Carnet de voyage

Los Pelzou en America Latina

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Dernière étape postée il y a 1750 jours
Nous avons troqué notre routine française pour un an d'aventure en Amérique Latine en sac à dos. Nature sauvage, civilisations disparues et découvertes en tout genre...
Juin 2017
365 jours
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Publié le 22 août 2018

La promesse de sommets enneigés et de lagunes a suffi à nous motiver à faire le trek de Santa Cruz malgré les risques importants de pluie dus à la saison. Étant en saison basse dans une région pas aussi touristique que celle de Cusco, on a la chance de se retrouver dans un chouette petit groupe via l'agence Caleb Expeditions. On est seulement 4 touristes (2 Hollandaises nous accompagnent), un jeune guide et un muletier, tous très sympas.

Du fait de notre petit nombre, plutôt que de nous mettre à disposition un minibus privé, nous partons en mini-bus collectif. Il faut le vivre pour s'en rendre compte, mais c'est déjà toute une aventure de se retrouver dans un vieux véhicule serrés comme des sardines avec des campagnards qui parlent moitié quechua, moitié espagnol à travers des dentitions très clairsemées. Les regards vers nous ne sont pas rares, on ne sent pas de manque de respect ou d'hostilité mais plutôt de la curiosité amusée. Quand le colectivo (sans ceinture de sécurité évidemment) commence à s'enfoncer dans les montagnes à travers des sentiers en tête d'épingle sans aucune barrière, on retient notre souffle. On est également subjugué par la beauté du panorama qui défile sous nos yeux. Bien que ce ne soit pas son rôle, le chauffeur nous laisse faire un arrêt photo à plus de 4700m d'altitude. Encore quelques heures de route avant le démarrage du trek...

Arrêt photo pour se mettre dans le bain, ça promet ! 

JOUR 1

Pour la première journée, on fait le plein de nature. La marche est agréable avec peu de dénivelé, on se promène 4h. C'est très beau, très vert et on ne croise personne sur les sentiers. Plus on s'approche du campement, plus la neige apparaît sur les sommets. On a de la chance avec la météo, le soleil nous accompagne toute la journée.

Jour 1 dans les vertes prairies

Au loin, on aperçoit nos tentes déjà installées par notre très efficace muletier dans un cadre somptueux, à 3870m d'altitude. Quelle joie d'arriver sur un campement improvisé en pleine montagne, entre nous, sans une seule autre tente à portée de vue. Une boisson chaude et un goûter nous attendent, on est traités comme des rois. Le soir venu, le froid commence à se faire sentir et on se regroupe tous dans la « tente-salon » autour de la marmite de soupe bouillonnante. On donne un coup de main en écossant les petits pois, l'ambiance est au top !

Campement jour 1 

JOUR 2

Au petit matin, on est ravi d'être avec une agence sérieuse qui a du matériel de bonne qualité. Toute la nuit, une pluie diluvienne doublée d'un froid de gueux se sont déchaînés sur la vallée, nous faisant craindre l’inondation de la tente. Secs mais frigorifiés, on se regroupe dans la tente commune où un petit-déjeuner nous attend. On se demande comment le guide et le muletier ont pu passer la nuit ici, il n'y a pas de revêtement de sol et on patauge dans d'énormes flaques.

Nos mules et des veaux en vadrouille viennent se frotter à la tente de bon matin, en quête d'interactions. On les couvre bien sûr de grattouilles avec joie.

Visiteurs du matin 

Nous commençons la marche par un temps sec mais très froid. Après les récentes pluies, la nature nous offre le spectacle de puissantes rivières et de généreuses cascades.

Jour 2 

On prend plaisir à voir évoluer les paysages à mesure que nous avançons. Peu à peu la végétation se raréfie pendant que la neige sur le sol gagne du terrain. Quand nos ânes nous passent devant, on sent un mélange de peine de leur infliger cet exercice et d'admiration. Largement plus adaptés et puissants que nous, la marche semble moins entamer leur endurance que la nôtre.

Jour 2, les pieds dans la neige 

On avance tranquillement dans ce paysage montagneux saupoudré de neige. On ne croise absolument personne et le temps se maintient sans pluie, que demander de plus ! C'est magnifique, et on n'est pas au bout de notre émerveillement.

Jour 2

L'ascension qui nous emmène à Punta Union, point le plus haut de la journée à 4750m, nous en fera baver comme rarement. Niveau cardiaque, c'est très dur : les pauses s'imposent très régulièrement et après quelques pas en montée on est à nouveau à bout de souffle. Plus on monte, plus la neige tombée fraîchement cette nuit est présente. Sur le chemin elle a fondu, c'est assez glissant...

Ascension vers Punta Union 

Une fois en haut, le spectacle est incroyable. Ce panorama, après avoir tant souffert dans la montée, fait probablement parti des plus belles choses que nous avons vues durant notre année de voyage. On contemple dans un silence religieux puis c'est l'heure du casse-croûte, on a besoin d'énergie. De temps à autres, de lointaines avalanches se font entendre.

Point de vue de Punta Union 

Après une descente de deux heures sur un chemin pré-colombien innondé et en escalier, on voit apparaître notre deuxième campement situé à 4250m d'altitude. Comme la veille, le cadre est idylique. Il y a quelques autres tentes aux alentours mais ça n'enlève rien à l'immersion en pleine nature.

Campement jour 2 

JOUR 3

Après un petit déjeuner et quelques papouilles aux ânes qui sont décidément des animaux très attachants, on se met en route vers une lagune décrite par notre guide comme une des plus belles de la région. Le parcours est très joli, on retrouve de belles forêts. Au loin parmi les montagnes, on aperçoit le pic d'Artesonraju qui aurait inspiré le célébrissime logo du studio Hollywoodien Paramount Pictures.

Début du jour 3 

Une dernière montée pour couronner 2h30 de marche, et nous voilà à 4450m d'altitude, complètement émerveillés devant la taille et la couleur turquoise de cette belle lagune. Un bon moment pour claquer quelques photos, manger un morceau et simplement contempler.

Jour 3, Laguna Arhuaycocha 

On redescend de la lagune par le même sentier, ça n'est que la première partie de notre randonnée du jour. Il reste encore beaucoup de chemin !

Descente depuis la lagune et casse-croûte 

On arrive alors au creux d'une vallée balayée il y a quelques années sur toute sa longueur par l'éboulement d'un pan de montagne au creux duquel se nichait une lagune. Là où nous marchons, le paysage a été bouleversé par cette énorme coulée de terre, de roches et d'eau. Du sable recouvre le sol à perte de vue, des arbres sont à moitié ensevelis et d'autres ont été déracinés et emportés.

Sur la coulée 

Après cette longue traversée du désert, on longe une jolie lagune. On fait une halte, la fatigue commence à vraiment se faire sentir. Des vaches curieuses mais timides s'approchent de nous tout en gardant leurs distances. Une dernière ligne droite conclut cette looongue journée de marche avant d'arriver au camp, à 3840m d'altitude.

Fin du jour 3 et arrivée au camp 

JOUR 4

La dernière journée consiste en 3 heures de descente jusqu'à 3100m d'altitude, le long de la rivière Cashapampa. Encore une fois, on remarque les changements de type et de densité de végétation en fonction de l'altitude. Les arbustes ras du début de la randonnée se transforment au cours de la descente en jungle.

Jour 4 

Pour clôturer ce trek en beauté, notre guide nous propose une virée dans une source d'eau chaude très peu fréquentée, dans un cadre sauvage. L'idée nous plaît, on se laisse entraîner. Sur place, c'est la douche froide !! Les bassins thermaux sont en pleine construction et le site est à la fois un chantier et un dépotoir. Bouteilles de shampoing, canettes de bière... les déchets défigurent le lieu.

Sources naturelles d'eau chaude... 

Cette grosse semaine dans les magnifiques environs de Huaraz nous aura offert de somptueuses balades et marque un terme à notre passage dans les montagnes Péruviennes. On garde des souvenirs magiques de cet incroyable trek.

Place à la détente et au soleil, nous partons sur la côte Pacifique en quête de sites archéologiques, de plages et de chaleur pour finir notre voyage en beauté !

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Après un trek de 5 jours de marche et des nuits trop courtes, une grasse matinée n'aurait pas été de refus avant d'entamer cette étape. Mais ce sera pour une autre fois, le réveil sonne à 4h30. On se rend à l'aéroport de Cusco pour un vol jusqu'à Lima, on partira ensuite à la découverte du Nord du Pérou. Les bagages déposés et l'enregistrement effectué, on arrive en salle d'embarquement pour apprendre que... notre vol est annulé à cause du mauvais temps. On ne se doutait pas au moment d'acheter le billet d'avion qu'en choisissant Viva Air, LA compagnie low-cost par excellence, on prendrait le risque de ne pas pouvoir décoller si la météo n'était pas optimale ! C'est d'autant plus frustrant de voir que toutes les autres compagnies font décoller leurs avions pour Lima... Le prix d'un nouveau billet chez la concurrence excédant largement notre budget, on se résigne à prendre le bus et encaisser de nouveau... 22h de route.

Après une petite nuit d'escale dans un hôtel de la capitale, on repart pour une dizaine d'heures de bus. Notre destination finale : Huaraz, le point de départ de nombreuses randonnées dans les monts enneigés de la Cordillère Blanche.


Autant dire que quand on arrive à Huaraz, on est cuits et on aspire à un peu de confort. Évidemment, l'hôtel qu'on avait réservé en est absolument dépourvu. C'est sale, incommode, bruyant et excentré. Et en plus, le patron français nous paraît pénible et intrusif. Cette fois-ci on ne s'en accommode pas et le lendemain, on pose nos bagages pour quelques jours dans un hôtel plus sympa. On approche de la fin du voyage et on supporte moins bien les mauvaises conditions qu'au début de l'aventure !


Les klaxons, c'est la première chose frappante quand on arrive à Huaraz. Et ça se vérifiera jusqu'à la fin du séjour : les péruviens du Nord sont atteints d'un grave trouble obsessionnel compulsif du klaxon. Un virage, un klaxon. Un feu vert ou même rouge, un klaxon. Un passant, un klaxon. Un chien errant (et il y en a beaucoup), un klaxon. De la pluie, un klaxon. Une mouche qui pète, un klaxon. C'est drôle 1 minute, mais passé ce délai, Phill a flirté avec la crise d'épilepsie chaque jour passé dans ce brouhaha bruyant et pollué.

La ville de Huaraz est située à plus de 3000m d'altitude dans la cordillère des Andes. Victime d'un terrible tremblement de terre en 1970 causant la mort de plus de 75 000 personnes, la ville a été reconstruite sans porter la moindre attention à la rendre jolie. Heureusement, on a pu se trouver un petit coin piéton agréable avec quelques restaurants. On y a passé de bons moments entre deux excursions. Tout n'est pas fabuleux dans la gastronomie péruvienne, mais elle a le mérite de proposer un choix de menus plus varié qu'en Colombie. S'éloigner des plats locaux peut par contre s'avérer dangereux, on garde un souvenir stupéfait d'une pizza pas cuite du tout, la pâte baveuse s'étirant tant qu'on ne pouvait pas la couper, et la serveuse nous assurant que la cuisson était bonne et que l'élasticité venait du fromage... On fait renvoyer au cuistot cet affront à la cuisine italienne. Dix minutes plus tard, la serveuse revient et nous sert la même pizza en charpie passée au four directement sur son assiette, encore plus pâteuse. C'en est trop, on quitte le resto !

Plats qui tachent, patte de poulet bouillie et énormes gâteaux au sucre et aux colorants typiques d'Amérique Latine
Après le klaxon et le poulet frit, l'autre superstar du coin, c'est Jésus 

L'objectif de notre venue n'était évidemment pas le côté urbain, mais plutôt un trek de 4 jours dans la cordillère blanche. Afin de se ré-acclimater à l'altitude, on prévoit deux excursions de préparation.


On commence tranquillement avec la Laguna Wilcacocha sur la cordillère noire faisant face à la cordillère blanche. Pour atteindre cette lagune à 3700m d'altitude, on marche quelques heures sur des petits sentiers ruraux en empruntant les chemins qui nous paraissent les moins risqués. Comme souvent en Amérique Latine, le gros bémol des randonnées en campagne reste les chiens ultra-territoriaux des habitants. Ils peuvent faire preuve d'une agressivité assez angoissante. Malgré nos précautions et un bâton à la main, un animal de la pire espèce nous agressera, verbalement du moins. Hé oui c'est bien un humain qui nous a fait le plus peur ce jour là, un vieil agriculteur transpirant de haine à l'idée de devoir partager sa montagne avec un nombre grandissant de blancs (enfin, de voyageurs). A quelques mètres de nous, planté sur le sentier, il nous insulte et nous menace de nous jeter des cailloux si on ose prendre l'âne du champ d'à côté en photo. Pour la peine, on en a pris une.

L'âne interdit et la chenille qu'on ne touche qu'avec les yeux

Arrivés à la lagune, on entame notre pause casse-croûte, et comme pour nous faire mentir sur ce qu'on venait de dire sur les chiens, deux toutous tout foufou nous accueillent chaleureusement. La lagune est plutôt quelconque et la vue sur la cordillère blanche est jolie même si elle est peu dégagée. C'est surtout pour habituer son corps en douceur à l'effort en altitude que cette balade est à faire.

Picnic à la lagune Wilcacocha avec vue sur la cordillère blanche

Le deuxième jour, on passe par une agence pour nous emmener au Glacier Pastoruri à 5200m d'altitude. On coupe les 3 heures de route avec un arrêt à Puma Pampa, une source d'eau gazeuse située sur une plaine bordée de montagnes. Au milieu des herbes rases et sèches typiques de l'altiplano, la Puya Raimondii ne passe pas inaperçue avec sa taille imposante et sa forme arrondie et piquante. Lors de son unique floraison, entre son 40ème et son 100ème anniversaire, la plante produit une imposante hampe florale qui peut atteindre une dizaine de mètres avant de mourir.

La Puya Raimondii peut atteindre jusqu'à 15m de hauteur.

En reprenant la route, la végétation se raréfie jusqu'à quasiment disparaître à notre arrivée au parking. A la descente du minibus, on est immédiatement saisis par un froid glacial. On n'est pas au bout de nos peines, parce qu'à 5200m d'altitude, l'oxygène est rare et la marche de 40 minutes toute en montée est vraiment rude. Au début de la balade, le paysage est entièrement gris.

En route vers le glacier 

Lorsqu'on arrive au glacier, on peut enfin contempler l'épaisse couche de glace bordant de petites étendues d'eau. C'est impressionnant mais la fonte des glaces laisse de plus en plus de place à la roche noire dans le paysage, on se retrouve face à un glacier plutôt déplumé. Avec le réchauffement climatique, on prévoit la disparition totale du glacier d'ici peu. Il y a quelques décennies, il fallait simplement marcher 5 minutes pour avoir les pieds sur la glace...

Glacier Pastoruri, 5200 m d'altitude 

Après ces deux randonnées et un peu de repos, on se prépare avec excitation au départ du trek de Santa Cruz dans la haute Cordillère Blanche. Jusqu'au dernier moment on hésite à annuler, Maïcita étant dans un état de santé franchement incompatible avec un trek en si haute altitude, mais l'envie d'une immersion en pleine nature dans des paysages enchanteurs prend le dessus sur cette pénible fièvre.

Le récit du trek au prochain épisode !

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Nous arrivons à une étape cruciale et très attendue du voyage : le trek du Salkantay et la visite du Machu Picchu. Pour faciliter la logistique et l'organisation, on a choisi de laisser la main à une agence qui a planifié entièrement les cinq jours d'aventure. Notre groupe de 18 personnes sera épaulé par deux guides, un cuistot et un muletier. C'est aussi pour le "bien-être" des gentils quadrupèdes portant nos affaires qu'on choisit une agence nous paraissant sérieuse. Quelques jours avant le départ, le patron de l'agence OkiDoki nous fait un épuisant briefing de 2 heures pour nous expliquer en détail chaque étape en prenant soin d'insister sur le fait qu'avec lui, il n'y a JAMAIS de mauvaises surprises. Nous voilà rassurés.

Le jour J, nous partons à 4h30 du matin de l'hôtel en bus vers le point de départ de la randonnée.

Jour 1 : 12km, 5h

Perchés à 3600m d'altitude dans un décor montagneux, on mâchouille quelques feuilles de coca pour éviter le mal des montagnes et on part pour 5h de marche. Pas de difficulté, on arrive à notre premier camp de base à 4200m.

Premier jour - camp de base

Cette première journée donne le ton pour les suivantes : le groupe est divisé en deux, les mous du genou qui se plaignent tout le temps et sont incapables de respecter les horaires, et les autres. On croise d'autres groupes sur le chemin et le camp de base, comme les suivants, accueille beaucoup de randonneurs. On est très loin de se sentir seuls au monde mais on se rattrapera plus tard sur cet aspect, lors d'un autre trek au nord du Pérou. Le gros avantage des refuges en dur, c'est que nos tentes sont bien à l'abri sous un toit. Vu le froid, le vent et l'état du matériel, c'est une très bonne chose. L'ambiance est sympa et on est chouchouté, les repas sont copieux.


Jour 2 : 22km, 9h

Le deuxième jour, un épais brouillard s'invite à la fête alors qu'on attaque les 22km de marche. Après une longue ascension entrecoupée de pauses pour reprendre son souffle, on arrive au point culminant de 4630m ! A peine arrivé, on se couvre bien car le vent souffle ici. On savoure la fin de l'effort mais la météo ne nous fait pas de cadeau : au lieu des immenses sommets enneigés qu'on attendait, on ne voit que la partie basse des reliefs blancs. Tout le reste est englouti dans la purée de pois... Après une petite pause, le groupe est particulièrement dispersé. On finit par partir en effectif réduit avec la gentille "guide secondaire" pour une nouvelle montée jusqu'à une jolie lagune au milieu de rien. On sera les seuls à la voir avant qu'elle ne se fasse avaler par les nuages !

Jour 2, première partie 

Une pluie diluvienne nous surprend peu de temps avant notre arrivée au refuge pour la pause repas. Les derniers du groupe arriveront longtemps après nous, trempés jusqu'aux os.

On entame ensuite la longue descente à travers la vallée. Les jambes fatiguent un peu, c'est la journée la plus intense niveau dénivelé : partis le matin de 3912m, nous sommes montés à 4650 puis redescendus jusqu'au camp de base à 2900m. On croise régulièrement la route de groupes de mules qui acheminent les affaires des randonneurs d'un camp à l'autre.

Jour 2, descente 

Jour 3 : 15km, 6h

Les intempéries de ces derniers jours ayant provoqué des éboulements, notre chemin à travers la jungle est impraticable. On emprunte une route alternative moins pittoresque mais qui aura le mérite de nous offrir des vues sur de très nombreuses cascades et rivières, témoins de l'intense activité pluviale. Il fait chaud, les moustiques sont de la partie et on se fait régulièrement rincer. Mais la bonne humeur est là, ambiance colonie de vacances assurée.

Journée jungle 

A notre arrivée au camp, un festin de rois nous attend (par rapport aux repas précédents, c'est 5 étoiles). D'adorables chatons et leur maman assurent le spectacle. Après une longue pause, on part tous se délasser dans les eaux brûlantes de la station thermale Santa Teresa.

Détente... 

