Carnet de voyage

Lost in the West : Rocks in the desert

19 étapes
7 commentaires
10 abonnés
Dernière étape postée il y a 1662 jours
Les américaines sont des fausses blondes
Juillet 2019
3 semaines
Ce carnet de voyage est privé, ne le partagez pas sans l'autorisation de l'auteur.
1
1
Publié le 11 juillet 2019

On arrive à Las Vegas, où on va passer les 5 prochaines nuits, en début de soirée. Le projet d'urbanisation ici est simple : en mettre plein les yeux. La grande avenue touristique, le Strip, est découpée en quartiers thématiques, avec chacun son hôtel-casino de luxe et ses imitations de bâtiments iconiques : Paris et ses Tour Eiffel et Arc de Triomphe, Rome et son Colisée, Égypte et sa pyramide...

Désert, panneaux publicitaires, hôtels extravagants : la route vers Vegas est déjà un spectacle

Notre hôtel pour les cinq prochaines nuits sera le Bellagio, célèbre pour ses fontaines et pour être apparu dans Ocean's Eleven. C'est très classe, et la vue depuis la chambre est pas trop mauvaise.

On aura rarement autant regardé à travers une fenêtre 
Ça contraste légèrement avec le camping 

Après une petite expédition fast food qui nous aura donné un premier aperçu de Vegas la nuit tombée, on rentre à l'hôtel et on finit la journée devant notre fenêtre-television. Demain, on a décidé de se lever tôt pour aller visiter un parc, donc il est l'heure d'aller dormir. Pipi, les dents et au lit.

2

Hier on s'est mis en tête de voir le lever du soleil à Valley of Fire, situé à une heure de route. Le réveil sonne à 4h30, mais entre lever compliqué et quelques courses à faire, le soleil apparaît alors qu'on est encore sur la route. Pas grave, on profite quand même de la matinée pour (un peu) moins souffrir de la chaleur. Les 40° sont atteints avant midi, les bouteilles d'eau se vident à vitesse grand V. La visite du parc se fait principalement en voiture, avec des petites randonnées de quelques dizaines de minutes. Les paysages sont typiques des grands parcs de l'ouest, avec ces si caractéristiques roches rouges-orangées. Malgré le chaleur et la sécheresse, on aperçoit de très nombreux écureuils miniatures (très mignons, même si on apprendra plus tard qu'ils sont porteurs de la peste...), et on croise même de paisibles "bighorns".

Retour à Vegas en début d'après midi. On fait une escale au rez-de-chaussée d'un casino où se déroule un important tournoi de poker. La salle est énorme, le bruit des jetons est hypnotisant. On aperçoit le grand-frère de Louis, JP, qui participe au tournoi. Douze mille joueurs au départ, il est au deuxième jour et donc dans les derniers dix pourcents, affaire à suivre.

Des tables, des jetons, des cartes, des joueurs, à perte de vue 

La fin d'après midi est de type détente à la piscine (on apprécie notamment le jacuzzi et le décor à la romaine). Puis on continue l'exploration du Strip à pieds. Les centres commerciaux sont gigantesques et magnifiques.

Plein les yeux 

La petite victoire de la soirée sera la découverte de très bons sandwichs à 5$, ce qui nous permet de ne pas avoir à choisir entre exploser notre budget nourriture (le kebab ici est à 11$, sans les frites !) et mourir de faim. Cuisiner au réchaud dans la chambre du Bellagio est tentant mais un poil risqué. On s'endort comme des pierres rouges-orangées, exténués de notre journée.


The Boss 
3
3
Publié le 15 juillet 2019

Après le petit déjeuner habituel céréales, eau, pomme, on entame la journée avec le panneau Welcome To Fabulous Las Vegas, très prisé des instagrameurs.

On ne s'en lasse pas 

Suivant les conseils de JP, on enchaine avec le downtown de Las Vegas. C'est le centre historique où se situent les premiers casinos de la ville. Les rues sont très animées avec des artistes de rue en tout genre. Mathis et Louis rejoignent une table de poker. C'est une table magique, qui fait disparaitre 200$ en quelques heures. On rentre et on achète les sandwichs à 5$ en guise de consolation.

Downtown
Z'ont de l'humour ces américains 

Ce soir on sort. Surfant sur l'exploit de San Diego, on s'inscrit sur la guestlist du nightclub du Caesar Palace, le casino voisin. On n'a pas d'alcool, du coup on teste des bonbons magiques. L'entrée en boîte est facile, on prend un verre pour fêter notre réussite. On regrette un peu quand le barman nous annonce 84$, mais bon, au moins les cocktails sont bons. La boîte est classe, avec un balcon, des lasers, et un énorme lustre central coulissant. La soirée est cool, surtout pour Louis. Par contre, les bonbons magiques ne fonctionnent pas... Et puis le bar ne sert pas d'eau, et celle des toilettes est chaude. Pas grave, sortir en boîte à Vegas vaut bien quelques désagréments.

