Carnet de voyage

Los Pelzou en America Latina

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Dernière étape postée il y a 2404 jours
Nous avons troqué notre routine française pour un an d'aventure en Amérique Latine en sac à dos. Nature sauvage, civilisations disparues et découvertes en tout genre...
Juin 2017
365 jours
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Publié le 22 août 2018

La promesse de sommets enneigés et de lagunes a suffi à nous motiver à faire le trek de Santa Cruz malgré les risques importants de pluie dus à la saison. Étant en saison basse dans une région pas aussi touristique que celle de Cusco, on a la chance de se retrouver dans un chouette petit groupe via l'agence Caleb Expeditions. On est seulement 4 touristes (2 Hollandaises nous accompagnent), un jeune guide et un muletier, tous très sympas.

Du fait de notre petit nombre, plutôt que de nous mettre à disposition un minibus privé, nous partons en mini-bus collectif. Il faut le vivre pour s'en rendre compte, mais c'est déjà toute une aventure de se retrouver dans un vieux véhicule serrés comme des sardines avec des campagnards qui parlent moitié quechua, moitié espagnol à travers des dentitions très clairsemées. Les regards vers nous ne sont pas rares, on ne sent pas de manque de respect ou d'hostilité mais plutôt de la curiosité amusée. Quand le colectivo (sans ceinture de sécurité évidemment) commence à s'enfoncer dans les montagnes à travers des sentiers en tête d'épingle sans aucune barrière, on retient notre souffle. On est également subjugué par la beauté du panorama qui défile sous nos yeux. Bien que ce ne soit pas son rôle, le chauffeur nous laisse faire un arrêt photo à plus de 4700m d'altitude. Encore quelques heures de route avant le démarrage du trek...

Arrêt photo pour se mettre dans le bain, ça promet ! 

JOUR 1

Pour la première journée, on fait le plein de nature. La marche est agréable avec peu de dénivelé, on se promène 4h. C'est très beau, très vert et on ne croise personne sur les sentiers. Plus on s'approche du campement, plus la neige apparaît sur les sommets. On a de la chance avec la météo, le soleil nous accompagne toute la journée.

Jour 1 dans les vertes prairies

Au loin, on aperçoit nos tentes déjà installées par notre très efficace muletier dans un cadre somptueux, à 3870m d'altitude. Quelle joie d'arriver sur un campement improvisé en pleine montagne, entre nous, sans une seule autre tente à portée de vue. Une boisson chaude et un goûter nous attendent, on est traités comme des rois. Le soir venu, le froid commence à se faire sentir et on se regroupe tous dans la « tente-salon » autour de la marmite de soupe bouillonnante. On donne un coup de main en écossant les petits pois, l'ambiance est au top !

Campement jour 1 

JOUR 2

Au petit matin, on est ravi d'être avec une agence sérieuse qui a du matériel de bonne qualité. Toute la nuit, une pluie diluvienne doublée d'un froid de gueux se sont déchaînés sur la vallée, nous faisant craindre l’inondation de la tente. Secs mais frigorifiés, on se regroupe dans la tente commune où un petit-déjeuner nous attend. On se demande comment le guide et le muletier ont pu passer la nuit ici, il n'y a pas de revêtement de sol et on patauge dans d'énormes flaques.

Nos mules et des veaux en vadrouille viennent se frotter à la tente de bon matin, en quête d'interactions. On les couvre bien sûr de grattouilles avec joie.

Visiteurs du matin 

Nous commençons la marche par un temps sec mais très froid. Après les récentes pluies, la nature nous offre le spectacle de puissantes rivières et de généreuses cascades.

Jour 2 

On prend plaisir à voir évoluer les paysages à mesure que nous avançons. Peu à peu la végétation se raréfie pendant que la neige sur le sol gagne du terrain. Quand nos ânes nous passent devant, on sent un mélange de peine de leur infliger cet exercice et d'admiration. Largement plus adaptés et puissants que nous, la marche semble moins entamer leur endurance que la nôtre.

Jour 2, les pieds dans la neige 

On avance tranquillement dans ce paysage montagneux saupoudré de neige. On ne croise absolument personne et le temps se maintient sans pluie, que demander de plus ! C'est magnifique, et on n'est pas au bout de notre émerveillement.

Jour 2

L'ascension qui nous emmène à Punta Union, point le plus haut de la journée à 4750m, nous en fera baver comme rarement. Niveau cardiaque, c'est très dur : les pauses s'imposent très régulièrement et après quelques pas en montée on est à nouveau à bout de souffle. Plus on monte, plus la neige tombée fraîchement cette nuit est présente. Sur le chemin elle a fondu, c'est assez glissant...

Ascension vers Punta Union 

Une fois en haut, le spectacle est incroyable. Ce panorama, après avoir tant souffert dans la montée, fait probablement parti des plus belles choses que nous avons vues durant notre année de voyage. On contemple dans un silence religieux puis c'est l'heure du casse-croûte, on a besoin d'énergie. De temps à autres, de lointaines avalanches se font entendre.

Point de vue de Punta Union 

Après une descente de deux heures sur un chemin pré-colombien innondé et en escalier, on voit apparaître notre deuxième campement situé à 4250m d'altitude. Comme la veille, le cadre est idylique. Il y a quelques autres tentes aux alentours mais ça n'enlève rien à l'immersion en pleine nature.

Campement jour 2 

JOUR 3

Après un petit déjeuner et quelques papouilles aux ânes qui sont décidément des animaux très attachants, on se met en route vers une lagune décrite par notre guide comme une des plus belles de la région. Le parcours est très joli, on retrouve de belles forêts. Au loin parmi les montagnes, on aperçoit le pic d'Artesonraju qui aurait inspiré le célébrissime logo du studio Hollywoodien Paramount Pictures.

Début du jour 3 

Une dernière montée pour couronner 2h30 de marche, et nous voilà à 4450m d'altitude, complètement émerveillés devant la taille et la couleur turquoise de cette belle lagune. Un bon moment pour claquer quelques photos, manger un morceau et simplement contempler.

Jour 3, Laguna Arhuaycocha 

On redescend de la lagune par le même sentier, ça n'est que la première partie de notre randonnée du jour. Il reste encore beaucoup de chemin !

Descente depuis la lagune et casse-croûte 

On arrive alors au creux d'une vallée balayée il y a quelques années sur toute sa longueur par l'éboulement d'un pan de montagne au creux duquel se nichait une lagune. Là où nous marchons, le paysage a été bouleversé par cette énorme coulée de terre, de roches et d'eau. Du sable recouvre le sol à perte de vue, des arbres sont à moitié ensevelis et d'autres ont été déracinés et emportés.

Sur la coulée 

Après cette longue traversée du désert, on longe une jolie lagune. On fait une halte, la fatigue commence à vraiment se faire sentir. Des vaches curieuses mais timides s'approchent de nous tout en gardant leurs distances. Une dernière ligne droite conclut cette looongue journée de marche avant d'arriver au camp, à 3840m d'altitude.

Fin du jour 3 et arrivée au camp 

JOUR 4

La dernière journée consiste en 3 heures de descente jusqu'à 3100m d'altitude, le long de la rivière Cashapampa. Encore une fois, on remarque les changements de type et de densité de végétation en fonction de l'altitude. Les arbustes ras du début de la randonnée se transforment au cours de la descente en jungle.

Jour 4 

Pour clôturer ce trek en beauté, notre guide nous propose une virée dans une source d'eau chaude très peu fréquentée, dans un cadre sauvage. L'idée nous plaît, on se laisse entraîner. Sur place, c'est la douche froide !! Les bassins thermaux sont en pleine construction et le site est à la fois un chantier et un dépotoir. Bouteilles de shampoing, canettes de bière... les déchets défigurent le lieu.

Sources naturelles d'eau chaude... 

Cette grosse semaine dans les magnifiques environs de Huaraz nous aura offert de somptueuses balades et marque un terme à notre passage dans les montagnes Péruviennes. On garde des souvenirs magiques de cet incroyable trek.

Place à la détente et au soleil, nous partons sur la côte Pacifique en quête de sites archéologiques, de plages et de chaleur pour finir notre voyage en beauté !

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Après un trek de 5 jours de marche et des nuits trop courtes, une grasse matinée n'aurait pas été de refus avant d'entamer cette étape. Mais ce sera pour une autre fois, le réveil sonne à 4h30. On se rend à l'aéroport de Cusco pour un vol jusqu'à Lima, on partira ensuite à la découverte du Nord du Pérou. Les bagages déposés et l'enregistrement effectué, on arrive en salle d'embarquement pour apprendre que... notre vol est annulé à cause du mauvais temps. On ne se doutait pas au moment d'acheter le billet d'avion qu'en choisissant Viva Air, LA compagnie low-cost par excellence, on prendrait le risque de ne pas pouvoir décoller si la météo n'était pas optimale ! C'est d'autant plus frustrant de voir que toutes les autres compagnies font décoller leurs avions pour Lima... Le prix d'un nouveau billet chez la concurrence excédant largement notre budget, on se résigne à prendre le bus et encaisser de nouveau... 22h de route.

Après une petite nuit d'escale dans un hôtel de la capitale, on repart pour une dizaine d'heures de bus. Notre destination finale : Huaraz, le point de départ de nombreuses randonnées dans les monts enneigés de la Cordillère Blanche.


Autant dire que quand on arrive à Huaraz, on est cuits et on aspire à un peu de confort. Évidemment, l'hôtel qu'on avait réservé en est absolument dépourvu. C'est sale, incommode, bruyant et excentré. Et en plus, le patron français nous paraît pénible et intrusif. Cette fois-ci on ne s'en accommode pas et le lendemain, on pose nos bagages pour quelques jours dans un hôtel plus sympa. On approche de la fin du voyage et on supporte moins bien les mauvaises conditions qu'au début de l'aventure !


Les klaxons, c'est la première chose frappante quand on arrive à Huaraz. Et ça se vérifiera jusqu'à la fin du séjour : les péruviens du Nord sont atteints d'un grave trouble obsessionnel compulsif du klaxon. Un virage, un klaxon. Un feu vert ou même rouge, un klaxon. Un passant, un klaxon. Un chien errant (et il y en a beaucoup), un klaxon. De la pluie, un klaxon. Une mouche qui pète, un klaxon. C'est drôle 1 minute, mais passé ce délai, Phill a flirté avec la crise d'épilepsie chaque jour passé dans ce brouhaha bruyant et pollué.

La ville de Huaraz est située à plus de 3000m d'altitude dans la cordillère des Andes. Victime d'un terrible tremblement de terre en 1970 causant la mort de plus de 75 000 personnes, la ville a été reconstruite sans porter la moindre attention à la rendre jolie. Heureusement, on a pu se trouver un petit coin piéton agréable avec quelques restaurants. On y a passé de bons moments entre deux excursions. Tout n'est pas fabuleux dans la gastronomie péruvienne, mais elle a le mérite de proposer un choix de menus plus varié qu'en Colombie. S'éloigner des plats locaux peut par contre s'avérer dangereux, on garde un souvenir stupéfait d'une pizza pas cuite du tout, la pâte baveuse s'étirant tant qu'on ne pouvait pas la couper, et la serveuse nous assurant que la cuisson était bonne et que l'élasticité venait du fromage... On fait renvoyer au cuistot cet affront à la cuisine italienne. Dix minutes plus tard, la serveuse revient et nous sert la même pizza en charpie passée au four directement sur son assiette, encore plus pâteuse. C'en est trop, on quitte le resto !

Plats qui tachent, patte de poulet bouillie et énormes gâteaux au sucre et aux colorants typiques d'Amérique Latine
Après le klaxon et le poulet frit, l'autre superstar du coin, c'est Jésus 

L'objectif de notre venue n'était évidemment pas le côté urbain, mais plutôt un trek de 4 jours dans la cordillère blanche. Afin de se ré-acclimater à l'altitude, on prévoit deux excursions de préparation.


On commence tranquillement avec la Laguna Wilcacocha sur la cordillère noire faisant face à la cordillère blanche. Pour atteindre cette lagune à 3700m d'altitude, on marche quelques heures sur des petits sentiers ruraux en empruntant les chemins qui nous paraissent les moins risqués. Comme souvent en Amérique Latine, le gros bémol des randonnées en campagne reste les chiens ultra-territoriaux des habitants. Ils peuvent faire preuve d'une agressivité assez angoissante. Malgré nos précautions et un bâton à la main, un animal de la pire espèce nous agressera, verbalement du moins. Hé oui c'est bien un humain qui nous a fait le plus peur ce jour là, un vieil agriculteur transpirant de haine à l'idée de devoir partager sa montagne avec un nombre grandissant de blancs (enfin, de voyageurs). A quelques mètres de nous, planté sur le sentier, il nous insulte et nous menace de nous jeter des cailloux si on ose prendre l'âne du champ d'à côté en photo. Pour la peine, on en a pris une.

L'âne interdit et la chenille qu'on ne touche qu'avec les yeux

Arrivés à la lagune, on entame notre pause casse-croûte, et comme pour nous faire mentir sur ce qu'on venait de dire sur les chiens, deux toutous tout foufou nous accueillent chaleureusement. La lagune est plutôt quelconque et la vue sur la cordillère blanche est jolie même si elle est peu dégagée. C'est surtout pour habituer son corps en douceur à l'effort en altitude que cette balade est à faire.

Picnic à la lagune Wilcacocha avec vue sur la cordillère blanche

Le deuxième jour, on passe par une agence pour nous emmener au Glacier Pastoruri à 5200m d'altitude. On coupe les 3 heures de route avec un arrêt à Puma Pampa, une source d'eau gazeuse située sur une plaine bordée de montagnes. Au milieu des herbes rases et sèches typiques de l'altiplano, la Puya Raimondii ne passe pas inaperçue avec sa taille imposante et sa forme arrondie et piquante. Lors de son unique floraison, entre son 40ème et son 100ème anniversaire, la plante produit une imposante hampe florale qui peut atteindre une dizaine de mètres avant de mourir.

La Puya Raimondii peut atteindre jusqu'à 15m de hauteur.

En reprenant la route, la végétation se raréfie jusqu'à quasiment disparaître à notre arrivée au parking. A la descente du minibus, on est immédiatement saisis par un froid glacial. On n'est pas au bout de nos peines, parce qu'à 5200m d'altitude, l'oxygène est rare et la marche de 40 minutes toute en montée est vraiment rude. Au début de la balade, le paysage est entièrement gris.

En route vers le glacier 

Lorsqu'on arrive au glacier, on peut enfin contempler l'épaisse couche de glace bordant de petites étendues d'eau. C'est impressionnant mais la fonte des glaces laisse de plus en plus de place à la roche noire dans le paysage, on se retrouve face à un glacier plutôt déplumé. Avec le réchauffement climatique, on prévoit la disparition totale du glacier d'ici peu. Il y a quelques décennies, il fallait simplement marcher 5 minutes pour avoir les pieds sur la glace...

Glacier Pastoruri, 5200 m d'altitude 

Après ces deux randonnées et un peu de repos, on se prépare avec excitation au départ du trek de Santa Cruz dans la haute Cordillère Blanche. Jusqu'au dernier moment on hésite à annuler, Maïcita étant dans un état de santé franchement incompatible avec un trek en si haute altitude, mais l'envie d'une immersion en pleine nature dans des paysages enchanteurs prend le dessus sur cette pénible fièvre.

Le récit du trek au prochain épisode !

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Nous arrivons à une étape cruciale et très attendue du voyage : le trek du Salkantay et la visite du Machu Picchu. Pour faciliter la logistique et l'organisation, on a choisi de laisser la main à une agence qui a planifié entièrement les cinq jours d'aventure. Notre groupe de 18 personnes sera épaulé par deux guides, un cuistot et un muletier. C'est aussi pour le "bien-être" des gentils quadrupèdes portant nos affaires qu'on choisit une agence nous paraissant sérieuse. Quelques jours avant le départ, le patron de l'agence OkiDoki nous fait un épuisant briefing de 2 heures pour nous expliquer en détail chaque étape en prenant soin d'insister sur le fait qu'avec lui, il n'y a JAMAIS de mauvaises surprises. Nous voilà rassurés.

Le jour J, nous partons à 4h30 du matin de l'hôtel en bus vers le point de départ de la randonnée.

Jour 1 : 12km, 5h

Perchés à 3600m d'altitude dans un décor montagneux, on mâchouille quelques feuilles de coca pour éviter le mal des montagnes et on part pour 5h de marche. Pas de difficulté, on arrive à notre premier camp de base à 4200m.

Premier jour - camp de base

Cette première journée donne le ton pour les suivantes : le groupe est divisé en deux, les mous du genou qui se plaignent tout le temps et sont incapables de respecter les horaires, et les autres. On croise d'autres groupes sur le chemin et le camp de base, comme les suivants, accueille beaucoup de randonneurs. On est très loin de se sentir seuls au monde mais on se rattrapera plus tard sur cet aspect, lors d'un autre trek au nord du Pérou. Le gros avantage des refuges en dur, c'est que nos tentes sont bien à l'abri sous un toit. Vu le froid, le vent et l'état du matériel, c'est une très bonne chose. L'ambiance est sympa et on est chouchouté, les repas sont copieux.


Jour 2 : 22km, 9h

Le deuxième jour, un épais brouillard s'invite à la fête alors qu'on attaque les 22km de marche. Après une longue ascension entrecoupée de pauses pour reprendre son souffle, on arrive au point culminant de 4630m ! A peine arrivé, on se couvre bien car le vent souffle ici. On savoure la fin de l'effort mais la météo ne nous fait pas de cadeau : au lieu des immenses sommets enneigés qu'on attendait, on ne voit que la partie basse des reliefs blancs. Tout le reste est englouti dans la purée de pois... Après une petite pause, le groupe est particulièrement dispersé. On finit par partir en effectif réduit avec la gentille "guide secondaire" pour une nouvelle montée jusqu'à une jolie lagune au milieu de rien. On sera les seuls à la voir avant qu'elle ne se fasse avaler par les nuages !

Jour 2, première partie 

Une pluie diluvienne nous surprend peu de temps avant notre arrivée au refuge pour la pause repas. Les derniers du groupe arriveront longtemps après nous, trempés jusqu'aux os.

On entame ensuite la longue descente à travers la vallée. Les jambes fatiguent un peu, c'est la journée la plus intense niveau dénivelé : partis le matin de 3912m, nous sommes montés à 4650 puis redescendus jusqu'au camp de base à 2900m. On croise régulièrement la route de groupes de mules qui acheminent les affaires des randonneurs d'un camp à l'autre.

Jour 2, descente 

Jour 3 : 15km, 6h

Les intempéries de ces derniers jours ayant provoqué des éboulements, notre chemin à travers la jungle est impraticable. On emprunte une route alternative moins pittoresque mais qui aura le mérite de nous offrir des vues sur de très nombreuses cascades et rivières, témoins de l'intense activité pluviale. Il fait chaud, les moustiques sont de la partie et on se fait régulièrement rincer. Mais la bonne humeur est là, ambiance colonie de vacances assurée.

Journée jungle 

A notre arrivée au camp, un festin de rois nous attend (par rapport aux repas précédents, c'est 5 étoiles). D'adorables chatons et leur maman assurent le spectacle. Après une longue pause, on part tous se délasser dans les eaux brûlantes de la station thermale Santa Teresa.

Détente... 

Pendant que les groupes de touristes se relaxent dans l'eau chaude ou un cocktail à la main, notre jeune guide, jusque là sympa mais avare en explications, a décidé de picoler plus que de raison avec son collègue. De retour au camp pour le dîner, le spectacle est pathétique : d'une voix chevrotante, il peine à expliquer la journée du lendemain dans un anglais calamiteux tout en tenant difficilement debout. De toute évidence, il est complètement beurré et son alcoltye est parti se coucher avant de manger sans rien expliquer à son groupe. Quel professionnalisme !

C'est aussi au moment du repas qu'on nous fait la promotion d'une activité facultative pour le lendemain : un parcours de tyroliennes, ponts de singe et escalade, vidéos époustouflantes à l'appui. Devant l'enthousiasme général du groupe, Virginie et Maïcita se laissent facilement entraîner et signent. Phill et Cyril, beaucoup moins convaincus, préféreront l'option marche.


Jour 4 : 15 km, 7h

Dernière journée avant le Machu Picchu ! Pendant que Phill et Cyril font leurs 4h de marche le long des rivières, les filles prennent un mini-van pour commencer leur session sensations fortes. Le temps est menaçant, jusqu'au dernier moment on a peur de passer la journée sous la pluie. Finalement, la matinée se déroule sans une goutte. C'est l'éclate totale, les 6 immenses tyroliennes (la plus longue : 510m, la plus haute : 250m au-dessus du sol) et le pont de singe de 90m donnent des vues géniales sur les vallées. En bonus, la portion d'escalade a été un défi physique.

Parcours vertigineux 

Retrouvailles devant une binouze bien méritée dans un restaurant, puis c'est parti pour la dernière étape avant le fameux Machu Picchu. On attaque 3h de marche sur des cailloux le long des rails menant à Aguas Calientes, le village le plus proche du Machu Picchu. Le climat est tropical, plusieurs épisodes pluvieux ponctuent notre "pélerinage" vers la Cité Inca.

Alors que le site accueille près de 2 millions de touristes par an, on est étonné de constater que pour le rejoindre, on ne dispose que de deux options : prendre un train à un tarif très élevé, ou alors cette inconfortable mais jolie marche. On croise ainsi des marcheurs de tous âges longeant les rails. La sécurité n'est pas à son maximum, les trains passent parfois très près de nous et les traversées de rivières sont périlleuses. Impossible d'imaginer l'équivalent en France sans aménagement facilitant l'accès à un tel site. Ça aura eu le mérite de pimenter la balade.

Dernière ligne droite jusqu'à Aguas Calientes 
Sécurité maximale !

La joie qu'on ressent à notre arrivée au village est assez intense. On va pouvoir dormir dans un lit, prendre une douche, se reposer les jambes (on en a vraiment plein les pattes)... Le retour à la civilisation fait du bien. Et puis on ressent une réelle excitation à l'idée de visiter le Machu. On profite des dernières heures de jour pour visiter le village et acheter de quoi se nourrir le lendemain. On essaie de se coucher tôt, une énorme journée nous attend !!

Aguas Calientes 

Jour 5 :

Quand le réveil sonne, il fait encore nuit noire. Il est à peine 3h30, mais c'est ce qu'il faut pour être dans les premiers. Le portail ouvre à 5h et on est au tout début de la longue file d'attente. Machu Picchu, qui signifie Vieille Montagne, a été construit dans les hauteurs. La plupart des touristes prennent un bus pour la gravir, pour nous ce sera l'option warrior, plus immersive : grimper les 1800 marches du petit sentier inca qui mène au sommet. Le tout à la lampe frontale évidemment puisque le soleil n'est pas encore levé. L'ambiance est surréaliste, dans un silence complet une masse de touristes se met en branle à l'ouverture de la grille pour gravir la montagne. On ne l'a pas fait que pour l'exercice physique, emprunter ces marches fabriquées et gravies par les Incas eux-mêmes pour accéder à leur cité avait un certain sens. On a donné tout ce qu'on a pu pour arriver au plus vite au sommet, totalement trempés de sueur. En 45 minutes, les 1350 mètres de dénivelé étaient derrière nous. Au cours de l'ascension, la nuit noire a laissé place à une aube brumeuse, on marchait dans les nuages...

Paysages embrumés en grimpant les marches

L'arrivée aux portes du Machu Picchu a une saveur un peu amère, on est tiré de notre rêve éveillé par des dizaines de cars déversant un flot de touristes tous frais... enfin, c'est le jeu. On pensait qu'on pourrait entrer dès notre arrivée mais non, les portes n'ouvrent qu'à 6h. On respire un peu dans la file d'attente puis c'est reparti pour la course vers le Machu. Ça grimpe encore un peu mais on ne lâche rien, on veut pouvoir profiter quelques instants du lieu vierge de touristes.

C'est à ce moment qu'on profitera le plus de la vue, le paysage est hallucinant. La cité entourée de montagnes semble émerger de la jungle, drapée dans une fine brume mystérieuse. Le silence règne, on est fasciné. Phill ayant tellement entendu parler du Machu Picchu et Maïté l'ayant déjà visité, on aurait pu craindre une déception mais il n'en fut rien. Arrivés au mirador, c'est la claque absolue. Les nappes de nuages couvrent et découvrent les ruines encore calmes en un ballet hypnotisant.

Premiers moments au Machu Picchu 

L'emplacement de ce site est à lui seul une prouesse inimaginable. Et c'est aussi pour cela qu'on ne peut qu'encourager à gravir ces 1800 marches pour se rendre compte de l'exploit incroyable que les incas ont accompli en bâtissant cette cité, dont aujourd'hui encore on ne sait que peu de choses.

Après ces premiers pas magiques dans les hauteurs du site, on se promène sur quelques sentiers, fuyant la foule envahissant déjà les ruines. Il n'est que 7h du matin.

Balade au calme, sur les pas des Incas 

Après s'être égarés avec plaisir dans les hauteurs, on s'enfonce dans les dédales des ruines à la recherche de notre groupe et du nouveau guide (remplaçant du premier, complètement HS) qui s’avérera excellent. Il nous explique le rôle supposé des temples et outils d'étude astronomique, bien qu'il n'y ait pas encore de certitude quant aux fonctions de cette cité hors norme.

Le site n'ayant pas été découvert par les colons espagnols, on a la chance de pouvoir profiter de ruines extrêmement bien conservées. Avec pas loin de 2 millions de touristes par an, les conditions de visite sont de plus en plus strictes afin de conserver le lieu dans le meilleur état.

Dans les ruines du Machu Picchu 

On retourne vers les points de vue sur la cité le temps d'une éclaircie, on fait la balade du Pont de l'Inca et il est déjà l'heure de repartir.

Balade vers le pont de l'Inca 
Apparition du soleil 

La marche le long des rails nous attend à nouveau, cette fois-ci c'est un peu en descente donc ça va plus vite. On reprend des forces avec de délicieuses bananes roses, c'est la première fois qu'on en mange.

Retour case départ 

On arrive complètement épuisés au point de rendez-vous d'où un mini-bus terriblement inconfortable nous ramènera à Cusco. Sept longues heures de route plus tard... on retrouve notre hôtel où il est temps de dire au revoir à Virginie et Cyril qui rentrent en France après ces deux semaines de voyage (il y en a qui travaillent !). Le lendemain, encore un réveil très tôt, nous devons prendre l'avion jusqu'à Lima pour ensuite nous diriger vers le Nord du pays. Evidemment, les choses ne se passeront pas comme prévu...

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L'itinéraire de notre voyage s'est parfois dessiné au dernier moment au gré des envies, des découvertes et des visites de nos proches. Mais s'il y a bien un lieu sur lequel on n'aurait jamais fait l'impasse, c'est Cusco et ses fabuleuses ruines dont le Machu Picchu.

Pour des passionnés d'aventure, de nature et d'archéologie, le berceau de la civilisation Inca est une étape indispensable.

Cusco est une ville construite sur les ruines d'une capitale pré-colombienne quasiment totalement détruite. De nombreux restaurants, boutiques et sites touristiques font du centre-ville un quartier vivant et agréable. La jolie place centrale est animée à toute heure, un après-midi on y voit des enfants en uniforme qui s'entraînent à défiler. Dans les hauteurs on profite d'une vue sur les toits en tuile, plutôt rares en Amérique Latine.

Cusco 

On découvre aussi, parfaitement fondus dans les constructions modernes, de superbes murs en pierres parfaitement taillées, symboles du savoir-faire architectural unique des Incas. On s'attarde devant la célèbre pierre aux 12 côtés qui met en évidence la complexité et la précision des techniques de taille. Les quelques rues piétonnes sont un vrai soulagement pour s'abriter des sempiternelles odeurs de pots d'échappement qui nous suivent tout au long du voyage.

Murs incas dans la ville de Cusco - pierre à 12 côtés

On ne se lasse jamais du plongeon habituel dans le marché populaire, véritable dépaysement pour tous les sens. A l'heure du petit déjeuner, les locaux de tous niveaux sociaux se retrouvent aux stands/traiteurs pour manger des soupes carnées et de copieux plats salés.

Marché populaire de Cusco 

Encore plus qu'en Colombie, les chiens errants peuplent la ville. Certains paraissent en forme mais on a toujours le cœur fendu en voyant toutes ces maigrichonnes toutounes allaitantes.

Pour nous acclimater aux 3500m d'altitude de Cusco en douceur, on passe un peu de temps dans cette capitale touristique et on en profite pour visiter quelques musées. Celui du Machu Picchu est essentiellement composé de photos passionnantes de l'expédition durant laquelle le site fut (re)découvert au début du XXe siècle. Rêveurs, nous imaginons la vie passionnante de l'explorateur Hiram Bingham.

Musée du Machu Picchu 

On visite également le Musée du temple du soleil. Les restes Incas sont modestes, seuls quelques murs aux pierres ajustées au micron témoignent d'un riche passé. On tente d'imaginer la beauté du temple avant qu'il ne soit en partie détruit et recouvert d'une église coloniale. La confrontation entre les deux styles architecturaux mêlés si étroitement est étonnante.

Temple du Soleil 

Pour finir notre découverte de la ville, on gravit la tour de l'Inca, œuvre contemporaine bâtie en l'honneur de ce peuple pré-colombien. Du sommet, on peut voir le paysage urbain qui s'étale à perte de vue.

Tour de l'Inca 

Les Incas ayant considéré Cusco comme « Le Nombril du Monde », la région avait une importance capitale et les sites archéologiques sont très nombreux dans toute la vallée sacrée.


On commence les visites par Sacsayhuaman, une forteresse en forme de tête de puma (vue du ciel), connue pour la taille phénoménale des pierres utilisées pour la muraille extérieure. On se demande comment des humains ne maîtrisant a priori ni roue ni outil élaboré ont pu sculpter et encastrer sans aucun ciment ces puzzles en 3D de blocs monolithiques gigantesques. Le plus lourd atteignant le poids difficilement concevable de 350 tonnes et les carrières se situant à des dizaines de kilomètres, ce site défie l'entendement.

Sacsayhuaman 

Ça mérite bien une citation d'un colon espagnol du XVIe siècle à propos de cette cité : « Dans tout le pays, vous ne trouverez pas de murailles aussi magnifiques. Elles sont composées de pierres si grandes, que personne ne peut croire qu'elles y aient été amenées par des êtres humains... Ni l'aqueduc de Ségovie, ni aucune autre construction réalisée par Hercule ou par les Romains ne peut être comparée à celle-ci. »


On continue dans l'incroyable avec la visite de Moray, un véritable laboratoire agricole à ciel ouvert. Cet ingénieux système de terrasses permet de créer des micro-climats pour étudier le développement des plantes dans différentes conditions. On a beaucoup apprécié l'esthétique de ces cercles concentriques couverts d'herbe.

Moray 

L'émerveillement est à son comble quand on arrive aux salines de Maras, construites à flanc de montagne. Cette source d'eau salée, étonnamment située en pleine montagne, est ainsi exploitée depuis des générations. Le spectacle est surnaturel !

Salines de Maras

Arrivé à Pisac, on a l'agréable surprise de découvrir un grand marché de produits artisanaux. Certains diront que la ville a un peu trop joué la carte du tourisme avec tous ces étals, mais on a passé un agréable moment tous les 4 à faire nos emplettes.

Marché de Pisac 

Après un bon menu du jour comme on les aime, on négocie un taxi pour aller au site archéologique perché au sommet de la montagne. Le site étant très étendu, il nous aurait fallu une demi-journée de plus pour visiter tous les dédales. On a parfois eu du mal à trouver notre chemin, une complication qui donne à la promenade des allures d'exploration pas déplaisantes.

Pas de temples majeurs à la sauce Maya/Aztèque ou de constructions à la précision chirurgicale, néanmoins les maisons en ruine et les nombreuses terrasses agricoles ont un certain cachet. Bien que la photo n'illustre pas sa grandeur, de l'autre côté de la montagne se trouve le plus grand des cimetières inca (a priori plus de 10 000 tombes), situé dans la paroi escarpée. Les innombrables trous que l'on voit depuis notre poste d'observation sont la trace indélébile de pillages sur plusieurs générations, les dépouilles Inca étant accompagnées de bijoux et autres objets de valeur (cf dernière photo de la série).

Ruines de Pisac 

On termine cette visite de la vallée sacrée de Cusco avec Ollantaytambo, une forteresse Inca siégeant au sommet de nombreuses terrasses agricoles. On retrouve les particularités des murs typiques Incas avec les pierres assemblées en puzzle et leurs étranges « poignées ». Une fois de plus, les Incas ont su adapter leurs constructions aux formes des montagnes, parfois très abruptes.

Ollantaytambo 

Après ce tour d'horizon des principaux sites de la vallée sacrée, changement de rythme pour la suite du voyage avec Cyril et Virginie : nous partons pour un trek de 5 jours qui nous mènera au célébrissime Machu Picchu !

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Pour rejoindre notre destination Arequipa, on s'offre un trajet « de luxe » avec la compagnie de bus Cruz del Sur. Elle est plus chère que la concurrence mais à ce stade du voyage, on opte pour le confort des sièges et surtout du silence. Dans les bus des autres compagnies, les télés avec le volume à fond la caisse imposé à tous les passagers pendant tout le trajet ont eu raison de notre patience. Les paysages qu'on voit par la fenêtre dénotent : c'est très sale et bruyant.

Bus de luxe dans quartiers pauvres 

Après une petite nuit à Arequipa (on prendra le temps de visiter cette jolie ville plus tard), on repart déjà vers notre prochain défi : un trek de 3 jours sans guide dans le second canyon le plus profond du monde. D'une profondeur de 3400m au maximum, le canyon de Colca est reconnu pour l'accessibilité des randonnées qu'on peut y faire car le chemin y est plutôt clair et qu'il y a plusieurs petits villages étapes qui permettent de passer la nuit sans avoir à se poser trop de questions logistiques et matérielles (tentes, sacs de couchage, nourriture...).

On passe 6h dans un bus inconfortable pour arriver à Cabanaconde où une nuit de repos nous attend. A notre arrivée, il fait nuit et une pluie battante s'abat sur le village. L'hôtel que nous avons réservé est plongé dans le noir, personne ne nous répond. Plantés là sous l'averse, on en vient à se demander si c'est une escroquerie ! Après 30 minutes à tambouriner à la porte, les gérants paraissant émerger d'une sieste nous ouvrent. Pas d'excuse, on dirait que pour eux c'est normal !

Le soleil se lève tout juste lorsqu'on attaque cette première journée. 11km de marche nous attendent jusqu'au fond du canyon.

Le début de la rando est incroyablement beau, onirique. Les couleurs chaudes des lueurs matinales rayonnent sur la mer de nuages en contrebas dans le canyon. On rêvasse quelques temps en arrivant au mirador puis il faut repartir, ça n'est que le début.

Trek de Cocla jour 1 

Après la rêverie, les choses sérieuses commencent avec 1200m de dénivelé négatif sur des sentiers rocailleux. Après un petit passage dans un épais brouillard, on finit la descente avec les jambes en coton et les articulations douloureuses, sous un beau soleil.

Trek de Cocla jour 1  

Après 4h30 de marche à un bon rythme (et une petite grimpette pour finir en beauté), on arrive à l'auberge de Llahuar où on a prévu de passer la nuit. Il est tôt, ça permet de se reposer et de se détendre les pattounes dans les bains bouillants près de la rivière. Le paysage est vraiment atypique : l'auberge ne fait pas partie d'un village, elle se trouve perdue au milieu de rien, au bord de la rivière qui coule au fond du canyon. On passe la nuit dans une petite cabane jaune.

