Samedi 27 novembre, à 7h35, nous levons l’ancre. Nous quittons Saint Vincent et les Grenadines, le coeur lourd. Nous ne savons pas trop ce qui nous attend en Martinique, la situation s’y dégrade de jour en jour. Nous avons 120 miles à courir et nous avons été prudents dans nos calculs pour ne pas arriver de nuit.
Le gennaker respire à nouveau. La météo est annoncée clémente, avec un vent de 10 noeuds de l’est-sud-est. C’est vraiment parfait ! Même le gennaker sort de sa soute et prend l’air. Nous prenons le rythme des quarts et Yves prépare une bonne casserole de pâtes. Nous devons faire tourner nos bons 29 chevaux lorsque le vent est trop faible, mais cela ne durera qu’une bonne heure. Nous longeons et doublons Saint Vincent de jour, quelques grains croisent notre route. L'île a l’air somptueuse, un dégradé de verts magnifiques des forêts tropicales. C’est sur cette île qu'a eu lieu le tournage des « Pirates des Caraïbes ». Évidemment, nous aurons aimé nous y arrêter mais malheureusement elle a très mauvaise réputation : le racket est le sport national !
Sainte Lucie apparaît de nuit, ses illuminations nous permettent de découvrir son relief. Au nord nous apercevons le halo créé par les lumières de la Martinique. Nous sommes parfaitement dans les temps, presque trop tôt… ça alors ! Le jour n’est pas encore levé et nous pointons difficilement le rocher du Diamant, un fort courant traversier veut nous chasser à l’ouest. Yves me réveille pour mon quart de trois heures du matin, il me montre quatre pistes AIS, des Imoca de la course transatlantique Jacques Vabre. Le premier est le bateau de Romain Attanasio, l’émotion est forte. J’avais été marraine de la petite abeille qu’il avait transportée dans son Imoca vers le Brésil, symbole de son association pour les enfants, quelques années auparavant.
Ils vont beaucoup trop vite ! Le courant nous porte vraiment trop à l’ouest et les grains arrivent. J’arrise les voiles, le vent monte à 25 noeuds et une bonne drache me rafraîchit. Je vire de bord pour espérer pointer Le Marin, notre port d’entrée. Mais, après quelque temps, le vent refuse et tombe, nous sommes à 5 miles du port, le jour se lève. Le bateau Corum passe devant. C’est magique mais il temps de faire ronronner le moteur si nous voulons arriver.
Quelle surprise, en rentrant dans la baie ! J’avais déjà vu beaucoup de bateaux au mouillage à Grenade, le parking à bateaux en saison cyclonique. Mais là, c’est incroyable. D’abord, c’est un dock flottant océanique déchargeant son flot de « porte-couillons » plus démesurés les uns que les autres, signe que la saison Caraïbe commence ! Nous doublons la pointe des Boucaniers, où se trouve le Club Med, et il faut chercher un endroit où mouiller dans cet amoncellement de bateaux plus ou moins amarrés à des bouées.
Faites vos choix .
Nous trouvons un endroit, en bout de baie, en face du supermarché Leader Price, parfait pour faire des courses.
Le dimanche 28, à 7h15, l’ancre va s’envaser, pas besoin de plonger pour la vérifier. D’ailleurs, vu la couleur de l’eau, ni Yves ni moi ne voulons tester.
MiniVaS retrouve son moteur et Yves me dépose à l’autre bout de la baie, au ponton de la marina du Marin. Il retourne au bateau, des grains arrivent et il vaut mieux surveiller un mouillage « jeune »et MedioVaS est quand même très proche de ses voisins. Quelques têtes de mât sortent de l’eau à proximité, épaves oubliées qui nous rappellent à la vigilance. Je fais la clearance d’entrée et puis un tour au supermarché Auchan tout proche. Comme prévu, les rayons de frais sont vides, complètement vides. On se croirait à Mayotte, pendant les trois mois de grève ! On voit bien que Nicole est passée par là avant nous et quelle a bien rempli son méga-congélateur ! Je trouve des boîtes de cassoulet et de petit salé, c’est toujours ça (et c’est bon). Un fromage a survécu à la razzia ou bien il m’attendait ?