Vegas de nuit 
Ambiance américaine 
4

Vous vous rappelez du tournoi de poker auquel participait JP ? Et bien, ça c'est plutôt bien passé. Du coup le programme de la journée est assez différent de notre début du voyage : lever midi, buffet à volonté à l'hôtel casino Cosmo, karting, piscine, tout ça en compagnie de JP et ses potes. C'est sympa, une journée comme ça, après trois semaines de road-trip.

Déco originale 
Pour une fois que notre repas est instagramable. À noter qu'on est sortis de la salle en roulant.

On finit la journée sur un spectacle du Cirque du Soleil, KÀ. Scène mouvante, chutes de plusieurs dizaines de mètres, ombres chinoises, batailles épiques, tableau comique, trapèzes, sons et lumière, costumes, décoration, et plein d'autres choses encore : tout est parfait, on en prend plein les mirettes pendant une demie heure, la troupe est à la hauteur de sa renommée. Il faudra revenir pour assister aux six autres spectacles permanents de la ville signés Cirque du Soleil.

Peu d'images sur nos téléphones, plein dans nos têtes. 

Louis termine la journée sur une partie de poker, coaché par son frère cette fois-ci. Bilan positif et donc bien meilleur que la veille, malgré la charmante diversion à la gauche de notre futur champion.

Futur star française en formation 
5
5
Publié le 17 juillet 2019

On a bien aimé hier, du coup on fait en sorte qu'aujourd'hui lui ressemble. On mange au Milos, restaurant grec du Cosmo. JP nous montre la table adjacente : y déjeune un joueur de poker de haut niveau, qui a amassé plusieurs millions en tournoi. On part ensuite faire un Escape Game, au cours duquel on résoudra avec brio - et avec deux indices - le meurtre du Budapest Express (sans doute un problème de droit d'auteur...).

Miam miam la dorade royale de Méditerranée (c'est le nom du bassin d'élevage de l'hôtel). 

Aujourd'hui, c'est le 4 juillet, la fête nationale ici, Independance Day (en gros, c'est quand Lafayette est venu libérer les américains de l'emprise britannique). Winamax organise une soirée sur un rooftop, et JP a joué des pieds et des mains pour nous faire inviter. La vue du roof est top. Ici chaque famille, chaque quartier organise son propre feu d'artifice, du coup ça scintille de partout. La suite de la soirée est assez mouvementée. On échangera avec des joueurs de poker multimillionnaires et avec un patron de bar Toulousain, qui sera d'ailleurs le prochain maire de la ville. Le retour à l'hôtel se fera en Uber pour l'un, à pieds et en une heure de plus qu'à l'aller pour deux autres, et en Uber, ou bien peut-être à pieds pour le dernier, on sait pas trop.

C'est des feux d'artifices, les scintillements sur la deuxième moitié de vidéo 
6

Départ un peu tardif ce matin. On fait nos adieux (nos au-revoirs ?) à Vegas et on prend la route en direction de Grand Canyon. Louis ne se sent pas très bien (sans aucun doute à cause de l'eau pas fraîche) et stoppe la voiture pour de nombreuses pauses pipi. On s'arrête manger dans une petite supérette/restaurant posée en plein milieu du désert. C'est tenu par un petit couple de vieux très sympathiques, qu'on appellera le vieux et la vieille. On sent une atmosphère différente de la Californie, qui était assez libertaire et démocrate : ici il y a des affiches pro-Trump, et le vieux porte une arme à la ceinture. On commande à manger, c'est pas forcément gastronomique entre les salades noyées dans la sauce et les associations de plats originales, mais on a faim. La vieille, voyant Louis mal en point (toujours à cause de l'eau pas fraiche de la voiture), lui offre une bouteille d'eau.

Hot-Dog chili. En fermant les yeux c'est pas trop mal. 
La supérette fait aussi salle de sieste 

On fait quelques courses au Walmart - notre magasin favori avec sa wifi, ses toilettes, son eau potable - puis on s'arrête dans une petite ville qui sent bon l'Amérique de l'ouest pour faire de l'essence. Un petit magasin vend des sucettes au scorpion et des criquets à l'oignon, il faudra tester à l'occasion.

La petite ville de Williams, Arizona 
Ça passerait sans doute pas en France 
Pour une prochaine fois 

On arrive à Grand Canyon juste à temps pour assister au coucher du soleil. On reste plusieurs dizaines de minutes, perdus dans l'immensité du chef d'œuvre que les eaux, les vents, le soleil ont mis des millions d'années à façonner.

