Sawadee Kha !
Nous avons passé la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande en bus, sans aucun problème (mis à part la perte de quelques touristes au passage des postes de douanes, mais ce n’était pas nous !).
A l'exclusion du cas particulier chinois, la Thaïlande fait figure de pays particulièrement développé en Asie du Sud Est. On dénombre environ deux fois moins de câbles sur les lignes téléphoniques, et nous sommes restés idiots lorsqu'un automobiliste nous a laissé traverser la route. D'ailleurs, les voitures supplantent les deux roues, et malheureusement, les tuktuks voient leur avenir s'assombrir de jour en jour. Les villes possèdent des réseaux de transport (le glacial métro de Bangkok par exemple), des trottoirs entretenus et parfois des gratte-ciels. Preuve formelle du développement, on nous fait désormais un contrat de location pour les scooters.
Les thaïlandais sont très accueillants, généreux et serviables, et nous comprenons l'engouement mondial pour ce magnifique pays qui sait recevoir ! On retiendra l'iconique Wai, jointure des deux mains sur la poitrine en signe de remerciement ou de salutations, qui est une partie intégrante de la culture thaï.
La religion est également très suivie et les habitants sont d'une piété remarquable. Leur foi est encore un mélange de bouddhisme et d'animisme, que l'on remarque par les petites maisons à l'entrée des demeures qui abriteraient l'esprit protecteur de l'habitation. Notre séjour nous a permis d'en apprendre plus sur leurs croyances et de comprendre certains comportements et mœurs en Asie.
La cuisine thaï est fantastique ! Riz et nouilles sont toujours à la base de la majorité des plats, mais la diversité des préparations est aussi étendue que la palette des saveurs. L'éternel riz frit est ici relevé de pâte de curry ; les nouilles sautées, agrémentées de crevettes séchées, de citron vert et d'œuf constituent le Pad Thaï, plat national. Les currys sont onctueux, riches et délicieusement relevés. Les salades apportent de la fraîcheur dans la torpeur locale, à condition de ne pas craindre le piment !
Vous trouverez un aperçu de nos aventures dans cette petite vidéo :
Nous arrivons donc le 10 novembre dans la grande ville de Bangkok ! Nous y restons une petite nuit avant de partir dès le lendemain pour Sukhothai, vers le Nord du pays, en 6h de bus, animées par des émissions musicales Thaï. Capitale de l'empire de Siam il y a 800 ans, la vieille cité présente toujours de magnifiques temples qui lui ont value d'être classée au Patrimoine Mondial. Ce complexe se situe à une dizaine de kilomètres de la ville nouvelle, pied à terre idéal et bon marché pour les voyageurs. Sortis du bus à la nuit tombante et délestés de nos fardeaux à la guesthouse, nous sympathisons immédiatement avec une famille française (avec deux enfants) qui nous propose de rejoindre l'antique cité sur leur scooters. Les garçons d'un côté, et les filles de l'autre, nos deux trios accèdent au site gratuitement en raison des funérailles royales. L'émerveillement est immédiat : toutes les ruines sont illuminées par des centaines de flambeaux et les douves les cerclant sont constellées de lanternes flottantes. Le festival Loi Krathong (littéralement flottant radeau) bat son plein. Cette fête populaire rendait initialement hommage à la déesse hindouiste de la rivière (Divali), mais a été convertie au bouddhisme en même temps que le pays et permet désormais de respecter l'Éveillé par de la lumière. Les festivités, normalement joyeuses, ont cette année été empreintes d'une solennité inhabituelle en raison de la disparition du vénéré roi Rama IX. Point de répis cependant pour les étals de mets plus alléchants les uns que les autres : Pad Thaï, curry, brochettes, fritures et sucreries. Également présents en nombre, les artisans - voire artistes - de radeaux en feuille de bananier voient leur talent exhibé sur la moindre étendue d'eau. Nous sommes revenus le lendemain pour admirer les ruines en journée. Les temples d'inspiration Khmère et Thaï se côtoient et rivalisent de majesté. On citera notamment Wat Mahathat, véritable labyrinthe aux nombreuses statues et colonnes, Wat Sa Si et ses imposantes douves ou bien, plus éloigné, Wat Saphan Hin et ses marches escarpées que les rois d'antan gravissaient à dos d'éléphant blanc. Le site regorge de temples, stupas et chedis plus ou moins bien conservés et requiert une journée pour tout explorer. Le soir venu, nous avons encore profité du festival et mis à l'eau un magnifique radeau en hommage à nos lecteurs assidus.