Pendant que les groupes de touristes se relaxent dans l'eau chaude ou un cocktail à la main, notre jeune guide, jusque là sympa mais avare en explications, a décidé de picoler plus que de raison avec son collègue. De retour au camp pour le dîner, le spectacle est pathétique : d'une voix chevrotante, il peine à expliquer la journée du lendemain dans un anglais calamiteux tout en tenant difficilement debout. De toute évidence, il est complètement beurré et son alcoltye est parti se coucher avant de manger sans rien expliquer à son groupe. Quel professionnalisme !

C'est aussi au moment du repas qu'on nous fait la promotion d'une activité facultative pour le lendemain : un parcours de tyroliennes, ponts de singe et escalade, vidéos époustouflantes à l'appui. Devant l'enthousiasme général du groupe, Virginie et Maïcita se laissent facilement entraîner et signent. Phill et Cyril, beaucoup moins convaincus, préféreront l'option marche.


Jour 4 : 15 km, 7h

Dernière journée avant le Machu Picchu ! Pendant que Phill et Cyril font leurs 4h de marche le long des rivières, les filles prennent un mini-van pour commencer leur session sensations fortes. Le temps est menaçant, jusqu'au dernier moment on a peur de passer la journée sous la pluie. Finalement, la matinée se déroule sans une goutte. C'est l'éclate totale, les 6 immenses tyroliennes (la plus longue : 510m, la plus haute : 250m au-dessus du sol) et le pont de singe de 90m donnent des vues géniales sur les vallées. En bonus, la portion d'escalade a été un défi physique.

Parcours vertigineux 

Retrouvailles devant une binouze bien méritée dans un restaurant, puis c'est parti pour la dernière étape avant le fameux Machu Picchu. On attaque 3h de marche sur des cailloux le long des rails menant à Aguas Calientes, le village le plus proche du Machu Picchu. Le climat est tropical, plusieurs épisodes pluvieux ponctuent notre "pélerinage" vers la Cité Inca.

Alors que le site accueille près de 2 millions de touristes par an, on est étonné de constater que pour le rejoindre, on ne dispose que de deux options : prendre un train à un tarif très élevé, ou alors cette inconfortable mais jolie marche. On croise ainsi des marcheurs de tous âges longeant les rails. La sécurité n'est pas à son maximum, les trains passent parfois très près de nous et les traversées de rivières sont périlleuses. Impossible d'imaginer l'équivalent en France sans aménagement facilitant l'accès à un tel site. Ça aura eu le mérite de pimenter la balade.

Dernière ligne droite jusqu'à Aguas Calientes 
Sécurité maximale !

La joie qu'on ressent à notre arrivée au village est assez intense. On va pouvoir dormir dans un lit, prendre une douche, se reposer les jambes (on en a vraiment plein les pattes)... Le retour à la civilisation fait du bien. Et puis on ressent une réelle excitation à l'idée de visiter le Machu. On profite des dernières heures de jour pour visiter le village et acheter de quoi se nourrir le lendemain. On essaie de se coucher tôt, une énorme journée nous attend !!

Aguas Calientes 

Jour 5 :

Quand le réveil sonne, il fait encore nuit noire. Il est à peine 3h30, mais c'est ce qu'il faut pour être dans les premiers. Le portail ouvre à 5h et on est au tout début de la longue file d'attente. Machu Picchu, qui signifie Vieille Montagne, a été construit dans les hauteurs. La plupart des touristes prennent un bus pour la gravir, pour nous ce sera l'option warrior, plus immersive : grimper les 1800 marches du petit sentier inca qui mène au sommet. Le tout à la lampe frontale évidemment puisque le soleil n'est pas encore levé. L'ambiance est surréaliste, dans un silence complet une masse de touristes se met en branle à l'ouverture de la grille pour gravir la montagne. On ne l'a pas fait que pour l'exercice physique, emprunter ces marches fabriquées et gravies par les Incas eux-mêmes pour accéder à leur cité avait un certain sens. On a donné tout ce qu'on a pu pour arriver au plus vite au sommet, totalement trempés de sueur. En 45 minutes, les 1350 mètres de dénivelé étaient derrière nous. Au cours de l'ascension, la nuit noire a laissé place à une aube brumeuse, on marchait dans les nuages...

Paysages embrumés en grimpant les marches

L'arrivée aux portes du Machu Picchu a une saveur un peu amère, on est tiré de notre rêve éveillé par des dizaines de cars déversant un flot de touristes tous frais... enfin, c'est le jeu. On pensait qu'on pourrait entrer dès notre arrivée mais non, les portes n'ouvrent qu'à 6h. On respire un peu dans la file d'attente puis c'est reparti pour la course vers le Machu. Ça grimpe encore un peu mais on ne lâche rien, on veut pouvoir profiter quelques instants du lieu vierge de touristes.

C'est à ce moment qu'on profitera le plus de la vue, le paysage est hallucinant. La cité entourée de montagnes semble émerger de la jungle, drapée dans une fine brume mystérieuse. Le silence règne, on est fasciné. Phill ayant tellement entendu parler du Machu Picchu et Maïté l'ayant déjà visité, on aurait pu craindre une déception mais il n'en fut rien. Arrivés au mirador, c'est la claque absolue. Les nappes de nuages couvrent et découvrent les ruines encore calmes en un ballet hypnotisant.

Premiers moments au Machu Picchu 

L'emplacement de ce site est à lui seul une prouesse inimaginable. Et c'est aussi pour cela qu'on ne peut qu'encourager à gravir ces 1800 marches pour se rendre compte de l'exploit incroyable que les incas ont accompli en bâtissant cette cité, dont aujourd'hui encore on ne sait que peu de choses.

Après ces premiers pas magiques dans les hauteurs du site, on se promène sur quelques sentiers, fuyant la foule envahissant déjà les ruines. Il n'est que 7h du matin.

Balade au calme, sur les pas des Incas 

Après s'être égarés avec plaisir dans les hauteurs, on s'enfonce dans les dédales des ruines à la recherche de notre groupe et du nouveau guide (remplaçant du premier, complètement HS) qui s’avérera excellent. Il nous explique le rôle supposé des temples et outils d'étude astronomique, bien qu'il n'y ait pas encore de certitude quant aux fonctions de cette cité hors norme.

Le site n'ayant pas été découvert par les colons espagnols, on a la chance de pouvoir profiter de ruines extrêmement bien conservées. Avec pas loin de 2 millions de touristes par an, les conditions de visite sont de plus en plus strictes afin de conserver le lieu dans le meilleur état.

Dans les ruines du Machu Picchu 

On retourne vers les points de vue sur la cité le temps d'une éclaircie, on fait la balade du Pont de l'Inca et il est déjà l'heure de repartir.

Balade vers le pont de l'Inca 
Apparition du soleil 

La marche le long des rails nous attend à nouveau, cette fois-ci c'est un peu en descente donc ça va plus vite. On reprend des forces avec de délicieuses bananes roses, c'est la première fois qu'on en mange.

Retour case départ 

On arrive complètement épuisés au point de rendez-vous d'où un mini-bus terriblement inconfortable nous ramènera à Cusco. Sept longues heures de route plus tard... on retrouve notre hôtel où il est temps de dire au revoir à Virginie et Cyril qui rentrent en France après ces deux semaines de voyage (il y en a qui travaillent !). Le lendemain, encore un réveil très tôt, nous devons prendre l'avion jusqu'à Lima pour ensuite nous diriger vers le Nord du pays. Evidemment, les choses ne se passeront pas comme prévu...

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L'itinéraire de notre voyage s'est parfois dessiné au dernier moment au gré des envies, des découvertes et des visites de nos proches. Mais s'il y a bien un lieu sur lequel on n'aurait jamais fait l'impasse, c'est Cusco et ses fabuleuses ruines dont le Machu Picchu.

Pour des passionnés d'aventure, de nature et d'archéologie, le berceau de la civilisation Inca est une étape indispensable.

Cusco est une ville construite sur les ruines d'une capitale pré-colombienne quasiment totalement détruite. De nombreux restaurants, boutiques et sites touristiques font du centre-ville un quartier vivant et agréable. La jolie place centrale est animée à toute heure, un après-midi on y voit des enfants en uniforme qui s'entraînent à défiler. Dans les hauteurs on profite d'une vue sur les toits en tuile, plutôt rares en Amérique Latine.

Cusco 

On découvre aussi, parfaitement fondus dans les constructions modernes, de superbes murs en pierres parfaitement taillées, symboles du savoir-faire architectural unique des Incas. On s'attarde devant la célèbre pierre aux 12 côtés qui met en évidence la complexité et la précision des techniques de taille. Les quelques rues piétonnes sont un vrai soulagement pour s'abriter des sempiternelles odeurs de pots d'échappement qui nous suivent tout au long du voyage.

Murs incas dans la ville de Cusco - pierre à 12 côtés

On ne se lasse jamais du plongeon habituel dans le marché populaire, véritable dépaysement pour tous les sens. A l'heure du petit déjeuner, les locaux de tous niveaux sociaux se retrouvent aux stands/traiteurs pour manger des soupes carnées et de copieux plats salés.

Marché populaire de Cusco 

Encore plus qu'en Colombie, les chiens errants peuplent la ville. Certains paraissent en forme mais on a toujours le cœur fendu en voyant toutes ces maigrichonnes toutounes allaitantes.

Pour nous acclimater aux 3500m d'altitude de Cusco en douceur, on passe un peu de temps dans cette capitale touristique et on en profite pour visiter quelques musées. Celui du Machu Picchu est essentiellement composé de photos passionnantes de l'expédition durant laquelle le site fut (re)découvert au début du XXe siècle. Rêveurs, nous imaginons la vie passionnante de l'explorateur Hiram Bingham.

Musée du Machu Picchu 

On visite également le Musée du temple du soleil. Les restes Incas sont modestes, seuls quelques murs aux pierres ajustées au micron témoignent d'un riche passé. On tente d'imaginer la beauté du temple avant qu'il ne soit en partie détruit et recouvert d'une église coloniale. La confrontation entre les deux styles architecturaux mêlés si étroitement est étonnante.

Temple du Soleil 

Pour finir notre découverte de la ville, on gravit la tour de l'Inca, œuvre contemporaine bâtie en l'honneur de ce peuple pré-colombien. Du sommet, on peut voir le paysage urbain qui s'étale à perte de vue.

Tour de l'Inca 

Les Incas ayant considéré Cusco comme « Le Nombril du Monde », la région avait une importance capitale et les sites archéologiques sont très nombreux dans toute la vallée sacrée.


On commence les visites par Sacsayhuaman, une forteresse en forme de tête de puma (vue du ciel), connue pour la taille phénoménale des pierres utilisées pour la muraille extérieure. On se demande comment des humains ne maîtrisant a priori ni roue ni outil élaboré ont pu sculpter et encastrer sans aucun ciment ces puzzles en 3D de blocs monolithiques gigantesques. Le plus lourd atteignant le poids difficilement concevable de 350 tonnes et les carrières se situant à des dizaines de kilomètres, ce site défie l'entendement.

Sacsayhuaman 

Ça mérite bien une citation d'un colon espagnol du XVIe siècle à propos de cette cité : « Dans tout le pays, vous ne trouverez pas de murailles aussi magnifiques. Elles sont composées de pierres si grandes, que personne ne peut croire qu'elles y aient été amenées par des êtres humains... Ni l'aqueduc de Ségovie, ni aucune autre construction réalisée par Hercule ou par les Romains ne peut être comparée à celle-ci. »


On continue dans l'incroyable avec la visite de Moray, un véritable laboratoire agricole à ciel ouvert. Cet ingénieux système de terrasses permet de créer des micro-climats pour étudier le développement des plantes dans différentes conditions. On a beaucoup apprécié l'esthétique de ces cercles concentriques couverts d'herbe.

Moray 

L'émerveillement est à son comble quand on arrive aux salines de Maras, construites à flanc de montagne. Cette source d'eau salée, étonnamment située en pleine montagne, est ainsi exploitée depuis des générations. Le spectacle est surnaturel !

Salines de Maras

Arrivé à Pisac, on a l'agréable surprise de découvrir un grand marché de produits artisanaux. Certains diront que la ville a un peu trop joué la carte du tourisme avec tous ces étals, mais on a passé un agréable moment tous les 4 à faire nos emplettes.

Marché de Pisac 

Après un bon menu du jour comme on les aime, on négocie un taxi pour aller au site archéologique perché au sommet de la montagne. Le site étant très étendu, il nous aurait fallu une demi-journée de plus pour visiter tous les dédales. On a parfois eu du mal à trouver notre chemin, une complication qui donne à la promenade des allures d'exploration pas déplaisantes.

Pas de temples majeurs à la sauce Maya/Aztèque ou de constructions à la précision chirurgicale, néanmoins les maisons en ruine et les nombreuses terrasses agricoles ont un certain cachet. Bien que la photo n'illustre pas sa grandeur, de l'autre côté de la montagne se trouve le plus grand des cimetières inca (a priori plus de 10 000 tombes), situé dans la paroi escarpée. Les innombrables trous que l'on voit depuis notre poste d'observation sont la trace indélébile de pillages sur plusieurs générations, les dépouilles Inca étant accompagnées de bijoux et autres objets de valeur (cf dernière photo de la série).

Ruines de Pisac 

On termine cette visite de la vallée sacrée de Cusco avec Ollantaytambo, une forteresse Inca siégeant au sommet de nombreuses terrasses agricoles. On retrouve les particularités des murs typiques Incas avec les pierres assemblées en puzzle et leurs étranges « poignées ». Une fois de plus, les Incas ont su adapter leurs constructions aux formes des montagnes, parfois très abruptes.

Ollantaytambo 

Après ce tour d'horizon des principaux sites de la vallée sacrée, changement de rythme pour la suite du voyage avec Cyril et Virginie : nous partons pour un trek de 5 jours qui nous mènera au célébrissime Machu Picchu !

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Pour rejoindre notre destination Arequipa, on s'offre un trajet « de luxe » avec la compagnie de bus Cruz del Sur. Elle est plus chère que la concurrence mais à ce stade du voyage, on opte pour le confort des sièges et surtout du silence. Dans les bus des autres compagnies, les télés avec le volume à fond la caisse imposé à tous les passagers pendant tout le trajet ont eu raison de notre patience. Les paysages qu'on voit par la fenêtre dénotent : c'est très sale et bruyant.

Bus de luxe dans quartiers pauvres 

Après une petite nuit à Arequipa (on prendra le temps de visiter cette jolie ville plus tard), on repart déjà vers notre prochain défi : un trek de 3 jours sans guide dans le second canyon le plus profond du monde. D'une profondeur de 3400m au maximum, le canyon de Colca est reconnu pour l'accessibilité des randonnées qu'on peut y faire car le chemin y est plutôt clair et qu'il y a plusieurs petits villages étapes qui permettent de passer la nuit sans avoir à se poser trop de questions logistiques et matérielles (tentes, sacs de couchage, nourriture...).

On passe 6h dans un bus inconfortable pour arriver à Cabanaconde où une nuit de repos nous attend. A notre arrivée, il fait nuit et une pluie battante s'abat sur le village. L'hôtel que nous avons réservé est plongé dans le noir, personne ne nous répond. Plantés là sous l'averse, on en vient à se demander si c'est une escroquerie ! Après 30 minutes à tambouriner à la porte, les gérants paraissant émerger d'une sieste nous ouvrent. Pas d'excuse, on dirait que pour eux c'est normal !

Le soleil se lève tout juste lorsqu'on attaque cette première journée. 11km de marche nous attendent jusqu'au fond du canyon.

Le début de la rando est incroyablement beau, onirique. Les couleurs chaudes des lueurs matinales rayonnent sur la mer de nuages en contrebas dans le canyon. On rêvasse quelques temps en arrivant au mirador puis il faut repartir, ça n'est que le début.

Trek de Cocla jour 1 

Après la rêverie, les choses sérieuses commencent avec 1200m de dénivelé négatif sur des sentiers rocailleux. Après un petit passage dans un épais brouillard, on finit la descente avec les jambes en coton et les articulations douloureuses, sous un beau soleil.

Trek de Cocla jour 1  

Après 4h30 de marche à un bon rythme (et une petite grimpette pour finir en beauté), on arrive à l'auberge de Llahuar où on a prévu de passer la nuit. Il est tôt, ça permet de se reposer et de se détendre les pattounes dans les bains bouillants près de la rivière. Le paysage est vraiment atypique : l'auberge ne fait pas partie d'un village, elle se trouve perdue au milieu de rien, au bord de la rivière qui coule au fond du canyon. On passe la nuit dans une petite cabane jaune.

Arrivée à Llahuar - cabanes - source d'eau chaude 

Le deuxième jour s'annonçait comme le plus tranquille. Les jolies vues sur le canyon et sur le sentier bordé de cactus baignés par la lumière naissante du jour se changent vite en une véritable purée de pois nous laissant avec une visibilité de quelques mètres devant nous seulement.

Au cours d'une très longue montée, on est arrêté par des locaux faisant tomber d'énormes rochers sur la route. « Vous ne passerez pas ! » qu'ils nous disent. On se serait cru dans Le Seigneur des Anneaux. Le village très isolé du coin est en colère et le fait savoir en bloquant tout passage de véhicules ou de piétons sur leur montagne. Devant notre mine déconfite de gentils randonneurs innocents, ils nous laissent passer en nous disant que nous sommes les derniers de la journée à franchir la route. Vu les heures passées à monter, on ne se voyait pas rebrousser chemin pour trouver une autre voie encore plus tortueuse.

 Jour 2 : Vue sur le Canyon après la montée

Après un passage plus plat, on décide d'éviter les villages pour profiter de la nature sauvage qui s'offre à nous. On parcourt avec plaisir les champs de cactus (dont les fruits sucrés sont très savoureux), d'agaves et de figuiers, puis les terrasses agricoles, la végétation dense... On ne s'imagine pas que l'immense paroi rocheuse se dressant devant nous de l'autre côté de la rivière sera notre terrain de jeu du lendemain.

Trek de Cocla jour 2 

Plongé dans cette végétation dense bourrée de reliefs abrupts, le chemin finit par devenir très flou. Le GPS ne sait plus du tout où il en est. La batterie du téléphone d'ailleurs est sur le point de rendre l'âme et on commence à manquer d'eau de manière critique. Chaque sentier débouche sur une impasse infranchissable. Faire marche arrière représente un effort démoralisant et couper à travers champs paraît dangereux tant il y a d'énormes crevasses partout.

Après avoir essayé presque tous les coins et recoins, on trouve un petit chemin qu'on avait manqué. On croise alors deux cholitas qui nous confirment qu'on est sur le bon chemin. Bien des errances plus tard, on finit, assoiffés, par trouver le village de San Juan de Chuccho, OUF ! Plus de 6h de marche nous auront été nécessaires pour arriver à destination. On n'a clairement pas pris le chemin « touristique » mais on a vu des paysages qui nous ont beaucoup plu.


Départ à 6h du matin pour la dernière journée, après une nuit dans une chambre basique avec éclairage romantique à la bougie. Depuis l'auberge, on voit le versant du canyon nous faisant face. Ce sentier abrupt zigzagant, c'est ce qu'on va devoir grimper. Au total 9km pour 1km de dénivelé positif !

Trek de Cocla jour 3 

Après une petite descente pour atteindre la rivière qu'on traverse, la montée est effectivement rude. La profondeur vertigineuse du canyon à mesure qu'on grimpe est saisissante ! Quand on a enfin l'impression d'être arrivés au sommet de la paroi rocheuse, on découvre la suite de la montée... La fin est difficile pour plusieurs raisons : la fatigue évidente, il commence à faire chaud et on atteint une altitude qui nous fait manquer un peu d'air en pleine ascension.

