. Leur bateau ne tient pas en place, le fond est certes de très mauvaise tenue, un cimetière de corail. Ils partent vers Anse Lazio et nous les suivrons. Le vent nous pousse sans peine entre Praslin et Curieuse.

Promenade dans les hauts de Lazio.  
Nous sommes toujours un peu seuls... MiniVaS -Kirikou devra passer la barre (« Il est petit, mais il est vaillant »)
14 juillet à Lazio! Yves hisse le grand pavois. 

Les vivres frais commencent à manquer, nous allons à Saint Anne.

Ça souffle mais nous sommes protégés de la houle. Ancre devant, ancre derrière , MedioVaS fait des siennes entre vent et courant et il ne veut pas rester bien aligné aux ferry. Nous changeons plusieurs fois de mouillage jusqu’à trouver le bon endroit.

A chacun son manneken piss 
Un petit panneau solaire pour chaque téléphone ? 
Longue et superbe randonnée . Ça monte beaucoup et ça descend très peu.
Comment amarrer son bateau? Antivol ?  

La gourmandise d’une glace nous fait rater le bus. Un bus par heure , nous rentrons à pied. Après tout, nous avons une glace à éliminer.

24 juillet, nous rentrons vers Éden ( Mahé). Les australiens partent vers la Tanzanie retrouver les amis de confinement, Erias et Olicecante. Nous les invitons pour un dernier repas. C’est toujours triste voir des bateaux partir, avec des amis dessus.

Je profite d’être à Mahé pour me renseigner un peu de la situation des frontières. Les Seychelles ont ouvert leur frontières au tourisme, on ne sent toujours pas plus nombreux pour autant, mais il y a des avions.

Je prends le risque d’acheter un billet AR vers Bruxelles pour début août.

En attendant le départ, nous allons découvrir une partie de Mahé et de ses splendeurs.

Anse Ternay 
Toujours seuls ! Quel bonheur  
Port Launay 
Des couleurs et des couleurs  

Besoin de marcher un peu, je pars à la découverte de Port Launay qui, avec Anse Ternay, fait partie d’un parc Marin.

Pas toujours facile d’accéder chez soi
Aventure aventure . Chaleur Humide de la forêt .
De drôles de choses dans les jardins.
Belle récompense. Je retrouve la terrasse de notre premier arrêt vraiment Seychellois, au début de notre séjour , Port Glaud
Le retour est aussi beau que l’aller.  
Encore un antivol ?
Bon anniversaire, Yves !

Nous retrouvons Robin, le Canadien solitaire aux milles histoires à Beauvallon. Il prépare ses délicieux « cinnamome rolls » pour l’anniversaire d’Yves. Nous finissons la journée avec une « boat made veg lasagna » et de la « boat made glace et mousse au chocolat ». On éliminera les excès à l’eau le lendemain. D’ailleurs , la température de l’eau est fortement tombée, je dirai même qu’elle est froide (25•, frissonnante).

Nous voilà de retour à Éden, je prends l’avion ce soir et j’espère revenir dans trois semaines !

28

Quitter la Belgique pour revenir aux Seychelles ne fut pas très facile. Une semaine après mon arrivée à Bruxelles, les Seychelles fermaient la porte aux belges et aux français. Au lieu de rentrer fin août, je suis revenue le 25 septembre.

Pendant ce temps de célibat forcé, Yves en a profité pour caréner MedioVaS.

Black is the new red 

Tout beau tout neuf, Yves et MedioVaS vont à Praslin suivi de Robin et Katydid. Ils échangent plats végétariens et cinnamon cake ( dont seul Robin détient le secret) dans le magnifique décor d’Anse Lazio.

Yves rentre à Mahé à temps pour me récupérer, mais je ne suis pas là...

De mon côté, je fais le tour de nos commandes qui nous attendent ici et là depuis le mois d’avril: nouveau panneaux solaires, nouveaux bimini, nouvelles cartes marines, nouveaux pavillons, ..... je serai bien chargée.

Et je profite de mes enfants, mes parents, mes sœurs et mes amis. Mais faut quand même trouver une issue pour que je puisse rentrer, l’Europe vire de plus en plus au rouge, malheureusement.

C’est grâce à ma tante Jacqueline, qui habite en Allemagne que mon escale européenne trouve une fin.

Merci tante Jacqueline !!

Test Covid, billet, autorisation du ministère de la santé Seselwas validée, tout est prêt! Je rentre.

Arrivée à Mahé, je fais partie des heureux gagnants du tirage au sort pour passer un nouveau test covid , puis l’immigration m’annonce cinq jours dans un hôtel. Je suis un peu , voire très énervée. Mais pas le choix. Yves m’amène dans ce beau « self catering ». Heureusement je suis libre de sortir la journée.

Nous profitons de la location de voiture d’Yves pour se promener dans l’île.

Ça fait du bien  

Nous installons le nouveau bimini et ses coutures neuves prêtes à accueillir les nouveaux panneaux.

Plus besoin de moteur! Le soleil charge en une demie journée nos 500 ampères des batteries.

Batteries heureuses! 

Enfin à bord! Nous envisageons la suite. Faut bien se rendre à l’évidence, la pandémie change nos plans. L’Afrique du Sud ouvre ses portes aux touristes et bateaux venant de certains pays. Tout n’est pas encore très clair mais nous envisageons cette route.

Pendant mon absence Yves a rencontré tous les nouveaux bateaux arrivés des Maldives aux Seychelles. Tout ce monde continue vers le Sud.

La décision est prise : Richards Bay puis Cape Town en passant par l’un des cap mythique: Bonne Espérance.

Entre temps, Robin, en route pour Djibouti, nous annonce qu’il fait demi tour. Il n’aura pas assez de fioul pour lutter contre le courant et le manque de vent. Il envisage de se joindre à nous vers l’Afrique du Sud. Nous sommes heureux de le revoir bientôt parmi nous. On s’occupe de son autorisation pour revenir aux Seychelles.

Entre temps, nous préparons MedioVaS pour cette longue traversée de 2000 miles (3704 km) sans escales (pays fermés) vers Richard’s Bay, le port le plus au nord de l’Afrique du Sud.

Les cales sont pleines de pâtes , riz, conserves, conserves «bateau », eau, jus , coca, biscuits, chocolats .......... de quoi tenir deux mois au moins.

Une bonne fenêtre météo s’offre à nous dimanche.

Les démarches administratives : exportation du bateau, douanes, SMSA, immigration sont enfin terminées et les test Covid sont faits: négatifs!

La dernière journée nous la passerons à Beau Vallon pour y faire une ultime baignade , le plein d’eau, et hisser MiniVaS sur le pont.

Merci aux Seychelles de nous avoir si bien accueillis pendant cette période difficile. Nous avons eu la chance d’atterrir ici dix jours avant la pandémie. Nous y avons fait de très belles rencontres pendant ces sept mois.

Vivre un lockdown mondial n’est pas chose commune, mais le vivre dans un décor de Walt Disney rend la situation encore plus surréaliste .

Merci les Seseles et merci aux seselwas. 
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Dimanche 11 octobre, nous quittons Beauvallon (Mahé, SEY). Credit: S/Y Anna Caroline 

La météo est sereine, tant mieux, je dois me réamariner après le mois et demi vécu à terre. Nous faisons route vers le sud ouest. Quelques dauphins nous accompagnent à la tombée de la nuit. La nuit est calme et fraiche, MedioVaS laisse une sillage de diamantaire (lucioles dues au plancton). C'est superbe, si çela pouvait durer. Mais nous savons que le temps va changer, heureusement, nous avons besoin de vent pour avancer. C'est également en fonction de cela que nous choisissons nos dates de départ. Le vent forcit et les grains apparaissent. Les quarts sont plus sportifs, prise de ris, largage de ris, veiller les grains dans la nuit noire, faute de lune.

Banc de marsouins, il y en a des centaines autour de nous.  

On file, souvent au bon plein, atteignant des distances de 140 à 150 miles par jour, avec un record de 169 miles. C'est assez prometteur mais on reste prudent.

Les nombreux DCP (dispositifs de concentration de poissons, sorte de récifs artificiels parfois dérivant, pas toujours signalés)

Cet excès de vitesse nous conduit un peu trop rapidement au Cap d'Ambre, au nord de Madagascar. Celui ci n'a pas très bonne réputation, il renforce les alisés du sud-est et crée un courant très important portant à l'ouest. Vaut mieux le passer au large avec une bonne fenêtre météo ou alors longer la côte de très très près.

Pavillon des TAAF, au cas où l'on doive prendre la fuite vers Les Glorieuses. 

Nous choisissons le large, l'option virile, à vrai dire. La bonne fenêtre météo s'ouvrait le vendredi et nous y voilà déjà le jeudi 15. Les 20 nœuds de vents annoncés sont bien établis et la mer est très agitée. Popof, le régulateur d'allure, mène MedioVaS tel un pro dans ce tourbillon. Très peu toilé, le bateau se faufile à 7/8 nœuds et le confort est assuré. Mais il faut quand même avouer que c'est très bruyant et humide sur le pont. Certaines vagues déferlent au loin, d'autres passent par dessus l'avant du bateau, dont une qui s'invite à l'intérieur. Dès que la mer s'agite un peu, nous fermons tous les panneaux et hublots. Tous sauf un, celui de la toilette et douche, cela laisse une aération et peu importe si c'est mouillé. Mais ce soir-là, ce fut une mauvaise idée. Une vague est passée entièrement par dessus le bateau, l'eau s'est engouffrée dans la salle d'eau et au-delà, envahissant quelques soutes ! La pompe de cale se met en route, mais avec le bateau à la gîte, toute l'eau ne va pas jusqu'au fond du puit. Il faut vider les soutes, écoper, rincer à l'eau douce et sécher comme on peut. Je m'attribue cette tâche, surtout pour sauver le chocolat et les Coca-Cola se trouvant dans la soute la plus inondée. Dorénavant, le hublot sera fermé comme les autres ! Fallait bien que cette blague nous arrive un jour.

