4h30, même avec un réveil en chanson par Calogero ça pique. Pourquoi s'infliger tant de souffrance me direz vous ? Parce que ce maudit Guide du Routard nous explique qu'assister au lever du soleil à Canyonlands est un in-cou-tour-nable - de quoi je me mêle ! Et comme ici le soleil se lève à 5h30 (car les USA sont plus à l'ouest de que la France) et qu'il faut trois quarts d'heure pour rejoindre le parc, paf, ça donne un réveil à 4h30 - vous pouvez vérifier, on a bien fait nos mathématiques.
Captivés par les milliers de couleurs qui naissent, se mélangent et s'éteignent dans le ciel alors que le soleil pointe le bout de son nez, on arrive dans le parc juste à temps. Il y a déjà du monde, on n'est pas les seuls à s'être fait embarquer par un petit bouquin insolent. Peroush met en exergue ses talents de photographe. Le soleil a bien grimpé dans le ciel, on petit-déjeune devant un panorama hors du commun.
La matinée s'écoule tranquillement entre petites randonnées et balançage de rochers depuis les falaises qui nous vaudra les réprimandes d'un promeneur. Les points de vue sont grandioses.
On quitte le parc à la mi-journée, en empruntant le sentier réservé aux 4x4, le Shafer Canyon Road. On passe en mode rallye, c'est jouissif. En plus la voiture est déjà sale, on avait tout prévu.
Alors qu'on approche de la fin du long sentier, un lac bleu lagune apparaît au détour d'un virage. Super ! Enfin, super, pas vraiment. Super bizarre, plutôt. On est au milieu de nul part, on a chaud, on a soif, on est fatigués, et on voit apparaître de l'eau. Le scénario est familier. Sommes nous donc victimes d'un mirage ?
Non, non, ce que nous voyons est bien réel. Les retenues d'eau s'échelonnent sur différents niveaux, chacun avec sa propre nuance de bleu. Est-ce une base de l'armée américaine, où sont élaborées les armes de demain ? Est-ce une une usine secrète de Coca-Cola, où est préparée une partie de la très occulte recette de la boisson phare de la marque ? Les théories vont bon train. Pas le choix, il faut aller vérifier. Personne en vue, ni une, ni deux, on enjambe une barrière, et on s'approche de l'étrange liquide. Un épais dépôt blanc recouvre les abords du lac. Et le fond du lac, c'est ce qui lui donne sa couleur si particulière. Après examen gustatif, le diagnostic est sans appel : c'est du sel. Étrange, quand même, on est très loin de la mer, il vient d'où ce sel ? Des investigations ultérieures sur internet nous apprendront qu'il s'agit en fait de bassins d'évaporation pour chlorure de potassium (KCl), un sel utilisé notamment comme engrais. De l'eau du Colorado est injectée dans une mine, le KCl s'y dissout, puis la mixture est pompée vers la surface dans les bassins d'évaporation.
Pause déjeuner sur une aire de repos bienvenue, puis retour au camping. Il est 15h, la chaleur est étouffante, on vagabonde entre la piscine et les tables ombragées, impossible de faire la sieste. Séance apprentissage du poirier sous l'eau pour Louis et Mathis, les progrès sont encourageants.
On dîne au Denny's, chaîne très répandue de diners (à prononcer avec l'accent). C'est succulent. La serveuse, sans aucun doute victime du charme français, nous offre deux milkshakes.
La journée a été longue, il n'est pas tard mais on rentre directement dormir, pour la dernière fois dans notre petit camping de luxe.