Trek de Cocla jour 3  

4h30 plus tard, on est de retour au village de Cabanaconde, les jambes et le dos en compote. On profite d'un petit déjeuner avant de reprendre le bus pour Arequipa.

Arrivée à la place de Cabanaconde sous le soleil 

Au bilan, on a trouvé le trek très joli et relativement accessible (malgré le fort dénivelé) grâce aux refuges et aux villages. On se pose par contre sérieusement la question du bien fondé de l'entrée payante de 70 soles (18€ par personne, c'est beaucoup pour le Pérou). On s'est renseigné et aucun argent n'est reversé aux populations locales, aucune gestion des déchets n'est effectuée par l'Etat, aucune signalisation permettant de trouver son chemin, pas d'entretien des sentiers grâce à cet argent... Apparemment tout est reversé directement au gouvernement. D'après ce qu'on comprend, ceux qui ont effectué le trek dans l'autre sens n'ont pas rencontré de péage.

Comme souvent, la météo influence beaucoup la qualité de l'expérience d'un trek, mais dans notre cas on s'estime chanceux du temps qu'on a eu !


De retour à Arequipa, on profite de quelques jours de repos puis on retrouve Cyril et Virginie, le frère et la belle-soeur de Phill. A 2300 mètres au dessus de la mer, la Ville Blanche est une étape très recommandée pour s'acclimater à l'altitude avant d'aller visiter la région de Cusco, plus de 1000 mètres plus haut. En se promenant dans le centre-ville et ses quelques rues piétonnes, on ne réalise pas qu'on se trouve dans une ville de plus d'un million d'habitants. Tantôt d'un blanc immaculé, tantôt colorées, les façades des bâtiments sont de toute beauté et dévoilent parfois de jolies cours intérieures. Les belles églises dispersées dans la ville contribuent au plaisir d'errer dans les rues. On ne se lasse pas d'admirer la très vivante place principale et ses palmiers, de jour comme de nuit. Au loin, la vue sur les volcans enneigés ne gâche rien ! Le seul point négatif de cette ville, malheureusement commun à bon nombre de villes visitées pour l'instant en Amérique Latine, c'est la pollution insupportable générée dans les rues par les véhicules et le carburant de mauvaise qualité.

Arequipa 
Cours intérieures 

Le marché populaire est un incontournable. On se régale à découvrir ces allées de fruits exotiques de toutes les couleurs. Les pommes de terre n'ont pas à rougir tant elles attisent notre curiosité. Il y aurait entre 3000 et 5000 variétés différentes dans le pays !

Marché d'Arequipa 

Le site touristique principal de la ville, c'est sans conteste le monastère/couvent de Santa Catalina qui est le plus grand du monde. Véritable petit village dans la ville, se balader dans ses nombreuses rues très colorées, ses jardins et ses cloîtres est très plaisant. Le nombre de cuisines est impressionnant ! Dans certaines salles, de nombreux tableaux et sculptures représentant des figures catholiques à la sauce espagnole rajoutent une touche de souffrance sanguinolente du meilleur goût. En parlant de bon goût, les retrouvailles sont l'occasion pour Cyril et Phill d'arborer fièrement une magnifique moustache. Les deux mousquetaires sont prêts à partir à la découverte des sites incas du Pérou.

Monasterio Santa Catalina 

Ces quelques jours nous auront permis d'acclimater en douceur notre petite équipe à l'altitude tout en profitant d'une ville très agréable sous un climat parfait ! Après un bus de nuit, notre prochaine étape tous les 4 sera Cusco et sa vallée sacrée, incroyable héritage des Incas.

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Pour rejoindre le dernier pays de notre périple, nous partons en direction du célèbre lac Titicaca situé à 3800m d'altitude, à cheval entre la Bolivie et le Pérou. Il serait le plus haut lac navigable du monde !

Quelques heures de bus et un peu de bateau suffisent pour atteindre Copacabana, petite ville située en bord de lac.

Le bus prend le bateau 

Hormis une très belle basilique blanche, la ville n'est pas franchement jolie mais propose pléthore de restaurants très agréables. La différence entre le centre propret pour les touristes et les quartiers périphériques populaires et sales saute aux yeux. En marchant le long du port, on voit l'immense lac s'étendre jusqu'à l'horizon. On dirait la mer, par mauvais temps la taille des vagues peut être impressionnante.

On s'achète quelques chocolats appétissants pour fêter Pâques mais c'est un échec, ils sont tellement mauvais qu'on n'arrivera pas à les terminer !!

Copacabana 

En fin d'après-midi, on s'attaque à l'ascension du Calvario, une colline offrant une belle vue sur le lac. On peut dire que le lieu porte bien son nom, ce fut presque un calvaire ! Sans le savoir, on a choisi le chemin le plus raide, sur la fin il était carrément vertical et c'était plus de l'escalade parmi les roches que de la randonnée. Seulement, le sommet est à 4000m d'altitude et le moindre effort se ressent de manière décuplée ! A cette altitude, dans un même volume d'air qu'au niveau de la mer on n'a que 60% de la quantité d'oxygène. Dur dur pour le cœur d'alimenter les muscles avec des respirations normales, du coup on est extrêmement essoufflés et il faut faire des pauses tout le temps ! L'énervement de constater comme cette magnifique colline est considérée comme un dépotoir ne nous aide pas à reprendre notre souffle... C'est hallucinant de saleté, en arrivant en haut on comprend que les cholitas qui vendent des boissons et snacks au sommet alimentent grandement ce désastre en balançant leurs cartons et déchets sur la colline. Bin oui, c'est trop fatigant de descendre le sac poubelle. Vu leur air buté et fermé, on n'essaie même pas de leur expliquer, c'est peine perdue. Elles parasitent même le moment magique du coucher de soleil dans ce cadre magnifique avec leur radio à fond. On sait qu'il y a des énormes déficits en termes d'éducation dans ces zones du monde, mais on a du mal à ne pas blâmer le manque de bon sens.

El Calvario 

La vue depuis le sommet reste tout de même superbe !

Coucher de soleil sur le lac Titicaca 

Pour profiter du lac, de son immensité (190km de longueur et 80km de largeur) et des traditions des peuples qui y vivent, on décide de faire une excursion sur plusieurs îles. On décide de ne pas visiter Isla del Sol, l'île la plus fréquentée du lac, car elle est depuis un moment en proie à un conflit interne empêchant de voir les endroits les plus intéressants... On préférera donc passer la frontière péruvienne en bus pour visiter d'autres îles depuis la ville touristique de Puno. Dans la grande rue piétonne, c'est la foire, les rabatteurs de restaurants s'en donnent à cœur joie et nous crient tous à l'unisson que leur carte est la meilleure.

Arrivée au Pérou par Puno 

Le lendemain matin,on part pour un tour de 2 jours et 1 nuit sur les îles Uros, Amantani et Taquile.

Le lac Titicaca est parsemé d'une petite centaine d'îles flottantes dont la construction a été initiée par le peuple Uros au XIIIe siècle pour fuir l'invasion des Incas. Ces îles flottantes sont bien particulières : elles sont créées à partir de joncs (totora) superposés et sont amarrées au fond du lac pour ne pas qu'elles dérivent au gré des courants. Régulièrement, une couche de joncs est ajoutée car les îles s'enfoncent dans l'eau petit à petit. Au bout d'une vingtaine d'années, il faut construire une nouvelle île car elle coule sous son propre poids.

Afin de respecter la vie des habitants, les touristes sont déposés sur des îles définies à tour de rôle. Sur la petite île flottante sur laquelle on nous a déposé vivent environ 4 familles avec un chef différent chaque année. L'occasion pour nous d'en apprendre plus sur la construction et la maintenance de ces drôles d'îles ainsi que sur l'artisanat local, essentiellement du tissage. On découvre que la base des joncs se mange, on l'appelle « banane » ici mais c'est tout de même un peu moins savoureux. Les embarcations utilisées pour aller d'une île à l'autre ou sur les rives du lac sont aussi faites en joncs.

Il y a une école sur une des îles pour les enfants de ces communautés, les habitants pêchent et ont de petits potagers... c'est tout un système relativement indépendant des villages en bord de lac.

Découverte de l'utilisation du Totora et atelier tissage 

A notre arrivée sur la seconde île, Amantani, tout plein de locaux portant leur costume traditionnel nous attendent de pied ferme. Ce soir, on dort chez l'habitant. Pas de bol, la famille qu'on nous attribue parle très peu espagnol, leur langue étant l'Aymara. Sur le chemin vers leur maison, notre cardio est mis à rude épreuve : ça grimpe pas mal et on est à une haute altitude (4120 m au sommet de l'île). Une touriste de notre groupe, prise du mal des montagnes, s'arrête à mi-chemin et fond en larmes tant c'est difficile pour elle. On a plus de chance, même pas un petit mal de tête mais on s'est déjà bien acclimaté à La Paz.

On ne gardera pas un souvenir impérissable de nos hôtes, tant la distance qu'ils imposent est grande. Ils ne nous parlent pas du tout, ne nous répondent pas et mangent par terre dans la cuisine pendant que nous sommes servis à table... D'autres touristes nous racontent qu'ils sont mieux tombés. On se concentrera davantage sur le contenu de notre assiette. En plus des bonnes soupes de quinoas, on fait une très belle découverte : l'oca, sorte de pomme de terre au goût très doux, se rapprochant un peu de la châtaigne et de l'artichaut. Partout sur l'île on voit les habitants s'affairer dans les cultures en terrasses : pommes de terres, quinoa, maïs, oca, etc.

Ile Amantani 

On part visiter dans l'après-midi deux petits sites archéologiques situés dans les hauteurs de l'île : les temples de Pachamama (Terre Mère) et Pachatata (le Ciel). Le coucher de soleil est très beau, on en profite en reprenant notre souffle après les deux montées.

Depuis les hauteurs d'Amantani 

La nuit venue, une petite fiesta est organisée dans la salle des fêtes. Pour l'occasion, on nous prête des vêtements traditionnels et nous voilà entraînés dans des danses typiques ressemblant à nos chères rondes ou « chenilles ». C'est clairement un spectacle pour les touristes et ça n'a plus rien d'une coutume actuelle mais ça ne nous empêche pas de nous amuser avec les autres touristes et les familles venues danser avec nous. Heureusement, la bière était là pour éviter à Phill d'avoir à trop se trémousser !

On danse à 4000 m d'altitude 

Pour la dernière étape, on part découvrir l'île de Taquile. Il se dégage de ce lieu une atmosphère très paisible. Une fois de plus, les habitants sont habillés traditionnellement, avec une spécificité amusante : la couleur des bonnets et des jupes permet de différencier les célibataires des personnes mariées.

Ile de Taquile 

Une petite balade le long de la côte nous mène jusqu'à un restaurant où on pourra manger de la truite du lac en regardant un petit spectacle de danse. Il est ensuite l'heure de reprendre la mer (c'est tout comme) pour des heures de croisière jusqu'à Puno.

Balade en bord de lac et danses traditionnelles 

Une excursion très intéressante et dépaysante donc, loin des klaxon des villes et qui permet de découvrir des modes de vie différents du nôtre. On est malgré tout très conscient que ces îles vivent au rythme des touristes et que tout ce qui leur est proposé (costumes, fêtes, danses...) est mis en scène pour donner une illusion d'authenticité.

On est en tout cas très content d'arriver au Pérou tant on attendait les étapes qui vont suivre avec impatience. Direction le Canyon de Colca et la ville blanche d'Arequipa où on retrouvera Cyril et Virginie, le frère et la belle-soeur de Phill.

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Nous voilà quelques jours dans la capitale administrative du pays : La Paz, plus grande ville de Bolivie. C'est aussi la capitale la plus haute du monde, les habitations s'étalent dans la vallée et sur les collines entre 3660m et 4100m d'altitude. On le sent côté température avec des nuits glaciales dans les auberges sans chauffage, mais aussi sur notre résistance à l'exercice : à la moindre marche, on se retrouve le souffle court et le rythme cardiaque au max car notre corps habitué à des altitudes inférieures cherche désespérément sa dose d'oxygène.

Pour constater l'étalement urbain de cette immense ville, on est allé prendre un des téléphériques flambant neufs qui ont révolutionné le transport dans la ville. En partant des hauteurs, la vue sur les constructions à perte de vue est absolument spectaculaire. Au loin, de magnifiques sommets enneigés complètent le tableau. « Survoler » ainsi la ville est plutôt original et ça nous a bien plu de tout voir de haut !

La Paz vue du téléphérique 

Il règne dans le centre une effervescence populaire telle qu'on se croirait dans la cohue de la saison de Noël. Les souks d'artisanat pleins de couleurs proposent parfois de jolis produits, des marchés investissent les places et les rues piétonnes sont bondées. Ça nous plaît cette ambiance !

La Paz 

Un soir, sur une place, on aperçoit un clown pathétique faisant des grimaces accompagnées de bruits de sifflets épouvantables. On presse le pas pour fuir au plus vite ce pénible spectacle. Nous voyant passer sans le regarder, il s'adresse à nous en sifflant le mot « gringos ! » tout en continuant à bouffonner. Et là, désemparés, on réalise qu'une foule d'adultes est amassée sur le trottoir pour suivre le show, hilare. Honnêtement, on pensait que ce « genre d'humour » n'amuserait même pas des enfants très bon public.

D'autres rues plus calmes et colorées nous permettent de respirer un peu.

La Paz 

C'est aussi l'occasion d'aller au musée des instruments de musique et de découvrir toutes sortes de créations fantaisistes (flûtes, sifflets, guitares, tambours...). La guitare à cinq manches gagne le concours de l'instrument le plus loufoque.

Musée des instruments 

Côté gastronomie, on a découvert au marché certains fruits incroyablement doux et parfumés comme le Cherimoya. On se régale aussi dans les restaurants avec notre premier Lomo Saltado d'une longue série, plat typique péruvien qu'on trouve également ici.

 Découvertes culinaires

Dans l'ensemble, pour une grande ville, La Paz nous a séduits par son côté vivant et dépaysant. Après quelques jours de visites, il est temps d'explorer les environs.


On part un matin pour une excursion originale : la descente en VTT de la route de la mort. On choisit une agence qui nous inspire et dont les équipements nous paraissent de bonne qualité (les vélos mais aussi les vêtements et protections).

Au début de la descente, le froid est saisissant et à chaque pause on gigote les doigts des pieds et des mains pour tenter de les réchauffer, en vain... La route asphaltée permet de prendre pas mal de vitesse, c'est le pied !! On démarre à 5000m d'altitude et l'arrivée se trouve à 1500m, énorme dénivelé ! Au fur et à mesure de la progression, l'air se réchauffe et s'humidifie pour finalement nous laisser terminer la course trempés de sueur dans une ambiance tropicale, les moustiques en prime. Pendant la descente, notre guide à l'humour ravageur insiste pour prendre des photos de nous faisant semblant de tomber dans le vide pile à l'endroit où deux bus sont entrés en collision frontale, faisant un bilan de 180 morts. On laissera ces photos bien cachées dans les annales du mauvais goût ! Heureusement on en a d'autres un peu moins glauques. Cette descente en VTT a été super ludique, les paysages étaient variés et on est passé plusieurs fois en bord de cascades ou dans des rivières. En plus on avait un look de pro du cross avec nos équipements ! On a donc adoré l'expérience, mais les vibrations dans tous le corps pendant ces 3h de descente finissent par être douloureuses, on est content quand on arrive.

Descente de la route de la mort 

La route de la mort porte vraiment bien son nom, il y a quelques années elle faisait environ 300 morts par an. Il y a maintenant une nouvelle route sécurisée (par laquelle on est rentré en bus après la descente) mais il y a toujours 50 morts par an sur la route initiale que nous avons dévalée en vélo. Ce chiffre s'explique par les nombreux trafiquants de drogue et d'armes profitant de l'absence de contrôles pour faire passer leurs cargaisons au détriment de leur sécurité...


Sur le chemin du site archéologique majeur du pays (Tiwanaku), on découvre une ville dans les hauteurs de La Paz à plus de 4100m au dessus de la mer : El Alto. Ce qui fait l'originalité de cette grande zone urbaine, c'est son style architectural émergeant. L'architecte local Freddy Mamani, fatigué de voir un horizon morose de cubes de briques, est en train d'imposer son style coloré et original. Façades pleines de couleurs, vitres teintées, toits pointus, chalets construits sur les toits terrasse... La ville se métamorphose peu à peu sous l'impulsion de cet artiste urbain. Cet élan de créativité rendant ces décors de ville moins basiques est bienvenu.

Style Mamani, El Alto 

A quelques heures de voiture de La Paz, Tiwanaku est un site archéologique empreint de mystère. Il existe de nombreuses polémiques quand à sa datation et la manière incroyable dont certaines de ses pierres ont été taillées. Pour être franc, on est bien loin de la magnificence des cités mayas et aztèques plutôt bien conservées qu'on a pu voir au Mexique.

En cause, les colons espagnols, encore eux, qui ont une nouvelle fois désossé une très grande partie du site pour construire une église. Quelques murailles sont encore sur pied mais il ne reste pas grand chose.

Tiwanaku 

La massive porte du soleil, sculptée dans un unique bloc de pierre, a fait les frais de l'avidité des colons. Ils ont tenté de la déplacer et l'ont par la même occasion brisée en deux morceaux. La magistrale porte une fois rompue, ils l'ont abandonnée sur place et elle a été remise sur pieds plus tard par les archéologues. La finesse des gravures et les angles de certaines coupes ornant la porte sont vraiment dingues. On se pose déjà la question des méthodes utilisées.

Porte du Soleil 

Quelques statues, plus ou moins bien conservées, apportent d'autres points d'intérêt plus que bienvenus sur ce site très épuré.

Statues 

Certains vestiges sont impressionnants : les murs d'une pièce sont ornés de visages taillés dans la pierre, chacun ayant une expression faciale différente. On est bluffé par certaines pierres taillées de façon "bizarre".

Tiwanaku 

Notre guide nous entraîne ensuite dans le musée. A notre plus grand agacement, les photos sont interdites « pour protéger les œuvres ». Sachant qu'il s'agit de pierres, la justification n'a aucun sens et on a l'impression de devoir subir une obligation donnée par des autorités incompétentes. On volera quand même deux mauvais clichés. Jamais nous n'avions vu pareil travail de la pierre. Certains blocs ont été taillés avec des angles d'une précision parfaite quand dans d'autres, des canaux aux formes arrondies et complexes ont été percées à l'intérieur de la pierre. Ce qui rend la chose hallucinante, c'est de mettre en parallèle ces œuvres avec les moyens qu'on attribue à leurs créateurs. Même avec nos techniques actuelles, certaines coupes internes ne pourraient pas être reproduites.

Musée lithique 

Enfin, on se rend sur la partie des ruines la plus connue et la plus mystérieuse : Puma Punku. Ici on est en plein air, les photos sont à nouveau autorisées et on va s'en donner à cœur joie.

L'endroit ressemble plus à un champ de bataille qu'à un site archéologique et des centaines de pièces plus étranges les unes que les autres défilent sous nos yeux. On n'en comprend pas le sens, on dirait parfois des œuvres d'art moderne. La précision des techniques employées est fabuleuse, on découvre des rainures parfaites ultra fines, des perforations chirurgicales, des traces de jointures métalliques entre d'énormes blocs et d'autres découpes d'une complexité folle dans cette roche si dure. Un autre élément rajoute encore du mystère : certaines pièces, dont celles en forme de grands « H » semblent pouvoir s'encastrer comme des briques de Lego. Le plus grand bloc façonné pèse 440 tonnes et est issu d'une carrière située à 16 km de là ! Tous ces blocs seraient les restes d'un grand quai, le lac Titicaca ayant autrefois bordé cette cité.

