La transhumance est le premier séjour touristique que l’agence organise au début de chaque saison estivale. Elle dure 6 jours et permet de parcourir environ 250 km à cheval à l’Ouest d’Oulan Bator.
Cette année, 13 personnes font partie de l’aventure : Côme, Gérel, leurs deux fils, Tsétsé, Mandale et 6 voyageurs intrépides : Deux amies d’enfance, amoureuses d’équitation, une aventurière qui partira en autonomie avec ses propres chevaux après la transhumance et trois artistes voltigeurs/plongeurs participants à un show sur Macao : un belge, un français et une américaine.
Le jour du grand départ est arrivé. Malgré le temps incertain, nous étions tous très excités à l’idée de partir en steppes. Nous avons donc pris la route avec nos deux vans russes avec remorques en direction de notre éleveur à l’Ouest de la capitale afin d’y récupérer nos 9 chevaux. La randonnée commença en début d’après-midi. L’étape, ne faisant qu’une vingtaine de kilomètres, est facilement réalisable en une demi-journée. Ayant à peine commencé la cavalcade, les grandes steppes s’étendaient déjà à perte de vue, une sensation de déjà vu à travers les reportages d’échappées belles ou sur les cartes postales envoyées à mes proches. Le sentiment de liberté était déjà bien présent.
Le grand départ Nous avons enchainé trots et galops durant plus de deux heures. N’étant pas une cavalière aguerrie, j’étais énormément stressée et je me suis très vite rendue compte que je n’avais pas la condition physique pour ce genre d’effort. (Sentiment renforcé par une distance d’environ trois kilomètres entre le peloton de tête et ma monture). J’ai préféré laisser mon cheval à Côme et finir l’étape en van. Ainsi, j’ai pu voir l’aspect logistique de l’étape. Tsétsé et Mandale, dans le van vert, partent en amont pour installer le campement, quant à Tengis, Tamra et moi, dans le van blanc, suivons les cavaliers de près pour subvenir à leurs besoins.
Nous sommes arrivés en fin de journée dans un endroit magnifique. Le campement était installé près d’une petite rivière bordée de prairies vertes. Le campement fait l’objet d’une organisation aboutie : Une immense tente Mongole abrite la cuisine, une autre abrite la salle à manger, et les tentes individuelles 2 secondes sont éparpillées autour des vans chacun essayant de se réserver la meilleure place pour la nuit. Tout dépend de ce que l’on recherche, un terrain abrité du vent, un peu éloigné du groupe … Pour ma part, seule la vue compte.
Premier campement La première nuit fut fraîche, mais le froid largement supportable. Elle fut également courte compte tenu du changement d’environnement. Je me suis réveillée à plusieurs reprises en raison des bruits inhabituels, j’ai même cru qu’un loup rodait près des tentes, en fait, ce n’était que Dragon, le chien de la famille qui aime hurler à la mort au beau milieu de la nuit. Aux alentours de 4h du matin, je fus prise d’une envie pressante, très pressante, trop pressante d’ailleurs. N’ayant pas l’habitude d’être enfouie sous ses millions de couches de vêtements, j’ai bien du mettre 5 minutes à me libérer de mes entraves, ne pouvant plus me retenir, je me suis soulagée pile devant l’entrée de ma tente, un pied à l’extérieur et un autre encore emprisonné dans mon sac de couchage tout entortillé. Je fus prise d’un fou rire en réalisant la situation quand la clarté de la nuit m’interpella. Le campement était bien visible comme en pleine journée, j’ai levé les yeux au ciel, et là, des milliers d’étoiles scintillantes. Un ciel qu’on ne peut voir en France. La voie lactée était juste là et s’offrait à celui qui voulait bien y poser les yeux. Je suis bien restée quelques minutes les fesses à l’air à contempler ce spectacle et à penser à la chance que j’avais d’être ici.
Au petit matin, Mandale nous attendait de pied ferme dans la salle à manger, beignets mongols au rdv : Des sortes de churros faits maison qui tiennent bien au corps, juste parfait pour ces futures journées qui s’annoncent longues et pleine de péripéties. Pour ce deuxième jour, j’ai voulu retenter l’expérience cheval en voyant la motivation de chacun même celle des non-cavaliers. Malheureusement, au premier trot, j’ai senti mon corps me dire : « Mais qu’est-ce que tu fais ? Mél t’as pas de muscles, tu ne vois pas que tu ne suis pas le mouvement du cheval ? Un coup de vent et tu tombes là » J’ai dit ok. J’ai laissé une fois de plus le cheval à Côme. Finalement ce n’est pas si mal de voyager en van, je peux plus profiter des paysages magnifiques que nous traversons n’étant pas focus sur ma monture. Chaque arrêt, nous donnons à boire aux cavaliers et en profitons pour réaliser quelques clichés.
