Comme autre idée de titre j'avais "Cracovie à vie".
01/07
L’auberge où je vais rester 5 nuits est située sur la place du marché principal de Cracovie, Rynek Główny, c’est un vieil immeuble étroit qui s’élève sur 4 étages dont les pièces sont chaleureuses et l’ambiance conviviale.
Je vais sûrement vous surprendre en vous disant que je suis près de mes sous (eh si, c’est vrai), ma passion du voyage économique me conduit donc actuellement à partager ma chambre avec 17 autres personnes, 17. Etant donné que c’est la chambre « budget » (c’est d’ailleurs le seul dortoir de cette envergure, les autres chambres de l’auberge vont de la chambre individuelle à celle avec 8 lits) nos fenêtres donnent sur une cour intérieure, celle du restaurant au pied de l’immeuble. Plusieurs kilogrammes de verre sont déversés toutes les heures dans une benne prévue à cet effet, ce qui cause un doux bruit cristallin qui se superpose à celui de la soufflerie des cuisines, léger ronronnement continu dont les effluves de fritures de viande nous transportent toute la journée (#euphémismes). Néanmoins, tout ceci ne me dérange point et mes sommeils sont profonds (les bouchons à oreille et le masque d’avion aidant). De manière générale les autres voyageurs sont respectueux, et nous nous réveillons tous plus au moins au même moment pour aller prendre le petit-déjeuner gratuit (#GraveBonPlan).
Vendredi matin je fais un tour de la vieille ville de Cracovie et en découvre des anecdotes rigolotes. J’ai notamment la chance de pouvoir découvrir le monument voté en 2010 comme « la construction architecturale moderne la plus moche » : une fontaine avec une petite pyramide en verre. Sur la place principale il y a une basilique magnifique (la Basilique Sainte-Marie) dont l’asymétrie donne un air féerique, l'intérieur l'est tout autant. D’ailleurs tous les jours, à toutes les heures (pile), un membre du corps d’élite des pompiers joue une mélodie traditionnelle à la trompette 4 fois, une vers chaque point cardinal. Ce n’est pas une chanson enregistrée, mais un vrai humain. Les quarts ont lieu toutes les 24 heures, le pompier de garde ne peut donc pas dormir plus d’une heure entre deux récitals. Cette contrainte a causé plusieurs fois des retards parce que le joueur de trompette ne s’était pas réveillé, alors que des figures politiques importantes de visite en Pologne attendaient au pied de la tour pour assister au traditionnel concert.
Je me rends à Wawel, une colline dont le nom signifiait originellement « endroit surélevé par rapport aux marécages ». Le château de Cracovie est perché en son sommet, son intérieur est du style renaissance italienne. La cathédrale qui y est accolée est elle-même le résultat d’un patchwork de styles gothiques, romans, orthodoxes, etc. L’explication est qu’à l’époque des constructions il n’y avait pas assez d’argent pour tout détruire et reconstruire depuis zéro, donc les différentes parties se sont greffées les unes aux autres. A l'entrée du bâtiment religieux, pendent des os dont une côte de baleine et un os de mammouth, les chaînes qui les retiennent ont intérêt à tenir car si elles cassent, cela signifirait que c'est l'heure de l'apocalypse... Au pied de Wawel il y a le célèbre dragon de Cracovie (le nom de la ville a sa racine dans le mot « dragon ») qui ne se nourrissait que de moutons, de chèvres, ou de jeunes vierges. La légende raconte qu’il a été pourfendu par un berger, mais on dit ici que de toute manière il n’aurait pas pu survivre jusqu’à aujourd’hui, car à Cracovie cela fait longtemps qu’il n’y a plus de moutons, de chèvres, et de vierges…
Je marche un peu au bord de la Vistule avant de tomber sur un walk of fame polonais où l’on peut notamment voir les mains de Roman Polanski, Luc Besson, BENEDICTH CUMBERBATCH. J’ai donc collé ma main sur la marque de la sienne, chopant au passage sûrement tous les germes et saletés de la ville, mais c’était totalement worth it. <3.
Je m’arrête déjeuner dans un milk bar. Vous ai-je parlé des milk bars ? Ce sont des cantines auparavant communistes dont les prix défient toute concurrence, un plat complet avec viande ne coûte jamais plus de l’équivalent de 5€. Par contre c’est rustique, et tout est écrit en polonais, les touristes se font vite repérer.