Mystérieuses pièces de Pumapunku 

Si la datation de ce complexe reste l'objet de nombreuses polémiques, certaines théories avancent la date incroyable de 15 000 ans avant JC. Puma Punku est ce qu'on peut appeler un OOPART : un artefact hors de sa chronologie, un mystère total.

On quitte ébahis cet incroyable site, l'envie de savoir nous ronge mais nous resterons dans l'épais brouillard opaque gravitant autour de cette civilisation et de ses constructions.


Notre dernière étape en Bolivie sera le lac Titicaca, cette gigantesque étendue d'eau située à cheval entre la Bolivie et le Pérou.

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Après un long périple en 4x4 et une fatigue qui commence à bien s'accumuler, c'est avec joie qu'on se repose un peu dans la jolie ville de Sucre. Dans l'hyper-centre tout blanc et soigné de l'une des deux capitales boliviennes, il est difficile de se rendre compte qu'on est dans le pays le plus pauvre du continent. La coquette place centrale et les nombreuses cours intérieures reflètent une bonne qualité de vie, pour une partie seulement de la population bien sûr. Les petits toits en tuile nous rappellent certains villages français !

Repos à Sucre 

La religion catholique est comme d'habitude omniprésente. Les édifices religieux, parfois cachés derrière un enchevêtrement de câbles électriques, sont nombreux et très beaux.

"Arrêtez de souffrir, Jésus Christ est le Seigneur" 

Pendant ces quelques jours de repos, la ville est en ébullition pour la semaine sainte et on voit des défilés partout.

Défilés pour la semaine sainte 

Dès le premier jour, on trouve un resto végétarien avec un super rapport qualité prix où on prendra quelques menus du jour avec plaisir. Un chaleureux pub irlandais nous attire dans ses filets un soir, pas très local mais c'est une valeur sûre et on a adoré.

Miam 

Comme d'habitude, une visite de la ville n'est jamais complète sans un tour dans les endroits les plus populaires pour voir à quoi ressemble la vraie vie des locaux. On se rend donc dans le grand marché à étages pour en prendre plein les yeux et plein le nez. A l'étage, on trouve le « comedor popular », la cantine locale qu'on a bien sûr testée. On était clairement les seuls gringos dans les parages ! L'expérience nous a bien plu, on a tout de même laissé de côté la viande à la texture étrange qui trônait fièrement dans nos assiettes sur un tas de riz et de maïs froid.

Au marché de Sucre 

Curieusement, on remarque des caractères japonais sur tous les bus de la ville. Aurions-nous dérivé vers l'est plus que prévu ? La flotte japonaise, bus comme voitures, s'offre une seconde jeunesse toute relative ici. Les vieux moteurs asphyxient toute la ville, ça nous a vraiment gênés pour apprécier les balades... C'est aussi la ville d'Amérique Latine où on aura vu le plus de voitures tuning : couleurs flashs, décorations kitchs et pots d'échappements démesurés...

Bus japonais en Bolivie

Autre point noir de cette ville et de la Bolivie en général : le travail des enfants. De la petite fille vendant des bananes ou des gâteaux toute seule dans la rue jusqu'au petit garçon cirant les chaussures des hommes sur la place, on assiste à toutes sortes de manifestations du travail des enfants. Effet secondaire évident : ils ne vont pas à l'école. A plusieurs reprises on échange de grands sourires avec ces fillettes travaillant dans la rue, bien plus pétillantes et agréables que leurs aînées lassées, on leur achète quelques denrées et on passe notre chemin le cœur un peu serré.


Le Dimanche, l'attraction immanquable du coin, c'est le grand marché hebdomadaire de Tarabuco. Dans ce petit village rural est situé à quelques dizaines de kilomètres de Sucre, l'immersion dans la culture andine est immédiate. Dès la place centrale, une statue se dresse devant nous représentant un imposant guerrier Quechua dévorant le cœur d'un colon espagnol gisant à terre.

En déambulant dans les rues, on se mêle à la vie quotidienne de cette population peu aisée. Un homme porte un énorme morceau de bœuf directement contre son manteau et dans ce décors ça paraît presque normal. Les costumes traditionnels sont de sortie : hauts bonnets cache-oreilles et très longs ponchos colorés. Ici, tout le monde porte des sandales malgré le froid, en résultent d'énormes crevasses...

Et puis, on voit des cholitas partout. Les cholitas sont les femmes andines portant les vêtements traditionnels : jupes colorées, vestes et petits gilets souvent dépareillés, deux longues tresses noires dans le dos et un chapeau melon. Souvent aussi larges que hautes (en partie dû à la superposition de jupes épaisses), ces femmes sont, pour nous en tout cas, le symbole des populations Andines. La vue est sympathique mais l'odeur parfois difficilement supportable se dégageant des couches de vêtements qui forment leur tenue complète nous laisse penser que les lessives sont rares. Elles n'aiment pas trop être prises en photo donc pas d'illustration cette fois-ci, mais ça viendra !

On se réchauffe avec une soupe de cacahuète, typique de la région, dans un grand hangar au cœur du marché. On se promène quelques temps entre les étals de tissus regorgeant de couleurs avant de rentrer à Sucre.

Tarabuco sous la grisaille 

Après cette parenthèse sucrée, on part pour quelque jours dans une région qui va nous plonger très très TRES longtemps en arrière : le village de Toro Toro et ses paysages cachant des centaines d'empreintes de dinosaures !

On l'avait lu et entendu à maintes reprise, un séjour à Toro Toro, ça se mérite. Et on ne peut que confirmer ! Après un voyage de 10h en bus de nuit jusqu'à Cochabamba et une arrivée à 4h30 du matin, on doit gentiment attendre dans la rue que le minibus se remplisse pour partir vers Toro Toro. Une heure et demi plus tard, c'est parti ! Le véhicule n'est pas de première fraîcheur et la route plus que tourmentée (et en travaux), c'est les fesses meurtries qu'on arrive à destination après 6h de trajet. Au final, le plus douloureux aura été de supporter la musique traditionnelle à plein volume : toutes les chansons se ressemblent, une voix féminine stridente répète inlassablement quelques mots d'amour niais d'un ton monotone sur une mélodie encore plus répétitive.

Une fois arrivés au village, on est tellement rôtis qu'on se contente de se balader dans les quelques rues et de se renseigner un peu avant de sombrer dans une profonde sieste. Consciente de sa renommée et surfant sur la vague du tourisme croissant, la ville n'a pas peur d'en faire des caisses avec des statues de dinosaures un peu partout, on se croirait dans une fête foraine sur le thème de Jurassic Park mais non, des gens vivent vraiment ici. Même du haut de la Mairie sort une énorme tête de Tyrannosaure Rex ! Pour l'anecdote, malgré l'écrasante majorité de statues à l'effigie de l'effrayant T-Rex, cette espèce n'aurait jamais vécu dans cette région du monde.

Dino party dans le village de Toro Toro 

Chaque excursion se faisant accompagnée d'un guide à un prix fixe, le bon sens invite les touristes à former des groupes pour payer moins cher individuellement. Rapidement, on rencontre nos acolytes du jour et on monte dans un 4x4 pour aller faire une randonnée et une session de spéléologie !

La route nous amène dans les hauteurs d'où on se régale du paysage irréel de la vallée de Toro Toro. Le village semble pris en étau entre deux rangées de montagnes en forme de dents. Un T-rex géant a dû être fossilisé en train d'essayer de gober le village tout cru !

Vallée entourée de dents 

Après deux heures de route, on arrive au départ de la balade de « la Ciudad de Itas ». Quelques centaines de mètres de montée plus tard dans ce décor rocheux et vert, on arrive dans une petite grotte où on devine d'anciennes peintures rupestres. La guide nous explique ce que nous sommes supposés voir, et... elle nous montre une peinture de deux cercles et un point en nous expliquant que ceci est la preuve que les peuples vivant ici il y a des millénaires avaient déjà découvert que la Terre était ronde et qu'elle tournait autour du Soleil. Avec seulement ça pour preuve, ça nous a paru un peu difficile d'arriver à cette conclusion. En discutant un peu, on comprend très vite qu'elle n'a absolument aucune idée de ce qu'est l'univers (elle croit que le soleil en est le centre) et s'ensuit alors une situation improbable où nous lui expliquons quelques principes ultra-basiques d'astronomie. Il est certain que la formation des guides n'est pas très poussée !

Peintures rupestres

On poursuit avec une marche sportive le long de formations rocheuses qui partent dans tous les sens. Les plaques tectoniques semblent s'être livrées à des luttes sans merci des millions d'années durant.

Rando jusqu'aux cavernes d'Itas 

Entre canyons, superbes grottes et sessions escalades dans les roches escarpées, ces 3 heures de randonnées nous donnent une bonne dose d'aventure et de paysages peu communs.

Cavernes d'Itas et canyon 

On croise un mignon lacumotte, petit mammifère des montagnes (mi-lapin, mi-écureuil, mi-marmotte).

Lacumotte (ou chinchilla pour les amateurs d'exactitude)

Après une pause déjeuner qu'on attendait avec impatience, nous voilà repartis en direction du site de spéléologie : la caverne Umajalanta. Sur le chemin, on s'arrête, fascinés, devant des empreintes de dinosaures plus grandes que nos pieds.

Traces de gros poulet d'il y a fort longtemps 

Puis, on enfile notre équipement (casque et lampe frontale) et on descend dans cette immense grotte (la plus grande du pays!) qui avale la lumière au fur et à mesure de notre avancée. Cent mètres après l'entrée, on serait dans une obscurité totale sans nos lampes. La marche se transforme en escalade et contorsions pour passer dans des espaces tantôt très étroits tantôt très bas, le tout dans un climat très humide. Claustrophobes, s'abstenir ! On accède à différentes salles assez grandes, peuplées par quelques créatures de l'ombre... Des poissons incolores vivent dans les étendues d'eau et des chauves-souris ont élu domicile dans cet environnement si particulier. Plusieurs petites descentes en rappel ponctuent la progression. L'appréhension du départ est vite oubliée, cette plongée de 2 heures dans le silence et les ténèbres du monde des stalagmites/stalactites aura été un véritable régal.

Les rangers du risque 

Pour notre dernière randonnée, on part pour de bon sur les traces des dinosaures. Après avoir sauté une petite rivière, on arrive rapidement aux premières empreintes. A l'époque des dinosaures (dino : grand, saure : lézard), le sol était composé de terre argileuse, permettant la formation des traces. Avec le temps et le passage de vent chargé de sable, les empreintes ont pu être fossilisées. Le nom du village Toro Toro proviendrait d'ailleurs d'un mot Quechua signifiant "Argile".

Devant ces empreintes variées, (très bien conservées, en relief, avec des griffes apparentes...) on se prend à rêver et à laisser libre court à notre imaginaire. Il y a environ 80 millions d'années, ces immenses créatures absolument incroyables, à côté desquelles nous ne serions rien, foulaient ce même sol.

Au cours de la visite, notre guide nous abreuve d'informations avec un accent qui nous vaudra quelques sourires : il change quasiment tous les sons "R" en "Z". Le "tizex" est tout de suite beaucoup moins effrayant !

Empreintes de dinosaures par centaines 

On continue la balade, on domine une nouvelle fois la vallée de Toro Toro et ses magnifiques montagnes pointues. Le chemin se transforme à mesure qu'on arpente le lit d'une rivière asséchée. La nature nous offre des spectacles incroyables et singuliers. Un arbre a poussé sous/sur un rocher et en grandissant l'a complètement fracturé. Un pont rocheux naturel d'un seul bloc défie la gravité. Et puis... encore une empreinte, la plus grande du parcours, appartenant à un gigantesque diplodocus de 35 mètres, pesant 20 à 30 tonnes !

Paysages le long du chemin - Puissant arbre - énorme empreinte de diplodocus 

Alors qu'on se remet de nos émotions, on arrive devant le canyon du Vergel. Comme souvent, l'immensité se retranscrit mal en photo, mais la vue nous a coupé le souffle. La profondeur du canyon, sa longueur et les parois rocheuses abruptes colonisées par la végétation nous en ont bouché un coin.

Immense canyon du Vergel 

Il est déjà temps de reprendre la route mouvementée jusqu'à Cochabamba. Notre prochaine destination est la deuxième capitale du pays, beaucoup plus grande : La Paz !

31

Après 5 jours d'escapades dans l'immensité de San Pedro de Atacama, nous voilà prêts à rejoindre la Bolivie avec une excursion de 3 jours en 4x4. Le programme du voyage s'annonce très alléchant avec la visite du Sud Lipez et du célébrissime Salar d'Uyuni. Seulement voilà, la veille du départ à 22h, on reçoit un coup de téléphone de l'agence : l'excursion est annulée. De violentes manifestations ont éclaté dans le sud de la Bolivie, rendant impossible le passage des véhicules. Vu l'heure tardive de la nouvelle, un mélange de frustration, de colère et d'incompréhension nous submerge et on doit attendre le lendemain pour se rendre à l'évidence : la frontière entre le Chili et la Bolivie est complètement bloquée. Les manifestants, vivant de l'extraction des mines, attendent depuis 9 ans une vraie route goudronnée promise par l'État. Devant l'immobilisme de leur gouvernement, ils bloquent les routes de la région. Ça peut durer des jours comme des semaines, d'après les agences. Impossible de savoir ! Les locaux ont même caillassé des véhicules de touristes en excursion la veille donc pour des raisons de sécurité, plus aucun tour operator ne prend le risque de partir.

Coincés dans une ville vraiment trop chère, on commence à imaginer des itinéraires alternatifs plus galères les uns que les autres pour nous sortir de la situation. Finalement on garde espoir et deux jours plus tard, on finit par trouver la seule agence de la ville qui programme un départ pour le lendemain. Toutes les autres agences disent que c'est trop dangereux. On a un peu les chocottes mais on croise les doigts et on signe avec eux !

On profitera de ce séjour prolongé à San Pedro pour se régaler à plusieurs reprises dans notre restaurant coup de cœur, proposant le meilleur rapport qualité-prix de la ville et offrant probablement les meilleurs menus qu'on n'ait jamais eus depuis le début de notre voyage. A l'exception du dessert bien sûr (un petit cube de gélatine, mioum), n'oublions pas sur quel continent nous sommes !

On se régale en attendant la fin du blocage ! 

Le lendemain matin aux aurores, après un traditionnel retard d'une heure, nous voilà dans le 4x4 avec 4 allemands et notre guide bolivien Elmer. Il semble confiant sur le déroulement de la première journée, mais c'est le deuxième jour qui paraît problématique... L'itinéraire sera fixé au dernier moment.

Rapide passage à la frontière bolivienne dans un froid polaire. Les minuscules bâtiments pas finis de l'immigration donnent tout de suite le ton quant au niveau de vie du pays.

Notre Jeep - Frontière entre Chili et Bolivie 

Plantée au milieu de ce décor aride, gris et montagneux, la Laguna Blanca apparaît rapidement. Plus on s'approche, plus elle devient magnifique. Le reflet des nuages et des montagnes dans cette eau salée parfaitement calme nous offre un décor splendide à la symétrie parfaite.

Laguna Blanca 

On croise incrédules quelques courageux/inconscients qui font le chemin en vélo, chargés comme des mulets. Ils ont l'air de souffrir dans les montées... Peu après, c'est au tour de la Laguna Verde de nous montrer ses belles couleurs. Sa teinte verdâtre lui vient de l'arsenic qui la compose, ici pas de flamants roses et pas d'animaux du tout d'ailleurs, le taux rend l'eau très toxique !

Laguna Verde 

On reprend la route, devant nous se dressent des nuages de plus en plus noirs. Quand on arrive au Désert de Salvador Dalí, rappelant les peintures du maître, une averse s'abat sur nous. La pause photo sera de courte durée et on se remet vite à l'abri dans la Jeep.

Désert de Dali 

Il est déjà l'heure de s'arrêter déjeuner dans un refuge à la Laguna Chalviri. On nous propose de nous baigner dans une petite piscine d'eau thermale. On passera notre tour, fuyant la pluie glaciale.

Laguna Chalviri 

Les nuages rendent parfois les paysages encore plus beaux, c'est le cas aux Geysers de Sol de Mañana. Plutôt que des geysers, c'est davantage un spectacle de fumerolles et de gargouillis qui s'offre à nous. L'odeur de souffre est prenante mais la beauté du lieu et de sa palette de couleurs l'emporte.

Geysers Sol de Mañana 

Dernière étape du jour : la Laguna Colorada, vraiment le clou du spectacle. La couleur rouge surnaturelle de l'eau vient d'un type d'algue qui ne pousse que sous certaines conditions, dont une altitude élevée (on est ici à 4280m). Ces algues flamboyantes nourrissent les centaines de flamants roses peuplant la lagune. Malgré le froid saisissant de la fin de journée, on prend bien le temps de profiter de ce spectacle si peu ordinaire.

Contemplation de la Laguna Colorada 

Malgré l'environnement hostile à la vie, des villages-étapes ont éclos ici et là. On se demande à quoi peut ressembler la vie au quotidien dans ces hameaux à moitié en ruine où vivent quelques familles dépendantes du tourisme. On passera la nuit dans un modeste refuge où règne un froid de bête, ambiance colonie de vacances !

Nuit au refuge - Petit déj à 5h  

Quand on retrouve notre chauffeur le lendemain matin à 5h30, il ne sait toujours pas par où on va bien pouvoir passer pour éviter les nombreux blocages présents sur les routes classiques. Après de multiples concertations et coups de téléphones, on prend la route à tâtons, s'arrêtant dans des bourgades paumées pour faire le plein d'informations. On doit se résoudre à emprunter un chemin alternatif rallongeant considérablement le nombre de kilomètres et contournant certains monuments touristiques importants (comme le fameux arbre de pierre). Malgré ce compromis et la longueur du trajet, on fait de belles découvertes : beaucoup de lamas, des vues superbes et même de la neige !

Jour 2, sur la route

On visite un ancien village minier devenu inhabité suite à de graves accidents dont de mortelles inondations. La pause casse-croûte est bienvenue, on s'étire les guibolles avant de retourner en voiture.

Village fantôme 

Les petits villages perdus au milieu de rien se succèdent, on fait connaissance avec les faciès andins très typés et les costumes traditionnels. Lors d'une pause, on assiste à la fabrication de briques en terre pour construire des maisons et on devine des champs de quinoa au loin.

Pauses dans les villages

Tout au long des 11h de route de la journée, les paysages qui défilent par les fenêtres nous émerveillent par leur immensité et leurs couleurs. On voit bien que ça n'est pas la route touristique, elle est souvent en très mauvais état et coupée par de nombreuses rivières assez profondes. On s'autorise des petits sommes à l'arrière de la Jeep de temps en temps...

Jour 2, sur la route 

On passe la nuit dans une auberge à Uyuni et on repart en pleine nuit vers le site touristique numéro 1 du pays, le Salar. La saison des pluies est passée par là, le plus grand désert de sel du monde est recouvert d'une couche d'eau créant un effet de miroir assez magique. La Jeep avance très lentement dans la dizaine de centimètres d'eau qui recouvre la croûte de sel sous un magnifique ciel étoilé puis on s'arrête. Il règne un silence total et on attend tous avec impatience le lever du soleil. Les premières couleurs orangées apparaissent au bord du Salar puis à mesure que le jour se lève, l'immensité de l'intérieur du désert se teinte de couleurs oniriques rosées. Évidemment, le Salar d'Uyuni étant probablement la deuxième merveille d'Amérique Latine la plus connue après le Machu Picchu, on est loin d'être le seul groupe à le visiter.