Le bout du Cap d'Ambre est proche, la nuit tombe. Nous devions arriver dans le calme, protégés par Madagascar. A 23h, contre toute attente, le vent monte à plus de 30 nœuds. Je n'ai déjà plus beaucoup de voiles, que retirer de plus ? MedioVaS gîte beaucoup trop, je suis un peu désemparée. Je réveille Yves, après analyse de la situation, il décide d'enrouler la grand voile complètement. Mais évidemment, comment n'y avais je pas pensé. L'équilibre du bateau est retrouvé, Yves retourne se coucher jusqu'à son prochain quart. Le vent tombe doucement, Yves , de quart, veut sortir la grand voile .... elle est coincée. Ceci arrive de temps en temps, lorsqu'on la roule trop lâche, ou sur le mauvais bord.... Au petit matin, enfin le calme complet, trop calme même, mais je profite de ce moment et du lever du jour pour décoincer notre voile. Cela a occupé presque tout mon quart. Nous sommes à l'abri de la terre, la mer est calme et l'on profite des brises thermiques soufflant tout le long de Madagascar. Vendredi 16 à 21h30, cinq jours après notre départ, MedioVaS est mouillé dans la baie des Russes. Nostalgie du temps où l'on venait à "Mada" lorsque nous habitions à Mayotte. Ce pays est incroyable et les malgaches adorables. On en est tombé amoureux, un peu comme de la Tanzanie. L'on se remémore les bons moments avec les copains, les visites de villages de pêcheur avec notre ami Fidel. Et l'on déguste une bonne "pizza bateau".

Dans notre groupe de voiliers ayant quittés les Seychelles, deux catamarans sont devant nous, et deux monocoques derrière nous. Nous allons longer la côte vers le sud, nous reposer dans les beaux mouillages. Le pays est fermé à cause du Covid, nous ne pouvons malheureusement pas descendre à terre.

Belle pêche !  
Sortie baie des Russes 
Baie de Sahamalaza, Îles Radama 
Nosy Saba 

Le mouillage à Nosy Saba était assez intéressant d'un point de vue cartographie. Nous sommes toujours prudents à l'approche des îles et îlots. Le sondeur ne donne pas du tout la profondeur annoncée par la carte, il y a trop de fond! Alors j'approche doucement. J'annonce à Yves la sonde au fur et à mesure qu'elle diminue, à dix mètres d'eau,je lui dis de mouiller.. Nous comparons la carte de notre GPS de bord avec Inavx sur nos tablettes.

Inavx , on est sur terre. L'autre, on est dans 30 mètres d'eau... on sait que les cartes de Mada ne sont pas parfaites. 
Moramba Bay 

C'est dans cette baie que nous retrouvons nos amis hollandais à bord d'Anna-Caroline. Ils sont arrivés un jour après nous. Ça fait du bien de revoir un peu de monde.

Janneke et Wietze, S/Y Anna Caroline 

Nous rencontrons un soucis avec le fusible de nos panneaux solaires, il n'arrête pas de fondre. Évidemment, depuis que l'on a quatre panneaux au lieu de deux, et plus puissants... pauvre petit fusible ne peut pas résister.


MiniVaS dégonflé sur le pont, on retrouve Anna Caroline à la nage. Ils ont peut être un fusible assez puissant pour nous.  

Nous échangeons à propos de nos traversées. La leur s'est avérée plus compliquée, pourtant ils avaient choisi l'option de longer la côte du Cap d'Ambre. Nous flânons un peu dans cette splendide baie bordée de roches et de baobabs en tous genres et guettons la météo pour notre dernière étape vers l'Afrique du Sud. Quelques réparations, fusible, couture de la bande anti U.V. du génois, aménagement d'une nouvelle place pour les bouteilles de plongée.... Robin, notre ami canadien n'est plus très loin. Nous risquons encore le manquer de peu.

Une météo correcte se présente à nous, avec un gros vent du Sud à éviter, mais il devrait être passé pour notre arrivée. Fin du repos malgache.

Moramba Bay , fin... Au revoir Mada.

Robin nous contacte par satellite, il a le vent contre et n'arrivera pas à joindre Moramba Bay. On lui annonce la bonne fenêtre météo et lui proposons de continuer sa route avec nous vers l'Afrique du Sud, s'il n'est pas trop fatigué. Il est partant.

Jeudi 22 octobre, nous levons l'ancre et partons sous une bonne brise thermique qui souffle à 15/20 nœuds. Le lendemain, je vois l'AIS de Robin sur notre écran, il est devant nous mais naviguant en solitaire, il est plus prudent et donc plus lent. Nous le prenons en chasse en espérant le voir. Nous croisons sa route vers 10h du matin. On affale, on échange quelques mots, ça fait plaisir de le voir en forme. Mais il décide quand même de faire une halte à Bali Bay et de prendre la prochaine fenêtre météo.

Hi Robin!! S/Y Katydid. See you soon in Richard's Bay RSA

Nous poursuivons notre route, vers le sud dans un premier temps puis vers l'est. Il faut trouver les veines de courant.

Voici la carte des courants du canal du Mozambique... 

C'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais on l'a eu ici et là. Le fameux courant du Mozambique, quant à lui, avait décidé de s'inverser et de porter au nord. On s'est donc dégagé de la côte. L'étape vers l'est s'est déroulée tranquillement, un vent soutenu nous a permis de bien avancer une fois de plus. Quant à ce coup de vent du Sud, il prend son temps et même du retard. Une fois de plus, nous arriverons trop tôt. Plutôt que de perdre du temps en voulant rejoindre la côte et donc un abris, nous décidons de mettre en panne, et par la même occasion, refaire un plein d'eau. On ne sait pas ce qui nous attend devant. Anna Caroline est à une journée derrière nous, et les catamarans ont choisi l'abri à terre.

Nous reprenons la route, sud-ouest. Le courant à l'air d'être avec nous. Nous avançons toujours trop vite, MedioVaS a vraiment envie d'aller vers le sud ! Mais nous nous retrouvons dans une situation délicate : le vent contre le courant lève une mer agitée, très agitée ... devenue grosse à la tombée de la nuit. Un ami routeur nous conseille de rester à la cape, devant nous c'est encore pire. Que faire d'autre? Yves règle les voiles à merveille, nous dérivons très lentement au milieu des vagues de 5 mètres. Heureusement le vent n'est pas trop puissant et les vagues ne déferlent pas. On se met à l'abri dans le carré et on regarde un petit film en attendant une situation plus confortable. Six heures plus tard, vers une heure du matin, Yves m'annonce que la mer se calme et que l'on peut repartir. Bonne nouvelle, la dépression avance, on doit passer derrière elle. Nous ne sommes plus qu'à 130 miles de Richard's Bay et nous voulons y arriver de jour. MedioVaS est ravi de pouvoir se donner à fond. Contrat respecté, nou apercevons la terre vers 10 h du matin, trois semaines après notre départ des Seychelles. Il commence à faire un peu froid, voire très froid. Nous sommes obligés de sortir nos polaires et cirés. Nous commençons à comprendre ceux qui ne veulent plus quitter les tropiques.

Changement de tenue... 

Nous embouquons le chenal de Richard's Bay. Yves contacte le port pour demander l'autorisation d'entrer. Les questions de routine, taille du bateau et composition de l'équipage se terminent par : raison de votre visite ? ... euh, tourisme. Mauvaise réponse, "permission is not granted", le port nous met en attente. Mais l'officier de quart à bon cœur, il nous liste les seuls motifs valables pour entrer : relève d'équipage, avarie critique, ravitaillement, abri du mauvais temps... nous changeons immédiatement de raison, et hop, "permission is granted" !


Nous sommes ainsi les premiers du groupe à être arrivés le dimanche 1er novembre à 17h30, sous les pluies. Nous sommes amarrés au ponton international, en attente des formalités.

Fin d'une longue traversée  

Natasha, une bénévole de l'Océan Cruising Club, nous accueille comme des rois : documents à remplir pour le test covid, une carte SIM et les explications de la nouvelle aventure qui nous attend. Nous le savions déjà, l'Afrique du Sud est ouverte au tourisme, mais ils ont oublié les plaisanciers dans leurs arrêtés ministériels, donc ils ne nous délivrent pas encore de Visa. Les choses devraient changer dans les jours à suivre.... nous dit-on depuis des semaines !

Anna Caroline arrive vers minuit, nous les aidons sous la pluie diluvienne a s'amarrer et on leur donne les documents à remplir pour le lendemain.

Test Covid est fait à bord et nous rencontrons le département de la santé. Vingt-quatre heures d'attente pour le résultat. Nous sommes négatifs. Natasha s'occupe de faire suivre nos résultats. Ça y est, nous pouvons affaler le pavillon jaune. Mais nous n'avons aucun document, aucune clearance, et aucune garantie de visa. Demain, mercredi 4 novembre, nous allons quitter le ponton international vers le Zululand yacht club, et nous verrons. Nous savons que nous pourrons approvisionner, et nous déplacer dans la marina, une personne à la fois....

À peu près notre parcours. 

Plus de deux milles miles , à peine 20 heures de moteur, trois semaines en mer sous toutes les conditions, c'était une très belle aventure. Nous espérons pouvoir profiter un peu de l'intérieur du pays, si non, nous continuerons notre route vers le sud jusqu'à Cape Town et nous aviserons.

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Alors, comment dire...petit changement de programme. Nous ne pouvons pas quitter le bassin. Nous sommes tous priés de rester au "mur international" de Tuzi Gazi, tant que l'immigration n'est pas passée. Nous voilà bien embêtés. Nous sommes six bateaux, le bassin est petit, d'autres bateaux doivent arriver et nous ne pouvons rien faire. L'immigration n'a pas du tout l'intention de nous donner un visa, le gouvernement maintient sa position. C'est notre ange gardien, Jenny, membre "plus-qu'actif" de l'OCC (Ocean Cruising Club) qui, depuis Johannesburg et Pretoria, enchaîne les réunions afin de débloquer la situation.

Le restaurant se transforme en take-away, il livre à boire et à manger. Nous sommes interdits de terrasse et de débarquement. 

On regarde le restaurant avec envie, ils nous regardent avec envie. C'est un manque à gagner pour eux. Tout le monde s'organise : livraisons à bord !

4 novembre, c'est mon anniversaire. C'est une joie d'être née en Afrique et de fêter mes 50 ans en Afrique. Certes, à quai, mais quand même. Nous sommes autorisés à ravitailler, une personne par bateau. Alors une sortie entre filles s'impose. Le taxi arrive et nous partons à trois filles, nos sacs de courses à la main, faire du shopping....dans un supermarché. Sortie anniversaire... et il faut faire le plein du bateau, nous ne savons toujours pas à quelle sauce nous serons servis. Mis à la porte ou accueillis ? Mieux vaut prévoir le pire. Les soutes sont à nouveau pleines.

