Carnet de voyage

Népal - Laos - Cambodge

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La tourista, ça nettoie.
Septembre 2017
16 semaines
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"T'as pas peur d'être toute seule?" // "Et tu vas faire quoi là-bas?" // "T'as assez de sous?"

C'est bon les gars, z'êtes trop relous quoi ! Vous m'prenez pour une débutante?

Bon, la vérité j'me chie dessus. Je suis une maxi-débutante. J'ai perdu mon billet d'avion* et tous les muscles de mes épaules. Mon sac n'est pas encore prêt et je n'ai pas encore décidé si je prenais tous mes doudous ou juste mes doudous préférés... 😦

Et puis est-ce que je suis obligée de me couper beaucoup les cheveux d'un coup pour marquer un changement de vie et prendre une photo vue d'en haut des affaires qui seront dans mon sac, éclatées par terre, rangées bien symétriquement, pour être une vraie voyageuse ?

J'aime bien manger épicé, écouter des musiques où on danse en transe et porter des sarouels c'est déjà bien, non?

*Ce genre de nana qui croît que c'est écolo de vider régulièrement sa boite mail (et la corbeille) et qui oublie qu'il n'est pas impossible de recevoir des mails d'une importance capitale comme le billet de réservation d'un avion ... Bref pas grave, j’appelle la compagnie tout à l'heure inch'allah ça va l'faire frère.

Mais j'suis jamais partie si loin, si seule, si longtemps ! Je ne sais pas comment ça marche. Y a des techniques ? On fait comment pour pas se perdre? Pour pas s'ennuyer? Je sais pas si j'ai plus hâte d'être là-bas ou d'être déjà revenue vivante.

Alors me voila sur le départ. Seule, le porte-monnaie léger, vegan et sans billet retour : on va bien rire.

Il y a quand-même un semblant d'organisation là-dedans. Et ceci grâce ... à 10 mn d'attente sur les marches du perron qui mènent aux salles de biologie végétale de la Fac des sciences de Nantes. Cet instant où la dalle au ventre j'attends que Justine sorte de son cours pour aller manger. Et ce professeur qui vient à moi et me demande "Vous faites quoi l'année prochaine Mademoiselle Magniez?"

Je ne le savais pas, mais c'est à cet instant que mon voyage a commencé.

Me promener au Népal. Je veux me promener au Népal. Alors entre ces deux années de master, j'vais prendre un peu l'air. Et il me répond "Mais tiens, il y a un préparateur en laboratoire qui va au Népal tous les ans, je vais vous mettre en contact pour que vous échangiez des infos!" - Mouai si tu veux.

La rencontre avec Johannes, c'est un thé à la menthe à la cafet' de la Fac, avec le guide du routard du Népal et un stylo bic. Les au-revoirs avec Johannes, c'est six mois plus tard, au bateau lavoir sur le quai des 50 otages, des idées dans la tête, un petit défi à réaliser et des enveloppes à la main... Nous verrons bien où elles atterriront .... 😉

Encore 7 dodos et je m'envoie en l'air. Hinhinhin

Ps: Le temps de finir de rédiger cet article, "Jean-Pierre" du call-center d'AirIndia m'a dit que "T'inquiétez pas madimoizelle je s'occuppe de tout je t'envoué ton billet par le web!" OUF!


Johannes et sa femme Marie-Hélène - Bateau Lavoir Nantes 

Le spleen. Le doute. Pourquoi je fais ça en fait ?


Paraît que c'est normal. Que ça fait partie du jeu. Je m'y attendais mais être face à ses parents et voir la peur dans leurs yeux, (Ils me voient déjà au retour vivre dans une camionnette avec des poules à fumer d'la ganja je crois) et y ajouter la peine que j'ai eu à quitter mes amis nantais, je me demande si ça vaut le coup. Voui voui voui j'ai très fort pleuré en faisant des bisous à chacun alors que ... je serais de retour mi-décembre. Bon bah faut pas juger les faiblesses des autres, hein.

J'crois bien que le fait que "Jean-Pierre" m'ait renvoyé mon billet, ça a allumé la lumière dans mon cerveau du "C'EST PARTIIII" et cet aprèm en choisissant la crème solaire, les pansements, l'anti-moustiques, j'ai finis par craquer et prendre mes deux shampoings préférés parce-que "Ils sentent trop bons je pourrais pas m'en passer" mais Wallah je suis rentrée chez moi, j'ai regardé mon sac-à-dos et suis descendue en trombe : "PAPAAA?! MAMAAAN?! On a où des petits flacons pour mettre les produits?"


Donc sérieux, je suis en train de me demander si partir dans un pays de rêve avec une mission cool (héhé vous en saurez plus par la suite ... sauf si je fais une crise de nerfs, je me roule en boule sous la couette avec TOUS mes doudous et décide de mourir comme ça) c'est ce que je veux. Mais trop que oui en fait! Ouai, grave, je veux trop puer des pieds dans des chaussettes pas changées depuis des jours avec des cloques infectées et les cheveux gras a essayer de faire comprendre à un touk-touk que "amène-moi dans un restau vegan STP je veux trop pas manger de la vache sans faire exprès!" (Ce qui n'est pas possible, comprenez-bien...) Sérieusement. Bien-sûr. C'est à un ami qui part également cette année que je demande "Tu crois que c'est quelques chose qui peut nous aiguiller ou au contraire nous ouvrir tellement de portes que les choix seront encore plus durs au retour ?" et il a répondu ... "Je choisirais la deuxième option mais c'est ça qui va être marrant!" Ah oui bon d'accord. tant qu'on se marre tu me diras, ça vaut le coup!

Pour finir ce soir, je prends la décision de penser que je suis juste en stress.

Publié le 12 septembre 2017

Dans le cadre de rien, avec pour but : heu… bah rien non plus, en fait.

C’est hyper bête de s’infliger autant de stress. De s’empêcher de dormir à cause de problèmes de dernière minute dont je n’ose lister les évènements ici. Se tordre le bide à s’en donner une pré-tourista rien qu'à cause ... de soi-même. Le genre d'auto-coup-de-pression qui te fait arriver à l’aéroport à 16h30 pour un décollage à 22h00. Mais peut-être bien que c’est ça qui est bon !

Je retiendrais le meilleur conseil reçu : « N’oublie pas, quand ta tête te dit « Oh comment ça doit être trop bien de faire ça !!! » la plupart du temps faut pas l’écouter » C'est noté.

J’ai finis par partir avec mes deux doudous préférés. Cinq culottes, trois paires de chaussettes (je les porterais deux jours de suite), cinq débardeurs et trois sarouels de hippie. Oui, il y a les deux shampoings aussi. Et comme *accent parisien* j’suis trop pas matérialiste han nan! il restait mille place dans mon sac, alors j’ai aussi pris : une bouée dauphin, mes chaussons et des gâteaux bretons (big up mummy). (Ca va je peux dédicasser ma mère si j'en ai envie wesh)

J’hésite beaucoup à sortir Causette. Ici à New Delhi, en escale ambiance curry miam miam, lire un magazine féministe donc le gros titre est « FANTASMES »... Pas sûre que ce soit la meilleure des intégrations. En deux mots. (Rire) (relis si t'as pas compris le jeux de mots) (c'est bon?) Et j’me rappelle que papa a dit « take care » alors je vais attendre un peu. (Du coup dédicasse au papa tant qu'on y est)


Pour se marrer : j'ai cherché pendant les 11h de vol ou enfoncer la putain de prise jack pour regarder un film de merde sur un écran à la con et comment allonger mon siege sur l'abruti de passager qu'il y avait derrière pour me venger de la pétasse de devant qui m'a bien regardé dans les yeux avant de le faire. Une semi-bretonne chez AirIndia ca renverse son sachet de sel sur le micro bout de beurre doux et ca pince les lèvres sans rechigner quand l'hôtesse te sert pas parce qu'on voit les épaules. J'ai chaud, je sue, et allongée (j'avais trois places pour moi : happy karma) je me suis manger l'accoudoir dans la face lors d'une secousse. Mais c'était beau. On a passé un desert dont les collines étaient gravées de méandres secs telles les fines traces blanchâtres en dentelle sur les tissus graisseux qui servent à enrouler les pièces de boeuf pour en faire des paupiettes. Même pas peur du sacrilège culturel.

Le meuf se prend en tof alone 

Je promets que ceci est le dernier article sans exotisme. (Et le dernier qui parle de caca. Enfin j’suis moins sûre pour ça !)

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Publié le 15 septembre 2017

Sortir de l' aéroport, se faire accueillir avec une pancarte notée à son nom, recevoir un collier de fleurs, monter dans un taxi, traverser Katmandou ... klaxons, pollution, bouchons ... demi-tour pour rectifier l'échange de sac ... boubourse va! Recommencer la folie de cette circulation impressionnante.

Un nuit. Une journée. Et mon corps est fatigué. Katmandou, une ville épuisante. Fatiguante. Bruyante. Salissante. Stressante. Je décide de m'y perdre. Et ça marche plutôt bien! Marcher à gauche. Tenir son sac contre soi. Couvrir ses épaules. Cacher ses tatouages. Attacher ses cheveux. Sourire, mais pas trop. Les codes m'épuisent, je ne comprends pas, je suis pommée. Je me trompe de bus, deux fois. Je marche, beaucoup. Il fait nuit, je suis loin de l'auberge, j'ai chaud. Et malgré tout ça... je m'y sens si bien. Je suis enfin seule, je suis enfin loin, je n'ai plus le temps de penser et ça fait du bien.

Quand on ne prévoit rien, on ne peut pas être déçu. Alors je marche, dans une ruelle qui m'attire, vers quelqu'un de souriant, devant un marchand qui sent bon. Je demande mon chemin, comme si je savais où j'allais, rien que pour discuter. J'entre partout, parfois un peu trop. Premier moment fort : dans une cours, une vieille dame est accroupie et trie des tiges d'herbes aromatiques. On se sourit. Je dois enlever mes chaussures. QUEL BONHEUR. Bouddha stp m'en veux pas, je chlingue des petons. On ne se comprend pas, alors on se regarde. Je la dessine, pour ne pas importuner ce lieu sacré avec des photos. Elle vient s'asseoire à côté de moi, on se "dit" qu'on se trouve jolie. Flattée par mon dessin, elle me prend les mains. Je repars, bouleversée par l'intensité de cet échange silencieux.

Direction le dream garden. Je cherche à m'asseoire sur un banc en même temps que quelqu'un d'autre, alors on hésite, on se regarde, on s'évalue : j'éclate de rire. On discute. Une heure. Je lui donne un palet breton, il me fait visiter le quartier. Un café? Non mec, je vais chopper la tourista avec tes conneries. Va pour un verre d'eau.

Catapultée dans un autre monde. Je suis immobile au milieu d'une cours bondée, les gens marchent vers un bâtiment, ça sent l'essence et la citronnelle. J'attends qu'il se passe quelque chose. Un moine bouddhiste arrive à ma droite, je le regarde et lui souris. Il me prend la main et m'amène au 3e étage. Je ne suis pas à ma place. Il fait chaud, j'ai mal aux jambes à force d'être assise en tailleur, je ne comprends rien, j'ai peur de boire le thé qu'on me propose et les gens touchent mes cheveux. J'essaye de prier comme eux. Je lance du riz, je chante du yaourt et puis je me détends. Je ferme les yeux ... musique synchro de clochettes, crécelles, et tambour puis un grand BAAAANG - silence. Ca monte dans la poitrine, ça résonne dans la tête. Ca envoie trop de sang dans mon cœur et ça trempe un peu mes yeux. Je n'ai plus mal aux jambes. Mais la nuit commence à tomber et je dois rentrer. Une photo volée et je monte dans le bus. Une soupe de celeri pois chiches et 5 momos aux légumes plus tard, j'ai besoin de raconter. Mais les mots semblent dénaturer mes souvenirs.

Départ de Kumari Inn où j'ai passé des chouettes moments avec Perm, sa femme, Sonam et Purnima. Quatre népalais courageux, ambitieux, affectueux! Et avec Lucas, un type aussi pommé que moi, on a décider d'approuver la beauté des câbles electriques et des gaz d'échappement, de s'affirmer transpirant et poussiéreux mais heureux. Dirty but happy. C'est parti pour donner la deuxième enveloppe.

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Publié le 20 septembre 2017

Et non, je ne suis toujours pas tombée malade.

Pourtant j’essaye ! Je mange des légumes crus, je me lave presque pas les mains, j’ai bu l’eau de kathmandu et du lait de buffle.

Mais j’en ai bien chié. Parceque j’ai bien retrouvé le type du dream-garden au temple de Kopan, mais il était accompagné d’un fou furieux. Julian. Le mec il est espagnol français australien médecin et il fait le voyage à la place d’une de ses patientes qui ne peut pas se déplacer. Et puis il y avait cette américaine, croisée sur le chemin, qui allait rencontrer les parents biologiques de son pote d’origine népalaise, qui lui ne les avais jamais vu, ses propres parents. Et D’un coup je me retrouve avec cette troisième enveloppe, à distribuer dans un lieu qui décidément me fuit. Je marche des heures, je ne trouve rien ! Le GPS est à plat, il se fait tard. Je ne sais pas où je dors ce soir et je n’ai toujours pas mangé aujourd’hui. Toutes les auberges que je rencontre sont fermées. Alors sur quelques marches poussièreuses je m’accorde le droit, juste quelques minutes, de péter un plomb. Et ce type qui s’approche, avec sa sale gueule et son sourire ignoble. « Kiss me » Je vais gerber.