Je continue de vadrouiller l’après-midi, puis en début de soirée je retrouve Ricardo, un couchsurfeur. Nous devions retrouver un autre groupe de surfeurs (tout ceci grâce à l’application de la plateforme) pour boire un verre/nous promener/manger. Mais évidemment, comme il arrive souvent dans ce genre de situations, le groupe ne répond plus, ils sont sûrement déjà tous soûls dans une cave d’un bar polonais (les bars sont souvent en partie souterrains). Je passerai donc la soirée avec Ricardo, jeune portugais de 25 ans qui a acheté et rénové une ferme dans les montagnes polonaises avec sa compagne. Nous allons dans un bar très fréquenté où les plats sont à 2€ et les boissons à 1€. Je goûte donc de la vodka locale en shots (vous avez vu comment je m’intéresse à la culture locale) pendant que nous avons de grandes discussions à propos de la production de fromage, le sphinx roumain (cliquez pour voir), les relations humaines… Ricardo m’apprend notamment une chose très importante : la vraie vodka, la bonne, sort du frigo, si ce n’est pas le cas : hérésie. En échange je suis le GPS du duo, en effet je me repère plutôt bien dans la ville ! Je propose d’aller au festival de culture juive qui se finit aujourd’hui, c’est le plus grand d’Europe. En chemin il n’arrête pas de me dire de mettre « the first gear » (comprenez, « passer en première vitesse ») parce que je marche vite (merci maman de cette habitude), nous rigolons beaucoup, lui en me disant qu’il aime bien le rap français, surtout celui de Fatal Bazooka (il essaiera même de chanter pour me montrer), moi en imitant l’accent français en parlant anglais. Sur le chemin du quartier juif, Kazimierz, nous sautons au hasard dans un bar où le jeune portugais demande « un shot dessert » qui s’avèrera délicieux.
Nous arrivons à une place du quartier autour de laquelle gravite toute la vie nocturne du coin : des jeunes musiciens jouent assis aux fenêtres des bâtiments, les foules des nombreux bars se mélangent, ça parle polonais, anglais, russe, espagnol. Nous rentrons au hasard dans un bar dont le style nous avait interloqué, en effet des crocodiles empaillés pendent du plafond, la lumière vert bouteille y est tamisée et la tapisserie en velours absorbe le son. Nous ne consommons rien, Ricardo se rend en fait aux toilettes, d’où il ressort presque immédiatement en me hâtant de venir. Il me demande si je suis prête à voir le sens de ma vie basculer, si je suis prête à être bouleversée jusqu’à l’os. « Yeah sure ». Il ouvre alors soudainement une des portes de WC…qui donne en fait sur un mur, en briques. L’illusion nous émerveille pendant plusieurs (trop) de minutes, puis nous repartons vers notre objectif culturel premier.
Sur la place principale du quartier juif s’est dressée une scène immense où des styles de musiques se succèdent, aux consonances orientales, indiennes ou arabes. Rythmées ou douces. Les gens dansent, écoutent, se meuvent doucement. Nous y restons un certain temps, avant que la faim ne nous gagne et que nous avalions un zapiekanka, une spécialité polonaise qui s’approche de la bruschetta aux champignons et au fromage et avec du ketchup.
Vers 1h30 je regagne mon auberge et mon lit superposé, où une douce brise m’endort dans cette mer de gens endormis.
02/07
Dimanche matin je visite le quartier juif où la vie diurne est assez différente de la vie nocturne. Mes pas me portent dans différents lieux de tournage du film « La liste de Schindler » de Spielberg, dans le ghetto de Cracovie, devant plusieurs synagogues, puis jusqu’à l’ancienne usine de Schindler, rendue célèbre grâce au film éponyme. J’apprends que la réalité, différant souvent de la fiction, est ici drastiquement éloignée. Oscar Schindler était d’abord un espion nazi qui a vu dans cette usine l’opportunité d’employer des juifs du ghetto sans devoir les payer et ainsi faire plus de profit. La fameuse liste de travailleurs qu’il aurait constituée pour les « sauver » a en fait sûrement été rédigée par les travailleurs puis signée par Schindler. La plupart de ces ouvriers ont été sauvé certes, mais Schindler s’est exilé en Argentine à la fin de la guerre « au cas où ». Dans son voyage il a abandonné femme et enfants, puis une fois ruinée en Amérique du Sud il a réclamé des aides financières aux individus qu’il a « sauvé » et leurs descendants. Ceux-ci l’ont aidé, et Schindler a reçu le titre honorifique de « Juste parmi les nations » après la diffusion du film hollywoodien, titre accordé par l’Etat d’Israël à ceux qui ont (cf explication). C’est d’ailleurs l’objet d’une polémique, le titre est accordé à ceux qui ont aidé sans rechercher de contrepartie (contrairement à ce qu’a fait Schindler), et aujourd’hui il est le seul nazi à être enterré dans le cimetière de Jérusalem.
Après m’être fait trempée par la pluie je rentre déjeuner à l’auberge, puis je lis tranquillement à l’abri du mauvais temps. Je sympathise avec mon camarade de chambre, un canadien qui a passé la journée à dormir. Puis je sors un peu profiter du festival de Jazz de Cracovie, avant de m’asseoir à la terrasse d’un café pour écrire le récit de mes aventures.
