Carnet de voyage

Mathou en Asie

16 étapes
14 commentaires
🌻
Octobre 2022
10 semaines
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Vaccins, visa, et gros sac a dos de tortue : ça y est, je suis fin prête !

Je me trouve actuellement à l'aéroport d'Orly et m'envolerai à 6h10 vers Athènes, où je ferai escale avant de repartir pour Singapour. L'arrivée est prévue demain à 5h40 (heure locale).

Là-bas, je retrouverai Maryse (une très bonne amie de prépa, si vous n'avez pas la chance de la connaître), qui me fera visiter la cité-Etat où elle habite depuis quelques mois ! Nous avons aussi prévu de découvrir ensemble l'île de Tioman, puis Malacca, en Malaisie.

Je rejoindrai ensuite Mélina, une amie rencontrée à Milan, à Kuala Lumpur, la capitale malaisienne. J'espère avoir l'occasion d'assister à la fête hindoue de Deepavali, le festival des lumières (Deepavali signifie "rangée de lampes" en sanskrit) célébré le 24 octobre dans toute la Malaisie. Nous nous baladerons dans la péninsule jusqu'à la fin du mois d'octobre, mais n'avons pas de programme précis pour l'instant.

Le 1er novembre, je quitte Kuala Lumpur pour New Delhi, en Inde. Je rejoindrai Rishikesh et suivrai ma formation de prof de yoga du 2 au 27 novembre. Il me restera ensuite du temps libre pour visiter le Nord de l'Inde avant mon vol de retour, le 20 décembre.


Voilà l'itinéraire pour l'instant ! J'ai hâte de vous raconter mes aventures ❤


Très impatiente de dormir 😴
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Nous nous sommes bien retrouvées vendredi matin avec Marysette ! Après une longue... très longue sieste, nous sommes sorties en début de soirée nous balader dans le centre d'affaire et jusqu'au quartier de Marina Bay, nommé d'après l'iconique hôtel de Singapour. Là, nous avons admiré le spectacle d'eau et lumière, Spectra, qui a lieu chaque soir.

Samedi, nous avons randonné autour de la réserve naturelle de MacRitchie, où nous avons croisé beaucoup de macaques et quelques varans, entourées du chant des oiseaux tropicaux et du crissement des cigales. Nous avons encore admiré la faune et la flore singapouriennes dimanche, lors de notre excursion à vélo sur l'île de Pulau Ubin, au nord-est de Singapour.

Pour l'instant, il fait plutôt bon vivre ici : la cohabitation entre immenses tours et végétation luxuriante me plaît beaucoup, la ville est animée jusqu'à tard, très propre et sûre. La population est internationale, il est donc facile de se fondre dans le décor. Il y a 4 communautés ethniques à Singapour : Chinois (74%) Malais (14%), Indiens (9%) et "Others" (3%).

Le respect de la diversité ethnique et religieuse est une pierre angulaire de la culture singapourienne, mais c'est une conception bien différente de la France; par exemple, un journal comme Charlie Hebdo serait probalement considéré comme inacceptable ici. Voici un article que j'ai trouvé très intéressant sur le sujet:

https://lepetitjournal.com/singapour/diversite-voulue-identite-singapourienne-316143

Cependant, comme dans tout semblant d'utopie, le revers de la médaille peut paraître effrayant : qui ne suit pas les règles s'expose à des représailles qui vont de l'amende à la peine de mort, en passant par les coups de bâton ("caning"). La délation est encouragée, avec des numéros de téléphone affichés dans les rues ou les transports pour denoncer un concitoyen qu'on aurait vu jeter un papier par terre (5000$ d'amende), mâcher du chewing-gum (1000$) ou... nourrir les pigeons (10,000$).

Bref, ça ne rigole pas trop. Nous nous tiendrons donc à carreau jusqu'à notre depart vendredi matin. Nous n'irons finalement pas sur l'ile de Tioman qui est fermée pour cause de mousson, snif, mais irons directement à Malacca, à 4h de bus d'ici. Ce sera l'occasion de passer plus de temps dans cette ville malaisienne classée au patrimoine mondial de l'UNESCO !


Je vous embrasse ❤ 🇸🇬

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Cette semaine, Maryse avait cours, alors je me suis promenée dans les différents quartiers de Singapour selon ses recommandations.

Dans Chinatown, j'ai visité des temples bouddhistes et taoïstes, notamment un abritant (parait-il) une dent de Bouddha. J'ai aussi goûté au petit-déjeuner typique de Singapour : des toasts tartinés de kaya, une pâte à base de lait de coco sucré, des œufs et du café.

Dans Little India, j'ai traversé les marchés parfumés de fleurs et d'épices. Le quartier était spécialement décoré pour Deepavali, la fête hindoue des lumières. Jai aussi versés ma première larme au restaurant pour cause de plat trop épicé. 🥲

J'ai aussi beaucoup aimé Katong et ses shophouses colorés, et les Gardens by the bay avec leurs constructions futuristes en forme d'arbres recouverts de plantes grimpantes. Le soir, nous avons admiré le spectacle en plein air des "arbres" qui s'illuminent en musique.

Hier, réveil à 5h30 pour un cours de yoga au lever du soleil, sur le toit du Marina Bay Sands avec Maryse et Amélie. La vue depuis là-haut était superbe ! Les filles avait ensuite un oral à l'ESSEC, alors j'ai fait un tour dans le quartier colonial, avec ses grands édifices victoriens dont certains ont été reconvertis en musées. La National Gallery exposait Chua Mia Tee, qui a beaucoup peint la Singapour des années 1950 à 1980 et ses protagonistes; j'ai beaucoup aimé !