Je me suis initiée à la conduite du UAZ blanc. Ce van russe avec remorque présente quelques différences de conduite par rapport à ma petite Peugeot 106. Tengis, le conducteur attitré de ce van, me donnait des conseils pour que je m’y adapte plus vite. En troisième à 40 km/h, je me sentais pousser des ailes, le terrain étant très accidenté. Quel plaisir de conduire à nouveau ! Qui plus est avec de la bonne musique. On s’ambiance dans le van, et on transmet nos bonnes vibes aux cavaliers à chaque water stop.
Notre deuxième campement était submergé de troupeaux de chèvres qui se faufilaient entre nos tentes. Ces animaux sont très comiques, peut être que je n’ai jamais vraiment prêté attention en France mais ici, les bêtes émettent des sons improbables. Si l’on ferme les yeux, on peut facilement se projeter dans une nurserie, leurs cris sont semblables à des bambins qui s’expriment, ça peut devenir perturbant.
Petites biquettes Il y a un très bon feeling dans ce groupe de voyageurs, tout le monde s’entend très bien, et les artistes nous ont même fait une démonstration d’un magnifique porté.
La deuxième nuit fut également courte, j’ai senti des insectes d’une taille peu conforme aux standards Européens grouiller sous le sol de ma tente avant de recevoir la visite d’un scarabée dans mes cheveux. Je ne suis pas du genre précieuse mais quand même ! Il va me falloir un peu de temps pour me sentir en parfaite harmonie avec la faune environnante.
Pour ce troisième jour, je renonce directement à l’équitation, la cadence étant vraiment trop élevée par rapport à mon niveau. Nous faisons une moyenne de 40 km par jour, le rythme doit donc être assez soutenu. Pour varier du van, nous nous sommes motivés avec Tamra pour faire une partie de l’étape en VTT, plusieurs kilomètres de descente nous attendaient. La sensation d’être seuls au monde prit tout son sens. Nous descendions la vallée plus vite que les chevaux et les vans, la steppe nous appartenait !
Aprem VTT avec Tamra Avant de rejoindre le camp, nous nous sommes arrêtés au seul delgour du coin (= épicerie en mongol), faisant partie d’un regroupement de petites maisons perdu au milieu de nulle part. Chacun fit ses achats, et nous avons tous trinqué à cette étape éprouvante assis dans cette cour où les enfants, demis nus, couraient de maisons en maisons. Nous avons rejoint le campement où nous avons enfin pu profiter d’une douche bien méritée dans le lit de la rivière Tuul avant de retrouver nos sacs de couchage.
Troisième campement Le lendemain, direction la vallée sans eau. Une vallée aride qui comme son nom l’indique manque cruellement d’eau, une étape difficile pour les chevaux. Heureusement la veille nous avons pu faire le plein de nos jerricanes au puit indiqué par les nomades du coin. Au stop pour déjeuner, nous avons aperçus des Ibex, sorte de mouflons sauvages, qui sont très difficiles à débusquer, les deux bêtes sont passées seulement à quelques kilomètres de notre camp. Nous avons fini l’étape assez rapidement à la joie de tout le monde, ces quelques jours de cheval commençant à tirailler les muscles de nos voyageurs. Tous ont bien tenu le rythme, certains se sont arrêtés une demi-journée mais reprenaient de plus belle le lendemain.
La vallée sans eauAprès ces quelques jours de cavalcade, nous sommes arrivés au point de chute : une magnifique vallée verdoyante habitée par de nombreux éleveurs nomades. Nous cherchons la yourte d’Ikhbat avant d’installer notre campement. Ikhbat est un ami proche de Côme et Gérel depuis de nombreuses années. Ses troupeaux de moutons, chèvres et chevaux, parsemant la vallée, lui procurent un revenu et permettent de le faire vivre lui, sa femme et ses trois enfants. Chaque année, le couple franco-mongol lui rend visite et l’accueil y est toujours chaleureux.