Arrivée à Llahuar - cabanes - source d'eau chaude 

Le deuxième jour s'annonçait comme le plus tranquille. Les jolies vues sur le canyon et sur le sentier bordé de cactus baignés par la lumière naissante du jour se changent vite en une véritable purée de pois nous laissant avec une visibilité de quelques mètres devant nous seulement.

Au cours d'une très longue montée, on est arrêté par des locaux faisant tomber d'énormes rochers sur la route. « Vous ne passerez pas ! » qu'ils nous disent. On se serait cru dans Le Seigneur des Anneaux. Le village très isolé du coin est en colère et le fait savoir en bloquant tout passage de véhicules ou de piétons sur leur montagne. Devant notre mine déconfite de gentils randonneurs innocents, ils nous laissent passer en nous disant que nous sommes les derniers de la journée à franchir la route. Vu les heures passées à monter, on ne se voyait pas rebrousser chemin pour trouver une autre voie encore plus tortueuse.

 Jour 2 : Vue sur le Canyon après la montée

Après un passage plus plat, on décide d'éviter les villages pour profiter de la nature sauvage qui s'offre à nous. On parcourt avec plaisir les champs de cactus (dont les fruits sucrés sont très savoureux), d'agaves et de figuiers, puis les terrasses agricoles, la végétation dense... On ne s'imagine pas que l'immense paroi rocheuse se dressant devant nous de l'autre côté de la rivière sera notre terrain de jeu du lendemain.

Trek de Cocla jour 2 

Plongé dans cette végétation dense bourrée de reliefs abrupts, le chemin finit par devenir très flou. Le GPS ne sait plus du tout où il en est. La batterie du téléphone d'ailleurs est sur le point de rendre l'âme et on commence à manquer d'eau de manière critique. Chaque sentier débouche sur une impasse infranchissable. Faire marche arrière représente un effort démoralisant et couper à travers champs paraît dangereux tant il y a d'énormes crevasses partout.

Après avoir essayé presque tous les coins et recoins, on trouve un petit chemin qu'on avait manqué. On croise alors deux cholitas qui nous confirment qu'on est sur le bon chemin. Bien des errances plus tard, on finit, assoiffés, par trouver le village de San Juan de Chuccho, OUF ! Plus de 6h de marche nous auront été nécessaires pour arriver à destination. On n'a clairement pas pris le chemin « touristique » mais on a vu des paysages qui nous ont beaucoup plu.


Départ à 6h du matin pour la dernière journée, après une nuit dans une chambre basique avec éclairage romantique à la bougie. Depuis l'auberge, on voit le versant du canyon nous faisant face. Ce sentier abrupt zigzagant, c'est ce qu'on va devoir grimper. Au total 9km pour 1km de dénivelé positif !

Trek de Cocla jour 3 

Après une petite descente pour atteindre la rivière qu'on traverse, la montée est effectivement rude. La profondeur vertigineuse du canyon à mesure qu'on grimpe est saisissante ! Quand on a enfin l'impression d'être arrivés au sommet de la paroi rocheuse, on découvre la suite de la montée... La fin est difficile pour plusieurs raisons : la fatigue évidente, il commence à faire chaud et on atteint une altitude qui nous fait manquer un peu d'air en pleine ascension.

Trek de Cocla jour 3  

4h30 plus tard, on est de retour au village de Cabanaconde, les jambes et le dos en compote. On profite d'un petit déjeuner avant de reprendre le bus pour Arequipa.

Arrivée à la place de Cabanaconde sous le soleil 

Au bilan, on a trouvé le trek très joli et relativement accessible (malgré le fort dénivelé) grâce aux refuges et aux villages. On se pose par contre sérieusement la question du bien fondé de l'entrée payante de 70 soles (18€ par personne, c'est beaucoup pour le Pérou). On s'est renseigné et aucun argent n'est reversé aux populations locales, aucune gestion des déchets n'est effectuée par l'Etat, aucune signalisation permettant de trouver son chemin, pas d'entretien des sentiers grâce à cet argent... Apparemment tout est reversé directement au gouvernement. D'après ce qu'on comprend, ceux qui ont effectué le trek dans l'autre sens n'ont pas rencontré de péage.

Comme souvent, la météo influence beaucoup la qualité de l'expérience d'un trek, mais dans notre cas on s'estime chanceux du temps qu'on a eu !


De retour à Arequipa, on profite de quelques jours de repos puis on retrouve Cyril et Virginie, le frère et la belle-soeur de Phill. A 2300 mètres au dessus de la mer, la Ville Blanche est une étape très recommandée pour s'acclimater à l'altitude avant d'aller visiter la région de Cusco, plus de 1000 mètres plus haut. En se promenant dans le centre-ville et ses quelques rues piétonnes, on ne réalise pas qu'on se trouve dans une ville de plus d'un million d'habitants. Tantôt d'un blanc immaculé, tantôt colorées, les façades des bâtiments sont de toute beauté et dévoilent parfois de jolies cours intérieures. Les belles églises dispersées dans la ville contribuent au plaisir d'errer dans les rues. On ne se lasse pas d'admirer la très vivante place principale et ses palmiers, de jour comme de nuit. Au loin, la vue sur les volcans enneigés ne gâche rien ! Le seul point négatif de cette ville, malheureusement commun à bon nombre de villes visitées pour l'instant en Amérique Latine, c'est la pollution insupportable générée dans les rues par les véhicules et le carburant de mauvaise qualité.

Arequipa 
Cours intérieures 

Le marché populaire est un incontournable. On se régale à découvrir ces allées de fruits exotiques de toutes les couleurs. Les pommes de terre n'ont pas à rougir tant elles attisent notre curiosité. Il y aurait entre 3000 et 5000 variétés différentes dans le pays !

Marché d'Arequipa 

Le site touristique principal de la ville, c'est sans conteste le monastère/couvent de Santa Catalina qui est le plus grand du monde. Véritable petit village dans la ville, se balader dans ses nombreuses rues très colorées, ses jardins et ses cloîtres est très plaisant. Le nombre de cuisines est impressionnant ! Dans certaines salles, de nombreux tableaux et sculptures représentant des figures catholiques à la sauce espagnole rajoutent une touche de souffrance sanguinolente du meilleur goût. En parlant de bon goût, les retrouvailles sont l'occasion pour Cyril et Phill d'arborer fièrement une magnifique moustache. Les deux mousquetaires sont prêts à partir à la découverte des sites incas du Pérou.

Monasterio Santa Catalina 

Ces quelques jours nous auront permis d'acclimater en douceur notre petite équipe à l'altitude tout en profitant d'une ville très agréable sous un climat parfait ! Après un bus de nuit, notre prochaine étape tous les 4 sera Cusco et sa vallée sacrée, incroyable héritage des Incas.

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Pour rejoindre le dernier pays de notre périple, nous partons en direction du célèbre lac Titicaca situé à 3800m d'altitude, à cheval entre la Bolivie et le Pérou. Il serait le plus haut lac navigable du monde !

Quelques heures de bus et un peu de bateau suffisent pour atteindre Copacabana, petite ville située en bord de lac.

Le bus prend le bateau 

Hormis une très belle basilique blanche, la ville n'est pas franchement jolie mais propose pléthore de restaurants très agréables. La différence entre le centre propret pour les touristes et les quartiers périphériques populaires et sales saute aux yeux. En marchant le long du port, on voit l'immense lac s'étendre jusqu'à l'horizon. On dirait la mer, par mauvais temps la taille des vagues peut être impressionnante.

On s'achète quelques chocolats appétissants pour fêter Pâques mais c'est un échec, ils sont tellement mauvais qu'on n'arrivera pas à les terminer !!

Copacabana 

En fin d'après-midi, on s'attaque à l'ascension du Calvario, une colline offrant une belle vue sur le lac. On peut dire que le lieu porte bien son nom, ce fut presque un calvaire ! Sans le savoir, on a choisi le chemin le plus raide, sur la fin il était carrément vertical et c'était plus de l'escalade parmi les roches que de la randonnée. Seulement, le sommet est à 4000m d'altitude et le moindre effort se ressent de manière décuplée ! A cette altitude, dans un même volume d'air qu'au niveau de la mer on n'a que 60% de la quantité d'oxygène. Dur dur pour le cœur d'alimenter les muscles avec des respirations normales, du coup on est extrêmement essoufflés et il faut faire des pauses tout le temps ! L'énervement de constater comme cette magnifique colline est considérée comme un dépotoir ne nous aide pas à reprendre notre souffle... C'est hallucinant de saleté, en arrivant en haut on comprend que les cholitas qui vendent des boissons et snacks au sommet alimentent grandement ce désastre en balançant leurs cartons et déchets sur la colline. Bin oui, c'est trop fatigant de descendre le sac poubelle. Vu leur air buté et fermé, on n'essaie même pas de leur expliquer, c'est peine perdue. Elles parasitent même le moment magique du coucher de soleil dans ce cadre magnifique avec leur radio à fond. On sait qu'il y a des énormes déficits en termes d'éducation dans ces zones du monde, mais on a du mal à ne pas blâmer le manque de bon sens.

El Calvario 

La vue depuis le sommet reste tout de même superbe !

Coucher de soleil sur le lac Titicaca 

Pour profiter du lac, de son immensité (190km de longueur et 80km de largeur) et des traditions des peuples qui y vivent, on décide de faire une excursion sur plusieurs îles. On décide de ne pas visiter Isla del Sol, l'île la plus fréquentée du lac, car elle est depuis un moment en proie à un conflit interne empêchant de voir les endroits les plus intéressants... On préférera donc passer la frontière péruvienne en bus pour visiter d'autres îles depuis la ville touristique de Puno. Dans la grande rue piétonne, c'est la foire, les rabatteurs de restaurants s'en donnent à cœur joie et nous crient tous à l'unisson que leur carte est la meilleure.

Arrivée au Pérou par Puno 

Le lendemain matin,on part pour un tour de 2 jours et 1 nuit sur les îles Uros, Amantani et Taquile.

Le lac Titicaca est parsemé d'une petite centaine d'îles flottantes dont la construction a été initiée par le peuple Uros au XIIIe siècle pour fuir l'invasion des Incas. Ces îles flottantes sont bien particulières : elles sont créées à partir de joncs (totora) superposés et sont amarrées au fond du lac pour ne pas qu'elles dérivent au gré des courants. Régulièrement, une couche de joncs est ajoutée car les îles s'enfoncent dans l'eau petit à petit. Au bout d'une vingtaine d'années, il faut construire une nouvelle île car elle coule sous son propre poids.

Afin de respecter la vie des habitants, les touristes sont déposés sur des îles définies à tour de rôle. Sur la petite île flottante sur laquelle on nous a déposé vivent environ 4 familles avec un chef différent chaque année. L'occasion pour nous d'en apprendre plus sur la construction et la maintenance de ces drôles d'îles ainsi que sur l'artisanat local, essentiellement du tissage. On découvre que la base des joncs se mange, on l'appelle « banane » ici mais c'est tout de même un peu moins savoureux. Les embarcations utilisées pour aller d'une île à l'autre ou sur les rives du lac sont aussi faites en joncs.

Il y a une école sur une des îles pour les enfants de ces communautés, les habitants pêchent et ont de petits potagers... c'est tout un système relativement indépendant des villages en bord de lac.

Découverte de l'utilisation du Totora et atelier tissage 

A notre arrivée sur la seconde île, Amantani, tout plein de locaux portant leur costume traditionnel nous attendent de pied ferme. Ce soir, on dort chez l'habitant. Pas de bol, la famille qu'on nous attribue parle très peu espagnol, leur langue étant l'Aymara. Sur le chemin vers leur maison, notre cardio est mis à rude épreuve : ça grimpe pas mal et on est à une haute altitude (4120 m au sommet de l'île). Une touriste de notre groupe, prise du mal des montagnes, s'arrête à mi-chemin et fond en larmes tant c'est difficile pour elle. On a plus de chance, même pas un petit mal de tête mais on s'est déjà bien acclimaté à La Paz.

On ne gardera pas un souvenir impérissable de nos hôtes, tant la distance qu'ils imposent est grande. Ils ne nous parlent pas du tout, ne nous répondent pas et mangent par terre dans la cuisine pendant que nous sommes servis à table... D'autres touristes nous racontent qu'ils sont mieux tombés. On se concentrera davantage sur le contenu de notre assiette. En plus des bonnes soupes de quinoas, on fait une très belle découverte : l'oca, sorte de pomme de terre au goût très doux, se rapprochant un peu de la châtaigne et de l'artichaut. Partout sur l'île on voit les habitants s'affairer dans les cultures en terrasses : pommes de terres, quinoa, maïs, oca, etc.

Ile Amantani 

On part visiter dans l'après-midi deux petits sites archéologiques situés dans les hauteurs de l'île : les temples de Pachamama (Terre Mère) et Pachatata (le Ciel). Le coucher de soleil est très beau, on en profite en reprenant notre souffle après les deux montées.

Depuis les hauteurs d'Amantani 

La nuit venue, une petite fiesta est organisée dans la salle des fêtes. Pour l'occasion, on nous prête des vêtements traditionnels et nous voilà entraînés dans des danses typiques ressemblant à nos chères rondes ou « chenilles ». C'est clairement un spectacle pour les touristes et ça n'a plus rien d'une coutume actuelle mais ça ne nous empêche pas de nous amuser avec les autres touristes et les familles venues danser avec nous. Heureusement, la bière était là pour éviter à Phill d'avoir à trop se trémousser !

On danse à 4000 m d'altitude 

Pour la dernière étape, on part découvrir l'île de Taquile. Il se dégage de ce lieu une atmosphère très paisible. Une fois de plus, les habitants sont habillés traditionnellement, avec une spécificité amusante : la couleur des bonnets et des jupes permet de différencier les célibataires des personnes mariées.

Ile de Taquile 

Une petite balade le long de la côte nous mène jusqu'à un restaurant où on pourra manger de la truite du lac en regardant un petit spectacle de danse. Il est ensuite l'heure de reprendre la mer (c'est tout comme) pour des heures de croisière jusqu'à Puno.

Balade en bord de lac et danses traditionnelles 

Une excursion très intéressante et dépaysante donc, loin des klaxon des villes et qui permet de découvrir des modes de vie différents du nôtre. On est malgré tout très conscient que ces îles vivent au rythme des touristes et que tout ce qui leur est proposé (costumes, fêtes, danses...) est mis en scène pour donner une illusion d'authenticité.

On est en tout cas très content d'arriver au Pérou tant on attendait les étapes qui vont suivre avec impatience. Direction le Canyon de Colca et la ville blanche d'Arequipa où on retrouvera Cyril et Virginie, le frère et la belle-soeur de Phill.

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Nous voilà quelques jours dans la capitale administrative du pays : La Paz, plus grande ville de Bolivie. C'est aussi la capitale la plus haute du monde, les habitations s'étalent dans la vallée et sur les collines entre 3660m et 4100m d'altitude. On le sent côté température avec des nuits glaciales dans les auberges sans chauffage, mais aussi sur notre résistance à l'exercice : à la moindre marche, on se retrouve le souffle court et le rythme cardiaque au max car notre corps habitué à des altitudes inférieures cherche désespérément sa dose d'oxygène.

Pour constater l'étalement urbain de cette immense ville, on est allé prendre un des téléphériques flambant neufs qui ont révolutionné le transport dans la ville. En partant des hauteurs, la vue sur les constructions à perte de vue est absolument spectaculaire. Au loin, de magnifiques sommets enneigés complètent le tableau. « Survoler » ainsi la ville est plutôt original et ça nous a bien plu de tout voir de haut !

La Paz vue du téléphérique 

Il règne dans le centre une effervescence populaire telle qu'on se croirait dans la cohue de la saison de Noël. Les souks d'artisanat pleins de couleurs proposent parfois de jolis produits, des marchés investissent les places et les rues piétonnes sont bondées. Ça nous plaît cette ambiance !

La Paz 

Un soir, sur une place, on aperçoit un clown pathétique faisant des grimaces accompagnées de bruits de sifflets épouvantables. On presse le pas pour fuir au plus vite ce pénible spectacle. Nous voyant passer sans le regarder, il s'adresse à nous en sifflant le mot « gringos ! » tout en continuant à bouffonner. Et là, désemparés, on réalise qu'une foule d'adultes est amassée sur le trottoir pour suivre le show, hilare. Honnêtement, on pensait que ce « genre d'humour » n'amuserait même pas des enfants très bon public.

D'autres rues plus calmes et colorées nous permettent de respirer un peu.

La Paz 

C'est aussi l'occasion d'aller au musée des instruments de musique et de découvrir toutes sortes de créations fantaisistes (flûtes, sifflets, guitares, tambours...). La guitare à cinq manches gagne le concours de l'instrument le plus loufoque.

Musée des instruments 

Côté gastronomie, on a découvert au marché certains fruits incroyablement doux et parfumés comme le Cherimoya. On se régale aussi dans les restaurants avec notre premier Lomo Saltado d'une longue série, plat typique péruvien qu'on trouve également ici.

 Découvertes culinaires

Dans l'ensemble, pour une grande ville, La Paz nous a séduits par son côté vivant et dépaysant. Après quelques jours de visites, il est temps d'explorer les environs.


On part un matin pour une excursion originale : la descente en VTT de la route de la mort. On choisit une agence qui nous inspire et dont les équipements nous paraissent de bonne qualité (les vélos mais aussi les vêtements et protections).

Au début de la descente, le froid est saisissant et à chaque pause on gigote les doigts des pieds et des mains pour tenter de les réchauffer, en vain... La route asphaltée permet de prendre pas mal de vitesse, c'est le pied !! On démarre à 5000m d'altitude et l'arrivée se trouve à 1500m, énorme dénivelé ! Au fur et à mesure de la progression, l'air se réchauffe et s'humidifie pour finalement nous laisser terminer la course trempés de sueur dans une ambiance tropicale, les moustiques en prime. Pendant la descente, notre guide à l'humour ravageur insiste pour prendre des photos de nous faisant semblant de tomber dans le vide pile à l'endroit où deux bus sont entrés en collision frontale, faisant un bilan de 180 morts. On laissera ces photos bien cachées dans les annales du mauvais goût ! Heureusement on en a d'autres un peu moins glauques. Cette descente en VTT a été super ludique, les paysages étaient variés et on est passé plusieurs fois en bord de cascades ou dans des rivières. En plus on avait un look de pro du cross avec nos équipements ! On a donc adoré l'expérience, mais les vibrations dans tous le corps pendant ces 3h de descente finissent par être douloureuses, on est content quand on arrive.

Descente de la route de la mort 

La route de la mort porte vraiment bien son nom, il y a quelques années elle faisait environ 300 morts par an. Il y a maintenant une nouvelle route sécurisée (par laquelle on est rentré en bus après la descente) mais il y a toujours 50 morts par an sur la route initiale que nous avons dévalée en vélo. Ce chiffre s'explique par les nombreux trafiquants de drogue et d'armes profitant de l'absence de contrôles pour faire passer leurs cargaisons au détriment de leur sécurité...


Sur le chemin du site archéologique majeur du pays (Tiwanaku), on découvre une ville dans les hauteurs de La Paz à plus de 4100m au dessus de la mer : El Alto. Ce qui fait l'originalité de cette grande zone urbaine, c'est son style architectural émergeant. L'architecte local Freddy Mamani, fatigué de voir un horizon morose de cubes de briques, est en train d'imposer son style coloré et original. Façades pleines de couleurs, vitres teintées, toits pointus, chalets construits sur les toits terrasse... La ville se métamorphose peu à peu sous l'impulsion de cet artiste urbain. Cet élan de créativité rendant ces décors de ville moins basiques est bienvenu.

Style Mamani, El Alto 

A quelques heures de voiture de La Paz, Tiwanaku est un site archéologique empreint de mystère. Il existe de nombreuses polémiques quand à sa datation et la manière incroyable dont certaines de ses pierres ont été taillées. Pour être franc, on est bien loin de la magnificence des cités mayas et aztèques plutôt bien conservées qu'on a pu voir au Mexique.

En cause, les colons espagnols, encore eux, qui ont une nouvelle fois désossé une très grande partie du site pour construire une église. Quelques murailles sont encore sur pied mais il ne reste pas grand chose.

Tiwanaku 

La massive porte du soleil, sculptée dans un unique bloc de pierre, a fait les frais de l'avidité des colons. Ils ont tenté de la déplacer et l'ont par la même occasion brisée en deux morceaux. La magistrale porte une fois rompue, ils l'ont abandonnée sur place et elle a été remise sur pieds plus tard par les archéologues. La finesse des gravures et les angles de certaines coupes ornant la porte sont vraiment dingues. On se pose déjà la question des méthodes utilisées.

Porte du Soleil 

Quelques statues, plus ou moins bien conservées, apportent d'autres points d'intérêt plus que bienvenus sur ce site très épuré.

Statues 

Certains vestiges sont impressionnants : les murs d'une pièce sont ornés de visages taillés dans la pierre, chacun ayant une expression faciale différente. On est bluffé par certaines pierres taillées de façon "bizarre".

Tiwanaku 

Notre guide nous entraîne ensuite dans le musée. A notre plus grand agacement, les photos sont interdites « pour protéger les œuvres ». Sachant qu'il s'agit de pierres, la justification n'a aucun sens et on a l'impression de devoir subir une obligation donnée par des autorités incompétentes. On volera quand même deux mauvais clichés. Jamais nous n'avions vu pareil travail de la pierre. Certains blocs ont été taillés avec des angles d'une précision parfaite quand dans d'autres, des canaux aux formes arrondies et complexes ont été percées à l'intérieur de la pierre. Ce qui rend la chose hallucinante, c'est de mettre en parallèle ces œuvres avec les moyens qu'on attribue à leurs créateurs. Même avec nos techniques actuelles, certaines coupes internes ne pourraient pas être reproduites.

Musée lithique 

Enfin, on se rend sur la partie des ruines la plus connue et la plus mystérieuse : Puma Punku. Ici on est en plein air, les photos sont à nouveau autorisées et on va s'en donner à cœur joie.

L'endroit ressemble plus à un champ de bataille qu'à un site archéologique et des centaines de pièces plus étranges les unes que les autres défilent sous nos yeux. On n'en comprend pas le sens, on dirait parfois des œuvres d'art moderne. La précision des techniques employées est fabuleuse, on découvre des rainures parfaites ultra fines, des perforations chirurgicales, des traces de jointures métalliques entre d'énormes blocs et d'autres découpes d'une complexité folle dans cette roche si dure. Un autre élément rajoute encore du mystère : certaines pièces, dont celles en forme de grands « H » semblent pouvoir s'encastrer comme des briques de Lego. Le plus grand bloc façonné pèse 440 tonnes et est issu d'une carrière située à 16 km de là ! Tous ces blocs seraient les restes d'un grand quai, le lac Titicaca ayant autrefois bordé cette cité.

Mystérieuses pièces de Pumapunku 

Si la datation de ce complexe reste l'objet de nombreuses polémiques, certaines théories avancent la date incroyable de 15 000 ans avant JC. Puma Punku est ce qu'on peut appeler un OOPART : un artefact hors de sa chronologie, un mystère total.

On quitte ébahis cet incroyable site, l'envie de savoir nous ronge mais nous resterons dans l'épais brouillard opaque gravitant autour de cette civilisation et de ses constructions.


Notre dernière étape en Bolivie sera le lac Titicaca, cette gigantesque étendue d'eau située à cheval entre la Bolivie et le Pérou.

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Après un long périple en 4x4 et une fatigue qui commence à bien s'accumuler, c'est avec joie qu'on se repose un peu dans la jolie ville de Sucre. Dans l'hyper-centre tout blanc et soigné de l'une des deux capitales boliviennes, il est difficile de se rendre compte qu'on est dans le pays le plus pauvre du continent. La coquette place centrale et les nombreuses cours intérieures reflètent une bonne qualité de vie, pour une partie seulement de la population bien sûr. Les petits toits en tuile nous rappellent certains villages français !

Repos à Sucre 

La religion catholique est comme d'habitude omniprésente. Les édifices religieux, parfois cachés derrière un enchevêtrement de câbles électriques, sont nombreux et très beaux.

"Arrêtez de souffrir, Jésus Christ est le Seigneur" 

Pendant ces quelques jours de repos, la ville est en ébullition pour la semaine sainte et on voit des défilés partout.

Défilés pour la semaine sainte 

Dès le premier jour, on trouve un resto végétarien avec un super rapport qualité prix où on prendra quelques menus du jour avec plaisir. Un chaleureux pub irlandais nous attire dans ses filets un soir, pas très local mais c'est une valeur sûre et on a adoré.

Miam 

Comme d'habitude, une visite de la ville n'est jamais complète sans un tour dans les endroits les plus populaires pour voir à quoi ressemble la vraie vie des locaux. On se rend donc dans le grand marché à étages pour en prendre plein les yeux et plein le nez. A l'étage, on trouve le « comedor popular », la cantine locale qu'on a bien sûr testée. On était clairement les seuls gringos dans les parages ! L'expérience nous a bien plu, on a tout de même laissé de côté la viande à la texture étrange qui trônait fièrement dans nos assiettes sur un tas de riz et de maïs froid.

Au marché de Sucre 

Curieusement, on remarque des caractères japonais sur tous les bus de la ville. Aurions-nous dérivé vers l'est plus que prévu ? La flotte japonaise, bus comme voitures, s'offre une seconde jeunesse toute relative ici. Les vieux moteurs asphyxient toute la ville, ça nous a vraiment gênés pour apprécier les balades... C'est aussi la ville d'Amérique Latine où on aura vu le plus de voitures tuning : couleurs flashs, décorations kitchs et pots d'échappements démesurés...

Bus japonais en Bolivie

Autre point noir de cette ville et de la Bolivie en général : le travail des enfants. De la petite fille vendant des bananes ou des gâteaux toute seule dans la rue jusqu'au petit garçon cirant les chaussures des hommes sur la place, on assiste à toutes sortes de manifestations du travail des enfants. Effet secondaire évident : ils ne vont pas à l'école. A plusieurs reprises on échange de grands sourires avec ces fillettes travaillant dans la rue, bien plus pétillantes et agréables que leurs aînées lassées, on leur achète quelques denrées et on passe notre chemin le cœur un peu serré.


Le Dimanche, l'attraction immanquable du coin, c'est le grand marché hebdomadaire de Tarabuco. Dans ce petit village rural est situé à quelques dizaines de kilomètres de Sucre, l'immersion dans la culture andine est immédiate. Dès la place centrale, une statue se dresse devant nous représentant un imposant guerrier Quechua dévorant le cœur d'un colon espagnol gisant à terre.

En déambulant dans les rues, on se mêle à la vie quotidienne de cette population peu aisée. Un homme porte un énorme morceau de bœuf directement contre son manteau et dans ce décors ça paraît presque normal. Les costumes traditionnels sont de sortie : hauts bonnets cache-oreilles et très longs ponchos colorés. Ici, tout le monde porte des sandales malgré le froid, en résultent d'énormes crevasses...

Et puis, on voit des cholitas partout. Les cholitas sont les femmes andines portant les vêtements traditionnels : jupes colorées, vestes et petits gilets souvent dépareillés, deux longues tresses noires dans le dos et un chapeau melon. Souvent aussi larges que hautes (en partie dû à la superposition de jupes épaisses), ces femmes sont, pour nous en tout cas, le symbole des populations Andines. La vue est sympathique mais l'odeur parfois difficilement supportable se dégageant des couches de vêtements qui forment leur tenue complète nous laisse penser que les lessives sont rares. Elles n'aiment pas trop être prises en photo donc pas d'illustration cette fois-ci, mais ça viendra !

On se réchauffe avec une soupe de cacahuète, typique de la région, dans un grand hangar au cœur du marché. On se promène quelques temps entre les étals de tissus regorgeant de couleurs avant de rentrer à Sucre.

Tarabuco sous la grisaille 

Après cette parenthèse sucrée, on part pour quelque jours dans une région qui va nous plonger très très TRES longtemps en arrière : le village de Toro Toro et ses paysages cachant des centaines d'empreintes de dinosaures !

On l'avait lu et entendu à maintes reprise, un séjour à Toro Toro, ça se mérite. Et on ne peut que confirmer ! Après un voyage de 10h en bus de nuit jusqu'à Cochabamba et une arrivée à 4h30 du matin, on doit gentiment attendre dans la rue que le minibus se remplisse pour partir vers Toro Toro. Une heure et demi plus tard, c'est parti ! Le véhicule n'est pas de première fraîcheur et la route plus que tourmentée (et en travaux), c'est les fesses meurtries qu'on arrive à destination après 6h de trajet. Au final, le plus douloureux aura été de supporter la musique traditionnelle à plein volume : toutes les chansons se ressemblent, une voix féminine stridente répète inlassablement quelques mots d'amour niais d'un ton monotone sur une mélodie encore plus répétitive.

Une fois arrivés au village, on est tellement rôtis qu'on se contente de se balader dans les quelques rues et de se renseigner un peu avant de sombrer dans une profonde sieste. Consciente de sa renommée et surfant sur la vague du tourisme croissant, la ville n'a pas peur d'en faire des caisses avec des statues de dinosaures un peu partout, on se croirait dans une fête foraine sur le thème de Jurassic Park mais non, des gens vivent vraiment ici. Même du haut de la Mairie sort une énorme tête de Tyrannosaure Rex ! Pour l'anecdote, malgré l'écrasante majorité de statues à l'effigie de l'effrayant T-Rex, cette espèce n'aurait jamais vécu dans cette région du monde.

Dino party dans le village de Toro Toro 

Chaque excursion se faisant accompagnée d'un guide à un prix fixe, le bon sens invite les touristes à former des groupes pour payer moins cher individuellement. Rapidement, on rencontre nos acolytes du jour et on monte dans un 4x4 pour aller faire une randonnée et une session de spéléologie !

La route nous amène dans les hauteurs d'où on se régale du paysage irréel de la vallée de Toro Toro. Le village semble pris en étau entre deux rangées de montagnes en forme de dents. Un T-rex géant a dû être fossilisé en train d'essayer de gober le village tout cru !

Vallée entourée de dents 

Après deux heures de route, on arrive au départ de la balade de « la Ciudad de Itas ». Quelques centaines de mètres de montée plus tard dans ce décor rocheux et vert, on arrive dans une petite grotte où on devine d'anciennes peintures rupestres. La guide nous explique ce que nous sommes supposés voir, et... elle nous montre une peinture de deux cercles et un point en nous expliquant que ceci est la preuve que les peuples vivant ici il y a des millénaires avaient déjà découvert que la Terre était ronde et qu'elle tournait autour du Soleil. Avec seulement ça pour preuve, ça nous a paru un peu difficile d'arriver à cette conclusion. En discutant un peu, on comprend très vite qu'elle n'a absolument aucune idée de ce qu'est l'univers (elle croit que le soleil en est le centre) et s'ensuit alors une situation improbable où nous lui expliquons quelques principes ultra-basiques d'astronomie. Il est certain que la formation des guides n'est pas très poussée !

Peintures rupestres

On poursuit avec une marche sportive le long de formations rocheuses qui partent dans tous les sens. Les plaques tectoniques semblent s'être livrées à des luttes sans merci des millions d'années durant.

Rando jusqu'aux cavernes d'Itas 

Entre canyons, superbes grottes et sessions escalades dans les roches escarpées, ces 3 heures de randonnées nous donnent une bonne dose d'aventure et de paysages peu communs.

Cavernes d'Itas et canyon 

On croise un mignon lacumotte, petit mammifère des montagnes (mi-lapin, mi-écureuil, mi-marmotte).

Lacumotte (ou chinchilla pour les amateurs d'exactitude)

Après une pause déjeuner qu'on attendait avec impatience, nous voilà repartis en direction du site de spéléologie : la caverne Umajalanta. Sur le chemin, on s'arrête, fascinés, devant des empreintes de dinosaures plus grandes que nos pieds.

Traces de gros poulet d'il y a fort longtemps 

Puis, on enfile notre équipement (casque et lampe frontale) et on descend dans cette immense grotte (la plus grande du pays!) qui avale la lumière au fur et à mesure de notre avancée. Cent mètres après l'entrée, on serait dans une obscurité totale sans nos lampes. La marche se transforme en escalade et contorsions pour passer dans des espaces tantôt très étroits tantôt très bas, le tout dans un climat très humide. Claustrophobes, s'abstenir ! On accède à différentes salles assez grandes, peuplées par quelques créatures de l'ombre... Des poissons incolores vivent dans les étendues d'eau et des chauves-souris ont élu domicile dans cet environnement si particulier. Plusieurs petites descentes en rappel ponctuent la progression. L'appréhension du départ est vite oubliée, cette plongée de 2 heures dans le silence et les ténèbres du monde des stalagmites/stalactites aura été un véritable régal.

Les rangers du risque 

Pour notre dernière randonnée, on part pour de bon sur les traces des dinosaures. Après avoir sauté une petite rivière, on arrive rapidement aux premières empreintes. A l'époque des dinosaures (dino : grand, saure : lézard), le sol était composé de terre argileuse, permettant la formation des traces. Avec le temps et le passage de vent chargé de sable, les empreintes ont pu être fossilisées. Le nom du village Toro Toro proviendrait d'ailleurs d'un mot Quechua signifiant "Argile".

Devant ces empreintes variées, (très bien conservées, en relief, avec des griffes apparentes...) on se prend à rêver et à laisser libre court à notre imaginaire. Il y a environ 80 millions d'années, ces immenses créatures absolument incroyables, à côté desquelles nous ne serions rien, foulaient ce même sol.

Au cours de la visite, notre guide nous abreuve d'informations avec un accent qui nous vaudra quelques sourires : il change quasiment tous les sons "R" en "Z". Le "tizex" est tout de suite beaucoup moins effrayant !

Empreintes de dinosaures par centaines 

On continue la balade, on domine une nouvelle fois la vallée de Toro Toro et ses magnifiques montagnes pointues. Le chemin se transforme à mesure qu'on arpente le lit d'une rivière asséchée. La nature nous offre des spectacles incroyables et singuliers. Un arbre a poussé sous/sur un rocher et en grandissant l'a complètement fracturé. Un pont rocheux naturel d'un seul bloc défie la gravité. Et puis... encore une empreinte, la plus grande du parcours, appartenant à un gigantesque diplodocus de 35 mètres, pesant 20 à 30 tonnes !

Paysages le long du chemin - Puissant arbre - énorme empreinte de diplodocus 

Alors qu'on se remet de nos émotions, on arrive devant le canyon du Vergel. Comme souvent, l'immensité se retranscrit mal en photo, mais la vue nous a coupé le souffle. La profondeur du canyon, sa longueur et les parois rocheuses abruptes colonisées par la végétation nous en ont bouché un coin.

Immense canyon du Vergel 

Il est déjà temps de reprendre la route mouvementée jusqu'à Cochabamba. Notre prochaine destination est la deuxième capitale du pays, beaucoup plus grande : La Paz !

31

Après 5 jours d'escapades dans l'immensité de San Pedro de Atacama, nous voilà prêts à rejoindre la Bolivie avec une excursion de 3 jours en 4x4. Le programme du voyage s'annonce très alléchant avec la visite du Sud Lipez et du célébrissime Salar d'Uyuni. Seulement voilà, la veille du départ à 22h, on reçoit un coup de téléphone de l'agence : l'excursion est annulée. De violentes manifestations ont éclaté dans le sud de la Bolivie, rendant impossible le passage des véhicules. Vu l'heure tardive de la nouvelle, un mélange de frustration, de colère et d'incompréhension nous submerge et on doit attendre le lendemain pour se rendre à l'évidence : la frontière entre le Chili et la Bolivie est complètement bloquée. Les manifestants, vivant de l'extraction des mines, attendent depuis 9 ans une vraie route goudronnée promise par l'État. Devant l'immobilisme de leur gouvernement, ils bloquent les routes de la région. Ça peut durer des jours comme des semaines, d'après les agences. Impossible de savoir ! Les locaux ont même caillassé des véhicules de touristes en excursion la veille donc pour des raisons de sécurité, plus aucun tour operator ne prend le risque de partir.