Lever du jour dans le Salar d'Uyuni 

On prend le petit déjeuner dans un étonnant hôtel construit entièrement en blocs de sel.

Hôtel de sel dans le Salar d'Uyuni 

Tout au long de la journée, notre guide redouble d'imagination pour prendre les fameuses photos faisant jouer la perspective.

Jeux de perspective 

Le fait que le Salar soit (partiellement) inondé nous a offert des paysages bien particuliers mais nous a aussi empêché d'aller plus au cœur du désert et de prendre la mesure de son immensité... On a tout de même très bien profité de cette merveille naturelle.

Dans le Salar 

L'après-midi, on se rend dans un cimetière de trains situé tout près d'Uyuni. Malgré le côté attrape-touriste, les agaçants et sempiternels graffitis ainsi que les déchets jonchant le sol, le site possède un aspect photogénique certain. On peut laisser libre court à nos envies d'exploration et profiter de ce vaste terrain de jeu.

Cimetière de trains 

On décide de passer la nuit à Uyuni pour se reposer du peu d'heures de sommeil des derniers jours puis on part le lendemain matin pour notre prochaine destination bolivienne : Sucre, la ville blanche. La région va nous livrer une page très ancienne de son histoire, nous partons sur les traces des dinosaures !

30

Après un réveil à 5h pour attraper un bus matinal et quitter définitivement l'Argentine, on se rend confiants au terminal de bus. Il y a manifestement du retard mais on ne s'inquiète pas, c'est loin d'être la première fois. Après 40 minutes d'attente et aucune information de la part de la compagnie, on se renseigne et on nous apprend que l'un des deux conducteurs est malade donc le bus est annulé. C'est le seul bus de la journée, le départ est donc reporté au lendemain à la même heure ! Évidemment, on a déjà utilisé toutes nos devises locales et chaque retrait d'argent coûtant une petite fortune en frais bancaires, on se met en recherche d'un hôtel prenant la CB (pas très fréquent ici), chargés comme des baudets comme d'habitude.

Une deuxième mésaventure vient s'ajouter à la première lorsqu'on découvre avec étonnement un nombre impressionnant de piqûres sur nos jambes, bras, dos et cou. Bref, nos corps entiers sont couverts de boutons qui démangent terriblement. Mais voilà, on n'a croisé que très peu de moustiques récemment... Le spectre des punaises de lits, planant sur tout voyageur longue durée, se serait-il abattu sur nous ? Les alignements de piqûres par 3 nous donnent la réponse... C'est la panique, on sait à quel point il est difficile de s'en débarrasser. Ne quittant finalement Salta que le lendemain, on sillonne la ville avec nos gros (énormes?) sacs, bien décidés à trouver une laverie. Le lavage à 60 degrés semble éradiquer les vilaines suceuses de sang. Seulement, on est Dimanche... Une seule laverie est ouverte et elle lave à l'eau froide ! Pas le choix, on compte sur le séchoir puissance max pour faire le taff...

On finit par s'installer dans un autre hôtel puis on entame une journée entière d'extermination des punaises. C'est la guerre, on combine les techniques et toutes nos affaires y passent : sèche-linge, spray insecticide, congélateur... On est obnubilés par l'idée qu'une seule survivante pourrait élire domicile dans nos affaires.

Les punaises n'ont pas peur des poils - Phill cherche ses puces 

Après cette journée passionnante, on revient au terminal de bus tôt le lendemain et cette fois-ci c'est la bonne ! Adios Argentina

Des paysages variés défilent sous nos yeux somnolents, entre autres les immaculées Salinas Grandes. Une fois de plus, on traverse la frontière entre Argentine et Chili très facilement : quelques minutes d'attente et 2 coups de tampon dans le bureau d'immigration perdu au milieu des montagnes, et nous voilà changés de pays.

Salinas Grandes aperçues par la fenêtre du bus 

On arrive desséchés dans notre auberge à San Pedro de Atacama, c'est le désert le plus aride du monde et on le sent ! Il fait très chaud et sec la journée, frais la nuit. Après une bonne nuit de sommeil, on passe notre première journée à découvrir ce petit village aux maisons en terre et à faire le tour des innombrables agences de tourisme. Le village est entièrement dédié aux excursions pour visiter les merveilles du désert d'Atacama. A part des agences et des restaurants, il n'y a pas grand chose et on croise très peu de locaux dans cette foule de touristes. Plusieurs marchés proposent une étonnante abondance de fruits et légumes, on n'aurait jamais cru pouvoir se cuisiner des pâtes aux brocolis et manger de succulentes mangues en plein désert ! Le contraste entre la chaleur sèche du jour et la vue sur les lointains sommets enneigés est surprenant.

San Pedro de Atacama, oasis dans le désert 
Le village en terre - Agences de tourisme - Terrain de foot - Toiture en cactus 

On choisit rapidement une agence recommandée sur internet et on réserve trois excursions.

Le lendemain, on part pour une belle journée de découverte des lagunes altiplaniques. On commence tôt le matin par la laguna Chaxa, entourée de sel cristallisé dans des formes incroyables et occupée par des flamants roses. Moment magique que de contempler ce paysage blanc et rose baigné de la douce lumière matinale qui le réveille du froid nocturne. Pour l'anecdote, les volatiles passent 16 heures par jour la tête dans l'eau à becqueter de minuscules crevettes roses qui donnent cette si belle couleur à leur plumage.

Laguna Chaxa au petit matin 

Après le petit-déjeuner, on reprend la route. Les volcans enneigés, les nandous (petites autruches sauvages), les troupeaux de vigognes (sortes de petits lamas sauvages) et tout simplement l'immensité du paysage sont autant d'excuses pour s'arrêter.

Pauses sur la route 

Puis on arrive au Salar d'Aguas Calientes, à 4200 m d'altitude, où souffle un vent glacial à écorner les bœufs. On voit d'ailleurs au loin que le bas des montagnes est recouvert de sel à cause de ces bourrasques continues. La vue est superbe !

C'est aussi là qu'on devra se contenter de deviner un des endroits phares de la région : les Piedras Rojas. Cette fameuse étendue de pierres rouges éclatantes bordant le Salar a été souillée de graffitis par des touristes narcissiques et écervelés, entraînant la fermeture du site pour une durée indéterminée.

Salar d'Aguas Calientes sous un vent glacial

Le déjeuner arrivant, on se pose devant les magnifiques lagunes de Miscanti et Miniques, chacune surplombée par le volcan du même nom. Ici d'ailleurs, pas de promenade hors sentier, on suit des chemins très balisés. Au départ, on est un peu frustré de ces restrictions, mais on se dit qu'elles nous permettent de profiter d'un paysage non pollué par le passage de milliers de touristes (dégradations volontaires ou naturelles, selfies durant des heures...). Les animaux se sentent aussi plus confiants, on peut observer des vigognes assez facilement.

Lagunes de Miniques et Miscanti 

Sur le retour, on s'arrête au croisement entre notre route et le Tropique du Capricorne ! Ça vaut bien une photo sous le panneau, quelle originalité. On passera également par le village de Toconao où le bois de cactus est très utilisé, comme partout dans cette région.

Passage sur le Tropique du Capricorne - Eglise de Toconao

Antoine, notre excellent guide cynique et intarissable, nous abreuve toute la journée d'anecdotes passionnantes et parfois désespérantes. Le Chili, grâce au désert d'Atacama, est le pays qui dispose de la plus grande quantité de Lithium au monde. Cette ressource est aujourd'hui extrêmement convoitée car elle permet de fabriquer les batteries de nos précieux appareils électroniques. Pour l'extraire, des quantités faramineuses d'eau et de produits chimiques sont nécessaires. Vous l'aurez compris, au milieu du désert, l'eau est une ressource rare que les industriels peu scrupuleux pillent de manière obscure avec la complicité des locaux.

La belle lagune Chaxa perd « étrangement » un peu plus d'eau chaque année, entraînant la fuite des flamants roses vers des lagunes plus profondes et étendues. L'eau des rares rivières souterraines, dont les propriétaires sont pourtant des familles andines, est vendue à ces industriels à prix d'or au détriment de l'environnement.

Antoine conclut : «Le respect de la Pachamama (la Terre Mère), ce n'est plus que du folklore. Tout a un prix.» On a peur d'imaginer ce que deviendront certains sites de la région dans quelques décennies...


La nuit venue, on s'offre une excursion astronomique avec l'agence d'observation d'étoiles la plus cotée de la ville. Le patron Alain (encore un français !) nous accueille dans son centre d'observation en dehors de la ville. Après un court trajet, on pénètre toutes lumières éteintes dans l'observatoire. Difficile de décrocher le regard de ce ciel étoilé. La voie lactée est incroyablement belle. Équipé d'un laser pour pointer les étoiles, il nous fait une visite guidée de la voûte céleste à l’œil nu avec une impressionnante maîtrise. D'un air décontracté et sarcastique, il réfutera par des faits scientifiques nombre de croyances et de théories sans aucune retenue : religions, astrologie, rencontres extraterrestres, mythologies... On imagine facilement certains clients apprécier moyennement. De notre côté, on l'écoute fascinés et hilares. Mais surtout, on ne s'est jamais senti aussi minuscules. Les échelles de temps, de distances et de tailles dont il nous parle sont au-delà de la compréhension.

Après cette session passionnante, on se dirige vers les 11 télescopes fixes. Certains d'entre eux sont si imposants qu'on doit monter sur une grande échelle pour y accéder. On observera tour à tour des planètes, des constellations et des étoiles. Notre œil amateur a du mal à apprécier le visuel que nous offre la lentille tant ce que l'on perçoit paraît abstrait et dénué d'échelle. On est loin des images colorisées de la NASA (dans les télescopes il n'y a pas de couleurs). On découvrira après la visite, au gré des recherches sur internet, que notre guide est une vraie star des étoiles ! L'astro-physicien Alain Maury a même découvert plusieurs astéroïdes dont une porte son nom.

Observation des étoiles et planètes 

On démarre la journée suivante par un petit-déjeuner devant l'imposant volcan du Licancabur et son compère le Lascar, seul volcan actif de la région qui émet des fumerolles tous les jours.

Petit déj au pied du Licancabour 

Puis très vite, on quitte la route goudronnée pour rejoindre des pistes tracées par les 4x4. Le guide nous fait comprendre que ça va secouer et qu'il se peut qu'on dérape, mais qu'il maîtrise la situation. Après un vrai parcours de rallye, on fait un premier arrêt où il nous montre des cailloux noirs. Il s'agit d'obsidienne, du verre volcanique utilisé pour fabriquer toutes sortes d'objets, notamment des lames tranchantes. Il nous explique alors que l'énorme plateau sur lequel nous nous trouvons est en fait le cratère de l'ancien supervolcan Vilama, large de plusieurs kilomètres. Le terme de supervolcan nous laisse médusés. Lorsque ce type de volcan entre en éruption, comme le Vilama il y a des millions d'années, il se produit une explosion tellement intense que des milliers de kilomètres cubes de débris sont projetés dans l'atmosphère, causant des dégâts cataclysmiques à l'échelle d'un continent, voire de la planète entière. La Terre peut rentrer dans un hiver volcanique où elle ne voit plus le soleil, ce qui engendre des baisses de température pendant des années ! (le plus connu des supervolcans est probablement celui de Yellow Stone)

Perdus en plein désert - Obsidienne 

Plus loin, comme pour illustrer la puissance de ces phénomènes, on se retrouve à côté de grosses roches pyroclastiques projetées par un volcan Bolivien sur des centaines de kilomètres. L'eau et le vent ont peu à peu érodé ces pierres, leur donnant des aspects très singuliers et inspirant des noms imagés.

Les Cathédrales 
Les moines de Pacana - L'Indien 

On déjeune au Salar de Tara où on peut de nouveau admirer de nombreux flamants roses dans un décor de montagnes enneigées.

Salar de Tara 

Dernier arrêt à la Laguna Kepiaco où un troupeau de vigognes se repaît et se chamaille gentiment.

Laguna Kepiaco et ses vigognes 

Le lendemain, on attendra le milieu d'après-midi pour se rendre à pieds à la Pukara de Quitor. La chaleur, moins étouffante qu'à midi, est tout de même bien oppressante. Après s'être acquitté du droit d'entrée, on entame l'ascension de la colline. On passe devant les ruines d'un village puis on atteint le mirador au sommet. La vue est très belle, on reprend notre souffle dans les bourrasques de vent puis on redescend sans trop traîner, le site ferme bientôt !

Pukara de Quitor en fin de journée 

Dernière excursion de notre séjour dans le désert d'Atacama : la Vallée de la Lune. Certains courageux font cette visite en vélo, cette fois-ci on s'est laissé emporter par la fénéantise et on est parti en colectivo avec d'autres touristes. On a fait plusieurs arrêts près de différentes formations rocheuses, il faut toujours pas mal d'imagination pour comprendre les noms donnés : les Trois Maries sont un peu fatiguées ! (d'autant plus depuis qu'un touriste a cassé une des pierres en grimpant dessus pour se faire prendre en photo...)

Formations rocheuses dans la Vallée de la Lune -  Les Trois Maries

La vallée de la Lune est probablement l'endroit le plus fréquenté du désert, on a donc croisé énormément de touristes. Mais les paysages rouges saupoudrés de sel de cette « petite » cordillère en valaient vraiment la peine. Le clou du spectacle a certainement été le point de vue final, quel panorama incroyable !

Lumières du soir sur la Vallée de la Lune 

Après ces magnifiques excursion, nous voilà fin prêts pour partir le lendemain matin en road trip de trois jours à travers le Sud Lipez jusqu'au Salar d'Uyuni. Mais le destin en voudra autrement... La suite au prochain épisode !

29

Après une nuit à Salta, on remet les voiles pour faire la boucle Sud. Une cinquantaine de kilomètres plus loin, c'est la panique : la jauge d'essence est passée en une vingtaine de minutes de 5 barres à 2 ! On se demande si l'affichage est défaillant, puis on calcule à la va-vite les kilomètres parcourus depuis le dernier plein... Il faut se rendre à l'évidence, le réservoir est presque vide et on a encore beaucoup de route sans une seule station essence, il faut donc faire demi-tour ! Avec ces bêtises, on perd une heure précieuse.

Route dans la verdure 

Revenus sur la jolie route immergée dans la verdure, on tombe rapidement sur une déviation. Un policier nous explique que suite aux fortes intempéries, la route principale a été fermée pour cause d'éboulements. On avance donc prudemment sur un sentier tout défoncé en première, voire parfois en deuxième dans quelques moments de folie. On arrive nez-à-nez avec une large rivière qui coupe la route. Un ouvrier nous confirme que c'est le seul moyen de rejoindre Cachi (notre destination finale du jour) tant que la route principale n'est pas remise en état.

L'eau paraissant profonde et le courant plutôt violent, on se pose plein de questions, mais on finit par se lancer. La Logan tient bon, mais une deuxième rivière plus profonde et puissante que la première nous fait face. Un jeune ouvrier, nous voyant peu sereins, nous propose de prendre le volant. On accepte, non sans inquiétude. Malgré les secousses, on la traverse sans trop d'encombre et on comprend vite qu'il y a une troisième rivière ! Un tracteur est justement en train de patauger dedans pour aplanir le terrain. Notre aimable conducteur a l'air d'hésiter un peu... Ça ne nous rassure pas ! Il demande conseil à un collègue, puis il se lance. La voiture est bien secouée et « dérive » un peu mais après 15 longues secondes, on est de l'autre côté ! Le moteur a l'air de bien aller. Chamboulés mais soulagés, on lui laisse un petit pourboire.

Rivières à traverser 

Notre destination est encore loin. Les paysages changent et des teintes de rouge apparaissent.

Le paysage se teinte de rouge 

Les routes en lacets commencent à mesure qu'on prend de l'altitude et qu'on s'enfonce dans les nuages. On ne s'attardera pas sur cette route de montagne aux points de vues supposément magnifiques, la vue étant complètement bouchée.

En redescendant, on évite coup sur coup deux énormes mygales plantées au milieu de la route !

Routes sinueuses et "points de vue" 

Après les routes sinueuses vallonnées, changement de décor total en arrivant dans le parc Los Cardones, connu pour ses cactus géants. On emprunte une longue route en ligne droite traversant une immense vallée entourée de sommets enneigés. Il s'agit de la fameuse Recta Tin Tin, construite sur les restes d'un chemin pré-inca de 18km parfaitement droit (sur cette distance, le chemin ne dévierait que de 30 cm par rapport à une ligne droite parfaite!). On s'arrête de nombreuses fois pour se balader parmi les cactus. On est seuls au monde, le soleil se couche et nous offre de belles lueurs dorées.

Quelle drôle de vie pour ces cactus qui n'atteignent durant leur 10 premières années que la taille de 5 centimètres ! Les chances de survie sont faibles mais une fois lancés, ils peuvent atteindre 10 mètres de haut. Dans ces régions très arides, ce sont leurs épines qui leur permettent de trouver de l'eau : la nuit, le liquide vital se condense sur la multitude d'épines puis elle coule jusqu'au sol pour alimenter les racines du végétal.

Recta Tintin et vallée de cactus géants 

Malgré une arrivée un peu laborieuse à Cachi puisque l'hôtel est mal référencé sur Internet et que les habitants nous envoient dans de mauvaises directions, on est content de se poser après une longue journée. Le village est super mignon avec ses maisons blanches et beaucoup de mobiliers en bois de cactus (pancartes, tables ou même toitures).

On constate qu'ici aussi, retirer de l'argent au distributeur est un travail à temps plein...

Les alentours aussi sont très beaux, les montagnes formant des remparts successifs impressionnants.

Cachi - mobilier en cactus - cactus ornementaux

Le lendemain, on reprend notre route vers Cafayate (Cafashaté, comme ils disent), plus au Sud. La route est pénible car la plupart du temps, toute strillée : les vibrations qu'on subit des heures durant menacent de décrocher le tableau de bord et déclenchent les essuies-glaces... On a peur pour la Titine. On s'arrête de temps en temps quand un coin nous paraît joli, et on a plutôt l'embarras du choix ! Étonnamment, on trouve des vignes dans cette région si aride. On traverse de tous petits villages, ils ont toujours une église.

Mais c'est après le village d'Angastaco que les paysages deviennent vraiment grandioses. Les roches déchirées nous racontent des histoires géologiques des plus mouvementées, vieilles de millions d'années. Les strates rocheuses inclinées de la Quebrada de las Flechas (la Rivière de Flèches !) passent pour des forêts d'arbres déformés par des tempêtes surpuissantes. On se sent petit devant ce décor incroyable et on se dit que finalement on peut bien supporter cet agaçant sentier vibrant qui a le mérite de se fondre parfaitement dans l'environnement. Toute la route jusqu'à Cafayate est sublime et on croise encore de petits villages dans ce territoire si hostile.

Quebrada de las flechas et autres formations géologiques 

La ville de Cafayate, très coquette, est la deuxième région de vignobles du pays. On profite du joli parc pour manger une douzaine d'empanadas (au four, comme on les aime) mouillées d'une bonne bière ambrée. D'ailleurs pour la petite histoire, la vente de bouteilles en verre est très stricte ici. Si on veut en acheter une, il faut nécessairement ramener une bouteille vide en échange. Curieux ça, comment achète-t-on la première bouteille, nous demandons-nous ? … On décide de ruser. Voyant une caisse de bouteilles vides dans le supermarché, on en pique une pour pouvoir acheter le précieux nectar. Le vendeur n'y a vu que du feu.