Une belle surprise m'attend: femme belge à bord, née sous le signe du scorpion, partage un apéritif pour ses 50 ans. 

Une belle surprise m'attend. Yves a invité les "Richard's Bay Refugees", c'est à dire les autres bateaux, pour un petit apéritif sur le quai. Quatre, puis six, pour finir à une quinzaine autour d'une coupe de champagne. Les enfants du gros cata américain m'avaient préparé un gâteau, les Canadiens un beau dessin...les Hollandais une belle carte et une mini paire de sabots hollandais en porcelaine, comblée.

Une partie des réfugiés, merci à tous,  merci à mon homme. 

Lors de cette soirée, descendant au bateau chercher un peu de vin, j'entends un mail arriver dans ma boite, un mail de Jenny. Quand c'est Jenny, il faut regarder. Une autre belle surprise que je m'empresse d'annoncer aux amis. La situation est débloquée, les autorités accordent un droit d'arrivée entre le 9 novembre et le 15 décembre de cette année. Nous ne savons pas très bien ce que çela veut dire, mais nous sommes tous ravis. Nous aurons un visa, promis, à partir du 9.

Le 6 novembre, l'autorité portuaire nous annonce que l'immigration arrive pour tamponner nos passeports, le fameux tampon qui nous rend si heureux. Mais pourquoi cette avance? Deux raisons : notre test covid n'est valable que 72h , or il est déjà un peu dépassé, et le bassin se remplit de nouveaux arrivants chaque jour qui passe !

Tout le monde s'affaire, pochette à la main avec tous les documents, on fait la file. Certains bateaux étaient déjà arrivés depuis un bon moment et ils avaient pu rallier la marina, pas vraiment officiellement. Ils reviennent en taxi !

Le tampon, le tampon ...!!! 

Notre tour arrive. Madame de l'immigration nous annonce que nous ne sommes pas sur sa liste. Je vois Yves bondir doucement, oui, je sais, c'est paradoxal. Elle compte le nombre de formulaires qu'elle a emporté, il va lui en manquer. Pas de soucis, je lui propose de faire des copies à bord, mais s'il vous plaît, on veut LE TAMMMMPOOOONNN! Elle accepte le marché.

Sauvés ! Et à notre grand étonnement et joie, un visa touriste de trois mois. Même MedioVaS y a sa place. 

Jenny, Natasha, et à toute l'équipe qui n'a pas arrêté de bosser pour nous : MERCI.

Ne sois pas triste petit singe,  nous partons, mais tes amis et toi pourrez piller les bateaux suivants.

Le 7 novembre, vers 16h, l'heure de la pleine mer approche, les monocoques se préparent à la transhumance vers le Zululand Yacht Club. Les catas, ne connaissant pas les problèmes de sonde, sont déjà partis. Il y a une belle barre en amont de la marina. Entre les deux ports, nous profitons du vaste chenal pour faire de l'eau, évitant ainsi de mettre l'eau non potable du yacht club dans notre réservoir..

MedioVaS au ponton, amarres, défenses, ... çela faisait longtemps. 

Je peux enfin planifier le roadtrip qui fait tant envie. Depuis le temps que je lis mon guide sur l'Afrique du Sud, téléchargé à l'arrache aux Seychelles, une porte s'ouvre vers le KwaZulu-Natal, riche en histoire et en bébêtes.

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À peu près 400km prévus... 1300 parcourus...

Certains le savent, j'aime les roadtrips et j'aime les préparer. Guide de papier, applications diverses telles Booking, AirBnB, ... , tous les sites internet que je peux trouver, prospectus et renseignements locaux, la table du carré est envahie au grand désespoir de mon homme. Mais au bout de deux-trois jours, j'avais pris un peu d'avance secrètement. Je peux présenter u plan, des logements, un budget et une idée de voiture. Nous voilà ravis, les prix sont en chute, nous envisageons cinq nuits et six jours complets de roadtrip.

Le 11 novembre, le taxi nous dépose au lieu de location de voiture, une petite Renault Kwid couleur camouflage safari nous y attend. Bien chargés, sacs à dos, sacs de couchage au cas où, nourriture des grignotti, nous partons vers Eshowé (se prononce Ichowi, comme le bruit du vent dans les feuilles, dit-on). Premier arrêt, Empageni : petit, tout petit musée historique. Il est fermé mais un garde et un guide sont présents. Ils nous laissent faire la visite gratuitement, avec quelques explications. Coutumes locales, anciennes machines agricoles de l'exploitation sucrière ... la salle principale est vide. Petit mais amusant et intéressant.

Première étape cruciale, connaître les rois zulus !  

Le Zululand existe parce que les rois, tout aussi tortionnaires les uns que les autres, ont conquis puis défendu leur territoire contre des Afrikaners et des Britanniques avec une grande férocité. Le premier du nom s'appelle Shaka, le plus terrible de tous.

Nous poursuivons notre route par une ascension au milieu de montagnes, assez inattendu. Les paysages vont nous couper le souffle, malgré le ciel couvert et quelques averses. "Shakaland" à notre droite nous fait de l'œil. Une piste nous y conduit, malheureusement le site est fermé. Mais peu importe, nous prolongeons la piste qui surplombe un lac, un barrage à vrai dire. Le pic nique s'impose au milieu des vaches qui entretiennent les bordures de la piste.

Toute petite mais elle se prend pour une grande. 

L'estomac plein, nous continuons vers le Fort Nongqayi. Ce fort fut construit en 1883 par les Britanniques afin d'y installer les " Nongqayi ", la force armée indigène, des Zoulous entraînés par le Colonel Addison. Les Nongqayi ont ainsi participé à plusieurs batailles, la dernière étant la guerre Anglo-Boers de 1899 à 1902. Le fort est déclaré monument national en 1939.

Fort Nongqayi  

On y découvre le Mythe du roi Shaka. Voici un peu d'histoire du Zululand, j'espère ne pas m'y perdre. Shaka naît vers 1787, un fils du ciel, un Zoulou. Né illégitime, chassé par son père pour avoir laissé un mouton se faire dévore par un chien sauvage, le jeune garçon trouve refuge chez le Mthethwa, dont il commande rapidement les troupes. En 1818, il est à la tête de la confédération Nguni, un peuple d'éleveurs installé au cœur des collines vertes du Natal.

Série TV locale à très grand succès  

À cette époque, les conflits sont toujours importants entre Britanniques et Hollandais, ainsi qu'une petite colonie de Huguenots français. Le Cap est fortement disputé mais ce sont les Anglais qui s'y installent définitivement entre 1806 et 1815.

En 1824, Shaka suit un seul objectif : semer la terreur avec les 15000 guerriers sous ses ordres. Seules les femmes ont la vie sauve pour devenir mères d'enfants zoulous. Il fait exécuter tous ceux qui pourraient être une menace pour lui, c'est ainsi qu'il donne l'ordre d'éliminer tous les enfants dont il pourrait être le père ! Le despote sanguinaire contrôle le Natal et davantage, vers le sud et l'ouest. Il sera assassiné en 1828 par son demi-frère Dingaan... comme quoi, on n'est jamais assez prudent !

Kraal de Shaka. 

En 1807, à Londres, le commerce des esclaves est interdit et la question de l'homme noire est posée. C'est ainsi qu'au Cap, le gouverneur Cradock instaure une cours itinérante de justice devant laquelle doivent comparaître les Boers soupçonnés de racisme. Contre les Anglais et leur langue que l'on veut imposer, contre les Africains de couleur, et contre tous en fait, les Afrikaners développent une mystique du peuple. Ils sont convaincus que Dieu leur a confié une mission : "apporter les lumières de la civilisation dans les ténèbres de l'Afrique".

En 1834, c'est la fracture complète entre Anglais et Afrikaners. Ces derniers doivent abandonner leurs terres, ils fuient le Cap pour se lancer dans le Grand Trek, à la conquête de l'Afrique inconnue. Des dizaines de convois s'enfoncent dans l'intérieur au nord du pays jusqu'au Natal. Les Zoulous, plus forts que jamais, les attendent avec Dingaan à leur tête. Il contrôle 800 000 km carré avec 20 000 guerriers ndebele. Un beau comité d'accueil mais les Boers tuent quelques 400 guerriers Ndebele et atteignent Port Natal. Ce comptoirs Anglais fut rebaptisé Durban en hommage au gouverneur d'Urban. Mais avant de s'y installer, les Boers veulent traiter avec le roi Zoulou. Mauvaise idée, le roi Dingaan crie : "brulez les sorciers blancs". Ils sont massacrés, empalés et livrés aux vautours. Depuis, la Buffalo River est nommée la Blood River, la rivière sanglante..

Le demi-frère de Dingaan, Mpande, se lie aux Boers afin de mettre fin à cette politique désastreuse. Avec le nouveau chef Pretorius, ils affrontent victorieusement "l'impi" (armée) Dingaan. Ce dernier est poursuivi par 400 Boers jusque dans son Kraal où il est tué en 1840. Mpande devient roi et cède la moitié du Natal aux Boers qui créent alors la république de Natalia. Natalia sera annexée par les Britanniques en 1843, l'autonomie des soldats du Trek ne plait pas au Cap. De leur côté, les Boers n'acceptent pas les diktats humanistes anglo-saxons, abolition de l'esclavage et de toute discrimination raciale. Les Boers entament alors un deuxième Trek vers le Transvaal et l'Orange.

Les Britanniques, ayant trop de chats à fouetter, décident de s'allier aux Boers. La Couronne reconnaît, en 1852 et 54 l'indépendance de la République sud-africaine (Transvaal avec Pretoria comme capitale), puis ensuite l'état libre d'Orange. Les Boers n'ont plus de compte à rendre à la Reine, c'est l'aboutissement du Grand Trek et la naissance de la conscience Afrikaner.

Cetshawo trouve que la politique menée par son père est trop faible. Mais le trône est réservé à son jeune frère, fils préféré de Mpande. Cetshawo n'a d'autre solution que de tuer son frère lors d'une bataille. Il attendra le décès de son père, et sera couronné roi en 1873 par le ecrétaire britannique aux Affaires indigènes. C'est à Eshowe que Cetshawo établit son Kraal. Il renforce son armée, l'équipe d'armes également. Il s'oppose aux demandes Britanniques et une guerre anglo-zouloue éclate en 1879. Malgré quelques batailles gagnées, il perd la guerre à Ulundi et part en exil à Londres. Il sera renvoyé en Afrique du Sud lorsque ses partisans s'opposent à trois autres chefs rivaux. Les Britanniques tentent de recréer son trône, à la tête de l'ensemble des territoires du Zululand, en vain. Un des chefs rivaux s'y oppose et avec l'aide de cavaliers Boers mercenaires attaquent son Kraal. Il s'enfuit dans la forêt de Nkandla, se place sous la protection britannique et termine ses jours à Eshowé. Il sera le dernier des rois reconnu par la couronne. Son fils Dinuzulu est proclamé roi en 1884 avec l'appui militaire des Boers du Transvaal.