Suite à cette escapade bien sympathique dans l’ancienne capitale, nous nous mettons en route pour Chiang Mai, la plus grande ville du Nord du pays. A notre arrivée dans la guesthouse, la personne de l’accueil nous annonce qu’il n’y a plus qu’un lit de libre dans le dortoir que l’on avait réservé suite à un bug sur internet (on le soupçonne plutôt d’avoir invité tous ses amis chinois dans son auberge pour le festival Loi Kratong, et de toute façon, après avoir vu l’état des dortoirs, on ne voulait même plus y aller). Il nous propose de dormir par terre dans le hall gratuitement… on a hésité (un tout petit peu) mais on a quand même préféré faire le tour des autres guesthouses pour finalement trouver deux lits mais juste pour une nuit. Après avoir enfin posé nos affaires, nous nous baladons dans le centre ville, où le Sunday Market, accompagné des lumières féériques de Loi Kratong battait son plein ! Le lendemain, nous quittons le centre ville pour aller dans une auberge (2230 Hostel) à l’ouest de la ville, dans le quartier des universités. C’est un des seuls endroits où nous avons réussi à trouver de la place pendant le festival, à un prix correct. Le concept de cette auberge est un peu bizarre, en fait, il s’agit de lits superposés dans des placards qui peuvent se fermer à clé avec un petit trou dans le mur pour faire entrer la climatisation provenant du couloir. Claustrophobes, s’abstenir ! Néanmoins, le quartier est très sympa et très vivant ! L’après-midi, nous décidons d’aller visiter le temple Doi Suthep, sur la colline. Nous partageons un pick-up avec deux chinoises qui nous ont bien fait rire. Elles ne parlaient pas anglais mais avaient une application qui était censée traduire en anglais tout ce qu’elles disaient en chinois, sauf que ça ne fonctionnait pas vraiment ! Le temple Doi Suthep est très beau et permet d’avoir une vue en hauteur de la ville. Le soir, nous nous rendons sur le pont Nawarat, pour profiter du dernier jour du festival Loi Kratong. Ici, les thaïlandais (et les touristes) lâchent des lanternes de feu dans le ciel, un spectacle époustouflant au-dessus de nos têtes. Nous en avons profité pour (enfin) goûté le fameux fruit puant dont B. raffole tant, j’ai nommé, le Durian ! Verdict, c’est pas bon du tout ! Les deux jours suivants, nous avons participé à une retraite de méditation bouddhiste avec le Monkchat Program. C’était très intéressant mais un peu difficile de rester en silence pendant deux jours ! Nous avons beaucoup appris sur la religion bouddhiste et ses valeurs. Pour les intéressés, le programme de cette retraite est détaillée sur le site internet monkchat.net . Nous revenons ensuite dans notre hôtel-placard pour deux autres nuits et passons une journée dans un sanctuaire d’éléphants ! Nous avons choisi le sanctuaire Yogi Mahout, qui prend soin des éléphants et ne permet pas de faire une balade sur leur dos dans un howdah (palanquin), pratique qui blesse physiquement l’animal. Nous avons donc nourri les éléphants avec des bananes et des bâtons de canne à sucre et nous les avons lavés dans la rivière. Pendant le bain, le personnel du sanctuaire s’amusait à nous arroser avec les trompes des éléphants (lucky water), et nous avons eu droit à des bisous de trompe ! De très bons moments avec ces énormes bêtes affectueuses ! Nous nous sommes également promenés vers la cascade de Mae Wang, où Samy le vaillant s’est baigné dans l’eau très fraîche.