L'américaine à la recherche des parents de son pote  

Alors je vais près d‘une rivière, à 5km, repérée sur la carte, pour me détendre un peu. Il devait y avoir un petit temple en plus. Je me retrouve face à un filet de boue, avec pour cérémonial quatre petits murs formant un abri pour une statuette défrichée. Je ne dis pas qu’il faut de la luxure pour honorer ses convictions, mais quand-même, j’ai failli pleurer. Deux petites filles s’approchent, me demandent qui je suis, combien j’ai d’amis, et pourquoi je suis là. Du coup c’était bon, assez de patate pour repartir ! Dans le mauvais sens … avec la mauvaise destination entrée dans le GPS… Méga marre, je prends un taxi. Et de qui je reçois un message ?! Le type au palet breton. J’me frotte la gueule dans une auberge bien vide, je me vêti de ma plus belle tenue (jean t-shirt, j’te jure ça change des sarouels terreux et des débardeurs crasseux) … un p’tit tour de scooteur et une bourrasque de poussière plus tard on est en train de s’envoyer un mauvais vin rouge et de danser sur « shape of you » et « despacito » avec le docteur fou, le type au palet breton, ses sœurs et son frère. Suer. Chanter. Manger. Dormir…

Un maxi-sac dans un mini-bus, ça donne des crampes. Mais ça y est, je commence à voir des montagnes ! Ca sent moins pire. Ecrabouillée entre quelques tonnes de riz et un paquet d’enfants, je suis en tailleur sur le panneau de bord d’un bus (heu ouai sérieu) qui est bien trop plein et qui OOH PUTAIN heureusement est conduit par le meilleur chauffeur de bus de l’univers ! Il nous fait traverser des rivières en première vitesse et me regarde du coin de l’œil avec son sourire narquois « hinhinhin, les européens ils savent rien ! » Ouai bah sérieux c’est pas passé loin du ravin. Un tour de moto dans des conditions un peu plus pire que moins mieux et j’atterris … chez Kamal. Là, c’est le Népal.

Un enfant me tire le bras pour aller lui acheter du chocolat, le thé au black pepper débouche les conduits, qui eux, se purgeront dans un petit trou mignon et pour la douche on verra peut-être après-demain. Petite pause dans mon récit, le temps de sortir ce crapaud de ma chambre. Voila, j’préfère. Donc pour ce qui est de frotter un peu ses vêtements collants, c’est avec Johanna et Aude, deux frenchies avec qui je me retrouve dans le même plan volontariat (enfin … j’vous expliquerais ensuite ce pour quoi est-ce que l’on est volontaires) que la rivière nous accueille pour laver tout ça et au passage, un bon shampoing ça fait du bien ! De retour de cette balade, une soirée avec les enfants à jouer aux cartes sans règles (ou genre, celui qui tape le 1er sur la table prendra les cartes m’enfin y a eu de la triche je vous jure j’étais pas sensée perdre) et à faire une chaîne de mains en chantant népalais. A priori maintenant on m’appellera Nisma. Bon tout ça pour dire qu’on est plutôt dans du volontariat à regarder la traite des buffles, mater le lever de soleil sur l’Anapurna, éplucher des pumpinks et faire des randos jusqu’au-dessus des nuages avec un guide qui nous fait des noodles à 3000m d’altitude. Vingt ans, un jean et une chemise à manques longues, il n’a pas peur de (papa maman, passez direct à la phrase suivante svp merci) nous proposer de la ganja (ouiiii celle dont je parlais dans le 2e article !) les pieds au bord du vide. (Je vais me faire engueuleeeeeer...)

Comme à Kathmandu, je suis sale. Mais cette fois, pas par la poussière. Je suis sale de transpi par les efforts donnés à profiter au maximum d’une campagne florissante, verdoyante et accueillante. Prendre un thé chez la voisine. Se comprendre grâce à la petite de 8 ans qui traduit à merveille l’anglais en népalais.

Je me perds dans les propos car je ne sais pas par où commencer. Comment vous expliquez, petits lecteurs attentionnés, que ici y a rien de pareil. Les gens ne se touchent pas mais s’aiment. J’ai envie de tout photographier et de tout vous envoyer, sans trier. Mais d’abord vous allez râler et puis même, ce ne serait pas vous montrer les bonnes choses. Ici ça sent les fleurs, le lait de buffle, le poivre et la bouse. On entend les enfants qui jouent aux billes, les mamans qui parlent vite en épluchant les pumpinks, les papas qui halètent (j’ai pas dis qui allaitent concentre toi lecteur stp !!) en portant des paniers de cailloux. Ca culpabilise vachement. Alors tu t’sens un peu moins chiante parceque c’est ok pour pas se laver les cheveux tout de suite, mais sérieu, quand toi tu t’accroches à chaque bout de tôle ou branche d’arbre avec tes baskets aux pieds pour descendre la pente glissante qui amènent vers le trou à cacas et que tu te fais tracer par mamie en claquettes qui porte sa pitence de pierres depuis 3 km, tu te demandes ce que tu veux tirer de tout ça. Rentrer chez soi et prendre moins de douches ? Râler un peu moins ? Pas besoin de polluer l’atmosphère aérien du ciel à coup de fuel pour ça. J’ai pas encore décidé, à quoi ces expériences vont servir. Je vais méditer là-dessus. Méditer, oui. Et d’abord je pars dormir, car marcher 7h très fort, très tôt, très haut, ça défonce les muscles et ça donne matière à rêver. Hâte d’être demain matin pour savoir si les rêves furent mieux ou moins bien que cette journée et pour prendre mon thé canelle-poivre devant le lever de soleil sur l’Anapurna. Mieux que le réveil Gulli - Corn flakes. Soit pas jaloux lecteur, t’as les cheveux propres toi.

Aujourd’hui nous félicitons trois personnes. Aude a craché comme un népalais, Johanna a transpiré plus que de raisonnable et moi, j’ai pas pleuré en redescendant de la montagne alors qu’il y avait PLEINS de vers de terre. (Chacun ses phobies)

Désolée j’ai encore pas mal parlé défécations.

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Publié le 24 septembre 2017

T’as la lampe torche ? Non, mais j’ai une agrafeuse.

Une journée comme on n’en fait pas deux. J’ai retrouvé l’araignée du grenier. Celle toute morte et toute séchée mais si belle. Qui semble encore être capable de hanter quelques nuits, de piquer quelques arrière-trains. Janis a failli me la car-jacker avant que je n’ai le temps de la dessiner, mais j’ai réussis à négocier 24h contre un carré de chocolat. Il s’rend pas compte de la préciosité de ce met rapporté en catimini du placard parental dans mon sac à dos ! Utile en cas de crise. Janis… Ce petit « Babou » qui m’aura arraché un discret sourire cet après-midi. Je finissais un livre, comme on dévore le dernier biscuit d’un dernier paquet, assise sur un banc face aux montagnes infinies, et je le vois passer en courant avec son p’tit cul du haut de ses 5 ans, courir puis ralentir car la montée est dure, avec deux gâteaux secs à la main dans le but de les partager avec le frangin. Et tout désespéré de le chercher depuis au moins 3 minutes, hésitant à finalement les manger tout seul, il lâche un mignon petit prout et s’arrête, surpris de lui-même, touche ses fesses et se retourne, rigole puis repart. Ca tombait à point nommé, je commençais à verser une larmichette sur les pages de ce bouquin prenant, qui m’a enfermé bien trop d’heures dans ma bulle ces derniers jours. Cette page 284 qui met des mots sur un battement de cœur. Juste un seul. Mais n’osons pas croire que c’est dans les livres qu’on apprend la vie. Les enfants ici jouent dans la gadoue avec un bâton, dans la réalité avec les pieds, lâche ton livre et regarde où ça se passe, grognasse.

Et c’est sur ce même banc que je suis retournée ce soir avec Aude, allongées sur l’humidité à regarder la voie lactée et ses étoiles filantes, dans un décor de montagnes plus noires que la nuit même, monts brillants de petites lumières s’éteignant au grès du sommeil des habitants. Avec dans les écouteurs des musiques à t’arracher ce que peut-être étaient des sentiments.

Chercher une force. Une de celle qui me rassurera lorsque je grimperais l‘Anapurna, dans quelques heures. Ca va galérer sec. J’hésite à le dire. Bon, je le peux, puisque je ne publierais pas cet article. L’ascension de l’Anapurna m’effraie. Mais je le ferais, car les courbatures, ça s’étire puis ça s’en va, ça construit le muscle et ça durcit l’esprit. Ca rend costaud. Bref, vous avez compris l’idée, lecteurs. On y revient : sueur mais bonheur. Enfin ca c'est ce qu'ils disent sur les forum. Je vais juste douiller, être contente d'avoir reussi, faire demi-tour et on n'en parlera plus.

C'est pile là 

Drôlerie cet après-midi à la rivière, juste une heure. Il aura fallu un shampoing et une paire de ciseaux pour virer quelques centimètres de la chevelure de ma co-volontaire, de quoi créer un poster. A poil ou presque dans la rivière, même pas peur de couler, il y avait pied. Non, je ne mettrais pas de photo de nous à oil-P dans la rivière, viscieux !

Et puis, on a pétri le pain. Fariner, rouler, malaxer, étaler, cuir puis dévorer. Au feu crépitant entre les mains de Mamé, qui rigole quand on la prend en photo, qui ne veut pas non non non mais tiens sister, fais-moi voir ce que ça donne. Tu mets du lait de buffle dans ton riz et tu l’as ton pudding. Je ne veux pas peindre de décor exotique tournant autour de « La pauvreté n’empêche pas la gaieté » car c’est une pensée narcissique que je ne veux pas mémoriser. Ton short est troué et ton pull est tâché mais c’est juste à force de glisser dans l’herbe, de te cacher sous le lit ou dans le bidon d’eau vide. N’entrons pas dans ces considérations. C’est chiant d’analyser comment ils font. Comment ils sont. Lancer ses slips sales par-dessus la paroi qui sépare les chambres pour que ça atterrisse dans mon lit et m’apprendre des gros mots en népalais contre mon grès, ça c’est funky.

Hashtag photo de meuf wild and natural 

Bon, ce matin il me semble que j’ai vécu un échec personnel. Nous étions partis pour 3 jours de méditation intense, apprentissage par un mec maxi connu paraît-il. Alors levés suffisamment tôt pour check-list un beau lever de soleil, nous voilà marchant vers le village de Dhankharka. Une trentaine de personnes participent, et quelques curieux zieutent par la fenêtre ce qu’il peut bien se passer dans cette pièce sombre. Le gourou nous explique comment respirer, frapper dans les mains. On se présente et en deux mots on dit ce qu’on cherche dans notre vie. (Une bonne douche et une bière fraiche stp) On se rassoit, on écoute une musique puis on se lève et on danse. J’ai détesté. Tout. Du début, à la fin. Bad mood, bad feeling. L’ambiance, la lumière, les musiques, le son de sa voix, la température de la pièce. Je me suis si vite sentie mal à l’aise que les 3 jours ont été écourtés en deux (longues) heures étouffantes. Puis je suis partie. Parce que par un bout de fenêtre entre-ouverte j’apercevais le soleil et la montagne, et j’étais là, assise à attendre que peut-être un déclic me fasse vibrer, kiffer, pour continuer cet apprentissage. C’est bien dommage, paraît que c’était une véritable chance, cet instant. Mais je n’en ai rien pris. Et je n’avais pas envie de faire semblant. Alors je suis rentrée, après deux spicy samoussas savourés dans le quartier. Dans les chemins, les rivières, entourée de bananiers et d’oiseaux qui eux vraiment, m’apaisaient, enfin je pouvais RESPIRER. Remplir mes poumons d’un air que personne ne m’avait soufflé, et marcher comme je voulais. Je suis contente d’y être allée. Au moins je sais que je n’aime pas ça. Que m’enfermer entre 4 murs et un toit au milieu de cette nature, ça peut pas me détendre. Bien que je me sente un peu désolée pour cet échec, j’ose penser qu’on n’est pas obligés d‘adhérer… hein ? Dites-moi que ce n’est pas grave.

Du coup ça change les plans. J'ai quitté cette mignonne petite ferme très accueillante plus tôt que prévu pour retourner à Kathmandu, non pas que sa pollution et le bruit me manquaient. En plus c'est le festival en ce moment. Au lieu d'être le bordel, c'est le maxi bordel. Enjoy!