Cafayate : vignes et empanadas 

Dernière ligne droite pour remonter vers Salta et terminer notre road trip : la Quebrada de las Conchas, route très fréquentée car de nombreuses curiosités géologiques s'y trouvent. Quel plaisir que de découvrir virage après virage de nouveaux paysages orangés enchanteurs !

Los Colorados : formations orangées qui s'étendent à perte de vue 
El Obelisco - El Sapo (le crapaud !) - Point de vue des Tres Cruzes 
L'amphithéâtre (qui probablement devait héberger une cascade il y a des millions d'années) - la Gorge du Diable - E.T
Sur la route 

Ces 1000 km en autonomie auront assouvi notre soif de découvertes et d'aventure ! C'est passionnant d'imaginer que ces décors ont été forgés par la présence de forts courants d'eau et de mouvements tectoniques il y a des millions d'années. Vu la beauté des lieux et les nombreux points d'intérêt qu'on n'a pas eu le temps de visiter pour respecter notre timing, on se dit que cette boucle Sud mériterait bien 5 jours, plutôt que 3.

Nos trois passages à Salta nous ont également beaucoup plu. Cette jolie ville est connue pour avoir les meilleures empanadas du pays. Leur petite taille et leur générosité nous ont beaucoup plus mais l'absence de légumes est un peu dommage.

Difficile d'aborder la gastronomie argentine sans parler de viande. Phill s'est laissé tenter par une belle pièce de bœuf de 300g. La viande, bien que très tendre, était à la hauteur de la réputation argentine en termes de cuisson : beaucoup trop cuite ! Ça n'était pourtant pas faute d'avoir précisé « poco cocido ».

Pour finir, on a pour la première fois pris un réel plaisir à manger une glace artisanale, après plus de 9 mois de voyage ! On repense encore avec émotion à cette savoureuse glace au chocolat (du vrai chocolat !!) aux éclats d'amandes de chez Helado Grido, le tout dans un excellent cornet croquant. Ça change des horribles crèmes glacées ultra chimiques trouvées dans d'autres pays...

Salta 

Notre prochaine destination sera également aride, mais salée : le désert d'Atacama, au nord du Chili.

Des bisous à tous, merci d'être nombreux à nous lire ! N'hésitez pas à voter pour notre blog dans le Grand Concours de Pâques, ça nous fait gagner des petits œufs de Pâques et nous donnera des réductions pour imprimer des livres souvenirs de ce voyage !

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C'est au hasard des recherches sur l'Amérique Latine qu'on est tombés sur la région de Salta et ses merveilles naturelles, au Nord-Ouest de l'Argentine. Devant remonter vers le Nord du Chili depuis Santiago jusqu'au désert d'Atacama, on décide donc de passer du côté argentin pour en découvrir rapidement le Nord-Ouest.

La première étape du trajet nous mène à Mendoza, ville très réputée pour ses vignobles. Les 10h de bus passent plutôt rapidement : le Chili et l'Argentine étant deux pays riches, les infrastructures sont en très bon état et les bus sont tous neufs (ils peuvent, vu le prix du trajet). Il y a même un service de restauration à bord du bus, incroyable ! Les plateaux repas servis par Air France peuvent être considérés comme de la très haute gastronomie à côté de ce qu'on a eu, mais l'intention est là. Tout au long du trajet, des paysages montagneux inhabités défilent sous nos yeux. Le poste de douanes marquant notre passage sur le territoire argentin semble sorti de nulle part et les formalités sont vite faites. A nous l'Argentine !

Passage de frontière entre Chili et Argentine  - repas de rêve

En arrivant exténués à notre auberge en plein centre-ville, on découvre un joyeux bazar. C'est la fête des vendanges, et à Mendoza on ne rigole pas avec le vin ! Le long boulevard où on loge est fermé à la circulation et s'est transformé en une gigantesque terrasse. Il y a tellement de monde qu'on a du mal à se frayer un passage. On est super excité par cette ambiance festive et on s'intègre à cette cohue, une canette de bière locale à la main. Les nombreuses petites scènes balançant de la musique techno à fond toute la nuit ont par contre eu raison de notre sommeil. L'auberge étant située à quelques mètres de l'une d'elles, les murs tremblaient au rythme des basses et le son abusivement fort traversait sans pitié la plus coriace des boules quies.

Rue principale de Mendoza, transformée en terrasse toute la nuit 

Le lendemain, beaucoup plus calme, nous permet de visiter un morceau du centre-ville. On se croirait dans une ville Européenne, c'est riche et propret. Les visages sont d'ailleurs plus typés caucasiens. Quelques parades animent la rue principale, en l'honneur de la fête des vendanges. Curiosité de la ville : les poubelles perchées en hauteur, pour éviter la prolifération des animaux qui s'en nourrissent.

Mendoza 

On découvre avec effarement, après plusieurs essais dans différentes banques, que c'est dans l'un des pays les plus riches d'Amérique Latine que les plafonds de retraits d'argent sont les plus bas, avec les frais fixes les plus élevés bien sûr. Chaque retrait maximal de 130 euros nous coûte 12 euros supplémentaires !! Et quasiment tout se paie en liquide ici... Rien que pour cette raison qui nous donne l'impression d'être des pigeons de première, on est content de ne faire qu'un passage express en Argentine. Malheureusement, le Chili n'est pas loin derrière dans la liste des profiteurs (pour rester polis).

Après une deuxième nuit catastrophique bercée par les hurlements de touristes ayant goûté avec trop d'entrain le vin local, vingt heures de bus nous attendent pour rejoindre la ville de Salta. Ça paraît énorme, 20h de bus sans pause, hé bien... ça l'est ! On est bien content d'arriver dans le joli centre-ville de "Salta la Linda"

Pas de bol, on apprend en arrivant que les récentes intempéries ont gravement endommagé les routes, nous obligeant à revoir notre itinéraire pour visiter le nord et le sud de Salta. On inverse donc l'ordre des points d'intérêt et on démarre le lendemain par la boucle Nord. C'est 40 minutes après l'horaire prévu que débarque un employé nonchalant à l'agence de location de voiture. On prend possession du bolide qui nous accompagnera pendant 6 jours : une superbe Renault Logan, prête à en découdre avec les pistes poussiéreuses. On croise les doigts pour passer entre les trombes d'eau qui s'abattent sur la région...

On commence par traverser des forêts très vertes et humides, on sait que ce n'est qu'une question d'heures avant de voir le paysage changer du tout au tout.

Démarrage dans la verdure 

Premier arrêt : le village de Purmamarca où on fait une pause pique-nique sur la place principale. C'est un endroit très mignon, avec de l'artisanat un peu partout. Le petit village est niché au pied de la superbe Montagne aux 7 couleurs, première merveille naturelle d'une longue série !

Purmamarca : village et montagne colorée 

Plus loin sur la route se dessine la « palette du peintre », un mur montagneux qui porte bien son nom. Maimara, le village délabré jouxtant la montagne, contraste avec la beauté du paysage. Un grand cimetière à flanc de montagne souhaite la bienvenue aux visiteurs.

La palette du peintre 

Encore un peu de route à faire avant d'arriver au village de Tilcara, toujours en pleine montagne, où on passera la nuit. On déniche dans un hangar un marché bien local.

Marché de Tilcara 

Le bilan de cette première journée est super positif, pas de pluie et de belles découvertes, y compris le long des routes empruntées.

Sur la route 

Le lendemain matin, on se promène rapidement dans le village avant de nous mettre en route pour Humahuaca. Il pleut, cela n'augure rien de bon pour la suite de la journée. On apprend que la route vers LE site le plus visité de la zone (l'Hornocal, notre principale motivation à venir visiter la région) est fermée à cause des fortes pluies... Le gérant de l'hôtel dans lequel on dort s'excuse presque qu'on soit là, il nous confie tout de suite qu'il n'y a rien à faire dans ce tout petit village... Ça donne le ton ! On passe donc l'après-midi à se balader dans les rues mouillées de Humahuaca, point de départ de cet inaccessible Hornocal. Les marches qu'on gravit pour accéder au mirador de la ville nous essoufflent anormalement, on est à plus de 3000 m d'altitude. Une réconfortante soupe de quinoa nous réchauffe le corps et le cœur puis on retourne dans notre chambre d'hôtel qui prend l'eau.

L’anecdote du jour reste la difficulté à retirer de l'argent dans ce genre de village. Dans cette région, cette simple opération est un véritable calvaire. L'unique distributeur des villages est pris d'assaut et régulièrement vidé, une longue file d'attente s'étend dans la rue à toute heure de la journée. Au total, on aura bien attendu plus d'une heure pour avoir nos précieux billets ! Pour les habitants, c'est le quotidien...

Humahuaca sous la grisaille - Soupe de quinoa - File d'attente au distributeur

Le lendemain, on part à la recherche d'informations sur l'état de la route et... les nouvelles ne sont pas des meilleures. La route est ouverte mais on craint de s'embourber avec notre voiture citadine donc on décide de partir en 4x4 avec d'autres touristes français qu'on a rencontrés sur place. Les négociations du prix avec le conducteur durent une éternité, nous sommes 6 et il s'entête à vouloir nous faire payer le même prix par personne que si on était 4. On finit par partir à presque midi après avoir trouvé un compromis...

Au final, le début du sentier était pas mal boueux mais c'était probablement jouable de faire chauffer la Logan jusqu'en haut. On a joué la sécurité ! Au fur et à mesure qu'on s'élève dans les montagnes, on a de plus en plus la tête dans les nuages... Ça s'annonce mal. On arrive finalement au mirador à 4400 m d'altitude, on marche un peu pour atteindre le point de vue et là... Tadaaaaa ! Un épais rideau de nuages nous bloque la vue.

Première vue de l'Hornocal 

Puis le vent se met à souffler et une partie de cache-cache démarre entre l'Hornocal et les nuages. On découvre par moment la beauté de cette montagne aux 14 couleurs (on n'a pas compté mais le site est célèbre sous ce nom) et le spectacle est superbe.

L'Hornocal 

C'est donc tardivement qu'on prend la route pour rentrer à Salta et terminer ainsi cette boucle Nord. Malgré l'heure qui avance, on s'arrête de temps en temps pour se dégourdir les jambes et profiter d'incroyables décors de westerns. On traverse des villages d'apparence extrêmement pauvre.

Pauses le long de la route

Tout au long de la route, on a vu de petits sanctuaires rouges. Ils seraient là en l'honneur de Gaucho Gil pour protéger les usagers de la route. Des offrandes y sont faites, sur la photo on voit par exemple des cigarettes, un paquet de gâteaux, des bougies et des feuilles de coca.

Sanctuaire à l'effigie de Gaucho Gil 

On dort comme des bébés après cette longue journée puis on attaque la boucle Sud le lendemain, les détails au prochain épisode !

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Pour l'ultime volontariat de notre périple, on se rend dans un hôtel champêtre au cœur de la nature, situé à une paire d'heures de Santiago.

Niché dans la forêt, le lodge loue des cabanes en bois dans un cadre superbe, en bord de rivière.

Profitant de cet environnement très reposant, on a facilement occupé notre temps libre par des promenades dans les bois, des parties de ping-pong et du barbotage dans la rivière Rio Claro étonnamment chaude.

Détente et méditation près de la rivière 

Côté boulot, on est ravi de renouer avec une expérience qu'on avait déjà beaucoup apprécié en Colombie : le travail de restauration, en salle comme en cuisine.

La haute saison étant sur la fin, le rythme était plutôt tranquille. Et de fait, on sentait comme un laisser-aller dans le réapprovisionnement des denrées. Avec l'absence de communication et d'organisation de notre patron Gustavo (un vrai latino, donc), le doute s'est parfois installé à l'annonce du menu à nos clients...

En cuisine, outre quelques aides ponctuelles de découpe ou de dressage, on s'est souvent retrouvé à faire la plonge... Et quel plaisir d'arriver en début de soirée avec une montagne de vaisselle incrustée de saleté du service précédent ! On a connu des fonctionnements plus rigoureux... Cela dit, les plats traditionnels concoctés par la chef chilienne fan de musique punk étaient super bons.

On a aussi aidé un peu à la maintenance des lieux : arrosage et jardinage.

En cuisine, au bar et dans le jardin

Un jour, on nous propose un travail alternatif. Camila (la femme de Gustavo), photographe à ses heures perdues, doit aller faire un shooting photo à 1h30 d'ici. Préférant ne pas y aller seule, elle propose à l'un de nous de l'accompagner. Les heures de route sinueuse ne motivant pas trop Maïcita (mal des transports, quand tu nous tiens !), elle restera faire ses 5h de service en salle pendant que Phill secondera Camila dans son travail.

NdP : C'est ainsi que je me retrouve à une dégustation de vin dans un vignoble avec la mission de prendre des photos dans un contexte professionnel. Après avoir passé le cap embarrassant de photographier des inconnus, je me suis totalement pris au jeu et je me suis éclaté à découvrir le métier.

Quelques jours plus tard, j'ai vu les photos livrées au client. Les 3/4 sont de moi. ... Haha... Bon j'ai pas touché un centime, mais Camila m'a offert une bouteille de (mauvais) vin et des cacahuètes. Elle savait à qui elle s'adressait.

Session photos au vignoble 

Le soir même, on se fait notre petite dégustation de ce vin piquant à souhait, dans le jacuzzi encore brûlant. Le ciel brillant d'étoiles par milliers nous laisse rêveurs et contemplatifs pendant qu'on trempe dans l'eau bouillante.

Trempette sous les étoiles 

Mais disons-le clairement, ce que nous avons préféré au cours de ces 8 jours, ce sont les 4 adorables chiens des propriétaires...! On n'a pas bougé un petit doigt sans que l'un d'eux ne soit dans les parages. Gustavo et Camila n'étant jamais là, c'est donc avec leurs chiens qu'on s'est lié d'amitié :

- La doyenne, massive golden retriever fan de gratouilles, prénommée Kitty mais qu'on préférera appeler Brenda, ça lui va tellement mieux.

- La labrador noire joueuse, Samba, qui elle aussi adore se jeter par terre pour avoir des papouilles sur le ventre.

- La petite Lily, douce et fidèle. Prise d'un vilain rhume la faisant tousser, on lui a vite attribué le surnom de "Petit tacot".

- Et notre chouchou, seul mâle de la tribu, le beau Lobo attendrissant et affectueux. Ses petites manies un peu timides pour s'approcher de nous et réclamer de l'attention nous ont fait craquer.

En quête permanente de compagnie de jeu et de câlins, ils nous ont constamment amusés, attendris et remplis d'une joie simple et pure. Gros pincement au cœur quand il est venu le moment de les quitter.

Brenda, Samba, Lily et Lobo, si vous nous lisez, sachez qu'on vous aime fort. 

Ainsi s'achève notre très riche expérience de volontariat en Amérique Latine, avec un total de 12 projets sur 9 mois. Formidable manière de voyager, elle nous aura permis de rencontrer beaucoup de gens locaux, d'affûter notre niveau d'espagnol, de nous immerger dans différents modes de vie et de découvrir des savoirs et des métiers tout en économisant pas mal d'argent.

Comme partout, on peut mal tomber mais dans l'ensemble on recommande vivement ce mode de voyage.

Sur ce, nous quittons temporairement le Chili pour un road trip d'une dizaine de jours dans le Nord-Ouest de l'Argentine. C'est parti pour l'aventure !

26

Pour cette troisième étape au Chili, on retrouve Josy et Lionel (la mère et le frère de Phill) avec qui on a prévu de visiter Valparaiso et ses alentours pendant 6 jours.

Malgré le temps un peu terne, on se plait à déambuler durant deux jours dans les rues pentues et atypiques de Valparaiso, une ville où l'art de rue ultra-coloré est omniprésent. Certains graffitis sont criants de réalisme quand d'autres nous emmènent loin dans des imaginaires parfois torturés.

Graffitis de tous styles 
Dans les rues de Valparaiso 

Nombre de ces peintures mettent en scène des superpositions de petites maisons colorées comme pour rendre hommage à cette cité où l'art de rue est devenu roi.

Maisons colorées sur maisons colorées 

Mais globalement, Valparaiso nous a semblé tomber en décrépitude : beaucoup de bâtiments, rues et trottoirs sont en très mauvais état. Ils deviennent le terrain de jeu des graffeurs qui s'expriment librement sur tous supports. Si certaines rues sont agréables à parcourir de jour comme de nuit, d'autres ont un côté coupe-gorge malodorant peu engageant.

Le côté sombre de Valparaiso 

Pour faire face aux nombreux séismes, de nombreux bâtiments ont au fur et à mesure été construits ou reconstruits avec de la tôle. Derrière son apparence fragile et bas de gamme, ce matériau a l'avantage d'être souple et de mieux absorber les tremblements. Cela vaut aussi bien pour les murs que pour les toits. Il paraît que lors des secousses, la chute des tuiles était responsable de bilans humains très lourds.

Autre excentricité donnant à cette ville une âme si particulière : les nombreux funiculaires très pentus permettant d'accéder facilement aux sommets des nombreuses collines de la ville. On ne s'est pas privé de les emprunter, pour l'expérience déjà, et aussi parce que ça grimpe franchement beaucoup. La petite terrasse de notre logement nous offrait d'ailleurs la vue directe sur un de ces « ascenseurs ». A l'heure de l'apéro, les occupants des cabines lorgnaient sur nos verres de vin, sélectionné par Maître Lionel, et les délicieux fromages que Maman Josy nous a ramenés. Quel délice après une longue disette fromagère !

Funiculaire devant l'appartement, petit-déjeuner fruité sur la terrasse

En soirée, l'ambiance dans les ruelles de « notre » colline était festive. On a adoré regarder les sensuels couples de danseurs se séduire sur une placette transformée en piste de tango.

Danseurs de tango 

Côté gastronomie (liquide), en plus de bons vins chiliens on a facilement dégoté de délicieuses bières locales, ambrées comme on les aime.


Au cours d'une des balades, on se retrouve sur le port très industriel qui accueille sans cesse d'impressionnants porte-containers. Vu sa fonction, le lieu n'est pas très esthétique mais il est indissociable de l'histoire de la ville. Valparaiso a longtemps baigné dans l'opulence et la richesse en étant l'un des ports principaux du continent. Cette cité portuaire était alors surnommée "La Perle du Pacifique". Puis, à la construction du canal du Panama, l'économie s'est complètement effondrée face à cette concurrence surgie de nulle part. Ce passé faste explique probablement la présence de certains grands et beaux bâtiments, aujourd'hui parfois délabrés.

Après cette rapide balade sur le port, on se renseigne pour savoir où se trouve une curiosité du coin : les lions de mer. On monte dans un bus pour parcourir les quelques kilomètres nous séparant du lieu. On s'installe sur les rochers pour regarder ces énormes mammifères (jusqu'à 350kg !) échoués sur une plate-forme. La marée est assez basse, on remarque que des dizaines de lions de mer sont dans l'eau et tentent de monter sur la plate-forme pendant que leurs congénères, affalés, se font dorer la pilule. On assiste aux tentatives infructueuses des pauvres malheureux pour rejoindre la meute.

Puis on comprend que l'un des cochons, pardon, des lions de la plate-forme s'emploie méticuleusement à repousser à la mer chaque courageux sur le point de réussir l'ascension. La sale bête ! On s'offusque, on peste ! À chacun de ses semblables que ce videur trop zélé repousse sans pitié, on l'entend rugir des râles de satisfaction et de fierté sournoise. Pris par le suspense, nous voilà incapables de quitter la scène avant d'assister à une réussite. Après des dizaines et des dizaines d'échecs cuisants malgré nos encouragements, un têtu parvient à résister à la vilaine sentinelle et à grimper pour enfin rejoindre le groupe avant de s'affaler comme une crêpe sous nos cris de joie et nos applaudissements.