L'aventure se poursuit en direction de Pai, que l'on rejoint par une sinueuse route de montagne, dans un minivan partiellement occupé par des Thaïs mal en point, ces derniers souffrant terriblement du mal des transports. Ce village siège dans une vallée florissante et très fertile. Nous avons parcouru les alentours en scooter et avons pu profiter de la diversité des paysages. On y trouve des sources chaudes, pures et relaxantes, des cascades en escalier ou au fond d'un gouffre, de nombreuses terres agricoles ou bien encore un canyon de terre rouge et arboré de pins odorants. Enfin, l'esplanade du Bouddha blanc, flanquée de Nagas d'une longueur remarquable, offre un point de vue époustouflant sur la vallée, notamment lorsque la lumière est rasante. Le village est célèbre pour sa communauté hippie, toujours présente, mais tend à succomber au tourisme de plus grande envergure. Toujours est-il qu'il y fait bon vivre, et les locaux sont très accueillants et paisibles. Samy a par ailleurs pu retrouver deux amis canadiens de longue date le temps d'une soirée ! Le marché de nuit offre une cuisine simple, goûteuse et d'une grande diversité. On félicitera également toute l'équipe de Na's kitchen, pour le délicieux repas concocté pour nous et partagé avec deux britanniques assis à notre table.
D'ailleurs, parlons cuisine thaï, et notamment des currys. Ils faut savoir que le curry (en Thaïlande) désigne une pâte condimentaire qui sert à l'élaboration de différents plats : riz sauté, soupes ou ragoût. On a pu tester pour vous les trois couleurs de curry :
- curry vert : le plus souvent en soupe, accompagné de riz, c'est le plus piquant de tous, nous n'avons jamais dépassé la cuillerée.
- curry jaune : plutôt servi en ragoût ou dans du riz, il est très proche de ce que l'on obtient avec la poudre de curry en France, grâce à la dominance du curcuma et du cumin. Il est doux !
- curry rouge : il en existe deux sortes, le phaneang et le massaman. Originaire de Malaisie, le premier est servi épais, est plutôt pimenté et sucré à la fois, le second est proche d'un tajine allongé de lait de coco, en raison de la cannelle et du cumin (massaman vient de musulman, et le plat viendrait d'Iran), les deux sont un vrai délice !
Nous redescendons ensuite sur Bangkok par le bus de nuit pour y rester 2 jours. Notre auberge (Bewel, près de Khaosan road) est tenue par un français et ce fut la première fois en Asie que le matelas du lit était mou! Le propriétaire nous confie que les thaïlandais sont très investis dans le deuil national suite à la mort du roi et que ses employés à l'auberge s'habillent en noir depuis plus d'un mois (alors qu'un décret les autorise à s'habiller normalement depuis le 14 novembre). Certains thaïlandais s'habilleront de noir pendant un an! Le premier jour, nous prenons la navette fluviale (14 bahts) pour nous rendre au temple Wat Pho, célèbre pour son Bouddha couché de 43 mètres. Ensuite nous nous rendons au palais royal, qui abrite la résidence royale, la salle du trône, un grand nombre de bureaux gouvernementaux et le temple du Bouddha d'émeraude. En raison de la mort du roi, des milliers de thaïlandais vêtus de noir ou de blanc se rassemblent chaque jour pour des processions, et de ce fait, les deux tiers du palais royal sont fermés actuellement (mais le prix reste le même). Au final, seule la partie religieuse est accessible et nous retiendrons notamment la visite du temple du Bouddha d'émeraude. Après cette visite un peu décevante, nous prenons un taxi-meter (moins cher que les tuk-tuk) pour aller dans un centre commercial climatisé (quand on a trop chaud, c'est une bonne alternative). Ce centre commercial, le MBK center, ne ressemble pas tout à fait à un centre commercial européen. En effet, ici il y a certaines enseignes connues mais les couloirs sont envahis de petites échoppes de souvenirs et contrefaçons! C'est un concept à la thaïlandaise! Nous découvrons avec bonheur le foodcourt, où il est possible de manger quasiment tous types de nourriture pour 50 bahts! Nous testons du poulet frit et des dumplings, sans oublier le succulent riz collant accompagné de mangue et de lait de coco (mango sticky rice). Nous faisons ensuite un peu de shopping et nous nous rendons sans le savoir au marché de nuit de Patpong, à la réputation un peu tendancieuse. Nous passons assez rapidement notre chemin ! Le lendemain, nous nous promenons dans le quartier Chinatown. Ici, il est possible de trouver tous les souvenirs et contrefaçons vendues dans toute la Thaïlande, souvent achetés en gros. Les stands de nourriture sont également surprenants, avec beaucoup d'épices, de durian et des têtes de porcs ! Une fois n'est pas coutume, la chaleur se faisant vraiment ressentir, nous nous retrouvons encore dans un centre commercial : Central World. Il s'agit d'un centre commercial à l'occidentale, avec un cinéma, où nous avons pu voir le film Fantastic Beasts en anglais sous-titré thai ! Le soir, nous traînons dans les multiples marchés de nuit de la ville.
