Après la gigantesque Istanbul, place à la Cappadoce sans passer par la case "capitale" (comprendre : on ne va pas aller à Ankara). Notre point de chute est Göreme, qu'il faut prononcer "Goreumeu" si vous voulez faire ça à la turque.
À la sortie de l'aéroport, deux choix s'offrent à nous : prendre un taxi, du classique, ou prendre la navette gratuite qui nous dépose devant notre lieu de résidence pour la semaine !!?? Étrangement, notre choix a été rapide et l'on s'interroge toujours sur le rôle de ces pauvres taxis ??
La ville tient ses promesses : c'est très touristique, il y a beaucoup de sable dans les rues et, partout, il y a des habitations troglodytes !
Notre premier resto à d'ailleurs été dans l'une d'elles, au "Nazar Borek et Café", un superbe endroit très intime, avec seulement 5 tables, un peu à l'écart et avec une vue imprenable sur la ville. C'est ici que nous entendrons pour la première fois parler de gözleme, un mot que notre ami Google nous a traduit par "observation" et qui est en fait une crêpe turque. Ce gözleme va devenir le symbole de notre apprentissage de la langue durant ce voyage... et un running-gag. Dès qu'on ne comprend pas, on répond... "gözleme" !
C'est une agréable petite ville, sauf aux heures de pointe car les nombreux véhicules qui la sillonnent génèrent beaucoup de poussière. Les commerçants passent d'ailleurs de longs moments à arroser les routes, mais ça n'empêche pas que ici soit recouvert d'une épaisse pellicule grisâtre. Hormis les deux voies principales, c'est un entremêlât de ruelles parfois escarpées où l'on trouve du typique, du moins typique (en vrai, un euphémisme pour désigner du souvenir chinois) et évidement beaucoup de restaurants. Mais leurs rabatteurs sont beaucoup moins oppressants qu'à Istanbul et ça... ça nous fait du bien ! On y croise aussi pas mal de voitures anciennes utilisées par les agences locales pour balader le touriste dans de vielles américaines...
Au milieu de l'effervescence des agences de vols en montgolfières et de la quiétude des joueurs de backgammon assis à l'ombre en terrasse à boire du thé, nous allons rapidement prendre nos marques. Nous allons au supermarché local et avons nos petits commerçants préférés. Nous allons même réussir à acheter du cacik (un mezze au yaourt et concombre qu'on adore) dans un resto alors qui n'en vend pas. Bon, il a d'abord fallu que je montre une photo au gentil monsieur qui ne comprenait rien à ce que je lui demandais. Oui, ça se prononce "chachik" et pas "cassik".
Au détour d'une de ces petites ruelles, nous allons découvrir une boutique au projet est indéfinissable, avec des vieux trucs agencés dans de multiples cavités. Le tout donne un endroit étrange et intrigant, une sorte de caverne aux trésors. On peut également y boire un coup en compagnie de "Lola la mordilleuse", le chiot de la famille.
Les chiens, c'est un vrai sujet à Göreme. Il y en a partout ! Ils peuplent les rues. La journée, on les croise, à l'ombre, allongés sur le flanc. Ils ne sont à personne, mais tout le monde les nourrit. Certains d'entre eux peuvent décider unilatéralement de vous choisir comme maître et de nous accompagner dans vos ballades de la journée.
L'endroit où nous avons élue domicile pour ces 9 jours en Capadoce est la Kose pensyon. Une pension tenue par une australienne, où nous allons découvrir les mouches charbonneuses, une saloperie d'insecte qui ressemble en tout point aux mouches que l'ont connait mais qui mordent, et le connard de dortoir, une saloperie d'être humain qui ressemble en tous points à ceux que l'on connait mais qui possède une insoupçonnable capacité à faire chier le monde et qui pullule dans la pension. Parce qu'au début, on a fait le choix du dortoir commun... Mauvais choix ! Du moins, un choix qui nous aura servi à adopter définitivement les boules Quies pour la suite de notre voyage ! Car nous avions sous-estimé le bordel que 20 personnes pouvaient mettre à tour de rôle... et ce dès 4h du matin.
