Après une excellente nuit, nous sautons sur nos bicyclettes. Frisquet mais ciel bleu et soleil. En route pour le musée national de l’automobile - collection Schlmupf - dans l’une des anciennes filatures des frères Schlmupf.
Moi, les voitures ne m’intéressent pas vraiment. Mais là, ça vous en bouche un coin, peut-on dire familièrement. D’abord, l’histoire de ces deux vieux gars, franco-Suisses, assez effacés, qui achètent des filatures et qui font fortune. Hans et Fritz.
Ce dernier développe une passion pour les automobiles surtout européennes et les Bugatti en particulier. Cette passion devient boulimie. Il achète avec frénésie. Parfois 40 exemplaires d’une même série. Il les bichonnent dans un espace de la filature dédié et tenu secret. Dans un atelier, 40 mécaniciens, peintres, selliers, menuisiers, maroquiniers, carrossiers et autres artisans spécialisés s’activent sur les modèles. Missions : restaurer à l’identique et les remettre en état de marche. Il aménage 17000 m2 d’entrepôt.
Ces patrons paternalistes à la réputation controversée traversent mal la crise du textile. Grève, occupation d’usine. 2000 personnes vont perdre leur emploi. La découverte de cette collection unique au monde fera le tour du monde et c’est Jean Panhard qui réussit à sauver la collection privée en associant pouvoirs publics et mécènes.
Je me suis amusée à relever le nom des ateliers de construction dont beaucoup sont français. J’en connais quelques-uns, vous peut-être davantage.
Daimler, Rheda, de Dion, Dufaux, de Dion-Bouton, Baudier, Fouraillon, Zedel, Darracq ou Piccolo, Soncin, Brasier, Mors, Corre-la licorne, Barré, Hurtu Georges-Richard, Decauville, Clément-Panhard, panhard-Levassor, benz, debouteville, Armand, Peugeot, Delamarre-Debouteville et Malandin, Jacquot, Hispano-Suiza, Delahaye, Farman, Isotta-Fraschini, Bentley, Maybach, Mors, Lorraine-Dietrich, M.A.F., Violet-Bogey, Philos, Delahaye, Pilain, Le Zèbre, Piccard-Pictet, Grégoire, Steyr, Alfa Roméo, O.M. Lancia, Minerva, Audi, Berliet, Scott, Mathis, Salmson, Amilcar, Monet-Goyon, Sénéchal, Grégoire, AFG Grégoire, Hotchkiss-Grégoire, Tatra, Arzens, Adlar, Ballot, Horch, Tracta, B.N.C., Ballot, Sizaire-Naudin, Serpollet…
Et plus tard, d’autres marques.
Aston Martin, Ferrari, Silva, NSU, alpine-Renault, lotus, trabant, Bentley, Gordini, simca-Gordini, Benetton, Lotus, Pegaso, Maserati, alfa-Romeo, Talbot, gordini, Cisitalia, Hongqi, etc.
Mon attention s’est portée sur la Bugatti - 41 royal, coupé - considérée comme la voiture la plus fastueuse au monde (1930). Tout y est démesuré. Il n’en existe que six exemplaires.
Quant à la Bugatti-Veyron, quelques stars en possèdent. Il faut quand même débourser plus d’1,1 million d’euros. Ce modèle qui monte jusqu’à 407 km/h est le plus rapide du monde. Je me demande bien sur quelle route ?
Une salle est dédiée aux voitures de Louis de Funès au cinéma. La 2 CV de Bourvil mise en pièces. Il réplique : « Et maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien. Forcément ».
Mulhouse - longtemps territoire libre et indépendant - regorge de bâtiments industriels désaffectés. Les anciennes usines DMC en font partie. Nous y allons à l’occasion d’une porte-ouverte.
Née en 1746, pour fabriquer de l’Indienne en France (tissu imprimé coloré), l’entreprise familiale devient DMC en 1800 (la marque Dollfus-Mieg & Cie), connu du grand public pour son fil à broder. Qui n’a pas utilisé des écheveaux pour un canevas ou des broderies ?
L’un des fistons est reconnu pour son engagement politique et social visant à soutenir la santé, le bien-être et l'éducation des travailleurs, notamment par un fonds d'urgence, des écoles et des installations pour les enfants. Il a aussi cofondé l'Association pour la prévention des accidents, qui a conduit à l'élaboration de lois sur la santé et la sécurité en Allemagne et en France.
Dans un bâtiment DMC, Motoco accueille 140 artistes, plasticiens, peintres, sculpteurs, graveurs… Pour résumer : du bon et du moins bon. Mais le lieu vaut le détour.
Mon rêve de vivre dans une ancienne usine refait surface. Sans doute au cours de mes sept autres vies !
Demain matin, nous prenons le train avec nos vélos et notre barda.
L’entrée du musée. À gauche, la toute première automobile. J’ai pris certains modèles parce que je les trouvais amusants, beaux ou pour un détail À gauche la 2V de Bourvil, à droite la voiture au klaxon remarqué dans le Corniaud.À droite la Panhard de mes parents.