Nous sommes desormais toutes en week-end, et avons pris le bus ce matin pour Malacca, la plus ancienne ville de Malaisie. Nous y serons ensemble jusqu'à dimanche.

Plein de bisous et a bientôt pour la suite des aventures ! ❤ 🇸🇬 🇲🇾


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Maryse, Amelie et moi avons passé 3 jours dans la plus ancienne ville de Malaisie, Malacca.

Située à une position stratégique, proche du détroit qui porte son nom, Malacca fut colonisée successivement par : les Portugais, les Hollandais, les Anglais, puis les Japonais. Chacun a mis son grain de sel dans l'architecture de la "Place rouge", porte du centre ville, envahie par les tuktuks à vélo, musicaux et kitsch à souhait.

Nous nous sommes promenées de temple en temple à Chinatown, puis avons parcouru son night market qui alignait stands de fruits exotiques, contrefacons de parfums, brochettes de poulet ou de calamar, bijoux, glace à la noix de coco... les filles m'ont fait découvrir le mango sticky rice, une spécialité thailandaise, et la tiger beer, la bière que l'on trouve partout en Asie du sud-est.

Samedi, nous sommes montées jusqu'aux ruines de l'église Saint paul, puis avons visité une maison baba nyonya (les babas sont les hommes et les nyonyas les femmes de la communauté Peranakan, qui descend de l'union des femmes malaises avec les marchands chinois arrivés dans les colonies britanniques des détroits, à Malacca, Penang et Singapour). Nous avons marché le long de la rivière entre les maisons recouvertes de street art, puis jusqu'à une mosquée avec vue sur la mer, de laquelle nous espérions voir le coucher du soleil. Raté, on s'est pris un énorme orage ! Le soir, nous avons fait la fête avec un groupe mi-malaisien, mi-européen, rencontré à l'auberge de jeunesse.

Le lendemain, nous sommes allées voir une autre maison Peranakan, qu'Ibrahim, dernier survivant des 12 enfants du constructeur de la maison, nous a fait visiter. Je crois que c'est la visite que nous avons toutes préférée, très touchante et pleine d'histoire. Nous avons longuement papoté de nos familles et il nous a fait signer le livre d'or, qui tient en une vingtaine de volumes !!

C'est ainsi que s'est terminé le voyage avec Maryse et Amélie... Nous avons chacune repris nos bus respectifs pour Singapour et Kuala Lumpur dimanche en fin d'après-midi.


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Je suis arrivée dimanche soir à Kuala Lumpur (KL pour les intimes).

La capitale de la Malaisie se trouve au croisement des rivières Klang et Gomak, d'où son nom qui signifie littéralement "confluent boueux". Comme à Singapour et Malacca, plusieurs ethnies et religions s'y croisent; c'est une ville étonnante qui mêle temples, mosquées, petites échoppes à l'ancienne et immenses tours. Elle est hybride, moins verte et plus effervescente que Malacca; les mauvaises langues diraient que le petit surnom de "Kuala l'impure" que Jean Cocteau lui avait trouvé (Mon premier voyage, 1936) est presque encore d'actualité..!

Nous nous sommes retrouvées avec Mélina et avons marché parmi les feux d'artifice lancés a minuit pour Deepavali un peu partout dans les rues. Le lendemain, nous nous sommes baladées dans Chinatown, où nous avons admiré des temples taoïstes et bouddhistes. Nous avons aussi visité le très beau temple hindou de Sri Maha Mariamman où se déroulait une cérémonie pour Deepavali. Nous avons parcouru deux marchés de nuit, celui de Jalan Petaling plutôt dédié aux contrefacons, puis celui de Jalan Alor, proche de chez nous rempli de petits stands de street food en tout genre. J'ai enfin goûté le durian, dans un beignet ! Verdict : pas fan, je me suis rabattue sur le délicieux mango sticky rice, une valeur sûre.

Mardi, nous nous sommes levées aux aurores pour aller à Batu cave, une grotte de calcaire dans laquelle se trouve un temple hindou dédié à Muruga, la divinité hindoue de la jeunesse et de la beauté, symbolisée par le paon. Nous avons assisté à une des cérémonie du mariage (le mariage hindou se célèbre en général sur plusieurs jours), durant laquelle un jeune couple a échangé devant l'assemblée des fleurs, des oranges et d'autres offrandes.

Ensuite nous nous sommes dirigées vers le centre, à Merdeka square, la place de l'indépendance, où le drapeau anglais fut abaissé en 1963 et remplacé par le drapeau malaisien. Y sont aussi dressés les drapeaux des 13 états et 3 territoires fédéraux de la Malaisie. Nous avons visité la plus ancienne mosquée de la ville, qui date de... 1909, très belle et assortie au palais du sultan qui la côtoie. Enfin, direction Little India, puis KL city center, où les tours Petronas nous ont donné le vertige, tant vues d'en bas que d'en haut, depuis le rooftop bar où nous avons bu un verre.

Nous sommes parties en bus ce matin pour la prochaine étape, les Cameron Highlands. Comme leur nom l'indique, les Highlands sont un peu plus haut, dans la chaîne de montagnes de Titiwangsa. La région est célèbre notamment pour ses plantations de thé. Nous y arriverons autour de 13h!


A bientôt, bisous !! ❤🇲🇾

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Nous venons de passer trois jours avec Mélina aux Cameron Highlands, au nord de la péninsule. Nous logions dans une auberge toute cosy à Tanah Rata, à environ 1400m d'altitude. Ici, l'atmosphère est plus fraîche et tranquille que dans la capitale, et ce fut une excuse bienvenue pour prendre le temps de se cocooner, de lire, d'appeler nos proches et de discuter longuement autour d'un jus de fruits ou d'un thé.