Port industriel et lions de mer 
Le vil lion de mer 

Non loin de Valparaiso, Viña del Mar est connue pour sa plage, on décide donc d'y faire un saut. Mais on ne tombe vraiment pas sous le charme de cette ville américano-aseptisée dont les immeubles défigurent la plage.

Viña del Mar 

Un peu frustrés, on décide de continuer la route vers le nord en quête de plages plus agréables. On s'aperçoit vite que les villes côtières se suivent et se ressemblent : de hauts bâtiments s'agglutinent en bord de plage et sur les collines surplombant la mer. On arrive finalement à Zapallar et on ne regrette pas d'avoir fait le détour ! La jolie plage (bien que très fréquentée), la côte rocheuse et le très agréable village nous ravissent. Le beau temps est de la partie, on se promène sur la plage et on monte sur une petite colline côtière pour avoir une jolie vue. Les immenses pélicans ont pris possession des rochers et offrent au paysage un certain exotisme. Tout comme les pingouins qu'on verra de loin, au calme sur leurs rochers.

Zapallar 

Après ces trois journées à Valparaiso, on prend la route pour Isla Negra. Sur le chemin, on s'arrête déjeuner dans un des nombreux vignobles de la vallée de Casablanca. La salle du restaurant nous conquit et on déguste de succulents vins blancs pendant le repas et on enchaîne sur une promenade digestive entre les vignes sous un soleil de plomb. Les coups de feu des chasseurs proches nous effraient un peu et on ne s'éternise pas. Un troupeau de lamas broute tranquillement près des vignes.

On reviendra un autre jour dans un domaine à l'architecture grandiloquente pour cette fois faire une visite et une dégustation. La visite de leur usine très industrialisée nous a déçus, car beaucoup trop succincte, mais la très belle salle de dégustation a rattrapé le coup.

Vignobles de la vallée de Casablanca 

C'est dans les embouteillages et la grisaille qu'on arrive à Isla Negra. Pour cette dernière étape, on profitera de balades nuageuses et vivifiantes en bord de plage (parfois bondée), d'un barbecue arrosé de vin local mais aussi de la visite de la maison de vacances de Pablo Neruda, célèbre poète chilien. N'ayant pas l'autorisation de prendre des photos de l'intérieur, on ne joindra que des clichés du jardin. Ce fut passionnant de parcourir la demeure d'un artiste qui laissa libre court à toutes ses pulsions créatives et fantasmagoriques pour donner un sens historique ou sentimental à chacun des détails de son foyer. On a particulièrement aimé les anecdotes suivantes :

- Grand passionné de la mer et des navires bien qu'il n'ait jamais eu le pied marin, il s'était installé un petit bateau dans son jardin qui était le lieu privilégié pour boire l'apéro avec ses amis. Il aimait dire qu'en sortant de ce bateau, il ressentait encore plus de houle que s'il avait été en mer.

- Pendant ses jeunes années, le poète admirait et adulait un grand cheval en bois posté devant un commerce. Des décennies plus tard, il apprend que le commerce a pris feu. Aussitôt, il se rend sur les lieux afin d'acheter l'objet de ses rêves, plus ou moins épargné par le feu (sa crinière blonde a disparu...). Il organise une fête dans sa maison de vacances pour célébrer l'arrivée de son objet fétiche. Il aménage exprès une "étable" pour la sculpture. Seulement, trois de ses amis débarquent à la fête avec la même idée de cadeau : une nouvelle queue pour le cheval mutilé. Ne voulant vexer personne, il attache les 3 queues à son cheval, et revendique fièrement qu'il possède l'unique cheval à trois queues du monde.

- Lors d'un voyage sur l'Île de Paques, il a été tellement fasciné par la statue d'un dieu malfaisant exerçant son pouvoir à travers son regard qu'il a commandé une réplique exacte. Satisfait mais superstitieux, il a retiré l'iris gauche de la statue afin de ne pas subir de mauvais sort.

Beaucoup d'autres histoires loufoques et de collections invraisemblables nous ont été exposées durant la visite et ça nous a beaucoup plu.

Isla Negra 

Il est déjà temps de quitter Maman Josy et Lionel que l'on retrouvera bientôt en France. Le temps file, nous sommes déjà sur le point d'attaquer le dernier volontariat de notre voyage, au Sud de Santiago !

25

Après deux semaines passées à la réception d'un hôtel en ville, on avait besoin de revenir à des tâches plus manuelles et de nous immerger au beau milieu de la nature. A 2h au Nord de Santiago de Chile, on arrive dans les montagnes du parc national La Campana. Nicolas, l'hôte de notre nouveau volontariat pour une bonne semaine, vient nous chercher dans son 4x4 pour nous emmener chez lui.

Son terrain de 4 hectares bâti à flanc de montagne offre une vue sur la vallée à couper le souffle. Les nombreuses fleurs attirent les colibris, ici il y a une espèce géante beaucoup plus grande que tous ceux qu'on a pu voir jusqu'à présent.

Chez Nicolas 

Mais la contemplation, ce sera pour plus tard : une heure après notre arrivée, on nous met au travail pour l'après-midi. On découvre alors un peu plus bas une magnifique maison en cours de construction faite de bois et de torchis. Pour ne rien gâcher, de superbes décorations ornent les façades terminées. C'est là qu'on sera mis à contribution pendant nos 6 jours de labeur.

On est tout de suite mis dans le bain, littéralement, en nous faisant patauger dans un grand bac rempli d'argile, de paille et d'eau. Une fois bien homogène, ce mélange donne du torchis qu'on peut mouler dans le « squelette » en bois des murs.

Bien qu'intenses, nos sessions de 5 heures de travail par jour auront chacune apporté leur lot de découvertes enrichissantes et de sensations d'accomplissement à mesure que nos 'œuvres' avançaient. Quel plaisir que de bâtir quelque chose avec ses propres mains.

On a successivement scié et cloué les planchettes en bois formant la structure des murs, rempli les murs de torchis puis une fois sec, il fallait balancer ce même mélange sur les parois et le presser pour obtenir une surface à peu près plane. Autant dire qu'on finissait la journée couverts de boue.

Et aussi de plaies ! A force de piétiner de la paille et de l'argile pleine de cailloux, on a fini par avoir les chevilles et les pieds couverts de coupures qui se rouvraient chaque jour, quel plaisir ! Donc même en ayant beaucoup aimé cette expérience de construction, on était soulagé de quitter le chantier.

Travaux de construction dans la maison en terre

On a aussi un peu varié les plaisirs en découpant des bouteilles en verre qui seront intégrées aux murs de terre pour donner de la lumière avec un style original. Après une pré-découpe du verre au diamant, on chauffait un fil métallique à la flamme puis on l'appliquait sur la zone à découper en serrant bien. Si ça résistait un peu, on plongeait vite la bouteille dans l'eau froide pour terminer le travail. Technique artisanale infaillible pour de belles découpes !

Découpe et assemblage des bouteilles

Après 5 heures de travail, la routine était toujours la même : se débarbouiller au tuyau d'arrosage puis se jeter dans la superbe piscine (toujours à 27°C, quel pied) et se prélasser devant cette vue incroyable. On s'est vraiment senti privilégié.

La piscine après le travail 

La petite chatte Lola, super câline malgré ses airs sauvages, nous a tendrement accompagnés dans nos moments de repos.

Lola 

Une soirée passée au coin du feu à admirer les étoiles a bien complété ce tableau idyllique. Ça nous a aussi permis d'en apprendre un peu plus sur notre hôte Nicolas, un Suisse-Chilien qu'on a mis du temps à découvrir (peut-être à cause de ses nombreuses gueules de bois?) mais qui s'est révélé être quelqu'un de très intéressant, en plus d'être généreux. Car pour la deuxième fois de notre voyage, on a été accueilli dans des conditions 5 étoiles ! Petite cabane privée, tous les repas fournis... et aussi beaucoup de confiance de sa part.

Contemplation d'étoiles près du feu 

Les fruits du jardin nous ont régalés : oranges plus sucrées que jamais, citrons à gogo, raisin, pommes, fraises et même quelques figues.

Notre découverte « culinaire » de la semaine aura été une pastille de coca qu'on nous a proposée lors de la fête d'anniversaire du voisin. Très concentré en feuilles de coca, le petit bonbon digestif a eu pour seul effet de nous endormir complètement l'intérieur de la bouche.

Arbres fruitiers - Pastille de coca 

Une journée de repos nous a permis de partir en randonnée avec les 3 autres volontaires, jusqu'à une mine de quartz. La montée en terrain sableux s'est révélée assez rude mais la récompense en valait la peine. Le panorama sur les chaînes de montagnes qui se succèdent est grandiose et le fait d'être complètement seuls durant la balade nous enchante, comme d'habitude.

Randonnée à la mine de quartz 

Encore une très belle étape ensoleillée et enrichissante, on met ensuite le cap vers Valparaiso où on retrouvera Josy la Maman de Phill et Lionel son frère.

24

Après 6 mois en Colombie et 1 mois et demi au Mexique, c'est avec une certaine excitation qu'on se dirige vers l'aéroport pour décoller vers le Chili. Notre enthousiasme aura été de courte durée... L'hôtesse supposée nous enregistrer pour le vol semble rencontrer quelques soucis et finit par aller chercher de l'aide nous laissant seuls sans explication. La pression monte lorsqu'on comprend quel est le problème : nous n'avons pas de billet de sortie du Chili valide dans les 3 prochains mois puisque nous quitterons le pays en bus et non en avion. On avait déjà entendu des voyageurs nous raconter cette mésaventure. Afin d'être autorisés à monter dans l'avion, ils avaient dû acheter un nouveau billet de sortie du pays de destination alors qu'ils n'auront pas besoin de l'utiliser... Cette obligation extrêmement absurde est encore appliquée par un bon nombre de compagnies aériennes.

Bref, l'hôtesse revient et confirme nos doutes. On essaie de discuter, on s'offusque, le ton monte, on explique qu'on compte quitter la frontière chilienne en bus, mais rien n'y fait. Elle nous balade alors vers différents services pour voir si une solution est possible, mais en vain et le temps file avant le décollage de notre avion... Les règles sont les règles, qu'importe si elles sont abusives et fondées sur des bases complètement déconnectées de toute réalité.

Puis soudain, sur un éclair de génie de Maïcita, nous montrons notre ancien billet de retour en France dont la date est inférieure à 3 mois, et qui n'est plus valable aujourd'hui, puisque nous avions modifié la date du décollage. Sans aucune vérification de leur part, ce simple bout de papier obsolète imprimé il y a 8 mois est suffisant pour contourner le zèle invraisemblable de la compagnie.

Ouf, on peut enfin attaquer nos 3 vols pour arriver à Santiago. A plus, bande de nazes !

Des avions, des avions et encore des avions 

On atterrit à 3h50 du matin puis on enchaîne sur quatre heures de bus pour arriver vannés à Pichilemu, dans l'hôtel dans lequel on travaillera pendant deux semaines. Cette ville est réputée pour accueillir de nombreux championnats de surf. La promesse de faire des initiations à ce sport de glisse nous paraissait très aguichante. Mais dès notre première balade le long de la plage et de la lagune peuplée d'oiseaux, c'est la douche froide ! Le sable, les roches, le ciel, et la mer ; tout est gris, et il fait surtout un froid de canard. Un petit goût de Normandie ?

Balades aux alentours de Pichilemu 

Lors d'un jour de repos, on décide de marcher plus longtemps sur la plage. Après plusieurs kilomètres de marche dans le sable et de slaloms entre les millions de méduses échouées, on fait une pause bien méritée à Punta de Lobos, LE spot de surf des environs reconnaissable de loin grâce à ces deux gros rochers sortant fièrement de la mer. Le long de cette côte très escarpée, les surfeurs domptent (ou pas du tout parfois) les puissantes vagues sous nos yeux fascinés.

On refera cette même boucle d'une quinzaine de kilomètres un jour de ciel bleu pour redécouvrir le décor sous de nouvelles couleurs.

Comme partout depuis le début de notre voyage, il y a beaucoup de chiens de rue, ou plutôt de plage ici !

Randonnée jusqu'à Punta de Lobos et observation des surfeurs

Les jours de ciel bleu justement sont presque plus froids que les jours gris ! Bien que le soleil frappe très fort (nous offrant ainsi de beaux coups de soleil), le vent froid nous donne souvent la chair de poule. La coutume sur les plages est de se munir de demi-tentes pour se protéger du sable propulsé par le vent.

Les balades à chevaux sont aussi très populaires chez les touristes chiliens, souvent habitant à Santiago et venus se ressourcer au bord de l'eau le temps d'un week-end.

Tentes multicolores et balades à chevaux pour les Chiliens en vacances 

La ville est agréable, on sent bien cette ambiance de vacances propre aux plages (qui ne sont pas toujours propres hélas). Les salles de jeux remplies de vieilles machines à sous nous ramènent quelques années en arrière.

Pichilemu 

Lors d'une balade matinale sur la plage au retour des bateaux de pêche, on découvre que le ceviche est l'immanquable casse-dalle chilien de 10h. Affectionnant les ceviches à la péruvienne (du moins la version occidentale), on a sauté sur l'occasion pour en goûter un. L'écart de saveur et de subtilité est énorme ! On se retrouve ici avec un effiloché de poisson sur-cuit dans une mare de citron jaune. Après quelques grimaces à la déglutition, on s'est plutôt dirigés vers les empanadas, le saint plat de l'Amérique latine. Sa version chilienne propose une gamme de choix extrêmement large ! Optant pour la version cuite au four plutôt que frite, on s'est régalé à redécouvrir un en-cas dont on s'était lassé en Colombie pour son côté basique, de mauvaise qualité et beaucoup trop gras. En plus, ici les options végétariennes sont nombreuses.

Poisson frais du matin - Ceviche à l'acide citrique - Empanada al horno 

Ce qui nous a tout de suite frappé en arrivant à Pichilemu, c'est l'écart des prix avec ce qu'on connaissait en Colombie. Le Chili est le pays le plus riche d'Amérique Latine, donc on s'attendait à revoir notre budget quotidien, mais les prix entre 2 et 5 fois plus élevés nous ont fait un choc !! Heureusement on a deux autres volontariats de prévus dans le pays, de quoi réduire les frais.

Jusque-là habitués aux volontariats dans des auberges abordables où s'amassent de grandes quantités de voyageurs occidentaux, on s'est retrouvé dans un hôtel aux tarifs élevés et dont la clientèle est quasi-exclusivement chilienne. Et pour le coup, ça a mis notre espagnol à rude épreuve. Alors qu'on commençait à bien maîtriser la compréhension de l'espagnol colombien, nous voilà revenu à zéro avec l'accent chilien. Les regards confus et désespérés devant les demandes incomprises de nos clients se sont enchaînés de jour en jour à notre grande frustration. Heureusement, trouver des gringos à l'accueil d'un hôtel chilien avait quelque chose d'atypique et de curieux qui inspirait plus la sympathie des clients que l'agacement. Par contre, répondre aux coups de téléphone nous causait des grimaces de concentration aussi crispées que lors de la dégustation de ce ceviche overdosé de citron jaune.

Pendant notre séjour, l'hôtel a accueilli un couple de clowns facétieux accompagné d'un musicien polyvalent. Devant ces tours vus et revus, les réactions des enfants hilares nous ont bien fait marrer !

Clowns party 

Pendant ces deux semaines, malgré les températures un peu fraîches on a vraiment apprécié le fait d'être plus au sud de l'Amérique Latine : on re-découvre les soirées en extérieur, le soleil se couchant à 20h30 (durant 8 mois on n'a jamais eu de coucher de soleil après 18h). Et surtout, les marchés regorgent de fruits et légumes d'été !! On s'en donne à cœur joie : melons, pêches, pastèque, fraises, tomates bien rouges (…) donnent une saveur délicieuse à nos journées.

Fruit d'été et crêpes de Chandeleur 

On aurait aussi pu se faire une cure de Cochayuyo, de grosses algues vendues tout au long de la plage et utilisées en cuisine comme un légume ou en farine dans les gâteaux. Mais après les fraises juteuses, les algues malodorantes ne sont pas super tentantes... On se contentera de les prendre en photo !

Cochayuyo 

Ces deux premières semaines au Chili sont bien vite passées, on se dirige à présent vers la montagne de La Campana pour aider à construire une maison en terre, et ça c'est chouette !

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Après deux semaines de canicule et de désert sur la côte Caraïbe, on entame notre descente vers Bogotá en commençant par la verdure et la fraîcheur de Minca. Perché dans les montagnes de Santa Marta, ce hameau est notamment connu pour sa grande diversité d'oiseaux.

On fera rapidement le tour de ce tout petit village depuis notre hostel miteux. On prend le temps de se balader, de manger une très bonne pizza (quel plaisir) et de rechercher une excursion à la journée pour le lendemain.

En ce dernier jour de l'année 2017, on s'offre une excursion à la journée avec un guide. Au programme : exploration à travers la forêt et les cours d'eau, découverte de la construction en bambous et ateliers sur des produits locaux. L'ambiance familiale et bon enfant régnant dans le groupe ainsi que l'espoir de voir des oiseaux exotiques sont vite balayés par une pluie de tous les diables. On finit la dernière demi-heure de marche en quatrième vitesse direction la jolie maison en bambou de notre guide volubile, on arrive complètement trempés. Un très bon repas aux saveurs thaï nous y attend, nous donnant l'occasion de nous essorer et nous réchauffer un peu, mais pas assez.

Excursion à Minca

On enchaîne ensuite sur des ateliers variés sur la production de cacao, de café, de produits à base de cannabis et de coca... Toujours aussi fascinant de redécouvrir des produits bruts avant transformation, si différents en aspect et en goût des produits finis auxquels nous sommes habitués (On parle du cacao et du café bien sûr !). Par exemple, les fèves de cacao non torréfiées, bien qu'excellentes en apport nutritionnel, sont extrêmement âpres. Le petit jeune du groupe qui a tout craché sur la terrasse ne nous contredira pas !

Cacao, canabis et autres produits miracles

Il est temps de reprendre la route sinueuse vers la prochaine destination. La décoration du bus dépasse tout ce qu'on a pu voir jusqu'à présent en mode Jésus / Marie SuperStars. Comme d'habitude il n'y a pas de ceinture de sécurité...

Pas besoin de ceinture quand on a Jésus avec nous

Après une douzaine d'heures de bus de nuit, on arrive à San Gil qui nous servira de point de départ vers le village carte postale de Barichara. On aurait bien voulu y dormir justement pour y passer plus de temps, mais comme d'habitude l'attractivité de ce beau village colonial a fait gonfler les prix. Les maisons blanches, les toits en tuiles et les rues pavées et pentues dans un décor vallonné sont magnifiques. Les réalisateurs colombiens ne s'y trompent pas et sont d'ailleurs apparemment nombreux à y tourner leurs films.

On est en pleine période de vacances et les touristes sont très nombreux. Les files de voitures garées gâchent parfois le charme traditionnel et champêtre du village mais on y passe une très belle journée.

Barichara 

Accablés par la chaleur, on trouve refuge dans le patio ombragé d'un restaurant typique. Bien installés, alors qu'une bonne odeur de grillade nous fait du gringue, on nous sert une soupe hyper appétissante. Après deux cuillères généreuses, un Phill gustativement ému balbutie «... holala... je... je crois que je suis content». Et c'est après ces quelques mots, par un incroyable coup du sort, que notre aventurier ébouriffé découvre entre le maïs et le bouillon la présence d'asticots bouillis. Le dégrisement est complet. Maïcita L'Intrépide engloutira son bol de soupe aux asticots sans broncher.