Coincés dans une ville vraiment trop chère, on commence à imaginer des itinéraires alternatifs plus galères les uns que les autres pour nous sortir de la situation. Finalement on garde espoir et deux jours plus tard, on finit par trouver la seule agence de la ville qui programme un départ pour le lendemain. Toutes les autres agences disent que c'est trop dangereux. On a un peu les chocottes mais on croise les doigts et on signe avec eux !

On profitera de ce séjour prolongé à San Pedro pour se régaler à plusieurs reprises dans notre restaurant coup de cœur, proposant le meilleur rapport qualité-prix de la ville et offrant probablement les meilleurs menus qu'on n'ait jamais eus depuis le début de notre voyage. A l'exception du dessert bien sûr (un petit cube de gélatine, mioum), n'oublions pas sur quel continent nous sommes !

On se régale en attendant la fin du blocage ! 

Le lendemain matin aux aurores, après un traditionnel retard d'une heure, nous voilà dans le 4x4 avec 4 allemands et notre guide bolivien Elmer. Il semble confiant sur le déroulement de la première journée, mais c'est le deuxième jour qui paraît problématique... L'itinéraire sera fixé au dernier moment.

Rapide passage à la frontière bolivienne dans un froid polaire. Les minuscules bâtiments pas finis de l'immigration donnent tout de suite le ton quant au niveau de vie du pays.

Notre Jeep - Frontière entre Chili et Bolivie 

Plantée au milieu de ce décor aride, gris et montagneux, la Laguna Blanca apparaît rapidement. Plus on s'approche, plus elle devient magnifique. Le reflet des nuages et des montagnes dans cette eau salée parfaitement calme nous offre un décor splendide à la symétrie parfaite.

Laguna Blanca 

On croise incrédules quelques courageux/inconscients qui font le chemin en vélo, chargés comme des mulets. Ils ont l'air de souffrir dans les montées... Peu après, c'est au tour de la Laguna Verde de nous montrer ses belles couleurs. Sa teinte verdâtre lui vient de l'arsenic qui la compose, ici pas de flamants roses et pas d'animaux du tout d'ailleurs, le taux rend l'eau très toxique !

Laguna Verde 

On reprend la route, devant nous se dressent des nuages de plus en plus noirs. Quand on arrive au Désert de Salvador Dalí, rappelant les peintures du maître, une averse s'abat sur nous. La pause photo sera de courte durée et on se remet vite à l'abri dans la Jeep.

Désert de Dali 

Il est déjà l'heure de s'arrêter déjeuner dans un refuge à la Laguna Chalviri. On nous propose de nous baigner dans une petite piscine d'eau thermale. On passera notre tour, fuyant la pluie glaciale.

Laguna Chalviri 

Les nuages rendent parfois les paysages encore plus beaux, c'est le cas aux Geysers de Sol de Mañana. Plutôt que des geysers, c'est davantage un spectacle de fumerolles et de gargouillis qui s'offre à nous. L'odeur de souffre est prenante mais la beauté du lieu et de sa palette de couleurs l'emporte.

Geysers Sol de Mañana 

Dernière étape du jour : la Laguna Colorada, vraiment le clou du spectacle. La couleur rouge surnaturelle de l'eau vient d'un type d'algue qui ne pousse que sous certaines conditions, dont une altitude élevée (on est ici à 4280m). Ces algues flamboyantes nourrissent les centaines de flamants roses peuplant la lagune. Malgré le froid saisissant de la fin de journée, on prend bien le temps de profiter de ce spectacle si peu ordinaire.

Contemplation de la Laguna Colorada 

Malgré l'environnement hostile à la vie, des villages-étapes ont éclos ici et là. On se demande à quoi peut ressembler la vie au quotidien dans ces hameaux à moitié en ruine où vivent quelques familles dépendantes du tourisme. On passera la nuit dans un modeste refuge où règne un froid de bête, ambiance colonie de vacances !

Nuit au refuge - Petit déj à 5h  

Quand on retrouve notre chauffeur le lendemain matin à 5h30, il ne sait toujours pas par où on va bien pouvoir passer pour éviter les nombreux blocages présents sur les routes classiques. Après de multiples concertations et coups de téléphones, on prend la route à tâtons, s'arrêtant dans des bourgades paumées pour faire le plein d'informations. On doit se résoudre à emprunter un chemin alternatif rallongeant considérablement le nombre de kilomètres et contournant certains monuments touristiques importants (comme le fameux arbre de pierre). Malgré ce compromis et la longueur du trajet, on fait de belles découvertes : beaucoup de lamas, des vues superbes et même de la neige !

Jour 2, sur la route

On visite un ancien village minier devenu inhabité suite à de graves accidents dont de mortelles inondations. La pause casse-croûte est bienvenue, on s'étire les guibolles avant de retourner en voiture.

Village fantôme 

Les petits villages perdus au milieu de rien se succèdent, on fait connaissance avec les faciès andins très typés et les costumes traditionnels. Lors d'une pause, on assiste à la fabrication de briques en terre pour construire des maisons et on devine des champs de quinoa au loin.

Pauses dans les villages

Tout au long des 11h de route de la journée, les paysages qui défilent par les fenêtres nous émerveillent par leur immensité et leurs couleurs. On voit bien que ça n'est pas la route touristique, elle est souvent en très mauvais état et coupée par de nombreuses rivières assez profondes. On s'autorise des petits sommes à l'arrière de la Jeep de temps en temps...

Jour 2, sur la route 

On passe la nuit dans une auberge à Uyuni et on repart en pleine nuit vers le site touristique numéro 1 du pays, le Salar. La saison des pluies est passée par là, le plus grand désert de sel du monde est recouvert d'une couche d'eau créant un effet de miroir assez magique. La Jeep avance très lentement dans la dizaine de centimètres d'eau qui recouvre la croûte de sel sous un magnifique ciel étoilé puis on s'arrête. Il règne un silence total et on attend tous avec impatience le lever du soleil. Les premières couleurs orangées apparaissent au bord du Salar puis à mesure que le jour se lève, l'immensité de l'intérieur du désert se teinte de couleurs oniriques rosées. Évidemment, le Salar d'Uyuni étant probablement la deuxième merveille d'Amérique Latine la plus connue après le Machu Picchu, on est loin d'être le seul groupe à le visiter.

Lever du jour dans le Salar d'Uyuni 

On prend le petit déjeuner dans un étonnant hôtel construit entièrement en blocs de sel.

Hôtel de sel dans le Salar d'Uyuni 

Tout au long de la journée, notre guide redouble d'imagination pour prendre les fameuses photos faisant jouer la perspective.

Jeux de perspective 

Le fait que le Salar soit (partiellement) inondé nous a offert des paysages bien particuliers mais nous a aussi empêché d'aller plus au cœur du désert et de prendre la mesure de son immensité... On a tout de même très bien profité de cette merveille naturelle.

Dans le Salar 

L'après-midi, on se rend dans un cimetière de trains situé tout près d'Uyuni. Malgré le côté attrape-touriste, les agaçants et sempiternels graffitis ainsi que les déchets jonchant le sol, le site possède un aspect photogénique certain. On peut laisser libre court à nos envies d'exploration et profiter de ce vaste terrain de jeu.

Cimetière de trains 

On décide de passer la nuit à Uyuni pour se reposer du peu d'heures de sommeil des derniers jours puis on part le lendemain matin pour notre prochaine destination bolivienne : Sucre, la ville blanche. La région va nous livrer une page très ancienne de son histoire, nous partons sur les traces des dinosaures !

30

Après un réveil à 5h pour attraper un bus matinal et quitter définitivement l'Argentine, on se rend confiants au terminal de bus. Il y a manifestement du retard mais on ne s'inquiète pas, c'est loin d'être la première fois. Après 40 minutes d'attente et aucune information de la part de la compagnie, on se renseigne et on nous apprend que l'un des deux conducteurs est malade donc le bus est annulé. C'est le seul bus de la journée, le départ est donc reporté au lendemain à la même heure ! Évidemment, on a déjà utilisé toutes nos devises locales et chaque retrait d'argent coûtant une petite fortune en frais bancaires, on se met en recherche d'un hôtel prenant la CB (pas très fréquent ici), chargés comme des baudets comme d'habitude.

Une deuxième mésaventure vient s'ajouter à la première lorsqu'on découvre avec étonnement un nombre impressionnant de piqûres sur nos jambes, bras, dos et cou. Bref, nos corps entiers sont couverts de boutons qui démangent terriblement. Mais voilà, on n'a croisé que très peu de moustiques récemment... Le spectre des punaises de lits, planant sur tout voyageur longue durée, se serait-il abattu sur nous ? Les alignements de piqûres par 3 nous donnent la réponse... C'est la panique, on sait à quel point il est difficile de s'en débarrasser. Ne quittant finalement Salta que le lendemain, on sillonne la ville avec nos gros (énormes?) sacs, bien décidés à trouver une laverie. Le lavage à 60 degrés semble éradiquer les vilaines suceuses de sang. Seulement, on est Dimanche... Une seule laverie est ouverte et elle lave à l'eau froide ! Pas le choix, on compte sur le séchoir puissance max pour faire le taff...

On finit par s'installer dans un autre hôtel puis on entame une journée entière d'extermination des punaises. C'est la guerre, on combine les techniques et toutes nos affaires y passent : sèche-linge, spray insecticide, congélateur... On est obnubilés par l'idée qu'une seule survivante pourrait élire domicile dans nos affaires.

Les punaises n'ont pas peur des poils - Phill cherche ses puces 

Après cette journée passionnante, on revient au terminal de bus tôt le lendemain et cette fois-ci c'est la bonne ! Adios Argentina

Des paysages variés défilent sous nos yeux somnolents, entre autres les immaculées Salinas Grandes. Une fois de plus, on traverse la frontière entre Argentine et Chili très facilement : quelques minutes d'attente et 2 coups de tampon dans le bureau d'immigration perdu au milieu des montagnes, et nous voilà changés de pays.

Salinas Grandes aperçues par la fenêtre du bus 

On arrive desséchés dans notre auberge à San Pedro de Atacama, c'est le désert le plus aride du monde et on le sent ! Il fait très chaud et sec la journée, frais la nuit. Après une bonne nuit de sommeil, on passe notre première journée à découvrir ce petit village aux maisons en terre et à faire le tour des innombrables agences de tourisme. Le village est entièrement dédié aux excursions pour visiter les merveilles du désert d'Atacama. A part des agences et des restaurants, il n'y a pas grand chose et on croise très peu de locaux dans cette foule de touristes. Plusieurs marchés proposent une étonnante abondance de fruits et légumes, on n'aurait jamais cru pouvoir se cuisiner des pâtes aux brocolis et manger de succulentes mangues en plein désert ! Le contraste entre la chaleur sèche du jour et la vue sur les lointains sommets enneigés est surprenant.

San Pedro de Atacama, oasis dans le désert 
Le village en terre - Agences de tourisme - Terrain de foot - Toiture en cactus 

On choisit rapidement une agence recommandée sur internet et on réserve trois excursions.

Le lendemain, on part pour une belle journée de découverte des lagunes altiplaniques. On commence tôt le matin par la laguna Chaxa, entourée de sel cristallisé dans des formes incroyables et occupée par des flamants roses. Moment magique que de contempler ce paysage blanc et rose baigné de la douce lumière matinale qui le réveille du froid nocturne. Pour l'anecdote, les volatiles passent 16 heures par jour la tête dans l'eau à becqueter de minuscules crevettes roses qui donnent cette si belle couleur à leur plumage.

Laguna Chaxa au petit matin 

Après le petit-déjeuner, on reprend la route. Les volcans enneigés, les nandous (petites autruches sauvages), les troupeaux de vigognes (sortes de petits lamas sauvages) et tout simplement l'immensité du paysage sont autant d'excuses pour s'arrêter.

Pauses sur la route 

Puis on arrive au Salar d'Aguas Calientes, à 4200 m d'altitude, où souffle un vent glacial à écorner les bœufs. On voit d'ailleurs au loin que le bas des montagnes est recouvert de sel à cause de ces bourrasques continues. La vue est superbe !

C'est aussi là qu'on devra se contenter de deviner un des endroits phares de la région : les Piedras Rojas. Cette fameuse étendue de pierres rouges éclatantes bordant le Salar a été souillée de graffitis par des touristes narcissiques et écervelés, entraînant la fermeture du site pour une durée indéterminée.

Salar d'Aguas Calientes sous un vent glacial

Le déjeuner arrivant, on se pose devant les magnifiques lagunes de Miscanti et Miniques, chacune surplombée par le volcan du même nom. Ici d'ailleurs, pas de promenade hors sentier, on suit des chemins très balisés. Au départ, on est un peu frustré de ces restrictions, mais on se dit qu'elles nous permettent de profiter d'un paysage non pollué par le passage de milliers de touristes (dégradations volontaires ou naturelles, selfies durant des heures...). Les animaux se sentent aussi plus confiants, on peut observer des vigognes assez facilement.

Lagunes de Miniques et Miscanti 

Sur le retour, on s'arrête au croisement entre notre route et le Tropique du Capricorne ! Ça vaut bien une photo sous le panneau, quelle originalité. On passera également par le village de Toconao où le bois de cactus est très utilisé, comme partout dans cette région.

Passage sur le Tropique du Capricorne - Eglise de Toconao

Antoine, notre excellent guide cynique et intarissable, nous abreuve toute la journée d'anecdotes passionnantes et parfois désespérantes. Le Chili, grâce au désert d'Atacama, est le pays qui dispose de la plus grande quantité de Lithium au monde. Cette ressource est aujourd'hui extrêmement convoitée car elle permet de fabriquer les batteries de nos précieux appareils électroniques. Pour l'extraire, des quantités faramineuses d'eau et de produits chimiques sont nécessaires. Vous l'aurez compris, au milieu du désert, l'eau est une ressource rare que les industriels peu scrupuleux pillent de manière obscure avec la complicité des locaux.

La belle lagune Chaxa perd « étrangement » un peu plus d'eau chaque année, entraînant la fuite des flamants roses vers des lagunes plus profondes et étendues. L'eau des rares rivières souterraines, dont les propriétaires sont pourtant des familles andines, est vendue à ces industriels à prix d'or au détriment de l'environnement.

Antoine conclut : «Le respect de la Pachamama (la Terre Mère), ce n'est plus que du folklore. Tout a un prix.» On a peur d'imaginer ce que deviendront certains sites de la région dans quelques décennies...


La nuit venue, on s'offre une excursion astronomique avec l'agence d'observation d'étoiles la plus cotée de la ville. Le patron Alain (encore un français !) nous accueille dans son centre d'observation en dehors de la ville. Après un court trajet, on pénètre toutes lumières éteintes dans l'observatoire. Difficile de décrocher le regard de ce ciel étoilé. La voie lactée est incroyablement belle. Équipé d'un laser pour pointer les étoiles, il nous fait une visite guidée de la voûte céleste à l’œil nu avec une impressionnante maîtrise. D'un air décontracté et sarcastique, il réfutera par des faits scientifiques nombre de croyances et de théories sans aucune retenue : religions, astrologie, rencontres extraterrestres, mythologies... On imagine facilement certains clients apprécier moyennement. De notre côté, on l'écoute fascinés et hilares. Mais surtout, on ne s'est jamais senti aussi minuscules. Les échelles de temps, de distances et de tailles dont il nous parle sont au-delà de la compréhension.

Après cette session passionnante, on se dirige vers les 11 télescopes fixes. Certains d'entre eux sont si imposants qu'on doit monter sur une grande échelle pour y accéder. On observera tour à tour des planètes, des constellations et des étoiles. Notre œil amateur a du mal à apprécier le visuel que nous offre la lentille tant ce que l'on perçoit paraît abstrait et dénué d'échelle. On est loin des images colorisées de la NASA (dans les télescopes il n'y a pas de couleurs). On découvrira après la visite, au gré des recherches sur internet, que notre guide est une vraie star des étoiles ! L'astro-physicien Alain Maury a même découvert plusieurs astéroïdes dont une porte son nom.

Observation des étoiles et planètes 

On démarre la journée suivante par un petit-déjeuner devant l'imposant volcan du Licancabur et son compère le Lascar, seul volcan actif de la région qui émet des fumerolles tous les jours.

Petit déj au pied du Licancabour 

Puis très vite, on quitte la route goudronnée pour rejoindre des pistes tracées par les 4x4. Le guide nous fait comprendre que ça va secouer et qu'il se peut qu'on dérape, mais qu'il maîtrise la situation. Après un vrai parcours de rallye, on fait un premier arrêt où il nous montre des cailloux noirs. Il s'agit d'obsidienne, du verre volcanique utilisé pour fabriquer toutes sortes d'objets, notamment des lames tranchantes. Il nous explique alors que l'énorme plateau sur lequel nous nous trouvons est en fait le cratère de l'ancien supervolcan Vilama, large de plusieurs kilomètres. Le terme de supervolcan nous laisse médusés. Lorsque ce type de volcan entre en éruption, comme le Vilama il y a des millions d'années, il se produit une explosion tellement intense que des milliers de kilomètres cubes de débris sont projetés dans l'atmosphère, causant des dégâts cataclysmiques à l'échelle d'un continent, voire de la planète entière. La Terre peut rentrer dans un hiver volcanique où elle ne voit plus le soleil, ce qui engendre des baisses de température pendant des années ! (le plus connu des supervolcans est probablement celui de Yellow Stone)

Perdus en plein désert - Obsidienne 

Plus loin, comme pour illustrer la puissance de ces phénomènes, on se retrouve à côté de grosses roches pyroclastiques projetées par un volcan Bolivien sur des centaines de kilomètres. L'eau et le vent ont peu à peu érodé ces pierres, leur donnant des aspects très singuliers et inspirant des noms imagés.

Les Cathédrales 
Les moines de Pacana - L'Indien 

On déjeune au Salar de Tara où on peut de nouveau admirer de nombreux flamants roses dans un décor de montagnes enneigées.

Salar de Tara 

Dernier arrêt à la Laguna Kepiaco où un troupeau de vigognes se repaît et se chamaille gentiment.

Laguna Kepiaco et ses vigognes 

Le lendemain, on attendra le milieu d'après-midi pour se rendre à pieds à la Pukara de Quitor. La chaleur, moins étouffante qu'à midi, est tout de même bien oppressante. Après s'être acquitté du droit d'entrée, on entame l'ascension de la colline. On passe devant les ruines d'un village puis on atteint le mirador au sommet. La vue est très belle, on reprend notre souffle dans les bourrasques de vent puis on redescend sans trop traîner, le site ferme bientôt !

Pukara de Quitor en fin de journée 

Dernière excursion de notre séjour dans le désert d'Atacama : la Vallée de la Lune. Certains courageux font cette visite en vélo, cette fois-ci on s'est laissé emporter par la fénéantise et on est parti en colectivo avec d'autres touristes. On a fait plusieurs arrêts près de différentes formations rocheuses, il faut toujours pas mal d'imagination pour comprendre les noms donnés : les Trois Maries sont un peu fatiguées ! (d'autant plus depuis qu'un touriste a cassé une des pierres en grimpant dessus pour se faire prendre en photo...)

Formations rocheuses dans la Vallée de la Lune -  Les Trois Maries

La vallée de la Lune est probablement l'endroit le plus fréquenté du désert, on a donc croisé énormément de touristes. Mais les paysages rouges saupoudrés de sel de cette « petite » cordillère en valaient vraiment la peine. Le clou du spectacle a certainement été le point de vue final, quel panorama incroyable !

Lumières du soir sur la Vallée de la Lune 

Après ces magnifiques excursion, nous voilà fin prêts pour partir le lendemain matin en road trip de trois jours à travers le Sud Lipez jusqu'au Salar d'Uyuni. Mais le destin en voudra autrement... La suite au prochain épisode !

29

Après une nuit à Salta, on remet les voiles pour faire la boucle Sud. Une cinquantaine de kilomètres plus loin, c'est la panique : la jauge d'essence est passée en une vingtaine de minutes de 5 barres à 2 ! On se demande si l'affichage est défaillant, puis on calcule à la va-vite les kilomètres parcourus depuis le dernier plein... Il faut se rendre à l'évidence, le réservoir est presque vide et on a encore beaucoup de route sans une seule station essence, il faut donc faire demi-tour ! Avec ces bêtises, on perd une heure précieuse.

Route dans la verdure 

Revenus sur la jolie route immergée dans la verdure, on tombe rapidement sur une déviation. Un policier nous explique que suite aux fortes intempéries, la route principale a été fermée pour cause d'éboulements. On avance donc prudemment sur un sentier tout défoncé en première, voire parfois en deuxième dans quelques moments de folie. On arrive nez-à-nez avec une large rivière qui coupe la route. Un ouvrier nous confirme que c'est le seul moyen de rejoindre Cachi (notre destination finale du jour) tant que la route principale n'est pas remise en état.

L'eau paraissant profonde et le courant plutôt violent, on se pose plein de questions, mais on finit par se lancer. La Logan tient bon, mais une deuxième rivière plus profonde et puissante que la première nous fait face. Un jeune ouvrier, nous voyant peu sereins, nous propose de prendre le volant. On accepte, non sans inquiétude. Malgré les secousses, on la traverse sans trop d'encombre et on comprend vite qu'il y a une troisième rivière ! Un tracteur est justement en train de patauger dedans pour aplanir le terrain. Notre aimable conducteur a l'air d'hésiter un peu... Ça ne nous rassure pas ! Il demande conseil à un collègue, puis il se lance. La voiture est bien secouée et « dérive » un peu mais après 15 longues secondes, on est de l'autre côté ! Le moteur a l'air de bien aller. Chamboulés mais soulagés, on lui laisse un petit pourboire.

Rivières à traverser 

Notre destination est encore loin. Les paysages changent et des teintes de rouge apparaissent.

Le paysage se teinte de rouge 

Les routes en lacets commencent à mesure qu'on prend de l'altitude et qu'on s'enfonce dans les nuages. On ne s'attardera pas sur cette route de montagne aux points de vues supposément magnifiques, la vue étant complètement bouchée.

En redescendant, on évite coup sur coup deux énormes mygales plantées au milieu de la route !

Routes sinueuses et "points de vue" 

Après les routes sinueuses vallonnées, changement de décor total en arrivant dans le parc Los Cardones, connu pour ses cactus géants. On emprunte une longue route en ligne droite traversant une immense vallée entourée de sommets enneigés. Il s'agit de la fameuse Recta Tin Tin, construite sur les restes d'un chemin pré-inca de 18km parfaitement droit (sur cette distance, le chemin ne dévierait que de 30 cm par rapport à une ligne droite parfaite!). On s'arrête de nombreuses fois pour se balader parmi les cactus. On est seuls au monde, le soleil se couche et nous offre de belles lueurs dorées.

Quelle drôle de vie pour ces cactus qui n'atteignent durant leur 10 premières années que la taille de 5 centimètres ! Les chances de survie sont faibles mais une fois lancés, ils peuvent atteindre 10 mètres de haut. Dans ces régions très arides, ce sont leurs épines qui leur permettent de trouver de l'eau : la nuit, le liquide vital se condense sur la multitude d'épines puis elle coule jusqu'au sol pour alimenter les racines du végétal.

Recta Tintin et vallée de cactus géants 

Malgré une arrivée un peu laborieuse à Cachi puisque l'hôtel est mal référencé sur Internet et que les habitants nous envoient dans de mauvaises directions, on est content de se poser après une longue journée. Le village est super mignon avec ses maisons blanches et beaucoup de mobiliers en bois de cactus (pancartes, tables ou même toitures).

On constate qu'ici aussi, retirer de l'argent au distributeur est un travail à temps plein...

Les alentours aussi sont très beaux, les montagnes formant des remparts successifs impressionnants.

Cachi - mobilier en cactus - cactus ornementaux

Le lendemain, on reprend notre route vers Cafayate (Cafashaté, comme ils disent), plus au Sud. La route est pénible car la plupart du temps, toute strillée : les vibrations qu'on subit des heures durant menacent de décrocher le tableau de bord et déclenchent les essuies-glaces... On a peur pour la Titine. On s'arrête de temps en temps quand un coin nous paraît joli, et on a plutôt l'embarras du choix ! Étonnamment, on trouve des vignes dans cette région si aride. On traverse de tous petits villages, ils ont toujours une église.

Mais c'est après le village d'Angastaco que les paysages deviennent vraiment grandioses. Les roches déchirées nous racontent des histoires géologiques des plus mouvementées, vieilles de millions d'années. Les strates rocheuses inclinées de la Quebrada de las Flechas (la Rivière de Flèches !) passent pour des forêts d'arbres déformés par des tempêtes surpuissantes. On se sent petit devant ce décor incroyable et on se dit que finalement on peut bien supporter cet agaçant sentier vibrant qui a le mérite de se fondre parfaitement dans l'environnement. Toute la route jusqu'à Cafayate est sublime et on croise encore de petits villages dans ce territoire si hostile.

Quebrada de las flechas et autres formations géologiques 

La ville de Cafayate, très coquette, est la deuxième région de vignobles du pays. On profite du joli parc pour manger une douzaine d'empanadas (au four, comme on les aime) mouillées d'une bonne bière ambrée. D'ailleurs pour la petite histoire, la vente de bouteilles en verre est très stricte ici. Si on veut en acheter une, il faut nécessairement ramener une bouteille vide en échange. Curieux ça, comment achète-t-on la première bouteille, nous demandons-nous ? … On décide de ruser. Voyant une caisse de bouteilles vides dans le supermarché, on en pique une pour pouvoir acheter le précieux nectar. Le vendeur n'y a vu que du feu.

Cafayate : vignes et empanadas 

Dernière ligne droite pour remonter vers Salta et terminer notre road trip : la Quebrada de las Conchas, route très fréquentée car de nombreuses curiosités géologiques s'y trouvent. Quel plaisir que de découvrir virage après virage de nouveaux paysages orangés enchanteurs !

Los Colorados : formations orangées qui s'étendent à perte de vue 
El Obelisco - El Sapo (le crapaud !) - Point de vue des Tres Cruzes 
L'amphithéâtre (qui probablement devait héberger une cascade il y a des millions d'années) - la Gorge du Diable - E.T
Sur la route 

Ces 1000 km en autonomie auront assouvi notre soif de découvertes et d'aventure ! C'est passionnant d'imaginer que ces décors ont été forgés par la présence de forts courants d'eau et de mouvements tectoniques il y a des millions d'années. Vu la beauté des lieux et les nombreux points d'intérêt qu'on n'a pas eu le temps de visiter pour respecter notre timing, on se dit que cette boucle Sud mériterait bien 5 jours, plutôt que 3.

Nos trois passages à Salta nous ont également beaucoup plu. Cette jolie ville est connue pour avoir les meilleures empanadas du pays. Leur petite taille et leur générosité nous ont beaucoup plus mais l'absence de légumes est un peu dommage.

Difficile d'aborder la gastronomie argentine sans parler de viande. Phill s'est laissé tenter par une belle pièce de bœuf de 300g. La viande, bien que très tendre, était à la hauteur de la réputation argentine en termes de cuisson : beaucoup trop cuite ! Ça n'était pourtant pas faute d'avoir précisé « poco cocido ».

Pour finir, on a pour la première fois pris un réel plaisir à manger une glace artisanale, après plus de 9 mois de voyage ! On repense encore avec émotion à cette savoureuse glace au chocolat (du vrai chocolat !!) aux éclats d'amandes de chez Helado Grido, le tout dans un excellent cornet croquant. Ça change des horribles crèmes glacées ultra chimiques trouvées dans d'autres pays...

Salta 

Notre prochaine destination sera également aride, mais salée : le désert d'Atacama, au nord du Chili.

Des bisous à tous, merci d'être nombreux à nous lire ! N'hésitez pas à voter pour notre blog dans le Grand Concours de Pâques, ça nous fait gagner des petits œufs de Pâques et nous donnera des réductions pour imprimer des livres souvenirs de ce voyage !

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C'est au hasard des recherches sur l'Amérique Latine qu'on est tombés sur la région de Salta et ses merveilles naturelles, au Nord-Ouest de l'Argentine. Devant remonter vers le Nord du Chili depuis Santiago jusqu'au désert d'Atacama, on décide donc de passer du côté argentin pour en découvrir rapidement le Nord-Ouest.

La première étape du trajet nous mène à Mendoza, ville très réputée pour ses vignobles. Les 10h de bus passent plutôt rapidement : le Chili et l'Argentine étant deux pays riches, les infrastructures sont en très bon état et les bus sont tous neufs (ils peuvent, vu le prix du trajet). Il y a même un service de restauration à bord du bus, incroyable ! Les plateaux repas servis par Air France peuvent être considérés comme de la très haute gastronomie à côté de ce qu'on a eu, mais l'intention est là. Tout au long du trajet, des paysages montagneux inhabités défilent sous nos yeux. Le poste de douanes marquant notre passage sur le territoire argentin semble sorti de nulle part et les formalités sont vite faites. A nous l'Argentine !

Passage de frontière entre Chili et Argentine  - repas de rêve

En arrivant exténués à notre auberge en plein centre-ville, on découvre un joyeux bazar. C'est la fête des vendanges, et à Mendoza on ne rigole pas avec le vin ! Le long boulevard où on loge est fermé à la circulation et s'est transformé en une gigantesque terrasse. Il y a tellement de monde qu'on a du mal à se frayer un passage. On est super excité par cette ambiance festive et on s'intègre à cette cohue, une canette de bière locale à la main. Les nombreuses petites scènes balançant de la musique techno à fond toute la nuit ont par contre eu raison de notre sommeil. L'auberge étant située à quelques mètres de l'une d'elles, les murs tremblaient au rythme des basses et le son abusivement fort traversait sans pitié la plus coriace des boules quies.

Rue principale de Mendoza, transformée en terrasse toute la nuit 

Le lendemain, beaucoup plus calme, nous permet de visiter un morceau du centre-ville. On se croirait dans une ville Européenne, c'est riche et propret. Les visages sont d'ailleurs plus typés caucasiens. Quelques parades animent la rue principale, en l'honneur de la fête des vendanges. Curiosité de la ville : les poubelles perchées en hauteur, pour éviter la prolifération des animaux qui s'en nourrissent.

Mendoza 

On découvre avec effarement, après plusieurs essais dans différentes banques, que c'est dans l'un des pays les plus riches d'Amérique Latine que les plafonds de retraits d'argent sont les plus bas, avec les frais fixes les plus élevés bien sûr. Chaque retrait maximal de 130 euros nous coûte 12 euros supplémentaires !! Et quasiment tout se paie en liquide ici... Rien que pour cette raison qui nous donne l'impression d'être des pigeons de première, on est content de ne faire qu'un passage express en Argentine. Malheureusement, le Chili n'est pas loin derrière dans la liste des profiteurs (pour rester polis).

Après une deuxième nuit catastrophique bercée par les hurlements de touristes ayant goûté avec trop d'entrain le vin local, vingt heures de bus nous attendent pour rejoindre la ville de Salta. Ça paraît énorme, 20h de bus sans pause, hé bien... ça l'est ! On est bien content d'arriver dans le joli centre-ville de "Salta la Linda"

Pas de bol, on apprend en arrivant que les récentes intempéries ont gravement endommagé les routes, nous obligeant à revoir notre itinéraire pour visiter le nord et le sud de Salta. On inverse donc l'ordre des points d'intérêt et on démarre le lendemain par la boucle Nord. C'est 40 minutes après l'horaire prévu que débarque un employé nonchalant à l'agence de location de voiture. On prend possession du bolide qui nous accompagnera pendant 6 jours : une superbe Renault Logan, prête à en découdre avec les pistes poussiéreuses. On croise les doigts pour passer entre les trombes d'eau qui s'abattent sur la région...

On commence par traverser des forêts très vertes et humides, on sait que ce n'est qu'une question d'heures avant de voir le paysage changer du tout au tout.

Démarrage dans la verdure 

Premier arrêt : le village de Purmamarca où on fait une pause pique-nique sur la place principale. C'est un endroit très mignon, avec de l'artisanat un peu partout. Le petit village est niché au pied de la superbe Montagne aux 7 couleurs, première merveille naturelle d'une longue série !

Purmamarca : village et montagne colorée 

Plus loin sur la route se dessine la « palette du peintre », un mur montagneux qui porte bien son nom. Maimara, le village délabré jouxtant la montagne, contraste avec la beauté du paysage. Un grand cimetière à flanc de montagne souhaite la bienvenue aux visiteurs.

La palette du peintre 

Encore un peu de route à faire avant d'arriver au village de Tilcara, toujours en pleine montagne, où on passera la nuit. On déniche dans un hangar un marché bien local.

Marché de Tilcara 

Le bilan de cette première journée est super positif, pas de pluie et de belles découvertes, y compris le long des routes empruntées.

Sur la route 

Le lendemain matin, on se promène rapidement dans le village avant de nous mettre en route pour Humahuaca. Il pleut, cela n'augure rien de bon pour la suite de la journée. On apprend que la route vers LE site le plus visité de la zone (l'Hornocal, notre principale motivation à venir visiter la région) est fermée à cause des fortes pluies... Le gérant de l'hôtel dans lequel on dort s'excuse presque qu'on soit là, il nous confie tout de suite qu'il n'y a rien à faire dans ce tout petit village... Ça donne le ton ! On passe donc l'après-midi à se balader dans les rues mouillées de Humahuaca, point de départ de cet inaccessible Hornocal. Les marches qu'on gravit pour accéder au mirador de la ville nous essoufflent anormalement, on est à plus de 3000 m d'altitude. Une réconfortante soupe de quinoa nous réchauffe le corps et le cœur puis on retourne dans notre chambre d'hôtel qui prend l'eau.

L’anecdote du jour reste la difficulté à retirer de l'argent dans ce genre de village. Dans cette région, cette simple opération est un véritable calvaire. L'unique distributeur des villages est pris d'assaut et régulièrement vidé, une longue file d'attente s'étend dans la rue à toute heure de la journée. Au total, on aura bien attendu plus d'une heure pour avoir nos précieux billets ! Pour les habitants, c'est le quotidien...

Humahuaca sous la grisaille - Soupe de quinoa - File d'attente au distributeur

Le lendemain, on part à la recherche d'informations sur l'état de la route et... les nouvelles ne sont pas des meilleures. La route est ouverte mais on craint de s'embourber avec notre voiture citadine donc on décide de partir en 4x4 avec d'autres touristes français qu'on a rencontrés sur place. Les négociations du prix avec le conducteur durent une éternité, nous sommes 6 et il s'entête à vouloir nous faire payer le même prix par personne que si on était 4. On finit par partir à presque midi après avoir trouvé un compromis...

Au final, le début du sentier était pas mal boueux mais c'était probablement jouable de faire chauffer la Logan jusqu'en haut. On a joué la sécurité ! Au fur et à mesure qu'on s'élève dans les montagnes, on a de plus en plus la tête dans les nuages... Ça s'annonce mal. On arrive finalement au mirador à 4400 m d'altitude, on marche un peu pour atteindre le point de vue et là... Tadaaaaa ! Un épais rideau de nuages nous bloque la vue.

Première vue de l'Hornocal 

Puis le vent se met à souffler et une partie de cache-cache démarre entre l'Hornocal et les nuages. On découvre par moment la beauté de cette montagne aux 14 couleurs (on n'a pas compté mais le site est célèbre sous ce nom) et le spectacle est superbe.