Bon ... Yves me retrouve et nous rejoignons la file devant la boulangerie, une bonne baguette française, on en rêve depuis deux ans. Nous déposons tout au bateau et allons voir si le Leader Price est mieux rempli. En effet, il l’est : je trouve du poulet et quelques fruits et légumes. Nous envisagions de rester quelques jours ici, nous avions même réservé une voiture pour aller chercher Isou à l’aéroport et se promener dans l’île, mais il faut se faire une raison, nous ne pourrons pas bouger. Les barrages se renforcent et tout est bloqué entre l’aéroport et le Marin. J’arrive à obtenir un avoir pour la voiture, sans limite de date. Le mouillage est oppressant, je propose à Yves de partir au plus vite. Le lendemain, nous tentons d’obtenir du gasole et de l’essence à la pompe de la marina. Après avoir tourné en rond pendant une demi-heure, sous le regard mauvais des concurrents, nous fuyons au plus vite ! MedioVaS déploie ses voiles et nous transporte à vive allure, 20 noeuds de vent nous portant vers la baie de Fort-de-France. Passé le rocher du Diamant, nous nous faisons rattraper et doubler par deux superbes Class 40 de la Jacques Vabre. Nous étions pourtant à huit noeuds dans les vagues… mais ils filent le double, pas de bataille possible !
MedioVaS, ne sois pas jaloux ! Au bout de deux heures, nous sommes dans la baie de Fort-de-France. Je reçois un message sur mon téléphone, c’est Nathalie du voilier Erias. Il nous ont repérés, entre les Class 40. Quelle bonne surprise, nous ne les avions pas vu depuis Saint-Hélène ! Mais pas facile de savoir où ils vont, pour se rencontrer. De notre côté, nous avions repéré un endroit tout au fond de la baie, proche de l’aéroport, avec dans l’idée de s’en approcher au mieux, en annexe. Martial, mon vieux copain de l'université vétérinaire me téléphone pour me dire qu’il est au Marin après avoir passé deux barrages et crevé un pneu, aïe. Il fait demi-tour et vient nous retrouver au Club de voile Neptune. Quelle joie de le revoir, vingt-neuf ans plus tard ! MedioVaS tient bien, le mouillage est calme et nous ne sommes pas seuls. Martial nous embarque dans sa voiture pour aller déjeuner à la marina de Baywatch, à l'étang Z’Abricots. Coïncidence, c’est là qu’Erias a pris une bouée.
Martial nous offre un super déjeuner, 29 années, il y en a des choses à raconter.Il nous propose même sa voiture, pour le lendemain à 13h, pour aller à l’aéroport et faire nos courses. Chouette, nous pourrons aller au grand centre commercial. Après ce bon déjeuner, il insiste pour nous amener visiter Fort-de-France. Il se fait tard, on approche l’heure du couvre-feu mis en place à cause des grèves violentes. Yves est réticent, mais j’accepte. Après une centaine de mètres, barrage… Martial parlemente : une grande bringue lui répond avec une mauvaise insolence : « - Vous pouvez passer, si vous arrivez à traverser les flammes ». En effet, les pneus brûlent et bloquent le rond-point, nous n’insistons pas et nous retournons au bateau.
J’avais proposé à la famille d’Erias de venir prendre un brunch le matin. Ils préfèrent un petit-déjeuner à 8h00, ils doivent se libérer à 10h00 pour visiter un catamaran à vendre. À l’heure dite, une annexe bien chargée approche du fond de la baie. Je sors les jumelles, ce sont eux !