Beaucoup de malaisiens viennent passer des vacances en famille ici. Il y a peu d'européens, et plusieurs touristes nous ont demandé de prendre des photos avec eux..! Ça fait bizarre la première fois, mais ça a aussi été l'occasion de discuter un peu. Deux mamies très mignonnes venues en vacances avec leur grande famille nous ont appris à dire "je t'aime" en malais : saya cinta awak! ❤


La région est célèbre pour ses plantations de thé, qui offrent un panorama vallonné aux magnifiques nuances de vert. Nous avons visité celles de la marque BOH Tea, qui assure environ 70% de la production du pays.

La fraise est l'autre culture phare du coin (d'ailleurs, les serres défigurent un peu le paysage), elle est déclinée en plein d'objets kitsch et très drôles dans les magasins de souvenirs. Petit coup de coeur pour les cache-oreilles fraises... il y a aussi des petites tables-fraises et chaises assorties, très Animal Crossing, dans les rues et les magasins.

Dans le Lavender Garden, nous avons vu les plants de lavande de Taïwan, aux fleurs un peu différentes de celles que l'on trouve en Provence ! Nous avons eu l'occasion de goûter la glace à la lavande, et le miel des ruches de la Bee Farm.


Nous avons aussi profité d'une nature un peu plus "sauvage" lors d'une randonnée dans la jungle, pour gravir le mont Gurung Berambun (1840m) ! Nous avons bien crapahuté entre racines d'arbres centenaires, feuilles de bananiers, fougères géantes... Nous n'avons pas croisé d'animaux, mis à part un lézard géant qui s'est abrité de la pluie sous un tronc tombé en travers de la route, et quelques énormes (effrayants) mille-pattes noirs aux pattes rouges. La mousson qui arrive en général dès le début d'après-midi nous a bien eues, et nous sommes rentrées trempées comme des soupes et pleines de boue à l'auberge. Ça fait partie de l'aventure !

Nous avons pris le bus cet après-midi pour rentrer à Kuala Lumpur, et nous nous séparerons déjà demain (snif !). Méli va rejoindre des amis de ses grands-parents au Vietnam, et je m'envole pour l'Inde ! La formation de yoga commence le 2 novembre. J'ai hâte !


Je vous embrasse très fort, gros bisous ❤

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Je vous écris depuis les airs et quand vous lirez ce message, je serai arrivée en Inde ! 🇮🇳

Mis à part mon voisin qui a renversé son jus d'orange sur mes groundies, le vol se passe à merveille. Je profite de ce temps pour lire le Routard et planifier un peu le voyage.

J'atterrirai à Delhi vers minuit 30, puis je rejoindrai Rishikesh (nous nous partageons un taxi avec Carolin, une allemande qui arrive en même temps que moi a l'aéroport), où je suivrai ma formation jusqu'au 27 novembre. Je vous joins une carte, sur laquelle j'ai souligné en vert les villes où j'irai bien faire un tour après la retraite (ou pendant pour celles qui sont proches de Rishikesh, comme il n'y a pas de cours de yoga le dimanche !).

Je vous mets également dans les photos le programme des cours. La journée type commence a 6h du matin (gloups), et il y aura 4h de pratique du yoga hatha et vinyasa, 1h30 de cours d'anatomie, 2h de philosophie et 1h de méditation chaque jour.

J'aurai du wi-fi, mais je pense me déconnecter un peu plus que ces dernières semaines, je vous écrirai le week-end.

Je pense fort à vous d'ici. Gros bisous !! ❤

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J'ai quitté l'ashram de Triguna Yoga ce matin, non sans émotion... Ci-dessous un résumé des dernières semaines !


La journée type ressemblait à ça :

5h30 réveil

6h00-7h30 Hatha yoga dans le dôme, au lever du soleil

7h30-8h30 shatkarma ou pranayama

8h30-9h chant de mantras

9h-10h petit dej

10h-11h30 philosophie

11h30-13h alignment

13h-15h pause dej

15h-16h anatomie

16h-17h30 Yoga ashtanga sur le toit de l'ashram, au coucher du soleil

17h30-18h pause thé

18h-19h méditation

19h dîner

21h30 ronpiche


Les trois premiers jours ont été synonymes de nettoyage du corps et de l'esprit : un shatkarma, ou lavement yogique, chaque matin, puis une session d'acupression et détox émotionnelle chaque soir après les cours.

Les lavements yogiques furent parfois étonnants : nettoyage des sinus avec un petit tube en latex a faire passer entre la narine et la gorge, et une sorte d'arrosoir pour faire passer de l'eau salée d'une narine à l'autre; désacidification de l'estomac en buvant de l'eau salée et en la vomissant à jeun; bains de boue sur les yeux (pas fait car j'ai les yeux sensibles) et le ventre pour se décongestionner; et lavement intestinal pour nettoyer notre gros intestin (et achever de souder le groupe autour de cette expérience définitivement particulière).

La détox émotionnelle consistait à nous masser en binôme des points musculaires des jambes reliés à d'autres parties du corps : mollets (genoux et bas du dos), avant et arrière de la cuisse (haut du dos et épaules). J'ai beaucoup aimé, j'avais beaucoup de tension dans le mollet droit; le docteur a observé ma façon de marcher et m'a dit que cela pouvait venir d'émotions non exprimées notamment de colère... Je ne sais pas trop quoi en penser, c'était aussi peut-être simplement des courbatures de la course à pied. Mais en tout cas ça m'a détendue (douloureusement).