Vallée d'Ikhbat Le premier soir où nous sommes arrivés, nous avons installé notre campement sur une butte qui domine la vallée. Un spot idéal nous permettant de profiter d’une vue exceptionnelle. Ikhbat et sa femme nous ont convié à dîner chez eux. Leur yourte est richement décorée de tapis mongols représentant des chevaux ou des paysages de la steppe. Leur horloge, quant à elle, attira mon attention : une tour Eiffel servait d’arrière-plan aux aiguilles. Incroyable de retrouver une référence française ici, au milieu de nulle part. La femme d’Ikhbat prit soin de nous et nous proposa du thé au lait salé accompagné de petits gâteaux secs et de fromages séchés pour les plus courageux. Nous avons également goûté au mouton de l’éleveur cuit aux pierres chaudes. Une fois la viande cuite, il est de coutume de prendre une pierre chaude, rendue grasse par la cuisson du mouton, entre ses mains. Ainsi, cette procédure permet d’assurer prospérité, bonheur et santé à celui qui détient la pierre. Ces nomades ne vivent qu’avec le strict minimum, l’essentiel pour subvenir à leurs besoins, cependant c’est avec plaisir qu’ils offrent le couvert à 13 personnes qu’ils ne connaissent pas ou presque. Leur sens de l’hospitalité et leur générosité sont tout simplement exemplaires.
La yourte d'Ikhbat La dernière journée des voyageurs s’acheva par un camp fixe. Des balades à cheval étaient normalement prévues tout au long de la journée, c’était sans compter les intentions d’Ikhbat qui souhaitait célébrer dignement les retrouvailles. Le nomade réussit à dégoter quelques caisses d’alcool local et ce malgré l’interdiction de vente durant la période électorale de la présidence en Mongolie qui se déroulait au mois de juin. Sacré Ikhbat ! Nous avons donc été tous rapidement joyeux et ce, même en début d’après-midi. Une atmosphère festive s’est alors emparée du camp : La musique troublait le calme habituel de la vallée, chacun voulait s’essayer à la voltige, nos deux porteurs de Macao se prêtaient volontiers au jeu et faisaient voltiger chaque membre du camp, puis nous prenions des montagnes de photos pour marquer à jamais cet instant unique. Un après-midi dont on se souviendra encore longtemps !
Dernière journée Le lendemain, il était l’heure de se dire au revoir. Ce fut difficile de voir toutes ces personnes partir. Dans de telles conditions, chacun montre sa véritable personnalité, les émotions sont décuplées et l’on s’attache d’autant plus rapidement. Côme, Gérel, leurs deux fils et les touristes sont donc repartis sur Oulan Bator. Le but de la transaction est de raccompagner les voyageurs mais également récupérer les nouveaux pour le circuit suivant dont le point de départ est ce campement.
Tsétsé s’étant rendu dans la vallée voisine pour rejoindre sa femme, je me suis donc retrouvée en compagnie de Mandale, la cuisinière, de Claire, la cavalière qui compte partir rapidement en autonomie et de Dragon, le chien tueur de moutons.
Réaménagement du camp Dès que nous nous sommes retrouvées toutes les trois, une tempête frappa le campement, le genre de tempête où tu restes au fond de ta tente en espérant que cela passe vite. Le temps d’une éclaircie, nous nous sommes rendues à la source de la vallée, pour récupérer de l’eau, nous laver et faire une lessive. Quel fou rire ! L’eau était juste glacée, la douche fut très TRÈS ciblée et rapide mais après ces quelques jours de chaleur intense, cette sensation de fraîcheur n’a pas de prix, il faut souffrir pour être propre.
"Ne ris pas, je mets encore plus de temps à me laver !" Le lendemain, Claire me proposa de randonner à cheval. Le col en face de notre campement était notre destination. Nous avons pris Migo et Keshi, ses deux chevaux, pour les 3 h de balade qui nous attendaient. Sur le chemin, nous avons croisé de nombreux troupeaux de vaches et de moutons ainsi que des biches se cachant dans les bosquets. Arrivées au sommet, nous avons pu bénéficier d’une vue incroyable sur la vallée verdoyante d’Ikhbat, encore une fois, un panorama gravé dans mon esprit. C’est la dernière journée que je passe avec Claire avant son grand départ en solitaire. Cette balade est un réel moment de partage, une façon commune de se dire au revoir.