La famille au complet vient partager le petit déjeuner. Nous passons deux heures formidables à partager nos aventures respectives, Guyane Française pour eux, Grenade pour nous, et les couleurs des Grenadines en commun. Ils envisagent de rester en Martinique pour un bon moment, scolariser les enfants et travailler chacun de leur côté. Cela n’a pas vraiment l’air d’enchanter les enfants. L’heure venue, ils nous quittent, rêvant déjà de bateau plus grand…
Nous terminons de préparer le nôtre pour l’arrivée d’Isou. À midi, Martial m’appelle. Il est coincé à un nouveau barrage juste au bout de la route de notre port ! Il a tenté la diplomatie et reçu un gnon en retour, l’ambassadeur était plutôt alcoolisé ! C’est ainsi que nous ne verrons plus Martial, merci les barragistes ! Il nous faut donc mettre en oeuvre notre plan « MiniVaS » pour récupérer Isou. Vers 13h00 nous arrivons en annexe à Port Cohè. Des voiliers y mouillent déjà devant, nous ne sommes pas les seuls à devoir rallier l’aéroport. Le port se trouve au fond d’une mangrove, abritant surtout de vieux bateaux moteur ainsi que quelques voiliers et de vraies épaves. Nous amarrons MiniVaS et descendons explorer ce petit port du bout de rien. Depuis sa voiture, un homme nous appelle : « - Vou alé a l’èrpor? , moi peu vou kondui, gratui ; fin un ti’ billê ède toujou ! » Et nous voilà arrivés à l’aéroport en cinq minutes, je donne un ti billet plutôt gros et nous prenons langue pour le retour avec Isou et ses bagages. Les grains se suivent, le garde parti faire un tour, nous parvenons à rentrer dans le hall d’attente. L’avion d’Isou atterrit et enfin nous la voyons ! Je lui avais pris un poncho imperméable, heureusement. La pluie ne cesse pas de tomber. Après une centaine de mètres à pied, le chauffeur mystérieux que nous avions vu plusieurs fois revenir avec d’autres pseudo-clients, nous attend et nous fait des grands signes. Nous sommes sauvés et Isou rassurée, nous ne devrons pas marcher. MiniVaS est sous eau, un arbre à grandes feuilles nous abrite à peine. Nous profitons d’une accalmie pour faire la traversée vers MedioVaS. Enfin au sec ! Isou déballe ses affaires, elle avait des kilos de chocolat dans sa petite valise, rien que pour nous, nous salivons d’avance.
Heureusement que les rayons frais étaient vides finalement. le chocolat prend toute la place. Nous lui annonçons que nous allons naviguer dès le lendemain, la situation à Fort-de-France est catastrophique et nous ne pourrons pas visiter la Martinique comme prévu. En quelque sorte, nous tournons le dos avec mépris.
Nous appareillerons à 08h45 après une bonne nuit de repos. En route vers Saint Pierre, au nord-ouest de l’île, il y a une vingtaine de miles à parcourir. Nous filons joliment, sous 18 noeuds de vent. Au largue, la route est belle et agréable.
Isou prend ses marques à la barre. À 11h45, nous arrivons face au mouillage. Nous devons nous approcher de la plage pour trouver onze mètres d’eau et éviter les épaves. Ça fait très prêt du rivage… Une fois le bateau en sécurité, il est temps de plonger.
À quelques brasses de MedioVaS, nous pouvons visiter l’oeuvre d’art sous-marine Manman Dlo, imaginée par l’artiste martiniquais Laurent Valère. Mises en place en 2004, les 20 tonnes de béton représentent une sirène, créature mythique attirant les navires vers le fond. C’est une référence aux naufrages de 1902, après l’éruption de la montagne Pelée. La statue rend hommage à la mer et recherche sa protection. En 2015, une seconde statue fut immergée, Yemaya, fille de la première, plus féminine, plus sensuelle et beaucoup plus massive (37 tonnes de béton). Ces deux statues immergées dans neuf mètres d’eau sont les prémices d’un parc de sculptures sous-marines de Saint-Pierre.
En créole, Manman Dlo signifie sirène et la légende martiniquaise dit qu’elle faisait chavirer les navires et tuait les marins.Yemaya est un hymne à la mer et à la femme. L'après-midi nous allons visiter le village, chargé d’histoire, renifler sa supérette bien fournie et tenter de trouver le restaurant où l’on doit faire notre clearance de sortie (si, si, la Douane et autre services sous-traitent les clearances !)
Notre nouveau mouillage. C’est le 15 septembre 1635 que le flibustier normand Pierre Belain d’Esnambuc débarque dans la rade de Saint Pierre avec 150 colons de la colonie française de Saint-Christophe. Ils s’installent et créent la première colonie permanente, le Fort Saint-Pierre de la Martinique, pour le compte de la couronne de France et de la Compagnie des îles d’Amérique. Ils partent à la conquête du territoire, exterminant les derniers autochtones Caraïbes qui ne veulent pas se soumettre à leur autorité. L'île produit du tabac, du roucou (une épice locale), de l’indigo et du cacao. Au XVIIè siècle, la crise du tabac ruine les premiers planteurs qui se tournent vers la production de sucre. Saint-Pierre, capitale administrative, abrite la maison du Gouverneur. Mais, en 1671 la ville est victime d’un incendie. Elle perd son statut mais maintient celui de capitale économique et culturelle jusqu’en 1902.
