Tout d’abord, je vous remercie à toutes et à tous pour vos commentaires d’encouragement. Ils me font chaud au cœur.
Ce mercredi 22 mai, voici 3 semaines jour pour jour que je suis partie pour ce voyage à vélo. Trois semaines que je n’ai pas vu passer. Mais comment se sont-elles passées ?
Sur le plan physique, c’est un grand changement : effort physique et vie au grand air du matin au soir.
C’est certain l’entraînement à vélo n’était pas là. Je l’ai donc commencé le jour de mon départ.
Le 1er jour, 48 km, c’est beaucoup quand on commence et le lendemain j’étais complètement fourbue, mais j’ai quand même avancé jusqu’à Attignat.
J’ai donc du doser mon effort en fonction de ma condition physique, environ entre 20 et 25 km par jour d’abord. Je roulais 3 jours et 1 jour de pause qui tombait souvent à pic avec la mauvaise météo. Puis progressivement les distances se sont allongées, et ces 3 derniers jours, j’ai roulé entre 45 et 48 km/jour.
Les 10 premiers jours, la météo n’a pas joué en ma faveur, pluie, vents violents en rafales, froid. Après Châlon-sur-Saône, j’ai eu des étapes difficiles entre le vent et la pluie. Un jour, je crois que j’ai du marcher à côté du vélo plus que je n’ai pédalé tellement le vent était violent (50/60 km/h en rafales) et sur une route départementale à fort traffic.
Les douleurs musculaires s’estompent petit à petit. Mes petits mollets se renforcent jour après jour et mes bras aussi, car tout ce petit chargement pèse son poids.
MEX, vélo de voyage en acier, roues de 26’ est de facture allemande, pèse à lui tout seul 18 kg avec l’ewerk (batterie tampon pour recharger le téléphone) et l’antivol.
Le chargement : 1 sacoche de guidon, 2 sacoches avant, 2 sacoches arrière, 1 sac étanche contenant la tente, les vêtements de pluie + 4 litres d’eau (3l pour le bivouac) + environ 3 kg de nourriture, avoisine les 30 kg, ce qui fait un total de 48 kg à démarrer et à manœuvrer. Les premiers jours, il m’arrivait de m’y reprendre à plusieurs fois pour démarrer. Maintenant, certains montés sur la selle sont presque élégants.
Sur les 15 premiers jours, j’ai renvoyé en 3 colis, 2kg de matériel dont mon nécessaire de peinture qui pesait près de 900 gr. Je me suis rendu compte que je n’avais pas le temps de peindre. Je ferai les carnets de voyage d’après photos à mon retour.
Comment se passe les journées d’une mamie cyclotouriste ? Elles passent très vite.
Lever 7h00, compter environ 2 heures pour : petit déjeuner, ranger les sacoches, démonter la tente, charger le vélo. Et puis, je roule, je prends des photos, je consulte la carte, le GPS. Ce que je trouve de plus contraignant c’est qu’il faut penser tous les jours à acheter à manger, tous les jours pour ne pas trop se charger . Mais, il y a des secteurs où il n’y a pas de commerce alors il faut prévoir au moins pour 2 jours. Le poids permanent de la nourriture varie entre 2 et 3 kg.
Le soir étudier la carte et préparer l’étape du lendemain. Noter sur un petit carnet comment s’est déroulée la journée.
Concernant le matériel, quelques petits ajustements. A Châlon-sur-Saône, j’ai profité de la pause pour aller à Décathlon, acheter du gaz pour le réchaud, m’équiper d’un sac étanche pour remplacer le sac poubelle dans lequel j’avais enveloppé la tente et qui commençait à rendre l’âme. J’en ai également profité pour changer la selle d’origine qui me faisait mal. Au troisième marchand de cycles, j’ai trouvé une selle plus adaptée à la morphologie féminine. De ce côté-là, c’est mieux.
Je me suis équipée également d’une batterie externe, car avec l’ewerk branché sur le moyeu dynamo, je n’arrive pas à recharger le téléphone, il faut rouler plusieurs heures à 15 km/h et avec le chargement ce n’est pas le cas.
Je communique tous les soirs avec mes enfants par SMS, je leur indique l’endroit où je me trouve que ce soit dans un camping ou sur un bivouac (mon gendre arrive toujours à repérer la tente sur google earth).
Je tiens le blog. Certains campings sont mieux adaptés que d’autres car la plupart du temps, la wifi c’est souvent devant l’accueil. Parfois il y a une salle commune où l’on peut s’installer. Aujourd’hui, j’étais sur la terrasse, près d’une prise pour recharger tout le matériel : appareil photo, liseuse, batterie externe, ordinateur.
Je m’installe tout doucement dans le voyage. Aucune contrainte, même pas celle d’arriver à l’étape prévue car rien n’est réservé, un sentiment de liberté, je vais au grès des jours et du temps. J’ai l’impression d’être dans un autre monde mais "garde les pieds sur terre pour atteindre les étoiles" (citation de Mike Horn, mon idole).
Tous les jours, l’envie d’avancer pour découvrir.
Avant de partir, je voulais enregistrer de la musique. Je n’ai pas eu le temps. Je n’en ai pas besoin, tous les bruits de la nature m’accompagnent. Les oiseaux chantent très tôt le matin et ce jusqu’au soir. J’entends le bruissement de leurs ailes dans les arbres. Dans cette région, il y a beaucoup de pigeons et c’est à celui qui roucoulera le plus fort. Etant beaucoup en bordure d’eau, les grenouilles et les crapauds sont si nombreux que leurs croassements créent un bruit de fond permanent. Et puis, il y a le bruit du vent dans les oreilles, le bruit des pneus selon le revêtement de la piste, le gringrin métallique du porte bagage. Tout cela me tient compagnie et me permet d’être attentive à cette belle nature qui défile après chaque tour de pédale.
Ce voyage à vélo, c’est pour moi une éloge à la lenteur. Alors, peu importe le nombre de kilomètres parcouru dans la journée. Ce qui compte c’est d’avancer dans ce projet et remercier la vie de me permettre de le réaliser.