Il est 3H45 dans la plaine des Cafres quand le réveil sonne. Et je crois que c'est à ce moment très précis que Cécile se dit "je la déteste" "je suis en vacances moi merde!" Parce que quelques jours avant ce réveil, j'ai précisé à Cécile au détour d'une conversation que j'étais pas en vacances mais en voyage donc les grasses mat, ça serait pour plus tard. Alors à 4h15, on est en voiture, direction La Fournaise. Il fait nuit noire et on emprunte la plaine des sables sans savoir vraiment on l'on va pour arriver au Pas de Bellecombe à l'aube. Le Pas de Bellecombe est un point de vue panoramique surplombant l'Enclos Fouqué, la dernière caldeira formée par le Piton de la Fournaise.
Depuis ce point de vue, on profite d'un magnifique Sunrise sur le Piton de la Fournaise et notre fatigue s'estompe immédiatement ! On est enchanté du spectacle, on en profite même pour drôner un peu.
Après la contemplation, il faut partir affronter le Piton et plus tôt on sera parti, plus tôt on sera revenu, parce qu'il annonce une journée extraordinairement belle donc beaucoup de chaleur à prévoir. Alors même si c'est une chance de n'avoir aucun nuage de prévu pour cette ascension, on sait que le soleil sera notre ennemi. Le début, c'est le plus simple, il faut descendre environ 600 marches pour arriver dans l'enclos.
Premier stop dans l'enclos, le Formica Leo. Petit cône volcanique d'une hauteur d'environ 20 mètres, ce cratère se serait formé en 1753 sous les yeux d'un chasseur d'esclaves. Endroit le plus accessible du Piton, le Formica Leo est un icône du site.
Quand on est à l'intérieur de l'Enclos, on se sent un peu pris au piège de cette immensité, à l'intérieur d'un gouffre ! c'est aussi magique qu'effrayant.
Quand le Piton est face à nous, on se dit que ça va aller vite cette ascension, mais pas du tout ! La montée contourne le cratère du Dolomieu pour arriver sur le versant face à la mer. Il commence à faire chaud, j'essaie de ne pas perdre le rythme et Cécile essaie de garder le sien alors on fait cette montée solo, chacune à son rythme.
Quand j'arrive au sommet à 2500 métres d'altitude à 8h du mat heure locale, il est 5h en France, je décide d'appeler mon père, seule personne debout à cette heure là pour lui raconter mon petit exploit. Cécile me rejoint ensuite , on se retrouve devant le cratère du Dolomieu qui s'est formé en 1791 et s'est brutalement effondré au cours de l'éruption d'avril 2007 alors qu'il était rempli de lave. En étant dos au Dolomieu et face à l'océan, on peut contempler la mer de nuages qui nous entoure et voir les traces des anciennes coulées de lave. On reste un moment à contempler le spectacle qui s'offre à nous et on repart parce qu'il commence à faire très chaud et que l'on doit faire le chemin en sens inverse.
Comme pour l'aller, chacune à son rythme pour redescendre. Je le fais en courant, plus simple pour moi, moins mal au genou. Par contre quand j'arrive en bas des 600 marches, je ne cours plus et contrairement à l'aller, c'est un véritable mur qui s'impose! Une vraie galère pour terminer ce périple. Cécile finit par me rejoindre, et on reprend la plaine des Sables en plein jour. On prend bien conscience que la route que nous avons fait de nuit n'est autre qu'une piste où l'on se croit sur la planète Mars. Très vite un épais brouillard envahi la plaine et il nous est presque impossible de rouler, on y voit pas à un mètre!