Au sommet de la montagne Le lendemain, c’est le jour j pour elle, cela fait des mois qu’elle prépare ce fameux départ, et je sens en elle de l’excitation, de la détermination mais aussi un peu d’anxiété, je décide alors de l’accompagner à pied sur les premiers kilomètres avant de la voir disparaître au détour d’une montagne.
La randonnée d'adieu De retour au campement, je me retrouve avec Mandale et Dragon. J’ai l’impression d’être dans une émission de télé réalité : « à la fin, il n’en restera qu’un ! » Tout le monde part au compte-goutte, et l’euphorie créée par l’effet groupe se dissipe peu à peu. Je sens également que la communication de ces prochains jours va être difficile, je ne parle ni Mongol, ni chien, c’est une situation dans laquelle je ne me suis jamais retrouvée, comment vais-je échanger ? Je reste confiante, on verra bien.
Le lendemain, bien déterminée dans mon envie de découvrir les environs, j’ai voulu me lancer à la conquête des montagnes environnantes mais mon organisme m’a mis un gros stop. Malade pour x raisons, Mandale a cerné immédiatement le problème, et comme une mère, prit soin de moi. La clé du succès : le thé noir salé accompagné de repos. Surprenant mais efficace : je lui en suis très reconnaissante. Le soir nous sommes allées chez ikhbat, boire un peu de soupe faite d’abats, de quoi me retourner l’estomac à peine guéri.
Le lendemain pour la remercier d’avoir pris soin de moi, j’ai voulu en faire autant en lui préparant le repas. Ainsi, je me suis attelée à la confection de sushi avec les moyens du bord : un peu de riz, d’algues séchées et de sardines en boîte et le tour était joué. Nous avons été rejointes par la famille de Tsétsé, ce fut plaisant de le revoir et de faire connaissance avec sa famille. La communication étant toujours un problème, je n’ai jamais autant parlé en onomatopées de toute ma vie. Les situations restent comiques et les seuls échanges où nous arrivions à nous comprendre étaient vécus comme de réelles victoires. Mon vocabulaire Mongol fait peine mais j’essaie de l’améliorer jour après jour.
Le breuvage miracle/Mandale avec un souslik (écureuil des prairies)/sushiLe 2 juillet fut une journée mémorable. Après s’être occupé des chevaux, j’ai aidé Mandale à confectionner des beignets et du pain. La pluie et le vent se déchaînaient à l’extérieur de la tente. En espérant que ce mauvais temps ne les ralentisse pas trop, Côme et Gérel sont censés arriver vers 16h. Nous avons eu la visite des fils d’Ikhbat âgés de 7 et 12 ans, se déplaçant à moto bien entendu, pour nous apporter de grosses pièces de mouton. Mandale prit soin de détailler la viande avant de la faire sécher sur un fil suspendu au milieu de sa tente. Puis, Ikhbat lui-même est rentré sous notre tente pour nous offrir les pièces maitresses du mouton : Les abats. Il y en avait à profusion, du cœur, du poumon, du foie en veux-tu en voilà … une fois mis sur table, je me suis risquée à un : « à taaaaable » (l’un des seuls mots français que Mandale et Tsétsé comprennent) en pensant qu’ils étaient destinés au chien. Aucune réaction, j’étais même presque fière de ma blague, mais malheureusement c’était bien pour nous. Tout le monde a commencé à sortir son petit canif pour grignoter son abat favori. Ah c’est sûr, il y avait du choix, qui refuserait un petit morceau de cœur à 10h45 ? Un peu sceptique j’ai gouté à la belle tranche de cœur que Tsétsé me tendait avec un grand sourire, c’était si gentiment proposé que je ne pouvais refuser. Une tranche, pas deux. Un passant curieux, voulant sûrement s’abriter de la pluie, est également entré sous la tente. En Mongolie, la solidarité étant de mise dans l’environnement difficile de la steppe, il est de coutume d’offrir à boire et à manger aux inconnus, ils seront toujours les bienvenus.