En 1789, les Pierrotins soutiennent le pouvoir révolutionnaire contre les békés, partisans de la royauté.
La ville se développe grâce à l’industrie sucrière et au commerce d’esclaves. Les navires et marchands viennent du monde entier au port de Saint-Pierre. Une bourgeoisie commerçante s’y installe, les maisons de campagne fleurissent. Très rapidement, elle est surnommée « le Petit Paris des Antilles », « La Perle des Antilles » ou encore « La Venise Tropicale ». Elle devient la capitale économique et culturelle des Antilles.
En 1900, Saint-Pierre est équipée, grand privilège, d’un réseau d’éclairage urbain électrique, d’un tramway hippomobile, d’une chambre de commerce, de l’un des premiers asiles pour soigner les aliénés, d’un port et d’un théâtre construit sur le modèle du grand théâtre de Bordeaux !
Saint-Pierre resplendit. Mais la montagne Pelée voit les choses différemment. En avril 1902, elle crachote des fumerolles suivies d’une pluie de cendres. Fin avril, le sol tremble et la montagne crache des roches. C’est le moment de l’élection législative et ça sent le souffre… Le 2 mai, détonations et tremblements de terre se succèdent ; une fumée noire masque le soleil. Mais le second tour des élections est trop important, il est hors de question d’évacuer la ville. Les serpents fer-de-lance, les fourmis et les scolopendres quittent les hauts et envahissent l’usine sucrière provoquant des morsures mortelles. Une coulée de boue brûlante fait de nouvelles victimes. Seulement quelques Pierrotins quittent la ville. La mer se retire d’une centaine de mètres, annonçant un tsunami qui envahira tout le bas de la ville. Le second tour des élections législatives a lieu le 11 mai, il semble trop compliqué de reporter, aucune évacuation n’est donc prévue.
Le 8 mai, jour de l’ascension, à 07h52, une nuée ardente dévale le volcan. En quelques minutes, la ville de Saint-Pierre disparaît sous une masse gazeuse et solide, chauffée à plus de 1000 degrés. Vingt-six mille personnes décéderont et quarante navires couleront dans la rade. Deux hommes seulement survivront : le prisonnier Louis-Auguste Cyparis, protégé par les épais murs de sa cellule, et le cordonnier Léon Compère-Léandre. Une seconde éruption a lieu le 20 mai, encore plus violente, et finit de dévaster la ville.
Au lendemain de cette catastrophe, on assiste à un double pillage de la ville : le premier par les habitants des îles et villes voisines, sous prétexte de chercher leur famille ; le second par l’Etat français pour récupérer l’or et les numéraires des banques. Une commission est chargée de récupérer les bijoux se trouvant sur les cadavres avec la promesse de les restituer aux familles des défunts, promesse étrangement non tenue.
La ville reste en cendres pendant plusieurs années et c’est sa rivale, Fort-de-France, qui devient la capitale économique et culturelle de l’île. Saint-Pierre tombe sous le coup d’une loi, dite du 15 février 1910, qui la raye de la liste des communes de France. Son territoire rejoint la commune voisine du Carbet. Cette loi permet à la commune receveuse de vendre le patrimoine de la commune supprimée et d’en garder les bénéfices. Saint-Pierre aura vraiment tout perdu.
En 1923, pourtant, elle redevient une commune et renait timidement de ses cendres. Elle sera reconstruite très lentement. La chambre de commerce revoit le jour, refaite à l’identique.
En 1990 la ville obtient le label Ville d’Art et d’Histoire. Son activité se tourne essentiellement vers le tourisme, notamment la plongée sous-marine autour de ses nombreuses épaves face au port. Trois sociétés exploitent des gisements de pouzzolane dans les coulées de la montagne Pelée. Une fois traitée, cette substance produit plus d’un million de tonnes par an de sable lavé et de granulats destinés à la fabrication des bétons et mortier pour le BTP.