L'Hornocal 

C'est donc tardivement qu'on prend la route pour rentrer à Salta et terminer ainsi cette boucle Nord. Malgré l'heure qui avance, on s'arrête de temps en temps pour se dégourdir les jambes et profiter d'incroyables décors de westerns. On traverse des villages d'apparence extrêmement pauvre.

Pauses le long de la route

Tout au long de la route, on a vu de petits sanctuaires rouges. Ils seraient là en l'honneur de Gaucho Gil pour protéger les usagers de la route. Des offrandes y sont faites, sur la photo on voit par exemple des cigarettes, un paquet de gâteaux, des bougies et des feuilles de coca.

Sanctuaire à l'effigie de Gaucho Gil 

On dort comme des bébés après cette longue journée puis on attaque la boucle Sud le lendemain, les détails au prochain épisode !

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Pour l'ultime volontariat de notre périple, on se rend dans un hôtel champêtre au cœur de la nature, situé à une paire d'heures de Santiago.

Niché dans la forêt, le lodge loue des cabanes en bois dans un cadre superbe, en bord de rivière.

Profitant de cet environnement très reposant, on a facilement occupé notre temps libre par des promenades dans les bois, des parties de ping-pong et du barbotage dans la rivière Rio Claro étonnamment chaude.

Détente et méditation près de la rivière 

Côté boulot, on est ravi de renouer avec une expérience qu'on avait déjà beaucoup apprécié en Colombie : le travail de restauration, en salle comme en cuisine.

La haute saison étant sur la fin, le rythme était plutôt tranquille. Et de fait, on sentait comme un laisser-aller dans le réapprovisionnement des denrées. Avec l'absence de communication et d'organisation de notre patron Gustavo (un vrai latino, donc), le doute s'est parfois installé à l'annonce du menu à nos clients...

En cuisine, outre quelques aides ponctuelles de découpe ou de dressage, on s'est souvent retrouvé à faire la plonge... Et quel plaisir d'arriver en début de soirée avec une montagne de vaisselle incrustée de saleté du service précédent ! On a connu des fonctionnements plus rigoureux... Cela dit, les plats traditionnels concoctés par la chef chilienne fan de musique punk étaient super bons.

On a aussi aidé un peu à la maintenance des lieux : arrosage et jardinage.

En cuisine, au bar et dans le jardin

Un jour, on nous propose un travail alternatif. Camila (la femme de Gustavo), photographe à ses heures perdues, doit aller faire un shooting photo à 1h30 d'ici. Préférant ne pas y aller seule, elle propose à l'un de nous de l'accompagner. Les heures de route sinueuse ne motivant pas trop Maïcita (mal des transports, quand tu nous tiens !), elle restera faire ses 5h de service en salle pendant que Phill secondera Camila dans son travail.

NdP : C'est ainsi que je me retrouve à une dégustation de vin dans un vignoble avec la mission de prendre des photos dans un contexte professionnel. Après avoir passé le cap embarrassant de photographier des inconnus, je me suis totalement pris au jeu et je me suis éclaté à découvrir le métier.

Quelques jours plus tard, j'ai vu les photos livrées au client. Les 3/4 sont de moi. ... Haha... Bon j'ai pas touché un centime, mais Camila m'a offert une bouteille de (mauvais) vin et des cacahuètes. Elle savait à qui elle s'adressait.

Session photos au vignoble 

Le soir même, on se fait notre petite dégustation de ce vin piquant à souhait, dans le jacuzzi encore brûlant. Le ciel brillant d'étoiles par milliers nous laisse rêveurs et contemplatifs pendant qu'on trempe dans l'eau bouillante.

Trempette sous les étoiles 

Mais disons-le clairement, ce que nous avons préféré au cours de ces 8 jours, ce sont les 4 adorables chiens des propriétaires...! On n'a pas bougé un petit doigt sans que l'un d'eux ne soit dans les parages. Gustavo et Camila n'étant jamais là, c'est donc avec leurs chiens qu'on s'est lié d'amitié :

- La doyenne, massive golden retriever fan de gratouilles, prénommée Kitty mais qu'on préférera appeler Brenda, ça lui va tellement mieux.

- La labrador noire joueuse, Samba, qui elle aussi adore se jeter par terre pour avoir des papouilles sur le ventre.

- La petite Lily, douce et fidèle. Prise d'un vilain rhume la faisant tousser, on lui a vite attribué le surnom de "Petit tacot".

- Et notre chouchou, seul mâle de la tribu, le beau Lobo attendrissant et affectueux. Ses petites manies un peu timides pour s'approcher de nous et réclamer de l'attention nous ont fait craquer.

En quête permanente de compagnie de jeu et de câlins, ils nous ont constamment amusés, attendris et remplis d'une joie simple et pure. Gros pincement au cœur quand il est venu le moment de les quitter.

Brenda, Samba, Lily et Lobo, si vous nous lisez, sachez qu'on vous aime fort. 

Ainsi s'achève notre très riche expérience de volontariat en Amérique Latine, avec un total de 12 projets sur 9 mois. Formidable manière de voyager, elle nous aura permis de rencontrer beaucoup de gens locaux, d'affûter notre niveau d'espagnol, de nous immerger dans différents modes de vie et de découvrir des savoirs et des métiers tout en économisant pas mal d'argent.

Comme partout, on peut mal tomber mais dans l'ensemble on recommande vivement ce mode de voyage.

Sur ce, nous quittons temporairement le Chili pour un road trip d'une dizaine de jours dans le Nord-Ouest de l'Argentine. C'est parti pour l'aventure !

26

Pour cette troisième étape au Chili, on retrouve Josy et Lionel (la mère et le frère de Phill) avec qui on a prévu de visiter Valparaiso et ses alentours pendant 6 jours.

Malgré le temps un peu terne, on se plait à déambuler durant deux jours dans les rues pentues et atypiques de Valparaiso, une ville où l'art de rue ultra-coloré est omniprésent. Certains graffitis sont criants de réalisme quand d'autres nous emmènent loin dans des imaginaires parfois torturés.

Graffitis de tous styles 
Dans les rues de Valparaiso 

Nombre de ces peintures mettent en scène des superpositions de petites maisons colorées comme pour rendre hommage à cette cité où l'art de rue est devenu roi.

Maisons colorées sur maisons colorées 

Mais globalement, Valparaiso nous a semblé tomber en décrépitude : beaucoup de bâtiments, rues et trottoirs sont en très mauvais état. Ils deviennent le terrain de jeu des graffeurs qui s'expriment librement sur tous supports. Si certaines rues sont agréables à parcourir de jour comme de nuit, d'autres ont un côté coupe-gorge malodorant peu engageant.

Le côté sombre de Valparaiso 

Pour faire face aux nombreux séismes, de nombreux bâtiments ont au fur et à mesure été construits ou reconstruits avec de la tôle. Derrière son apparence fragile et bas de gamme, ce matériau a l'avantage d'être souple et de mieux absorber les tremblements. Cela vaut aussi bien pour les murs que pour les toits. Il paraît que lors des secousses, la chute des tuiles était responsable de bilans humains très lourds.

Autre excentricité donnant à cette ville une âme si particulière : les nombreux funiculaires très pentus permettant d'accéder facilement aux sommets des nombreuses collines de la ville. On ne s'est pas privé de les emprunter, pour l'expérience déjà, et aussi parce que ça grimpe franchement beaucoup. La petite terrasse de notre logement nous offrait d'ailleurs la vue directe sur un de ces « ascenseurs ». A l'heure de l'apéro, les occupants des cabines lorgnaient sur nos verres de vin, sélectionné par Maître Lionel, et les délicieux fromages que Maman Josy nous a ramenés. Quel délice après une longue disette fromagère !

Funiculaire devant l'appartement, petit-déjeuner fruité sur la terrasse

En soirée, l'ambiance dans les ruelles de « notre » colline était festive. On a adoré regarder les sensuels couples de danseurs se séduire sur une placette transformée en piste de tango.

Danseurs de tango 

Côté gastronomie (liquide), en plus de bons vins chiliens on a facilement dégoté de délicieuses bières locales, ambrées comme on les aime.


Au cours d'une des balades, on se retrouve sur le port très industriel qui accueille sans cesse d'impressionnants porte-containers. Vu sa fonction, le lieu n'est pas très esthétique mais il est indissociable de l'histoire de la ville. Valparaiso a longtemps baigné dans l'opulence et la richesse en étant l'un des ports principaux du continent. Cette cité portuaire était alors surnommée "La Perle du Pacifique". Puis, à la construction du canal du Panama, l'économie s'est complètement effondrée face à cette concurrence surgie de nulle part. Ce passé faste explique probablement la présence de certains grands et beaux bâtiments, aujourd'hui parfois délabrés.

Après cette rapide balade sur le port, on se renseigne pour savoir où se trouve une curiosité du coin : les lions de mer. On monte dans un bus pour parcourir les quelques kilomètres nous séparant du lieu. On s'installe sur les rochers pour regarder ces énormes mammifères (jusqu'à 350kg !) échoués sur une plate-forme. La marée est assez basse, on remarque que des dizaines de lions de mer sont dans l'eau et tentent de monter sur la plate-forme pendant que leurs congénères, affalés, se font dorer la pilule. On assiste aux tentatives infructueuses des pauvres malheureux pour rejoindre la meute.

Puis on comprend que l'un des cochons, pardon, des lions de la plate-forme s'emploie méticuleusement à repousser à la mer chaque courageux sur le point de réussir l'ascension. La sale bête ! On s'offusque, on peste ! À chacun de ses semblables que ce videur trop zélé repousse sans pitié, on l'entend rugir des râles de satisfaction et de fierté sournoise. Pris par le suspense, nous voilà incapables de quitter la scène avant d'assister à une réussite. Après des dizaines et des dizaines d'échecs cuisants malgré nos encouragements, un têtu parvient à résister à la vilaine sentinelle et à grimper pour enfin rejoindre le groupe avant de s'affaler comme une crêpe sous nos cris de joie et nos applaudissements.

Port industriel et lions de mer 
Le vil lion de mer 

Non loin de Valparaiso, Viña del Mar est connue pour sa plage, on décide donc d'y faire un saut. Mais on ne tombe vraiment pas sous le charme de cette ville américano-aseptisée dont les immeubles défigurent la plage.

Viña del Mar 

Un peu frustrés, on décide de continuer la route vers le nord en quête de plages plus agréables. On s'aperçoit vite que les villes côtières se suivent et se ressemblent : de hauts bâtiments s'agglutinent en bord de plage et sur les collines surplombant la mer. On arrive finalement à Zapallar et on ne regrette pas d'avoir fait le détour ! La jolie plage (bien que très fréquentée), la côte rocheuse et le très agréable village nous ravissent. Le beau temps est de la partie, on se promène sur la plage et on monte sur une petite colline côtière pour avoir une jolie vue. Les immenses pélicans ont pris possession des rochers et offrent au paysage un certain exotisme. Tout comme les pingouins qu'on verra de loin, au calme sur leurs rochers.

Zapallar 

Après ces trois journées à Valparaiso, on prend la route pour Isla Negra. Sur le chemin, on s'arrête déjeuner dans un des nombreux vignobles de la vallée de Casablanca. La salle du restaurant nous conquit et on déguste de succulents vins blancs pendant le repas et on enchaîne sur une promenade digestive entre les vignes sous un soleil de plomb. Les coups de feu des chasseurs proches nous effraient un peu et on ne s'éternise pas. Un troupeau de lamas broute tranquillement près des vignes.

On reviendra un autre jour dans un domaine à l'architecture grandiloquente pour cette fois faire une visite et une dégustation. La visite de leur usine très industrialisée nous a déçus, car beaucoup trop succincte, mais la très belle salle de dégustation a rattrapé le coup.

Vignobles de la vallée de Casablanca 

C'est dans les embouteillages et la grisaille qu'on arrive à Isla Negra. Pour cette dernière étape, on profitera de balades nuageuses et vivifiantes en bord de plage (parfois bondée), d'un barbecue arrosé de vin local mais aussi de la visite de la maison de vacances de Pablo Neruda, célèbre poète chilien. N'ayant pas l'autorisation de prendre des photos de l'intérieur, on ne joindra que des clichés du jardin. Ce fut passionnant de parcourir la demeure d'un artiste qui laissa libre court à toutes ses pulsions créatives et fantasmagoriques pour donner un sens historique ou sentimental à chacun des détails de son foyer. On a particulièrement aimé les anecdotes suivantes :

- Grand passionné de la mer et des navires bien qu'il n'ait jamais eu le pied marin, il s'était installé un petit bateau dans son jardin qui était le lieu privilégié pour boire l'apéro avec ses amis. Il aimait dire qu'en sortant de ce bateau, il ressentait encore plus de houle que s'il avait été en mer.

- Pendant ses jeunes années, le poète admirait et adulait un grand cheval en bois posté devant un commerce. Des décennies plus tard, il apprend que le commerce a pris feu. Aussitôt, il se rend sur les lieux afin d'acheter l'objet de ses rêves, plus ou moins épargné par le feu (sa crinière blonde a disparu...). Il organise une fête dans sa maison de vacances pour célébrer l'arrivée de son objet fétiche. Il aménage exprès une "étable" pour la sculpture. Seulement, trois de ses amis débarquent à la fête avec la même idée de cadeau : une nouvelle queue pour le cheval mutilé. Ne voulant vexer personne, il attache les 3 queues à son cheval, et revendique fièrement qu'il possède l'unique cheval à trois queues du monde.

- Lors d'un voyage sur l'Île de Paques, il a été tellement fasciné par la statue d'un dieu malfaisant exerçant son pouvoir à travers son regard qu'il a commandé une réplique exacte. Satisfait mais superstitieux, il a retiré l'iris gauche de la statue afin de ne pas subir de mauvais sort.

Beaucoup d'autres histoires loufoques et de collections invraisemblables nous ont été exposées durant la visite et ça nous a beaucoup plu.

Isla Negra 

Il est déjà temps de quitter Maman Josy et Lionel que l'on retrouvera bientôt en France. Le temps file, nous sommes déjà sur le point d'attaquer le dernier volontariat de notre voyage, au Sud de Santiago !

25

Après deux semaines passées à la réception d'un hôtel en ville, on avait besoin de revenir à des tâches plus manuelles et de nous immerger au beau milieu de la nature. A 2h au Nord de Santiago de Chile, on arrive dans les montagnes du parc national La Campana. Nicolas, l'hôte de notre nouveau volontariat pour une bonne semaine, vient nous chercher dans son 4x4 pour nous emmener chez lui.

Son terrain de 4 hectares bâti à flanc de montagne offre une vue sur la vallée à couper le souffle. Les nombreuses fleurs attirent les colibris, ici il y a une espèce géante beaucoup plus grande que tous ceux qu'on a pu voir jusqu'à présent.

Chez Nicolas 

Mais la contemplation, ce sera pour plus tard : une heure après notre arrivée, on nous met au travail pour l'après-midi. On découvre alors un peu plus bas une magnifique maison en cours de construction faite de bois et de torchis. Pour ne rien gâcher, de superbes décorations ornent les façades terminées. C'est là qu'on sera mis à contribution pendant nos 6 jours de labeur.

On est tout de suite mis dans le bain, littéralement, en nous faisant patauger dans un grand bac rempli d'argile, de paille et d'eau. Une fois bien homogène, ce mélange donne du torchis qu'on peut mouler dans le « squelette » en bois des murs.

Bien qu'intenses, nos sessions de 5 heures de travail par jour auront chacune apporté leur lot de découvertes enrichissantes et de sensations d'accomplissement à mesure que nos 'œuvres' avançaient. Quel plaisir que de bâtir quelque chose avec ses propres mains.

On a successivement scié et cloué les planchettes en bois formant la structure des murs, rempli les murs de torchis puis une fois sec, il fallait balancer ce même mélange sur les parois et le presser pour obtenir une surface à peu près plane. Autant dire qu'on finissait la journée couverts de boue.

Et aussi de plaies ! A force de piétiner de la paille et de l'argile pleine de cailloux, on a fini par avoir les chevilles et les pieds couverts de coupures qui se rouvraient chaque jour, quel plaisir ! Donc même en ayant beaucoup aimé cette expérience de construction, on était soulagé de quitter le chantier.

Travaux de construction dans la maison en terre

On a aussi un peu varié les plaisirs en découpant des bouteilles en verre qui seront intégrées aux murs de terre pour donner de la lumière avec un style original. Après une pré-découpe du verre au diamant, on chauffait un fil métallique à la flamme puis on l'appliquait sur la zone à découper en serrant bien. Si ça résistait un peu, on plongeait vite la bouteille dans l'eau froide pour terminer le travail. Technique artisanale infaillible pour de belles découpes !

Découpe et assemblage des bouteilles

Après 5 heures de travail, la routine était toujours la même : se débarbouiller au tuyau d'arrosage puis se jeter dans la superbe piscine (toujours à 27°C, quel pied) et se prélasser devant cette vue incroyable. On s'est vraiment senti privilégié.

La piscine après le travail 

La petite chatte Lola, super câline malgré ses airs sauvages, nous a tendrement accompagnés dans nos moments de repos.

Lola 

Une soirée passée au coin du feu à admirer les étoiles a bien complété ce tableau idyllique. Ça nous a aussi permis d'en apprendre un peu plus sur notre hôte Nicolas, un Suisse-Chilien qu'on a mis du temps à découvrir (peut-être à cause de ses nombreuses gueules de bois?) mais qui s'est révélé être quelqu'un de très intéressant, en plus d'être généreux. Car pour la deuxième fois de notre voyage, on a été accueilli dans des conditions 5 étoiles ! Petite cabane privée, tous les repas fournis... et aussi beaucoup de confiance de sa part.

Contemplation d'étoiles près du feu 

Les fruits du jardin nous ont régalés : oranges plus sucrées que jamais, citrons à gogo, raisin, pommes, fraises et même quelques figues.

Notre découverte « culinaire » de la semaine aura été une pastille de coca qu'on nous a proposée lors de la fête d'anniversaire du voisin. Très concentré en feuilles de coca, le petit bonbon digestif a eu pour seul effet de nous endormir complètement l'intérieur de la bouche.

Arbres fruitiers - Pastille de coca 

Une journée de repos nous a permis de partir en randonnée avec les 3 autres volontaires, jusqu'à une mine de quartz. La montée en terrain sableux s'est révélée assez rude mais la récompense en valait la peine. Le panorama sur les chaînes de montagnes qui se succèdent est grandiose et le fait d'être complètement seuls durant la balade nous enchante, comme d'habitude.

Randonnée à la mine de quartz 

Encore une très belle étape ensoleillée et enrichissante, on met ensuite le cap vers Valparaiso où on retrouvera Josy la Maman de Phill et Lionel son frère.

24

Après 6 mois en Colombie et 1 mois et demi au Mexique, c'est avec une certaine excitation qu'on se dirige vers l'aéroport pour décoller vers le Chili. Notre enthousiasme aura été de courte durée... L'hôtesse supposée nous enregistrer pour le vol semble rencontrer quelques soucis et finit par aller chercher de l'aide nous laissant seuls sans explication. La pression monte lorsqu'on comprend quel est le problème : nous n'avons pas de billet de sortie du Chili valide dans les 3 prochains mois puisque nous quitterons le pays en bus et non en avion. On avait déjà entendu des voyageurs nous raconter cette mésaventure. Afin d'être autorisés à monter dans l'avion, ils avaient dû acheter un nouveau billet de sortie du pays de destination alors qu'ils n'auront pas besoin de l'utiliser... Cette obligation extrêmement absurde est encore appliquée par un bon nombre de compagnies aériennes.

Bref, l'hôtesse revient et confirme nos doutes. On essaie de discuter, on s'offusque, le ton monte, on explique qu'on compte quitter la frontière chilienne en bus, mais rien n'y fait. Elle nous balade alors vers différents services pour voir si une solution est possible, mais en vain et le temps file avant le décollage de notre avion... Les règles sont les règles, qu'importe si elles sont abusives et fondées sur des bases complètement déconnectées de toute réalité.

Puis soudain, sur un éclair de génie de Maïcita, nous montrons notre ancien billet de retour en France dont la date est inférieure à 3 mois, et qui n'est plus valable aujourd'hui, puisque nous avions modifié la date du décollage. Sans aucune vérification de leur part, ce simple bout de papier obsolète imprimé il y a 8 mois est suffisant pour contourner le zèle invraisemblable de la compagnie.

Ouf, on peut enfin attaquer nos 3 vols pour arriver à Santiago. A plus, bande de nazes !

Des avions, des avions et encore des avions 

On atterrit à 3h50 du matin puis on enchaîne sur quatre heures de bus pour arriver vannés à Pichilemu, dans l'hôtel dans lequel on travaillera pendant deux semaines. Cette ville est réputée pour accueillir de nombreux championnats de surf. La promesse de faire des initiations à ce sport de glisse nous paraissait très aguichante. Mais dès notre première balade le long de la plage et de la lagune peuplée d'oiseaux, c'est la douche froide ! Le sable, les roches, le ciel, et la mer ; tout est gris, et il fait surtout un froid de canard. Un petit goût de Normandie ?

Balades aux alentours de Pichilemu 

Lors d'un jour de repos, on décide de marcher plus longtemps sur la plage. Après plusieurs kilomètres de marche dans le sable et de slaloms entre les millions de méduses échouées, on fait une pause bien méritée à Punta de Lobos, LE spot de surf des environs reconnaissable de loin grâce à ces deux gros rochers sortant fièrement de la mer. Le long de cette côte très escarpée, les surfeurs domptent (ou pas du tout parfois) les puissantes vagues sous nos yeux fascinés.

On refera cette même boucle d'une quinzaine de kilomètres un jour de ciel bleu pour redécouvrir le décor sous de nouvelles couleurs.

Comme partout depuis le début de notre voyage, il y a beaucoup de chiens de rue, ou plutôt de plage ici !

Randonnée jusqu'à Punta de Lobos et observation des surfeurs

Les jours de ciel bleu justement sont presque plus froids que les jours gris ! Bien que le soleil frappe très fort (nous offrant ainsi de beaux coups de soleil), le vent froid nous donne souvent la chair de poule. La coutume sur les plages est de se munir de demi-tentes pour se protéger du sable propulsé par le vent.

Les balades à chevaux sont aussi très populaires chez les touristes chiliens, souvent habitant à Santiago et venus se ressourcer au bord de l'eau le temps d'un week-end.

Tentes multicolores et balades à chevaux pour les Chiliens en vacances 

La ville est agréable, on sent bien cette ambiance de vacances propre aux plages (qui ne sont pas toujours propres hélas). Les salles de jeux remplies de vieilles machines à sous nous ramènent quelques années en arrière.

Pichilemu 

Lors d'une balade matinale sur la plage au retour des bateaux de pêche, on découvre que le ceviche est l'immanquable casse-dalle chilien de 10h. Affectionnant les ceviches à la péruvienne (du moins la version occidentale), on a sauté sur l'occasion pour en goûter un. L'écart de saveur et de subtilité est énorme ! On se retrouve ici avec un effiloché de poisson sur-cuit dans une mare de citron jaune. Après quelques grimaces à la déglutition, on s'est plutôt dirigés vers les empanadas, le saint plat de l'Amérique latine. Sa version chilienne propose une gamme de choix extrêmement large ! Optant pour la version cuite au four plutôt que frite, on s'est régalé à redécouvrir un en-cas dont on s'était lassé en Colombie pour son côté basique, de mauvaise qualité et beaucoup trop gras. En plus, ici les options végétariennes sont nombreuses.

Poisson frais du matin - Ceviche à l'acide citrique - Empanada al horno 

Ce qui nous a tout de suite frappé en arrivant à Pichilemu, c'est l'écart des prix avec ce qu'on connaissait en Colombie. Le Chili est le pays le plus riche d'Amérique Latine, donc on s'attendait à revoir notre budget quotidien, mais les prix entre 2 et 5 fois plus élevés nous ont fait un choc !! Heureusement on a deux autres volontariats de prévus dans le pays, de quoi réduire les frais.

Jusque-là habitués aux volontariats dans des auberges abordables où s'amassent de grandes quantités de voyageurs occidentaux, on s'est retrouvé dans un hôtel aux tarifs élevés et dont la clientèle est quasi-exclusivement chilienne. Et pour le coup, ça a mis notre espagnol à rude épreuve. Alors qu'on commençait à bien maîtriser la compréhension de l'espagnol colombien, nous voilà revenu à zéro avec l'accent chilien. Les regards confus et désespérés devant les demandes incomprises de nos clients se sont enchaînés de jour en jour à notre grande frustration. Heureusement, trouver des gringos à l'accueil d'un hôtel chilien avait quelque chose d'atypique et de curieux qui inspirait plus la sympathie des clients que l'agacement. Par contre, répondre aux coups de téléphone nous causait des grimaces de concentration aussi crispées que lors de la dégustation de ce ceviche overdosé de citron jaune.

Pendant notre séjour, l'hôtel a accueilli un couple de clowns facétieux accompagné d'un musicien polyvalent. Devant ces tours vus et revus, les réactions des enfants hilares nous ont bien fait marrer !

Clowns party 

Pendant ces deux semaines, malgré les températures un peu fraîches on a vraiment apprécié le fait d'être plus au sud de l'Amérique Latine : on re-découvre les soirées en extérieur, le soleil se couchant à 20h30 (durant 8 mois on n'a jamais eu de coucher de soleil après 18h). Et surtout, les marchés regorgent de fruits et légumes d'été !! On s'en donne à cœur joie : melons, pêches, pastèque, fraises, tomates bien rouges (…) donnent une saveur délicieuse à nos journées.

Fruit d'été et crêpes de Chandeleur 

On aurait aussi pu se faire une cure de Cochayuyo, de grosses algues vendues tout au long de la plage et utilisées en cuisine comme un légume ou en farine dans les gâteaux. Mais après les fraises juteuses, les algues malodorantes ne sont pas super tentantes... On se contentera de les prendre en photo !

Cochayuyo 

Ces deux premières semaines au Chili sont bien vite passées, on se dirige à présent vers la montagne de La Campana pour aider à construire une maison en terre, et ça c'est chouette !

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Après deux semaines de canicule et de désert sur la côte Caraïbe, on entame notre descente vers Bogotá en commençant par la verdure et la fraîcheur de Minca. Perché dans les montagnes de Santa Marta, ce hameau est notamment connu pour sa grande diversité d'oiseaux.

On fera rapidement le tour de ce tout petit village depuis notre hostel miteux. On prend le temps de se balader, de manger une très bonne pizza (quel plaisir) et de rechercher une excursion à la journée pour le lendemain.

En ce dernier jour de l'année 2017, on s'offre une excursion à la journée avec un guide. Au programme : exploration à travers la forêt et les cours d'eau, découverte de la construction en bambous et ateliers sur des produits locaux. L'ambiance familiale et bon enfant régnant dans le groupe ainsi que l'espoir de voir des oiseaux exotiques sont vite balayés par une pluie de tous les diables. On finit la dernière demi-heure de marche en quatrième vitesse direction la jolie maison en bambou de notre guide volubile, on arrive complètement trempés. Un très bon repas aux saveurs thaï nous y attend, nous donnant l'occasion de nous essorer et nous réchauffer un peu, mais pas assez.

Excursion à Minca

On enchaîne ensuite sur des ateliers variés sur la production de cacao, de café, de produits à base de cannabis et de coca... Toujours aussi fascinant de redécouvrir des produits bruts avant transformation, si différents en aspect et en goût des produits finis auxquels nous sommes habitués (On parle du cacao et du café bien sûr !). Par exemple, les fèves de cacao non torréfiées, bien qu'excellentes en apport nutritionnel, sont extrêmement âpres. Le petit jeune du groupe qui a tout craché sur la terrasse ne nous contredira pas !

Cacao, canabis et autres produits miracles

Il est temps de reprendre la route sinueuse vers la prochaine destination. La décoration du bus dépasse tout ce qu'on a pu voir jusqu'à présent en mode Jésus / Marie SuperStars. Comme d'habitude il n'y a pas de ceinture de sécurité...

Pas besoin de ceinture quand on a Jésus avec nous

Après une douzaine d'heures de bus de nuit, on arrive à San Gil qui nous servira de point de départ vers le village carte postale de Barichara. On aurait bien voulu y dormir justement pour y passer plus de temps, mais comme d'habitude l'attractivité de ce beau village colonial a fait gonfler les prix. Les maisons blanches, les toits en tuiles et les rues pavées et pentues dans un décor vallonné sont magnifiques. Les réalisateurs colombiens ne s'y trompent pas et sont d'ailleurs apparemment nombreux à y tourner leurs films.

On est en pleine période de vacances et les touristes sont très nombreux. Les files de voitures garées gâchent parfois le charme traditionnel et champêtre du village mais on y passe une très belle journée.

Barichara 

Accablés par la chaleur, on trouve refuge dans le patio ombragé d'un restaurant typique. Bien installés, alors qu'une bonne odeur de grillade nous fait du gringue, on nous sert une soupe hyper appétissante. Après deux cuillères généreuses, un Phill gustativement ému balbutie «... holala... je... je crois que je suis content». Et c'est après ces quelques mots, par un incroyable coup du sort, que notre aventurier ébouriffé découvre entre le maïs et le bouillon la présence d'asticots bouillis. Le dégrisement est complet. Maïcita L'Intrépide engloutira son bol de soupe aux asticots sans broncher.

De retour dehors, il fait si chaud que nos ambitions de randonnées autour du village disparaissent. On préférera continuer à arpenter les jolies rues à mesure que le ciel se couvre de nuages sombres. Le retour en colectivo sous une pluie battante nous donnera raison.

Sans transition, voici un tout petit ananas trop mignon et aussi bon que ses grands frères :

Bébé ananas 

Dernière étape à Villa de Leyva, à 5 heures de bus plus au Sud. La ville est un peu du même genre que Barichara : maisons blanches, toits en tuiles, rues pavées, mais en version plus grande. Sa relative proximité avec la capitale en fait une destination prisée des touristes bogotanais. La place centrale est particulièrement marquante par sa taille : il s'agirait de la plus grande du pays, 14000m². Les montagnes environnantes lui donnent un cachet certain.

Villa de Leyva 

Le grand marché du village, foisonnant de fruits et légumes en tous genres (mais aussi de grosses saucisses bien grasses), nous a bien plu. On s'est fait le plaisir de s'acheter un Guanábana, ce très gros fruit local qui a un peu la saveur du litchi. En plus de franchement ravir les papilles, ce fruit peut être considéré comme un vrai médicament. C'est la minute médecine naturelle : vertus thérapeutiques en matière de déficience cardiaque et d’arthrite, analgésique, sédatif, anti-bactériens, anti-parasitaires, anti-fongiques, antispasmodique et enfin hyper efficace pour traiter certains cancers, le Guanábana est VOTRE allié santé. Avec ce qu'on s'est englouti, pas moyen qu'on retombe malade !

Marché de Villa de Leyva - fruit coup de cœur : le Guanábana

Non loin du centre-ville se trouve une maison excentrique en terre qu'on est passé voir : la Casa Terracota.

Casa Terracota 

A 4km de là, on a passé deux semaines de volontariat dans la grande villa de Jeannie, une retraitée américaine qui a passé sa vie à l'étranger. Conditions 5 étoiles dans une vaste maison d'hôte décorée avec beaucoup de goût où on pourra profiter de tous les repas fournis et d'une chambre et salle de bain privée. L'opportunité paraissait tellement dingue qu'on en a poussé un cri de joie une fois isolé dans notre petit nid. Et encore, ça, c'était avant la soirée vin jacuzzi. Pour situer les ambitions de la dame, elle est partie d'un terrain vierge il y a 2 ans et se retrouve maintenant avec deux maisons superbes, une piscine et un court de tennis dans le jardin !

Chez Jeannie 

Cette atmosphère confortable nous a donné encore plus de motivation à donner de notre personne lors de nos 5 (et souvent moins) heures de travail quotidiennes. Outre les tâches informatiques (entre autres la création d'un site internet), on a surtout pris plaisir à créer une mozaïque dans le sol de la terrasse et, pour Maïcita, à faire un peu de peinture.

 Viva el Arte

On s'est senti tout de suite à l'aise avec Jeannie. On avait en plus carte blanche pour cuisiner ce qu'on voulait en piochant dans son garde-manger. Pizza, lasagnes, tarte tatin et crêpes : on s'est fait plaisir ! La bonne ambiance s'est encore accrue à l'arrivée de deux membres de sa famille, Andie et Kenny, deux adorables californiens sexagénaires. Rejoints çà et là par d’autres amis de Jeannie, on aura passé de supers moments de camaraderie qui ont finalement fait place à des adieux touchants lors de notre départ ! Si un jour on passe par San Francisco, on sera attendu de pied ferme par nos nouveaux copains Andie et Kenny qui nous ont invités à moulte reprise.

On mange bien et on s'amuse ! 

Comme très souvent, on s’est aussi fait un ami canin, le jeune et fougueux Mojo. Ce gentil toutou débordant d’énergie nous aura accompagnés tout au long du séjour. Nos tentatives de lui apprendre à ramener la baballe (de tennis) ont lamentablement échoué, ce qui ne nous a pas empêché de partager plein d’autres activités.

Mojo, qui préfère dormir dans le four plutôt que dans sa niche

On a été un peu moins sensible à Lola, petit caniche agaçant pourri gâté par sa môman pendant que Mojo devait se contenter de ses croquettes et de dormir dehors. Oui, nous sommes de grands justiciers.

Lola, fifille à sa maman 

Comme toujours lors de nos volontariats, on profite des heures de temps libre pour se balader dans les environs. Du petit veau touffu à la biquette à très longue barbichette, un rien nous divertit.

En balade autour de Villa de Leyva 

Outre Villa de Leyva, nous avons visité le village de Ráquira, très connu dans le pays pour ses poteries. Des dizaines de boutiques débordant de poteries et de hamacs se succèdent dans tout le village. C’est dans une de ces cavernes d’Ali Baba que Jeannie trouve les fameux pots en terre cuite qui nous vaudront un atelier peinture.

Ráquira

Après une dernière bandeja paisa (LE plat national) près de l'aéroport, nous quittons la Colombie pour de bon ! On a passé 6 mois au total à arpenter le pays et à en prendre plein les mirettes. On est très contents de partir vers d’autres cultures et paysages d’Amérique Latine, en commençant par le Chili !

La ultima bandeja paisa 
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Pour la troisième étape de notre périple côtier on se rapproche de la Guajira, un étonnant désert où dunes arides et océan se côtoient. Un nouveau workaway nous attend dans la ville de Riohacha, dans un hostel tout neuf tenu par un Européen. Nous n'y resterons que 10 jours, la ville ayant peu à offrir à part sa grande plage et la chaleur étant difficile à supporter tant durant les heures de travail que pendant la nuit. On créera plus de liens avec la petite chatte Cleo, super affectueuse, qu'avec les autres volontaires. On ne peut pas être gagnant à tous les coups !

Cleo 

C'est dans la moiteur de Riohacha qu'on fêtera Noël. Pas de dinde aux marrons ni de saumon fumé mais un très bon restaurant arabe qui nous régalera.

Notre Noël à Riohacha - le Père Noël cherche la neige et nous aussi 

La plage de Riohacha est immense et on a surtout aimé les nombreux cocotiers qui l'embellissent. Malgré notre soif d'ombre, on évitera de s'y abriter, le bruit des fruits tombant lourdement sur le sable étant suffisamment dissuasif. L'eau quant à elle est assez marronnasse, les fleuves déversant une eau chargée en sédiments. Rarement bondée, la plage a été un lieu très agréable de Riohacha où se balader et se rafraîchir le matin ou en fin d'après-midi.

Plage de Riohacha 

Le long de la plage, sur ce qu'on appelle le Malecón, les artisans indigènes vendent les sacs traditionnels tissés très colorés typiques du coin. Maïcita se laissera tenter par un joli petit sac bordeaux étonnamment peu cher.

