Très contents d'avoir trouvé un job si rapidement, nous nous rendons au domaine Arcadia Orchard, le jeudi 16 novembre, à 8h. C'est notre premier jour de travail en Nouvelle-Zélande ! D'ailleurs, en ce qui me concerne, il s'agit de mon premier travail hors de France. Ça fait quelque chose !
Notre mission ?
Enlever le surplus de pommes dans les arbres pour que celles qui restent puissent grossir et atteindre la taille standard pour la vente. Ce n'est donc pas du "Apple picking" (récolte de pommes) mais du "Apple thinning". Les pommes sont en grappes sur les pommiers, et il y a parfois des grappes vraiment énormes ! Le but est d'aérer un peu le pommier et de laisser de l'espace autour de chaque pomme.
En gros, on cueille des pommes pour... les jeter par terre ! Et ce qui est au sol reste au sol. Je ne connaissais pas le processus, et cela m'a fait bizarre le premier jour d'arracher des pommes pour les balancer derrière mon épaule, et de les laisser comme ça dans l'herbe. Il est vrai qu'elles sont vraiment trop petites pour en faire quelque chose.
Le champ de bataille Selon la variété de pommes, il faut parfois laisser juste une pomme au bout de la branche (avec quelques unes le long mais pas trop), parfois une grappe de deux. Il faut savoir juger aussi de la force de chaque branche. Va t-elle pouvoir supporter plusieurs pommes bien réparties ou juste une plus grosse à son extrémité ? Aussi, nous devons enlever d'office toute pomme qui aurait un défaut tels que des tâches ou des trous. Il faut être efficace mais aussi délicat car quand tu tires une pomme, c'est parfois la grappe entière qui te reste dans la main !
Une équipe au top
Derrière : Seb, Gretchen, Thomas, moi, Isaac, Parker & Katie / Devant : Hemi, Raph & Emy.Nous sommes une dizaine. Il y a Hannah, la manager qui est maorie, ainsi que d'autres membres de sa famille dont son frère, Hemi. Avec son air de dur à cuire, il aime bien mettre la musique à fond dans le verger depuis sa voiture qu'il vient garer juste le long de sa rangée. Il fait aussi très bien le Haka. Ensuite, il y a un couple de français, Emy et Raphaël (alias Raph) qui vivent au Québec. Avec leur bonne humeur communicative, ils nous font bien rigoler ! Il y a aussi Katie et Parker, un couple d'américains très sympathiques et tellement assortis avec leurs salopettes, respectivement rouge et bleue. Enfin, il y a deux amis américains, Gretchen (sœur de la femme du fils du patron) et Isaac (le plus jeune) qui boit des sodas fluo et qui a tout le temps faim. Et bien sûr, je n'oublie pas John, le patron, qui passe souvent nous saluer dans les rangs, sur son quad. Son épouse, Leslie, vient nous faire un petit coucou de temps en temps également, en promenant leur chien.
Il fait souvent très beau et chaud, c'est agréable de travailler dehors ! L'artillerie lourde
Nous sommes à chaque fois deux par rangée : un de chaque côté de l'arbre, qui est "traversé" par plusieurs fils de fer (chaque arbre est guidé pour grandir correctement à l'aide de fils de fer horizontaux). Afin de mener à bien notre mission quotidienne, nous avons toute la panoplie d'accessoires nécessaires :
- Les gants en laine et les vêtements de seconde voire troisième main. Notre garde-robe étant très limitée, nous décidons d'acheter quelques habits que nous pouvons "salir" dans des Hospice Shops (ou Charity Shops). Ce sont des petits magasins d'objets et de vêtements d'occasions à très petits prix, que l'on trouve couramment dans les pays anglo-saxons.
- Les bottes en caoutchouc ! Après notre premier jour de pluie au travail, nous avons vite compris que nos baskets préférées allaient périr dans la boue. Nous avons donc fait l'acquisition de super bottes, trouvées au Warehouse.
- De l'eau, la casquette et la crème solaire ! Les journées sont souvent très ensoleillées, et avec le trou dans la couche d'ozone qui n'est pas loin, il faut se méfier du soleil, même quand on a l'impression qu'il joue à cache-cache. Bronzage ridicule garanti !
- Le téléphone et les écouteurs. Avec 8h de travail tous les jours, il faut passer le temps avec de la musique et des podcasts très instructifs sur la vie de Maria Montessori ou de George Sand. Bien évidemment, nous tapons aussi la discute avec nos voisins et partenaire de rangée. Je fais souvent équipe avec Thomas, et j'ai droit à ma demie-heure de cours d'anglais chaque jour. Mes mots préférés : "a wire = un fil de fer" et "a post = un poteau".
- La fameuse échelle à trois pieds ("Ladder" en anglais). D'abord, on commence par enlever les pommes dans la partie basse du pommier, puis on utilise l'escabeau pour faire la partie haute. Parfois, le sommet est hors de notre portée, et c'est Hannah ou d'autres personnes qui s'en occupent, à l'aide d'un élévateur.
De temps en temps, nous avons d'autres tâches à effectuer, comme fixer des plastiques verts autour des bébés arbres et les arroser.
Nous terminons les pommes en avance, du coup nous devons faire la même chose mais pour les poires. Nous nous plaignons parfois des pommiers mais ça, c'était avant de connaître les poiriers ! En effet, les arbres sont plus hauts et les poires sont plus difficiles à arracher. Heureusement, mon coéquipier Thomas sait faire passer le temps avec sa playlist musicale et ses trouvailles en jeux de mots. On se fend bien la poire !
Nous tombons régulièrement sur des nids. Parfois, il n'y a rien, mais souvent, il y a des petits œufs ou carrément des oisillons.Les derniers jours, après avoir terminé également les poires, nous passons nos journées à faire des nœuds. Le but est d'attacher les jeunes arbres aux fils de fer pour qu'ils grandissent bien droits. Vive les ampoules !
Toute une technique !Notre contrat s'arrête le 22 décembre 2017. Malgré un travail redondant et des nuits entières à rêver de pommes, nous avons tous vécu une belle expérience, pleine de soleil et de joie !