C'est encore mieux en vrai 

Cette nuit on campe dans le parc. Le ciel est si beau que l'on décide de ne pas monter la tente. Cette fois ci on reconnait les constellations de l'hippocampe, du pianiste et de la joueuse de bridge, mais toujours pas celle de la table basse.

Les étoiles sont belles cette nuit 
7

Les étoiles étaient belles mais on a tous mal dormi. On se lève à 5am pour profiter du lever de soleil au Grand Canyon, on petit déjeune devant ce joli cadre.

La team 

Retour au camping pour ranger le camp puis départ pour la randonnée du jour, objectif : descendre en bas du canyon pour aller voir le Colorado (et éventuellement y piquer une petite tête).

Peroushka s'est fait une nouvelle amie 

On croise une ranger qui nous met en garde, d'après elle il faut être très rapide pour avoir le temps de faire la randonnée sur une journée. On décide quand même de descendre. On arrive à la rivière après trois heures de marche et le cadre est si beau que l'on ne regrette en rien notre choix.

Les paysages depuis le chemin de randonnée, qui serpente vers le Colorado 
L'eau est froide mais on n'est pas des chochottes

Il fait chaud, on n'hésite pas à se baigner malgré la fraîcheur de l'eau. On mange une salade haricots verts, rouges, pois chiches, riz, tomate, maïs : on est impressionnés, c'est encore plus mauvais que prévu.

La remontée vers la rive nous prendra plus de cinq heures et dix litres d'eau. Pas de répit, on prend la route pour rejoindre notre camping du soir, à deux heures et demi de route. C'est un camping au bord du lac Powell, sur une grande plage avec pour seul aménagement des toilettes. On est bien content de notre 4x4 qui nous permet de rouler sur le sable.

On compte vendre notre photo à Jeep pour leur prochaine pub 

Cette fois on monte la tente, et on s'endort en ce lieu Mad Maxesque, les jambes bien courbaturées.

8
8
Publié le 21 juillet 2019

On n'a pas très bien dormi parce qu'il y a eu une tempête, et du vent sur une tente ça fait du bruit, beaucoup de bruit. La matinée est consacrée à la visite de Antelope Canyon. Il s'agit d'une visite guidée par un Navajos, tribu de "natives" comme sont appelés ici les amérindiens. En guise de prélude, un Navajos nous propose une démonstration de danse avec des cerceaux.

Huit cerceaux en même temps 

Notre guide, Kevin, nous montre plein d'astuces pour faites des photos sympa, et nous parle un petit peu des coutumes de son peuple.

C'est bien ici qu'a été photographié un célèbre fond d'écran windows
Qui soupçonnerait une telle curiosité géologique de l'extérieur ? 

On passe ensuite à Horshoebend, saisissant point de vue sur le Colorado qui trace un fer à cheval dans la roche arizonienne.

Il a fallu attendre un chinois et ses mille photos pour réaliser ces clichés. 

L'après midi est bien entamée, on rentre à Lone Rock Beach pour manger.

La plage au cailloux solitaire 

Une tempête de sable assez impressionnante se déclare, les uns décident de se réfugier au Macdo tandis que Mathis reste se reposer à la plage. Le coucher de soleil est magnifique ce soir.

On part chez les voisins en quête de bois. Ce sont trois jeunes, ils nous donnent quelques bûches mais ne sont pas très causant, tant pis. Il fait nuit, il est l'heure d'aller se coucher, pour notre deuxième et dernière nuit sur cette plage.

Merci les voisins 
9
9
Publié le 23 juillet 2019

On se lève avec le soleil, on se réveille avec l'eau du lac, on range le camp, on passe au Walmart où, fait notable, on achète enfin un ballon. On trouve un spot pour faire quelques sauts au bord du lac Powell, et on pique-nique des sandwichs pas très bons.

Notre spot pour sauter, à côté du barrage

On prend la route vers Monument Valley, on y arrive en milieu d'après midi. On fait la boucle qui permet de visiter le parc en voiture, puis une petite rando dont la partie la plus intéressante se révèle être l'imitation de Kirikou par Peroushka.


Les Trois Sœurs 
La team 
Tout comme la construction des Pyramides reste un mystère, on ne sait pas comment les Navajos ont construit Monument Valley

On mange en observant les derniers rayons du soleil éclairer le parc puis on part en direction de Gallup, petite ville sur le chemin de notre route où l'on a réservé un motel. Ah, quelles merveilleuses inventions que la douche et le matelas.