Du coup on ne va faire que deux nuits dans le dortoir commun, avant d'upgrader notre hébergement pour une chambre... puis une autre... où nous étions seul. Ça ne nous a pas empêché d'être dérangés dans notre sommeil... La conséquence : réveiller le dragon qui sommeillait en Margot ! Un matin, elle a déboulé dans le couloir et a envoyé un "Do you have a problem with the door ? Can you stop the noise ! " à des gens qui venaient de claquer leur porte de chambre pour la 73e fois depuis 6h30 du mat.
Au moins, les réveils très matinaux du dortoir de la Kose pensyon ont eu le bénéfice de nous permettre admirer l'envol des ballons au dessus de la ville.
Tous ces gens qui faisaient du bruit très tôt, trop tôt, se levaient soit pour faire un tour en montgolfières, soit pour les observer d'un des points de vu situés autour de la ville. Alors un matin, c'est nous qui avons fait du bruit pour aller voir ce spectacle... et bim ! Un spectacle magnifique, qui mérite de se lever si tôt, mais qui ne justifie pas d'emmerder les autres 😉
Nous, nous sommes montés au point de vue "officiel". Pour y aller, il faut emprunter une rue, jusque là rien d'anormal... une rue payante... jamais vu ça ! Même à 5h du matin, il y avait un gars chargé de collecter la taxe. Ce n'est pas bien cher, mais quand même. Bon, en vrai on peut passer par ailleurs, mais c'est beaucoup plus long, et à cette heure là...
Ce ballet de montgolfières au levé du soleil est extraordinaire. Et bientôt, c'est notre tour d'être tout là haut. Enfin c'est ce qu'on croyait. Nous avions réservé depuis 6 mois notre vol avec Urgup Balloon, pour le 15 août. Mais avec nous rien est simple. Pourtant, le 15 à 4h30 du matin, nous étions debout et prêt. Lorsque le van chargé de nous amener sur le lieu de décollage est arrivé, un peu en retard, nous sommes montés et nous nous sommes assis... [musique de suspens] ... Le van a remonté la rue... [re-musique de suspens] Puis il s'est arrêté... [re-re-musique de suspens] Le chauffeur s'est retourné et nous a dit que tous les vols étaient annulés à cause du vent. On a d'abord cru à une blague, jusqu'a ce qu'il nous ramène à la pension et nous demande de descendre... [musique dramatique]. On s'est retrouvé là, comme des cons, une fois encore réveillé à 4h du mat, et il n'y avait même pas le spectacle des montgolfières à regarder pour nous consoler. Lorsque j'ai contacté l'agence, ils m'ont dit qu'on était sur liste d'attente pour les prochains jours. Ok. Sans nouvelle de leur part le lendemain, je les recontacte et ils m'annoncent qu'une demande remboursement a été faite et que mon vol est donc définitivement annulé car tout, évidement, était déjà plein à craquer 😱 !!! Après avoir enquêté, on s'est aperçu que ceux qui pouvaient espérer revoler les jours qui suivent une interdiction de vol sont ceux qui rajoutaient un peu d'argent. Comme on était un peu (beaucoup) frustré par l'expérience, on a réussi à trouver trois places avec une autre agence, mais bien plus chères ! Là encore, problème : le chauffeur du van va nous faire attendre 20 minutes devant un hôtel, pour trois personnes qui étaient déjà dans le van. Un grand n'importe quoi. Du coup, nous allons décoller dans les derniers, avec beaucoup de montgolfières déjà dans le ciel (ça c'était beau), mais nous allons rater le levé du soleil !!! De notre point de vue, ça ne vaut pas le prix que ça coûte. Nous avons passé un bon moment, mais nous avons passé un tout aussi bon moment à observer ce tableau depuis la terre ferme. Bon, c'était cool quand même.
Cool également, notre rencontre avec Faruk le troglodyte. C'est en nous baladant dans Göreme que nous avons croisé sa route.
Moi, j'aime bien les pierres et les bracelets. La boutique de Faruk ce n'est ça. Intrigués, nous sommes rentrés et avons farfouillé, encouragé par notre hôte. Ils parlent quelques mots de français, nous quelques mots d'anglais et la-dessus on a commencé à discuter. Margot a trouvé un petit truc à acheter et moi aussi. Dans l'entre-fait, ils nous propose un thé pour nous aider dans notre décision. Pourquoi pas... Je le vois alors aller dans ce que je crois être une arrière boutique, mais qui est sa maison. On s'installe sur des chaises qui n'en sont pas vraiment autour d'une petite table basse. L'endroit est irréelle. Il n'y a pas de toit, des fruits en décomposition dans des paniers, des objets récupérés, cassés, entassés partout. Mais l'homme est vrai, simple, il vient d'ici. Un pure troglodyte de Cappadoce. Pas un gars de la ville venu faire de l'argent, comme il aime nous le rappeller.