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Publié le 27 septembre 2017

Ca y est je suis malade. Vous qui l'attendiez tant : cette belle gastro, cette tourista légendaire, cette diarrhée infâme... Bah raté. J'ai une angine à cause de la clim dans le bus. D'où j'me suis permise de prendre un touristique à 7€ pour 12h de transport? D'ou je préférais pas le mini bus local à 3€ pour un bon 15h debout à lécher les aisselles du voisin ? Ca m'apprendra à avoir des goûts de luxe tiens.

Ca me coûte 2 rouleaux de PQ par jour cette histoire de crottes de nez. Et c'est pas le prix qui est relou. C'est que ici, petit pipi ou maxi popo, t'as que ta main et de l'eau. Bon on s'y fait. Mais niveau épong-morve c'est une autre histoire. C'est plus facile d'acheter une poule morte (ou pas) par la fenetre du bus en plein milieu du trafic que de trouver un bon vieux rouleau de PQ. Alors j'avoue aujourd'hui on a mangé dans un restau de luxe (4€ la pizza avec vue sur le lac de pokhara, ca ne se refuse pas) rien que pour piquer le papier toilette dans les WC. La honte.

Bref, le départ vers l'annapurna a été repoussé a demain matin. Causes :

- permis trekk super long à obtenir (3h, 4 photos d'identités, et on parle pas du défi pour trouver un photographe)

- peu de bus pour rejoindre le point de départ car les chauffeurs sont rentrés chez eux pour fêter le festival

- aucun porteur de sac disponible pour la même raison (aïe aïe aïe)

Donc... On se lève dans 4h pour 1h30 de marche, 6h de bus (inch'allah) sans être sûrs de partir et encore moins d'arriver. Peaaaace...!

Selfi prof de méditation en pleine action 

En effet, mon nouvel acolyte, le type au palet breton (et là on verra qui a lut les précédentes pages ... Et ouais faut suivre !) me donne des vrais cours de méditation. Beaucoup plus instructif qu'avec l'autre *** de gourou. Et aujourd'hui à 6h30, frais comme le rosé du matin, en tailleur devant le lac, on a fait des exercices de respiration. Ca marche ! J'ai failli me détendre. Mais je pouvais pas m'empêcher d'entre-ouvrir les paupières car en plus des montagnes jouxtaposant (matte le vocabulaire) le lac brumeux et les aigles tournoyant, y a un type qui s'est dit "tiens si j'allais plonger mon corps d'apollon bronzé musclé tatoué taillé dans le granit (bref, la mort visuelle assurée) à l'endroit pile exact même où y a deux péchnos qui respirent si fort que leur morve se recycle à l'infini?!" LAISSE TOMBER. Il m'a saoulé. Sex-appeal de malade mental. Bref j'arrête mes parents sont mes premiers lecteurs.

C'est pas lui hein sur la photo, c'est moi ca 

Bon. Après un type est passé devant nous en tirant sur la laisse de sa chevre. Elle n'était pas docile. Au retour elle l'était un peu plus, au bout de la corde ne restait que la tête. Vous me direz elle faisait moins de bruit. Plus discrète que celle qui était dans le bus. Nan mais oui... Des sacs d'une demi-tonne de riz je comprends, les enfants bon pas le choix on accepte, à la limite une chèvre sur un scooter c'est du déjà vu... Mais une chevre dans le bus... Faut pas déconner les gars non mais serieu. Elle avait peut-être même pas envie d'être là ! Et les gens ca les choque pas. Genre un type demain il met son lama dans le métro personne dit rien ?! Bon.

Oh bichette... T'facon à l'heure qu'il est t'es deja morte j'en suis sure. 

Un type qui se brosse les dents avec une flaque de bord du trottoire du périphérique non plus, y a pas un pote à lui qui va venir lui dire "hé frère stp fais pas ca, tu bois l'eau des buffles la..." oui parce que bon, à 4h du mat' les gens ils versent de l'eau par terre pour les buffles... C'est pas que j'ai galéré à prendre des douches dernierement hein m'enfin...

Passons le chauffeur de bus qui se rase entre deux arrêts et venons-en aux faits : le thé c'est bon, les momo c'est bon, les samoussas aussi, je ne me plaint pas des lassis au chocolat ni du tofu fumé aux champignons... Ah ouais j'aime que la bouffe en fait.

GRANDE NOUVELLE. Le type au palet breton. Il s'apelle Birendra. Je propose de mémoriser, on va quand-même devoir passer du temps ensemble la. Ca serait plus sympa.

Minute histoire géographie :

L'annapurna fait partie de l'himalaya. Hima ca veut dire montagne en népalais. Anna ca veut dire nourriture, et purna, plénitude. Genre tu vas la-haut et t'as pas le choix tu bouffes ton bonheur avec tes gants en laine. L'Annapurna est une chaine de 6 montagnes allant de 6441m à 8091m, autour desquelles plusieurs trekk se dessinent. Nous on va faire le trekk qui s'appelle Annapurna Base Camp (ABC) qui dure 8 jours, 103 km pour aller à 4130m. Juste histoire d'actualiser notre profil facebook avec une photo un peu cool, on va pas se mentir.

Et sur cette bise sucrée par l'eau de coco, nous vous embrassons et partons pour se faire mal, se cailler le cul, se geler les doigts et perdre nos orteilles la haut : dans l'himalaya.

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Publié le 7 octobre 2017

No pain, no gain.

L'Annapurna Base Camp, c'est fait. Comment c'est trop bon d'écrire ça! C'était moyen drôle, mais j'ai appris quelque chose. J'ai appris que ça prend deux "nn" à la première syllabe. Je suis sûre maintenant que toi, lecteur, t'as envie de savoir combien on en a chié grave.

Tous les matins tu te demande pourquoi tu as fais le choix de te faire mal, d'avoir froid et tout ca pour voir un gros cailloux avec de la neige dessus. On se lève à 5h30 et après un thé brûlant, on part, marcher pour profiter encore un peu de la fraîcheur de la nuit et éviter les chinois. (Hanlala ça se dit ouverte d'esprit mais en fait c'est raciste!!)

A cause de la veille, mes jambes criaient. Le premier kilomètre c'était le pire. Des marches, des marches encore des marches! Le temps d'activer les muscles et de faire disparaître les courbatures, de réorganiser ses poumons et d'enlever les couches de fringues une à une car finallement, il fait trop chaud ! Le paysage est trop dingue, sur le trajet, tout change très vite. La météo, comme la vue. Après la jungle avec ses serpents (je croyais faire pipi sur une branche d'arbre puis elle s'est mise à bouger!!), ses oiseaux et ses singes (entendus mais pas vus, dommage!) pour atterir dans une vallée rocheuse et ses cascades à l'infini.

Sponsor ushaia 

Et puis toutes les 4h environ, on passe par un village, on parle aux gens, et rigole avec les enfants, on négocie une douche et parfois un lit. Je dis parfois car je ne compte plus le nombre de fois où tout était complet et qu'il a fallu continuer jusqu'à l'étape suivante, alors que la faim commençait à se faire sentir et que la nuit tombait. A ce moment le cerveau passe en mode survie : Ok, y a une rivière dans 3km et j'ai des pastilles pour rendre l'eau potable, il nous reste une pomme et la moitié de la barre de nougat, j'ai mon duvet et encore un peu de batterie dans la lampe torche. Par contre faut se dépêcher de marcher et je me souviens d'une heure où je courrais presque avec mon énorme sac sur le dos et mon grand bâton de bamboo qui sert à garder l'équilibre et à chasser les buffles (y en a un il a pas aimé le selfi il m'a tout doucement coincée contre un mur j'avais plus qu'a attendre qu'il arrête de faire la gueule, j'ai eu grave peur!) et en plein milieu de la jungle chaude et humide avec les hurlements des oiseaux et des singes à ne plus pouvoir s'entendre, je sautais par dessus les rivières et longeais les parois des murs pour éviter les cascades, 3 secondes je me suis sentie comme Jane dans Tarzan et puis bon, après j'avais mal aux jambes.

Et surtout y avait Birendra derrière. Car l'Annapurna Base Camp, on l'a fait à deux. Et je l'ai autant regretté qu'apprécié... Apprécié car savoir parler népalais pour trouver où dormir c'est pas mal, surtout qu'en se faisant passer pour mon guide il ne payait rien donc on partageait mes frais c'était rentable. (entre 1 et 5€ le chambre) Mais sa compagnie je l'ai aussi regretté car le type il part dans une montagne une semaine sans duvet, sans savon, sans k-way, sans dentifrice mais par contre il a son pot de crème hydratante de 750mL ... Que j'ai porté tout le long puisque dans son sac à dos d'homme d'affaire y avait pas de place. Et puis on s'est disputé, peut-être bien 10x. Il est susceptible et moralisateur tandis que je suis bornée et sans pitié, vous voyez le genre! Il m'est même arrivé de me lever à 4h pour fuire et filer continuer le trekk sans lui, en marchant à une vitesse folle sous l'énervement sans même m'arrêter boire ni pisser, rageant toute seule contre son comportement, mais pas de bol avec mon dauphin sur le sac je ne passe pas inaperçu donc en demandant aux gens il m'a retrouvé. On en parle du dauphin ? Ca permet de se faire des potes en tout cas. Y a des selfis dauphin qui trainent partout en Chine et en Corée à l'heure actuelle je pense. Bref, après lui avoir craché mes 4 vérités à la face on a décidé d'essayer de se supporter pour les derniers jours. Bon. Tout ça pour dire que plus jamais je ne fais un trekk avec un presque inconnu!

Certaines mésaventures ont conduit à de drôles de situations ... Toutes les chambres des lodges occupées, je me suis retrouvée à dormir dans la salle à manger avec les guides et porteurs, essuyant des rires car être la seule fille entre 40 gars, j'ai eu le privilège d'avoir une couette servant de matelas alors qu'ils dormaient au sol, sur les bancs, sur les tables ou ... ne dormaient pas.

En s'extirpant douloureusement du duvet pour se faire piquer la peau par le froid, c'était chaque matin comme si les rêves de la nuit n'étaint pas finis... le soleil tout doucement chasse les nuages donnant à nos yeux l'accès à la montagne. A partir du deuxième jour, on voyait déjà au loin le cirque de montagnes qui nous attendait. Elles sont si immenses qu'on a l'impression qu'elles sont à 10m de nous. De la montagne rocheuse, de la montagne végétalisée, de la montagne enneigée, de la montagne embrumée, de la montagne.

Et le 5ème matin, celui où ça y est le but est atteint, c'est le meilleur. On est arrivés la veille vers midi et on a passé la journée à attendre dans le lodge, recoudre des trous dans les fringues, boire du vin, jouer aux cartes... car la nature avait décidé que non, aujourd'hui vous allez tous vous faire bien voir, j'impose mes nuages. Dommage pour ceux qui devaient repartir, nous on a décidé d'y passer la nuit. Sans regret!

5h30 hop hop hop tout le monde se lève et comme une fourmillière on bouge vers le plus haut point, pour voir le soleil se lever derrière l'Annapurna et dorer la neige. Tout ça sur 360° avec en contrebas des précipices rocheux. Ouffissime!

Cette semaine était folle, j'ai rencontré des gens fantastiques, des porteurs courageux, des voyageurs pommés et c'est avec ces derniers que je me suis le plus amusé. Parceque la fatigue rend super con! On a fait une partie de la descente sur 2 jours avec 4 australiens, qui imitient les bruits d'animaux pour attirer le yéti. Ils étaient sobres. On s'amusait à mettre des gros cailloux dans les paniers des porteurs quand ils ne nous voyaient pas. Et puis la bonne idée de couper à travers une rizière pour raccourcir. Les gars, dans une champs de riz il y a de l'eau et même des poissons, et sauter de rocher en rocher, à part me faire perdre mon téléphone dans le champs ca n'avait pas trop d'interet ! (Ouai j'avoue, on a passé une heure à le rechercher sous un soleil de plomb et il m'attendait tranquillou en équilibre sur un rocher...) En plus on s'est fait engueuler par le fermier. De retour à Pokhara, après un tour au pressing et un autre à la douche, on s'est tous retrouvés dans un énorme bar et c'est fatigués et alcoolisés qu'on a fêté la victoire... La finalité c'est que ça donne juste envie de recommencer.


Ps : c'est pas vrai hein, on n'a jamais mis de cailloux dans les paniers des porteurs 😋

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Chasser le naturel et il revient au galop !

Le caca, on n’aime pas ça. Mais moi si tiens ! Et j’ai été servie. Je vais vous parler de « poop » (ça veut dire « caca »). Comment ne pas être jaloux ? J’ai vu des poop de rhinocéros, des poop d’éléphant, des poop de bambi, des poop de croco, des poop de piaf et … un bon gros poop d’ours. Pour rester dans le thème, ici nos poop tombent dans la sciure. En effet depuis deux jours, je suis à Chitwan.

Devine quel caca est à qui ? 
Devine quelle trace est à qui ? 

Après avoir quitté la magnifique ville de Pokhara, son lac paisible et ses bars de hippie où il fait bon boire jusqu’à plus soif. L’auberge de jeunesse où je dormais fourmilliait de chouettes personnes, tant les propriétaires adorables qui nous font découvrir des bars et font sécher toute leur weed sur la table à manger, que les touristes français et belges que j’ai suivi pendant … bah je les suis encore en fait.