10

On profite du petit déjeuner de l'hôtel, ça ne vaut pas les pâtisseries françaises mais nos papilles commencent à être habituées à la moindre qualité de la nourriture locale. Mathis discute avec Aaron, un Navajos qui s'occupe de l'accueil du motel. Comme la plupart des Américains, il connait Amélie Poulain et Édith Piaf ("The voice of France !"). Il explique être triste de voir sa culture disparaître petit à petit, et nous offre un journal Navajos.

On prend la route pour Albuquerque, plus grosse ville du Nouveau-Mexique - et surtout, ville de Walter White alias Heisenberg dans la série TV Breaking Bad. C'est l'occasion d'aller déjeuner au restaurant Los Pollos Hermanos, qui apparait dans la série et existe vraiment (sous un autre nom). Les scènes de la série nous reviennent en tête mais la piètre qualité des plats vient un peu gâcher le repas.

Ça a pas l'air terrible, on est d'accord ? Et bien c'était sans doute le meilleur plat du repas. 
On s'attendait presque à voir Gus 

Ensuite on passe dans le centre ville, on ne s'y arrête même pas tant la ville semble être une caricature de la ville américaine, sans intérêt avec son ennuyant quadrillage de routes. On passe jeter un coup d'œil à la maison de Walter White, qui existe également et est habitée. La proprio est une femme pleine de vitalité dont la principale occupation semble être de saluer les badauds en leur lançant des "Get the hell out !" chaleureux.

La maison du prof de chimie le plus célèbre du monde 

On arrive à Santa Fe en fin d'après midi. Notre airbnb pour les trois prochains jours est "la yourte aux lamas" : c'est une yourte, et il y a des lamas à côté. Le proprio, Bill, la soixante-dizaine, est très bavard. C'est un hippie vegan artiste, amoureux des animaux. Il nous montre comment utiliser ses toilettes sèches : il faut rajouter une sorte de terreau une fois sa petite affaire finie. On enchaine avec une session nourrissage des lamas. Princess Leïa, Chewie, Yoda, Vince, Marduc : tous ont leur petit nom - et leur caractère propre, nous explique Bill (Bill est très bavard).

Ping-pong devant la yourte 
Coucher du soleil derrière les montages de Santa Fe 

Peroush part acheter bières, saucisses, lentilles, on mange puis on va se coucher sur les sortes de gros poufs qui nous serviront de lits pour les trois prochaines nuits.

11

Aujourd'hui et pour la première fois du voyage, on s'accorde un jour de repos. On est au bon endroit pour ça : Santa Fe est une ville moyenne, paisiblement nichée sur un plateau montagneux. Et puis c'est aussi le bon moment pour un peu de répit, puisque nous arrivons à la moitié de notre périple.

La seule activité prévue de la journée, c'est laverie ! Chacun a déjà remis une fois tous ses vêtements sales, il est grand temps. Sauf que on s'applique tellement à ne rien faire que l'horloge tourne, et paf : il est déjà trop tard. Tant pis, on ira à la laverie en short de bain demain matin.

On entame une partie de pictionary - en anglais, oui madame - que l'on pourrait qualifier de disputée et même, et je pèse mes mots, de houleuse. Et comme le dit le dicton, "la faim vient en dessinant" : on termine notre journée off par un repas animé d'un débat sur le thème du mariage, qui nous amène à celui du divorce, qui nous amène à celui de l'adoption. On n'a pas fait grand chose, aujourd'hui, et ça fait du bien. Hé oui, c'est bien gentil de courir à droite à gauche, mais il faut bien recharger les batteries de temps en temps.

Soleil, caché derrière les montagnes néo-mexicaines 
12
12
Publié le 24 août 2019

Bienvenue à Meow Wolf chers voyageurs ! Entrez dans une maison mystérieuse, découvrez ses innombrables passages secrets, explorez d'autres dimensions, élucidez le mystère de la disparition du cadet de la famille ! Couloirs cachés derrière un frigo, chambre sous l'escalier, passage dissimulé derrière une cheminée, l'exploration est jouissive dans cette galerie d'art immersive, un immanquable de Santa Fe selon Bill. De magnifiques pièces à la décoration tantôt psychédélique, tantôt ultramoderne s'offrent à nous, sur un fond d'histoire de disparition d'enfant, de secte, et d'ennemis extraterrestres. La narration est discontinue, désordonnée, et incomplète : c'est très prenant, si bien que Louis et Mathis y reviennent après une petite pause déjeuner pour reconstituer les derniers morceaux de l'histoire.

C'est un joyeux bordel audiovisuel et narratif
On peut passer beaucoup, beaucoup de temps ici tant l'attention portée aux détails et accessoires est poussée

Dijols et Peroush préfèrent passer l'après midi à un lac, malgré une météo menaçante. Puis la team se retrouve pour le tant attendu passage à la laverie. Ensuite on passe faire quelques courses : ce soir, on se régale avec une omelette patates des plus rassasiantes, et on s'autorise même un petit craquage avec un gâteau "sock it" à la cannelle.