Mais, accusé de rébellion par les Britanniques, il est exilé sept ans à Sainte Hélène (un grand homme, donc). Son fils Salomon, né pendant son exil à Saint Hélène, lui succède en 1913. Ayant reçu une éducation " à l'européenne", il délaisse l'est peaux de bêtes pour un uniforme militaire, et et son Kraal pour une maison. Il apprécie le mode de vie occidenta, il est passionné par la musique. Il tente de regagner et d'étendre son influence en construisant des relations avec les autres chefs. En 1920, il crée l'Inkatha kaZulu ( conseil national Zoulou) qui institutionnalise le nationalisme ethnique zoulou. Le but étant d'unifier le peuple zoulou et de représenter ses intérêts, puis de donner à la petite bourgeoisie davantage de possibilités pour acheter des terres. Il voit le rapprochement avec les communautés rurales comme un moyen d'arriver à la possession des terres et à une agriculture commerciale. C'est le moment où l'Etat Sud-africain s'engage dans une politique ségrégationniste qui anéantit les espoirs d'affranchissement et les aspirations de la classe moyenne noire. Ce mouvement ne peut réussir que par l'éducation et le progrès de la part que tient le peuple zoulou dans l'économie. Il est aidé par d'autres chefs, mais l'organisation est minée de détournements de fonds et le mouvement cesse de fonctionner à sa mort, en 1933. Aujourd'hui, son petit-fils est le roi de la nation zouloue (et de notre yacht-club du moment) sous la clause des directions traditionnelles de la constitution d'Afrique du Sud. Qu'elle est mouvementée, l'histoire des rois de l'actuelle province du kwaZulu-Natal.

Promenade dans les hauts de la forêt de Dlinza et la forêt de Nkandla.   

Nous poursuivons notre chemin sur les traces de Cetshawo vers Ulundi. Sur la route, je trouve un petit lac qui a l'air sympa pour un pic-nic. Nous pensons entrer dans une propriété privée, mais au bout du chemin, face au lac, deux superbes maisons abandonnées.


 À qui ? Pourquoi ? Comment ? Le parc, les maisons, tout est une splendeur. 
Au milieu de cette végétation digne d'un jardin botanique, quelques vaches broutent tranquillement. 

Le lendemain, nous roulons vers Amazulu Game réserve. On m'avait déconseillé la route d'Ulundi, R66, car trop peuplée de monde et d'animaux. Mais c'est ce que l'on veut, une route tranquille et le merveilleux décor du pays zoulou.

Parfois nous quittons la route pour voir ce qu'il se passe ailleurs. 
Pour un pic-nic une fois de plus. 
Les rencontres du photographe. 
Et toujours ce paysage surprenant. 

Notre hébergement au centre de la réserve est plein de surprise. C'est un chalet décoré avec une grande finesse dans la culture africaine, qui surplombe la rivière. Une terrasse et un "braai" (BBQ) nous attendent pour le dîner du soir. Mais, avant cela, le plongeon dans une toute petite piscine pour nous rafraîchir avant une sortie safari prévue à 15h30. Un couple nous rejoint et nous embarquons tous avec Bro, notre guide, dans le Land Cruiser armé.

 Non non, ce n'est pas un Game Huntingdon Drive !
Tout le monde est là et baille, sauf les éléphants 
Apéritif en haut de la colline au soleil couchant après avoir cherché le troupeau. Bro reçoit un appel radio de son collègue... 
Il trouve le troupeau sortant des buissons. Splendide!

De retour au camp, nous proposons au couple de dîner ensemble. Elle est anglaise, il est Sud'Af, il maîtrise le braai. Viande et legumes grillent, nous passons une excellente soirée.

Nous reprenons la route, le lendemain, vers Isimangaliso Wetland, côté côte. Nous quittons la R66 pour faire plus d'une heure de piste et atterrir devant une porte d'entrée: Mkhuze Game Reserve. Pas le choix, nous payons l'entrée et y passons une heure trente (c'est le temps de traversée minimum, sous peine d'amende). La réserve est splendide. Mais la route est encore longue vers Hluhluwe (qui se prononce Shlushluwi ). Nous longeons des kilomètres de forêts d'eucalyptus pour enfin arriver au Lac de Santa Lucia au milieu du Wetland.

Nous n'avons plus qu'à faire attention à nos fesses !

Zèbres, gnous, gazelles se promènent paisiblement dans cette immense plaine qui longe la mer et borde le lac. Mais pas de crocodiles ni d'hippopotames.

Certains sont sur la route, priorité au plus gros. Moment magique. 

On pousse notre petite voiture jusqu'à l'estuaire de Santa Lucia. Grande promenade dans le bois puis dans les dunes.

Des flamands roses partout, je suis toute émue... 

Nous terminons notre road trip à Hluhluwe-Imfolozi Game Réserve. C'est le petit Krüger Parc du Zululand. Il paraît que c'est le plus beau de la région. Alors, allons-y! Nous commençons par la partie nord-est du parc, Hluhluwe. Nous sommes déjà un peu fatigué de notre matinée, notre campement se trouve dans la partie sud-ouest et les portes ferment à 18h. Nous suivons la route indiquée par le plan, nous ne voulons pas trop traîner, mais pas moyen de faire autrement...

Faut y aller.... 

À temps, nous entrons dans le bushcamp de Mpila. Notre tente nous y attend.

Alors singe ou pas singe sur le "toit"? 

Après un bon spaghetti (euh, oui, nous ne sommes pas experts en camping et en braai) et une bonne nuit de sommeil, nous sommes prêt à parcourir cette immense réserve. Le plan est bien fait, avec des endroits protégés aux points d'eau, afin d'observer les animaux.

En sécurité, ils disent. 

Mais en fait, ils sont partout autour de nous. Petite voiture grimpe les pistes, passe les petits ruisseaux, enfin, elle se prend pour une grande et se réjouit de nous mener partout.

Les rayés... 
Les trois grands pour se cacher... 
Les légers... 
Les lourds..... 
Les paresseux... 
Les courageux... 
Et les admiratifs.... 

Nous retrouvons MedioVas en pleine forme. Vendredi soir, c'est soirée de bienvenue pour les nouveaux. Nous avions loupé la nôtre, nous y allons donc. Au milieu des nouveaux nouveaux-arrivants, Mexicains, Chiliens, Italiens, Suisse ...nous recevons tous une bouteille de champagne local. C'est... fruité. Samedi matin c'est la tournée des bureaux officiels pour faire notre sortie. La fenêtre météo s'ouvre dimanche soir !

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Nos formalités sont accomplies et la fenêtre météo se rétrécit de plus en plus... nous décidons de partir dans la nuit du dimanche 22 novembre, contre le vent, au début. Il faut quitter le yacht club à marée haute, 21h30, afin de passer la barre. Nous larguons les amarres à 20h50, passons la barre avec trois mètres d'eau sous le sondeur, c'est toujours un peu stressant. Nous avions planifié de mouiller après ce passage pour attendre minuit, afin d'être le plus près possible de la renverse du vent. Mais finalement nous continuons notre route vers la sortie et nous verrons dehors. Le courant n'est pas très fort donc la mer ne devrait pas lever trop de vagues contre le vent. Et notre temps est limité, nous savons que lundi vers 15h, c'est le retour du vent du Sud et beaucoup plus violent, celui-là. Nous devons maintenir une vitesse de six nœuds afin d'être dans les cordes. Yves va dormir. Je sors les voiles, tout en gardant le moteur. Le vent forcit, le bateau file dans une mer agitée, plus besoin de moteur. Vers 23h15, je demande à Yves s'il peut prendre le quart un peu plus tôt, je ne tiens plus debout et le vent ne fléchit toujours pas. Galant, il prend ma place aussitôt. Il lui a fallu attendre 2h du matin pour la renverse de vent. Le moteur s'est imposé pour maintenir une bonne cadence.

Vers 9h du matin, je reçois un mail de la marina de Durban : "no more rooms, you should anchor in the Harbour". Ça ne nous arrange pas du tout. Nous savons qu'il y a de la place, mais apparemment pas pour les bateaux "internationaux". Un bateau de jeunes français nous renseigne, depuis qu'ils sont arrivés, trois jours plus tôt.

Pas le choix, nous devons nous arrêter à Durban de toute manière, à cause de la météo.

13h, Durban grandit devant nous.  Le truc blanc, c'est un stade, pas un OVNI !
14h, nous embouquons le chenal du port et entrons dans le yacht club 

Les autorités portuaires nous disent d'aller à la marina. Si c'est un ordre, alors... nous obéissons avec joie ! Nous longeons l'allée, antre les pontons A et B, au bout se trouve le ponton "international" d'attente. À dire vrai, il est tout petit et déjà occupé. Au moment où nous entamions un demi-tour, un agent de la Marina nous interpelle et nous montre une place. Oh, chouette !

14h15, MedioVaS est amarré  
Et nous pouvons rester à cette place. Soulagement ! 

Après les formalités d'entrée à Durban Marina, nous allons nous inscrire au Royal Natal Yacht Club. C'est gratuit pour deux semaines et nous recevons même une bouteille de vin, rouge et plat, cette fois-ci. Nous voilà libérés de tout poids, prêts pour les montagnes !

15h30, le vent tourne et devient Sud tout en forcissant. Nous sommes contents d'être là. Je vais pouvoir commencer à prospecter pour un petit Road Trip...

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Nous espérerons trouver à Durban des shipchandlers à tous les coins de rue, et pouvoir ainsi faire un stock de pièces de rechange et trouver une nouvelle pompe d' eau douce. En fait, il n'en est rien : il n'en reste qu'un seul, le dernier survivant, et pas très fourni. Heureusement nous avions pu réparer notre pompe de circulation d'eau douce (merci Robin), ainsi que notre pompe de cale, à Richards Bay. Donc pas de travaux à faire, nous pouvons visiter.