Et donc Pokhara, c’est la ville où tu te lèves tôt, tu vas dans une petite cabane face au lac pour commander des lassis à la banane et des pancakes au miel avant la promenade qui longe ce paysage fabuleux. Parfait pour détendre les jambes after-trekk !

Ce rythme effréné a duré 5 jours, avec Emeu, Julien, Julie, Hugues et Manon. Et puis Lisa et Even à la fin. Que des voyageurs du hasard, on était plein de «tout seul» ensemble. Jouer aux cartes les pieds dans l’eau, les yeux dans les montagnes, faire du canoé sur l’eau bleu pastel reflété par la lumière des montagnes, le tout couronné de nuages rosés offerts par un soleil couchant, attraper ce même soleil juste au sommet d’une « colline » à 5h pour le voir dire bonjour à l’Annapurna, redescendre par un chemin escarpé par ses rivières et les fermiers… Pokhara : une douceur.

Mais comme on n’aime pas s’ennuyer, on s’est claqué 6h de bus sur les routes qui font bondir le cul du siège à s’en claquer la face contre le plafond avec une chaleur à tant suer du cul qu’on peut se pisser dessus incognito (et de toutes façons vu le nombre de pauses c’est recommandé), tout ça pour arriver donc à … Chitwan. Où il fait 37 degrés. Oui, Celsius, les degrés.

Quelle surprise… en réservant tant à taton qu’à l’arrache (c’est rigolo à dire « tant à taton » !) Julien, Emeu et wam nous retrouvons dans une écolodge où, on y revient, on chie dans la sciure et on dort dans un bus. Comme dans Into The Wild, le kiff ! Des cabanes en bamboo partout cachées dans une verdure où chantent les piafs qui servent de réveil. Petit paradis.

On s’est posé beaucoup de questions en arrivant dans cette ville. Car après avoir jeté nos affaires dans notre chambre, on court boire une bière dans un bistrot du coin et qu’est-ce qu’on voit passer sur la route…Un éléphant. Puis deux. Trois. Trop. Bon là, ceux qui me connaissent se disent « ca y est, elle est repartie avec ses convictions vénères et ses arguments fermés » Non. Je me permets juste une ligne pour dire que j’ai vu des choses qui m’ont mise hors de moi, le dressage ici s’appelle le « retrait d’âme » je vous passe les détails... On a trouvé des gens pour en parler, des locaux, des dresseurs, des guides, des touristes, et la conclusion est que vraiment, s’il-vous-plaît, si vous avez la chance de venir dans un tel pays, vous devez éviter ce commerce touristique. Voilà je m’arrête là, sachant que j’ai choppé à ce sujets quelques informations politiques, historiques et éthiques, lecteur, si tu veux me poser des questions ou en discuter, je suis disponible, en privé.

Avec mes deux belges préférés on a donc décidé de découvrir la faune sauvage avec un moyen de transport non polluant, non bruyant, non dérangeant : nos pieds. (Enfin non polluants ça se discute vu l’odeur) Avec des guides bien-sûr cette fois-ci, nous sommes partis nous promener dans la jungle. On y est entrés en canoé, en longeant une rivière à crocos et WALLAH y a des nanas elles lavent leur linge les pieds dans l’eau avec les enfants qui jouent à côté… quand tu sais que la semaine dernière un chiot s’est fait attraper alors qu’il buvait l’eau, je ne serais pas rassurée perso.

Puis c’est à pied qu’on a continué et sous 37° (Oui, toujours Celsius les gars !) à marcher entre forêt humide et plaine sèche, parcourant la jungle exotique et ses oiseaux tellement magnifiques … Avec des couleurs à rendre jaloux les arc-en-ciel et des chants qui restent dans la tête. On a bu 3L d’eau et on n’a pas pissé. On s’est autorisé une pause déjeuner par terre dans la foret et... Moment beaucoup trop mignon, on entend des oiseaux surement en train de se chamailler puisque ça faisait frétiller les buissons… alors on se concentre pour les apercevoir et qu’est-ce qu’on voit sortir… UN OURS ! Un gros Teddy Bear tout noir qui a humé nos sandwichs et s’approche à 5m de nous…

Reflex 1 : se taire.

Reflex 2 : sortir la Gopro.

Reflex 3 : sortir un caillou.

Photo prise par le guide 

Et comme il ne nous avait pas vu ce gros balou qui marchait la tête penchée, quand il a reçu le caillou il nous a regardé et nous a dit « Heu les gars, t’as cru que ton cailloux me faisait peur ? Aller je vous laisse, j’ai piscine » Et après avoir recommencé à respirer on a fini notre déjeuner, choqués.

Photos prises par notre super-héro guide 

Après ceci on continue, on voit des rhinocéros, des paons, des éléphants, des poulets sauvages, et toujours autant d’oiseaux. A un moment en marchant tout doucement pour pas se faire bouffer (futé !) on entend un animal bouger près de nous … puis un « RHOOUAAW » et même les deux guides se sont chié dessus alors j’te raconte pas l’état de ma culotte… l’un des deux décide de s’approcher car de toutes façons on ne pouvait pas faire demi-tour, aucun arbre à grimper non-plus, donc armé d’un bamboo et d’une bonne dose de courage il y va …et un gros truc bouge mais impossible de l’apercevoir… les traces laissées nous disent que nous étions à quelques mètres … d’un tigre. OKAAAI ! Ils en voient 2 à 3 par an donc émus mais frustrés on continue notre périple épuisant. Je vais me répéter mais tant pis : les paysages sont fous par leurs couleurs & leurs reliefs, les sons et les odeurs font de l’ambiance un truc un peu bucolique et puis les gens … (à part les dresseurs d’éléphant) sont crémeux, moelleux et généreux. Comme un bon yaourt glacé frappé à la banane. Ca me donne envie de boire un lassi tiens. Aujourd’hui c’est off, chillance, glandouille t’appelle ça comme tu veux, il me faut trouver la prochaine destination, changer de pays, je cherche la mer pour tout vous dire. Demain matin on va reprendre le bus de la mort pour kathmandu retrouver les autres français de Pokhara.

Dans les pas d'un éléphant  

Des tout seuls ensemble, je vous dis. Pas le temps pour l’ennuie !

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Publié le 17 octobre 2017

À s'en pincer les croûtes


Parce que le bus on s’en lasse, parce ce qu’on a des goûts de luxe et parce que c’est vachement plus marrant, aujourd’hui on loue des scooters.

Des scooters de montagne, aussi solides que les bus TATA qui traversent les rivières et grimpent les collines. Hier soir je m’endors donc avec l’idée que demain je vais conduire pour la 1ere fois un scooter, et ceci dans Katmandou. Oui, cette ville folle, à la circulation bancale et au trafic cataclismique. Une fois sortis des ruelles bondées non sans écraser d’éventuels pieds ou pocker des rétroviseurs, on se retrouve sur le « périphérique » … et là, la guerre commence vraiment.

On est 3 scooters, on tente de ne pas se perdre dans le brouhaha des bus violents et taxis impatients, dans le vacarme des klaxons et dans les sorties de pots d’échappement qui n’ont pas subi de contrôle technique depuis les années 40. On tape des pointes à 50km/h, Ohlala quelle frayeur, on se retrouve devant l’unique feu rouge du Népal environ, on trace vers les montagnes et on se détend quand le paysage prend des couleurs.

Les cheveux au vent, les yeux plissés et les doigts crispés, on parcourt des kilomètres de chemins entourés de rizières surplombées de montagnes dont les contrastes s’atténuent avec la distance. Et puis après 2h de route, on arrive dans un village mais le chemin étant impraticable, on pose nos tapes-cul devant une petite ferme et on trouve un monsieur bien mignon pour garder nos casques, jusque quelques heures. On rencontre une famille qui est en train d’extraire les grains de riz des épis avec une machine roulante qui frappe le sommet de chaque branche pour faire tomber de quoi remplir les petits ventres des enfants qui nous courent après pour avoir du chocolat. Si on en avait on le donnerait pas de toutes façons ! T’as cru quoi ?

On se prête au « jeu » de la récolte puis on continue de marcher. A croire qu’une âme de travailleur nous a envahie, on finit par récolter ces petites feuilles à 5 folioles qui se terminent en pointe et sentent fort dans le sac à dos … Du bon gros cannabis sa mère ! Ca pousse tranquille le long du chemin mais ce n’est rien en comparaison à ce qui nous attend ensuite. Alors on marche jusqu’au temple de Namobounath et on s’émerveille de l’architecture, ses dorures, les moines qui s’y promènent. Et de la vue imprenable sur les Annapurnas, encore.

Après avoir englouti comme des voraces un bon gros Dhal Bat (plat national : DhalBat power : 24 hours !) on se retrouve entourés d’écoliers, une vingtaine d’ados qui nous prennent en photo, nous questionnent sur ce qu’ils pourraient améliorer pour qu’on se sente mieux ici. Drôle d’échange.

On redescend vers le village et on s’arrête devant la diversité de couleurs des rizières, allant du vert fluo au marron orangé, avec au-dessus le ciel bleu. On entend quelques oiseaux mais surtout le gros débit de conneries qu’est capable de fournir un groupe de 5 francophones plus perchés les uns que les autres.

On retrouve nos scooters et il se met à pleuvoir, alors notre "garde-casque" nous propose de rester un peu. Mais la nuit va tomber et on ne connait pas la route, puis la pluie n’a pas l’air de vouloir s’arrêter ! Alors on repart et on prend autant de plaisir qu’à l’aller. La fraicheur sur le visage vient rafraichir les idées, les paysages te font oublier de freiner. Profitons car la ville approche...

Katmandou nous revoila. Il commence à faire très nuit, les voitures y sont toujours aussi folles et les gens préssés, ça va vite, ça pue, ça fait peur et puis on se perd, avec un seul GPS pour 3 sur un téléphone qui va tomber en rade dans quelques minutes. Je me retrouve donc seule avec mon petit scooter, devancée un peu par Julie et Emeu mais de loin par Julien et Manon. Ma bécane fait teuf-teuf et va caler, mais derrière moi des phares de camion, des voitures qui me frôlent vite, les motards qui me taillent un short et des klaxons qui abrutissent tout sens potentiel de réflexion qui pourrait me rester : Plus d’essence, en plein périphérique. Alors tant pis les autres rentrent à l’hôtel avec le GPS, du moins je suppose. Je crie A L'AIDE vers Julie qui m’entend encore, et en cata on se gare puis on cherche une station essence équipées d’une bouteille vide.

Tout est à sec nous assure le monsieur, faut continuer jusqu’à la prochaine ! On n’y croit pas, on insiste. Il nous répond que ce soir, les citernes sont vides. Puis on comprend que c’est mort, que si on continue de chercher à pied une autre station on ne retrouvera plus nos scooters dans le bordel de cette ville fatiguante et grouillante de pièges pour nos sens de l’orientation pas si aiguisés, que la nuit est bien là et vraiment là c’est sûr, un mètre de plus et on se perdra. Peut-être bien que ce type là avec sa voiture peut nous y emmener… ! Mais on ne se comprend pas, ou alors il ne veut pas, ou alors on n’articule pas j’en sais rien mais c’est un échec. On regarde le monsieur de la station essence avec nos petits yeux de chatons tristes et notre moue déconfite de nanas perdues et crevées : on insiste encore. Aller, j’suis sûre que t’as encore un petit litre là-dedans… ! D’un geste il m’invite à le suivre. Au bout d’un couloir sombre il m’emmène vers ses motos, en choisit une, et avec son tuyau il aspire. Un litre d’essence, siphonné, pour aider 3 demoiselles en galère. L’air con que ça nous donne, nous qui le suspections de ne simplement pas vouloir nous sauver… Alors on repart, avec notre bouteille et notre sourire, affronter les rues grouillantes et assourdissantes, à la recherche de nos scooters abandonnés. On le retrouve et c'est mortes de rire qu'on remplit la machine à tape-cul pour retrouver nos chers amis qui presque inquiets mais pas trop, nous attendent près de l’hotel. Ce genre d’aventure...

Un mois que je suis partie et j'ai la sensation d'être un électron libre, flottant dans un vide comme si rien ne pouvait me heurter, et rencontrant parfois d'autres électrons, on se colle on se suit puis les ondes nous séparent. Manon et Hugues sont partis, Julien et Emeu sont sur le départ, Alice a pris ses distances mais ... Je retrouverais cette chouette québécoise dans ma prochaine destination (dure lutte que ce choix, j'te raconte pas!). Quel hasard heureux de l'avoir rencontré dans cet auberge qui n’a toujours pas voulu me donner de douche chaude en 4 jours. Je pue des pieds et comme indice je peux vous dire que ce n’est toujours pas dans la mer qu’ils seront lavés.


Merci à l'équipe francophonoise pour le partage de tout. Des moments soudains, inattendus, inespérés, je ne sais pas comment je m'en serais passé. Des bisous, je vous aime.