13
13
Publié le 26 août 2019

On débute la journée par un événement très attendu : le nourrissage des lamas. Les carottes sont à eux ce que le fromage est aux français, irrésistible. On peut voir sur la vidéo que la tête du lama rappelle celle du chameau : ces deux espèces font partie de la même famille des camélidés, nous explique Bill, et se couchent d'ailleurs au sol de cette façon si caractéristique, qui aura surpris plus d'un touriste en visite au Sahara.

Que des beaux gosses 


Ensuite on part en balade dans le centre de Santa Fe. Miracle : on peut traverser les rues sans avoir à parcourir l'équivalent d'un semi marathon, il y a des chemins verts et les rues ne s'intersectent pas toutes à angle droit ! Sommes nous bien en Amérique ? Il y aurait donc sur ce continent une ville agréable, digne d'une authentique ville européenne ? On apprendra que si Santa Fe est ainsi, c'est parce que c'est l'une des plus vieilles villes du pays. On se rappelle à quel point les villes françaises (Nantes, Guingamp, Paris, Toulouse en tête) sont belles. On parcourt les innombrables galeries d'art qui font la renommée de la ville. Et qui dit art, aux Etats-Unis, dit bien souvent français, qui semble être la LV1 des écoles d'art. On achète d'ailleurs des glaces chez un Perpignanais qui a suivi sa femme américaine, et on échange avec une peintre ch'ti attirée comme tant d'autres artistes par l'atmosphère de la ville.

Santa Fe, élue ville la plus agréable par la team 
Il y en a pour tous les goûts 

Il est 18h, on décide de passer au roller rink restaurant que Bill tient avec sa femme. C'est un endroit assez surréaliste : un grand hangar vieillot, un parquet sur lequel des enfants font du roller et du patin à roulettes, un coin snack, où on aperçoit Bill derrière le comptoir. Et surtout, le lieu et décoré sur le thème des extra-terrestres. Mathis lance la discussion avec Bill en lui demandant s'il croit en l'existence d'extra-terrestres. On n'aurait pas été surpris d'une réponse affirmative, commençant à cerner le personnage. Mais Bill surpasse nos attente. "Je n'ai pas besoin d'y croire, puisque je les ai vus". Stupéfaits, on laisse Bill nous dérouler son histoire. Donc Bill a été enlevé par les aliens il y a une vingtaine d'année. Au début, il a cru que c'était une hallucination, en effet Bill a consommé du LSD quand il avait la vingtaine. Mais non, maintenant Bill en est certain, il a vu des aliens. Et pas n'importe lesquels : les "tall white aliens that look like us". Même que l'ex-ministre du Canada en a parlé à la TV. Et puis même le président de la France, et les présidents de plein d'autres pays, d'ailleurs. Et puis, il faut savoir que Bill a une preuve irréfutable : cette petite boule qu'il nous fait toucher sur son bras, ce n'est pas un banal kyste, mais bien un tracker GPS extra-terrestre ! Parce que, oui il faut le savoir, les moindres faits et gestes de Bill sont espionnées par les aliens. La drogue, c'est mal.

Un endroit unique, à l'image de son propriétaire

On rentre ensuite manger à la yourte, parce que comme à son habitude, Bill a beaucoup parlé, si bien qu'il en a oublié de nous offrir les pizza qu'il nous avait promises. Sacré Bill. Suivant les conseils de l'artiste ch'ti, on sort ensuite boire un verre au Cow-Girl. La déco est sympa, la bière est toujours pas terrible mais a le bon goût de ne pas être trop chère, et il y a un petit groupe de musique qui fait l'animation. Une bonne conclusion à une journée mouvementée, entre lamas, artistes, et aliens.

"Ne pas danser sur les tables avec des éperons"
14

La mission du matin, quitter la yourte, et surtout réussir à dire au revoir à Bill sans passer la matinée à écouter ses histoires. On s'en tire en une demie-heure, pas mal. Journée assez chargée aujourd'hui, on a quatre heures de route pour rejoindre Great Sand Dunes, un désert de dunes lové au cœur des montagnes du Colorado. Escale approvisionnement au Walmart, la caissière semble remettre toute son existence en question quand on lui dit qu'on n'a pas besoin de sacs plastiques pour nos achats. La conscience écologique semble n'exister que sur la côte malheureusement.

Comment bien commencer sa journée 

On fait étape à Taos pour le midi, une petite ville au centre historique agréable. On mange sous un ciel menaçant à côté d'un pont enjambant la rivière Rio Grande, la vue est sublime.

