Et c’est parti pour la Nullarbor road, une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie parait-il.
Ce qui est certain c’est que cette route qui traverse la plaine de Nullarbor ne laisse personne indifférent. Pour certains, ces 1200 km de désert depuis le bourg de Ceduna jusqu'à Norseman sont une expérience épique, pour d’autres les km les plus ennuyeux de leur vie. On espère faire partie de la 1ère catégorie.
Nous préparons notre périple depuis Adélaïde, avec comme objectif de nous rendre jusqu’à Espérance, quelques 2100 Km plus loin. Pression des pneus bonne, niveau d’huile ok, boite à caca vidée, réservoirs d’eau, d’essence et d’Adblue pleins, et courses alimentaires ok. C’est bon, on a validé tous les points de la check-list. On peut se mettre en route.
C’est au petit matin (enfin 9 heures pour nous … on n'arrive pas à faire mieux 😊) qu’on décide de prendre la route. Dès la sortie d’Adélaïde, les paysages nous semblent déjà vides et désertiques. Ce n’est pourtant pas le cas.
La route de 776 km qui nous amène à Ceduna est bordée par des fermes de céréales immenses, et les champs récoltés où seules subsistent les vieilles chaumes donnent cette impression de désert. Nul doute qu’à une autre saison ces paysages seraient bien différents.
Après quelques heures de route nous traversons la ville de Port Augusta, point de départ de la Eyre Highway longue de 1645 Km, du nom de Edward John Eyre qui fut le premier européen à traverser la plaine du Nullarbor par la voie terrestre.
Nous arrivons à Ceduna en toute fin d’apm. Ceduna est la dernière « ville » avant d’attaquer la plaine de Nullarbor à proprement dit. Ville est un bien grand mot pour cette bourgade de 2000 habitants. On y refera le plein de notre bouteille de Gaz (on avait oublié ce point dans notre check-list ; en Australie on ne change pas sa bouteille, on la recharge) et une remise à niveau de nos courses alimentaires (on avait oublié les bières !), avant de se poser dans un des campings gratuits du coin. Franchement top, et bien mieux que beaucoup d’endroits payants.
Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà près à repartir non sans avoir rendu une petite visite à la statue du perroquet monumental du coin. A partir de là, finie la « civilisation » ; seules quelques Road Houses se trouveront sur notre route jusqu’à Norseman, ce sont des stations services qui font également cafés & petite épicerie et permettent surtout de ne pas oublier de faire le plein dès que nous en croisons.
Et nous voici entamant la partie légendaire de la Eyre Highway, la plaine du Nullarbor ! NULLARBOR signifie « sans arbre » en latin, ce qui ne veut pas dire sans animaux comme nous le rappellent les panneaux le long de la route. Ces paysages sans aucune végétation haute sont impressionnants. On croise aussi les fameux « road trains », ces immenses camions longs de plusieurs remorques pouvant mesurer jusqu’à 53 mètres ! Autant vous dire qu'on serre les fesses à chaque dépassement de l'un d'eux. Bref, il faut rester vigilant et faire également attention à la traversée intempestive de la route par la faune locale. Au passage on est surpris de voir des dromadaires annoncés sur les panneaux routiers. On n'en verra aucun mais après quelques recherches, il s’avère que l’Australie abrite plus d’un Million de dromadaires sauvages, la plus large population mondiale. Le pays exporte même des dromadaires en Arabie Saoudite, c’est vous dire !
Les Kilomètres défilent. Quelques arrêts réguliers pour changer de chauffeur, se dégourdir les jambes et manger des glaces (on a une excuse, il fait quand même super chaud !). Faut l’avouer, hormis les quelques véhicules à doubler il n’y a pas grand-chose à faire ; à part peut-être jouer au golf ! Et oui, c’est assez incroyable mais la Eyre Highway abrite le plus long parcours de golf du monde. Ses 18 trous sont répartis sur près de 1365 km. Pas de chance, on ne joue pas au golf.