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Publié le 26 octobre 2017

Ah oui quand-même. Ce matin je rédige cet article devant le lac de Pokhara avec une vache dans mon champs de vision, je mange du muesli et mon thé gingembre/citron arrive. Et c’est la première fois depuis 6 semaines et demi que je suis seule !

C’est même pas triste de dire au revoir aux gens rencontrés car on ne fait que se recroiser. Again and again ! Concentre-toi lecteur, dans cette histoire il y autant de personnages à retenir que dans la série Sense 8. De retour à Pokhara pour le plus grand bonheur de mes yeux et de mes poumons, je partage la chambre avec Alice ! La québécoise que je retrouve dans ma prochaine destination. Johanna avec qui j’étais à la ferme vient juste de partir. Raphaël le marseillais rencontré à Kathmandu grâce à Manon fait partie de la bande et Isa, l’allemande de l’auberge dans laquelle j’ai retrouvé Julie est là aussi. Bon. Comme si ce n’était pas assez, Lisa & Even , rencontrés avant leur départ en trekk, viennent d’arriver aussi. Il y a eu Thomas et Laura, brièvement. Yann, ce pote de fac qui oublie son téléphone dans le taxi, venu ici pour trekker est lui aussi tombé amoureux de Pokhara. On part faire son permis de trekk et qui est-ce qu’on retrouve à l’agence ? Mathéo, l’italien parano avec qui on est allé à Monkey Temple à Kathmandu, 3 jours plus tôt. Ca fait une grande table à sortir pour l’apéro !

Pas seule et pas reposée, super fatigantes ces vacances. Avec Julie on s’est bien marré à faire du scooter-cross dans les montagnes. (le dites pas au type de la location svp, déjà qu’il n’est pas très aimable…) Un matin on se lève maxi tôt pour aller à Gorkha, où vivent d’anciens soldats servant l’armée pendant la 2nd guerre mondiale pour aller échanger quelques mots avec eux. Puis en activant le GPS on se rend compte qu’en fait c’est trop loin. Alors on vise un gros tas d’arbres dans la montagne, ça à l’air fleurit on va y être bien. Tu parles, on s’est retrouvée dans une forêt pas aménagée à se viander les croûtes contre les arbres, à débouler sur des rochers et à perdre l’équilibre dans les ornières. Le tout devant un paysage à couper le souffle. Montagnes, collines, rivières : classique.

Mais on a aussi fait une douce activité avec des gens civilisés : Le petit couple qui tient le restau où on allait tous les jours nous a autorisé à participer à la confection de momos. Un moment délicatement salé pendant lequel ils nous ont demandé de rapporter cette recette en France. C’est clair frère !

Ces derniers jours, c’était Diwali ici, comme en Inde d’ailleurs. On y célèbre les chiens, les corbeaux, les vaches, l’amour frère/sœur puis la nouvelle année, sur 5 jours. Une belle occasion de sortir à la tombée de la nuit pour voir les maisons enluminées et les pas de portes colorés par des fresques en poudres. Un festival plutôt hétéroclite pendant lequel les décorations font penser à Noël, les fanfares nous rappellent le carnaval et les enfants qui chantent devant chaque maison pour quelques sous ont tout l’air de fêter Halloween.

Avec Julie on retrouve les hôteliers chez qui j’ai dormi le mois dernier, des musiciens qui nous invitent à voir leur concert dans la rue. Et on se retrouve sur scène à hurler «Je rêvaaaaaaais d’un autre moooooonde ! Où la Teeeeeerre serait roooonde ! » en chantant faux et en mélangeant les paroles. On s’en fou ils ne comprennent rien ! Et puis sur le retour les pavés sont bissextiles, à cause de leur vodka à 70°. Je vous présente nos colons super désinfectés !

Alors on danse avec les enfants, et ça réchauffe le cœur. Car tous les enfants n’ont pas cette innocence. J’ai hésité à vous en parler, lecteurs attentionnés. Mais après tout, le Népal c’est aussi ça. Il faut le voir pour y croire… à la tombée de la nuit, un gosse de 6-8 ans accroupi par terre à cracher et vomir. Et personne autour ne l’aide. Il vient nous réclamer de l’argent, de la nourriture, mais sous son t-shirt il y a un sac rempli de colle. Il se pète le cerveau à sniffer de la merde, ses yeux sont vitreux, son sourire est sale et il sent si fort la misère que lâchement, on détourne le regard comme si une fois les paupières closes, cette situation disparaissait. On ne peut pas assumer ça. A deux gamins pommés je donne 20 ruppee, et Julie les voit ensuite se mettre derrière moi et danser pour se moquer puis partir en courant. Ce sont les même qu’on retrouve sur les tas d’ordure pied nus, à fouiller. Cherchant un bout de reste pour caler la fonce-dalle que la drogue leur inflige. On fait quoi ?

Encore 4 dodos et je m’envole pour une nouvelle destination, qui je l’espère, me bouleversera autant que le Népal. Pour patienter, je fais passer ma fièvre et ma migraine dans un décor idyllique, où le meilleur truc à faire c'est rien.

Définitivement, je reviendrais.

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Cher tous,

Mathou étant fiévreuse depuis plusieurs jours, j'ai du m'occuper tout seul. J'ai beaucoup joué avec Dolma pour passer le temps. Avec moi elle est très gentille, je la suis partout !

C'est donc sans doute ni regret que j'ai accepté son adoption 😀 J'ai passé d'excellents moments au Népal, entre kathmandu, la ferme à Dhunkharka, le mont Maharabat, Pokhara, le trekk dans l'Annapurna, Chitwan... Les balades a pied, en scooter ou en bus, les forêts, les jungles, les rivières la savane, les cascades, les collines & les montagnes...

Mathou depuis ce matin sort tout doucement de sa léthargie et il était temps, car elle s'envole dimanche !

Après discutions je la sens prête à partir sans moi pour ... Le Laos !

Je reste ici pour mon plus grand bonheur, dans cette ville de coeur.

A tous je vous fais de gros bisous, et vous laisse sous la plume de Mathou dont les prochaines péripéties seront contées depuis un pays qui réserve sans doute bien des surprises ...

Signé : Dauphin

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Publié le 3 novembre 2017

Après 10 bonnes heures passées en Malaisie à rien foutre d'autre dans l'aéroport que poser mon derrière sur chaque sièges dans la salle d'embarquement pour comparer l'angle de vue qu'il donne, m'être brossé les dents dans tous les WC pour voir lequel a la meilleure lumière et m'être pesée sur le tapis à bagages, je suis enfin arrivée au Laos ! Verdict ... j'ai pris 2kg au Népal. Bon on va pas en faire un plat, en effet le riz c'est bon mais ça colle au corps!

Petit choc culturel, j'ai du revoir quelques habitudes.

Les gens m'ont regardé bizarrement le temps que le reflex de dire "Namaste!" à tout bout de champs pendant deux mois me quitte. Ici on dit "Sabaïde"! Il ne faut pas être liassophobe car le plus gros billet est de 10€ et ils ont des billets pour les centimes... porte-monnai plein à craquer faut s'habituer!

A nouveau je peux marcher et rouler à droite, en plus les routes sont goudronnées et les gens respectent le code de la route! enfin, si conduire un scooter à 8 ans est légal...

Très bonne surprise : ici il y a des poubelles. Donc au lieu de jeter tes merdes par terre et attendre que quelqu'un vienne les brûler chaque matin comme cela se passe au Népal, ici ils récoltent. Bon, ça part dans la rivière faut pas se leurrer...!

Et dernier point marquant et plutôt cool cette fois-ci : il y a des noms de rue ! Oui oui ! Donc plus de raison de se perdre ! Ce pays par sa culture reste très asiatique évidemment, mais il semble un peu plus occidentalisé. En tant qu'ancienne colonie, on peut même trouver sur certaines affiches ou noms de maison, des phrases en français.

Premiere visite dans un temple qui donne une belle vue sur la ville, je rencontre Jelena, une Autrichienne funny avec qui je pars boire un verre. Et puis finallement cela fait 3 jours qu'on visite tout ensemble.

Bien-sûr cette passion du scooter émerge à nouveau et nous voila ridant comme des bikeuses sur une machine un peu trop précieuse pour notre façon de conduire, vers des cascades d'une beauté à couper le souffle. Pour les rejoindre, on traverse une vallée, les collines au loin surplombent le Mékong qui s'offre à nous et nous roulons à l'ombre d'une centaine de palmiers et de bananiers. Le décor est idyllique, les villages sont calmes et sentent la fumée qui s'échappent des fours traditionnels où grillent des poissons, et la température est parfaite... Je croyais être tombée amoureuse du Népal mais là j'hésite.

A Luang Prabang où je suis depuis maintenant 4 jours, il y a un marché de nuit, un bar où il fait bon prendre un cocktail les pied au dessus du Mékong et une petite plage de galets d'où la vue sur le coucher de soleil est parfaite !!

Surtout, les gens sont drôles. Dans mon auberge, il y a un type, il dort avec son singe. Ouai ouai... Il dort avec son singe, y a pas de faute de frappe. Donc dans la nuit faut s'habituer à être réveillée soit par les cris de ce pauvre petit singe en laisse qui décidemment n' a rien à foutre ici, soit par les ronflements d'un gros chinois qui en plus râle quand on le secoue.

J'ai été invitée à un repas chez des locaux. Me faisant croire que la tradition veut que je m'envoie deux shots de "Lao Lao" (tu te souviens de la vodka à 70°? bah c'est bien pire), les types rient en me voyant faire la fameuse boule de riz gluant dans mes mains et m'aprêter la tremper dans cette sauce. Bon par précaution je demande ce qu'il y a dedans, je ne voudrais pas manger de la viande! Ah bah je ne suis pas déçue ! C'est une sauce à la cacahuete où a mariné un cœur de chien. Je me rabat sur la salade verte. Et je vous laisse sur cette image d'une table où gîsent des organes d'animaux domestiques et de la viande séchée de requin.

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Femme, va pisser dans la grotte pendant que homme range la hutte.

Après 5h de bus, Jelena et moi sommes arrivées à Vang Vieng. Et c'était plutôt mal barré. Le 1er jour je n'avais qu'une envie : fuir, rentrer chez moi. Retrouver tous mes doudous, mettre mon gros pyjama rouge et blanc avec le renne de noël en pailettes, que maman me fasse un thé, que papa m'apporte du chocolat. Serrer mes potes très fort dans mes bras, aller réveiller mon frère en sautant sur sa couette, mettre une écharpe, un bonnet, allumer des bougies dans l’escalier, accrocher les boules de noël au plafond et les guirlandes lumineuses, sentir l’odeur de notre bon gros plum pudding familial, être en automne et préparer l’hiver. Ici il fait 30°, je marche en tongues et gratte toujours les piqures de moustiques. Jelena commençait à me saouler, ma patience était mise à rude épreuve. Vous me direz : De quoi elle se plain cette pétasse ?! Elle est en vacances infinies à l’autre bout du monde ! Y en a qui appellent ca le mal du pays. J'ai choisi d'appeler ca la fatigue... (Par fierté)

La solution était donc de dormir. Me reposer, me détendre, prendre du temps pour être un peu seule…


C'est pas du tout ce que j'ai fais !

J’ai rencontré Antoine, un débile mental qui était heureux de faire enfin des blagues de “bon” goût en français après 1 mois d’anglophonisation totale. Autant dire qu’avec moi il était servi, 10 mn après notre rencontre il savait tout sur mon infection urinaire et nous avons partagé nos experiences de transit. Je ne parle pas de celui qui fait attendre 10h à une frontière. Je parle de celui qui a ses humeurs, selon si tu as plutôt un faible pour le riz gluant ou les soupes épicées.

Dans un bar on se dit qu’on va s’incruster avec des gauchos. Alors avant de discuter avec les gens on leur demande ce qu’ils votent.


Pour le lendemain on prévoit à demi-mots de retrouver Jelena et Marlène, une nana bien sale aussi, comme je les aime, rencontrée à Luang prabang la semaine dernière. Le but étant de louer des bouées pour descendre une rivière bordée de bars qui t’envoient une corde pour que tu grimpes sur la terrasse et t’offrent des boissons alcoolisées.


Moyennement motivée par le temps au réveil, et n’ayant pas envie de m’exploser la tronche avec leur “Lao lao” tord boyau, je me force presque à y aller quand-même, faisant croire aux autres que ca va être top cool genial oufissime, alors qu’en vérité eux non plus ne sont pas chauds. Jelena nous abandonne. Alors c’est à 3 qu’on part se peler le fion sous la pluie pour aller s’écorcher les jambes sur des troncs d’arbre et des sacs poubelles dans une rivière aussi crade qu’une décharge, en se promettant qu’on ne boira pas.

Finalement le soleil se montre et comme on est faibles, que c’est gratuit et que “on pourra pas dire que c’est vraiment nul si on ne le fait pas complètement”, on finit ronds comme des queues de pelles. Surement la seule raison qui nous fait dire au final que “c’était pas si mal” !