Artisanat local 

Ces jours de labeur auront le mérite de nous laisser du temps pour planifier la visite du désert et la suite du voyage.

On décide de partir en « colectivo » jusque Uribia, la capitale indigène de Colombie. L'ambiance dans cette ville sale plantée au milieu du désert est différente de ce qu'on a vu jusqu'à présent en Colombie et ne donne pas vraiment envie de s'y attarder. Très vite quelqu'un nous propose un tour à un tarif correct incluant tous les transports et une des deux nuits qu'on souhaite passer dans le désert. Après une longue attente pour remplir à toc la jeep, on se met en route !

La première étape est Cabo de la Vela, le beau temps n'est pas au rendez-vous mais la plage est agréable.

Plage de Cabo de la Vela 

Le minuscule village est constitué d'une unique rue sablonneuse qui longe la côte. L'après-midi, on nous emmène voir quelques points touristiques aux alentours et assister à un très beau coucher de soleil. La foule de Colombiens en vacances enlève un peu de charme à ce moment...

Autour de Cabo de la Vela 

On rentre ensuite au camp à l'heure du dîner. Le village étant un passage obligé pour accéder au désert, les restaurateurs en profitent pour gonfler les prix. On se contentera de goûteuses arepas au fromage (quitte à se répéter, on n'aurait jamais pensé mettre "goûteuses" et "arepas" dans la même phrase) qu'une petite mamie vendait dans la rue pour trois fois rien.

Dîner aux arepas pendant une coupure électrique 

Retour à notre hostel/camping où on va passer une des plus mauvaises nuits depuis le début du voyage, chacun dans un hamac trop petit et terriblement inconfortable. Dans un cadre si "nature", la musique à fond dans le camping toute la soirée a été assez déconcertante. On peut conclure sans trop de doute que sur la côte caraïbe, on n'est pas un vrai colombien si on ne fait pas cracher tout ce que les hauts parleurs ont dans le bide, et ce à toute heure du jour et de la nuit.

On se prépare pour une nuit difficile en hamac... 

Réveil piquant à 4h30 le lendemain pour une grande journée, direction Punta Gallinas. Les fortes pluies récentes (et anormales) ont inondé une partie des pistes, la conduite était sportive. Dérapages dans la boue, jeep embourbée... On ne s'est pas ennuyés.

Après plusieurs heures de route, on prend un petit bateau pour attendre un dernier colectivo dans un décor dépaysant teinté d'ôcre, de turquoise et de déchets plastiques.

Arrivée à Punta Gallinas 

En patientant gentiment, on tombe sur des poules. "Punta Gallinas" signifiant littéralement "Pointe Poules", la photo suivante s'est imposée d'elle même !

Pointer une poule à Punta Gallinas, c'est fait 

On arrive enfin à dos de pick-up au camp pour notre deuxième nuit dans le désert. Cette fois-ci on n'hésite pas à réserver la version 5 étoile du hamac pour la nuit : le chinchorro, plus grand et confortable. C'est en plus une spécialité artisanale locale fabriquée par les Wayuu. Les alentours sont beaux, on est content d'avoir un peu de temps pour savourer cette nature sauvage et désertique, ainsi qu'un très bon poisson.

Le camp de Punta Gallinas 

Mais après 5 heures d'attente au camp, soit-disant pour attendre un autre groupe pour l'excursion, on commence à s'impatienter. Une fois de plus, on est victime de la désorganisation et du baratinage systématiques et omniprésents en Colombie. En fait, aucun groupe ne se joindra à nous et cette perte de temps nous aura pour le moins irrités. On finit par s'entasser dans une petite camionnette, l'odeur d'essence est tellement forte qu'elle fait tourner la tête.

Après une première "pause photo » pour laquelle on n'a pas bien vu l'intérêt, on s'arrête à la fameuse grande dune de sable de 60 mètres de hauteur. On y trouvera enfin ce qu'on cherchait : une claque tellement c'est beau et sauvage, pas d'autres touristes que notre petit groupe... Dommage que ça n'ait duré qu'une heure à cause de l'attente au camp. L'immensité de la dune se jetant directement dans l'océan, c'était à couper le souffle. Certains sont allés se baigner, on a préféré profiter du temps imparti pour marcher sur la dune et en voir le maximum.

Du sable, du sable et encore du sable... 

Sur le sable étaient imprimées les traces des animaux passés par là, on s'est amusés à les observer et deviner quels en étaient les auteurs.

Les p'tites bêtes du désert 

On nous promet ensuite d'aller voir le coucher de soleil au point le plus au nord de l'Amérique du Sud. Évidemment, en partant si tard et avec une panne de notre vieux tacot sur le chemin en prime, on a tout raté. "Tranquilo, amigo".

La nuit sera bien meilleure que la première et nous réconciliera avec l'idée de dormir dans un hamac (mais pas n'importe lequel ! ).

Dodo en chinchorro 

Le lendemain on repartira pour Riohacha, on sera content d'arriver après des heures et des heures de route dans des véhicules plus inconfortables les uns que les autres. Comme à l'aller, on passera par des dizaines de « barrages » tenus par des enfants Wayuu pour glâner un peu d'argent ou de nourriture. La situation est compliquée à cet endroit, les locaux veulent faire payer aux visiteurs l'accès à leurs terres. Si on a choisi ce tour, c'est aussi parce que c'est un des seuls qui permette d'accéder à la grande dune, les Wayuu étant en conflit avec les autres organisateurs de tours. Difficile en tous cas de voir tous ces enfants, parfois très très jeunes (sachant à peine marcher), passer leur journée à mendier au bord de la route. Nos conducteurs n'hésitaient pas à foncer sur les barrages, en général les enfants baissent la corde ou la chaîne au dernier moment mais parfois il a fallu piler...

Barrage dans le désert, tenu par des enfants

Un bilan mi-figue mi-raisin donc, il est évident que les paysages sont sublimes mais ça ne suffit pas à faire un beau voyage. L'absence totale d'organisation et l'abondance de touristes par endroit sont vraiment gênantes.

On ne peut pas passer sous silence une autre calamité dans cette région : les déchets. Près des lieux de vie, on découvre des « champs » de déchets plastiques. Il n'y a aucune éducation ni aucune infrastructure pour régler ce problème, c'est assez catastrophique.

On garde tout de même de très belles images dans la tête et la satisfaction d'avoir expérimenté la nuit en chinchorro. Et voilà, notre temps sur la côte caraïbe est écoulé, on entame notre descente vers Bogota. Ça sera la dernière étape de notre voyage en Colombie !

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Nous poursuivons notre découverte de la côte avec le petit village de Taganga, non loin du très touristique Parc National Naturel de Tayrona. Le village est assez pauvre, là où on loge les rues sont dans un sale état.

Taganga, la rue de notre hostel 

La chaleur est toujours présente, on opte pour une activité aquatique : le snorkeling. A dix minutes de bateau de la plage, quel bonheur de nager dans les bancs de poissons ! On s'y sent mieux que sur les plages remplies de touristes. Cette période de l'année est équivalente à nos grandes vacances de Juillet-Août, l'exode des travailleurs colombiens vers des destinations de vacances est bien visible.

Excursion snorkeling à Taganga 

Après cette belle journée passée à se tremper dans l'eau, les cocktails sont bienvenus pour célébrer le 26e anniversaire de La Petite.

Feliz cumpleaños 

On programme rapidement notre visite du parc Tayrona et on décide d'y passer une nuit. Départ tôt le matin, à la fraîche, pour rejoindre l'entrée secondaire du parc. Suivant les conseils, on porte sur nous une bonne dizaine de litres d'eau ainsi que pas mal de nourriture. Une fois dans l'enceinte du parc, les commerçants n'hésitent pas à tripler les prix. Guillerets, on entame donc chargés comme des baudets une randonnée qui nous mènera jusqu'à la côte. La bonne humeur est de mise, notre « carte d'identité » colombienne nous vaut une sacré réduction sur le tarif d'entrée.

La randonnée en pleine forêt est très agréable malgré la chaleur et on ne croise quasiment personne ! A part beaucoup de gros escargots gluants, têtards et autres bébêtes. Les fascinantes armées de fourmis champignonnistes découpent et transportent frénétiquement des morceaux de feuilles. Elles les amassent ensuite pour créer de véritables "jardins" dans lesquels elles cultivent leur nourriture : des champignon ! Une horde de petits singes blancs nous fera l'honneur de sa présence.

Les bébêtes de Tayrona 

D'énormes rochers se trouvent sur notre route et la randonnée prend parfois des allures de parcours du combattant comme on les aime.

Balade en forêt humide parmi les rochers

Après plusieurs heures de marche, on arrive au village de Pueblito constitué de huttes et habité par une communauté indigène au mode de vie traditionnel. La halte casse-croûte est bienvenue, on se rafraîchit au bord de la rivière puis on repart, il nous reste encore plus de la moitié.

Pueblito, village traditionnel 

C'est dégoulinants et épuisés qu'on arrive à Cabo San Juan. La plage, bien que trop peuplée, est magnifique. On se dépêche de réserver une tente dans le grand camping qui jouxte la plage, beaucoup de places sont déjà prises. Les infrastructures sont extrêmement basiques et le ratio toilettes / nombre de campeurs fait peur à voir.

Camping entre forêt et plage 

On est tout de même ravis de passer la nuit dans ce joli décors et le lendemain matin au réveil on pourra bien profiter de la plage presque déserte.

Plage de Cabo San Juan 

On parcourt la deuxième journée le reste de la boucle pour rejoindre l'entrée principale du parc. On patauge dans la boue avec un certain amusement et on s'arrête régulièrement sur les nombreuses plages qui se trouvent sur le chemin. C'est très beau mais la chaleur écrasante et le manque de vivres nous poussent à ne pas trop flâner, on rentrera dans l'après-midi à Taganga.

Tayrona 

Le dernier épisode de nos aventures sur la côte caraïbe se déroulera dans le désert de la Guajira, à tout bientôt !

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C'est avec un certain plaisir, presque l'impression de rentrer à la maison, qu'on retourne sur le sol colombien. On y retrouve des habitudes, parmi tant d'autres on citera le fameux « menú del día » économique et relativement fiable, incontournable dans le quotidien de l'ouvrier colombien et du voyageur fauché.

Menú del día, pas assez souvent végétarien...

On change complètement de décors pour cette deuxième partie de voyage au pays de Shakira : après un bel aperçu de l'intérieur des terres, il est temps pour nous de visiter la côte caraïbe. On s'est donné trois semaines dans cette zone, avec bien sûr un volontariat de prévu. Ne perdons pas les bonnes habitudes.

Le premier mot qui vient en tête à notre arrivée à Carthagène des Indes : caniculaire. On l'avait pourtant lu sur des tonnes de blogs, cette partie de la Colombie étant très touristique, mais rien à faire : on ne peut pas se préparer psychologiquement à une chaleur étouffante sans la moindre brise pour respirer un peu. En dépit de cet inconvénient au quotidien, on passera deux journées agréables à parcourir les très jolies rues du centre historique colonial encerclé de murailles.

Jolies rues de Cartagena 

Les murs, souvent peints en couleurs vives, sont parfois ornés de très beaux graffitis. Les places sont des espaces de vie très agréables et les canons disposés sur les 11 km de murailles nous plongent dans l'histoire. Les pirates n'avaient qu'à bien se tenir !

Art de rue 
Places, murailles et bateau pirate 

Les glaces et les bâtiments climatisés sont des plus agréables aux heures les plus chaudes. Les petits musées de l'or et de l'émeraude nous ouvrent leurs porte pour des visites rafraîchissantes et divertissantes. Si elles n'ont pas laissé de monuments architecturaux majeurs derrière elles, les populations pré-colombiennes locales faisaient preuve de beaucoup de finesse et de technicité dans leur travail de la joaillerie. Rappelons que ces civilisations ont elles aussi été pillées de manière éhontée par les colons espagnols.

Glaces et musées pour se rafraîchir 

N'ayant trouvé que des tarifs exorbitants dans le centre, un AirBnb à peine excentré nous a paru parfait pour nous loger à Cartagena. Quelle n'a pas été notre surprise de débarquer dans une sorte de bidonville extrêmement pauvre et sale, une décharge en plein air à quelques mètres. On y aura d'ailleurs vu des petits cochons se repaître des restes de leurs presque congénères. De l'autre côté de la rue, une fête foraine paraissant désaffectée plante le décors. Elle fonctionnait bien pourtant, en témoignent nos petites nuits tant la musique était forte. Les attractions rouillées ne donnaient pas confiance en tous cas... On n'a évidemment pas flâné dans ce quartier, le traverser le plus vite possible en baissant la tête paraissait une meilleure idée. Ce fut instructif de découvrir par obligation cet envers du décors, à seulement 2 km du centre ultra-touristique et propret.

La vie nocturne à l'intérieur des murailles nous a beaucoup plu, les groupes de musique et les passants profitent de l'absence du soleil brûlant (on ne peut pas pour autant parler de fraîcheur!). Les illuminations de Noël donnent un air de fête à la ville.

Vie nocturne à Cartagena 

Après l'agitation de cette ville touristique, on a envie de calme et de plages. Le village reculé de Tolú, principal point de départ vers l'archipel de San Bernardo, nous semble être une bonne idée. Le village n'a pas de charme apparent mise à part sa plage, mais a le mérite de nous offrir des moments de vie quotidienne très sympathiques. Les enfants jouent au foot sur la plage au coucher du soleil, des vélos taxis pour 6 personnes (le double peut s'y entasser, c'est plus fun) crachent une musique assourdissante... L'ambiance est joviale.

Vie de village à Tolú 
Plage et embarcadère de  Tolú 

Encore et toujours, on vous parle nourriture : c'est la première fois depuis le début de notre voyage qu'on considère des arepas comme un réel aliment comestible ! Hourra ! La recette est différente ici, c'est fourré au fromage et moins bourratif. On trouve des choses plus diversifiées dans la rue, et c'est tant mieux. On testera par contre l'horrible "patacon con todo", une galette de banane plantain frite avec toutes les plus mauvaises viandes reconstituées du monde par-dessus, le tout copieusement arrosé de ketchup et mayonnaise, bin oui faut bien masquer le goût.

Arepas rellenas et patacon con todo 

Si on a parcouru les kilomètres séparant Carthagène de Tolú, c'est pour faire une excursion sur une des îles de l'archipel San Bernardo. On part donc un matin sur l'île de Múcura. Le bateau file à pleine vitesse et percute violemment les vagues, quelle grosse marade.

On passe devant Santa Cruz del Islote, une minuscule île de pêcheurs connue pour être la plus densément peuplée du monde. Il paraît que depuis quelques temps, lorsque la marée monte, les habitants ont de l'eau jusqu'aux genoux. Inquiétant pour les années à venir.

On débarque sur l'île de Múcura qu'on nous avait vendue comme une île paradisiaque aux plages sublimes. C'était sans compter sur les descriptions typiquement très approximatives et baratineuses des Colombiens. La plage principale est en fait très petite et assez bondée. Fuyant le monde comme à notre habitude, on se promène sur l'île à l'heure où les gens s'attablent à l'unique restaurant et on se baigne à l'écart. Nous y passerons un très bon moment, le décor est magnifique autant à l'intérieur de l'île qu'au bord de l'eau.

îIe de Múcura 

Après cette belle journée à Múcura, nous quittons Tolú pour la destination suivante, toujours sur la côte caraïbe : Taganga et le très connu Parc Tayrona. Le récit arrive très vite !

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Publié le 26 décembre 2017

Nous terminons notre voyage au Mexique par une semaine dans la capitale : Mexico City. On ne savait pas trop à quoi s'attendre avec cette immense ville peuplée d'environ 9 millions d'habitants, et la surprise a été bonne ! L'architecture des quartiers est moderne, les rues sont très animées, plutôt propres et il y a une forte mixité sociale (au moins dans le centre), contrairement à ce qu'on a pu voir en Colombie.

Mexico City - centre

On commence par l'incontournable quartier historique de la ville. Impossible de parler de cette zone sans revenir quelques siècles en arrière. Jusqu'au début du XVIeme siècle, Tenochtitlan était l'une des villes les plus peuplées du monde avec plus de 200 000 habitants. Des temples monumentaux, de grandes avenues et de très nombreux canaux structuraient cette florissante cité guerrière. L'arrivée des très catholiques colons espagnols a alors marqué l'anéantissement total de la capitale aztèque. Au gré de quelques massacres, les conquistadors ont méticuleusement détruit tout ce qui pouvait témoigner du pouvoir et des croyances de ce peuple impie. Par-dessus les ruines, ils ont ensuite bâti la capitale de la "Nouvelle-Espagne", qu'ils nommeront Mexico. C'est donc ainsi qu'en plein cœur de la ville, on retrouve des vestiges aztèques "récemment" déterrés. La vue sur ces ruines atrophiées, en connaissant cette histoire, met assez mal à l'aise.

Ruines du Templo Mayor, au coeur de la ville 

A l'approche de Noël, la grande place centrale et ses environs fourmillent de monde. L'ambiance est festive, le grand sapin est en cours de construction. On assiste également à des danses rituelles de tribus indiennes.

La place centrale à l'approche de Noël 

On poursuit dans les rues moins touristiques et on arrive dans un quartier où se succèdent les boutiques de robes de mariée de toutes les couleurs, le kitch est au rendez-vous quels que soient les prix.

Robes - bonbons 

La balade nous conduit ensuite dans un dédale de rues remplies d'étals de marchandises, tel un marché gigantesque à ciel ouvert où se pressent des milliers de passants. On apprend plus tard que ce quartier nommé Tepito est très dangereux, la quasi-totalité des articles vendus sont de la contrefaçon ou sont issus du vol. On n'en savait rien lors de notre visite mais on a bien senti qu'il ne fallait pas trop « dar papaya » ici (montrer ses richesses).

L'une des artères principales de la ville (la Reforma) étant fermée aux véhicules motorisés le dimanche, on en profite pour la parcourir en cette fin de semaine, les musées étant certainement bondés. Entre gratte-ciels et palmiers, on s'amuse à regarder passer les hordes de cyclistes faisant leur petite sortie du week-end, les cours de zumba improvisés et les jeux pour les petits, le tout en pleine rue. On remarque les centaines de pots de fleurs rouges flamboyantes (Poinsettia) en vente dans les rues ou plantés dans la ville à l'approche de Noël.

La Reforma le Dimanche 

Les nombreux parcs de la ville offrent une vie de quartier décontractée très plaisante. On a pris plaisir à s'y poser pour observer les gens s’entraîner à la danse, au cirque, au théâtre ou au skate, jouer de la musique ou avec leur chien. On a aussi vu dans ces parcs de très belles initiatives envers les animaux : des stands dédiés à l'adoption ! D'adorables toutous et minous sans famille attendaient gentiment que le passant les « essaie » le temps d'une promenade, ou plus si affinité.

Il y a de la vie dans les parcs 

On profite d'un jour de semaine pour visiter le Musée d'anthropologie, qu'on nous a recommandé à plusieurs reprises. On a été bluffé ! Le musée est incroyablement bien fait : la manière de mettre en valeur les pièces, l'organisation des salles et les reconstitutions méticuleuses de tombeaux, temples et sculptures assurent une visite passionnante. Pour toute personne intéressée par les très nombreuses civilisations pré-colombiennes, c'est un incontournable dans un séjour à Mexico. On se force à rester mesuré dans le nombre de photos d’œuvres ci-dessous, mais ce n'est pas l'envie qui manque d'en déballer une centaine ! Par rapport aux musées visités précédemment, on a trouvé dans celui-ci des styles artistiques plus variés, des pièces plus minutieuses / abouties, des sculptures de taille monumentale, des instruments de musique... On a particulièrement aimé la très belle reconstitution du tombeau du célèbre roi Pakal recouvert de bijoux de jade, ainsi qu'un nez de Chaac pas cassé (contrairement à tous ceux qu'on a vus sur des temples).

Tombeau du roi Pakal - Très beau nez de Chaac, dieu de la pluie 
Museo de antropologia 

Nous avons beaucoup apprécié le quartier de Coyoacán, comme un village dans la ville avec l'ambiance familiale qui en découle. Comme un peu partout dans la ville, on voit des vendeurs de couronnes de Noël très colorées... faites en maïs ! On regarde avec amusement les cireurs de chaussures, débordés par une clientèle très à cheval sur l'éclat de ses souliers.

Coyoacán

Nous ne sommes pas passés à côté du site archéologique de Teotihuacan, les derniers vestiges que l'on visitera au Mexique. Ancienne cité très puissante, on y trouve certaines des pyramides les plus massives connues de Mésoamérique ! C'est assurément le site le plus grand qu'on ait visité jusque là. Il semble que seulement 2% de la zone a été fouillé, des recherches fructueuses ont encore lieu de nos jours. Cette civilisation n'a pas encore livré tous ses mystères !

Les pyramides sont vraiment impressionnantes et la vue d'en haut permet d'apprécier l’étendue de la cité et sa structure très quadrillée. Sûrement a cause des ravages du temps et des pilleurs, les édifices sont pour la plupart très abîmés et bas, donnant peu de relief a la ville.

Certaines choses nous ont moins plu : la quantité pharaonique (hihi) de vendeurs de breloques, une longue allée goudronnée, l'urbanisation dévorante de Mexico se rapprochant peu a peu de Teotihuacan (donnant un horizon peu sauvage depuis la grande pyramide), la fréquentation du lieu très élevée l'après-midi venue...

Teotihuacan 

La présence de plusieurs musées dans l'enceinte du site est une très bonne chose et permet de mieux comprendre à quoi pouvait ressembler la ville. Parce que si aujourd'hui, les édifices paraissent plutôt grossiers dans leurs finitions, il est très probable qu'à l'âge d'or de la civilisation, les décorations (sculptures et bas reliefs) aient été nombreuses et les murs enduits colorés devaient magnifier la ville.

Musées de Teotihuacan

Impossible de ne pas terminer nos récits du Mexique par un paragraphe sur la nourriture. On a passé plus d'un mois à découvrir avec plaisir des plats et de la nourriture de rue plus diversifiés qu'en Colombie. On apprend que les burritos comme on les connaît en France ne sont pas Mexicains mais une invention américaine ! Attention donc à ne pas demander du riz et des frijoles dans une galette de blé au risque de froisser votre interlocuteur. La plupart des plats traditionnels sont composés de viande et oignons, poivrons ou autres légumes, le tout à manger dans des petites galettes de maïs au goût plus ou moins prononcé. Coup de cœur pour les tacos arabes, avec des galettes de blé plus douces que le maïs (merci Arno & Ary !). On a vite appris à se méfier des sauces posées sur les tables des restaurants ou sur les stands : les rouges sont extrêmement piquantes, les vertes sont carrément du feu liquide. Mis à part ça et la sauce « mole » au chocolat pouvant s'avérer un peu écœurante, on a vraiment apprécié cette parenthèse culinaire. Même les sandwich étaient bons (et un sandwich au cactus, ça ne se trouve pas partout !). On ne peut par contre pas s'empêcher de tiquer sur les dizaines de stands en enfilade dans les parcs, vendant uniquement des gâteaux apéritif plus gras, salés et chimiques que tout ce qui existe en France.

Un peu de nourriture mexicaine 

Ce n'est qu'un au-revoir Mexique, tu as encore tant de choses à nous montrer ! On a adoré ces 6 semaines de découvertes vraiment très variées.

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Après 6h de route zigzagant dans de magnifiques montagnes boisées, on arrive sur la côte pacifique, deuxième partie de notre voyage dans l'Etat de Oaxaca. L'empressement de découvrir les plages paradisiaques de Mazunte et de ses environs se fait sentir après cette journée de voiture, on enlève vite les chaussures pour se dégourdir les jambes dans le sable frais.

Depuis notre hôtel en bord de plage, on ne se fait pas prier pour adopter le rythme reposant du coin. On batifole dans les vagues, on regarde la mer à toute heure de la journée et on partage du bon temps tous les 4 avec Lionel et Alexia autour de plats, pas toujours typiques (overdose de maïs oblige).

L'ambiance de tranquillité reposante qui règne à Mazunte en fait un QG des voyageurs hippies. Ici, c'est baba cool attitude et mœurs libérées... On pourrait facilement observer les passants des heures durant tant les looks peuvent être exotiques.

Plages de Mazunte et San Agustinillo 

Dans les hauteurs du village se dresse Punta Cometa, un ensemble de gros rochers se jetant dans la mer. Localisé à l'extrémité sud de la côte de Oaxaca, ce lieu aurait eu un rôle rituel important de par la vue qu'il offre sur de magnifiques couchers de soleil. Quoi de mieux que d'aller vérifier la beauté sacrée du site par nous-même ! Un petit sentier pittoresque nous y mène, les vues sur la côte rocheuse et les plages sont superbes. Le soleil est accablant du matin au soir, on ne traînera pas trop. Sur le chemin, on découvre un petit passage descendant le long d'un flanc rocheux, il nous emmène droit sur un incroyable jacuzzi naturel qu'on aura le privilège de garder rien que pour nous 4. Pendant que des colonies de crabes dansent sur les roches, des vagues déferlent et nous chahutent. On profitera à deux reprises de notre jacuzzi privé, dans les éclats de rire.

Punta Cometa 

Les différentes plages des environs nous ont offert des instants magiques aux levers et couchers du soleil embrasant le ciel. La valse des pélicans ne gâchait en rien le spectacle...

Levers et couchers de soleil sur les plages des environs 

A deux pas de Mazunte, on visite la lagune de Ventanilla qui fait office de réserve naturelle pour la faune locale. A bord d'une pirogue, on part à la découverte d'une multitude d'oiseaux, d'iguanes et de crocodiles au milieu de la mangrove. Les explications de notre guide nous rappellent une fois de plus à quel point chaque seconde qui passe dans la nature est un combat pour la survie. L'excitation est bien là quand on aperçoit un premier crocodile dans l'eau à quelques mètres de notre fragile embarcation.

Dans la mangrove 

Après cette balade aquatique, on pose pied à terre et on se dirige vers un sanctuaire de protection de la faune et de la flore. De petits arbres de mangrove sont élevés en pépinière pour être plantés dans des zones où la forêt aquatique a été détruite par des tempêtes. On découvre des animaux en cage qui seront réintroduits : bébés crocodiles, perruches... Ces dernières sont très présentes chez les gens comme animal de compagnie, leurs ailes sont coupées pour qu'elles restent avec leur propriétaire. On en a d'ailleurs vue une dans cet état dans un café de bord de route la veille... Ici, on les recueille le temps que les plumes repoussent puis on les libère. Certains animaux devront rester captifs vu leur état, c'est le cas d'un crocodile resté des années dans un tout petit espace, ayant pour conséquence une malformation importante du museau.

Sanctuaire de faune et de flore 

La mascotte du coin dont on entend parler dès notre arrivée, c'est la tortue. Les villages côtiers pêchaient autrefois des quantités impressionnantes de tortues et récoltaient les milliers d’œufs enterrés dans le sable pour les vendre, au point de décimer ces animaux marins. Ces pratiques sont maintenant interdites et les mêmes villages sont devenus des centres de protection des tortues, vivant ainsi de ce tourisme. On part donc un matin en excursion bateau au milieu de l'océan dans l'espoir d'en observer. Le suspense a été de courte durée ! Après une vingtaine de tortues observées de près ou de loin en train de nager, le bateau ne s'arrêtait même plus pour les regarder. On se sentait déjà chanceux lorsqu'un autre type de spectacle s'est joué devant nos yeux écarquillés. Tour à tour, des dauphins et des orques nous ont offert un ballet en s'amusant à sauter hors de l'eau et à passer sous notre bateau ! Une expérience incroyable et bienvenue tant on est constamment confronté à des actualités écologiques hyper alarmistes. Le plan initial de nager avec les tortues a été modifié suite à la visite des orques. Le guide a rapidement pris cette décision vu la proximité de ces énormes et puissants mammifères, on écoutera bien sûr sans broncher...

Excursion bateau à la recherche des tortues 

En discutant avec un guide de la réserve des tortues de la ville, on apprend l'existence d'Escobilla, une plage sanctuaire où viennent pondre des dizaines de milliers de tortues chaque année. Les débris d’œufs qui jonchent la plage témoignent des quantités de pontes ayant lieu à cet endroit.

Le soir même, on se retrouve sur cette plage à participer à une libération de bébés tortues. Pour donner plus de chances aux petits, le sanctuaire protège les œufs de quelques couvées à risque et les relâche près de l'océan, les protégeant ainsi de certains prédateurs. On se retrouve donc tous les 4 sur une magnifique plage déserte au coucher du soleil, accompagnés de deux guides, avec une bassine remplie d'une centaine de bébés tortues et tout le loisir de les déposer une par une dans le sable et les regarder avancer jusqu'à l'eau. On a vécu là un moment magique, entre la lumière douce du soleil couchant et le bonheur total de tenir ces petits êtres nés 3h plus tôt dans nos mains puis les déposer face à leur destin ! Certains se dirigent droit vers l'océan, d'autres prennent un peu plus leur temps, quelques-uns sont un peu déboussolés et partent dans le mauvais sens... On restera jusqu'à ce que la dernière toute petite tortue soit avalée par l'océan. Un moment d'émotion qu'on n'est pas prêt d'oublier !

Libération de bébés tortues à Escobilla 

Pour finir, voici quelques photos de plus ou moins piètre qualité de la nourriture locale qu'on a expérimentée dans l'Etat de Oaxaca. Le maïs sous toutes ses formes est toujours très présent, surtout les galettes qui accompagnent tout plat régional qui se respecte. Les sauces peuvent être assez épicées... Tout comme un paquet de chips a priori anodin qu'on avait acheté pour accompagner nos bières et qui nous a enflammés à en pleurer. La fraîcheur des soirées à Oaxaca de Juarez nous a fait particulièrement apprécier un breuvage chaud infusé aux fruits et aux bâtons de canne à sucre. On gardera également un souvenir ému des meilleurs sandwichs dégustés depuis notre départ de France, pas très typique mais franchement délicieux !!

Comida 

Ainsi s'achève notre aventure dans ce très bel Etat de Oaxaca. Après avoir profité de décors sublimes et d'expériences inoubliables, on quitte Lionel et Alexia des souvenirs plein la tête et on se met en route vers Mexico City pour une dernière semaine au Mexique.

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C'est à bord d'un petit avion à hélices qu'on décolle pour notre nouvelle aventure mexicaine dans l'Etat de Oaxaca, au Sud du pays.

On retrouve Lionel et Alexia (le frère et la belle-soeur de Phill) dans la capitale Oaxaca de Juarez, entourée de montagnes. Avec son architecture coloniale et multicolore, ses nombreux arbres bordant les trottoirs et ses rues pavées, la ville est très agréable à parcourir. Le temps sec et très ensoleillé n'enlève rien au plaisir d'y déambuler. Malgré un trafic élevé, on se retrouve facilement sur de belles places piétonnes qui grouillent de vie dans une grande mixité sociale et une cacophonie musicale festive. Face aux beaux restaurants à terrasse s'enchaînent les stands de nourriture de rue, les ribambelles de musiciens, les vendeurs ambulants ou encore les déplacés politiques vivant dans des tentes de fortune...

Oaxaca de Juarez 

Cette ambiance populaire se renforce encore quand on met les pieds dans les marchés couverts. On y découvre le mode de vie des locaux dans un dédale d'étals de nourriture en tous genres : piments de toutes tailles et couleurs, mole (pâte de piment et de cacao), tlayudas (grandes galettes de maïs sèches), fleurs d'hibiscus, mezcal (l'alcool local, parfois avec un serpent dedans !) ou encore sauterelles grillées, le dépaysement est total. Un matin on entendra une fanfare dans l'un de ces marchés, en s'approchant on découvrira que c'est l'animation d'une messe ayant lieu en plein milieu du marché !

Marchés de Oaxaca 

La ville est également connue pour ses nombreuses galeries d'art. Peintures, sculptures et photographies de tous styles s'y côtoient.

Galerie d'art à Oaxaca 

Les musées fleurissent un peu partout dans cette ville forte d'une Histoire pré-hispanique riche et d'un artisanat développé. Très intéressés par les trésors funéraires que cachaient les sites archéologiques de la région, nous partons visiter le musée des cultures de Oaxaca. Malgré l'absence de la pièce maîtresse du musée (un crâne serti de turquoise) déplacé pour une exposition, les bijoux, urnes funéraires et autres artefacts étaient passionnants à découvrir.

Musée des cultures de Oaxaca 

Monte Alban – La principale attraction touristique du coin est justement un site archéologique : Monte Alban, une ancienne cité olmèque et zapotèque construite au sommet d'une montagne arasée. Bien qu'on retrouve des points communs avec le monde Maya en termes d'architecture et de culture (présence d'un jeu de balle), l'endroit est très différent des ruines visitées au Yucatán. La vue panoramique sur les ruines et les montagnes est impressionnante. Le travail de terrassement, une fois de plus, nous paraît colossal. Il devait être très difficile de s'approcher de la ville sans être repéré tant les édifices surplombent les vallées. Une fois postés sur le haut d'un des temples, le panorama et l'atmosphère nous invitent à la contemplation et aux rêveries sous la lumière changeante du soleil couchant.

Ruines de Monte Alban 

El Tule – Dans un petit village des alentours se trouve une merveille de la nature : El Árbol del Tule, l'arbre au tronc le plus large du monde avec 58 mètres de circonférence. Ce cyprès multi-millénaire au tronc torturé fait passer l'église attenante pour une miniature !

El Tule 

Hierve el agua – Plus loin sur la route, on arrive à Hierve el Agua, un ensemble de deux cascades pétrifiées résultant de l'écoulement d'eau calcaire pendant des temps immémoriaux. Ce phénomène ne se retrouve qu'en Turquie, on est donc ravi de visiter ce monument naturel rarissime et magnifique. Le nom de la cascade signifie « l'eau qui bout », en référence au bouillonnement des sources d'eau pourtant froides. Dans les montagnes aux alentours, on discerne une femme couchée dessinée par la roche. Comme souvent, le point négatif reste les touristes, en particulier pour leur comportement hyper envahissant. Pour le bien commun et la conservation du lieu, ça aurait du sens de limiter l'accès à une partie des cascades. Claquer une belle photo sans touriste narcissique en train de poser indéfiniment pour sa prochaine photo Facebook/Instagram est un défi qui demande patience et réflexe.

Hierve El Agua 

Mitla - Sur le chemin du retour, on s'arrête sur un site archéologique de taille modeste bordé de cactus. Chose intéressante, on peut rentrer dans les tombeaux souterrains, chauds et humides. Passer les portes exigeait un peu de contorsion tant elles étaient basses. Le site est globalement assez détérioré, il reste tout de même des décorations, purement esthétiques (ça contraste avec les bâtiments Mayas dont les décorations avaient toutes un symbole). En plus des ravages du temps, les temples ont été dépossédés de leurs pierres pour construire l'église d'à côté, un exemple supplémentaire du radical travail d'effacement des civilisations précolombiennes auquel se sont livrés les colons espagnols...

Ruines de Mitla 

Mezcal – Boisson emblématique de l'état de Oaxaca, le Mezcal est un alcool élaboré à base d'agave, à l'instar de la Tequila. Son goût est cependant plus fumé, en raison d'un mode de préparation bien particulier. Le cœur des agaves est cuit pendant plusieurs jours dans de grands fours creusés dans la terre, recouverts de pierres brûlantes. L'alcool est ensuite obtenu après fermentation et distillation. En plus du traditionnel Mezcal pur, des dizaines de crèmes de Mezcal aromatisées sont commercialisées. Très sucrées, elles peuvent vite devenir écœurantes si elles sont dégustées pures. On a visité une usine de fabrication, les procédés restent très artisanaux !