Nous trichons et volons ensuite pour le Sud, et rejoignons Krabi, qui, avec Phuket, sont les deux plaques tournantes du tourisme dans la mer d'Andaman. À 25 euros, nous économisons presque de l'argent par rapport au bus de nuit qui dure 14h. Une courte nuit dans une guesthouse du centre nous permet de nous organiser et c'est ainsi que nous partons dès le lendemain matin pour Khao Lak, longue plage au Nord de Phuket, connue pour son ambiance familiale et reposante.
Nous séjournons trois jours dans un hôtel simple (Jerung) mais proche des commerces citadins et de la plage. Cette dernière est propre, et peu fréquentée, nous avons pu bénéficier d'un cocotier personnel, fournisseur d'un ombrage bienvenu. Un récif surmonté d'un petit phare, en plus de donner du cachet au paysage, nous divertissait par sa population de crabes et autres coquillages.
Nous profitons également de la région pour aller explorer les éblouissantes îles Similan : les eaux cristallines et riches en poissons tropicaux forment un paradis du snorkeling, sorties au cours desquelles nous avons vu poissons perroquets, papillons et caisses et même un poulpe dans sa maison ! Les plages de ces îles sont paradisiaques, le sable poudreux d'une blancheur immaculée est ombragé par les cocotiers émergeant des immenses blocs de granite.
Ensuite, nous avons refait une petite escale dans la province de Krabi et plus précisément à Ao Nang pour saluer C&B de visite dans la région. Nous passons l'après-midi sur les deux plages de Tonsai et Railay, qui bénéficient d'un cirque karstique impressionnant (c'est également un célèbre spot d'escalade). Un bel après midi qui s'est conclu par un déluge soudain, mais pas dérangeant en maillot de bain !
L'île de Phi Phi a été l'étape suivante. Située à 2h de ferry de Krabi, c'est un endroit aux multiples réputations : le centre de l'île est un repaire pour la jeunesse fêtarde tandis que les plages aux extrémités sont protégées de l'agitation par une épaisse jungle et abritent des resorts de luxe et d'un calme olympien. Enfin, l'île offre un camp de base idéal pour les amateurs de plongées. C'est cette dernière facette qui nous a attiré et nous avons pris contact avec François, un moniteur français, pour initier Marion et dérouiller Samy. Il nous propose de plonger tous les trois, dans un compromis idéal. Il faut savoir que les fonds locaux sont très peu profonds (presque toujours au dessus de 20m), il y a donc très peu de risques. Notre trio, Marion tenue par la bouteille et Samy en électron libre, s'immerge donc près de Koh Bida Nok après avoir réalisé les exercices de base. Quatre requins à pointe noire nous observent et s'en vont, quel début ! La suite de la première plongée a été plus classique et nous avons pu voir des barracudas, deux murennes, un immense banc de sardines jaunes (espèce inconnue pour nous), et une belle panoplie de coraux, poissons et étoiles de mer. La seconde plongée nous a régalé par la vue de quatre tortues peu farouches, que nous avons pu suivre un bon moment. Un canyon et un bon nombre de clowns ont complété notre expérience sous-marine thaïlandaise.
Enfin, pour conclure notre aventure dans ce magnifique pays, nous avons opté pour l'île sauvage de Koh Tarutao. Gardée par de paisibles rangers qui gèrent quelques bungalows et une cantine (pas de wifi et 4h d'électricité par jour), cette île nous a permis de nous reposer tant tout est calme et serein. Un peu de pluie ne nous a pas découragé à la découvrir à pied. Une belle randonnée nous a emmené jusqu'à une plage de ponte des tortues, sans que nous puissions en observer. Néanmoins, notre marche nous a permis d'observer la faune locale et notamment : des macaques, langurs, écureuils noirs, crabes terrestres, loutres, sangliers, aigles et calaos. Notre observation peu discrète a même permis de sauver la vie à un poisson-caisse gonflé et terrifié, pris à partie par une loutre amusée ou affamée. Le pauvre a pu survivre et s'en est allé en se degonflant comme un ballon de baudruche.
Prochaine et dernière étape : la Malaisie et Singapour !