Ca doit être stratégique. Cette ville est naze au possible, alors les locaux ont decidé que dans les bars, l’alcool c’est gratuit (et à volonté). Je vous laisse imaginer. Tu rentres dans un bar, tu prends un verre, tu danses, et tu changes de bar. Le tout avec ton porte-monnai rangé sous l’oreiller.

En gros sur le mur de mon auberge, il est écrit un truc qui respire l’intelligence : “you never have hangover if you’re always drunk” (Tu n’auras jamais la gueule de bois si tu restes saoule). Hallucinant, mais surtout flippant et presque désespérant. (Je vais me coucher avec trop la dalle, je mange des bananes et dans mon duvet je dors en écrasant les peaux noircies, ce qui m'attire des puces de lit ... Le bonheur)

Je me promets le lendemain de rester seule. Le coup de mou est passé mais j’ai envie d’espace, de respirer, m’éloigner des touristes.

C’est presque ce que je fais. A la différence que je le fais avec Theo et Theo. Ils s’appellent pareil et portent les même chaussures, ils se tapent tous les deux le crâne très fort contre les stalagtites dans les grottes mais on peut les différencier car il y en a un qui a tendance à marcher dans les cacas alors que l’autre ne peut pas rester seul la nuit par peur de se faire attaquer par un chien, et parfois il se demande si on est dans un pays suffisamment communiste pour porter son t-shirt Che Guevara. Ensemble, on loue des motos (J’AI FAIS DE LA MOTOOOO !!!) et on se barre le plus loin possible.

Après avoir traversé une rivière les roues dans l’eau et être montés à 3 sur la bécane à la thaïlandaise, longé un chemin entre les rizières en plein récolte, on rencontre le gardien d’une grotte qui nous offre de la papaye dans sa hutte. Il est heureux de nous présenter ses palmiers, bananiers, et autres arbres fruitiers.

Puis on part dans sa grotte de 300m de long et il nous explique a chaque oeuvre de la nature (c’est à dire 116x) que quand la stalagmite rencontre la stalagtite, ca les colle. Impressionnant. On a failli le perdre quelques fois papi car forcement visiter une grotte humide en claquettes sur de la terre glissante c’était pas une lumineuse idée.

Credit photo : Theo (celui qui marche dans le caca) 

Après 2h de visite il nous congédie, vraiment pas contre notre grès car on veut retrouver la lumière, manger et rouler. Alors on continue la route, on fuit les touristes et on esquive tant bien que mal les ornières et les rochers, on ralentit quand on traverse les villages pour ne pas écraser les poules, les chiens et les vaches. On se fait courser par des enfants qui s’accrochent à l’arrière des motos.

Tiens aussi je suis contente d’avoir vu un chouette truc : des caoutchouc. Aux pneus dans les rivières je préfère encore voir cet arbre original, qui suinte sa sève récupérée pour en faire je ne sais trop quoi à vrai dire. C’était beau. C’est tout.

Sur le retour le soleil tombe rendant le chemin sec et terreux encore plus ocre et dans le ciel on voit des montgolfières entre deux montagnes. On roule sur des chemin escarpés, bordés de palmiers, bananiers et huttes en paille. Vous allez dire que je me répète mais on ne s’en lasse pas. Un joli paysage qui finit cette chouette journée en beauté.

On décide de fêter notre périple dans une hutte sur piloti les pieds dans l’eau. La gravité faisant bon ménage avec la précipitation je me viande dans l’eau avant de l’avoir décidé et c’est donc en culotte que je mange ma soupe en compagnie des Théos, discutant muqueuse, excréments et sécrétions. Définitivement, ca va mieux.

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Publié le 18 novembre 2017

Oh, des oiseaux migrateurs ! Le genre qui ne se gratte que d’un côté.

Après Luang-prabang et Vang Vieng, c’est toujours accompagnée des Theos que je descends vers le sud. Arrivés à Vientiane, capitale supposément ennuyante, nous nous retrouvons dans une auberge où la vodka est gratuite pendant une heure. Encore du grand n’importe quoi ! On se retrouve dans une boîte de nuit locale à tenter de monter sur la scène pour rejoindre un groupe pourri, en vain. On se fait surveiller de près par les vigiles. Les gars partent aux WC tout heureux car la coutume locale est de se faire masser les épaules en urinant. Dérangeant pour l’un, apprécié pour l’autre. Entre deux boîtes je perds mes tongues népalaises, grosse grosse déception bien vite essuyée par l’envol d’un billet de 100 000 kips (10€ !!!) de Théo Caca depuis le tuk-tuk … belle image que de voir ce billet glisser entre ses doigts et voler quelques instants dans les airs pour se diriger avec grâce vers le Mékong, pendant que nous le regardons cloués au siège, bouche-bée face à la beauté de cette connerie.

Pour se punir le lendemain il se fracasse la tête contre un panneau dans la rue, chute depuis le haut du lit superposé sur l’angle écorché d’une plaque de métal rouillé et c’est donc avec une bosse à la tête, un trou dans le pied et un compte en banque vidé que l’on peut voir Théo arriver, heureux, avec deux pintes de Pastis à emporter pour 2€50. Le p’tit bonheur consolant mais un peu trop enivrant.

Finalement, Vientiane c’est rigolo. Comme on n’est pas des bourins, on a aussi visité la ville, avec une esplanade décorée de drapeaux communistes et des poteaux penchant dangereusement vers la droite … coïncidence ? Je ne pense pas.

Ils ont des boulangeries françaises près d’une arche qui rappelle un peu la capitale Française. Les coco-loniaux chez les coco-mmunistes.

Le lendemain c’est complètement claquettes (beaucoup claqués, un peu pompettes) que nous montons dans un sleepy-bus au pare-brise fissuré pour une nuit sur des couchettes qui étaient déjà trop petites pour moi (Théo fait 1m87), en compagnie d’une chinoise silencieuse et heureusement. La bissextilité de la route fait bondir le corps en plein sommeil et ma tête heurte régulièrement un colis à ma droite, mal emballé par un scotch qui préfère coller mes cheveux. La banquette en cuir fait glisser mon corps transpirant pour un sommeil optimal, dans des conditions inoubliables avec une arrivée bien méritée à … Paksé !

Balade dans le plus grand marché du Laos, entre les tas de piments, de poissons séchés et de tabac, nous parcourons les étales odorants, tantôt kiffant, tantôt gerbant. Des animaux morts mais pas toujours, des perches à selfi entre un poulet et des machettes, c’est un marché original dans lequel on pourrait se perdre des heures, si on n’avait pas plutôt pour idée d’aller manger.

On loue des motos et on part pour 5 jours de road-trip sur le plateau de Bolavens.

La route est plutôt bonne mais parsemée de chiens, de cochons, de poules et d’humains. Petit chassé de l’arrière pour éviter deux vaches qui se battent, on roule vers le soleil et on s’arrête dans une plantation de café.

Ca c'est des bananes pas du café hein 

MINUTE CULTURE GENERALE !

Un fermier éthiopien voit ses animaux ne jamais s’endormir lorsqu’ils reviennent de la forêt. Il va y jeter un œil et finit par comprendre que ce qui pousse autour de lui sont des plantes magiques qui n’éteignent jamais le cerveau !

C’est en Syrie qu’on brûle pour la 1ere fois les graines de café pour chasser les maladies.

Avant que les Allemands ne mettent de la caféine dans le C*ca-c*la, les américains y mettaient de la cocaïne !

Fruit immature vert tendant vers le rouge grâce au soleil, le café se décline en une vingtaine de sortes dont nous en retiendrons 3 pour le moment : Arabica, Robusta, Liberica. La différence venant de l’espèce de l’arbre qui sera plus ou moins caféiné et goûtu. Demandant 1000 L d’eau par an, l’arbre a besoin d’être entre 15 et 36 degrés dans une atmosphère alternant sécheresse et humidité.

Plus un café est fort en caféine, plus il est faible en goût.

Une fois prêt à être cueilli, le fruit est plongé dans l’eau froide pour enlever l’opercule et ne garder que la graine qui sera lavée puis noyée afin de ne récupérer que celles qui coulent, question de qualité. Deux graines par fruit chez les femelles, une chez les mâles. Séchée puis brûlée, elle est prête à être moulue ou mangée. Et oui ! On peut la croquer directement, ça donne l’énergie pareil !

Un lecteur peut-être se reconnaitra dans l’idée de conserver des fonds de café dans une tasse oubliée au pied du lit, faisant émerger des champignons qui en plus d’être joli parait-ils sont bons à faire pousser.

ASTUCE ! Un peu de mare à café dans un récipient mis au réfrigérateur capture les odeurs. Big up frère, tu peux arrêter de laver ton frigo.

On grimpe à nouveaux sur nos motos et on se dirige vers la cascade Tad Lo, magnifique coin calme gâché par la présence d’éléphants exploités.

Petit Théo a sauvé un type de la noyade, fierté cumulée avec le fait qu’il a mangé des fourmis… écrasées dans une feuille, on peut les saupoudrer dans une salade de papaye pour un peu d’amertume. Beurk.

On dort chez Mama Pap, une mamie trop choupi qui a aménagé son grenier avec une dizaine de matelas à même le sol, avec de jolies moustiquaires roses. Ambiance pyjama party on rencontre Cléa et Karine mais aussi Marie, pour une soirée mignonne à partager nos journées, nos émotions, nos convictions autour de bières et de cacahuètes.

Le jour suivant : émouvant. Dérangeant. On sort de la route pour s’enfoncer sur une piste qui mène à un village où nous sommes accueillis par le Captain Hook.

Membre d’une ethnie qui ne comprend pas le laotien mais communique avec un dialecte, ce monsieur nous explique sa vie. Dans ce village de 784 habitants, les femmes ne sortent jamais. Sauf pour aller accoucher dans la forêt de laquelle elles sortiront seulement si le bébé est « bon ». Dans le cas contraire, au bûcher ! Si bébé a la chance de survivre, il aura le droit à partir de 3 ans de fumer le bang. « Manger le feu » étant signe de puissance, on peut voir une maîtresse donnant un cours à quelques enfants en fumant un gros bang sa race. Situation étrange.

Sous les huttes, les cercueils, qui seront brûlés à la prochaine pleine lune jonchent le sol. Captain Hook nous fait visiter sa plantation de café et c’est muets mais attentifs que nous buvons ses paroles remplies de savoir et de sagesse. Incroyable. Il parle anglais car il a quitté le village il y a quelques années pour aller étudier. En rentrant, pour des raisons qui le concernent, il a été interdit de quitter le village, à vie. Les hommes normalement ont le droit de « voyager ». Je ne veux pas parler pour lui, mais il ne doit plus se sentir à sa place. Il est le seul à savoir que la Terre est ronde et bleue. Ses amis ne le croient pas, sinon les huttes tomberaient ! Le reste de l’ethnie le prend pour un fainéant, car il ne va plus travailler dans la montagne. Ils pensent que l’on est blancs car on boit du lait, blonds à cause du vin et la couleur claire de nos yeux est due à la consommation de soda…

Au détour de la balade il casse une branche dont la sève est récupérée dans une feuille, et après avoir tortilloné une brindille, on peut faire des bubulles ! Des bubuuuulles !

Avec la tige d’une autre plante, il fait un harpon qui bien manié, peut tuer un oiseau. Un villageois passe près de nous avec son fusil et Captain Hook nous raconte avec fierté qu’il y a quelques jours grâce à lui ils ont mangé un singe. Ca a le même goût que les chiens à ce qu’il paraît…

Ici ils n’ont pas de calendrier. La notion du temps fonctionne avec la nature : saison des mangues, saison des champignons … C’est troublés par cette rencontre que nous repartons, non sans avoir goûté son café et testé le bang.

On roule sur des sentiers couleur rouge vif, avec une fois encore, mes excuses, des arbres rendant la vie belle. Ca s’explique pas, les mots ne marchent pas pour ça.

Et les mots ne marchent pas non plus pour vous décrire l’angoisse triste ressentie lorsque l’on s’est arrêtés devant un paysage magnifique, au milieu duquel cramait des tonnes de déchets… avec des femmes fouillant dedans. Faut faire quelque chose. Cogitation.

On s’arrête dormir dans des tentes au bord d’une rivière qui nous offrira le lendemain matin un lever de soleil à trouer le fion grave. Mais avant ça, on se prend une petite bière dans un hamac et l’aubergiste étant parti se coucher, on se fend la poire à passer le bras derrière la porte du frigo verrouillé par un cadenas pour prendre des bières en catimini. On ne sait pas trop si on est filmés … le proprio revient, on serre les fesses. Il s’asseoit près de nous et semble nous surveiller… alors innocemment petit Théo part lui demander si on peut prendre une bière dans le frigo. Il ne trouve pas la clef et on voit Théo revenir vers nous, dépité, en lancant un laconique « on est dans la merde les gars… » En compensation il nous offre un panier garni de Lao Lao … autant vous dire que devant le lever de soleil on avait mal aux cheveux ! Wouhou !!