A la fin de cette journée, nous serons contents d’avoir parcourus près de 700 Km et le spot que nous choisissons, un peu par hasard, pour passer la nuit est fantastique, avec une vue imprenable sur les falaises surplombants l’océan. En fait c’est un des immanquables de la route apparemment (on est toujours aussi fort en préparation 😊 ). En cours de nuit, le vent se lève et devient un peu trop violent. On décide de replier la tente sur le toit (qui est le lit de Zoé) et de rapatrier la miss dans le « couloir » du camper van ! Du camping au camping, fantastique !
Après cette première nuit pas super, due aux impressionnantes rafales de vent, on fait le point. 900 Km nous séparent d'Espérance. On est motivé, et pour une fois il est super tôt donc on pense que c’est jouable dans la journée. Décollage au lever du soleil que Marion guettait car le vent nous a vraiment fait flipper. Elle commence le premier quart de chauffeur. A peine démarrés, nous croisons plein de dingos, ces sortes de chiens sauvages australiens, se baladant au petit matin dans le bush. On prend notre petit déjeuner un peu plus loin à l'abri des rafales et on en profitera même pour faire une 1ère leçon de conduite à Zoé.
Après une petite heure de route, arrêt surprise à un point de contrôle sanitaire où un charmant inspecteur collectera TOUS nos produits frais et même le miel de Kangaroo Island... pour les détruire ! Il nous explique tranquillement les règles tout en vidant nos tiroirs, et nous on l'écoute tout en grignotant nos tomates cerises... on ne va pas tout lui laisser comme ça quand même ! On découvre qu'il est interdit de transporter des produits frais ou non transformés d’Etat en Etat pour éviter le transport d’éventuelles maladies. Hallucinant ce contrôle au milieu de nulle part ! Et nous voilà, reprenant la longue route, sans produit frais ; si on avait su, on aurait tout cuisiné la veille.
Les premières heures passent et supers contents de notre avancée, on se dit qu'on peut atteindre Espérance en fin de journée. On décide de s’arrêter à la prochaine Road House pour un bon café et la rotation de chauffeur.
Et c’est après la pause pipi, juste avant de repartir, que ce petit salopiaud de voyant rouge indiquant un problème d’huile apparait. Jusque là, rien de bien méchant. Rapide contrôle des niveaux, il manque un peu d’huile, c’est rien. Enfin, c’est ce que nous dit le capteur électronique d’huile, impossible de vérifier visuellement puisque les ingénieurs de chez FIAT ont trouvé super intelligent de ne pas mettre de stick de jauge moteur, mais que ce foutu capteur électronique (là, vous comprenez déjà que ce capteur va avoir un rôle important dans l’histoire) … Bon, on doit ajouter un peu d’huile dans le moteur, sauf que de l’huile on n'en a pas ! Pas grave, on est à une station-service , on va en acheter là.
Bien trop facile : pas d’huile en vente ici ! On peut trouver des supers hot dogs, du liquide de refroidissement, du liquide de frein, à peu près toutes les marques de bières du pays, une batterie… enfin tout, mais bien sûr pas d’huile moteur !!! Et pour couronner le tout, l’assistance technique du loueur de van nous demande d’ajouter une huile bien particulière, de la 0W30 synthétique. Bref, là on est bien.
Pour résumer, un salopiaud de voyant rouge nous demande d’ajouter au moteur une huile bien particulière, la prochaine station est à plus de 200 Km ; on est pile in the middle of nulle part !
On passe en mode Pékin Express pour trouver un peu d’huile pour refaire le niveau. Evidemment aucun autre conducteur à qui on demande n’a la fameuse huile ; mais beaucoup ont la même huile, de la 10W40 synthétique. Après avoir fait de longues recherches sur internet pour vérifier la possibilité d’ajouter cette huile dans notre moteur, et même valider l’affaire grâce non pas au « coup de fil à un ami » mais à un "whatsapp à papa" (merci papa, bien plus fiable question mécanique que nous) qui lui-même fera valider l'utilisation de cette huile par le mécano de chez Speedy (merci Speedy) !