Taos vieille-ville
Pas très solide la croûte américaine

On arrive à Great Sand Dunes alors que l'après midi est déjà bien entamée. On se retrouve devant une horde de dunes. Elles nous expliquent avoir migré vers le nouveau monde au début du vingtième siècle, depuis leur Sahara natal. Au début installées sur la côte est dans les faubourgs de New York, elles ont suivi la ruée vers l'or, mais sont tombées amoureuses du Colorado et ont décidé d'y rester. On regrette un peu leur communautarisme excessif, les dunes restent entre elles et ne se mélangent pas du tout aux montagnes environnantes. La plupart semble même préférer l'arabe à l'anglais...

Les dunes nous donnent la permission de les escalader. La montée est éprouvante pour les organismes, les pieds s'enfoncent dans le sable à chaque pas, le vent cinglant projette des milliards de grains qui viennent fouetter nos jambes fatiguées, et compromettre la vision. On arrive sur la crête de la plus haute dune alors que le soleil descend sur l'horizon. Nos efforts sont récompensés, le cadre est fantastique.

Il manque juste les chameaux 

On dévale les dunes à fond les gamelles. Galipettes, saltos, glissades, roulades : on s'amuse comme de vrais petits fous. Mais le jour diminue, il est temps de trouver où dormir. Peroush a repéré des coordonnées GPS : ce soir on compte bien camper au plus proche de la nature, et si possible sans payer. On emprunte une piste en terre sur quelques centaines de mètres, puis on tombe sur une aire de campement rudimentaire : c'est parfait. On installe la tente devant un coucher de soleil splendide, et on échange avec des vaches curieuses, sur le retour de leur dure journée de pâture. C'est toujours sympa de parler avec des locaux.

15

Le trajet vers notre prochaine étape, le parc national de Mesa Verde, nous conduit à travers des paysages montagneux qui respirent la sérénité. Le franchissement de certains cols nous amène à des altitudes supérieures à 3000 mètres. On s'arrête dans un petit parc au creux de montagnes où l'on fait la rencontre d'une mamie très sympathique qui, probablement prise de pitié en nous voyant manger notre salade de riz à même la casserole, nous propose gentiment des assiettes en carton.

Il y avait de bien meilleurs paysages, mais je ne retrouve plus les photos 

Arrivés au Visitor Center de Mesa Verde, on réserve des places pour une visite guidée à 6pm. On met à profit le temps qui nous reste pour parcourir la route qui traverse le parc. Sur le trajet sont aménagés des points de vue sur les villages troglodytes qui font la renommée du parc. Le peuple Anasazi a vécu dans ce canyon jusqu'au quatorzième siècle, il s'agit de l'un des sites archéologiques les plus importants du continent.

On comprend facilement pourquoi aucun panneau solaire n'a été retrouvé sur les toits des habitations

La visite guidée nous emmène à Cliff Palace, le plus grand village du parc avec ses 150 pièces. La ranger nous explique le mode de vie des hommes qui vivaient ici. Les raisons qui ont amené la tribu à quitter les lieux sont encore indéterminées. Les Anasazis n'avaient pas l'écriture, et on en sait finalement assez peu sur ce peuple. Cela contraste avec l'histoire européenne de cette époque qui est bien mieux connue.

Cliff Palace. On faisait des palais quand même bien plus classes en France à cette époque...

On rejoint le camping du parc pour lequel on a une réservation. Bonne nouvelle, des douches gratuites sont à notre disposition. On a des saucisses, et hors de question de payer pour du bois. Bravant l'interdit, on glane quelques branches autour de notre emplacement. On déguste nos saucisses avec des tomates et des haricots, on prépare la salade de pâtes pour demain, et on va se coucher. La nuit s'annonce fraîche.

16

Louis est au volant ce matin, il faut donc ajouter une heure de trajet pour lui laisser le temps de se tromper de route. Heureusement, les paysages du Colorado sont toujours très beaux. On s'occupe avec des énigmes : les 100 îliens aux yeux bleus ou bruns, le geôlier et ses 100 prisonniers, les 3 ampoules... On arrive à Black Canyon vers 15h, il est trop tard pour entreprendre la descente à pied vers la rivière, on y descend en voiture. Le canyon est impressionnant, moins grand que le Grand Canyon (sans blague) mais plus pentu.

euh vous êtes sûrs que ça se descend à pied les gars ?

On longe la berge escarpée du Gunnison sur quelques kilomètres, la marche s'apparente davantage à de l'escalade par moments. On croise deux jeunes français au début de leur road-trip, c'est rare de rencontrer des touristes étrangers dans ces parcs moins célèbres.