View Tower, du sol au 32ème étage par l'ascenseur privé du resto fermé... nous avons droit à la vue sur le port. 

Nous sommes arrivés en période de grève, la ville est une poubelle ouverte. Les choses vont s'arranger petit à petit lors de notre court séjour. Le musée Kwa Muhle est fermé, non pas à cause de la Covid mais pour désinfection de nuisibles. Vraiment pas de chance.

Mais le musée maritime est ouvert et gratuit, nous sommes un peu les seuls présents.

Remorqueurs, baleiniers, paquebots... tout y est. 
Et la vue au format d'une maquette 

Nous sommes les seuls du groupe de navigateurs à nous promener en ville, bien peu osent s'aventurer à cause des "on dit que c'est effroyablement dangereux".

Grands espaces 
Les marchés bien vivants et les rues bondées . 
City Hall , l'Hotel de ville et l'ancien palais de justice. 

Voici un peu d'histoire pour ceux qui ont bien suivi les rois zoulous, le Grand Treck des Boers, les guerres ... de l'une des étapes précédentes. Nous sommes toujours dans le district du KwaZulu-Natal. Si l'on remonte au Paléolithique, la région de Durban était habitée par des cueilleurs-chasseurs. Ces derniers furent exterminés par les populations bantoues lors de leur expansion en provenance d'Afrique centrale, au cours du premier millénaire.

Le 25 décembre 1497, Vasco de Gama, à la recherche de la route des Indes, est le premier navigateur européen à accoster sur la côte dans un port naturel. Il baptise le lieu Rio de Natal (Noël), qui deviendra Port Natal. La côte prend donc le nom de Natal. À vrai dire, le lieu reste un peu oublié des Portugais, trop de mangroves et de forêt denses. Seuls quelques pirates et trafiquants d'esclaves et d'ivoire y jettent l'ancre de temps en temps.

L'intérieur de la région devient le siège de l'empire zoulou sous le sanguinaire roi Shaka.

En 1823, le navire Salisbury, battant pavillon britannique, accoste dans la baie. Son commandant, le lieutenant de vaisseau Farewell, trouve le lieu parfait pour y construire un avant-poste commercial. Le Cap lui envoie 25 hommes pour construire un port. Parmi eux, H. Fynn, un marchand britannique, prend contact avec le roi Shaka. Il gagne son amitié après l'avoir soigné d'une blessure grave résultant d'un probable empoisonnement. En récompense, il reçoit l'autorisation d'établir un port commercial permanent sur une zone de 30 miles longeant la côte et s'enfonçant de 100 miles dans les terres. Mais Port-Natal se développe très très lentement car il n'y a aucun soutien ni protection britannique. La vie y est incertaine, les agressions avec les Zoulous sont nombreuses, ils tolèrent à peine la présence des colons. En 1835, les 35 résidents blancs décident de rebaptiser les lieux "d'Urban", en l'honneur de Sir B. d'Urban, gouverneur de la colonie du Cap.

Entre-temps, le Grand Treck des Boers arrive en 1838, fuyant le Cap, pour fonder la république de Natalia. Pietermaritzburg en devient la capitale, à seulement 60 km de Durban. En 1839, les quelques Britanniques se retirent de Durban et laissent la place aux Voortrekkers (Afrikaners du trek). Prenant prétexte des mauvais traitements que les Boers infligeaient aux Zoulous, le gouverneur du Cap décide de restaurer la souveraineté britannique sur la région du Natal. Le premier assaut est un échec. Le deuxième assaut est une victoire, grâce à un certain Dick King. Il traversera tout le blocus des Afrikaners en parcourant 680 km à cheval, pour obtenir des renforts d'une autre garnison britannique. C'est en 1844 que la région du Natal est définitivement annexée à la colonie du Cap, mettant fin à la république de Natalia.

Le fameux Dick King . À Durban, on sent bien la version britannique de l'histoire

En 1847, un grand afflux de réfugiés fuyant le régime du roi Mpande s'installent autour de la ville. Un véritable Port est construit en 1849. La ville se développe. En 1860, un premier groupe d'indiens débarque à Durban, pour combler le manque de main d'œuvre dans les champs de canne à sucre.

En 1867, le premier phare de la côte africaine y est érigé.

En 1879, un mouvement de panique suit la défaite des Britanniques face aux Zoulous. La ville enrôle des volontaires pour suppléer l'armée. Le jeune Louis-Napoléon (fils de Napoleon III), officier volontaire, fait alors escale à Durban. Il sera tué par les Zoulous au cours d'une patrouille.

En 1903, John Dube, né dans un township, publie Ilanga Lase Natal ( Soleil du Natal), premier journal d'informations pour la population noire. Il deviendra président de l'ANC, le fameux African National Congress, toujours au pouvoir depuis l'élection de Mandela.

En 1960, Durban connaît un boom touristique. La ville autorise alors le port du bikini sur les plages (mais pas les noirs). La même année, lors du référendum sur l'établissement d'une république en Afrique du Sud, 93% des électeurs blancs du Natal et de Durban répondent NON, affirmant leur loyauté à la couronne britannique. La république sera adoptée par seulement 52% des électeurs blancs du pays. La ville de Durban se caractérise par une hostilité globale à la politique de l'apartheid. En 1986, une campagne est menée pour abattre les panneaux d'apartheid sur les plages. En 1992, c'est toujours à Durban que l'on a le plus haut score lors du Référéndum sur la fin de l'apartheid.

Durban supplante le Cap comme seconde ville la plus peuplée après Johannesburg. La ville est le plus grand centre de l'Océan Indien et le plus grand Port d'importation et exportation d'Afrique du Sud. Elle s'est aussi faite une réputation en tant que ville industrie : raffineries de sucre, industrie textile, savon, construction automobile.... autant dire que la ville est vaste et grouille de monde.

Notre curiosité nous pousse à une vingtaine de kilomètres au nord, on y trouve un centre commercial que "l'on dit le plus grand de l'hémisphère sud". Plusieurs étages, des boutiques de toutes les grandes marques internationales, un cinéma grandiose, des restaurants à perte de vue... et ça marche.

Gateway  Mall à Umhlanga

Il était fortement déconseillé d'errer comme nous l'avons fait dans les rues de Durban. Mais à vrai dire, nous nous sommes jamais sentis en danger. Nous respectons la règle africaine : le lion chasse quand le soleil se repose, nous ne sortons pas à pied la nuit.

Mais il est temps d'aller chercher notre voiture de location, la route est tracée vers le Drakensberg. Je sens que mon planning agace un peu Yves. Il est vrai que j'ai tapé un peu fort en programme randonnée. De plus, la météo s'annonce très mauvaise. On est à deux doigts de tout annuler. On se promènera en voiture aux alentours. Mais, comme pour une traversée en mer, une bonne fenêtre météo s'annonce le jeudi 26 novembre. Nous décidons de prendre le risque et nous partons mercredi après avoir déjeuner au Royal Natal Yacht Club.

Voici le programme, longue et belle route. 

Notre petite Datsun Go, orange vif, enjambe la N3, c'est à dire l'autoroute. Nous traversons la "Valley of 1000 Hills" sous un crachin normand qui ne gâche rien à la beauté du lieu. Mais pas le temps de nous arrêter, la route est longue et nous filons sous la pluie. Nous découvrons les péages, heureusement notre voiture est équipée d'un petit boîtier de télé-péage qui nous évite les longues files d'attente. Nous traversons des prairies peuplées de vaches, encore des vaches, des Limousines partout. Ce spectacle ouvre l'appétit.

Sur la route, je réserve notre logement à l'Amphitheatre Backpackers Lodge situé à une vingtaine de kilomètre de l'entrée principale du parc. J'avais lu pas mal de choses à propos du lieu. En effet, ce camping pour routards est assez surprenant.

Une fois l'autourote derrière nous, il est temps de nous arrêter faire quelques provisions pour notre mini-séjour. Nous évitons de nous arrêter à Bergeville, j'avais lu que la ville ressemblait à celle de la série "The walking death".

Notre lodge... incroyable

Arrivés au Lodge/camping... nous réservons notre dîner. Quelle surprise au bar, nous retrouvons les navigateurs français. Ils nous devancent d'une journée. Le récit de leur journée, malgré le brouillard, nous encourage à aller directement au Sentinel Peak. Et ils nous conseillent de ne pas aller avec notre voiture : "nos petites voitures ne passent pas par là !" Alors, prenons le guide du Lodge. Heureusement...!

Pour arriver au Sentinel Peak, il faut encore faire deux heures de route, nous changeons de district arrivant ainsi à Free State. Puis il faut encore parcourir trois quart d'heure de chemin, piste, rivière...difficile à décrire. La nuit a été pluvieuse, ce qui rend la route d'autant plus difficile. Notre guide n'est pas du genre à avoir un 4X4 mais un minibus Toyota Combi, la star des passagers africains, le taxi-brousse d'aujourd'hui. Après plusieurs essais et de la gomme de pneu brûlée entre les pierres et les rochers, nous y arrivons à 9h.

Le combi, le guide, et sous le nuage, le sommet... 

La météo a vu juste, il fait beau. Nous ne pouvons plus nous débiner, il n'y a plus qu'à marcher. Nos jambes tremblent déjà quand il nous annonce 12,5 km. Elles n'ont plus trop l'habitude de randonner aussi haut au-dessus du niveau de la mer ! De 2200 à 3200, il y a donc mille mètres à grimper...

En fait, les jambes vont très bien, mais pas le souffle...pfff 

Les paysages sont "de toute splendeur" (c'est le niveau ultime, après "toute beauté"). Et on monte, on monte. Après telle montagne ... la suivante...tout cela sur un petit sentier.

Ah c'est là-haut ? Mais par où ?
Ah, nous ne prenons plus le beau petit sentier. Nous devons grimper. Allons-y...

Vingt cinq minutes plus tard, j'arrive en haut. Je n'en reviens pas, c'est vertigineux, époustouflant, magnifique. Yves arrive quelques minutes après, puis le guide. Yves avait raison, nous ne sommes pas entraînés et pour un premier jour de rando... il va me tuer après cette escalade et nous n'avons fait qu'un tiers. Mais, comme moi, il a le souffle doublement coupé, par la montée et la vue. Nous sommes à 3162 m, au dessus du Royal Natal NP, en bordure de l'amphithéâtre et très heureux d'y être!