Les jours suivants, les lavements yogiques ont été remplacés par le pranayama (exercices de respiration), et la "emotional detox" par les cours d'anatomie et de méditation.

Nous avons changé de style de méditation chaque soir : danse extatique, chant, cris, bruits d'animaux, yoga du rire, concentration sur la respiration ou sur une bougie, bols tibétains... C'était super intéressant, parfois drôle et parfois un peu éprouvant. J'en ai abandonné deux en cours de route, une qui consistaient à hyperventiler à grand bruit, l'autre a faire une succession de sons étranges pour libérer les chakras. Quand la méditation me correspondait bien (top 3 : danse, bols tibétains et rire), j'ai ressenti après coup une grande clarté d'esprit et beaucoup d'énergie, et ai souvent passé du temps à lire ou écrire ensuite.


Tous les repas étaient végétariens et equilibrés selon les principes de l'ayurveda (médecine alternative de la nutrition, cf ce lien si cela vous intéresse : https://www.ayurveda.com/ayurveda-a-brief-introduction-and-guide/).

Voici mon best of personnel des petits plats qu'on a dégustés : kheer (riz au lait de coco et épices), aloo paratha (pancakes salés), poha (riz jaune aux épices, citron et noix de cajou), sabudana khichdi (perles de tapioca salées), chapati (sorte de pain plat et rond proche du naan), besan halwa (dessert a la noix de cajou), palak saag (tofu aux epinards), palak paneer (sorte de fromage dans une sauce aux épices, raisins secs et noix de cajou), kachori (beignets a pate fine salés avec une sauce au miel et sirop).

Nous avons aussi suivi un cours de cuisine un dimanche après-midi avec quelques copains de l'ashram. Au menu : dahl (soupe de lentilles), dosa (sorte de crêpe / feuille de brick avec un mélange de pomme de terre au cumin et feuilles de curry à l'intérieur), chutney au tamarind et chai masala. Miom!


Nous sommes 4 à avoir fêté notre anniversaire pendant la formation ; ces soirs-là, on a mangé du gâteau, dansé et chanté dehors sous la pleine lune ou autour d'un feu. J'aime bien cette façon de faire la fête : tôt (tout le monde au lit a 23h max, il faut être en forme pour les salutations au soleil) et sans alcool ! J'ai été la première a le fêter, la surprise m'a vraiment émue, ce sera un anniversaire mémorable... Prakash et Samadhi (les "boss" de l'ashram) m'ont offert un livre de poèmes de Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature, qui m'a beaucoup touchée.


Les samedi étaient des jours spéciaux, ceux de nos propres cours ! Nous étions séparés en trois groupes de 5 et chacun faisait classe aux autres élèves de son groupe. Ça fait beaucoup de yoga en un jour, mes petits bras en compote vous le confirment.

Le dimanche, jour de repos (youhou !), grasse mat de rigueur, puis chacun fait sa vie : musique, lecture, shopping a Rishikesh, etc. Prakash et Samadhi ont organisé un dimanche une excursion jusqu'à un temple un peu plus haut dans la montagne, afin de voir le lever de soleil sur l'Himalaya... quel moment magique !

Le 24 novembre a eu lieu notre examen pratique : chacun a préparé et donné un cours de 45min. Le 25, c'était l'examen écrit, puis la cérémonie de fin. Tout le monde a réussi sa certification, nous avons chanté des mantras autour d'un feu et encore fait la fête hihihi. Puis échangé des câlins (et parfois quelques larmes) avec celles et ceux qui rentraient chez eux. Nous sommes plusieurs à rester quelques jours à Rishikesh avant de voyager dans le reste de l'Inde, nous nous recroiserons probablement.


Nous avons rejoint la ville ce matin avec Carolin, Monja et Hanne en tuktuk, avec qui je voyagerai dans le Rajahstan ensuite.

Nous allons passer deux jours à Rishikesh, avant de partir en bus de nuit pour Jaipur dimanche soir ! L'aventure commence !!


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Rishikesh, la "ville des sages" (rishi = sage) est une ville assez touristique où il fait bon flâner, prendre du temps pour soi, faire du yoga et méditer. Des babas cools venus des quatre coins du monde déambulent en sarouel de restaurant vegan en boutique de lithothérapie. Je suis donc totalement dans mon élément hihihi.

C'est étonnant car les touristes indiens, qui passent le week-end ici entre amis, ne viennent pas du tout pour les mêmes raisons que les occidentaux en "quête spirituelle" : à Rishikesh, l'ambiance étant plus détende que dans le reste de l'Inde, ils peuvent fumer, boire et faire la fête en toute tranquillité (c'est interdit dans d'autres états). Deux salles deux ambiances donc. Les indiens que l'on a rencontrés sont en général très amicaux, sympathiques et curieux (parfois intrusifs ? Je suis toujours un peu brusquée quand on me demande si je suis mariée), et on a l'occasion en discutant d'en apprendre un peu plus sur la politique et la culture du pays !

Nous avons passé 2 jours à Rishikesh, l'occasion de prendre le temps de "digérer" la retraite de yoga avant la suite du voyage, et de faire réparer mon sac à dos qui était déchiré de partout.

Nous avons assisté à la cérémonie des lumières sur le Gange, "Ganga Aarti", et visité l'ashram de Maharishi où les Beatles se sont initiés à la méditation transcendentale. J'ai aussi tenté une session de sonothérapie (sound healing), et une consultation d'ayurveda.