Visite d'une fabrique de Mezcal  : plants d'agave, cœurs d'agave avant cuisson, broyage des cœurs cuits

Autre artisanat local dont on a pu avoir une démonstration : le tissage de tapis en laine, tout le processus du filage de la laine jusqu'au tapis fini se faisant à la main. Amusant de voir qu'avec un même pigment naturel (par exemple la cochenille), on peut obtenir des couleurs différentes en changeant le pH avec du jus de citron ou de la craie !

Fabrication de tapis en laine teinte aux pigments naturels 

Après la séduisante ville de Oaxaca, nous poursuivons la découverte de la région côté plages !

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Notre troisième semaine dans la péninsule du Yucatán oscille entre jungle et plage... On regagne la côte Est en traversant la réserve de biosphère de Calakmul. Cette immense jungle de 7000 km² a abrité la civilisation Maya pendant plusieurs siècles. La promesse de découvrir la cité pré-colombienne monumentale et jadis très puissante de Calakmul (aujourd'hui reconquise par la végétation) nous motive à avaler les kilomètres. Après des heures de route cabossée, on arrive en milieu de journée à l'hôtel. Fourbus, on se dégourdit les pattes en passant voir deux autres "petits" sites dont on n'avait jamais entendu parler mais qui ont le mérite d'être à deux pas de l'hôtel.

Chicanná - De taille modeste, le site de Chicanná se compose de quelques temples sculptés et décorés mais peu restaurés. Une pluie diluvienne s'abat rapidement sur nous, on s'abrite un peu dans les ruines puis on quitte les lieux, trempés.

Ruines de Chicanná

Becán - Dès notre arrivée, de très jeunes garçons nous proposent une visite guidée qu'on refusera poliment. Sans trop savoir à quoi s'attendre, on entame la découverte. On en prend rapidement plein les yeux en parcourant cet incroyable endroit. Édifices colossaux, tunnel, décorations, stèles, le tout dans un écrin de verdure. La mousse et les arbres, baignés de chaleur et d'humidité, ont englouti l'ancienne cité. Et tout ça rien que pour nous, pas un car de touristes à l'horizon ! Gros coup de cœur, définitivement dans notre top 3.

Ruines de Becán

Calakmul - Vient ensuite l'étape de Calakmul qu'on attendait avec impatience. Par son isolement, l'endroit est peu fréquenté, renforçant l'immersion. Ici aucune structure (hôtel, restaurant...) à moins de 2h de route des ruines et surtout aucun vendeur de souvenirs dans l'enceinte du site, comme c'était le cas partout ailleurs. Pas d'ambiance Disneyland donc. Des ruines, des arbres, des moustiques et c'est tout !

On s'enfonce au cœur de la jungle sur une petite route en gardant les yeux grand ouverts : la faune locale déboule de temps en temps. Coatis, sangliers, mygales (avec une taille pareille, on voit facilement la bête traverser la route)... et même des dindes sauvages, les plus colorées qu'on n'ait jamais vues ! Pumas et jaguars habiteraient aussi la forêt. L'idée de se trouver nez à nez avec l'un d'eux nous traverse l'esprit...A peine sortis de la voiture, on s'emballe de la tête aux pieds malgré une chaleur suffocante pour se protéger des moustiques assoiffés. Tout au long de la visite, on luttera contre ces petits vampires agaçants. Les nombreux temples valent la peine d'être gravis pour trouver un peu de vent à leur sommet et surplomber la jungle. Elle nous offre un spectacle tant pour les yeux que pour les oreilles, on entend les cris des singes hurleurs mâles, tout près de nous. Comme s'ils nous rappelaient que l'homme n'est plus le maître de cette jungle luxuriante. Perchés au-dessus de cette mer de vert, on savoure cet instant magique. On note quelques singularités de ce site : 117 stèles y sont encore présentes et l'emblématique double pyramide mesure 45 mètres de haut !

Calakmul 
Singes hurleurs mâles marquant leur territoire 

Comme dans les sites précédents, la végétation a goulûment repris ses droits. Des arbres ont poussé au milieu des marches, le sol est tapis d'une mousse d'un vert éclatant, une stèle semble avoir été mangée par le tronc d'un arbre...

Calakmul 

Cerise sur le gâteau, en plus des surprenantes dindes sauvages, on aura la chance d'apercevoir de très près des singes se régaler dans des arbres fruitiers.

Faune de Calakmul 

Malgré tous ces paysages grandioses, on ne vous cache pas que c'est avec un plaisir non dissimulé qu'on retrouve la plage sur la côte Est. Un rythme plus doux s'installe à notre arrivée à Mahahual. Le temps radieux est propice aux balades en bord de plage à toute heure de la journée et à la baignade dans une eau chaude... Quel plaisir.

Plage à Mahahual 

Mais dès qu'on s'éloigne un peu de l'hôtel, on est témoin d'un bien triste spectacle. Des déchets plastique recrachés par la marée s'étalent sur la plage à perte de vue. Le coin est peu touristique donc aucun effort de nettoyage n'est fait pour offrir de parfaites étendues de sable propre aux touristes.

Plage souillée 

Dernière étape de la boucle : Tulum. On retrouve l'ambiance de Cancún avec des plages incroyablement belles (et propres), des ensembles de restaurants et d'hôtels, le tout sur fond de tourisme de masse. La plus belle des illustrations est justement le site archéologique de Tulum. Il est magnifique et très singulier : des monuments Mayas se dressent fièrement sur la falaise au milieu des cocotiers, donnant sur une plage de sable blanc et d'eau turquoise. Ce décor de carte postale est terni par les milliers de touristes qui visitent chaque jour les ruines à la recherche du parfait selfie... Noyés dans cette foule connectée, on a du mal à s'immerger dans le passé et à profiter du lieu comme il se doit.

Ruines de Tulum - coatis
Sur-populataion à Tulum

Autre point touristique de la zone, le Gran Cenote est différent de tous ceux visités auparavant. On se promène à la nage entre les différentes parties du cenote, tantôt à la lumière du jour, tantôt dans une grotte ou un tunnel. Tout cela est naturel bien sûr ! De petites tortues marines y ayant élu domicile assistent à la baignade des touristes. On les regarde nager dans cette eau cristalline...

Gran Cenote 

Jusqu'au dernier jour on profitera de tout ce que la plage a à nous offrir, bercés par le bruit des vagues... On passera des heures à observer avec amusement la danse des centaines de petits crabes couleur sable qui peuplent la plage.

Plages de Tulum 

Côté culinaire, ces trois premières semaines au Mexique nous ont montré que le maïs, plante sacrée extrêmement importante dans la culture Maya, a toujours une place de choix dans la cuisine locale. Tacos, fajitas, enfrijoladas, quesadillas et autres plats typiques populaires ne seraient rien sans les galettes de maïs. Il faut s'habituer à ce goût assez fort qui peut facilement masquer d'autres saveurs... On est cependant ravis de découvrir des plats bien différents de la « gastronomie » colombienne, les bières locales les accompagnent d'ailleurs très bien. Proximité de la mer oblige, on se fera aussi plaisir avec de succulents poissons.

Viande, légumes et purée de haricots rouges à manger dans des tortillas de maïs - Poissons 

La première partie de notre voyage au Mexique s'achève, c'est le cœur lourd qu'on quitte cette région enchanteresse et Bob & Dadette avec qui on a passé de si bons moments. La suite du voyage se déroulera dans l'Etat de Oaxaca !

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Publié le 22 novembre 2017

La suite du voyage nous emmène sur une route parsemée de sites archéologiques : la Ruta Puuk. Sur le chemin, on s'arrête à Izamal, un village atypique coloré de jaune. Les calèches alignées sur la place principale attendent les clients sous une chaleur accablante.

Village d'Izamal 

Après cette courte pause nous arrivons à Uxmal, la première cité précolombienne de la Ruta Puuk. Sa haute pyramide (40m), très massive, nous intime le respect.

En réalité, comme souvent dans la civilisation Maya, la pyramide est un empilement de plusieurs pyramides.

En tant que non initié, pas facile de s'imaginer l'ampleur de cette civilisation effacée de l'Histoire. Mais à mesure que les jours passent, on comprend que des milliers de ruines existent dans la région et qu'un grand nombre concerne d'anciennes cités de plusieurs milliers d'habitants. C'était assurément le cas d'Uxmal tant le nombre d'édifices, ainsi que leurs dimensions, sont impressionnants.

Les irréductibles iguanes n'ont pas cédé à l'envahisseur espagnol ! 

On déambule avec plaisir entre les ruines de la place principale et on grimpe sur les nombreux autres temples finement décorés. La vue sur la grande pyramide entourée de jungle est superbe.

Ruines d'Uxmal 

On enchaîne sur le site de Kabah. Là aussi, on s'attendait à trouver juste un petit bâtiment en ruine, mais au final on est impressionné par la taille des temples. Celui recouvert de statues de Chaac est assez intriguant. Chaac, dieu de la pluie, est largement reconnaissable par son nez en trompe dirigé vers le ciel comme pour l'implorer et recueillir le précieux liquide. Les fameux nez se sont depuis écroulés en grande partie, mais qu'importe, le grandiose l'emporte !

Kabah : temple à la gloire de Chaac - palace

Bien que l'heure de fermeture des sites approche, on décide de foncer à Sayil à une dizaine de kilomètres. A notre surprise, les différents points d'intérêt sont très espacés les uns des autres et nous n'avons qu'une demi-heure pour parcourir les lieux. Ils ne sont d'ailleurs que peu restaurés à part le principal temple qui une fois de plus nous paraît vraiment volumineux vu les moyens rudimentaires dont disposaient apparemment les Mayas (pas de métal, pas de roue, pas de traction animale, travail de la pierre avec seulement de la pierre ou du bois...). Quoiqu'on préférera les sites précédents, on notera la statue du Dieu de la fécondité, pour le moins explicite et singulière...

Ruines de Sayil - Dieu de la fécondité

On conclut ces visites par un tour au musée du chocolat. L'occasion d'en savoir plus sur ses origines et l'usage du cacao par les Mayas. Il semblerait qu'ils avaient pour coutume de boire un mélange de sang, de cacao et d'épices. On n'a pas testé cette version locale du chocolat chaud ! Mais on a trouvé d'excellentes tablettes de chocolat dans la région. Ce musée, semblable à un jardin botanique, est également une réserve pour des animaux ayant précédemment été abusés par l'Homme. Certains faisaient mal à regarder quant on sait qu'ils resteront enfermés à vie (comme deux magnifiques jaguars inaptes à vivre à l'état sauvage...). D'autres pourront être réintroduits en milieu naturel après cette étape de "remise en forme".

Musée du chocolat 

S'en suit une escale dans la très agréable ville côtière de Campeche, capitale de l'état du même nom. On a eu la chance d'assister à un petit concert nocturne sur la place principale. Le groupe local Romanza Campeche nous a régalé les oreilles avec ses musiques douces.

Campeche 

On avait déjà avalé pas mal de kilomètres depuis Cancún, ce qui nous avait permis de nous familiariser avec les routes jonchées de trous béants et de dos d'âne assassins typiques du coin. Mais avec la longue route vers Palenque, on rentre dans une autre catégorie. Conduire est un vrai travail d'équipe entre pilote et copilotes tant les fourbes trous et ralentisseurs sont difficiles à déceler à l'avance. Souvent, les panneaux de limitation de vitesse semblent avoir été disposés au hasard... Pour couronner le tout, un clou se loge dans un des pneus, nous voilà à plat ! Un adorable garagiste nous sauvera la mise. Après quelques heures de route un peu chaotique, le paysage change. L'état du Chiapas est plus humide et vallonné.

Le lendemain, on arrive au très réputé site archéologique de Palenque dès son ouverture. Ce lieu a occupé une place de premier rang dans la civilisation Maya notamment aux alentours du VIIème siècle. Le mystère plane autour de cette immense cité. Les 35 édifices dégagés ne seraient qu'une infime partie de la ville puisqu'il resterait encore plus d'un millier de bâtiments ensevelis dans la jungle. La végétation est extrêmement luxuriante et imbriquée dans les constructions : la jungle reconquiert très rapidement les sites abandonnés. On aperçoit çà et là de hautes collines recouvertes d'arbres et de végétation... il s'agit de pyramides pas encore explorées !

Ruines ensevelies sous la végétation

A l'entrée du site, les temples à vocation funéraire s'enchaînent. Ces immenses édifices abritaient les dépouilles du roi Pakal et d'une femme, probablement la reine ou la mère du roi. Des bijoux en jade et des perles étaient disposés dans les tombes afin d'aider le défunt à accomplir son voyage vers l'au-delà. D'autre part, comme chaque chose possédait une âme, les objets déposés en offrande aux morts étaient également percés afin de les "tuer". Dans la même optique, des sacrifices animaux ou humains auraient été réalisés pour que le voyage ne se fasse pas seul... Il semblerait que lors du rite funéraire du roi Pakal, ses esclaves, ses gardes et ses chiens aient été sacrifiés pour pouvoir l'accompagner vers le Paradis Maya (Oxlahuntikú). On imagine bien les servants du roi faire tout leur possible pour le maintenir en bonne santé !...

Palenque  - temples funéraires

La probable ancienne demeure de Pakal est imposante. Les pièces à vivre sont assez bien conservées, on visite la chambre, le "sauna" (pas de douche à cette époque), les toilettes à la turque... Un aqueduc apporte l'eau pure au roi, les habitants vivent en aval et bénéficient d'une eau davantage souillée.

Palenque - demeure de Pakal 

Ce vaste site appelle à l'exploration. Contrairement à d'autres ruines, ici on peut monter sur la majorité des édifices et rentrer dans quelques pièces. C'est une chance qu'on saisit allègrement mais prudence est de mise, c'est assez casse-figure. On garde à l'esprit que les édifices sont dégradés, une partie des pierres formant les façades n'est plus là. Cela peut donner un aspect grossier à des murs dont on ne voit en réalité pas la couche la plus extérieure. Les décors réalisés en stuc sur les murs ont souvent disparu. La fabrication de ce matériau semblable à du ciment consommait beaucoup de bois. La pénurie de ressources qui en a découlé aurait été un des facteurs déclenchant de la chute de la cité. En bref, c'est l'excès de déco des temples qui aurait poussé toute une ville à déménager !

Palenque 

On découvre aussi un terrain typique du jeu de balle (ou jeu de pelote), un sport traditionnel Maya. La présence de ces terrains sur quasiment tous les sites archéologiques où nous sommes allés témoigne de l'importance du jeu, mais aussi de la communication et de l'héritage entre des cités pourtant éloignées de plus de 500 kilomètres. Deux équipes s'affrontaient et leur objectif était de passer un ballon en caoutchouc de plusieurs kilo à coups de hanche, de genoux et d'épaules à leur capitaine. Le chef d'équipe se trouvant sur une plateforme devait lancer le ballon dans un anneau. Le jeu se termine au premier "panier" marqué, ce qui pouvait durer des jours selon la taille du terrain et la hauteur des anneaux...

Le terrain de Palenque est détérioré : les anneaux ne sont plus sur les parois des deux murailles.

Pour comparaison, voici des photos de l'immense terrain de jeu de Chichén Itzá, vu au début de notre séjour. La petite taille et la hauteur des anneaux sont assez insensées ! D'après les fresques illustrant le jeu, il semble qu'il était plutôt recommandé de gagner : le perdant se faisait décapiter par le vainqueur... Probablement une offrande de sang aux Dieux et à la Terre pour bénéficier de leur bonté.

Le démesuré terrain de jeu de balle de Chichén Itzá  

Plus loin, on descend un long escalier qui nous emmène dans une autre partie partie de la cité ayant fusionné avec la jungle.

Ruines et végétation 

S'aventurer un peu dans la jungle a les avantages de nous plonger dans un autre monde et de donner de la magie à ce lieu enchanteur. Des singes apparaissent et se chamaillent dans les arbres.

Singes à Palenque 

Le jour suivant, on s'offre une escapade très différente à Agua Azul, des cascades mondialement connues pour leur couleur turquoise sans pareil. Malgré les jeunes enfants qui se jetaient sur les voitures pour vendre des babioles, les vendeurs agressifs et les nombreux touristes, on s'émerveille de la couleur de l'eau et de la beauté des chutes d'eau. On apprendra après notre visite que les cascades souffrent actuellement d'une sécheresse jamais vue qui s'empire jour après jour. Sur le coup, focalisés sur cette couleur d'eau vraiment magique, on n'a pas réalisé que quelque chose clochait. En comparant avec les images d'internet, les cascades sont effectivement plutôt maigres.

Cascades d'Agua Azul 

Sur le chemin du retour on s'arrête à Mizol-Ha, une impressionnante cascade de 35 mètres dans un décor très vert.

Cascade de Mizol-Ha 

Voilà encore une superbe semaine qui s'achève, la troisième nous amènera à nous immerger plus profondément dans la jungle puis à profiter à nous prélasser sur les plages du Quintana Roo.

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Publié le 17 novembre 2017

Après 5 mois d'aventures colombiennes, on entame un tout autre voyage au Mexique, sans volontariat cette fois-ci. Après un long trajet et une escale nocturne glaciale à l'aéroport, on retrouve avec le plus grand bonheur Bob et Dadette (les parents de Maïté) pour 3 semaines ensemble dans la chaleur du Mexique. Au programme : une grande boucle de la péninsule du Yucatán, entre sites archéologiques et merveilles de la nature.

Nos retrouvailles à Cancún marquent un changement radical de décor par rapport aux régions visitées en Colombie : plages de sable fin, eau turquoise comme jamais et démesure américanisée. Sur une langue de sable blanc longeant la mer, les hôtels de luxe s'enchaînent et attirent des cargaisons de touristes occidentaux. On trouvera facilement de superbes plages calmes aux airs de cartes postales, de quoi commencer magiquement ce périple...

Cancún

En route pour la ville de Valladolid, un petit panneau indiquant la présence d'un cenote attire notre attention. Il en existe des dizaines au Yucatán et celui-ci est très peu touristique, quoi de mieux pour une première approche de cette formation géologique endémique de la péninsule. Un cenote est une cavité ou un gouffre résultant de l'effondrement du sol, qui expose les eaux souterraines.

Celui de Cho'Oj Ha a la particularité d'être complètement fermé au-dessus de l'eau. On descend les escaliers de la grotte éclairée par quelques lampes disposée sur les murs, et là... incroyable !

Le bleu de l'eau, les stalactites et stalagmites à foison et la très forte humidité donnent une ambiance mystérieuse et irréelle... Le « propriétaire » du lieu, un Maya vivant ici avec sa famille, nous accompagne et répond gentiment à nos questions. Il essaie d'améliorer la mise en valeur du lieu tout en évitant une trop forte publicité et l'affluence de touristes qui va avec...

Cenote de Cho'Oj Ha

Arrivés à Valladolid, on apprécie une architecture au style un peu arabisant avec des voûtes, des dômes, des colonnes, des arcades...Pour ne rien gâcher, un cenote se trouve en plein centre-ville ! Il s'en trouve très fréquenté et un peu dénaturé par des aménagements bétonnés. Mais c'est quand même sympa de se dire que la piscine municipale est une formation naturelle !

Valladolid 

Notre passage par la ville a aussi été l'occasion d'assister à la fête annuelle El Día de los Muertos (Le Jour des Morts, les 1er et 2 Novembre) où on a assisté au défilé d'une centaine de personnes habillées et maquillées de noir et de blanc, au rythme d'une musique solennelle. Le moment était vraiment original ! On se dit que dans des villes plus grandes, la célébration a dû prendre des allures plus festives de carnaval. Personnage populaire de la culture mexicaine, Catrina (un squelette habillé en femme) était présente dans la déco de divers commerces de la ville. La mort est ici abordée de manière différente des traditions françaises, en témoignent également les cimetières des villages qu'on a traversés, aux tombes en forme de petites maisons colorées.

El Día de los Muertos - Catrina - cimetière

On commence notre tournée des sites précolombiens avec Ek Balam (« Le Jaguar Noir »), excités comme des puces pour la visite des premières ruines d'une longue série. L'ensemble d'édifices massifs ornés de nombreuses sculptures jadis peintes est en cours de restauration. L'ascension des marches irrégulières de la plus haute structure (31 m) nous offre un impressionnant point de vue panoramique à 360° sur une sublime forêt sans fin...Difficile de s'imaginer à quoi la vie de l'époque ressemblait, d'autant plus que d'imposantes constructions sont encore ensevelies sous des siècles de végétation boulimique.

Ruines d'Ek Balam 

Cette région aride étant dépourvue de montagnes, lacs et rivières, les Mayas de l'Etat du Yucatán satisfaisaient leurs besoins en eau grâce aux pluies et aux cenotes. Beaucoup de sites de la région sont donc construits a proximité de ces trous d'eau. Celui d'Ek Balam s'appelle X-Canché, et on en profite pour s'y rafraîchir après la visite. Cette fois-ci pas de grotte, le cenote est ouvert et la lumière du soleil met en valeur le turquoise de l'eau.

Cenote X-Canché 

Le jour suivant, on poursuit notre découverte indianajonesque des cenotes. Les lieux sont absolument magiques et mystérieux, chacun possédant un charme qui lui est propre. Pas ou peu fréquentés lors de nos visites, on s'est senti vraiment privilégié d'explorer et de se baigner dans de telles merveilles de la nature sans personne autour.

Cenote X-Keken, le beau ténébreux 

Voisin de X-Keken de quelques centaines de mètres : Samula , épuré et lumineux. Quelques poissons viendront inoffensivement nous picorer les pieds.

Cenote Samula, traversé d'un rayon de lumière

Depuis un luxueux domaine avec une piscine appréciable, on aperçoit l'eau de l'impressionnant cenote Oxman en contrebas. Des lianes et des racines venant de la surface de la terre s'étendent jusqu'à l'eau, on en prend plein les yeux. Difficile d'imaginer quand on s'y baigne que le fond du cenote se trouve sous 45 mètres d'eau.

Cenote Oxman, bleu profond 

Faisant partie des sept nouvelles merveilles du monde, Chichén Itzá était une des cités Maya les plus puissantes de la péninsule du Yucatán aux alentours du Xème siècle. Forte d'une population aux origines hétérogènes, l'architecture est riche de diversité. A son apogée, elle aurait été habitée par 50 000 personnes. On nous avait beaucoup cité cet endroit comme sans charme et trop touristique, et pourtant on l'a unanimement adoré. L'affluence était raisonnable et le temps au beau fixe. La pyramide principale est un chef d’œuvre de construction et de calcul astronomique. Lors des deux équinoxes que la planète connaît par an, la lumière du soleil couchant donne vie au dieu serpent à plumes Kukulcán en dessinant son corps ondulé jusqu'à la sculpture de sa tête, en bas des escaliers. Dans le mythe maya, Kukulcán venait ainsi rendre la terre fertile de nouveau, marquant plus concrètement le début de la saison suivante. Les archéologues auraient découverts récemment que cette pyramide est en fait une superposition d'au moins 3 pyramides, dont une pas encore explorée. Un cenote se cacherait également en-dessous. De quoi faire bouillonner notre imaginaire !

Kukulcán sous les lumières du matin et du soir 

Dans la culture Maya, les thèmes de l'astronomie, de l'agriculture et de la religion sont omniprésents et intrinsèquement liés à l'architecture. Depuis leurs observatoires, les Mayas notaient le déplacement des astres afin de prédire les prochaines pluies ou encore de se repérer dans le temps. Les édifices sont construits précisément en fonction des points cardinaux, l’orientation de certaines fenêtres ne laisse entrer le soleil qu'à une date précise de l'année... La maîtrise de ces sciences permettait d'impressionner et de manipuler la population n'ayant pas accès à ce savoir, en mettant ces prévisions sur le compte du divin. De quoi bien exploiter le "bas peuple" pour cultiver et construire de nouveaux bâtiments.On remarque sur beaucoup de temples des sculptures de tête de serpent !

Chichén Itzá  

Nouvelle preuve de l'hallucinante maîtrise architecturale : en se plaçant au milieu d'une façade de la grande pyramide de Kukulcán et à la bonne distance, en frappant dans ses mains un fort écho nous répond avec un son très proche du cri du quetzal, un oiseau sacré endémique d'Amérique Centrale. Honnêtement, on ne l'aurait pas expérimenté nous-même, on aurait cru à une blague...

Bob et Maïcita s'amusent avec l'écho 

Après une semaine riche en découvertes diverses, le voyage se poursuit dans les états de Yucatán, Campeche et Chiapas pour la deuxième étape...

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Publié le 26 octobre 2017

Un nouveau volontariat nous attend dans une auberge de jeunesse / restaurant thaï, au bord du lac de Guatapé. S'étant engagé initialement pour y travailler 2 ou 3 semaines, on y sera resté 5 !

A deux heures de route de Medellín, Guatapé est un village touristique réputé pour ses maisons aux mille et une couleurs, dans un paysage très atypique. Un monolithe de 200 mètres de hauteur surplombe le lac et les collines. Le panorama incroyable constitué de lacs, de péninsules et d'îles enchevêtrés est en réalité en partie artificiel : c'est un barrage construit dans la fin des années 70 qui a créé cette énorme retenue d'eau submergeant la vallée et l'ancien village El Peñol. Une réplique de ce village a été construite par la suite.

Comment ne pas tomber sous le charme de ce village coquet et vivant ! Ca n'est pas le premier village très coloré que l'on visite, et pourtant il a son originalité : beaucoup de façades sont ornées de « zócalos », des fresques en bas-relief illustrant les types de commerces ou décorant les maisons.

Village de Guatapé 

Une des premières choses qui nous a frappé en nous baladant dans la rue animée longeant le lac, c'est la présence d'un bateau échoué de l'autre côté de la rive... C'est déjà pas du meilleur effet, mais c'est devenu carrément glauque quand on s'est rendu compte qu'il s'agissait de l'Almirante, le bateau qui a coulé non loin de la berge il y a quelques mois avec 170 personnes à bord, causant le bilan de 9 morts et un nombre incertain de disparus... Au cours de notre séjour, on aura eu plusieurs discours glaçants de personnes ayant assisté impuissants à la scène : pas de gilets de sauvetage, très peu de Colombiens savent nager, dont les policiers qui observaient le désastre depuis le pont sans pouvoir intervenir.

L'Almirante échoué sur la berge, observé pendant une balade en kayak 

On dirait que c'est une coutume en Colombie, dans chaque village visité, au moins un chien devient notre compagnon du quotidien. La mascotte de l'auberge, c'est Ron, un vieux basset ultra attachant à la démarche sautillante et grotesque qui provoque le sourire de tous les passants qu'il croise. On s'est aperçu que plein de blogs parlaient de lui ! La légende voudrait que ses maîtres soient des millionnaires mais qu'il ait préféré une vie de vagabond.

La star Ron, aussi appelé Monsieur le Maire

Le paysage vallonné, les multiples rivières et le lac offrent moult activités de plein air. L'ascension des 747 marches du monolithe El Peñon en a bien sûr fait partie. La vue exceptionnelle sur cette mosaïque de vert et de bleu vaut bien le coup de chaud lors de la montée.

El Peñon 

Après l'époustouflante vue de haut, on découvre une partie du lac au fil de l'eau, en kayak. Le bolide prenant l'eau, on n'ira pas bien loin. Ça ne nous empêchera pas d'amarrer sur une petite île déserte et de bien profiter de la vue...

Sur notre île déserte

En quête de cascades, on a fait quelques randonnées assez sauvages, jamais balisées bien sûr, où on a pu remonter des rivières en sautant de rochers en rochers ou en s'aventurant dans la dense forêt.

Si on veut randonner sereinement en Colombie, on préconisera donc de se munir de bonnes chaussures imperméables et aussi d'un bâton pour éloigner les chiens. On avait déjà eu quelques frayeurs auparavant, et là au cours d'une rando on s'est fait agressés par un molosse complètement dingue. Les trous laissés par la puissante mâchoire dans la chaussure de Maïcita en témoignent... Tous les chiens ne sont pas des Ron, mieux vaut prendre ses précautions.

Randonnées en pays guatapois 

Rencontrer des dizaines de clients et volontaires plus sympas les uns que les autres nous a aussi permis de faire des activités en groupes. Balade à vélo jusqu'au village de San Rafael et découverte d'une cascade, «pool party», séances de sport, parc aquatique ou encore visite de l'ancienne maison de Pablo Escobar, les occasions n'ont pas manqué.

Au grand air avec les copains 

Bien que l'accès soit possible par la route, on profite de la sortie de groupe pour faire le trajet en bateau jusqu'à la maison secondaire de Pablo Escobar. Pour l'histoire, alors qu'il s'était réfugié dans sa luxueuse demeure, un groupe paramilitaire y a fait sauter 200kg de TNT, forçant le baron de la drogue à poursuivre sa cavale. En arrivant, on tombe directement sur son ancienne discothèque personnelle. Ça donne le ton sur la richesse qu'il possédait. Un peu plus loin, les ruines témoignent des ravages de l'explosion et du temps. De nombreux chasseurs de trésor sont depuis passés par là et ont vandalisé les murs encore debout à la recherche de potentiels sacs d'argent ou de drogue. Malgré les dégâts, on imagine sans mal que le lieu devait être splendide. Cadre idyllique, maison démesurée, piscine, sauna, tourelle, barbecue, bar... Plus haut dans le domaine, les écuries ont été transformées en un terrain de paintball qui n'a pas l'air de souffrir du manque de clients. Un tourisme s'est développé autour de la mort de Pablo Escobar et pour les activités les plus onéreuses, la question de l'éthique se pose...

Les vestiges de l'opulence 

Face à l'auberge, une colline nous a offert de beaux couchers de soleil et un spot de choix pour un picnic entre amis.

Là-haut sur la colline 

Pour finir, ce qui a occupé le plus clair de notre temps pendant ce séjour (6 jours par semaine, 5 heures par jour) : le travail. Beaucoup de nouveautés pour nous, on s'est essayés aux métiers de serveur et commis de cuisine dans le restaurant thaï de la terrasse de l'auberge, offrant une très jolie vue sur le lac. Jonglant entre anglais avec les clients et espagnol avec le personnel colombien, on a passé d'excellents moments pendant les heures de travail. Le travail en cuisine a pu se révéler épuisant. 5h sans pause dans la moiteur des fourneaux, on en ressortait fourbus et imprégnés d'huile de friture mais heureux d'avoir pu aider les deux merveilleuses et généreuses cuisinières. Elles auraient bien du mal à tout assumer sans le coup de main des volontaires. Le travail de service au restaurant était assez valorisant, les clients se trouvant quasiment toujours enchantés des plats qui leur étaient servis. Les petits appétits nous ont permis de goûter bon nombre de plats en cuisine... Après quelques minutes indécises le premier jour, rapidement on n'hésite plus à se jeter goulûment sur les restes des clients. Quand on ne travaillait pas le soir, il fallait aider au service du petit-déjeuner dont la pièce phare est sans conteste un massif burrito. Notre malicieux barman nous a également fait découvrir des cocktails aux ingrédients pour le moins originaux : lait de coco, poudre de cacao, graines de sésame, citronnelle, feuilles de combava brûlées...

Cuisine, restaurant, bar 

Sous l'impulsion de volontaires anglais, le restaurant a également ouvert ses portes pour le déjeuner avec une nourriture bien différente de la cuisine thaï : des burgers ! Ça nous a bien plu de participer à ce projet et de servir de cobaye pour les dégustations.

Burgers party 

Ces 5 semaines nous ayant laissé de belles plages de temps libre, l'envie nous a pris de faire un gâteau... Ici impossible de trouver du chocolat, ou alors à des tarifs exorbitants. En revanche, ça n'est pas le cas des carottes ! Ni une ni deux, le carrot cake est dans le four. Sous l'engouement de nos amis volontaires anglais (on cite : "BEST CAKE EVER !!"), on se met à créer un petit business en vendant nos gâteaux aux clients de l'auberge. Le soir de notre départ, on apporte une dernière "torta de zanahoria" à nos cuisinières préférées et aux volontaires pour les remercier. La gourmande chef cuisto nous avoue que c'est son dessert préféré... Ouf !

Carrot  cake

Encore de très belles rencontres, des nouvelles amitiés et les au revoir prenants qui vont avec...Il est temps de revenir à Medellín pour quelques jours afin de finir notre visite de la ville. Nous quitterons ensuite la Colombie pour 6 semaines au Mexique ! Merci d'être nombreux à nous lire !

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Depuis le début de notre aventure, on n'a pas arrêté d'entendre du bien de la ville de Medellín. Deuxième ville la plus peuplée de Colombie, Medellín est tristement connue pour son taux d'homicide record dans les années 90 où la guerre entre le gouvernement et le célèbre cartel de Pablo Escobar a laissé la cité meurtrie. La "ville de l'éternel printemps" s'est depuis totalement transformée et pacifiée grâce à des actions municipales super efficaces. L'objectif a été la ré-intégration des quartiers pauvres, jusqu'alors délaissés, dans l'espace public notamment grâce au développement de transports publics (tramway, métrocable, escalators en plein air...) et de structures sociales dédiées à la santé et à la culture.

Pour notre part, on n'est resté que 2 jours au cœur de la ville, ce qui nous a permis de visiter les deux quartiers les plus connus : le quartier historique et le quartier des gringos El Poblado. C'est parti pour un bain de foule dans le centre historique. Pas de jolies maisons colorées typiques ici. On est plutôt sur des rues bondées semblables à des souks à ciel ouvert, des hauts bâtiments gris, des sculptures, quelques parcs et des jolies places bordées de grands arbres. Il est à noter que le pourcentage de femmes passées sous le bistouri pour démesurément accroître leurs formes est non négligeable en Colombie, en particulier dans cette ville (magnifique spécimen en illustration ci-dessous).

Quelques attractions de Medellín 

Deux monuments nous ont particulièrement plu :

- La place Botero. Un bâtiment, au style architectural pour une fois original et plutôt appréciable, est entouré de statues du célèbre sculpteur Fernando Botero, né à Medellín. Abordés plusieurs fois par des vendeurs ambulants en flânant sur cette place, on n'a pas osé goûter à une des spécialités du pays : les hormigas culonas, "fourmis à gros cul". La traditionnelle chasse aux fourmis à gros cul s'avère délicate : il faut les chopper à la sortie de leur nid sans trop se faire découper par leurs mandibules.

Place Botero 

- La statue "El Arbol de la Vida". Fabriquée à partir de 28000 armes blanches issues du processus de désarmement des quartiers sensibles, elle forme un arbre de silhouettes humaines s'élevant vers le ciel comme à la recherche d'espoir et de lumière. Puissant message !

Statue "El Arbol de la Vida" 

Petite anecdote vestimentaire. Depuis le début de notre séjour, on a été habitué à voir sans cesse des gens porter des tshirts avec d'énormes inscriptions anglophones de mauvais goût, renforçant le côté américanisé du pays. Mais quand on a vu cette mamie pousser sa brouette de bananes avec un tshirt de d'jeuns "Bourreau des coeurs - Fauteur de trouble", on s'est particulièrement marrés.

HEART BREAKER - TROUBLE MAKER 

Si on retrouve bien le désordre fourmillant typique de la Colombie dans le quartier historique, le changement d'ambiance est total avec le quartier El Poblado. Repère des occidentaux, on se retrouve dans un ensemble aseptisé et bétonné de centres commerciaux aux prix délirants et de bars / restos dont les devantures faisaient, avouons-le, plutôt envie. On est sûrement passés un peu vite dans ce quartier, peut-être y retournerons-nous plus tard.