Du haut de Sentinel Peak 
Vingt minutes pour le lunch au bord du vide, déjeuner et repos compris
Chacun a sa photo ... (spéciale dédicace à Nath.L, ahah) 

Nous ne descendons pas, nous continuons. Nous allons marcher sur le plateau, longtemps.

La route vers... 
Des piscines naturelles, une rivière...
Tugela Falls, les plus hautes d'Afrique.

J'aime, j'adore les cascades. Quelle emotion lorsque l'on arrive en haut de la plus haute cascade d'Afrique et la deuxième plus haute au monde ! Yves et le guide me surveillent, je m'approche trop près du bord. Mais c'est fascinant et attirant.

Trop près du bord.... 

Nous continuons, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. En effet, nous sommes tout en haut, il faut descendre maintenant et, pour cela, il faut passer par le chemin officiel.

Quelques belles fleurs nous annoncent la suite 
Les fameuses échelles. 

Yves, chargé du sac à dos, décide de prendre l'échelle de gauche qui est fixé à la paroi. Je choisis de prendre celle de droite qui est libre. C'est flippant. Surtout ne pas regarder en bas. Une deuxième descente nous attend, plus longue, plus abrupte que la première. L'échelle libre est cassée, pas très rassurant tout cela. Nous prenons donc l'échelle fixe tout en étant assuré par une corde. C'est long. Pas toujours la place pour placer son pied. Mais nous y arrivons. Un couple, en bas regarde notre descente. Ils ont pris le chemin classique, donc en aller et retour. La femme n'est pas très rassurée, je pense qu'ils ont fait demi tour.

Heureux, nous voyons le bout de cette formidable randonnée  

Le retour en minibus n'est pas plus facile qu'à l'aller. Notre Combi se retrouve coincé entre rigole et pierre, une roue tourne dans le vide, plus moyen d'avancer. Plus qu'une seule solution, sortir le crick, lever le combi, et placer une grosse pierre sous la roue. Ouf, repartis, en route pour un bon repos.

Baignade au frais, dîner et dodo, soigner les courbatures.  

Le lendemain, on doit l'avouer, nous avions mal un peu partout. La météo est maussade, comme prévue. Nous décidons de rentrer par la longue route. Je regarde les possibilités. Je trouve la Nottingham Road intéressante. Nous avons toute la journée pour retrouver MedioVaS. Nous commençons par la recherche infructueuse du Voortrekker Monument. Nous sommes quand même en plein territoire des Boers, c'est ici qu'ils ont fini par s'installer, après le deuxième Grand Trek. Mais on fait des aller et retour autour de Loskop, et rien. Pas de monument. Politique locale ? Tant pis. À Mooi River, nous quittons à nouveau l'autoroute vers Nottingham Road. La route en serpentin longe une ville enfermée par trois rangées de clôtures électrifiées. Nous avons l'habitude de voir des quartiers sécurisés, mais celui-ci l'est quand même fortement. Les alentours sont magnifiques et pas du tout effrayants. Nous nous arrêtons dans un "centre" également clôturé et fortement sécurisé. Il y a des boutiques, des restaurants et le "Chocolate Heaven" qui vend, soit-disant, des chocolats belges. Rien de transcendant mais nous achetons quand même quelques pralines. Plus loin, sur la route, un "waffel Hunt" (gaufres). Hummmm , comment ne pas s'y arrêter ? On se serait cru chez Marie Siska au Zout (les Belges et sympathisants comprendront), entourés de hollandais. On a un peu l'impression d'avoir changé de pays.

Autour de ce "restaurant", une jardinerie, un mini golf, des jeux pour enfants et un antiquaire plus que particulier, humour ....

Ici, on n'aime pas le seul enfants, voilà. Certes, il y a de la porcelaine partout !
Métier à tisser , c'est avant 1993... 

Enfin, la gaufre était bien bonne. En route vers ce que j'attendais avec impatience, un musée concernant Mandela. Petite, j'ai été touchée par l'histoire de Mandela, sa vie, sa détention, sa libération. L'apartheid m'avait fortement marquée, sans le comprendre, lorsque mon père m'a emmenée en Afrique du Sud avec ma sœur, alors que j'avais 10 ans. Nous arrivons ainsi sur la route où Mandela avait été arrêté ("capturé" retiendra l'histoire), le 5 août 1962, près de Howick. Il voyageait incognito dans sa voiture, il aurait été dénoncé aupres de la CIA par un de ses proches. Le "Nelson Mandela Capturé Site" est un musée et une exposition. Il rappelle l'événement et la vie de Madiba, le nom tribal de Mandela, celui que les noirs préféraient lui donner. C'est aussi le lieu d'une étonnante sculpture, montrant le portrait de Mandela sur 50 piliers d'acier.


Simple comme l'homme . 
Percutant, prenant, émouvant  
Le long chemin vers la liberté

Au fur et à mesure que l'on avance, on voit le visage apparaître . Magnifique hommage . Nous ne nous attendions pas à tant d'émotions. Je termine cette étape ici, la suite importe peu.

Le chemin de ... l'endurance, de la souffrance... 
Nelson Mandela, Madiba 
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Cape Town n'est plus si loin, mais la météo ne joue pas le jeu de la saison. Le temps est très instable, il est difficile de parcourir de longues distances. Mais selon le dicton breton : "qui trop écoute la météo, perd sa vie au bistrot". Il faut prendre une décision. Nous avons 350 miles à parcourir jusqu'à Port Elizabeth, nous pouvons compter sur une moyenne de 8 nœuds, grâce au courant, mais la fenêtre météo n'est que de 30 heures.

Tous nos moyens électroniques sont sur le pont.  
Mais voilà notre petit problème. À G, le vent au nord, plutôt fort. À D, le courant des Aiguilles au sud, très fort !

C'est devant Port Saint John et East London que le courant portant au sud est au plus fort, jusqu'à 5 nœuds. C'est formidable pour descendre, mais quand le vent est contre, cela pose des problèmes. C'est, en effet, dans ces parages que les vagues les plus grandes ont été observées, on parle de 10 à 20 mètres de haut dans les cas extrêmes. MedioVaS tremble et nous aussi. Nous décidons de partir jeudi 3 décembre à minuit, le vent du sud perdra son souffle. Après quelques heures avec très peu de vent, il doit tourner nord pendant 26 heures, avant de revirer sud. Oui, c'est un vrai casse-tête. Nous voulons être au-delà de Port Saint John lors du vent du sud. Les autres bateaux décident de partir à 5h du matin, ce qui nous paraît bien trop tard. Nous ouvrirons donc la marche du convoi, au moins sept bateaux envisagent la descente.

Un petit brin de repos avant le départ et nous appareillons à 1h30 du matin, après une énième vérification de la météo. Yves envoie le mail annonçant notre départ à Des, "monsieur gourou" du routage et de la météo dans cette région. C'est la référence dans le coin, à la retraite mais connaissant extrêmement bien l'océan Indien, les courants, la météo. Il assiste tous les plaisanciers que nous sommes de Madagascar au Cap. Cette fois-ci, il n'est pas rassuré du tout de voir tous ces voiliers se lancer là-dedans ... il enverra un mail à toute la troupe : " je vais prier les dieux de la mer, des vents, pour que ceux-ci soient cléments avec vous". Pour le coup, c'est nous qui ne sommes plus du tout rassurés. Mais il est déjà 6h du matin quand nous le recevons. Robin, notre ami canadien, parti bien après tout le monde, décide de faire demi-tour voyant l'état de la mer. C'est le plus sage d'entre-nous.

Nous naviguons bien, au moteur et à la voile, nous ne voulons absolument pas perdre une minute même si, après quelques heures de courant contraire, nous sommes dans la veine des Aiguilles qui nous pousse fortement dans la bonne direction. La journée se déroule comme prévue par nous, pas de mauvaises surprises de la météo qui suit notre analyse. Des, monsieur gourou, était vraiment pessimiste !

6 nœuds sur l'eau, 10 nœuds sur le fond, c'est parfait!  

Vers 18h30, nous doublons le fameux Port St John. Ahhhh !

Et, comme pour nous saluer, les dauphins font la fête autour de nous. 
Petit foc autovireur est prêt pour la nuit. 

Vers 23h, le vent tombe. Le moteur ronronne un peu plus fort, nous craignons toujours ce coup de vent du sud qui doit arriver dans la nuit, évidemment. Heureusement, un belle grosse lune nous éclaire par l'arrière. Et une fois n'est pas coutume, il a fallu que je prenne mon quart à 3h du matin pour que le vent se lève. Ça commence par un changement d'état de la mer. À 4h du matin, le jour commence à apparaître, je vois de gros grains devant moi. Le vent monte, mais de manière instable, WSW 20 nœuds. Quelques creux de 3 mètres. MedioVas se comporte à merveille mais c'est un peu l'angoisse. Est-ce que çela va se maintenir ou est-ce que çela va forcir ? Le grain s'approche, il commence à pleuvoir. Le vent et la mer poussent à la côte. Un autre proverbe bien connu dit également : "si tu veux vivre vieux marin, arrondis les caps et salue les grains", que je traduis généralement par "contourne les grains aussi". Me voilà bien embêtée : si je contourne le deuxième nuage, je n'arrondis pas le premier, mais je n'ai pas trop le choix. Je vire vers la côte, j'ai encore de la place. Le vent continue de forcir à 28 nœuds. Contre toute attente, à part quelques gros creux, la mer est assez lisse. Je préviens Yves qui me conseille de réduire encore la voilure. C'est fait et nous avançons ainsi au près serré avec le moteur en appui. À 6h du matin, Yves prend le quart et je ne suis pas mécontente d'aller dormir, profondément !

Ça descend, et puis ça monte, et la côte apparaît entre deux, et ça redescend...

À 8h45, Yves me sort difficilement de mon profond sommeil. Tout semble calme. Le vent a tourné et molli, bonheur. Il m'annonce que c'est mon quart et que nous ne sommes plus loin. Nous avions décidé de nous arrêter au port précédent, c'est à dire à East London, Buffalo River. L'angoisse de la météo et des délais courts est épuisante et nous avions brûlé beaucoup de gasole pour se rassurer. Prendre et larguer les ris pendant la nuit nous a bien fatigués aussi. Vendredi 4 décembre, il est 9h15, nous avons l'accord de rentrer dans le port. Nous avons donc quitté le KwaZulu-Natal pour entrer dans la province de l'Eastern Cape.