Nous avons pris le bus de nuit couchette dimanche soir. Jai oublié ma trousse de toilette à l'auberge, oupsi, mais Monja qui y reste un peu plus longtemps avant de nous rejoindre pourra me la rapporter. Les bus de nuit indiens sont : ultra stylés ! Flixbus peut aller se rhabiller... On est même arrivés à l'heure, et nous sommes à Jaipur avec Hanne et Carolin depuis ce matin (lundi).

Bonne semaine en France et plein de bisous ❤

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Notre première étape dans le "pays des rois" fut Jaipur, la capitale du Rajahstan, fondée en 1727 par le maharaja Sawai Jai Singh II. C'est la première ville planifiée de l'Inde : elle est organisée en 9 carrés, qui correspondent chacun a une planète de l'astrologie indienne.

Jaipur est à l'image de ses habitants : esthétique et élégante, avec sa vieille ville toute de grès rose (en réalité, une bonne partie était blanche et fut peinte en rose, couleur de l'hospitalité, lors de la visite du prince de Galles en 1876), mais aussi très animée et intense, entre klaxons incessants et marchands de rue très motivés pour nous vendre leurs marionnettes, bijoux, peintures sur bois...

Les édifices de Jaipur mêlent avec raffinement style rajpoute (hindou) et moghole (islamique). L'empire moghole régna sur le Nord de l'Inde entre 1526 1857, mais s'entendait bien avec les rajpoutes, fins diplomates, ce qui a permis aux deux styles de prospérer au même moment. Si ça vous intéresse, voici un article qui résume bien les nombreux styles architecturaux présents en Inde : https://magikindia.com/fr/histoire-de-larchitecte-en-inde/


Le premier jour, nous avons visité le Palais des Vents (Hawa Mahal), qui accueillait autrefois les femmes de la cour (ou plutôt le harem du maharaja). Nous avons ensuite marché dans le Jantar Mantar, l'observatoire astronomique du maharaja, nous sommes baladées dans Tripoli bazar, et enfin sommes montées dans Ishwar Lat, une tour construite par le fils du fondateur de Jaipur, d'où l'on a admiré la jolie vue sur toute la ville au coucher du soleil.

Le deuxième jour, nous avons profité de l'atmosphère calme et sacrée qui règne au Gaitore Ki Chhatriyan, "la dernière demeure des âmes des défunts", un jardin où se trouvent les cénotaphes des maharajas, tous en marbre blanc sculpté. Nous avons sympathisé avec notre chauffeur de tuktuk, Asif, qui nous a conduit au fort d'Amber, très impressionnant et surplombant la vieille ville. Tuktuk, musique a fond, nous sommes ensuite montés jusqu'au fort de Nahargarh, ou nous avons pris l'apéro au coucher du soleil avec Asif et Savi, un indien rencontré à l'auberge de jeunesse. Sur le retour, nous sommes passées admirer le Jal Mahal, Palais sur l'eau qui se reflète sur le lac Man Sagar.

Le dernier jour, nous avons visité le City Palace, puis les filles sont parties faire du shopping, et je suis restée dessiner et écrire dans le café du musée. Enfin, pour notre dernier soir, Savi nous a emmenées dans un très chouette restau de street food (la street food pas dans la street a l'avantage de limiter le risque d'intoxication alimentaire !)


Puis nous avons dis au revoir à Hanne qui est rentrée à Madère, et Carolin et moi sommes parties prendre notre bus de nuit pour Agra. Nous y resterons la journée seulement, avant de repartir vers Pushkar.

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Nous sommes arrivées le 1er décembre vers 3h du matin à Agra, la ville du Taj Mahal. La nuit fut très courte, nous nous sommes levées aux aurores pour visiter le Taj Mahal dès son ouverture (à 6h). Nous avons aussi retrouvé la Moonie (Monja), qui était restée à Rishikesh pendant que nous étions à Jaipur !

Moi qui pensais que le Taj Mahal était une étape de touristes, à voir parce que bon c'est une merveille du monde quand même, j'ai finalement été très impressionnée par l'atmosphère qui y régnait. L'effet de surprise quand on passe la porte de grès rouge qui dissimule le Taj, les brumes du matin et le lever de soleil sur le palais, et enfin la salle du mausolée dans laquelle reposent Mumtaz Mahal (l'épouse du maharaja Shah Jahan, pour qui il a fait construire le monument) et Shah Jahan, m'ont presque donné les larmes aux yeux.

Autre moment riche en émotions, le dîner au Sheroes hangout café, tenu par des femmes survivantes d'attaques à l'acide. Cela arrive encore en Inde : si un homme veut vous épouser et que vous refusez, ou si vous tombez enceinte hors mariage, ou autre événement qui "déshonore" votre famille, on va acheter du vitriol en vente libre et vous le balancer au visage. 300 attaques sont encore reportées chaque année... les bénéfices du restaurant et de la boutique vont à la chirurgie faciale des victimes et à leur réinsertion professionnelle. Voila leur page instagram: https://instagram.com/sheroes_hangout?igshid=YmMyMTA2M2Y=


Nous sommes ensuite reparties, toujours en bus de nuit, vers Pushkar, ou nous sommes arrivées vendredi matin.

Pushkar est une ville sainte de l'hindouisme, dans laquelle se trouve le seule temple du pays dédié à Brahma (l'un des 3 dieux majeurs hindous, avec Vishnu et Krishna). Elle est construite sur un lac entouré de ghats : ces marches desquelles on descend pour aller faire le rituel journalier de la puja (offrandes aux dieux et prières). J'y ai rencontré Kuldeep, un apprenti brahmane, avec qui nous avons beaucoup échangé sur les rituels qui rythment son quotidien et les religions.