Un charmant jeune couple, au vu de notre détresse, nous cède gentiment son bidon d’huile en échange d’une bouteille de pif ! C’est beau le troc sur la Nullarbor. Reste plus qu’à refaire le niveau. Facile !!
Luc ajoute un demi-litre d’huile ; on fait tourner le moteur, on attend quelques minutes. Rien ne se passe. Rebelote, toujours rien. On attend un peu plus. Déjà un litre quand même, et toujours ce vilain capteur d’huile allumé, tout rouge, qui nous demande d’ajouter de l’huile. On fait un tour de parking, on se gare bien à plat, rien à faire le voyant reste là... 3ème apport d’un demi-litre, et là les choses changent enfin ! Le voyant reste toujours rouge mais nous indique à présent un SURPLUS d’huile moteur !! Rhhhaaaaa, on maudit ces ingénieurs qui à la place d'électronique auraient pu juste installer une jauge avec un simple stick plongé dans l'huile ! Luc perd patience car impossible de savoir où on en est vraiment niveau huile.
Bon, on se rend à l'évidence, on a dû mettre trop d’huile ! Il suffit d’en enlever un peu … ok mais zéro outil avec nous, et surtout impossible d’avoir accès à la vis de purge de l’huile moteur.
Repassage en mode Pékin Express pour trouver de l’aide ! Et c’est là qu’intervient Crocodile Dundee (pour ceux qui ont la ref'). Sorti de nulle part, cet australien bien typé bushman vient nous donner un coup de main. Il regarde sous le van et quelques jurons plus tard il disparait pour réapparaitre avec un chariot élévateur, lui aussi sorti de nulle part ! Il commence à vidanger notre huile ; rien à faire, on a beau retirer de l’huile, le capteur indique toujours un niveau trop important.
On remercie mille fois Crocodile Dundee, qui refuse d'être payé et avec qui on doit se battre pour lui offrir une bière en dédommagement. D'ailleurs tout le personnel de cette Road House est tellement gentil et essaye de nous aider.
On contacte les « vrais » mécanos les plus proches (à plusieurs centaines de Km quand même). Tous confirment l’idée de Luc ; le capteur d’huile est défectueux, et c’est apparemment récurrent sur le type de véhicule que nous avons. Aucun ne veut intervenir mais tous sont unanimes, il faut contacter Fiat à Perth ; à 1200 Km de là. Et Fiat nous dit gentiment... de venir avec le véhicule ! Ah la bonne blague.
Bref, quitte à vivre la NULLARBOR ROAD, autant la vivre à fond avec une bonne panne bien merdique au beau milieu de nulle part. Et là on repense aux blogs qu’on a pu lire de personnes bloquées plusieurs jours pour attendre des pièces et réparer !
Après nos différentes manœuvres, le support technique du loueur de van valide la défaillance du capteur et nous donne son feu vert pour reprendre la route malgré le voyant rouge allumé au tableau de bord pour nous rendre à 750 Km de là chez un vrai garagiste à NORSEMAN. Mais avec toute cette histoire, il est déjà 16h passées, et en Australie hors de question de rouler de nuit avec la faune sauvage !
Dans notre malheur, on aura la chance d’avoir un "camping" attenant à la Road House, et nous restons donc là pour y passer la nuit.
Après avoir remis l’huile correspondante au niveau qu’on avait en arrivant à la station, on prend donc la route au matin pour Norseman. Les yeux constamment fixés sur les témoins de température moteur et huile qui resteront normaux tout du long, on finit par atteindre Norseman après 8h de route.
On fera même un petit stop pour immortaliser notre passage sur la plus longue ligne droite d’Australie, 146 Km sans AUCUN virage !
A la première station service de Norseman, on refait le plein de diesel. Quand on remonte dans le camper van pour nous rendre au garage, miracle ! Le voyant rouge a disparu !! Nan mais ! Du coup, on décide de poursuivre sur notre lancée vers Espérance, à un peu plus de 200 Km de là !!
Au final, on ne sait pas si on fait partie de la catégorie des gens qui trouvent la Nullarbor Road ennuyeuse ou épique ; mais un truc est certain, on s’en souviendra !