Ah, voilà autre chose : comment fonctionne l'amarrage par ici ? Nous savions qu'il y avait des bouées dans la rivière, que l'on pouvait prendre. Je longe un bateau, puis deux... pas moyen de passer entre eux, ils sont tous reliés entre eux et un pont m'oblige à partir en marche arrière. En fait, les bateaux forment des couloirs de nage comme dans une piscine, assez surprenant mais malin. Yves aperçoit une place libre au bout du seul petit ponton, tout prêt du rivage. Je vais tenter l'approche en espérant qu'il y ait assez d'eau. MedioVaS s'insinue entre le ponton et la rangée de bateau-bouée-bateau.... je fais demi-tour dans l'étroit couloir en profitant d'un bateau manquant entre deux bouées, mais il reste l'amarre qui les relient toutes... gàre aux hélices ! Des personnes arrivent au ponton pour aider, ou pour surveiller la manœuvre ? Je ne regrette pas le propulseur d'étrave, MedioVaS doit se faire tout petit et pivote à merveille, Yves aide avec le gouvernail du régulateur. Nous faisons bonne impression, tout le monde est rassuré, l'accueil au ponton est formidable. À 9h45, nous sommes amarrés et contents d'être là.

Et nous pouvons rester au ponton !

Ici, on applique la règle "premier arrivé-premier servi". Nous ne regrettons pas d'être partis dans la nuit, avant les autres. Cela nous évite d'être au milieu de la rivière et de devoir mettre MiniVaS à l'eau (qui est impatient de naviguer aussi, mais pas dans l'eau froide, ahah).

Nous guettons nos amis marins sur Internet (MarineTraffic donne la position de tous les navires qui utilisent leur émetteur AIS). Nous voyons ceux qui poursuivent la route et ceux qui, comme nous, on fait le choix d'une halte ici. Nous sommes quatre, deux autres bateaux arriveront plus tard.

Nous apprendrons que Port Elizabeth est sous une alerte Covid et que le port n'est pas vraiment terrible. C'est un gros port de charbon, très poussiéreux. Nous avons pris la bonne décision !

La Yacht Club est très sympa, au delà de toutes nos attentes. Conrad nous fournit les documents d'entrée à remplir et nous explique le fonctionnement du Yacht Club : bar, braai évidemment, festivités, .... Et c'est la Sainte Barbe ! Mais repos avant tout.

Dans l'après-midi, nous voyons arriver Janneke et Wietze sur Anna Caroline (Hollandais), puis Jorge y Jorge sur Loumaran (Chilien) et enfin Romarik et Melanie sur Reder Bro (Français, enfin ... Bretons). Ces derniers repartiront le lendemain matin vers Port Elizabeth.

Samedi matin, nous envisageons l'avitaillement, surtout le gasole. On croise un gars qui nous donne les clés de sa voiture sans hésiter une seconde et nous explique où tout se trouve. On est bien surpris et un peu inquiets. C'est presque trop facile. On propose aux autres voiliers de se retrouver autour d'un braai le soir. Ça tombe bien, cela aussi fait partie de la vie du Yacht Club. Tous les samedis soirs, il y a braai : chacun apporte sa viande, ses légumes.... musique et ambiance garanties.

El asado à la Sud'Af ! La viande n'a rien à envier à la viande Argentine...ni le braai à la parilla.

Avec Janneke on prévoit ce que l'on pourra faire comme petit tour dans les environs. Nous sommes bloqués pour cause de ... mauvais temps, évidemment, alors autant profiter de la région. Lundi nous suivrons leur hike dans la montagne, tous ensemble. Mardi, nous irons de notre côté pour une promenade culturelle qui nous tient à cœur...

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Nous passons un dimanche à réparer le bateau. Saint Nicolas ne nous a pas fait de cadeau. Nous avions déjà remarqué une petite entrée d'eau le long des parois tribord et bâbord dans le carré. Il est temps de voir d'où cela provient. C'est le charriot du foc auto-vireur. Les boulons qui le tiennent de part et d'autre, sont tout à fait desserés, le silicone ne joue plus son rôle d'isolant. Alors au boulot, silicone, clés, ... il n'y a plus qu'à tester lors de la prochaine traversée, ou une averse, peut-être ?

Nous pouvons penser à notre sortie touristique. Janneke s'était déjà bien renseignée et elle aurait découvert une pépite à visiter. Nous décidons donc de partager deux voitures entre trois bateaux. Lundi 7 décembre, rendez-vous à 8h30. Nous nous laissons guider. Avec Janneke, Don Jorge le père ; à notre bord, Jorge le fils. La route est belle mais malheureusement pluvieuse. Nous traversons King Williams Town où se trouve le musée et un centre dédié à Steve Biko, autre figure de la lutte. Malheureusement, nous n'aurons pas le temps de tout faire. À l'ordre du jour, randonnée dans les montagnes. Jorge le fils nous raconte son voyage avec Jorge son père. Ils ont acheté le bateau il y a trois ans, au Chili, et sont partis en apprenant en cours de route. Ils envisageaient de remonter toute la côte jusqu'au Canada lorsqu'ils rencontrent des gens en Equateur qui leur expliquent que ce n'est pas du tout la saison ! Ah bon, il y a des saisons ? C'est ainsi qu'ils sont arrivés aux Marquises, c'est la saison ... en Australie, c'est le lockdown, puis à La Réunion, c'est le refuge, et en Afrique du Sud, c'est la porte de l'Atlantique. Le plus drôle, c'est que Janneke et Wietze connaissaient leur bateau et les anciens propriétaires. Son père est à la retraite et lui est guide au Chili. Ils ont un campo (600 hectares !) qu'ils envisagent d'exploiter pour le tourisme. Catherine, ma sœur, message personnel : si tu cherches quelqu'un pour développer El Campo de las Minas au tourisme, Jorge est partant et connait les ficelles ! Après deux heures de route, nous arrivons à Hogsback. Le ciel est dégagé et il fait chaud, contrairement à ce qui était prévu. La polaire peut rester dans la voiture. Le lieu est superbe, la route est bordée de maisons atypiques, de B&B, de bars... nous décidons d'aller dans le seul restaurant ouvert pour y déjeuner.

Vaut mieux débuter la randonnée l'estomac plein. 

Nous marchons vers "39 steps", une cascade. Heureusement, c'est un petit échauffement, une demi heure de marche sans trop de dénivelé.

Très "fleurs bleues" tout cela. 
Et la superbe cascade!  

Le retour par le "Garden of Love", tout pour séduire les randonneurs. Nous apprendrons que c'était un lieu historique de villégiature pour les habitants "blancs" de la vallée, pour lesquels il faisait trop chaud en été. Le village de vacance est devenu un endroit un peu artiste, presque hippie ... très sympa et agréable. Juste ce qu'il fallait à la petite troupe que nous sommes.

Deuxième partie de randonnée, à 5 km de là. Nous marchons vers "Madona & Child". Là, ça rigole moins. Enfin, ça descend fort et longtemps, tout le monde pense au retour...

Don Jorge le père rejoue "The Mission"  (pour ceux qui connaissent le film). Spectacle magnifique. 
En effet, on y voit una madona et one child.

Yves, Jorge le fils et moi-même grimpons encore plus haut en escaladant la montagne. La cascade nous attire.

Spectacle splendide.

Il n'y a plus qu'à tout remonter. Mais c'est bon, on est bien échauffé et le Drakensberg nous a remis en forme. L'après midi se termine autour d'une dégustation de bières pour certain(e) et de jus de citrons pour les conducteurs.

Ben oui, un peu de belgitude, tout de même !

Retour au Yacht Club sous la pluie diluvienne, orage et éclairs au dessus de MedioVaS. Yves conduit courageusement, en trouvant un tout petit bout de pare-brise sec pour voir la route. Vivement un bon repos pour nous. Demain une autre journée nous attend. Le silicone à bien tenu, le bateau est sec !

Nous étions fiers de notre mât, pour une fois le plus grand du ponton. Un peu moins fiers sous les éclairs qui ne frappent pas loin.... pas de dégâts, ouf!

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Mardi, nous abandonnons nos amis qui partent faire une autre randonnée. Nous avons d’autres projets !

Nous sommes dans le berceau de ... Madiba, et pas questions de rater cela.

Le musée de Mandela a Mthatha (Umtata) 

La route est longue, quelques 250 km à travers le Transkei. A la marina, nous racontons notre plan à un propriétaire de bateau : « mais qu’est ce que vous allez faire là-bas, il n’y a rien, la route est dangereuse ... c’est le chaos ! bon, j’ai une entreprise dans le coin, je vous laisse mon numéro de téléphone si vous avez des soucis ». Pas très rassurant, mais nous avons déjà remarqué que les locaux blancs vivent dans une certaine crainte et ne voient pas leur pays comme nous le voyons.

8h30, nous embarquons dans notre petite voiture à la découverte du pays des Xhosa. En effet, nous avons quitté la terre des Zulus.

Transkei signifie « la terre au-delà de la rivière Kei », par opposition au Ciskei. Le territoire de l’ethnie Xhosa se situait à la frontière orientale de la colonie du Cap, le long de la rivière Great Fish. Mais ce territoire a reculé après les « guerres Cafres » (guerres de frontières entre guerriers Xhosa, soldats britanniques et colons) à partir de 1779, d’abord sur la rivière Keiskamma puis la rivière Kei.

En 1834, lors d’une nouvelle guerre Cafre, les britanniques annexent le territoire entre ces deux rivières. Mais en 1836, il est rétrocédé aux Xhosas, jusqu’en 1846 où elle sera à nouveau annexée comme possession de la Couronne sous le nom de Cafrerie Britannique. Eh bien, moi qui pensais : « donner c’est donner, reprendre c’est voler ! »

Le Transkei se retrouve assez peu peuplé par les européens. Ils sont seulement 10000 en 1882.

Le parlement du Cap annexe et restructure plusieurs territoires. Il a recourt à un système de conseils indigènes pour les administrer.

Après la première guerre mondiale, le Transkei sert de réservoir de main d’œuvre pour les mines d’or de Johannesburg (surtout après la grève des mineurs afrikaners en 1922).