C'est aussi une ville très calme, relativement peu polluée, avec peu de circulation. Beaucoup d'occidentaux un peu hippies y passent plusieurs semaines ou mois. Nous avons rencontré une dame qui a grandi a Versailles et fait le lycée Hoche (!), aujourd'hui designer de bijoux en argent et de vêtements, une québécoise anti-vax qui a passé malgré elle le confinement ici, puis finalement s'est attachée et y est restée, et une anglaise passionnée de moto qui s'est aussi confinée en Inde, à Rishikesh, et a écrit un livre sur cette expérience.

Nous avons profité des deux jours passés ici pour nous reposer, faire une petite randonnée jusqu'à un temple sur une colline qui surplombe le lac, et admirer les paysages depuis les nombreux restaurants et bars sur les toits de la ville.

Nous avons aussi vu défiler les cortèges et fanfares des mariages : c'est la saison en ce moment, car d'après le calendrier lunaire, novembre et décembre sont des mois de bon augure. C'est aussi bien pratique car la période est plus fraîche et moins pluvieuse que le reste de l'année. Nous avons donc admiré dans les rues les femmes en sari coloré qui dansent avec la future mariée jusqu'au temple, pendant que le futur marié arrive de l'autre côté de la ville sur un cheval richement décoré, entouré d'hommes en bel habit et turban de fête, qui jouent de la musique et glissent des billets dans toutes ses poches (pour un mariage prospère). Tres chouette spectacle !


Enfin, nous avons pris le bus de nuit (oui, encore hihi) jusqu'à Udaipur.

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Caro et moi sommes arrivées à Udaipur dans la nuit de samedi à dimanche, pile en même temps que... les délégations des pays participant au pré-comité du G20 (G20 Sherpa Committee) du 4 au 7 décembre ! Le "vrai" G20 aura lieu à Delhi en septembre 2023, c'est le premier qui se tiendra en Inde. Les principales attractions touristiques sont donc fermées et gardées par la police, snif.

La ville fut fondée au XVIe siècle par Udai Singh II. Elle est entourée de sept lacs (artificiels, qui lui servent de réserves en eau), et a un petit air de Venise. On peut profiter de son charme en marchant tranquillement dans ses ruelles étroites, bordées de galeries d'art, de superbes maisons à l'ancienne, de bijoutiers et de tailleurs. Nous avons aussi assisté à un très beau spectacle de danses traditionnelles du Rajahstan. Pour l'instant, Udaipur est ma ville préférée parmi celles que nous avons visitées !

Les alentours d'Udaipur ne sont pas en reste et offrent des paysages sublimes, que nous avons admirés lors d'une randonnée jusqu'au Monsoon palace. Son nom vient de sa position stratégique qui permettait a l'époque de voir arriver les nuages de la mousson.

Je me pensais miraculée mais cela devait finir par arriver : j'ai fait une intoxication alimentaire hier... nuit mouvementée et journée au lit donc (pendant laquelle j'ai pu vous écrire cette petite newsletter !). Je suis maintenant remise, ouf, et Carolin est partie il y a quelques heures pour rentrer en Allemagne.

J'ai une journée seule devant moi demain, j'irai sûrement visiter le City Palace qui a rouvert, et prendre un cours de peinture sur soie avec un artiste rencontré ces derniers jours. Je rejoindrai ensuite Jaisalmer, tout à l'ouest de l'Inde, ou je retrouverai Monja !

Pour la suite de l'itinéraire, nous resterons quelques jours à Jaisalmer avec Monja, puis irons ensemble à Jodhpur. J'aimerais aussi visiter Khajuraho et Varanasi avant la fin du voyage, puis passerai quelques jours à Delhi d'où je prends mon vol retour !

Gros bisous ❤

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Jaisalmer fut fondée en 1156 par le prince rajpoute Rawal Jaisal (d'où son nom !), à l'entrée du désert du Thar, tout à l'ouest de l'Inde. Le cœur de la ville est une forteresse entourée de remparts, dans le même style qu'Avignon ou Carcassonne. Les bâtiments sont faits de calcaire doré finement ciselé, et les toits souvent transformés en restaurants permettent d'admirer la ville dans toute sa splendeur, dans et hors des murs, le lac, et le désert au loin.


Nous nous sommes retrouvées avec Moonie et avons flané entre les temples jaïns et les vendeurs d'écharpes en poil de dromadaire. Au coucher du soleil, nous avons fait un tour sur le lac à bord d'un superbe pedalo-hippopotame.

Le lendemain matin, j'ai fait un tour à l'hôpital (!) avec Ba, le monsieur de l'hôtel : son bébé chien m'a mordue, et j'ai eu peur d'avoir un risque d'attraper la rage... Finalement les médecins ont confirmé qu'il n'y avait aucun risque (car je n'ai pas saigné). Et Ba m'a dit que tant qu'à faire il allait consulter car il avait besoin d'un dentiste. Conclusion : pas de rage mais une rage de dents hihihi. J'ai été étonnée d'apprendre que la consultation médicale est 100% remboursée par l'état indien !

L'après-midi, nous sommes parties pour une excursion dans le désert. Après une petite marche a dos de dromadaire, nous avons admiré le coucher de soleil sur les dunes, puis avons dîné au coin du feu avec un couple d'allemands et nos deux guides indiens. Entre la tombée de la nuit et le lever de la lune, nous avons pu observer les étoiles, quelques planètes et la voie lactée.