On repart sur des motos dont les sièges brûlent au soleil, nous tirant un petit « Ah ! Ouch ! » lorsqu’on y pose nos p’tits culs fris par le cuir.

On croise quelques villages et on trace la route… On passe se reposer près des cascades, on continue, on roule sous un soleil de plomb, les bouteilles sont dans le sac à dos, il est 15h, on a faim et le Lao Lao de la veille tambourine nos estomacs vides. Un motard pas malin sur un sentier fourbe ça donne un Théo croûteux, laissant une plaie charnelle qu’il faudra cacher au loueur de moto pour tenter de cacher la chute. SPOILE : il a du payer la carrosserie.

En tant que bonne pote je gratte mes 27 boutons de moustique actuels : SOLIDARITE CROUTE !

A croire qu’on manque d’adrénaline on se lance sur des tyroliennes à 120m du sol au-dessus d’une vallée où coulent des cascades de folie.

Avant-dernière sensation forte avant de prendre la route pour Champassak et ses temples pré-angkoriens. On se tape un coucher de soleil dans les rétroviseurs.

On arrive dans un bungalow avec balcon hamac face au Mékong, le tout pour 2€ la nuit mais où va le monde ?! On part visiter les temples et nouvelles grosse claque dans la face ! Trop beau. Je vous laisse juger par les photos.

On se prend le lever de soleil du siècle avant d’enfourcher une dernière fois les motos pour rejoindre Paksé, avec sur la route les moines bouddhistes faisant la quête journalière de nourriture auprès des villageois.

Un trajet un bus et un trajet en bateau plus tard, nous voilà amarrant sur Dondet, une des 4 000 îles créées par la dentellisation du Mékong. J’invente des mots si je veux. On y retrouve Antoine, Cléa et Karine. Paraît qu’il n’y a rien à faire ici. Nickel, c’est ce qu’on cherchait. Tous ensemble à l’heure où j’écris, c’est ambiance cocktails, partage de photos, échange de livres et de conseils, devant un coucher de soleil de malade mental.

C' est parti pour 5 jours de glandage intense sur la petite ile de Dondet, a lécher des timbres et éplucher des macarons, pour préparer tranquillement ma prochaine destination ... Le Cambodge! 😋

Faille temporelle ...

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Bon, bah les 4000 îles, c'était rigolo, comme prévu. On en a visité 2. (Ca fait quand-même 0,05% et puis bon elles étaient grandes) On a tout de même bien tassé les oreillers de la terrasse et moulé les hamacs à nos derrières. On a rempli les poubelles de verres comme des cuves à fuel et tanné notre peau gratouillante de plaies au soleil.

Non je plaisante... il n'y a pas de poubelles de verre. A quoi bon ? Il y a le Mékong !! (A prononcer avec l'accent du soixantenaire sudiste qui tourne au Pastis) Le Mékooongueu ! Une belle soupe de pipi à grumeaux mycoseux. Un coup sur la brosse à dents, un coup pour se laver le fion, un p'tit coup dans les cheveux et on oublie pas de frotter entre les orteils.

Les conneries ça suffit, Théo, Théo, (ouai c'est redondant je sais) Cléa & Carine n'aidant clairement pas à maîtriser les vices, tout le monde se sépare ! Avec grand Théo, on part au Cambodge le même jour, ce qui va nous permettre de joindre nos forces, pour faire un pied de nez à la corruption frontalière. Dis comme ça, on dirait qu'on va couper en petits morceaux la gomme du raquetteur de BN de la récré. La terreur des bacs à sable. Bah non les gars ! Nous on a fuck-off un lieutenant colonel mal baisé ! Remontés comme des coucous après avoir passé des heures à lire des articles à ce sujet, nous avions emmagasinné des techniques de contournements, des arguments chocs, et une détermination sans faille. Les gardes de la frontière nous laisseront passer sans pourboire, et avec le sourire ! (Bon, le dernier point était utopique)

Le visa cambodgien pour un français, c'est 30 dollars, point barre. Pour sortir du Laos, il faut montrer un papier reçu à l'aéroport à l'arrivée. Bah ils sont cons eux, j'ai déjà du mal à ne pas perdre mon sac, ils devinent pas qu'en 3 semaines il est déjà dans le Mékong leur truc ?! (1ere boulette) Bon, ça démarre mal. Il veut 5 dollars pour ça. Négociation pour 3 dollars. Un point partout. Sous un soleil flambant neuf, on marche dans le No Man's land entre les deux frontières et je glisse à Théo un gentil "là, on n'est dans aucun pays. Donc y a pas de loi." Ambiance. On serre les fesses, on avance à reculons, on se demande à quelle sauce on va être mangés... C'est toujours en place la peine de mort chez les royalistes capitalistes sanguinolants?

On passe des barrières et on nous dirige vers un guichet. On me demande mon carnet de vaccination. Héhé, qui croit encore que je fais ce genre de truc? Un dollar, il veut. Ca fait 4 Malabars frère, t'as craqué. Je passe en mode VTFFSC (Va Te Faire Foutre Sale Con) et lui dis que non, j'ai jamais entendu parler de cette taxe, je ne payerais pas. Il s'énerve et me dit que je suis désormais dans SON pays, que je ne suis qu'une touriste qui ne connaît pas les règles et que je dois obeir si je veux rejoindre le guichet des visa. Je redis non. Il me dit de dégager sur un banc, pour me laisser mijoter le temps qu'il s'occupe des autres touristes qui paieront sans broncher. Théo est avec moi, même combat. (l'histoire est bientôt finie t'inquiète) Au bout de 2mn et 46 secondes il me semble, on se lève et on se dirige à pas de loup vers le guichet visa. Il nous voit faire mais ne dit rien. Première victoire. Et là on tombe sur le type le plus GCMACSOLAGSCADV (Grassouillet Corrompu Mal Aimable Comme Si On Lui Avait Gratté Le Cul Avec Du Verre) qui nous demande nos passeports et 35 dollars. Je lui apprends que c'est 30 dollars. Mais comme en plus je n'ai pas de photo d'identité (2e boulette) il veut 37 dollars. Avec lui y a pas de négociation possible, il nous dégage sur le côté. Ca y est on est énervés. Le bus qui nous attend de l'autre côté peut partir à tout moment sans nous, mais comme on n'est pas que cons, on a sorti nos sacs de la soute en se disant que si ça traine, tant pis on en prendra un autre. On préférait perdre 17€ de réservation de bus que 5€ de "taxe". On retourne au guichet après 10mn, pendant lesquelles on s'est redit que non, on ne craque pas. Et là même scénario. 37 dollars. Non. 37 dollars c'est la règle ! Ah on y est. La différence entre "règle" et "loi". Re-non. Remis sur le côté.

No Man's land

Les autres touristes nous conseillent d'arrêter nos conneries, que pour 5 dollars on fait un peu chier, en gros. On fait semblant d'appeller l'ambassade. Il nous fait mariner. Puis nous rappelle. Théo s'énerve pour lui dire que 30 dollars c'est 30. Il prend nos passeports et nos 30 dollars, fait rageusement nos visas non sans m'entuber 2 dollars quand-même pour la photo manquante. Ca fait cher la face de cake sur papier glacé. Sans dire merci on se casse et on prend notre bus qui en fait n'était toujours pas arrivé ! OUAI MAGGLE !

Le mec derrière à trop les boules 

Après un bref "Bonne route" et un dernier doigt d'honneur, nos chemins se séparent vraiment et je suis à nouveau seule, direction Kratie. Y a rien à faire là bas à part du vélo dans le sable pour monter sur une pirogue et visiter l'île Koh Trong avec des vaches qui ont des grandes jambes.

C'est pas une vache la hein 

Un type trop fier de sa cueillette me montre des seaux plein de criquets. C'est un jeu pour enfants ici, (au sens propre) lier l'utile à l'agréable : ils les balancent par terre pour les tuer. Un sacré coup de main! Un p'tit coucher de soleil depuis un temple vue sur le Mékong mais bon, classique quoi.

Route vers Phnom Pen, là ça rigole moyen. Au bout de 300m dans la rue les locaux me disent discrètement de ranger mon téléphone, un autre de mieux fermer mon gilet, un 3eme me dit de ne pas prendre cette ruelle et un tuktuk me propose une course (comme tous les 100 mètres) mais là, gratuitement, juste pour pas que je reste là. Je me fais jeter d'un café sans raison apparente alors je rentre fissa à l'auberge et on me dit de ne pas sortir avec un sac à main. OK mode gangsta activé : lampe frontale autour du coup, 10 dollars dans la poche en cas de braquage, 10 dollars dans la chaussure droite, quelques riels (monnaie locale) dans le soutif et le téléphone dans la culotte, me voila partie pour 7 km de marche à pas cadencé avec mon regard le plus mauvais possible en ayant pris soin de laisser environ zéro centimètre de peau dépasser de mes fringues ce qui a l'avantage de me faire puer bien vite ... tout ça pour arriver dans la prison S21 qui retrace sans filtre le génocide par les Khmer rouges. (Notez que m'étant perdue, évidemment, je suis rentrée dans un restaurant pour sortir mon téléphone de ma culoltte... hum) Mais ne rions pas.

Cette visite instructive et un peu intrusive te retourne le bide et fait suer les yeux. Dans chaque cellule, un lit, et une photo prise dans cette même cellule. Une photo avec un type attaché, qui pleur, qui chie, qui saigne. Des cordes, des chaînes, des pieux, des pelles ... des enfants. Des témoignages de quelques survivants. Un type a été arrêté car il était qualifié de fénenant à ne pas réussir à porter 3 mètres cube d'eau, pour un travail où il n'avait même pas de riz pour se nourrire. Un khmer rouge lui a dit "To keep you insn't a benefit, to kill you isn't a loose" (te garder ne nous apporte rien et te tuer n'est pas une perte). Il subit donc des électrochocs pour le "motiver" et son bourreau lui ordonne de le porter sur son dos pour aller à la salle de torture.

Bracelets que l'on dépose autour des fosses
Cellule de vie quotidienne 

L'histoire de femmes qui amaigries n'avaient plus de lait pour nourrire leur bébé mourant dans leur bras. Des prisonniers forcés d'écrire de faux aveux de crimes pour enfin acccéder à la mort. Une horreur datant d'il y a 40 ans. Et là, je relativise face à l'inamabilité de certains locaux. Un quart de la population tuée, tout le monde a perdu quelqu'un, vu et vécu des horreurs. Je ressors de là partagée entre l'envie de vomir et l'envie de sourire à tout un chacun pour donner de l'amour dont ils ont tant manqué.

Cellule de torture 

"Khmer" est le nom donné à l'ethnie dominante au Cambodge à ce moment là. Une grosse partie de la population est Khmer. Encore aujourd'hui. "Khmer rouges" par contre, indique ceux qui étaient communistes et dans ce cas là, un peu foufou dira t-on.

C'est pas un film d'horreur. C'est la vraie vie. 

Comme je n'en avais pas encore assez vu, le lendemain je pédale jusqu'au champ de la mort en passant par le périph' avec des scooters qui portent des cochons morts, et par des marchés qui puent bien plus que les chaussettes de ma mère qui rentre d'un marathon (c'est dire) ... bref, j'arrive en enfer, dans un lieu de culte dédié à la mémoire des morts. Je vais la faire courte, je n'ai pas envie de vous énumérer les horreurs, ce serait malsain.

Stupa qui abrite 9 000 crânes 

On peut y voir des cratères dans l'herbe car les fosses aux morts dégagent des gazs à cause de la putréfaction des cadavres, ce qui soulève la terre et fait encore ressortir aujourd'ui des dents, des vêtements, des crânes, qui sont ramassés chaque mois. Un arbre aussi. Sur lequel ils pendaient les enfants par les pieds avant de leur fracasser le crâne contre le tronc et de les jeter dans la fosse. Pour être sûrs qu'ils soient morts ils mettaient des pesticides dessus.

La devise des khmers rouges ? Mieux vaut tuer un innocent qu'épargner un ennemi. Par ennemi on entend tout homme ou femme intelligent potentiellement révolutionnaire. Donc on dégage les profs, les commerçants, les fonctionnaires, les pharmaciens, les écoliers. Et on engage des enfants de la campagne qui ne comprennent pas ce qui se passe pour devenir bourreaux ou tortionnaires. Au choix. Si t'as des lunettes (cette fameuse forme d'intelligence) t'es révolutionnaire. Vous avez compris l'idée. Je m'arrête là, vous présenter ce charnier est sûrement utile pour comprendre comment un Polpot fou voulant tester l'utopie d'une société communiste au maximum atteind un degré d'absurdité (que le reste de la planête a eu du mal à croire avant des années) mais je vais pas faire de politique ici.

Je m'accorde un restau pour sortir de cette sordide torpeur et retrouver Manon et Hugues, rencontrés il y a 2 mois à Kathmandu! Une jolie soirée souvenirs et partages !

Demain je me casse de cette ville de malade qui m'oppresse pour lâchement rejoindre une île où on peut fermer les yeux sur ces horreurs et continuer une vie de luxures sans scrupules car on le sait bien, voir tout ça, ça donne un arrière goût amère et ça donne pas bonne conscience. Faudrait voir à pas froisser les vacances.