Ikhbat et ses abats Les heures passent et nous attendons toujours le retour de Côme et Gérel, le réseau inexistant ne permet pas de prendre de nouvelles. C’est dans des moments pareils que l’on se rend compte qu’on est totalement coupé du monde. Je ne peux m’empêcher de penser à une référence du Seigneur des Anneaux : « A l’aube du cinquième jour, regarde vers l’Est » Nous sommes avec Mandale et Tsétsé exactement dans la même situation, nous regardons l’horizon sans succès. Nous sommes tout de même partis nous coucher sous un « mistral » d’enfer en espérant que tout aille bien.
Le quotidien Notre quotidien au camp fixe reste assez répétitif : lever 7h30, donner à boire aux chevaux, les changer deux fois par jour d’emplacement pour qu’ils puissent bénéficier d’herbe fraîche, siestes qui relèvent pratiquement du coma compte tenu de la chaleur écrasante de ce début d’été, et balade à la source. Un quotidien assez plaisant je l’avoue, rythmé par les allées et venues de la famille d’Ikhbat, nos plus proches voisins.
Il est d’ailleurs bien vu de donner quelque chose à Ikhbat pour le remercier de nous prêter un peu de ses terres quelques temps. Claire lui a légué du matériel équestre, ce qui a fait l’unanimité dans la yourte. Pour ma part, je me suis séparée d’échantillons de parfums ramenés de France destinés à la femme d’Ikhbat. Ce n’est pas parce qu’on est perdu au milieu de la steppe que l’on ne peut pas être coquette !
Nous attendons toujours avec impatience le retour de la petite famille et les deux voyageuses. Tsétsé et Mandale paraissent confiants, alors, je le reste aussi. Les imprévus en Mongolie sont chose courante. Mon téléphone a rendu l’âme par manque de batterie. Même si je ne m’en servais que très peu, il est déstabilisant de ne pas savoir l’heure et de vivre en fonction des pics de chaleur, de la course du soleil, de la fatigue et de la faim. Il est difficile de se dédouaner de cette notion temporelle chiffrée qui veut en fait tout et rien dire. Vivre en totale immersion avec des mongols me demande un effort de lâcher-prise, moi qui suis d’habitude friande des to do list limite chronométrées.
Le temps passe et ils ne sont toujours pas là. Demain est un autre jour.
Nous sommes à présent le 4 juillet. Mandale prépare les réserves pour les futurs jours d’itinérance, notamment des conserves de viande cuite au sel pour assurer longue conservation. Nous installons les chevaux à proximité du campement. C’est certain, leur arrivée est proche ! Fin d’après-midi, toujours rien. Tsétsé, d’un calme implacable me dit : « Malrash… » Oui mais Tsétsou, ça fait 4 jours que tu me dis demain. De toute façon, nous n’avons pas le choix, nous prenons notre mal en patience. La vie ici ne me déplaît pas, bien au contraire, mais mon inquiétude quasi-Européenne prend les devants.
Nous avons instauré un certain code avec Mandale, j’essaie chaque jour d’enrichir un peu plus mon vocabulaire Mongol. Elle se prête volontiers au jeu, parfois elle veut m’écrire le mot choisi pensant m’aider mais n’ayant pas le même alphabet, je ne peux le prononcer. Je réalise une fiche de vocabulaire uniquement en phonétique. Tsétsé quant à lui s’amuse de nos conversations gestuelles mais n’y prend pas part pour autant. Il a le regard bienveillant du grand père, et dès qu’il le peut, il se plonge dans un bon livre, petites lunettes au bout de son nez. Les jours passent et je les apprécie de plus en plus, j’apprends à les connaitre et je n’y vois que chaleur et générosité. Il me tarde que Gérel revienne pour qu’elle puisse traduire les non-dits de ses quelques jours en totale immersion.
Et c’est en pleine nuit que Côme, Gérel et les autres ont fait leur apparition ! ENFIN ! Soulagée de les voir après 3 jours de retard sur le planning prévu, j’ai bondi hors de ma tente pour les accueillir. Nous avons échangés quelques mots et j’ai ainsi pu faire la connaissance de ces deux nouvelles voyageuses avant que tout le monde aille se coucher. Equinomade 1 semble se profiler sous les meilleurs augures.
PS : Je décris énormément ces premiers jours, c’est une expérience unique, tout me semble exceptionnel, mais je suis quasi sûre que d’ici quelques jours la steppe me paraîtra plus familière, je ferai l’impasse sur beaucoup de petits détails. Ce que je trouve extraordinaire aujourd’hui, deviendra routine demain.