Puis nous avons dormi à la belle étoile, il a fait un peu froid malgré les deux couvertures. Nous nous sommes réveillés au lever du soleil et dans un silence à couper le souffle, qui surprend (et fait beaucoup de bien, disons-le) après l'agitation et le bruit incessants des villes indiennes. Enfin, nous sommes rentrées au village pour 11h.


Nous avons embarqué dans notre premier train du séjour cet après-midi, en route pour Jodhpur ! Nous sommes en 3e classe, c'est plutôt confortable, avec un oreiller et des draps fournis.

Les conclusions de l'étude comparative bus/train sont donc les suivantes :

- le bus de nuit est plus silencieux, et permet plus ""d'intimité"" car on peut fermer sa cabine; ce qui implique aussi moins de risque de tomber. C'est bien pour dormir, de toute façon c'est la seule chose qu'on peut faire car en général pas de prise, parfois pas de lumière et ça secoue beaucoup plus;

- le train est plus divertissant, on peut admirer le paysage par la porte ouverte entre les wagons (comme dans The Darjeeling Limited ou sur les photos de Steve McCurry!). On peut aussi pratiquer des activités telles que lire ou aller aux toilettes, toutes deux impossibles en bus de nuit;

- en bus comme en train, choisir les lits du haut pour éviter que votre voisin du dessus ne renverse son chai sur votre soyeuse chevelure.


Voilà pour les nouvelles. Bisous ❤

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Monja et moi avons passé un jour ensemble à Jodhpur, deuxième ville du Rajahstan (après Jaipur), fondée en 1459 par Rao Jodha.

Nous avons exploré le fort de Narhangarh, et la vieille ville aux maisons toutes peintes de bleu, couleur du dieu Shiva; cela signifiait l'appartenance des familles à la caste des brahmanes (les prêtres, la plus haute caste).

Puis Monja est repartie pour Udaipur, et je suis restée un jour de plus à Jodhpur. J'ai passé l'après-midi dans l'atelier de Vijay, peintre de miniatures, qui m'a initiée à sa technique ! Cette star est passée dans le journal de Claire chazal, vous pouvez voir sur ce lien à 3:00 : https://youtu.be/EBnEnRurWSs


Le mercredi 14 au soir, je suis repartie en bus vers Agra, où m'ont rejointe Apo, mon ancienne coloc de Milan, et Greg, qu'elle a rencontré pendant son échange. Trop heureuse de retrouver la Apo et de se raconter nos impressions et expériences de cet incroyable pays !

Nous avons visité ensemble Fatehpur Sikri, choisie par l'empereur moghol Akbar pour y installer sa cour, et finalement abandonnée une quinzaine d'années plus tard. Nous avons déambulé dans un palais à ciel ouvert, en grès rouge, et une grande mosquée qui abrite le tombeau de Cheikh Salim Chisthi. CSC était le conseiller personnel de l'empereur, qui avait peur de ne jamais avoir de descendance, et lui prédit qu'il aurait bien un fils. Quand ce fameux fils arriva, l'empereur choisit pour remercier CSC de construire sa capitale a l'endroit de l'oracle. Aujourd'hui, les couples viennent y offrir des foulards et des fleurs et demander au ciel un enfant sur sa tombe. Carla Bruni elle-même (!) est venue ici avec Nicolas Sarkozy prier pour avoir un fils en 2010. Le Time of India a consacré un article à sa grossesse quelques mois plus tard : https://m.timesofindia.com/india/carla-brunis-prayers-at-fatehpur-answered/articleshow/8431300.cms


Enfin, je suis repartie le soir même en train de nuit jusqu'à Varanasi. Je voyagerai maintenant seule jusqu'à mon retour en France, déjà dans 5 jours !

Bisous ❤


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Varanasi, anciennement appelée Bénarès, se trouve à l'est de l'Inde, sur le Gange. Voici une citation (trouvée dans le Routard) sur cette ville si intense, la plus marquante du voyage :

"Il est des villes - telle Bénarès - encore tellement imprégnées de prières, malgré l'invasion du doute moderne, que l'on y est plus qu'ailleurs libéré d'entraves charnelles, et plus près de l'infini" - Pierre Loti

Je suis arrivée à Varanasi, seule, après un trajet de 14h. Le train traversait les sublimes paysages de la campagne indienne, et son allure plutôt (très) lente m'a permis d'observer à loisir les enfants à vélo sur les chemins de terre sèche, les femmes en sari coloré dans les champs, les vaches se baladant avec la nonchalance que leur confère leur statut d'animal sacré...

Varanasi est la ville la plus sainte de l'hindouisme, c''est un peu la Lourdes indienne : les malades y viennent en pèlerinage, les croyants s'y purifient de leurs péchés dans le Gange, et surtout, les familles hindoues viennent y incinérer les corps de leurs défunts, car elles considèrent que finir sa vie ici libère l'âme du cycle des réincarnations. La foule est compacte, les vendeurs de tissus et d'artisanat sont aux aguets, et on y croise bien plus qu'ailleurs des mendiants estropiés et des sadhus. Les sadhus, ou babas, ce sont ces hommes vivant presque nus, le peu de tissu qu'ils portent étant orange, avec une longue barbe et parfois des dreadlocks attachés en chignon, qui ont abandonné les désirs de ce monde et le confort matériel, dans une démarche spirituelle. Ils vivent de la mendicité, parfois en s'infligeant en plus des souffrances pour se libérer de l'enveloppe charnelle; déjà, avoir froid, mais aussi vivre les bras levés en permanence, rester tête en bas pendu à un arbre...