Que les cordes dans un arbre ne servent plus à ôter la vie 

RAPPELLONS-NOUS ! Que ca a existé et que ca existe encore ailleurs dans le monde. Que l'extrémisme est quand-même la source d'une bonne partie des dérives. Ca arrive vite, il suffit d'un homme (ou une femme) mal luné(e). (Putain je peux pas m'en empêcher)

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Publié le 2 décembre 2017

Me suis encore fait eu.

Un genre de traquenard dans lequel tu tombes à 2 semaines de rentrer.

Trouver un taff un peu fou, sur une île un peu belle.

Après être sortie du bus qui m’a amené à Sihanoukville dans lequel un type a mit sa moto et où ma voisine portait des chaussons lapins, le tuktuk m’a bien arnaqué, j’ai réussis à négocier qu’il me NLT (Nique la tronche) qu’à 50%.

Photo floutte 

En plus après un voyage en bateau durant lequel j’ai dû m’énerver sur le mec qui m’incluait pas du tout discrètement dans ses selfis, je me suis perdue dans la jungle et j’ai trouvé des kilomètres carrés déforestés pour construire les PDB (Putain de bungalow) pour des FTP (Fucking touristes pollueurs) (je mets les gros mots entre parenthèses comme ca papa me dit pas que je suis vulgaire bordel) (et parce que les parenthèses ça nous met dans une ambiance cosy cocoon, ça fait comme si y a que toi qui sait ça, un p’tit secret).

Et donc bref j’étais maxi énervée et Antoine m’a retrouvée au bout du rouleau (de PQ) (pour une parenthèse cosy) après avoir marché 2h30 dans une jungle flippante sous au moins 8000 degrés Celsius.

Chaleeeeeur 

Je me suis jurée de repartir dès le lendemain. Mais comme je suis une FTP (cf plus haut) je suis lâchement restée sur cette île, beaucoup belle mine de rien.

Et pour enfoncer la cerise dans le gâteau, on a trouvé un job. Dans un bar. Qui fait des tours de bateau et des Trekk dans la jungle. A 3m de l’eau. On a passé l’entretien d’embauche alcoolisés (il faut bien rentrer dans les bars pour demander du travail) pieds nus et suants. Et nous travaillons maintenant alcoolisés, pieds nus et suants. (Mais non papa je rigole, je ne bois pas !!!)

Devinez quel panneau j'ai fais ... ?! 

J’ai même inventé un cocktail le 1er soir, et c’est le 1er de la carte ! Le ”Random Mathou Cocktail”, un mélange de fonds de frigo. Ca marche pas mal ! Depuis je me la pète grave.

Aujourd’hui on a peint des photophores et fait des trous dans des flotteurs pour en faire des lampes. Demain atelier collier de pâtes je crois.

Pas payés mais nourris par la seule asiatique du monde qui réussit à rater du riz et logés dans un dortoir pourrave, on s’éclate à fond. Et quand on est en pause on se jette dans la mer.

Chef à gauche, rateuse de riz au fond, blondasse à droite 

Pour notre 2e jour c’était le jour off de la semaine, alors on a prit des hamacs de militaires, moustiquaire et tétanos inclus et on est partis camper deux jours dans la jungle.

A part qu’on a finalement tendus nos sac à corps fatigués à 5m de la dite zone déforestée, c’était bien chouette. On fait tourner les nouilles et on se touille amicalement la soupe autour d’un feu, on fait des “ jungle popcorn” à base de maïs cramés dans la casserole et on va se coucher en sautillant pour mettre les fesses dans le hamac installé trop haut sans tomber de l’autre côté en portant le doudou la bouteille d’eau la lampe frontale le baume du tigre le duvet le papier toilette une dernière barre de chocolat et le pull tout ca en 4 secondes 45 pour pas faire rentrer les mistouk. Pfiooou. (J'ai pas mis de virgules entre les mots pour un effet "j'avais les bras chargés")

Je suis pas si rouge en vrai hein 

Et on ferme les yeux en écoutant les animaux, pour s’endormir dans des cocons moelleux. Le gros kiff.

De retour à la réalité le lendemain (enfin… toujours sur une île à l’eau translucide sous des cocotiers offrant leur ombre à quelques porteuses de bikini qui tentent de se bronzer la raie) les big boss nous font arrêter sur les bars de la plage et on arrive à la maison dans un état claquette. (Rappel : beaucoup claqués, un peu pompettes) pour reprendre les hostilités. Vendre des tickets de bateau, faire la vaisselle, servir des cocktails, laver les chiottes (c’est une astuce de mettre en alternance dans une phrase des tâches chiantes et des tâches cool pour un effet “Employée polyvalente et motivée” ) C’est pas de tout repos hein ! Pour vous faire plaisir, je souffre de coups de soleil, de piqûres de moustiques et de manque de chocolat. Alors vous plaignez pas avec vos écharpes ! Y en a qui bossent !

(Pour un cours particulier de grammaire, m'envoyer une lettre de motivation) (Ok j'arrête les parenthèses)

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Publié le 13 décembre 2017

Une quête commence toujours par la chance du débutant. Et s’achève toujours par l’épreuve du conquérant. Paul Coelho

Il s’en est passé des choses depuis le dernier article. Des soirées mouvementées derrière le bar, une sortie sur le bateau avec les touristes, des plongées avec les coraux, puis de nuit avec le plancton luminescent.

Des feux de camp, des couchers de soleil, des noix de coco récupérées à même le sommet de l’arbre. La création d’un punch pastèque, des rigolades, des engueulades, des rencontres, des retrouvailles, des séparations. Des gueules de bois, des diarrhées, des croûtes. Des balades dans la jungle, des siestes en hamac, et même une crêpe bretonne au chocolat…

Mais je n’arrive pas à écrire. Deux jours que je planche là-dessus et je fais plus effacer qu’avancer. Parce que en fin de compte, ce n’est pas de ça dont j’ai envie de vous parler.

J’ai rencontré cette fameuse « zone de confort » dont tous les backpackeurs parlent.

Ce moment où presque redevenue sédentaire, j’ai trouvé un « travail ». Réjouie de cette nouvelle expérience, je ne trouvais que des avantages à cette aventure. Une belle équipe, des tâches chouettes, un cadre idyllique. Nourrie et logée, pas besoin de refaire son sac chaque soir ! La brosse à dents peut rester dans la salle de bain, on sait où on dort demain et on finit par s’habituer. Et là, le danger nous guette. Tout n’est qu’une question de point de vue ! Un peu plus chaque matin on se demande quand est-ce qu’on va repartir. Tiraillée entre « Ouai mais j’suis bien là ! » et «Il se passe quoi ensuite ? », le calendrier qui tourne à une vitesse folle m'a aidé à trancher.

Il était temps pour moi de continuer le voyage comme je l’envisageais. Plier très sérrés les quelques vêtements, choisir quel truc on va laisser sur place ce coup-ci. Se renseigner à nouveau sur les transports et se re-lancer dans la course aux négociations & à la chasse aux infos. Et à nouveau, je me réjouis de ce que j’appelle les p’tits plaisirs du voyageur. Tomber sur des WC où il y a du papier, avoir sa propre prise électrique dans le dortoir et le top ce sont les draps propres. Du détail dira t-on !

Dans 72h cette parenthèse de 3 mois & demi se referme et je réalise ce dont j’aurais du mal à me passer au retour. Tous les jours un défi, tous les jours une nouvelle rencontre. On se partage nos vies autour d’un verre dans la salle commune des auberges, avec les 3 questions incontournables : Tu viens d’où ? Tu voyages depuis combien de temps ? T’es allé où depuis ce temps-là ? En quelques secondes on évalue le level de backpack : y a ceux qui sont partis il y a un million d’années et qui ont à peine un sac-à-dos, qui s’en foutent de noël et ne prennent même plus la peine d'appeler mamie. Y en a qui tiennent un carnet de voyage et d’autres qui collectionnent les capsules de bières de tous les pays. Certains restent 2 mois dans chaque pays quand d'autres font un continent en 1 mois et demi. Il y a les discrets, les fouteurs d’ambiance, les condescendants et les expérimentés. Une diversité de corps foulant la planète à la recherche de rien. Ce qui est génial et commun à tous ces profiles c’est qu’on ne les reverra pas. On se parle sans filtre. On tombe tous d’accord : On part avec quelques questions en tête, on revient avec le triple. Et chaque jour on apprend à dire « bonjour », « merci » et « bière » dans une langue différente. Surtout, on se partage nos p’tits malheurs : les bananes écrasées au fond du sac, le bus qui a fait 150 km de détour et le tuk-tuk qui t'a raquetté.

Elle est bien là, cette photo, non ? 

Entre nous on se parle de ce qui nous manque dans notre pays, de ce qu'on fuit, de ce qu'on veut changer en rentrant. Parfois on ouvre son cœur le temps d'une soirée avec des inconnus et d'autres fois c'est timides qu'on partage une visite le lendemain, qui peut s'avérer révélatrice et c'est dans ces cas là que je suis restée le plus de temps avec les gens.

Après être sortie de ma zone de confort sur l'île de Koh Rong, je suis partie à Siem Reap visiter les temples d'Angkor, majestueux, impressionnants.

Après 17h de bus me voici à Bangkok qui contre toute attentes, est une capitale qui me plaît! Les thaïlandais sont si souriants et aidant que je suis ravie de finir par cette ville.

Je termine cet article, qui sera le dernier, en répondant aux questions que j'ai souvent reçu :

Mon pays préféré lors de ce voyage ? Le Népal.

Ma plus grosse frayeur ? Quand je me suis fait courser par un buffle puis 2 chiens dans un champ sur une île laotienne, en pleine nuit, seule, puis que cachée entre des sacs de riz dans une grange dans laquelle j’ai couru non sans craquer mon pantalon par-dessus une barrière, des locaux sont venus me trouver après m’avoir cherché pendant des plombs, jusqu’à appeler le chef du village qui est arrivé avec un fusil. Me trouvant pétrifiée en position fœtus, ils braquent la torche dans ma face et après avoir compris qu’ils ne me feraient pas de mal, je me suis laissée raccompagner à mon bungalow. Ouf !

Mon plus gros choc émotionnel ? Quand le moine m’a pris par la main pour participer à une cérémonie au tout début du voyage, au Népal. Ce moment silencieux où j’ai lâché les vannes et que j’ai compris que je pouvais aimer l’espèce humaine.

L’expérience qui m’aura le plus appris ? Le trekk dans les Annapurna. Quand tu dois mettre ton esprit en accord avec ton corps.

Les éléments que j’espère conserver dans ma « vraie » vie ? Regarder moins l’heure, savoir demander de l’aide, encourager le hasard.

Les 3 indispensables dans mon sac à dos ? Mon doudou, mon passeport, mon carnet d’écriture.

Les 3 trucs inutiles ? Le surplus de vêtements, les médicaments, la tablette.

Les 3 trucs qui m’ont le plus manqué de la France ? Mon 2e doudou, le chocolat, vous.

Je rentre très très bientôt avec presque autant de peurs qu’à mon départ mais je suis comblée par ces semaines enrichissantes. Il est temps de reprendre un petit quotidien, temporairement, pour câliner mes amis, préparer des plats asiatiques à ma famille (maman tu peux déjà mettre du riz à cuire et papa tu peux faire le plein de rouleaux de PQ dans les wc !), décorer le sapin de noël, gagner des sous … avant de repartir … en Amérique du sud !


Merci de m’avoir lu, (comment ça fait meuf qui s'la joue grave) à plus de 2000 vues sur ce blog, ça fait environ 20 visites par jour, comptons 5 mn par visite, vous avez perdu à vous tous 1h40 par jour, alors que vous auriez pu aller prendre l'apéro.

J'ai mis du temps pour choisir quelle sera la dernière photo 
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Publié le 18 avril 2018

SAAAALUUUUT LES P'TITS GARS !!! 😀

Qu'est-ce que vous foutez encore là ? La suite du voyage se passe > ICI < maintenant!

Donc un petit CLIC pour rejoindre le nouveau lien, un 2 ème petit clic pour s'abonner, me faire plaisir, et vous faciliter la vie avec le même principe : un mail par nouvel article (tous les 5 jours environ, me mettez pas la pression si j'ai mis 6 jours ok on se détend c'est les vacances).

Et parce qu'on ne se marre jamais assez : on félicite tous Théo qui a ENFIN changé de short après 7 mois de voyage ! Lavé environ 2x entre temps, c'est passé sur la chaîne BBC News que de nouvelles bactéries encore jamais identifiées ont été découvertes dans ce nouvel écosystème qu'est le corps de ce mec sans race ni scrupule. Théo, on est contents pour toi, on est heureux pour ton entourage, et pour fêter ça, ON S'ABONNE TOUS A MON NOUVEAU BLOOOOOG !!! OUAAAAAI !!! (Moi, une profiteuse ? Pouwa ! Toi, mauvaise langue ouai.)

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