On rejoint un camping proche du parc. Le repas pâtes sauce du soir est égayé par l'énigme des 3 trois nains (C'est trois nains qui vont à la mine. Le premier prend une pioche, le deuxième prend une pelle, que prend le troisième ?). Demain matin, on s'attaquera à la descente du canyon à pied.

17

Hop hop hop lever au petit matin avec comme objectif descendre le canyon, à pied cette fois. Manifestement le matin n'était pas assez petit puisque le trail que nous avions repéré hier est déjà complet - peu de permis sont accordés, ceci afin de préserver le côté naturel du parc. On se rabat sur un autre trail, le ranger nous prévient, ça va pas être du gâteau. Forts de notre récente randonnée au grand canyon, on n'est pas inquiets. Sauf qu'on aurait dû l'être un peu plus : il n'y a même pas de chemin, on dérape sur la terre quand on ne glisse pas sur les avalanches de cailloux qu'on déclenche bien malgré nous. Ça donne à Peroush l'occasion de rejouer la scène d'Indiana Jones, vous savez, celle où il est poursuivi par un énorme rocher qui dévale la pente. Mathis n'est pas particulièrement serein quant à la remontée, et préfère s'arrêter à mi-chemin, le reste de la team continue. A défaut de voir le Gunnison, il aperçoit - enfin ! - un ours en contrebas, qu'il croit au premier abord être un chien. Sauf que le chien a une drôle de démarche, et est quand même bien imposant. La jalousie est palpable pour Louis et Dijols, mais ce n'est que partie remise.

Il fait chaud, très chaud. Trop chaud. 

La remontée est bien difficile, on manque d'eau, d'air, d'ombre. On arrive en haut dans un piteux état. La prévention des Rangers nous semble bien légère, probablement à cause de l'effet d'ancrage des autres parcs, où nous avons trouvé la prévention exagérée. Il y a d'ailleurs ici des opérations de sauvetage régulièrement, sans doute les Rangers s'ennuieraient-ils sans cela.

Le soleil vient de passer son zénith, on prend la route pour Moab, où nous attend un camping "à la française" avec piscine et douches. Le grand luxe, en somme. Passage à Pizza Hut sur le trajet, la serveuse nous dit que le chef est impressionné par la quantité de nourriture que nous mangeons. Ah ça, si on nous avait dit qu'on choquerait des américains par notre appétit, on aurait eu du mal à y croire ! Enfin, c'est un vrai plaisir après trois jours de camping éreintants, et on ressort du magasin en roulant.

Je ne reconnais plus personne...
On a tout fini. Et encore, tout n'est pas sur la photo.

On arrive au camping, la piscine est un vrai bonheur - il faut voir que Moab en juillet, c'est 30 degrés à l'ombre en pleine nuit sans lune. On veut faire des grillades mais le charbon est bien trop cher, Louis et Dijols montent une petite expédition bois qui se révèle être un réel succès. Repas de fête pour conclure une journée mouvementée : grillades de porc, tomates, petit pois, prunes, gâteau ("Angel's Cake", sorte de gâteau au yaourt en moins bon). Et surtout, des bonbons Harry Potter pour finir. Vous savez, ces petits bonbons aux goûts aléatoires, le plus craint étant le goût "vomi", que Louis nous fait d'ailleurs le plaisir de tester. On voudrait dormir mais la météo n'est pas d'accord : entre chaleur et tempête, difficile de fermer l’œil. Pas grave, demain sera plus relax.

$11 pour du charbon ? Ils nous connaissent mal ces ricains. 
18

Les doux bruit d'une tempête sous une tente, ce n'est pas la meilleure berceuse du monde, et on a eu bien du mal à fermer l’œil malgré la fatigue accumulée des derniers jours. Mais c'est le matin, notre tente a déjà bien entamé sa mutation en four dernier-cri, il faut se lever. Petit tour à la piscine, petite douche, petit déj.

Direction Arches National Park, le parc où des énormes rocs semblent prêts à vous tomber sur la tête au moindre regard en croix (j'exagère à peine, le dernier effondrement d'arche date de 2008).

Road to Arches 
Pas très solides ces pierres quand même, ça vaut pas du granit rose 
Attention, des arches humaines se sont cachées parmi les arches de pierre. 
Donnez moi un E ! Donnez moi un N ! Donnez moi un A ! Donnez moi un C ! ENAC !