A l’heure où je vous écris ces lignes, je suis témoin d’une conversation très animée (à ce stade on peut dire altercation) entre une vieille femme nettoyant le trottoir devant chez elle et un groupe d’homme dépassant tous les trentaine/quarantaine qui sirotent leurs bières. Ça se chambre en polonais, parfois d’une manière assez explicite pour que je comprenne qu’ils s’engueulent carrément.
03/07
Visiter Auschwitz représente un business ici, dans le centre de Cracovie beaucoup d'agences proposent de vous y emmener pour 99 zlotys (l'équivalent de 24€), alors que le visite de l'ancien camp de concentration et d'extermination est gratuite, et que des bus vous laissent devant l'entrée du musée pour 3€. L'été il y a foule dans les allées qui séparent les blocs abritant il y a encore 72 ans prisons, dortoirs, infirmerie, archives, bureaux des SS. J'ai donc pris le bus pour Oświęcim en fin de journée afin d'éviter le bain de foule polyglotte.
Auschwitz est en fait le nom allemand donné à la ville d'Oświęcim, où pendant la seconde guerre mondiale les nazis ont créé 3 camps: Auschwitz I, Auschwitz II et Auschwitz III. Ce complexe concentrationnaire se trouvait également sur la commune de Brzezinka (Birkenau). Il s'agissait d'anciennes prisons ou d'infrastructures déjà existantes auparavant.
Mon choix d'horaire s'avère judicieux car il n'y a pas beaucoup de visiteurs, à part quelques familles avec poussettes et une colonie de vacances qui se prend en selfie devant chaque bâtiment.
Un grand travail de conservation a été fait et est toujours en cours: certaines constructions ont été recouvertes de tentes géantes il y a plusieurs années pour permettre leur "rénovation" (les reconstruire en partie pour leur redonner leur forme originelle). Au sein de plusieurs blocs il y a des expositions sur des thèmes différents mais bien entendu lié au lieu: les juifs de Hongrie (et la trahison du pays envers eux), les juifs du Pays-Bas, le processus de nazification de la Pologne, le processus d'entrée dans le camp (photo, tatouage, uniforme)... Dans un bloc nommé "Les traces du crime" sont exposés les possessions que les prisonniers avaient amené avec puis volées par les nazis. Derrière des vitre on voit des montagnes de chaussures, une piscine de casseroles et ustensiles, des fossés de brosses.
Dans un autre bloc ont été conservées presque intactes les cellules où étaient enfermés les condamnés à mort par famine.
Au-dessus des allées vertes, le ciel est bleu sans un nuage, ce qui paraît inimaginable en ce lieu. Pour voir ce qu'il reste du camp d'extermination, les visiteurs passent dans un large passage taillé dans les fils barbelés.
Cette partie d'Auschwitz a été presque entièrement détruite avant que l'armée rouge ne libère le camp. Ainsi les travaux de conservation ont aussi eu pour rôle de reconstruire partiellement les chambres à gaz et les fours crématoires. Là, plus personne n'esquisse un bruit, à peine un geste.
En me dirigeant vers la sortie j'entends une famille espagnole regretter de ne pas trouver les rails de train: "on ne pourra pas faire la super photo typique c'est dommage".
C'est la fin de la journée et le parking est vide. Vide jusqu'au lendemain car le bus que je devais prendre pour Cracovie est parti 5 minutes avant que je ne sorte, et c'était le dernier de la journée. Il est 19h50. Je commence à paniquer au fur et à mesure que je comprends qu'il n'y a ni trains, ni autres bus, ni covoiturage avant 3h22 du matin. Il n'y a même pas de moyen de rejoindre une ville un peu plus grande pour trouver un autre moyen de transport. Je rencontre un couple dans la même situation que moi et je leur propose de prendre un taxi tous ensemble et ainsi diviser les frais, cela nous reviendrais à 25€ chacun. Ils refusent sous prétexte qu'il faudrait faire moitié-moitié étant donné qu'ils sont ensemble et moi toute seule. J'envoie donc balader ces deux débiles qui ne pensent former qu'un seul organisme et m'en vais faire du stop. Rapidement une voiture s'arrête. Le conducteur, Marcin, propose de me rapprocher d'une ville un peu plus grande qui se situe sur l'axe Katowice-Cracovie. Je passe une partie du trajet collée sur mon téléphone à chercher tous les moyens de déplacement possible pour revenir à mon auberge, il n'y en a aucun qui prenne moins de 4h (et j'apprendrais par la suite que l'unique bus qui me faisait arriver à 3h du matin était de toutes manières plein). J'essaye donc d'appeler ma mère sans perdre mon calme (non) et en gardant la tête froide (c'est faux), elle ne répond pas. J'appelle donc Liam qui croit d'abord que je lui fait une blague, avant de commencer à paniquer avec moi. Cet appel hoquetant aura au moins eu comme effet d'attendrir mon conducteur qui me conduira jusqu'à Cracovie en me répétant de "chill out".