Le premier jour, je me suis reveillée aux aurores pour le lever de soleil. J'ai pris un bateau pour touristes indiens qui a longé les ghats (ces petites marches qui descendent vers le Gange) et mes voisins m'ont expliqué les particularités de chacun : ici, la cérémonie de la puja, là les crémations, là encore, les cours de yoga journaliers...

Un garçon m'a guidée entre les nombreux bûchers pour tout m'expliquer sur le rituel de la crémation. Moment intéressant, mais assez inconfortable pour moi, d'une part à cause de la fumée étouffante, d'autre part car les bouts de membres que l'on distinguait en train de brûler m'ont donné la nausée.

Autre chose qui m'a un peu choquée fut les animaux vivants attachés au temple de Shiva par les pèlerins et abandonnés là comme offrande, notamment un mouton aux ongles trop long qui ne tenait pas debout et un poulet qui avait rendu l'âme au milieu du temple.

Pour finir, le jeune qui m'a guidée m'a ensuite amenée dans son magasin de soie, dont le proprio avait rencontré Catherine Deneuve, photo à l'appui ; ca ne m'a pas convaincue d'acheter ses écharpes...

Après tout ça, je me suis refugiée dans un café calme avec mon carnet et un livre tout l'après-midi. Le serveur était sympa et m'a donné un peu du mélange d'épices qu'il prépare pour le masala chai ! Impatiente d'en refaire à la maison !

Le soir, a la puja sur le Gange, j'ai retrouvé Nikita, une fille de ma chambre à l'auberge de jeunesse, et Ayush, son ami; on a regardé la cérémonie ensemble. La puja, c'est la cérémonie du feu, il y en a une au lever et une au coucher du soleil sur les ghats; quatre jeunes brahmanes (caste la plus haute, les prêtres) en habit orange ou rouge effectuent une chorégraphie avec de l'encens, des fleurs et du feu. Ca ressemblait beaucoup à ce qu'on avait vu à Rishikesh.

Puis je suis allée dîner dans un restaurant de dosas, sorte de crêpe très fine croustillante, specialité du Sud de l'Inde, mon plat indien préféré de tous les temps ! Coup de coeur pour ce restau, le petit monsieur trop chou qui le tenait et sa boisson a la rose faite maison, j'y suis retournée midi et soir le jour suivant.

La dernière journée a Varanasi fut plus calme, j'ai surtout longuement marché le long des ghats, dans l'effervescence des ablutions dans le Gange. Si vous vous posez la question, oui, dans ce fleuve sacré, aucun problème pour jeter les cendres des cadavres, les excréments, les produits chimiques des usines, tout en y faisant sa toilette et sa vaisselle.

Enfin, j'ai pris le bus de nuit (le dernier !) pour Delhi, d'où je prendrai mon avion pour rentrer en France !


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J'avais une mauvaise image de la capitale de l'Inde: souvent première étape des voyageurs, on m'avait qu'elle était encore plus bruyante, dense et désordonnée que les autres villes. Un conducteur de tuktuk m'avait aussi soutenu que Delhi "has a very bad karma" (bon d'accord), et ajoutez à cela son statut de ville la plus polluée du monde... Je n'étais pas tellement impatiente de la découvrir. Et pourtant, j'ai été agréablement surprise !!

Cette ville est immense, et en deux jours, je n'en ai vu qu'une toute petite partie; j'ai passé le premier jour plutôt vers Old Delhi, et le deuxième plutôt vers New Delhi; j'ai trouvé beaucoup de charme à chacun de ces deux côtés de la ville, très différents.

Le premier jour, je suis allée me promener dans les marchés : Khan market, avec ses rues commerçantes et ses décorations de Noël, assez globalisé ; puis Chandi Chowk, dans la vieille ville, plutôt très à l'ancienne. Le marché, à deux pas du Fort Rouge (que j'ai seulement admiré de loin, à la longue je trouve que les bâtiments moghols se ressemblent un peu), s'étale autour d'une rue qui accueille une mosquée, une église, un temple hindou et un temple sikkh, au milieu de la joyeuse circulation des tuktuks, scooters et voitures, et des incessants bruits de klaxon qui vont avec. Il y a des "quartiers" dans le marché : contrefaçons de sacs et chaussures, vêtements en soie ou cachemire, bijoux en argent, épices... C'était une chouette visite, après laquelle je suis rentrée en métro, super moderne et qui n'a rien a envier à celui de Paris !

Le lendemain, au petit dej de l'hôtel, j'ai rencontré Obi, un belge qui a passé le semestre en échange à Bangalore; on s'est super bien entendus et on s'est finalement dit qu'on passerait la journée ensemble. On a déambulé dans Lodi art district, un quartier conçu à l'époque des colonies britanniques, dont les murs ont été repeints en 2015 par 50 artistes indiens et internationaux. C'était un très joli quartier, résidentiel et sûrement plutôt aisé; il y avait des grands trottoirs (! très rares en Inde), de beaux arbres, et les rues étaient étonnament calmes.

Puis on s'est baladés dans Lodi garden, un joli parc dans les environs ; et enfin on est allés chercher des dosas pour mon dernier repas en Inde !!

Je suis partie a l'aéroport vers 16h. Mon premier vol - j'avais une escale à Mumbai, a été retardé, et j'ai attrapé de justesse le deuxième vol pour : Pariiiis youpi ! Je suis dans l'avion là, et j'arrive dans quelques heures !

Ça fait bizarre que le voyage se termine déjà... mais j'ai hâte de retrouver la France et l'esprit de Noël qui m'a un peu manqué ces dernières semaines 🥰🌲

See you very soon ❤❤