Il nous raconte qu'avant il était photographe mais qu'il en avait marre de ce milieu, de ces filles qui passent leur temps à se regarder (et je peux vous dire que là-bas, on en a vu beaucoup). Qu'il préfère fabriquer lui même ses cigarettes pour être sûr de ce qu'il y a dedans. Nous buvons un thé, puis un autre. Du vrai, pas du thé en sachet. Il nous donne des conseils pour la suite de notre voyage, regrette que sa voiture soit en réparation car il aurait pu nous emmener faire des visites. Il nous propose du raisin qu'il a cueilli dans les vignes alentours. Nous comprenons que c'est son repas. Il taquine affectueusement Margot qu'il appelle "la parisienne", et ponctue chacune de ses phrases par un "Ah bah oui, hein" qui va nous marquer.
Nous allons passer un long moment avec lui à discuter. Lui négligeant le peu de clients qui entrent dans sa boutique, nous oubliant qu'on a une région à découvrir. On veut lui acheter un bracelet, mais il ne veut pas nous donner de prix. Je dois lui faire une proposition. Si ce prix me satisfait, alors il est content
Il ne travaille pas pour l'argent, me dit-il.
Ce bracelet, Margot le trouve trop grand. Mais il ne veut rien entendre. Il veut qu'elle le porte comme ça une journée et que si ça ne va pas, on revienne. Évidement, nous allons revenir, et encore discuter longuement autour d'un thé. Le jour de notre départ, nous voulons passer luis dire au revoir et lui laisser en souvenir une photo de nous 4, imprimée avec l'imprimante de poche que nous avons avec nous. Mais il n'est pas là. Alors on laisse la photo sur sa porte et je lui envoie un message sur Whatsapps pour lui dire que l'on part. Quelques minutes plus tard, qui voit-on débarquer à l'arrêt de bus, Faruk. Il a laissé en plan ce qu'il faisait et va attendre plus d'une heure le bus avec nous (oui, il avait un peu de retard). Voilà, c'est aussi pour ce genre de rencontres que nous faisons ce voyage.
Outre la montgolfière, en Cappadoce il y aussi pas mal de truc à voir, comme par exemple Derinkuyu, qui signifie "puit profond", la plus grande cité souterraine de Turquie, datant du VIIIe siècle av. JC, mais qui a souvent servi de refuge au chrétiens persécutés. Pour y aller, on a pris le bus direction Nevsehir. Pas besoin de chercher beaucoup pour trouver l'entrée car à part la ville souterraine, pas grand chose à voir à Derinkuyu. Et même la cité souterraine... pas grand chose à voir ! Des escaliers étroits qui mènent à des cavités, qui débouchent sur d'autres cavités, le tout sous-terre, c'est sûr, mais il n'y a pas un panneau, pas une explication... et on a vite fait le tour. Candice a passé un bon moment à fureter au frais dans ces cavernes, mais moi j'ai trouvé ça très mal exploité. On apprend rien de cet endroit qui a pourtant une histoire intéressante, mais si vous voulez en savoir une plus, débrouillez-vous. Moi, j'ai largement préféré le goûter qui a suivi 😀
Nous avons également visité le château d'Uçhisar, point culminant de la Cappadoce. Un édifice du 4e siècle av. JC, creusé dans la plus haute cheminée de fée de la région (179m). Le lieu est impressionnant, mais il a plus d'intérêt vu de l'extérieur car, une fois encore, l'intérieur est assez mal exploité. Nous, on est tombé sur sur une expo de croûtes sans aucun rapport avec le sujet et dont les auteurs avaient un talent tout relatif. Mais une fois gravi les marches qui mènent au sommet, on a une magnifique vue sur toute la Cappadoce.