En regardant la carte des alentours de notre hôtel, on s'est aperçu qu'on se trouvait à côté de l'endroit où Pablo Escobar fut abattu par la police. On est allé voir par curiosité. Son modeste dernier lieu de résidence a aujourd'hui été transformé en une école d'espagnol et il n'existe aucune indication permettant de savoir que c'était sur le toit d'à côté, il y a 24 ans, que le destin de Medellín allait changer.

Dernière demeure de Pablo Escobar 

Après ces premières découvertes de la ville, il est temps de rejoindre notre 7ème volontariat dans les hauteurs de Medellín. Implantée au milieu d'un quartier pentu plutôt défavorisé et laid, cette maison-musée verdoyante appartenant au fils (et à sa femme) d'un célèbre sculpteur Colombien fait penser à une oasis au milieu d'une jungle de béton assoiffée de croissance. On monte les marches du vaste jardin et on arrive dans le hall d'entrée sombre de la maison. La propriétaire des lieux (Jenine) arrive et nous accueille avec une bienveillance qui fait chaud au cœur au milieu des sculptures torturées et des nombreux pianos baignant dans l'obscurité. On passera de très bons moments durant ces 2 semaines avec Jenine, américaine ayant passé quasiment toute sa vie sur le sol colombien.

La maison de Jorge Marin Vieco 

On a bien profité des super conditions de ce volontariat (les meilleures qu'on ait eues pour le moment) : cinq heures de travail par jour, cinq jours par semaine contre une chambre privée, des petits-déjeuners et déjeuners aussi bons que variés les jours de travail, et une hôte avec un cœur énorme. Les tâches étaient très diverses : restauration de pianos (business actuel de l'entreprise familiale), jardinage, bricolages divers, peinture, mise en place de chemins... Le tout avec la compagnie d'Ariel, le chien de la maison qui porte bien son nom de sirène, étant en partie paralysé des papattes arrières depuis tout petit et semblant s'en être accommodé autant que possible.

Travaux variés, avec notre copain canin Ariel 

Passer beaucoup de temps dehors nous a aussi donné la chance de contempler la faune locale, sans même bouger du jardin ! On a été particulièrement chanceux d'avoir la visite de petits singes un matin et de majestueux aras rouges...

Tout ça dans le jardin ! 

Et puis, qu'auraient été ces deux semaines si on avait pas été rejoints par un autre couple de volontaires canadiens anglophones. Passés en un rien de temps du statut de "collègues" à amis, on s'est absolument éclaté à bosser et à passer nos soirées ensemble !

Les copains 

Et c'est durant ce séjour en banlieue de Medellín que Phill a passé le cap de la trentaine ! Quoi de mieux que de marquer le coup avec une nouvelle tête à moustache. L'occasion aussi de faire une sortie au jardin botanique et une petite fiesta avec nos copains canadiens.

Moustache 


Les 30 ans du Philou 

La prochaine étape se trouve non loin de Medellín : Guatapé, connu pour son joli village et de superbes paysages !

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Publié le 18 septembre 2017

Comme à l’accoutumée depuis le début de notre voyage, les déplacements sont d'une lenteur effroyable. Après une dizaine d'heures de voyage pour parcourir 100 km à vol d'oiseau, nous arrivons le soir dans le village de Jardín où nous attend un nouveau volontariat en auberge. Ce périple aura été l'occasion d'expérimenter la Chiva sur une longue durée ! Dans cet énorme bus en bois, chaque banc accueille une petite dizaine de passagers. Mal aux fesses garanti dans les plus brefs délais, en particulier sur cette route non carrossable remplie de nids de poules.

Voyage en Chiva 

Équipés de nos lampes frontales, telles deux petites lucioles hésitantes dans la nuit noire et pluvieuse, on mettra un peu de temps à parcourir à pieds les quelques kilomètres séparant le village de l'hôtel situé en pleine nature.

L'auberge où nous avons travaillé

Une fois n'est pas coutume, la gestion de la réception est en majorité assurée par des volontaires occidentaux. Entre jeux de cartes et papotage, nos demi-journées de « travail » consistaient à accueillir les clients, encaisser les pépettes sans se tromper et fournir des renseignements sur les activités à faire dans le coin.

Les week-ends, on a aussi assuré la fonction de guides de randonnée pour une balade de 3 heures qu'on a découverte en même temps que nos premiers clients d'un air faussement assuré, ça c'est du professionnalisme.

Petite randonnée, cascade Las Escaleras

En tant que volontaires, on nous a donné l'opportunité d'accompagner à moindre coût deux clientes dans une randonnée avec un guide professionnel : le "Trek del Angel" et ses impressionnantes cascades, qui se méritent ! Les huit heures d'excursion à travers la jungle méritaient finalement bien la mention « niveau élevé » sur la description que tout le monde avait bêtement sous-estimée.

Après 3 bonnes heures de marche ultra-pentue, de descentes et de montées à moitié sur les fesses en s'aidant de cordes ou racines et d'une traversée de torrent pieds nus, chaussures à la main, on arrive dans une grotte s'ouvrant sur la cascade surpuissante. On s'approche doucement, peu stables sur ces pierres trempées couvertes de mousse. Se protégeant vainement le visage, on se prend du crachin froid et du vent plein le museau à mesure que le bruit de la cascade devient assourdissant. La chute d'eau se dresse devant nous, jaillissant de la montagne. Les conditions difficiles nous empêchent de prendre de belles photos, on se contentera d'un cliché flou et aussi mouillé que nous. Cinq minutes contemplatives plus tard, on a froid et il est temps de continuer la route.

ndPhill : Quand soudain je vois la chérie glisser, ses jambes passent par dessus sa tête et elle retombe dans une position improbable "bras dessus bras dessous" sur les pierres. Plus de peur que de mal heureusement, mais sous le coup de pression, j'en profite pour me cogner la tête au plafond de la grotte ! Grrrr partons !

Trek del Angel 

Alors que la fatigue et la faim commencent à être pesantes, un second torrent apparaît. On repense à la scène du film Into The Wild où l'aventurier se fait emporter par le cours d'eau sur une dizaine de mètres. Cette fois-ci, on garde nos chaussures, on se trempe jusqu'à mi-cuisse et on se concentre pour ne pas glisser et dévaler la rivière. On grimpe encore puis on arrive devant la fameuse cascade « El Salto del Angel » de 50 mètres de haut. Il faudra encore marcher un bout de temps pour rejoindre notre point de départ. Une des clientes ayant eu des difficultés dès les premières heures n'ira pas au bout, profitant du passage d'un pick-up au conducteur compréhensif !


Il est aussi possible de faire de jolies balades plus accessibles à Jardín. Les occasions de découvrir des oiseaux exotiques aux couleurs vives et leurs improbables nids sont nombreuses et on en a profité.

Balades autour de Jardín

Ayant bien sympathisé avec deux clientes de longue durée, nous partons ensemble découvrir la méthode traditionnelle de fabrication de la panela. Ingrédient emblématique de la Colombie (notamment), la panela est une mélasse faite de jus de canne à sucre cuit puis refroidi dans des moules. En gros, ce sont des blocs de sucre de canne à la saveur caramélisée, surtout utilisés pour la préparation de la boisson nationale (l'aguapanela) mais aussi de diverses pâtisseries. Ici, un moulin à eau sert à extraire le jus des cannes ensuite cuit au feu de bois.

Fabrication de la panela 

La ville de Jardín est très agréable et jolie, il s'en dégage une atmosphère des plus authentiques. Sa place centrale est l'une des plus charmantes que nous ayons pu voir. Les très nombreux cafés et leurs terrasses rendent le centre très vivant, tout comme les défilés et concours de jeux d'échecs auxquels on a assisté.

Village de Jardín

Durant cette étape, nous avons vu un nombre impressionnant de chiens de rue. On était bien content de constater qu'ils n'étaient pas maigres, propres et surtout très affectueux. Deux chiens à la recherche de papouilles et de nourriture ont d'ailleurs complètement élu domicile à l'auberge pendant notre séjour.

Chiens de rue 

En somme, on retiendra surtout de cette étape le joli village et les rencontres à l'auberge de gens hyper souriants venant du monde entier, nous permettant de faire le plein d'ondes positives. Prochaine destination : Medellín !

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Publié le 4 septembre 2017

Une fois de plus, un adorable colombien nous a pris sous son aile en nous voyant arriver avec nos gros sacs à dos et nous a facilité le parcours jusqu'à notre hôtel. Bus ? Métro ? Taxi ? Hé non, c'est en « aerocable » que nous accéderons au centre-ville de Manizales. Plutôt original comme premier aperçu de la ville vallonnée vue de haut. Sa Calle 23 et sa place Bolivar, animées comme on aime, ont été nos points de repères pendant ces quelques jours. Ce qui ne nous a pas empêchés d'aller nous perdre dans d'autres quartiers plus reculés. Une fois dans les hauteurs du parc à la gloire des fondateurs de Manizales, une épaisse purée de pois nous prive de la vue sur la ville. On remarque que les échoppes de vêtements sont très nombreuses dans cette ville, avec une véritable vénération du popotin (cf dernière photo...).

Manizales 

Le temps étant souvent nuageux, on saute sur la première éclaircie pour monter tout en haut de la cathédrale, réputée pour offrir un point de vue spectaculaire sur la ville et les montagnes environnantes. Avec ses 106 mètres de haut, c'est l'édifice religieux le plus haut du pays ! Après une vertigineuse ascension sur un escalier tout neuf (l'escalier d'origine en bois étant hors service depuis bien longtemps), on découvre donc le panorama promis. L'intérêt de cette activité s'est vraiment davantage trouvé dans la vue sur la ville que la beauté de la cathédrale. Ce qui peut lui paraître joli et majestueux de loin devient grossier, gris et morose de près, la faute au matériau utilisé pour sa construction : le béton. Les colombiens faisant la visite avec nous s'extasiaient pendant qu'on se désolait devant cette apparence de blokhaus, si éloignée de la belle pierre qu'on affectionne tant par chez nous. Il est à noter d'ailleurs que quasiment aucun matériau utilisé pour la construction du monument ne vient de Colombie : les tonnes de béton et quasiment tous les vitraux ont été importés d'Europe, au même titre que les architectes...

On a encore plus que d'habitude remarqué l'omniprésence de la religion dans cette ville, avec des boulangeries rivalisant d'ingéniosité pour amasser dans leur commerce le plus de signes ostentatoires de types tableaux, textes, dessins, statuettes, autocollants... La venue prochaine du Pape dans le pays crée un engouement tout particulier, avec des t-shirts kitch à souhait en vente dans toutes sortes de boutiques.

Visite de la cathédrale de Manizales 

Profitant d'un miraculeux jour ensoleillé, nous partons tôt le matin pour une excursion au Nevado del Ruiz, un glacier / volcan encore en activité tout près de la ville. Super chanceux, on passera une journée parfaite avec du beau temps et surtout presque aucun autre touriste, ce qui apparemment n'est pas le cas tous les jours ! Au fur et à mesure de notre ascension sur un chemin de plus en plus accidenté dans un véhicule aux suspensions défectueuses, on assiste au changement du paysage. La végétation évolue, des scènes lunaires défilent sous nos yeux. On fera plusieurs arrêts pour profiter des différentes ambiances. La montagne volcanique est tour à tour colonisée par des frailejones, plantes typiques de l'écosystème du paramo aux allures d'ananas sur échasses, ou encore des sortes de coussins de mousses capables de vivre à très haute altitude et avec peu de soleil. A l'approche du sommet qui culmine à 5311 mètres, la végétation s'en est allée et d'énormes bourrasques de vent souffré balaient sable et poussière dont il est difficile de se protéger. On est à moitié dans les nuages et il fait très froid ! Après un bon repas chaud, on redescendra au fond de la vallée par une route des plus chaotiques jusqu'à des thermes alimentés par l'eau rendue bouillante par les entrailles du volcan. Que d'écarts de température, d'altitude et de paysages pendant cette journée hors-norme ! On a été contents de ne ressentir aucun effet négatif lié à l'altitude, ayant entendu dire que ça pouvait facilement arriver même en y passant si peu de temps.

El Nevado del Ruiz 

Nous quittons à présent la région du café en nous dirigeant vers Medellín, avec un arrêt dans le petit village de Jardín !

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Nous poursuivons notre aventure dans la région du café sans contrainte liée à du volontariat pour profiter pleinement des paysages et activités qui s'offrent à nous. On va donc pouvoir prendre le temps de savourer l'un des sites les plus emblématiques de la Colombie : la Vallée de Cocora, à quelques kilomètres du village de Salento.

Sur le chemin, on en profite pour faire une escale dans une bourgade aux mille couleurs pour le moment peu touristique : Filandia. Arrivés au cours d'un week-end, on découvre alors un magnifique village en pleine effervescence avec ses boutiques artisanales, ses restaurants et ses nombreux stands. On arpente les rues en découvrant les maisons peinturlurées toutes plus fantaisistes les unes que les autres, on rêvasse devant les paysages verts et vallonnés des abords de la ville, on papillonne d'une échoppe à l'autre...

Le village Filandia 

Deux belles journées plus tard, des commerçants colombiens à peine rencontrés nous proposent de nous emmener à Salento, notre prochaine étape où ils ont du business à faire lors de cet énième jour férié. Encore une fois, ils sont gentils ces colombiens ! La nausée du trajet montagneux passée et nos affaires déposées dans notre auberge en chantier, on se sent tout de suite à l'aise dans ce village plein de charme.

On déambule dans les boutiques artisanales de sa rue commerçante principale en écoutant les musiciens de rue, on déguste un jus ou un café dans les nombreuses échoppes ou simplement on admire les façades colorées de ce village hors du temps avec fascination.

Le village Salento 

Ce petit village extrêmement touristique est le point de départ de nombreuses excursions dont la plus connue est la fameuse vallée de Cocora. Ce nom viendrait d'une princesse d'un peuple pré-colombien signifiant "étoile d'eau". Scrutant les prévisions de la très capricieuse météo tous les soirs, on monte dans une jeep un beau matin de ciel bleu direction la vallée.

Cette vallée spectaculaire offre un paysage unique au monde : des prairies vallonnées où trônent fièrement à perte de vue les palmiers les plus hauts de la planète. Les palmiers de cire sont un type de palmier endémiques de la région pouvant atteindre jusqu'à 60 mètres de hauteur. C'est grâce à l'élevage de centaines de vaches avides d'herbe qu'on peut observer ces insolites prairies vert tendre parsemées de palmiers. Sans cette pression de pâturage, les palmiers seraient tous dans la forêt et le paysage serait complètement différent. D'un autre côté, les palmiers situés dans les prairies sont voués à disparaître, faute de descendance : les bébés palmiers ne peuvent grandir que sous un couvert végétal dense les protégeant du soleil, et bien sûr s'il se font brouter c'est encore plus compliqué ! Difficile équilibre à trouver entre beauté du paysage et pérennité des palmiers de cire. Heureusement, on a aussi pu voir beaucoup de palmiers dans la forêt durant nos promenades. Pour l'anecdote, ce type de palmier doit vivre 25 ans avant de commencer à créer son stipe (tronc), qui grandira d'un mètre par an.

Nos premiers pas dans la vallée de Cocora 

Pour admirer les différents points de vue, il existe deux randonnées. Une de 6 heures à travers jungle et ponts de singe permettant de prendre de la hauteur, et une de 2 heures à travers les prairies. On optera pour la première, assez physique, avec près de 3 heures d'ascension au cours de laquelle nous ferons une halte dans un refuge tombé à point nommé alors qu'un déluge s'abat sur nous. L'occasion de siroter une boisson chaude et d'observer les colibris et les coatis du coin en attendant une accalmie. On a même reçu la visite d'une poule sortant de chez le coiffeur.

Randonnée de la vallée de Cocora 

Apres plusieurs heures d'ascension, les points de vue sur la vallée commencent a s'offrir à nous alors que les nuages se dissipent et laissent place au ciel bleu. Nous découvrons de magnifiques panoramas féeriques sublimés par ces palmiers gigantesques. Sous le charme de cet endroit, nous reviendrons deux jours plus tard pour faire la deuxième randonnée, plus courte et plus nuageuse. L'avantage d'avoir une météo imprévisible et changeante, c'est qu'elle permet de redécouvrir sans cesse les paysages !

Vallée de Cocora

Que serait un séjour dans la région du café sans une visite d'une ferme de café ! On a opté pour la ferme El Ocaso, qui nous a permis d'avoir un aperçu complet des activités de ce type d'exploitation. Quelques points qui ont retenu notre attention :

- Entre le semi du plant de café et la première récolte, il se passe 3 ans.

- Un plant produit pour une vingtaine d'années. Tous les 5 ans, les plants sont coupés et redémarrent du pied.

- Lors des périodes de récolte, une personne collecte une centaine de kilos par jour.

- Le plant produit des cerises de café (rouges ou jaunes selon les variétés). Chaque cerise contient deux noyaux (grains) qu'on extrait par pression mécanique. Un grand bain d'eau permet de sélectionner les grains selon leur flottaison : les « mauvais » flottent car ils ont été en partie grignotés par de petites bêtes ou sont un peu pourris, ce sera le café de seconde classe. Le mucilage qui recouvre les grains est enlevé, ils sont séchés puis la fine peau qui les enveloppe est retirée. Les amandes obtenues sont torréfiées puis vendues soit sur le territoire national (pour les grains de seconde classe), soit dans le reste du monde pour ceux de première classe. D'où le moins bon café qu'on boit ici !

- Dans une tasse de café, on retrouve environ 60 amandes de café, soit 7 à 8 grammes.

- Les plus grands producteurs de café du monde sont le Brésil, le Vietnam, l'Indonésie puis la Colombie.

- La Colombie est spécialisée dans le café le plus doux, l'Arabica.

La ferme El Ocaso : de la graine au grain de café 

On poursuivra ensuite la découverte de cette région avec Manizales et son fameux volcan / glacier Nevado del Ruiz, à tout bientôt !

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Notre quatrième Workaway nous emmène dans la région du café, dont nous avons entendu beaucoup de bien. C'est donc excités que nous posons le pied chez notre nouvelle famille d'accueil dans les montagnes de Pereira, hors des routes pavées.

Nous faisons alors connaissance avec un couple Canadien-Colombien adepte du yoga, de la fumette et de la vie en plein air ainsi que leurs deux fils de 5 et 7 ans. On remarque tout de suite que les enfants ne vont pas à l'école et ne savent parler qu'anglais dans un pays hispanophone. La mère, anti-école au possible, pense pouvoir apporter à ses fils les connaissances nécessaires en 30 min par jour d'école à la maison, et ce jusqu'à la période universitaire... Sujet de tension dans la famille, le père étant plus enclin à envisager l'école pour ses enfants.

Située dans une forêt de bambous, la maison est entourée d'un grand jardin fruitier et potager avec entre autres des orangers, avocats, ananas, goyaves, piments, pois... ainsi qu'un intéressant projet d'aquaponie encore à ses balbutiements (pour les novices : association d'une culture de végétaux avec l'élevage de poissons). Côté ferme, des chèvres, des poules et des lapins fournissent des protéines au quotidien. En plus d'une certaine recherche d'autosuffisance alimentaire, le couple a pour projet de créer une communauté de type éco-village avec de la construction en bambous. On a donc apporté notre aide dans ces deux tâches : l'entretien des cultures et la construction.

La propriété de la famille

Si la structure d'une seconde maison était déjà établie à notre arrivée, il restait encore les murs intérieurs à monter. Donc quand on ne jonglait pas avec la scie circulaire, le marteau ou la perceuse pour couper, scinder, brosser et clouer les bambous, on allait dans la forêt toute proche pour sélectionner et abattre à coups de scie électrique et de machette ce généreux matériau boisé. Selon l'utilisation, les bambous utilisés pouvaient mesurer de quelques mètres à une bonne quinzaine.

Construction en bambou

Deuxième mission : le désherbage, particulièrement fastidieux dans cette zone bourrée d'insectes. Des heures durant, on a donc bravé une multitude de toiles d'araignées (ainsi que leur propriétaire à 8 pattes) d'un pas de plus en plus assuré. Ces sessions de communion intense avec la faune et la flore locales nous ont fait cadeau de centaines de piqûres.

Au potager 

Pendant nos temps de repos, on se l'est joué vraiment "tranquilo", alternant entre les siestes en hamac, les baignades à la fraîche dans la rivière du coin, les petites balades et l'observation des papillons.

Repos...

Lors de notre jour de repos, on s'est rendus en chiva (gros bus coloré typique) dans la réserve naturelle protégée "Quimbaya-Otun". Une fois un insipide (bien qu'onéreux) petit-déjeuner avalé, on part se balader dans la quiétude du petit matin sur le chemin principal de la réserve et là... Un rugissement lointain, effrayant et mystérieux se fait entendre. Félin ? Tonnerre ? Quelques mètres plus loin, on sent du mouvement au sommet des arbres juste au-dessus de nous : des singes hurleurs !! (Silencieux, ceux-là) Quel beau spectacle que de voir ces animaux sauvages à la fourrure rousse éclatante se mouvoir agilement de branche en branche ! On aurait aimé les voir de plus près, mais on se sent déjà chanceux d'avoir pu les observer d'en bas !

Promenade au milieu des singes hurleurs

On a ensuite enchaîné sur une randonnée avec guide vers l'attraction du coin : la cascade Los Frailes. Elle est interdite en accès libre pour la préserver de la mauvaise éducation environnementale des visiteurs. Après 1h30 de grimpette glissante dans la jungle, on l'aperçoit enfin... Vertigineuse, la chute d'eau de 80m de hauteur nous domine par sa puissance et jette sur nous un vent froid contrastant avec la moiteur du cœur de la jungle.

Randonnée en forêt pour arriver à la cascade Los Frailes

Plutôt que d'attendre la prochaine chiva passant plusieurs heures plus tard, on décide d'avaler les 11 km à pieds malgré le ciel menaçant. Ca n'a pas raté, mais après une bonne saucée on a savouré les jolies lumières du soleil couchant sur les paysages vallonnés.

Sur le chemin du retour

Ravis de notre journée de repos méritée après 6 jours de travail, on retrouve notre forêt de bambous et ses occupants, et soudain... tout bascule ! Le caractère en apparence hyper sympathique du père de famille se transforme au cours d'une discussion sur la participation financière attendue de notre part pour la nourriture. Ça escalade vite, on nous reproche des choses de manière injustifiée, on attend de nous de payer même le jour où on n'a consommé aucun des repas... Ni une ni deux, on décide de partir tôt le lendemain pour de nouvelles aventures plutôt que de rester dans cette ambiance qui ne nous convient plus. Dommage de terminer sur cette note négative, on aura passé de bons moments à cet endroit mais il y a des choses qu'on ne peut pas laisser passer. Pour l'instant, c'est le workaway où on nous a demandé la participation financière la plus haute, pour de la nourriture qu'on n'appréciait qu'en partie (hé oui, une arepa avec du beurre comme dîner chaque jour, c'est dur! Pour rappel, une arepa, c'est le pain typique du coin à base de maïs, le truc le plus insipide qu'on n'ait jamais mangé).


Bilan en demi-teinte pour cette étape, mais on retient surtout les magnifiques paysages encore découverts. Et on se précipite le cœur léger vers des merveilles de la région du café : les villages de Filandia et Salento, avec les immenses palmiers de la vallée de Cocora !

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Publié le 30 juillet 2017

Après notre escale citadine à Cali, nous revoilà partis pour une période de voyage en pleine nature. La première étape, d'une dizaine de jours, a pris la forme d'un nouveau volontariat dans un gîte rural situé au cœur des montagnes de Tolima. Le voyage s'est fait par étapes : bus, jeep et marche nous ont permis d'accéder à ce petit coin de paradis entre collines et rivières. L'« ecolodge », situé en pleine nature, permet aux clients de profiter du calme de la montagne, des vallées verdoyantes et de la faune variée.

Sur le chemin de Juntas à l'ecolodge 

Notre « famille d'accueil » Annie et Truman, tous deux biologistes de formation et de métier, profitent pleinement des atouts de leur environnement et de leurs riches connaissances pour offrir à leurs clients différentes activités de découvertes : balades, escalade, spéléologie, canyoning, treks en montagne jusqu'au glacier, le tout saupoudré d'ornithologie et de commentaires sur la végétation. N'oublions pas les deux toutous et la minette, faisant complètement partie de la famille.

La petite famille : Annie, Truman, les chiens, le chat (au milieu, un client très sympa avec qui on a fait plusieurs balades)

Notre rôle dans tout ça était d'aider au fonctionnement du gîte : ménage, préparation des chambres, cuisine et vaisselle. Les clients affluant surtout le week-end, de longues heures d'oisiveté nous ont été accordées. On en a passé une partie à se prélasser, à admirer les fleurs aux mille couleurs du jardin et à observer les colibris.

 L'ecolodge

On a profité du reste du temps pour découvrir quelques randonnées du coin, aboutissant à des cascades glacées (NdM : Je me suis quand même fait violence pour m'y baigner mais sans rester bien longtemps!) ou des sommets luxuriants. Truman, passionné d'ornithologie, n'a pas raté une occasion de se promener avec tout son attirail de photographe pro. Il essaie de collecter suffisamment de clichés pour publier un livre sur les oiseaux de la région. Sans lui on serait assurément passés à côté d'un joli toucan sans le voir !

Balades aux alentours du gîte

Juntas, village à 30 minutes de marche de l'ecolodge, est constitué d'une unique rue longeant la rivière. Les étonnamment nombreux restaurants ouvrent uniquement le week-end pour répondre à la demande touristique des habitants de la ville la plus proche (Ibagué), à la recherche de verdure et de fraîcheur après leur semaine de travail. On a été surpris Dimanche d'assister au passage de centaines de cyclistes amateurs dans le village, faisant du trajet depuis Ibagué leur sport dominical (ça représente quand même 1 heure de jeep sur une route avec par endroits plus de trous que de bitume, le tout en sérieuse montée). En dehors de ces jours animés, le village est très très calme et n'offre que très peu de possibilités en termes d'approvisionnement alimentaire. D'où une excursion à Ibagué le lendemain de notre arrivée pour faire les grosses courses de notre séjour. Ca nous a bien pris la journée, montrant au passage à quel point il est compliqué d'acheminer quoi que ce soit jusqu'au gîte. En plus on a eu droit à une mini-tempête qui a fait des dégâts sur la route pendant qu'on était en ville : le bus s'arrête à mi-chemin, tout le monde descend et on comprend qu'il est impossible d'aller plus loin en raison d'arbres sur la route... Une jeep nous amènera finalement à bon port, avec ensuite les 30 minutes de marche en montée, chargés comme des mulets sous une pluie battante. On s'imagine qu'avant d'acheter un canapé ou une machine à laver, nos hôtes doivent bien réfléchir !

Village-rue de Juntas 

Cette parenthèse a été plutôt tranquille donc, et nous a à nouveau fait connaître des personnes adorables et généreuses. La joie de vivre d'Annie a été particulièrement frappante compte tenu de la difficulté des événements familiaux qu'elle traversait à ce moment.

On poursuit l'aventure sur la route du café !

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Publié le 20 juillet 2017

Après un trajet de nuit sans encombres depuis Neiva, nous débarquons à Cali à 4h du matin : incroyable mais vrai, le bus avait pris de l'avance ! Nous arrivons donc très tôt dans l'hôtel qui nous accueille pour notre deuxième expérience de workaway, dans un tout autre style que la première. Le lieu respire la convivialité : la déco est colorée, les dortoirs sont confortables et bien pensés, la cuisine et les terrasses donnent envie de s'y prélasser. Les gérants mettent un point d'honneur à casser une image d'hostal nécessairement sale et inconfortable pour les backpackers fauchés.

Le quartier (Granada) est huppé, les boutiques de vêtements pour vieilles riches fleurissent et les restaurants s'adressent à la haute classe colombienne ou aux touristes aisés.

 Hostal coloré

L'établissement fonctionne essentiellement grâce aux volontaires qui travaillent par shifts de 5 heures, 5 jours par semaine. Enfin théoriquement, parce qu'en réalité, il y avait tellement de volontaires au début qu'on a eu plus de temps libre que prévu, on ne va pas se plaindre ! Temps libre qui nous a permis de nous remettre de notre première intoxication alimentaire en toute quiétude (on va faire un break sur les fruits achetés dans la rue déjà coupés... oui c'était inconscient mais c'est si dur de résister!) Le travail était simple et franchement pas fatiguant : s'occuper de la réception, faire payer les nuits et les boissons, défaire et refaire les lits, faire les lessives, ranger la cuisine... Relax. Notre progression en espagnol a été assez limitée, les volontaires étant quasiment tous francophones (on remarque qu'il y a énormément de français en Colombie !) et les clients nous parlant souvent en anglais.

Attention, ceci est une imposture, on n'a jamais eu à utiliser le téléphone. Par contre, ouvrir des bières oui !

José et Kelly, les gérants, passent peu de temps à l'hôtel et quel dommage ! Hyper à l'écoute, bienveillants et généreux... le feeling est tout de suite passé. Ils considèrent les volontaires comme des amis et leur accordent tout de suite leur confiance. On s'est vite sentis intégrés à leur vie : discussions intéressantes et personnelles, invitation à visiter leur pépinière (que malheureusement nous n'avons pas eu le temps de faire) et à jouer au foot dans leur résidence avec des amis...

En papotant avec José, on évoque un jeu de bar typique de Colombie qu'on aurait aimé essayer : le Tejo. Quelques jours plus tard, il organise une soirée Tejo avec toute l'équipe de volontaires ! Le jeu, surtout destiné aux hommes de classe sociale basse (pas une femme dans le bar en dehors de notre groupe), se pratique de préférence imbibé d'alcool. D'où la caisse de bières et la bouteille d'Aguardiente (alcool fort local anisé) offertes dès notre arrivée par notre copain José. On en vient au plus fun : les règles du jeu. Il s'agit de balancer un galet dans une caisse remplie d'argile située à l'autre bout de la piste. On gagne des points selon l'endroit où atterrit le galet (il faut déjà atteindre la caisse...), et le plus drôle c'est quand on touche un des pétards enterrés dans l'argile : quand on ne s'y attend pas ça décoiffe ! Super soirée en bref, entre la découverte du jeu et la bonne ambiance.

Soirée Tejo explosive

Et c'est grâce à cette bonne ambiance que nous avons pu vivre un événement aussi inattendu qu'insolite dans l'hôtel : la célébration du mariage d'une des volontaires avec un Colombien ! José et Kelly leur ont offert la possibilité de fêter leur mariage sur les terrasses de l'hôtel. Rencontre avec la famille colombienne, buffets et session salsa sont venus épicer notre journée.


Cali. Troisième ville de Colombie (2,5 millions d'habitants !), une des dix villes les plus dangereuses au monde et capitale de la salsa et de la fête, Santiago de Cali attise la curiosité... Et c'est surtout la multitude d'opportunités pour prendre des cours et pratiquer la salsa dans des écoles de danse, bars et clubs qui nous a plu. Côté architectural, le moche l'emporte haut la main sur le beau, avec tout de même des jolies rues dans le quartier de San Antonio. On n'a pas plus ressenti l'insécurité ici qu'ailleurs en Colombie, mais comme partout il y a des quartiers à éviter et on se sent plus à l'aise le jour que la nuit. On a tout de même préféré faire peu de photos en ville, et seulement avec un téléphone...

Aperçu de Cali

Nos désillusions culinaires n'ont fait que s'accroître avec la constatation que le chocolat (le vrai, le bon) n'existe pas dans ce pays. Du cacao est vendu pour faire du chocolat chaud mais les pâtisseries chocolatées sont plus décevantes les unes que les autres. Gâteaux, cookies et autres 'postres de chocolate', tout est fait avec un truc marron sucré appelé injustement chocolat : imposture ! C'est sûrement le même problème que pour le café : la meilleure partie de la production part à l'export et ne reste dans le pays que le moins/pas bon. On peut donc facilement déguster en France d'excellents cafés de Colombie accompagnés de savoureux chocolats faits avec le cacao colombien, mais ici c'est impossible (on espère contredire cette information par la suite !).


Venons-en aux activités « chévere » (« cool » en colombien) ! La salsa nous vient en tête en premier, un de nos objectifs en venant dans cette ville était de nous y mettre. On a facilement trouvé des cours gratuits ou bon marché pour nous plonger dans le bain, il y a encore du travail mais on progresse gentiment. Ça a été l'occasion de profiter de clubs de salsa typiques avec parfois des petits shows de professionnels virevoltant dans tous les sens.

Soirée salsa à La Topa

Dans un autre genre, on a découvert au cœur d'un marché artisanal une soirée de danses andines se pratiquant en cercles, entre les pas et la musique traditionnelle le dépaysement était à son comble. L'ambiance était très conviviale, des personnes de tous âges dansant ensemble, locaux comme touristes.


Dans les curiosités de la ville, on peut compter le parc des chat, un mignon petit jardin parsemé de statues de chattes colorées avec un panneau racontant leur histoire et leur tactique de séduction du Gato Del Rio, « Chat de la Rivière », la plus grosse statue du parc (le machisme est vraiment partout!). Balade sympa au bord du fleuve Rio Cali en somme, quelque peu entachée par l'avenue passante longeant le parc.

Le parc des chats 

Comme Bogotá, Cali est entourée de montagnes. Rappelant l'omniprésence de la religion catholique en Colombie (nombreux sont les bus et boutiques arborant des affichettes à la gloire de Jésus et lui demandant de protéger le commerce), deux ensembles de statues surplombent la ville : les Trois Croix et le Christ-Roi.

Balade incontournable des locaux, le chemin des Trois Croix situé non loin de notre hôtel nous tendait les bras pour agrémenter une matinée de repos. L'ascension sous une chaleur humide nous a pris une bonne heure, la pente étant parfois si raide que c'en était plutôt de l'escalade. Les policiers postés tous les 500 mètres garantissaient la sécurité des lieux. D'après ce qu'on a compris, quand le chaleur se fait trop forte en début d'après-midi ils quittent leur poste : mieux vaut donc visiter ce genre de site le matin... L'intérêt pour nous s'est plus trouvé dans le chemin rocheux que dans le panorama brumeux et l'arrivée au pied des trois croix décrépies entourées d'une multitude d'antennes.

Rando des Trois Croix  

Il n'a pas été possible de nous rendre au Cristo Rey, le site étant très difficile d'accès : soit faire le long trajet en taxi et lui demander de nous attendre pour le retour (onéreux), soit prendre un petit bus de quartier qui nous a été formellement déconseillé par mesure de sécurité... Et c'est là le problème symptomatique des points d'intérêts de Cali et de ses alentours : le manque/absence d'infrastructures pour transporter les touristes facilement et en toute sécurité. Donc, malheureusement on n'a pu aller ni à Andoke (un parc avec tout plein de papillons), ni au jardin botanique, ni à un musée de la canne à sucre qui paraissait plein de promesses.

On a tout de même visité l'Ecoparque Las Garzas accessible en bus pour une après-midi en pleine nature. De taille modeste, le parc dispose d'une flore luxuriante autour d'un grand lac et offre la promesse d'animaux exotiques. Dès notre entrée, on se prend au jeu de la recherche des écureuils flamboyants, iguanes imposants et nombreux oiseaux jouant à cache cache dans les grands arbres. Parfaitement camouflés dans leur paisible forêt, araignées et iguanes nous ont offert de belles frayeurs... Un grand bol d'air frais dans cette petite jungle aux portes de la ville !

Ecoparque Las Garzas 

Nous avons aussi eu l'occasion de revoir notre copain de Bogotá, Camilo, en voyage d'affaires à Cali. On s'est retrouvés pour déjeuner ensemble dans un grand centre commercial à ciel ouvert, le Jardín Plaza. Les restos et boutiques très tentants mais aux tarifs prohibitifs montrent une nouvelle fois les écarts énormes de richesses du pays en comparaison avec les quartiers bidonvilles très présents. En effet, ce bon vieux coefficient GINI (un outil statistique mesurant les inégalités de répartition des richesses d'un pays) indique que la Colombie figure avant-dernière du classement en Amérique Latine devant le Honduras. Cela contraste bien avec le fait que le pays, en constante croissance, soit la quatrième puissance économique d'Amérique Latine.