Tout se finit donc bien (bien étant "ne pas dormir à Auschwitz) et j'arrive à Cracovie vers 21h30. Le temps de rejoindre le centre ville, les restaurants ferment tous leurs portes. Je vais donc commander un wrap végétarien dans un kebab du centre, le cuisinier ayant pitié de mes choix alimentaires, m'offre une assiette de frites. Donc oui, tout se finit bien.
04/07
Mes visites d'aujourd'hui sont bien plus légères que celle de la veille.
Je profite que le mardi l'entrée est gratuite pour une galerie d'art du centre, dont les locaux ont été construits en s'inspirant de l'architecture des bunkers. Après cette petite dose de culture je vais à l'auberge préparer mon sac car je pars le lendemain matin.
Puis l'après-midi je prends le train pour Wieliczka, petite ville à 20 minutes de Cracovie qui s'est spécialisée depuis le Moyen-Âge dans l'exploitation minière du sel. La mine est aujourd'hui visitable et c'est d'ailleurs devenu une attraction touristique majeure de la région: chaque année plus d'un million de personnes s'y rendent. Comme pour Auschwitz, j'ai pris mon entrée (dont le prix n'est pas salé du tout. lol) pour la fin de journée afin de ne pas me retrouver dans un groupe de 50 personnes. Car les visites se font en groupes et sont guidées: la mine s'étend sur 9 niveaux, 300 km de galeries et 300 mètres de profondeur. Il vaut mieux ne pas s'y promener tout sel (ça va durer pour toute la description de la visite je vous préviens). C'est non seulement intéressant, c'est surtout magnifique.
Entre une succession de couloirs sans fin, où le vent souffle jusqu'à nous bousculer parfois (c'est l'aération de la mine), s'élèvent des chapelles et des autels majestueux, entièrement taillés en sel. Sur la photo ci-dessus, la chapelle Saint-Kiga, nous pouvons apercevoir le sol taillé dans le sel, les escaliers, ainsi que les fresques religieuses sur les côtés taillées en relief. Les chandeliers sont en cristaux de sel. C'était tellement époustouflant que je n'ai pas pensé à prendre une sel-fie!
J'ai fait la visite avec un groupe francophone assez réduit, le guide, un plombier qui a travaillé plusieurs années en France n'a cessé de nous faire des calembours et de nous raconter des anecdotes historiques, sur la mine, mais surtout sur les relations franco-polonaises.
La descente s'est effectuée par les escaliers, comme du temps des mineurs, d'ailleurs les escaliers que nous empruntons sont ceux qu'utilisaient les derniers mineurs, authentique. Les tunnels que nous empruntons sont entièrement taillés dans le sel et consolidés par du bois (un des rares matériaux que le sel n'attaque pas, mais au contraire fortifie). Le sel a cette couleur sombre car il est mélangé à de l'argile, de la terre, mais aussi parce qu'il est très compact. Notre guide nous encourage à "goûter" les parois, nous restons un peu septiques vu le nombre de visiteurs qui nous ont précédés et qui ont du promener leur doigt mouillé pour y goûter le sel, mais finalement pour le faisons (en essayant de trouver le recoin qui a peut-être été épargné par la bave humaine). (Mon système immunitaire ressortira fortifié de cette visite)
Nous nous enfonçons toujours plus dans les profondeurs en empruntant des escaliers qui longent des chutes d'eaux, des lacs et des ruisseaux où la concentration en sel dépasse celle de la mer morte. Des patients viennent d'ailleurs dans la mine faire des cures pour les problèmes respiratoires car la qualité de l'environnement est exceptionnelle et la température est toujours entre 16° et 14°, donc supportable en toute saison (autant au sel-ciste d'hiver qu'au sel-ciste d'été).
On peut aussi voir les machines originellement utilisées pour faire remonter le sel, actionnées grâces à des chevaux (qui passaient leur vie dans la mine) ou des hommes (qui eux ont toujours été libres, il n'y a jamais eu de prisonniers ou esclaves dans les mines polonaises de sel m'apprend-t-on). Le métier de mineur de sel était très valorisé et très bien rémunéré car le sel était alors une richesse et une monnaie, l'exploitation du sel était et est toujours un monopole d'état.
Il y a même une salle de fête dans la mine, ainsi qu'un restaurant sel-service (le plus profond du monde).
La visite se termine et nous prenons un ascenseur minuscule à 4 étages dont les parois ne sont pas complètement closes, on sent l'air s'y engouffrer pendant que l'on remonte vers la surface dans l'obscurité presque totale.
Je prends mon train pour Cracovie: oui, cette fois j'ai vérifié les horaires.