Nous marchons le long des nombreuses ruines, celles de l’asile, celles de la prison et du cachot de Cyparis, celles du fort. Après une belle montée, nous arrivons au musée de Franck-A Perret, qui est le musée vulcanologique et que nous ne visiterons pas.
Ruines du Fort et du cachot de Cyparis. Musée de Franck-A Perret.La ville est presque une ville fantôme, les habitations sont anciennes ou laissées à l’abandon. Seuls quelques petits commerces sont ouverts et, après de longues recherches, nous trouvons enfin le restaurant où l’on peut faire notre clearance de sortie. L’Alsace A Kay est tenu par un Alsacien, évidemment. Il rebranche son ordinateur et je m’installe devant cette vieille machine. Tout finit par se faire, nous obtenons le beau papier. Heureusement que nous n’avions pas abandonné nos recherches… il était fermé le lendemain !
L'art est partout présent . Même abandonnées elles ont du cachet. Sur le chemin du retour en MiniVaS, nous croisons le catamaran Bella de l’américain Pat que nous avions rencontré à Bequia. Il navigue avec un ami, Brad, tous les deux passionnés de plongée. Ils nous proposent une bière à leur bord, cela ne se refuse pas. Isou est impressionnée par la taille et l’espace du catamaran (« ne jamais emmener sa femme visiter un catamaran »). Ils partent le lendemain, vers La Dominique, toujours pour plonger. Nous recevons quelques tuyaux pour s'approvisionner en frais, le marché couvert de Saint-Pierre est ouvert tous les jours. En revanche, Yves fera choux-blanc devant les deux stations service, elles sont fermées et vides. Des locaux rigolards proposent de l’huile de friture en échange. Bof, c’est à peine drôle !
MedioVaS passe une nuit tranquille sous le regarde bienveillant da Vierge des Marins, toute éclairée. D’ailleurs, elle nous appelle du haut de sa colline.
De bonne heure, nous partons tous au marché. Les stands commencent à se remplir, papaye, citrons, oranges, épices, en tous genres, goyave… tout est présent. Quel bonheur de remplir notre sac. Isou se lance même dans l’achat d’un kilo de thon fraîchement pêché. Et moi je regarde le boucher, un sosie de Will Smith, découper ses demi-carcasses de cabri, de cochon et de boeuf. Enfin je vais pouvoir remplir le mini congélateur de bonne viande.
La bonne viande ... Nous déposons nos richesses à bord et nous nous équipons de bonnes chaussures de marche afin de rendre visite à la Vierge.
Nous foulons une belle montée qui nous amène en haut du village, avant de traverser une belle forêt tropicale.
Les cimetières sont toujours magnifiques. the rainforest. Nous arrivons à Morne Orange, lieu investi à la fin du XVIIè siècle par des fortifications servant « à pallier les inconvénients des batteries basses, qui avaient en première ligne les bateaux français mouillant le long du rivage ». En 1759, la batterie du Morne d’Orange est construite au niveau le plus élevé. Mais un siècle plus tard, celle-ci sera abandonnée en raison de son altitude trop élevée, ordres et contre-ordres…
Nous sommes sur la bonne voie. C’est sur cette ancienne batterie qu’est érigée, en 1870, La Vierge des Marins ou Notre-Dame-Du-Bon-Port. Son socle serait réalisé avec les pierres issues du parapet défensif. Le culte marial, introduit avec la colonisation, est encouragé avec vigueur par l’église au XIXè siècle, alors que se développe un athéisme républicain.
Le souffle de la nuée ardente du 8 mai 1902 propulse la statue au bas de son socle. La Vierge sera replacée en 1920, lors de la reconstruction progressive de la ville. Au même moment, la Martinique est officiellement placée sous le patronage de Notre-Dame de Délivrance confortant le voeu de son premier évêque émis dès 1851.
La Vierge des marins. Isou a son patch contre le mal de mer, le moteur de MiniVaS est rangé dans son coffre, la voile de Popof est en place ainsi que son safran, le congélateur est plein, Yves a fait ronronner le dessalinisateur… nous sommes prêts pour une longue traversée vers les Saintes, en Guadeloupe. Nous avons 80 miles à parcourir, essentiellement en navigation de nuit, afin d’y arriver au petit matin.
Au revoir la Martinique.