Revenons un instant sur notre repas. Des étoiles plein les yeux, Camilo nous propose de manger dans l'unique restaurant japonais du coin et nous commandons chacun un bento (3 fois plus cher que les menus du jour auxquels nous nous sommes accoutumés). Nous avons gardé nos langues dans nos poches devant sa satisfaction, mais les makis au surimi, la salade flétrie et les nouilles bien trop cuites et sans saveur (on n'a pour l'instant encore jamais mangé de pâtes cuites al dente en Colombie) nous ont laissé le goût de la déception. Pour l'instant, on peut dire que cuisine locale comme étrangère n'ont pas été à la hauteur de nos attentes ! On compte sur la suite pour nous faire changer d'avis.


Bref, même si on ne se considère pas sous le charme de cette ville, on se serait quand même bien vu rester un peu plus longtemps pour améliorer notre niveau de salsa et profiter davantage de l'hostal. Mais c'est le parti pris de notre voyage, on quitte souvent une petite routine pour découvrir de nouveaux horizons qu'on espère toujours ensoleillés.

La prochaine étape nous tend les bras : la région du café !

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Comme prévu, nous partons pour Neiva (au sud de Bogotá), la ville la plus proche du bien connu désert de la Tatacoa. Le trajet en bus de 300km, tout en secousses et virages sur fond de chaleur moite étouffante, devait durer 6 heures. Après 5 heures de voyage et toujours à 100 km de l'arrivée, l'odeur grandissante d'essence et la fumée s'échappant à l'intérieur du bus imposent la pause. Nous voilà sur le bas côté de la route à assister aux tentatives de réparation impuissantes des conducteurs. Après 2h d'incertitude, nous avons pu poursuivre notre parcours dans un mini-van qui passait par là en profitant de sa délectable climatisation.

A l'arrivée à Neiva, les prévisions météo se vérifient et le choc thermique avec Bogotá est bien là ! Partant le lendemain pour le désert, nous profitons de la fin de la journée pour déambuler dans le marché à ciel ouvert qui anime bon nombre de rues et de places du quartier Santander. Les vendeurs de babioles et de nourriture sont plus entreprenants les uns que les autres pour convaincre le badaud de se laisser tenter. Devant chaque magasin, une personne déblatère un discours promotionnel dans un micro. Une fois de plus, un passant attentionné nous voyant manipuler notre appareil photo (qu'on ne sort que très rarement dans la rue), nous met en garde contre les voleurs. Il faut rester sur le qui-vive...

Neiva 

Après un petit déjeuner de fruits (les mangues locales sont un tel délice) et d'empanadas sauce piquante sur la place principale, nous prenons un collectivo pour le désert de la Tatacoa. Ça décoiffe !

Trajet en pickup

Le désert de la Tatacoa aurait été un lieu riche d'une faune et d'une flore luxuriante il y a des millions d'années. Aujourd'hui asséché, il est connu comme haut lieu touristique pour ses deux déserts, un rouge et un gris. Pour la petite histoire, il doit son nom à la présence de nombreuses couleuvres inoffensives de couleur noire, appelées « Tatacoa ».

Arrivée au désert

Situé à côté d'un observatoire astronomique, le désert rouge forme un véritable dédale de canyons ocres parsemés de cactus. Charmés par la splendeur de ses courbes, nous l'avons parcouru à différents moments de la journée au cours de notre séjour afin d'apprécier la couleur de ses reliefs changeant au gré de la météo et de l'inclinaison du soleil. Un régal pour les yeux... Surtout qu'on y était quasiment seuls au monde, seul un troupeau de cabras a croisé notre chemin.

Désert rouge de la Tatacoa, calor calor

A la nuit tombée, nous redécouvrons les lieux sous une voûte étoilée grandiose... Le silence nocturne permet d'autant plus d'apprécier.

Etoiles du désert 

Après une courte nuit caniculaire sans moustiquaire (ouch) au cœur du désert rouge, on décide de partir visiter la partie grise située un peu plus loin. Pour s'y rendre, les commerçants du coin nous ont proposé diverses solutions : le mini-bus, le quad, le touk-touk ou encore le vélo. Rebelles dans l'âme, nous partons de bon matin pour 10 km de marche sous une chaleur rapidement accablante. Ça nous a permis de nous régaler des somptueux paysages tout au long de la route.

Sur la route du désert gris 

Une fois passée la surprenante entrée du désert gris, une piscine artificielle chlorée trônant telle une verrue au beau milieu du canyon, nous avons entamé notre découverte du lieu. Plus vaste que la partie rouge, la zone désertique grise se visite par une longue balade sans vent sous un soleil de plomb. Les vautours guettent le touriste faible... Nos efforts sont récompensés par les paysages étonnants constitués de roches façonnées, jadis, par le courant de l'eau.

Désert gris de la Tatacoa, más calor

Après un almuerzo typique (même par 35°C, une soupe brûlante en entrée est de rigueur) et une limonada fraîche goulument savourée, nous repartons pour les 10 km retour en pleine après-midi torride. La douche froide en arrivant au camping est salutaire !

Le lendemain nous profiterons encore un peu du désert rouge puis nous prendrons un bus de nuit des étoiles plein les yeux, direction Cali pour de nouvelles aventures !

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Publié le 23 juin 2017

De retour à Bogota pour quelques jours, nous avons savouré la douche presque chaude et le lit presque confortable. On a profité de ce passage nécessaire à la capitale (pour récupérer nos « Cedula de extranjeria », nos cartes d'identité colombiennes pour 1 an) afin de découvrir de nouveaux quartiers et compléter la visite de la Candelaria, notre coup de cœur.

On a passé les premiers jours dans la zona T et la zona G de Bogota, deux quartiers dont les restaurants, clubs et boutiques en tous genres ciblent la population très aisée. C'était agréable de s'y promener et certaines façades de briques rouge nous ont un peu rappelé Londres, la météo allant également dans ce sens. Mais le débordement de la vie de rue des quartiers populaires nous manquait un peu par endroits...

Comme promis, nous avons pu revoir Camilo et Myriam au Galeria Café Libro, un club de salsa. Après plusieurs heures de discussions entrecoupées d'initiations à la danse avec nos profs particuliers (il y a encore du boulot...), un groupe de musiciens de la côte caribéenne colombienne (Bahía Ensamble) a encore réchauffé l'atmosphère avec des musiques locales. La joie de vivre hyper-communicative et la générosité sans limite de nos amis colombiens nous ont encore enchantés...

Soirée salsa au Galeria Café Libro avec Camilo et Myriam

Nous avons découvert le gros marché aux puces du dimanche de San Alejo, l'ambiance y était très agréable, sans trop de monde et avec tous types de stands (pièces de monnaie, objets en cuivre, équipement militaire, figurines, bijoux, nourriture...). On y a testé la lulada, un jus avec morceaux d'un fruit local appelé Lula, acide mais très savoureux. Ce jour là, des rues entières étaient barrées afin de dédier un circuit aux cyclistes et piétons, ambiance festive garantie avec toujours des stands de nourriture tout le long des routes.

Mercado de Las Pulgas de San Alejo

Enfin, nous sommes retournés à la Candelaria, ce quartier qui nous avait tant plu. Activité incontournable, nous sommes montés en haut de la colline Monserrate tout comme des centaines de Bogotanais en ce Lundi férié du Corpus Christi. On est arrivés trop tard pour faire l'ascension à pieds, le funiculaire nous a sauvé la mise. La vue de cette ville tentaculaire entourée de montagnes est à couper le souffle. En haut, il y a une église, des stands de nourriture et un petit souk vendant toutes sortes de choses. On y a testé la pâtisserie de rue par excellence : l'oblea. Un sandwich de gaufrettes rondes toutes sèches et toutes plates, avec au choix en garniture de la confiture de mûre, du fromage, de la confiture de lait... Le fromage est très associé au sucré ici (avec le chocolat chaud, dans l'agua panela, dans les desserts...). C'est compréhensible quand on connaît le goût du fromage local, bien éloignés de nos produits français de caractère. Le climat pluvieux de la capitale nous a rapidement incités à redescendre du mont.

Monserrate

C'était un vrai bonheur de parcourir les rues de la Candelaria le jour, avec de très bons groupes de musique par exemple. A partir de 18h30 par contre, une fois la nuit tombée, l'ambiance se transforme et on a l'impression qu'un couvre-feu implicite a lieu. Toutes les boutiques ferment, y compris la grande majorité des restaurants (ici les gens mangent/goûtent tôt le soir), et les rues si grouillantes de vie et accueillantes le jour deviennent inquiétantes et arpentées par des sans abris manifestement éméchés (ou des zombies, on ne sait pas trop...). Seuls quelques vendeurs d'aromaticas (tisanes) résistent à la désertification nocturne des rues. Il faut donc vivre à ce rythme et tout se passe bien !

La Candelaria

Pour finir, quelques photos des très nombreux graffitis de styles variés qui ornent et embellissent les murs de la ville...

Graffitis de Bogota

Nous partons ensuite pour la ville de Neiva, les températures vont passer de 9-16°C à 23-34°C en seulement 250 km à vol d'oiseau : ça paraît fou une telle différence ! Les shorts sont prêts à servir pour la première fois de notre voyage... Hasta luego Bogota !

Direction la chaleur de Neiva ! 
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Arrivée au workaway. Après un trajet en bus sur une route chaotique et bucolique dans la campagne bogotanaise, nous arrivons au village de Tenjo, charmant et reposant. Un bol d'air frais bienvenu après les pots d'échappement de la capitale. Nous partons ensuite à pieds trouver la ferme dans laquelle nous serons volontaires pour deux semaines. A 2900 m d'altitude avec des sacs à dos de 20kg, la rude montée bordée de mimosas en fleurs nous a demandé une bonne heure d'effort et nous a laissés aussi haletants que suants. Perché à flanc de montagne et surplombant Tenjo, le vaste terrain est habité par une famille (un couple et deux enfants) vivant dans une petite maison de type Chunzua faite de bois, de paille et de pierres. Munis d'outils basiques avec l'aide d'employés et de volontaires, leur ambitieux projet consiste à construire de nouveaux locaux, agencer des lieux de méditations, créer et entretenir de petits potagers, décorer / aménager et améliorer le confort du lieu de manière générale. Un certain nombre de projets donc, qui sont traités en parallèle (en fonction des cycles de la lune) et qui donnent l'impression d'un site en chantier permanent. A terme, leur objectif est de vivre des visites de gens curieux de leur mode de vie.

Chunzua familiale 

Petit rappel de ce qu'est un volontariat type workaway : il s'agit d'un travail de bénévolat généralement dans une ferme ou une auberge de jeunesse, dans lequel le bénévole s'engage à travailler environ 5 heures par jour, 5 jours par semaine en échange du gîte et du couvert. Concrètement, en général, les workaways que nous avons réservés ces prochains mois en Colombie demandent soit une participation financière pour la nourriture, soit ne la fournissent pas.

Nos conditions de vie. Nous avons été installés dans une cabane (sans électricité évidemment) aux murs faits de planches et de carton, dans laquelle nous avions une tente et un fin matelas aussi confortable qu'un parpaing. L'originalité (ou l'exotisme avec le recul) est que sous cette cabane se trouvent les abris des chèvres, surexcitées à la nuit tombée. Ajoutés à cela, les hurlements des chiens, le chant nocturne du coq et la température en chute libre ont souvent eu raison de notre sommeil. Côté sanitaire, toilettes sèches et douche froide dans le jardin, au tuyau d'arrosage. Viviendo el sueño.

Notre palace avec toiture végétalisée - Toilettes sèches

Le travail. Quelle que soit la météo, une journée sans pluie étant rare, nous étions donc mis à contribution de 8h à 13h30/14h. Nous ne comptons plus le nombre de trous creusés, de kilos de terre retournée, de mauvaises herbes (ndP : ou 'adventices' pour faire plaisir à mon ingénieure agronome chérie) arrachées, de kilos de béton fabriqués ou d'acier scié. S'il est clairement satisfaisant de produire quelque chose de ses propres mains, nous avions parfois l'impression d'être les servants d'une famille (relativement riche) qui ne nous utilise pas pour créer de la valeur marchande, mais plutôt pour améliorer son petit confort. La diversité des activités a cependant été appréciable !

Malgré le caractère parfois difficile du travail (soulever moults sacs de ciment de 50kg...), nous avons été marqués par la mentalité des gens qui travaillent ici, aussi bien les propriétaires que les quelques employés. Durs au mal, leur dévotion donne l'impression que chaque complication est une opportunité de positiver. Par exemple, après avoir porté une poutre excessivement lourde de 10 mètres, une employée s'étant autant cassé le dos que nous s'est simplement exclamée « Qué emoción ! » pendant que nous râlions. Ou encore, chaque mauvaise herbe arrachée représente pour eux un mauvais sentiment débarrassé (autant vous dire qu'on positive à fond).

Au boulot ! Travail de construction, désherbage, création de potager, plantations sur toit végétalisé, peinture...

La spiritualité. Dès le premier contact avec nos hôtes, nous avons compris que la spiritualité allait prendre une place importante dans le quotidien. Lors de notre arrivée, la propriétaire nous a invités à saluer les lieux afin que l'environnement soit clément avec nous. Nous avons été invités à toucher un arbre et un rocher en nous présentant, puis à faire 3 tours sur nous mêmes pour nous débarrasser des pensées négatives (NdP : Personnellement, j'espérais que c'était une blague et qu'il y avait une caméra cachée quelque part). Nous avons ensuite appris que la maison ronde de type Chunzua avait été bâtie selon un modèle de représentation d'être humain avec entre autres ses cheveux (toit de paille), ses doigts/orteils (20 poutres en bois structurant le mur), des côtes (structure du toit en 24 poutres), un cœur (la cheminée) et un cerveau (les gens vivant à l'intérieur). Ils considèrent également que l'intérieur de la maison est un utérus... Et d'après eux, la montagne sur laquelle on se trouve est une femme.

Les discussions étaient souvent des formes de monologues appelant à célébrer la valeur de la terre, purifier son esprit, semer des graines (métaphoriquement) pour un futur meilleur, se remémorer le savoir-faire des ancêtres/abuelos...

Quiétude nocturne, non loin de la capitale

L'épisode le plus marquant sur ce thème restera celui de la visite pédagogique d'une dizaines étudiantes américaines accompagnée de leur guide. À leur arrivée, nous les avons accueillis par une session de méditation sous la pluie autour d'un autel creusé dans la terre. Nous avons ensuite enchaîné sur un épisode de plantation d'arbres accompagné de chant, de danse et de méditation afin de faire grandir le mieux possible l'arbre. C'est aussi l'occasion de « planter un vœux » et de le voir grandir.

Pour conclure la journée, nous nous sommes rendus dans un autre Chunzua pour nous mettre à l'abri. Nos hôtes nous ont alors plongés dans une ambiance très particulière, pour ne pas dire surnaturelle pendant près de 30 minutes. Feu de bois allumé, nous étions réunis autour du couple qui nous a alors parlé de spiritualité et de savoir-faire ancestral (médecine, construction, agriculture...). Puis de manière crescendo, cela s'est transformé en session de méditation. Nous étions debout, les yeux fermés, la respiration lente. En nous berçant d'un instrument au son cristallin et d'une percussion très intense rendant l'atmosphère hypnotisante, les voix nous invitaient à l'écoute de notre corps, au lâcher prise. Dans la continuité, on nous a alors proposé un traitement utilisé par les anciens, censé purifier le corps et l'esprit. Il s'agissait d'un genre de tabac en poudre, appelé Rapé/Osca qui est soufflé à travers une pipe par le donneur et reçu dans chaque narine par le receveur.

NdP : Voyant une partie des américaines très intéressées par l'expérience, sans pour le moment me faire remarquer, je me suis dit 'por qué no ?'. Cependant, j'aurais peut-être dû me poser davantage de questions en voyant le guide (colombien) du groupe d'étudiantes se raidir peu à peu à l'idée d'en prendre, alors que manifestement, il avait déjà pu expérimenter cette poudre soit-disant miracle. Alors que notre hôte se dirigeait vers lui, il me redemande si j'en veux. Étant bien élevé, je n'ai pas su répondre non. C'était donc moi le premier cobaye. L'angoisse. Les yeux fermés, respirant par la bouche, l'hôte me fait dire mon prénom-nom trois fois, puis après une incantation, me souffle les deux salves de poudres dans les narines. A peine le temps de sentir la brûlure dans les narines que déjà l'hôte-gourou se met à faire des bruits sur-réalistes avec sa bouche, mélange de souffle et d’onomatopées venues de l'espace, comme pour accompagner la sensation terrible de mon nez qui n'avait rien demandé. La respiration comprimée, des vertiges, les mains tremblantes, la salive qui monte, je tente de rester digne et de lutter contre l'effet. Je me concentre sur les prochaines victimes pour mesurer l'impact que je ressens. Le guide est le second sur la liste justement. Une fois la basse besogne subie, il se met alors alors à tousser, à cracher, à trembler, puis finit par vomir. Ambiance. Je ressens un sentiment mélangé d'inquiétude de ce qui peut m'arriver et de fierté de ne pas être tombé le premier. La prochaine sur la liste, même effet... ! En voyant ce spectacle grotesque et effrayant, je ne saisi pas bien pourquoi les filles suivantes ont quand même accepté de subir l'expérience. Peut-être n'ont-elles pas osé dire non au gourou aux gesticulations et aux sons improbables. Je pensais à Maïté qui assistait à la scène. Je l'imaginais impuissante comme un lapin devant les phares d'une voiture. Victime de bouffée de chaleur et oppressé par les plaintes de ces corps perdant leur contrôle et par cette odeur de fumée de bois, je suis vite parti prendre l'air. Quinze minutes plus tard, je vomissais mes tripes. C'est ainsi que le mot 'Guayabo' (signifiant en espagnol colombien 'gueule de bois') est rentré, par la force des choses, dans ma mémoire pour un très long moment. Rien d'autre donc. Pas de voyage spirituel, comme le promettait l'hôte. Pas d'amélioration du moi.Ceux qui veulent croire à la transe de l'âme et à la communion avec l'au-delà peuvent peut-être arriver à ressentir un voyage spirituel illusoire. Les autres se contentent d'un guayabo.

NdM : Malheureusement, on n'était pas assis à côté dans cet antre inquiétant et je n'ai pas pu donner le coup de coude salvateur à ma moitié, suivi d'une réprimande chuchotée qui lui aurait évité les épouvantables effets de ce « remède ». Je dois dire que dès le début, je le sentais pas ce truc. Voir mon Philou tout tremblant, le visage livide, les lèvres sans vie et ne pas savoir quand il irait mieux a été assez éprouvant.

Les animaux de la ferme. Nos hôtes possèdent quelques animaux : poules, chèvres, chiens et chats. Chaque matin la biquette Humildad donne 1L de son lait, ses copines allaitent quant à elles leurs petits.

Ca grouille de vie !

Baila Baila ! Ces deux semaines n'ont pas été que dur labeur, le divertissement était aussi au rendez-vous. Une soirée d'initiation aux danses latines nous a particulièrement amusés et réchauffés !

Ca danse ! - Famille et volontaires 

Ressenti général. La pénibilité des conditions au quotidien et le manque de valeur de notre travail (à nos yeux) nous ont fait reconsidérer la durée de notre séjour. NdM : Un petit exemple illustratif : on nous a demandé de passer des heures à poncer un vieux tricycle rouillé hors d'usage récupéré à la décharge pour le rendre joli et mettre une plante dedans afin de décorer. Un peu loin l'idée que nous nous faisons du workaway, qui est davantage de venir en aide à une famille aux faibles ressources en travaillant avec elle pour faire fonctionner sa ferme ou son hôtel. Nous avons choisi malgré tout de poursuivre l'aventure, car en prenant un peu de recul , nos hôtes sont des personnes avec un grand cœur, et si leur mentalité et mode de vie diffèrent beaucoup du nôtre, cela reste une expérience très enrichissante et aussi un bon moyen d'améliorer notre espagnol.

Le recyclage au service de l'art végétal 

La nourriture, bis. Nous mangions avec nos hôtes des plats préparés ensemble, végétariens et principalement constitués de riz et de frijoles. Encore une fois, pas très raffiné (cf photo). De ce qu'on a vu dans cette région, les gens ne prennent pas un vrai repas le soir mais plutôt une sorte de goûter : des petits pains ou des arepas (galette de maïs insipide et pâteuse) avec une boisson chaude. Ici on boit du chocolat chaud avec ou sans lait, de l'agua panela (eau chaude avec le sucre local issu des cannes à sucre et vendu en blocs : la panela) ou encore de l'avena (agua panela mélangée à de l'avoine, avec ou sans lait). Les week-ends, nous avons poursuivi notre découverte de l'alimentation locale à travers les menus du jour de petits restaurants / cantines populaires. L'occasion de rencontrer des restaurateurs adorables et de très bien manger pour peu cher. On a fait connaissance avec des sauce Aji plus épicées les unes que les autres, delicioso ! Et des soupes Ajiaco, très typiques, bien meilleures que notre première à Bogotá. Toujours pas d'eau à table, c'est probablement le cas dans toute la Colombie. Dans les villages que nous avons visités, les tiendas de desserts (gâteaux et glaces) fleurissaient dans les ruelles et après le déjeuner les passants dégustaient ces douceurs en flânant.

Plâtrée du déjeuner à la ferme - Tienda de glaces - Repas au village - Tienda de gâteaux

Tenjo et Subachoque. Entourés de montagnes, les villages de Tenjo et Subachoque ont été très agréables à parcourir, avec leur jolie place principale pleine de vie. On n'y a pas ressenti la moindre insécurité mais lorsqu'on a voulu faire une randonnée connue pour la beauté de ses paysages, on nous a formellement déconseillé de la faire tous les deux. Il faut apparemment faire partie d'un groupe de randonneurs plus important pour ne pas risquer de se faire détrousser dans la montagne. Vraiment dommage que les problèmes d'insécurité nous empêchent de découvrir certaines facettes du pays, mais ne jouons pas avec le feu.

Places de villages et quartiers plus ou moins favorisés

De belles rencontres. Si la Colombie apparaît comme un pays dans lequel il convient de prendre toutes ses précautions en terme de sécurité (« no dar papaya! » qu'ils disent), c'est aussi un pays reconnu pour sa population extrêmement chaleureuse. Pendant cette petite quinzaine de jours, outre de savoureuses discussions avec des commerçants ou des passants, nous avons eu la chance de vivre deux moments très forts.

En travaillant, nous avons rencontré une jeune colombienne, mature, forte, attachante et amoureuse de la terre. Construisant notre relation au fil de conversations enrichissantes, cette jeune femme nous a raconté une page de sa terrible histoire familiale, maculée de sang, victime de la pègre, véritable gangrène encore active dans ce pays. Émus aux larmes par l'atrocité de son récit et la force de son sourire, nous gardons ce souvenir très précieusement. Il est clair que la Colombie n'en a pas encore terminé avec ses démons.

Balade avec Alejandra 

Alors que nous étions perdus dans la montagne, hors des sentiers battus, sans réseau, nous avons fait la rencontre d'un homme adorable, Camilo, qui nous a aidés et pris en stop. Nous l'avons revu le week-end suivant. Il nous a intégrés à sa vie et à sa famille avec une simplicité et une générosité sans limite. Visite d'un charmant village voisin, randonnée ultra confidentielle avec un superbe point de vue sur toute la vallée, apéro et dîner dans la maison de la famille... Cette journée nous a fait un bien fou !

Un dimanche avec Camilo, Myriam et Laura - L'encas parfait du randonneur : pâte de fruit + fromage

La magie de ces rencontres ne s'arrête pas à de beaux moments à usage unique puisque nous nous apprêtons à les revoir lors de notre escale de 5 jours à Bogotá.

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Bogotá. Des échos qu'on en avait eus, la ville ne faisait vraiment pas rêver. Passage obligé pour une démarche administrative afin d'être en règles pour l'année, on a décidé d'y rester quelques jours pour voir par nous-mêmes. Alors effectivement, il y a des points qui rebutent tout de suite et qui nous empêchent complètement d'imaginer y rester plus longtemps. La pollution est insupportable, la fumée noire s'échappant des trop nombreux (et trop vieux) véhicules de cette immense ville nous a fait suffoquer dès notre arrivée. On a décidé de visiter en marchant beaucoup pour mieux s'imprégner des différents quartiers et on a souvent eu l'impression de se promener en bord de périph.

Bogota, entre routes et montagnes

La ville entourée de montagnes étant en altitude (2640m), on est également assez facilement essoufflés. Ce qu'on avait entendu sur le temps toujours gris se vérifie aussi, mais la pluie ne tombe pas longtemps et les petites éclaircies sont appréciables. D'un autre côté, on a été agréablement surpris par le quartier historique très coloré de la Candelaria avec quelques zones piétonnes (bonheur!), la bonne humeur et la gentillesse des colombiens, les rues pleines de vie avec des petits stands de nourriture partout, la végétation relativement abondante dans la ville... On n'a pour l'instant pas tellement ressenti l'insécurité dont on nous avait parlé mais on reste prudents, sur les conseils des locaux : pas d'appareil photo autour du cou et on ne sort pas de téléphone à tout bout de champ. On évite également certains quartiers de type bidonville avec des activités diurnes et nocturnes peu sécurisantes... Il y a de grosses inégalités sociales dans cette ville, le nord est riche avec des quartiers d'affaires alors que certaines zones sont d'une extrême pauvreté. On s'est aussi déplacés en bus, la première fois on a volé à travers le bus quand le conducteur a redémarré en trombe dès qu'on est entrés mais maintenant on a compris... Les leçons de conduite écologique ne doivent pas être à la mode ici. Concernant la langue, on a encore une bonne marge de progression et les situations où on regarde notre interlocuteur le regard vide d'incompréhension sont fréquentes, mais les Colombiens restent faciles à comprendre par rapport à d'autres hispanophones et répètent volontiers.


La nourriture. On ne va pas se mentir, le raffinement n'est pas une caractéristique de la cuisine colombienne. On a testé des menus du jour typiques dans de petits restaurants, 12 000 pesos (4€) le repas avec une soupe en entrée, un jus de fruits (ici boire de l'eau pendant un repas n'est pas envisageable) et un plat composé de riz, d'un morceau de viande cuit façon semelle, parfois de frites et de quelques crudités qu'ils ont la fâcheuse tendance à couvrir d'une sauce rose fluo au goût de yaourt... Ca surprend. On a également testé lors de notre visite de la Candelaria des plats du coin : une soupe appelée Ajiaco et un plat, la Bandeja Paisa. La soupe, qu'un employé de notre auberge nous a décrite comme son plat préféré en particulier dans le restaurant où on était, était totalement insipide. Un mélange de pomme de terre, un peu de maïs, d’effiloché de poulet et un légume non identifié, le tout sans aucune épice. Et le plat, très typique, était un mélange un peu plus savoureux (bourratif selon Madame, réconfortant / généreux d'après Monsieur) de riz, haricots rouges, banane plantain frite, viande hachée, œuf, manioc, tranche de couenne de porc frite, saucisse et ô miracle, un morceau d'avocat. On était apparemment au sommet de la gastronomie locale.

Il y a beaucoup de malbouffe ici (poulet frit, burgers...) et la nourriture la plus typique vendue dans la rue ou dans de petites échoppes reste les empanadas, des petits chaussons frits et fourrés, souvent à la viande. Pas hyper diététique. Ce qui est top par contre, c'est la multitude de stands de fruits qu'on peut acheter déjà préparés dans un grand gobelet pour 2000 pesos en général (70 cts). Avec toute cette nourriture de rue à emporter, l'utilisation de contenants à usage unique est très importante. Ici la chasse au plastique n'a pas encore commencé...

Papa rellena - Pastèque - Stands de rue

Pour poursuivre notre découverte de l'alimentation locale, on a fait un grand marché couvert avec d'énormes étals de fruits et légumes aux couleurs chatoyantes, de la viande et du poisson, des plantes décoratives et d'autres médicinales, des paniers en osier... On ne s'est pas trop attardés, c'est vite devenu oppressant de se faire alpaguer à chaque stand par de mécaniques « a la orden, a la orden ! » (qu'on a traduit par « à votre service »).

Marché couvert de la Plaza de Mercado de 7 de Agosto, sélection de fruits

Enfin, les supermarchés nous ont surpris par les tarifs de certains produits : shampoings 2 fois plus chers qu'en France, énormément de produits sont importés (Casino, Monoprix, Barilla, Lindt...) et donc plus chers que chez nous. Pour simplifier, tout ce qui nous faisait envie (olives, vinaigre balsamique, sauce tomate...) était hors budget et les produits locaux abordables étaient totalement américanisés (artificiel, sucre, colorants...). Elle est bien loin la gastronomie française ! Nos repas cuisinés à l'auberge étaient donc frugaux. On se demande vraiment, dans un quartier pas très riche comme celui où on logeait, qui peut se permettre de s'offrir des produits si chers...

On est en tous cas très pressés de faire notre premier workaway en immersion dans une famille paysanne, qui nous permettra peut-être de découvrir d'autres aspects de la gastronomie colombienne.


Le quartier de l'hôtel. Notre première impression de l'auberge a été cohérente avec le tarif du logement. Porte de chambre à fermer tant bien que mal avec un cadenas, matelas posé sur des vieilles palettes, fins murs de bois crevassés, sanitaires douteux... ah et les puces des chiens de l'hôtel dans le lit. Bref, on va dire que ça met dans le bain. S'il est possible de s'accommoder à pas mal de choses, on va être honnête, ça n'est pas le cas du bruit assourdissant de la circulation qui fait trembler les murs et de l'odeur des pots d'échappement dans la chambre. D'un autre côté, les jolies peintures murales et surtout l'ambiance chaleureuse de l'auberge étaient très séduisants. C'était aussi l'occasion de nous confronter à la langue espagnole et son florilège d'accents au quotidien. Un sacré défi !

Notre auberge de jeunesse à Bogota, quartiers Chapinero/Barrios Unidos

Les alentours de l'hôtel sont à son image : un peu décrépis, mais attachants. Ça grouille de vie. Des petites tiendas (épiceries locales) à foison, des échoppes d'empanadas à la pelle, des vendeurs ambulants et des petits stands à chaque coin de rue, tantôt vendant de la junkfood (chips, sodas et autres sucreries industrielles) tantôt des fruits frais (ananas, mangue, pastèque...). Dans cette effervescence stimulante, le commerce de proximité et l'art de rue sont rois.

Art de rue - recyclage de pneus
Eglise Notre-Dame-de-Lourdes, à deux pas de l'auberge

A quelques kilomètres de là, nous avons flâné dans de grands parcs très agréables. L'ambiance y était familiale et ces grands espaces verts nous ont permis de respirer un peu mieux. Le jardin botanique, assez sauvage, nous a permis de contempler d'immenses palmiers.

Jardin botanico Jose Celestino Mutis 

Quartier des affaires. Ce quartier contraste énormément avec ce qu'on a vu de la ville les jours précédents. Les bâtiments modernes, les travailleurs en costume et les promeneurs de chiens nous indiquent rapidement que le niveau de vie n'est pas le même ici. Les rues sont fleuries et soignées et de petits parcs rendent le quartier agréable.


La Candelaria. Historique et touristique, la Candelaria est le quartier le plus agréable qu'on ait visité. De nombreux graffitis embellissent les murs, les maisons sont très colorées et la vue sur les montagnes à chaque coin de rue est superbe. La grande plaza Bolivar était occupée par un marché en plein air à notre arrivée et des musiques locales étaient jouées sur une scène : ambiance festive assurée !

Les rues de la Candelaria 

Après avoir déambulé dans les petites rues, nous avons visité le Musée de l'Or, considéré comme un incontournable des attractions touristiques de la ville, à juste titre ! Parcourir ces galeries d'œuvres en or travaillées avec une impressionnante minutie par des civilisations disparues était aussi insolite que fascinant.

Museo del Oro 

Demain nous partons pour 2 semaines de workaway dans une ferme proche de la capitale. Nous repasserons ensuite par Bogotá quelques jours afin de mieux visiter la Candelaria, avant de nous échapper vers une autre région de Colombie.

Des bisous à tous !

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Salut les copains!

La première étape du voyage... a lieu avant le voyage ! Nous avons passé plusieurs mois à psychoter sur le type de périple, la / les destination(s), le matériel nécessaire, la façon de voyager (sac à dos ou valise?) etc.

Voilà donc le fruit de notre réflexion niveau équipement (ça peut servir à quelqu'un intéressé par ce type de voyage), en essayant d'optimiser l'équilibre entre le volume / poids des affaires et un certain confort. Nous sommes partis sur un périple type Backpacker pour avoir le plus de liberté de mouvement possible, en voyageant léger pour ne pas nous ruiner le dos au moindre déplacement à pieds.

Nous avons chacun emporté avec nous :

  • un sac à dos DEUTER (65+10 L pour Phill, 60+10 L pour moi)
  • un sac à dos d'appoint ultra-light (un 30L et un 10L)
  • une lampe frontale
  • une LifeStraw (paille filtrante qui permet de rendre potable 1000L d'eau)
  • un chargeur solaire (1 pour 2)
  • une pharmacie complète (Dont un traitement palu pour Phill, apparemment mon voyage au Pérou m'aurait immunisée...wait and see. On a aussi prévu un traitement contre le mal de l'altitude. Le reste est somme toute très classique et nous évitera les catastrophes habituelles liées à ce type de voyage.)
  • un appareil photo Reflex (+ trépied) et une sportcam (après de nombreuses hésitations pour l'appareil photo en raison de l'encombrement, du poids et de sa valeur, on a fini par craquer... avec les paysages qu'on va voir, ce serait frustrant de ne pas l'avoir!)
  • un tout petit ordinateur Asus (1 pour 2, poids :1kg)
  • un téléphone (1 chacun avec notre ligne française et 1 supplémentaire avec une ligne colombienne)
  • un couteau et un jeu de couverts légers
  • un duvet
  • une serviette de toilette très compacte
  • un chapeau, des lunettes de soleil
  • une paire de chaussures de rando, une paire de baskets plus légères, une paire de tongs
  • 1 polaire, 1 pull, 1 k-way, 3 pantalons, 3 shorts, 10 t-shirts, sous-vêtements
  • affaires de toilette

Concernant la destination, notre choix de la Colombie comme « pays de base » s'est fait à partir de la liste des pays où l'on peut voyager avec un VISA PVT (Permis-Vacances-Travail). Ce VISA permet de rester 1 an dans le pays avec autant d'entrées et sorties du territoire qu'on veut, et autorise à travailler légalement. L'Amérique Latine nous attirait entre autres pour sa richesse en vestiges de civilisations anciennes et on a eu pas mal d'échos positifs sur la Colombie, bien éloignés de l'image qu'a encore le pays de zone dangereuse baignant dans la drogue, les trafics et les bandes armées : accueil et gentillesse des locaux, facilité à les comprendre quand on ne maîtrise pas très bien l'espagnol, beauté des paysages... La localisation du pays a été un plus aussi, par la proximité de pays qu'on aimerait visiter au cours de l'année (Mexique, Pérou, Bolivie, Chili).

Les démarches d'obtention du VISA ont été assez simples et se sont bien déroulées : après la constitution d'un dossier de candidature on a eu un rdv au consulat à Paris et le VISA nous a été délivré sans encombres.


Un grand merci à tous ceux qui ont rendu ce voyage possible par leur soutien.

En route !!

Maïté & Phill