Les choses se gâtent petit à petit. Plusieurs réformes se succèdent jusqu’au 25 mai 1959, lorsque le Parti National sud-africain (blanc) crée les bantoustans du Ciskei et du Transkei (ainsi que huit autres). C’est ainsi que l’Autorité Territoriale du Transkei voit le jour. En 1963, elle acquiert « l’autonomie », dirigée d’une main de fer par Mantanzima, neveu de Mandela. En 1976, le Transkei est le premier bantoustan à accéder à « l’indépendance » qui ne sera jamais reconnue par les autres états de la communauté internationale, ni par l’ONU. En 1987, Bantu Holomisa mène un coup d’état et s’auto-proclame chef de l’état, président du conseil militaire et ministre de La Défense, rien que cela ! Il reconnaît officiellement l’artifice de l’indépendance accordée par l’Afrique du Sud et offre l’immunité aux militants des branches armées du Congrès National Africain (ANC) et du Congrès Panafricain d’Azanie qui viennent s’entraîner aux côtés des forces armées du Transkei. Entre 1991 et 1994, Holomisa rejoint l’ANC et fait réincorporer le Transkei dans l’Afrique du Sud lors de négociations constitutionnelles.

Bantoustan (du bantou « terre des peuples »), pour ceux qui, comme moi, en ignoraient la signification, est un territoire assigné par les blancs aux habitants noirs de l’Afrique du Sud ( et Sud Ouest africain, la Namibie ) durant la période de l’Apartheid. Ces régions étaient donc réservées aux populations noires, selon leur ethnie, et jouissaient à divers degrés d’une certaine autonomie ou indépendance. En 1970 ils furent rebaptisés « huisland » ou « homelands » : foyers nationaux. Les communautés internationales et l’ONU ne pouvaient reconnaître leur indépendance, cela aurait signifié une approbation du principe de l’Apartheid en soutenant des « réserves raciales ».

Autour des villes, nous longeons les tristement célèbres townships. Nous nous écartons de la côte sauvage et la route est tout simplement superbe. Entre collines, montagnes et vastes plaines broutent des bovins ainsi que de moutons. Prudence sur l’autoroute, le bétail s’y promène également.

Township 

Nous ne pouvons malheureusement pas nous arrêter à Mvezo, lieu de naissance de Mandela. Le musée est devenu privé et actuellement fermé.

Du sang royal dans les veines de Mandela ? 
Mvezo est par là 

À Qunu, le deuxième musée Mandela est fermé pour cause de rénovation. Ce n’est vraiment pas de chance, mais nous le savions avant de partir. Et nous n’aurions pas eu le temps de tout voir. Nous arrivons bientôt à Umtata!

Mandela drive, nous y sommes presque  
Des salles remplies de cadeaux  reçus par Mandela
Des œuvres pleines d’humour 
Des moments forts! 
Les moments qui l’ont rendu fort 

Moments forts en émotions ! Je suis toujours pleine d’admiration face à Mandela.

On nous laisse visiter le musée après sa fermeture. Ils savent que l’on vient de loin. Toujours aussi gentils.

Mais bon, il faut quand même repartir. Arrêt repas attardé dans un énorme mall de la ville. Nous remarquons, les yeux dans notre « quick pizza » que nous sommes les seules blancs. Ce n’est pas la première fois, certes, mais j’ai ce sentiment que l’on nous regarde, comme si nous n’avions rien à faire là.

Sur le chemin du retour, je commence à réaliser la réaction de l’afrikaner du yacht club. À notre retour, nous racontons notre journée. La plupart des locaux blancs font le même commentaire : ils ne vont pas « visiter ce genre de musée ». Mandela et tout ce qui l’entoure ne leur ont pas fait que du bien ? Nous détendons l’atmosphère en disant que les Parisiens ne visitent pas la Tour Eiffel...

Maison typique  

Le lendemain soir, c’est Braai et musique live. La soirée est formidable, mais nous nous couchons tôt, nous appareillerons vers 4h du matin, toujours plus Sud !

Merci Conrad! 
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Jeudi 10 décembre, 04:00, nous quittons Buffalo River et son yacht club bien accueillant, en route vers Simon’s Town. Le vent est un peu mollasse et le Genaker est de retour.

C’est très calme et nous ne sommes pas seuls en course  

MedioVaS avance lentement, peu de vent et conséquences de sa coque qui commence à ressembler à un élevage d’algues et de coquilles. Après 27 heures de navigation, nous doublons enfin Port Elizabeth et nous commençons à contourner la pointe sud-est de l’Afrique du Sud.

Le vent se lève : 9, 12, 20 noeuds dans le nez. La mer se lève également, c’est évident. Commence alors une route particulière, un coup au sud, un coup au nord. Le courant des Aiguilles est une bonne option, mais qui nous conduit très loin des côtes, trop loin à mon goût.

Notre trace, nous n’avançons pas beaucoup sur notre route  
Froid , ciel menaçant, le vent forcit encore, mais MedioVaS est très confortable 

Notre gourou météo, l’homme à terre, nous conseille de ne pas poursuivre vers Simonstown ni les baies précédentes . Il nous déroute vers Mossel Bay.

Samedi dans la soirée, après plusieurs manœuvres de nuit et de jour, le vent tombe. Cela annonce enfin la renverse prévue par la météo. Il forcit dans la nuit, mais peu importe, il vient par l’arrière.

C’est beaucoup plus reposant 

Nous faisons route vers Mossel Bay afin de laisser le coup de vent passer et de nous reposer un peu.

04:00 : Lever de lune, lever du soleil, lever de montagnes . 

Mon quart débute à merveille. Le spectacle est magnifique et sous genaker.

Un phoque nous souhaite la bienvenue. Nous mouillons dimanche à midi à l’extérieur du port de pêche afin de faire de l’eau et de se reposer.

17:15, MedioVaS est amarré contre l’un des murs du port.

Seul ... 

Les Chiliens et les Hollandais arriveront dans la soirée. La police vient à notre rencontre et s’offre un gentil petit contrôle de passeports avec un petit formulaire. En revanche, ils ne sont pas ravis que nos amis marins soient déjà partis en ville. Nous leur négocions un délai pour finir leur repas !

Nous croiserons chiliens et hollandais au restaurant que nous avons nous-mêmes choisi. Nous relevons à leur table !

Du repos !

Je rêvais d’un bon moules-frites, nous sommes à Mossel Bay après tout ! Grosse déception, c’est fade et trop crémeux, tout ça. Mais le cadre est magique.

Une bonne nuit de sommeil et en route pour un peu de marche. Nous avons décidé de reprendre la mer le soir même, vers Simonstown .

Station balnéaire très pittoresque .  
Cap St Blaize, son phare, sa grotte préhistorique, et son décor .
Déjeuner dans une salle d’expo, l’atelier d’un peintre, au fond de laquelle se trouve un petit coiffeur.
Au revoir Mossel Bay 
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Nous quittons le soir même cette baie accostée pour la première fois en 1488 par le navigateur portugais Bartolomeu Diaz.

19:30, le 14 décembre. Nous naviguons calmement au près en attendant la renverse du vent qui devrait alors nous pousser.

Mardi dans la nuit le vent est mollasson et le moteur doit nous venir un peu en aide. Mais, le jour se levant, le genaker fait le fier, malgré sa teinte délavée par les rayons UV.

Du genaker au génois  

Vers midi, le vent forcit un peu et le génois prend la relève . Malheureusement nous avons toujours le vent de face. Il nous pousse à terre avec l’aide de son ami le courant.

Pizza et dernier coucher de soleil sur L’océan Indien 

Nous devons virer avant de voir la côte de trop près, d’autant que nous nous approchons de la pointe sud de l’Afrique du Sud.

Cap des Aiguilles 

Mercredi 16 décembre 2020 à 01:39, ça y est, Cape Agulhas est doublé !

Nous l’arrosons avec un sauvignon Sud’Af : Two oceans, wath else ?

Le cap des Aiguilles est le point le plus septentrional de l’Afrique du Sud et non le plus réputé cap de Bonne Espérance.

Il est également le point de rencontre entre l’océan Indien et l’océan Atlantique, et donc entre le courant chaud des Aiguilles et le courant froid de Benguela, selon les saisons. Ce mélange d’eau chaude indienne et d’eau froide atlantique explique l’agitation permanente de la mer dans ces parages. Le puissant vent d’Ouest, fréquent, s’oppose au courant dominant et peut lever des vagues impressionnantes.

En 1500, il fut nommé par les navigateurs portugais Cabo das Agulhas. Mais pourquoi Agulhas (Aiguilles)? Il y a deux théories :

- la coïncidence dans cette région entre le nord magnétique et le nord géographique, coïncidence des aiguilles.

- les nombreux rochers en forme d’aiguilles autour du cap et des conditions de navigation difficiles ayant causé la perte de nombreux bateaux.

Le passage se fait malheureusement de nuit et nous ne voyons que son phare, mais c’est un moment fort en émotions. C’est mon premier cap et c’est un cap qu’Yves n’avait jamais doublé.

Nous reprenons nos quarts, et poursuivons notre route vers False Bay.

Vers 11h du matin, je vois la mer s’agiter fortement devant moi. Un « troupeau » de dauphins, au moins deux cents, en pleine chasse. C’est magnifique !

Nous filons, portés par le vent, dans False Bay. Nous arrivons trop tôt, ou trop tard, devant Simonstown. Il fait nuit et le vent monte à 15/20 noeuds. Nous décidons de rester à la cape au large du yacht club et d’attendre que le jour se lève. Après tout, c’est couvre-feu !

Des phoques jouent autour de MedioVaS, cette baie est incroyable !

Voiles réduites au minimum, nous nous dirigeons à 4h du matin vers la marina.

Le 17 décembre, 06:20, MedioVaS est au ponton du False Bay Yacht Club, dans l’océan Atlantique.

MedioVaS, d’où vient ce nom?

Vuelvo al Sur (VaS), le célèbre tango argentin. Medio, le moyen d’y arriver et la taille moyenne.

Voilà, MedioVaS, tu nous a emmenés au Sud, très au sud, et beaucoup plus tôt que prévu. Merci pour ces belles traversées et navigations dans l’océan Indien.

L’eau chaude va te manquer certainement! 

Nous resterons quelque temps à Simonstown. Nous y recevrons mes filles ensemble, Yves n’ayant pas pu partir retrouver les siens. Puis nous nous occuperons de re-caréner notre bateau-plantation. La situation du Covid en Afrique du Sud n’est vraiment pas terrible et nous ne savons pas encore si nous pourrons partir en janvier.

C’est la fin d’une année, d’un océan et c’est aussi la fin de ce blog qui contient déjà beaucoup d’étapes. Je vais devoir en créer un autre. Je vous ferai suivre le lien. Merci de votre fidélité !

Merveilleuse année 2021 !