Le réveil est salé, 6:45 sur les chapeaux de roues, pas le temps de petit déjeuner, on enfile ce qui nous passe sous la main et filons vers l'aventure.
Rendez vous à l'école de plongée !
Nous attendons sur les marches du bâtiment, son architecture nous mets dans le bain, les rampes d'escalier partent de pylône en forme de bouteille à oxygène, pas de doutes, c'est ici.
Marie est assez nerveuse à l'idée de plongée dans la mer, j'essaie de la rassurer comme je peux mais les pas en direction du port sont assez hésitants de son côté.
Nous arrivons sur le bateau, nous sommes une quinzaine d'apprentis plongeurs. Tout le monde se lance des sourires amicaux mais la tension est palpable. Il y a de toutes les nationalités parmis nous, espagnoles, allemands, anglais, et nous.
Nous faisons la connaissance avec la personne dont notre vie dépendra toute cette matinée durant et les débuts paraissent assez compliqués. En effet Mickaël, un anglais d'une cinquantaine d'années a un accent très prononcé et ces années passées avec un respirateur dans la bouche n'ont pas facilités notre compréhension. Cela rend Marie de plus en plus nerveuse, je la voie passé du rire au larmes et ça me pousse à me concentrer uniquement sur elle durant le trajet jusqu'au site de plongée. Nous allons en direction de Maya bay, la fameuse baie du film la plage avec Leonardo Dicaprio. Un des plus beaux endroits du monde, pour une première plongée nous sommes gâtés !
Nous enfilons notre combinaison de plongée et la tension monte petit à petit sur le pont du bateau. Il n'y a plus de sourires à ce moment là, la concentration est maximale. Chaque moniteur encadre deux personnes, Mickaël nous explique tous les gestes à retenir pour pouvoir communiquer sous l'eau.
Je dois les traduire à Marie car au début, face au stress et face à cet accent si prononcé Marie perd pieds assez rapidement.
Nous entendons un énorme bruit qui retentit dans la baie, c'est la sirène du bateau qui annonce l'arrivée au point d'ancrage. À ce moment là, tout se passe très vite. On entends le bruit des sangles des gilets qui se ferment, celui des bouteilles métalliques qui s'entre chocs. Marie me regarde, je vois simplement deux yeux tout rond dans le masque qui me fixent, assez facilement déchiffrables, la tension est maximale. C'est parti, nous avencons avec peine, palmes au pied vers l'arrière du chalutier. Pas le temps d'hésiter, une main sur le masque et l'autre sur le respirateur, un pas en avant et nous sommes à l'eau !
Nous nous éloignons du groupe avec notre guide, allongé sur le dos, le gilet gonflé au maximum.
C'est parti pour une série d'exercices pour nous familiariser avec le matériel. On respire la tête en dehors de l'eau dans le respirateur, l'air y est sec mais l'exercice est intuitif. Ensuite c'est parti pour une première immersion, à quelques centimètres en dessous de l'horizon. Nous devons respirer, ensuite enlever le respirateur de notre bouche et le reprendre quelques secondes plus tard. Le but étant de nous préparer pour éviter un moment de panique qui pourrait s'avérer fatale.
Nous devons ensuite complètement lâcher le tuyau, le retrouver autour de notre corps et le remettre dans notre bouche, le tout en restant calme. Marie panique lorsqu'elle n'arrive pas à retrouver le sien mais la situation se calme assez rapidement lorsqu'il lui montre les gestes à effectué pour le retrouver. Il nous regarde, l'air joueur, nous demande si nous sommes prêts avec un signe de la main, et c'est parti pour les profondeurs.
Il dégonfle nos gilets, et la ceinture lestée de plombs fait son travail, nous nous enfonçons petit à petit dans les profondeurs de l'océan.
Au bout de quelques secondes seulement je vois Marie faire de grands gestes, je la regarde me pointer une direction en imitant une coupe iroquoise. C'est le signal ultime, les requins sont là. Quatres requins à pointes noir nagent lentement à quelques mètres de nous, le spectacle est saisissant. Le calme de la mer, la lenteur de leur allure et la beauté de ce moment nous font complètement oublié le fait que nous sommes déjà à 10.7 mètres de profondeur en train de respirer dans un tuyau métallique.
La suite de la plongée en devient facile, tant d'appréhension, de stress, des requins, tout ça si subitement que la suite est une magnifiques balade à travers les coraux et les bancs de poissons qui nous entourent.
Au bout de 45 minutes nous remontons sur le bateau, l'air frais reste plus agréable et le contact du sol est rassurant. Nous déjeunons pendant que le capitaine entames des manœuvres qui nous mènent au second point de largage. Mickaël nous regarde en nous lançant un " are you ready ?" C'est reparti pour 45 minutes d'aventure à la recherches de créatures nouvelles. Bien plus confiant nous nous pressons de nous jeter à l'eau. Nous sommes les premiers à partir, nous flottons dans le calme, mettons nos respirateurs dans la bouche, prenons une longue inspiration et en mettant la tête sous l'eau, découvrons un tout autre spectacle. Pensant être seul à ce moment la nous découvrons une vie sous marine débordante, il y à une dizaine de plongeurs, des bancs de milliers de poissons jaunes et blancs nous entourent. C'est un autre monde qui est caché ici bas.
Au fil de la traversée nous rencontrons une énorme et terrifiante murène, un poisson lion, lune, papillon.. les coraux sont colorés et pleins de vies. Nous atteignons le fond, 12 mètres.
Les 45 minutes défilent à une vitesse folle, c'est déjà la fin.
Nous montons sur le bateau, tout excité par cette expérience et remercions Mickaël pour avoir pris le temps de nous rassurer et de ce moment unique passé avec lui.
Le retour se fait dans le calme, tout le monde regarde l'horizon, personne ne parle, la tension redescend, nous réalisons à peine ce qui vient de nous arriver.
Je passe le succulent déjeuner qui nous attends dans notre boui-boui préféré et nous repartons en direction du port pour réserver nos deux excursions pour demain.
Nous partons en bateau pour Long Beach, nous y savourons une noix de coco frappée et Marie entame une sieste pendant que j'attaque mon livre.
Le coucher de soleil est à tomber par terre, nous décidons malgré l'heure de passer par la forêt pour rentrer. Les moustiques font des ravages mais au bout d'un sentier je vois la tête de Marie qui se décompose, entre joie et stupeur, elle me chuchote en pointant du doigts la forêt : "regardes regardes ! " Une famille de singes qui se baladent à quelques mètres de nous. Décidément Koh Phiphi ne compte pas nous décevoir. Nous restons là, à admirer les primates, pendant que les moustiques affamés se régalent. Nous repartons dans l'obscurité vers la ville.
Un dîner très épicé et deux bouteilles d'eau plus tard, nous allons dormir.
Demain c'est encore une nouvelle aventure qui nous attend.
A demain
Robert et Marie