La visite du parc se termine alors que le soleil est à son zénith, ça tape dur, on a bien fait d'y aller le matin. On reprend l'auto pour se rendre au départ d'une petite randonnée, Grandstaff Canyontrail (anciennement dénommé Negro Bill Canyon, je ne sais pas pourquoi ils ont changé). Pique-nique et c'est parti. C'est très calme, on longe un ruisseau, c'est plat, il y a peu de randonneurs. Le chemin aboutit sur un gigantesque pont naturel, mais la déception est palpable car on nous avait aussi annoncé une piscine naturelle. Chou-blanc, la piscine est asséchée. Pour se consoler Mathis et Peroush font une partie du chemin retour les pieds dans l'eau du ruisseau.

Morning Glory bridge, une des plus longues arches naturelles du monde (74 mètres)

Retour au camping KOA, passage à la piscine obligé, festin riz-tomate-balsa, et puis dodo. Ouf, il n'y a pas de vent cette fois. Demain on se lèvera tôt, très tôt.

19

4h30, même avec un réveil en chanson par Calogero ça pique. Pourquoi s'infliger tant de souffrance me direz vous ? Parce que ce maudit Guide du Routard nous explique qu'assister au lever du soleil à Canyonlands est un in-cou-tour-nable - de quoi je me mêle ! Et comme ici le soleil se lève à 5h30 (car les USA sont plus à l'ouest de que la France) et qu'il faut trois quarts d'heure pour rejoindre le parc, paf, ça donne un réveil à 4h30 - vous pouvez vérifier, on a bien fait nos mathématiques.

Captivés par les milliers de couleurs qui naissent, se mélangent et s'éteignent dans le ciel alors que le soleil pointe le bout de son nez, on arrive dans le parc juste à temps. Il y a déjà du monde, on n'est pas les seuls à s'être fait embarquer par un petit bouquin insolent. Peroush met en exergue ses talents de photographe. Le soleil a bien grimpé dans le ciel, on petit-déjeune devant un panorama hors du commun.

Mesa Arch, à travers laquelle il est de bon ton de prendre un cliché du soleil qui se lève

La matinée s'écoule tranquillement entre petites randonnées et balançage de rochers depuis les falaises qui nous vaudra les réprimandes d'un promeneur. Les points de vue sont grandioses.

On s'attend à voir débouler un troupeau de gnous, piétinant sur son passage le roi de la jungle

On quitte le parc à la mi-journée, en empruntant le sentier réservé aux 4x4, le Shafer Canyon Road. On passe en mode rallye, c'est jouissif. En plus la voiture est déjà sale, on avait tout prévu.

Jeep nous a approché pour utiliser nos images dans leur prochaine publicité 
La vidéo a été ralentie pour que vous ayez le temps d'admirer le décor 

Alors qu'on approche de la fin du long sentier, un lac bleu lagune apparaît au détour d'un virage. Super ! Enfin, super, pas vraiment. Super bizarre, plutôt. On est au milieu de nul part, on a chaud, on a soif, on est fatigués, et on voit apparaître de l'eau. Le scénario est familier. Sommes nous donc victimes d'un mirage ?

Cela mérite investigation 

Non, non, ce que nous voyons est bien réel. Les retenues d'eau s'échelonnent sur différents niveaux, chacun avec sa propre nuance de bleu. Est-ce une base de l'armée américaine, où sont élaborées les armes de demain ? Est-ce une une usine secrète de Coca-Cola, où est préparée une partie de la très occulte recette de la boisson phare de la marque ? Les théories vont bon train. Pas le choix, il faut aller vérifier. Personne en vue, ni une, ni deux, on enjambe une barrière, et on s'approche de l'étrange liquide. Un épais dépôt blanc recouvre les abords du lac. Et le fond du lac, c'est ce qui lui donne sa couleur si particulière. Après examen gustatif, le diagnostic est sans appel : c'est du sel. Étrange, quand même, on est très loin de la mer, il vient d'où ce sel ? Des investigations ultérieures sur internet nous apprendront qu'il s'agit en fait de bassins d'évaporation pour chlorure de potassium (KCl), un sel utilisé notamment comme engrais. De l'eau du Colorado est injectée dans une mine, le KCl s'y dissout, puis la mixture est pompée vers la surface dans les bassins d'évaporation.

Potash Ponds, Utah 

Pause déjeuner sur une aire de repos bienvenue, puis retour au camping. Il est 15h, la chaleur est étouffante, on vagabonde entre la piscine et les tables ombragées, impossible de faire la sieste. Séance apprentissage du poirier sous l'eau pour Louis et Mathis, les progrès sont encourageants.

Canette et jeu assortis 

On dîne au Denny's, chaîne très répandue de diners (à prononcer avec l'accent). C'est succulent. La serveuse, sans aucun doute victime du charme français, nous offre deux milkshakes.

Delicious

La journée a été longue, il n'est pas tard mais on rentre directement dormir, pour la dernière fois dans notre petit camping de luxe.