Le Göreme open air museum est un ensemble de 15 églises troglodytes du 11e siècle, richement décorées... ça c'est sûr. Sauf qu'une fois passé l'entrée, on a découvert qu'il était interdit de prendre des photos ??!! Dans chacune de ces églises, un garde veille. Je peux vous dire que le principe m'a un peu dérangé, et cela m'a carrément énervé quand nous avons découvert la magnifique Dark church. Là, ce n'est plus un garde qu'il y avait à l'entrée mais le cerbère. Un type rompu aux techniques d'espionnage les plus pointues. Il vérifiait que nos écrans de téléphones étaient bien éteints, suivait les gens qui s'attardaient trop... Moi ça m'a un peu saoulé. Donc je me suis mis en mode 007, et j'ai trouvé une application qui permet de prendre des photos sans que l'écran de téléphone soit allumé. Donc, on est retourné voir notre ami le cerbère. On s'est fait de grands sourires et voici donc en exclusivité mondiale (j'exagère à peine) des photos pas toujours très bien cadrées de l'intérieur de la Dark church [Satisfaction] !!!
Pour rester en mode agent secret, j’avais entendu parler d’une Hidden church, une église cachée. Avec le peu d’infos trouvées sur le net, on l’a cherchée une première fois sans succès. Alors, on y est retourné et cette fois nous l’avons trouvée, enfin Candice l’a trouvée. Pour y arriver, il faut traverser un ranch, grimper au sommet d’une colline, explorer un peu pour tomber sur les escaliers qui redescendent jusqu’à une petite grille. Derrière ces barreaux on peut voir les peintures qui décorent cette ancienne petite église troglodyte. Là encore, c'est cadeau, voici le fruit de nos investigations.
Mais bien sûr autour de Göreme, il y a surtout les vallées à découvrir. L’occasion pour nous de quelques bons treks dont nos cuisses et nos mollets se souviennent encore. Nous avons commencé par la Pigeon valley, au sud-ouest de la ville, qui mène à Uçhisar…
Il y a aussi la plus connue, la Love Valley avec ses cheminées de fées aux profils phalliques si caractéristiques. Pour tout dire, il n’y en a pas tant que ça de ces cheminées de fées et la vallée n’est pas très grande. Je m'attendais à plus spectaculaire même si c'est déjà très très beau. Là-bas, on y aussi dégusté le pire jus d’oranges de l’histoire de nos jus d’oranges en Turquie dans le seul petit café du fond de la vallée. Il avait pourtant un look qui donnait envie de s’y arrêter. Comme quoi l’habit ne fait pas le moine.
De retour de notre balade, on a pu constater l'efficacité de la DDE locale, capable de faire surgir de nulle part une route goudronnée en une après-midi !!!
Nous, ce que l’on a préféré en Cappadoce, c’est notre expédition de 6 heures dans la Rose et la Red valley. Un endroit magnifique qui regorge d'habitations et des églises troglodytes. Parfois au détour d’un chemin, on trouve une cavité, on s'y introduit et on découvre un endroit spectaculaire. Seul bémol, que nous constaterons sur l’ensemble de la Turquie : il y a souvent beaucoup, mais beaucoup, de déchets dans ces lieux qui constituent pourtant un fantastique patrimoine historique (quand on sait que certains sont capables de chier dans les cavités du château d'Uçhisar, plus grand chose n'étonne !!! )
Pour découvrir les Rose et Red valley, nous, nous avions un guide. Pas n'importe quel guide, un guide avec un sacré flair. Un chien de Gorëme qui avait décidé de nous faire la visite. Souvent, il nous a amené dans des endroits où nous ne serions pas allés spontanément mais où nous avons découvert des peintures ou des ornementations sculptées dans la roche. On sentait son expérience rien qu’à sa façon de se déplacer. D’ombre en ombre. Jamais d’arrêt au soleil. Notre balade dans ces deux vallées c’est même terminée avec deux chiens ! Car lors d'une pose, nous avons croisé un couple de français qui avait eux aussi un accompagnateur canin. Mais il a préféré finir le trek avec nous.
En résumé, nous avons passé un très bon moment en Cappadoce. Même si l’endroit est un peu surcôté, c’est un lieu où règne une ambiance particulière qui nous aura bien plu.
Maintenant, il est temps de prendre la route en car, vers la mer, avec tout d’abord une étape au pays des derviches tourneurs.