De retour dehors, il fait si chaud que nos ambitions de randonnées autour du village disparaissent. On préférera continuer à arpenter les jolies rues à mesure que le ciel se couvre de nuages sombres. Le retour en colectivo sous une pluie battante nous donnera raison.

Sans transition, voici un tout petit ananas trop mignon et aussi bon que ses grands frères :

Bébé ananas 

Dernière étape à Villa de Leyva, à 5 heures de bus plus au Sud. La ville est un peu du même genre que Barichara : maisons blanches, toits en tuiles, rues pavées, mais en version plus grande. Sa relative proximité avec la capitale en fait une destination prisée des touristes bogotanais. La place centrale est particulièrement marquante par sa taille : il s'agirait de la plus grande du pays, 14000m². Les montagnes environnantes lui donnent un cachet certain.

Villa de Leyva 

Le grand marché du village, foisonnant de fruits et légumes en tous genres (mais aussi de grosses saucisses bien grasses), nous a bien plu. On s'est fait le plaisir de s'acheter un Guanábana, ce très gros fruit local qui a un peu la saveur du litchi. En plus de franchement ravir les papilles, ce fruit peut être considéré comme un vrai médicament. C'est la minute médecine naturelle : vertus thérapeutiques en matière de déficience cardiaque et d’arthrite, analgésique, sédatif, anti-bactériens, anti-parasitaires, anti-fongiques, antispasmodique et enfin hyper efficace pour traiter certains cancers, le Guanábana est VOTRE allié santé. Avec ce qu'on s'est englouti, pas moyen qu'on retombe malade !

Marché de Villa de Leyva - fruit coup de cœur : le Guanábana

Non loin du centre-ville se trouve une maison excentrique en terre qu'on est passé voir : la Casa Terracota.

Casa Terracota 

A 4km de là, on a passé deux semaines de volontariat dans la grande villa de Jeannie, une retraitée américaine qui a passé sa vie à l'étranger. Conditions 5 étoiles dans une vaste maison d'hôte décorée avec beaucoup de goût où on pourra profiter de tous les repas fournis et d'une chambre et salle de bain privée. L'opportunité paraissait tellement dingue qu'on en a poussé un cri de joie une fois isolé dans notre petit nid. Et encore, ça, c'était avant la soirée vin jacuzzi. Pour situer les ambitions de la dame, elle est partie d'un terrain vierge il y a 2 ans et se retrouve maintenant avec deux maisons superbes, une piscine et un court de tennis dans le jardin !

Chez Jeannie 

Cette atmosphère confortable nous a donné encore plus de motivation à donner de notre personne lors de nos 5 (et souvent moins) heures de travail quotidiennes. Outre les tâches informatiques (entre autres la création d'un site internet), on a surtout pris plaisir à créer une mozaïque dans le sol de la terrasse et, pour Maïcita, à faire un peu de peinture.

 Viva el Arte

On s'est senti tout de suite à l'aise avec Jeannie. On avait en plus carte blanche pour cuisiner ce qu'on voulait en piochant dans son garde-manger. Pizza, lasagnes, tarte tatin et crêpes : on s'est fait plaisir ! La bonne ambiance s'est encore accrue à l'arrivée de deux membres de sa famille, Andie et Kenny, deux adorables californiens sexagénaires. Rejoints çà et là par d’autres amis de Jeannie, on aura passé de supers moments de camaraderie qui ont finalement fait place à des adieux touchants lors de notre départ ! Si un jour on passe par San Francisco, on sera attendu de pied ferme par nos nouveaux copains Andie et Kenny qui nous ont invités à moulte reprise.

On mange bien et on s'amuse ! 

Comme très souvent, on s’est aussi fait un ami canin, le jeune et fougueux Mojo. Ce gentil toutou débordant d’énergie nous aura accompagnés tout au long du séjour. Nos tentatives de lui apprendre à ramener la baballe (de tennis) ont lamentablement échoué, ce qui ne nous a pas empêché de partager plein d’autres activités.

Mojo, qui préfère dormir dans le four plutôt que dans sa niche

On a été un peu moins sensible à Lola, petit caniche agaçant pourri gâté par sa môman pendant que Mojo devait se contenter de ses croquettes et de dormir dehors. Oui, nous sommes de grands justiciers.

Lola, fifille à sa maman 

Comme toujours lors de nos volontariats, on profite des heures de temps libre pour se balader dans les environs. Du petit veau touffu à la biquette à très longue barbichette, un rien nous divertit.

En balade autour de Villa de Leyva 

Outre Villa de Leyva, nous avons visité le village de Ráquira, très connu dans le pays pour ses poteries. Des dizaines de boutiques débordant de poteries et de hamacs se succèdent dans tout le village. C’est dans une de ces cavernes d’Ali Baba que Jeannie trouve les fameux pots en terre cuite qui nous vaudront un atelier peinture.

Ráquira

Après une dernière bandeja paisa (LE plat national) près de l'aéroport, nous quittons la Colombie pour de bon ! On a passé 6 mois au total à arpenter le pays et à en prendre plein les mirettes. On est très contents de partir vers d’autres cultures et paysages d’Amérique Latine, en commençant par le Chili !

La ultima bandeja paisa 
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Pour la troisième étape de notre périple côtier on se rapproche de la Guajira, un étonnant désert où dunes arides et océan se côtoient. Un nouveau workaway nous attend dans la ville de Riohacha, dans un hostel tout neuf tenu par un Européen. Nous n'y resterons que 10 jours, la ville ayant peu à offrir à part sa grande plage et la chaleur étant difficile à supporter tant durant les heures de travail que pendant la nuit. On créera plus de liens avec la petite chatte Cleo, super affectueuse, qu'avec les autres volontaires. On ne peut pas être gagnant à tous les coups !

Cleo 

C'est dans la moiteur de Riohacha qu'on fêtera Noël. Pas de dinde aux marrons ni de saumon fumé mais un très bon restaurant arabe qui nous régalera.

Notre Noël à Riohacha - le Père Noël cherche la neige et nous aussi 

La plage de Riohacha est immense et on a surtout aimé les nombreux cocotiers qui l'embellissent. Malgré notre soif d'ombre, on évitera de s'y abriter, le bruit des fruits tombant lourdement sur le sable étant suffisamment dissuasif. L'eau quant à elle est assez marronnasse, les fleuves déversant une eau chargée en sédiments. Rarement bondée, la plage a été un lieu très agréable de Riohacha où se balader et se rafraîchir le matin ou en fin d'après-midi.

Plage de Riohacha 

Le long de la plage, sur ce qu'on appelle le Malecón, les artisans indigènes vendent les sacs traditionnels tissés très colorés typiques du coin. Maïcita se laissera tenter par un joli petit sac bordeaux étonnamment peu cher.

Artisanat local 

Ces jours de labeur auront le mérite de nous laisser du temps pour planifier la visite du désert et la suite du voyage.

On décide de partir en « colectivo » jusque Uribia, la capitale indigène de Colombie. L'ambiance dans cette ville sale plantée au milieu du désert est différente de ce qu'on a vu jusqu'à présent en Colombie et ne donne pas vraiment envie de s'y attarder. Très vite quelqu'un nous propose un tour à un tarif correct incluant tous les transports et une des deux nuits qu'on souhaite passer dans le désert. Après une longue attente pour remplir à toc la jeep, on se met en route !

La première étape est Cabo de la Vela, le beau temps n'est pas au rendez-vous mais la plage est agréable.

Plage de Cabo de la Vela 

Le minuscule village est constitué d'une unique rue sablonneuse qui longe la côte. L'après-midi, on nous emmène voir quelques points touristiques aux alentours et assister à un très beau coucher de soleil. La foule de Colombiens en vacances enlève un peu de charme à ce moment...

Autour de Cabo de la Vela 

On rentre ensuite au camp à l'heure du dîner. Le village étant un passage obligé pour accéder au désert, les restaurateurs en profitent pour gonfler les prix. On se contentera de goûteuses arepas au fromage (quitte à se répéter, on n'aurait jamais pensé mettre "goûteuses" et "arepas" dans la même phrase) qu'une petite mamie vendait dans la rue pour trois fois rien.

Dîner aux arepas pendant une coupure électrique 

Retour à notre hostel/camping où on va passer une des plus mauvaises nuits depuis le début du voyage, chacun dans un hamac trop petit et terriblement inconfortable. Dans un cadre si "nature", la musique à fond dans le camping toute la soirée a été assez déconcertante. On peut conclure sans trop de doute que sur la côte caraïbe, on n'est pas un vrai colombien si on ne fait pas cracher tout ce que les hauts parleurs ont dans le bide, et ce à toute heure du jour et de la nuit.

On se prépare pour une nuit difficile en hamac... 

Réveil piquant à 4h30 le lendemain pour une grande journée, direction Punta Gallinas. Les fortes pluies récentes (et anormales) ont inondé une partie des pistes, la conduite était sportive. Dérapages dans la boue, jeep embourbée... On ne s'est pas ennuyés.

Après plusieurs heures de route, on prend un petit bateau pour attendre un dernier colectivo dans un décor dépaysant teinté d'ôcre, de turquoise et de déchets plastiques.

Arrivée à Punta Gallinas 

En patientant gentiment, on tombe sur des poules. "Punta Gallinas" signifiant littéralement "Pointe Poules", la photo suivante s'est imposée d'elle même !

Pointer une poule à Punta Gallinas, c'est fait 

On arrive enfin à dos de pick-up au camp pour notre deuxième nuit dans le désert. Cette fois-ci on n'hésite pas à réserver la version 5 étoile du hamac pour la nuit : le chinchorro, plus grand et confortable. C'est en plus une spécialité artisanale locale fabriquée par les Wayuu. Les alentours sont beaux, on est content d'avoir un peu de temps pour savourer cette nature sauvage et désertique, ainsi qu'un très bon poisson.

Le camp de Punta Gallinas 

Mais après 5 heures d'attente au camp, soit-disant pour attendre un autre groupe pour l'excursion, on commence à s'impatienter. Une fois de plus, on est victime de la désorganisation et du baratinage systématiques et omniprésents en Colombie. En fait, aucun groupe ne se joindra à nous et cette perte de temps nous aura pour le moins irrités. On finit par s'entasser dans une petite camionnette, l'odeur d'essence est tellement forte qu'elle fait tourner la tête.

Après une première "pause photo » pour laquelle on n'a pas bien vu l'intérêt, on s'arrête à la fameuse grande dune de sable de 60 mètres de hauteur. On y trouvera enfin ce qu'on cherchait : une claque tellement c'est beau et sauvage, pas d'autres touristes que notre petit groupe... Dommage que ça n'ait duré qu'une heure à cause de l'attente au camp. L'immensité de la dune se jetant directement dans l'océan, c'était à couper le souffle. Certains sont allés se baigner, on a préféré profiter du temps imparti pour marcher sur la dune et en voir le maximum.

Du sable, du sable et encore du sable... 

Sur le sable étaient imprimées les traces des animaux passés par là, on s'est amusés à les observer et deviner quels en étaient les auteurs.

Les p'tites bêtes du désert 

On nous promet ensuite d'aller voir le coucher de soleil au point le plus au nord de l'Amérique du Sud. Évidemment, en partant si tard et avec une panne de notre vieux tacot sur le chemin en prime, on a tout raté. "Tranquilo, amigo".

La nuit sera bien meilleure que la première et nous réconciliera avec l'idée de dormir dans un hamac (mais pas n'importe lequel ! ).

Dodo en chinchorro 

Le lendemain on repartira pour Riohacha, on sera content d'arriver après des heures et des heures de route dans des véhicules plus inconfortables les uns que les autres. Comme à l'aller, on passera par des dizaines de « barrages » tenus par des enfants Wayuu pour glâner un peu d'argent ou de nourriture. La situation est compliquée à cet endroit, les locaux veulent faire payer aux visiteurs l'accès à leurs terres. Si on a choisi ce tour, c'est aussi parce que c'est un des seuls qui permette d'accéder à la grande dune, les Wayuu étant en conflit avec les autres organisateurs de tours. Difficile en tous cas de voir tous ces enfants, parfois très très jeunes (sachant à peine marcher), passer leur journée à mendier au bord de la route. Nos conducteurs n'hésitaient pas à foncer sur les barrages, en général les enfants baissent la corde ou la chaîne au dernier moment mais parfois il a fallu piler...

Barrage dans le désert, tenu par des enfants

Un bilan mi-figue mi-raisin donc, il est évident que les paysages sont sublimes mais ça ne suffit pas à faire un beau voyage. L'absence totale d'organisation et l'abondance de touristes par endroit sont vraiment gênantes.

On ne peut pas passer sous silence une autre calamité dans cette région : les déchets. Près des lieux de vie, on découvre des « champs » de déchets plastiques. Il n'y a aucune éducation ni aucune infrastructure pour régler ce problème, c'est assez catastrophique.

On garde tout de même de très belles images dans la tête et la satisfaction d'avoir expérimenté la nuit en chinchorro. Et voilà, notre temps sur la côte caraïbe est écoulé, on entame notre descente vers Bogota. Ça sera la dernière étape de notre voyage en Colombie !

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Nous poursuivons notre découverte de la côte avec le petit village de Taganga, non loin du très touristique Parc National Naturel de Tayrona. Le village est assez pauvre, là où on loge les rues sont dans un sale état.

Taganga, la rue de notre hostel 

La chaleur est toujours présente, on opte pour une activité aquatique : le snorkeling. A dix minutes de bateau de la plage, quel bonheur de nager dans les bancs de poissons ! On s'y sent mieux que sur les plages remplies de touristes. Cette période de l'année est équivalente à nos grandes vacances de Juillet-Août, l'exode des travailleurs colombiens vers des destinations de vacances est bien visible.

Excursion snorkeling à Taganga 

Après cette belle journée passée à se tremper dans l'eau, les cocktails sont bienvenus pour célébrer le 26e anniversaire de La Petite.

Feliz cumpleaños 

On programme rapidement notre visite du parc Tayrona et on décide d'y passer une nuit. Départ tôt le matin, à la fraîche, pour rejoindre l'entrée secondaire du parc. Suivant les conseils, on porte sur nous une bonne dizaine de litres d'eau ainsi que pas mal de nourriture. Une fois dans l'enceinte du parc, les commerçants n'hésitent pas à tripler les prix. Guillerets, on entame donc chargés comme des baudets une randonnée qui nous mènera jusqu'à la côte. La bonne humeur est de mise, notre « carte d'identité » colombienne nous vaut une sacré réduction sur le tarif d'entrée.

La randonnée en pleine forêt est très agréable malgré la chaleur et on ne croise quasiment personne ! A part beaucoup de gros escargots gluants, têtards et autres bébêtes. Les fascinantes armées de fourmis champignonnistes découpent et transportent frénétiquement des morceaux de feuilles. Elles les amassent ensuite pour créer de véritables "jardins" dans lesquels elles cultivent leur nourriture : des champignon ! Une horde de petits singes blancs nous fera l'honneur de sa présence.

Les bébêtes de Tayrona 

D'énormes rochers se trouvent sur notre route et la randonnée prend parfois des allures de parcours du combattant comme on les aime.

Balade en forêt humide parmi les rochers

Après plusieurs heures de marche, on arrive au village de Pueblito constitué de huttes et habité par une communauté indigène au mode de vie traditionnel. La halte casse-croûte est bienvenue, on se rafraîchit au bord de la rivière puis on repart, il nous reste encore plus de la moitié.

Pueblito, village traditionnel 

C'est dégoulinants et épuisés qu'on arrive à Cabo San Juan. La plage, bien que trop peuplée, est magnifique. On se dépêche de réserver une tente dans le grand camping qui jouxte la plage, beaucoup de places sont déjà prises. Les infrastructures sont extrêmement basiques et le ratio toilettes / nombre de campeurs fait peur à voir.

Camping entre forêt et plage 

On est tout de même ravis de passer la nuit dans ce joli décors et le lendemain matin au réveil on pourra bien profiter de la plage presque déserte.

Plage de Cabo San Juan 

On parcourt la deuxième journée le reste de la boucle pour rejoindre l'entrée principale du parc. On patauge dans la boue avec un certain amusement et on s'arrête régulièrement sur les nombreuses plages qui se trouvent sur le chemin. C'est très beau mais la chaleur écrasante et le manque de vivres nous poussent à ne pas trop flâner, on rentrera dans l'après-midi à Taganga.

Tayrona 

Le dernier épisode de nos aventures sur la côte caraïbe se déroulera dans le désert de la Guajira, à tout bientôt !

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C'est avec un certain plaisir, presque l'impression de rentrer à la maison, qu'on retourne sur le sol colombien. On y retrouve des habitudes, parmi tant d'autres on citera le fameux « menú del día » économique et relativement fiable, incontournable dans le quotidien de l'ouvrier colombien et du voyageur fauché.

Menú del día, pas assez souvent végétarien...

On change complètement de décors pour cette deuxième partie de voyage au pays de Shakira : après un bel aperçu de l'intérieur des terres, il est temps pour nous de visiter la côte caraïbe. On s'est donné trois semaines dans cette zone, avec bien sûr un volontariat de prévu. Ne perdons pas les bonnes habitudes.

Le premier mot qui vient en tête à notre arrivée à Carthagène des Indes : caniculaire. On l'avait pourtant lu sur des tonnes de blogs, cette partie de la Colombie étant très touristique, mais rien à faire : on ne peut pas se préparer psychologiquement à une chaleur étouffante sans la moindre brise pour respirer un peu. En dépit de cet inconvénient au quotidien, on passera deux journées agréables à parcourir les très jolies rues du centre historique colonial encerclé de murailles.

Jolies rues de Cartagena 

Les murs, souvent peints en couleurs vives, sont parfois ornés de très beaux graffitis. Les places sont des espaces de vie très agréables et les canons disposés sur les 11 km de murailles nous plongent dans l'histoire. Les pirates n'avaient qu'à bien se tenir !

Art de rue 
Places, murailles et bateau pirate 

Les glaces et les bâtiments climatisés sont des plus agréables aux heures les plus chaudes. Les petits musées de l'or et de l'émeraude nous ouvrent leurs porte pour des visites rafraîchissantes et divertissantes. Si elles n'ont pas laissé de monuments architecturaux majeurs derrière elles, les populations pré-colombiennes locales faisaient preuve de beaucoup de finesse et de technicité dans leur travail de la joaillerie. Rappelons que ces civilisations ont elles aussi été pillées de manière éhontée par les colons espagnols.

Glaces et musées pour se rafraîchir 

N'ayant trouvé que des tarifs exorbitants dans le centre, un AirBnb à peine excentré nous a paru parfait pour nous loger à Cartagena. Quelle n'a pas été notre surprise de débarquer dans une sorte de bidonville extrêmement pauvre et sale, une décharge en plein air à quelques mètres. On y aura d'ailleurs vu des petits cochons se repaître des restes de leurs presque congénères. De l'autre côté de la rue, une fête foraine paraissant désaffectée plante le décors. Elle fonctionnait bien pourtant, en témoignent nos petites nuits tant la musique était forte. Les attractions rouillées ne donnaient pas confiance en tous cas... On n'a évidemment pas flâné dans ce quartier, le traverser le plus vite possible en baissant la tête paraissait une meilleure idée. Ce fut instructif de découvrir par obligation cet envers du décors, à seulement 2 km du centre ultra-touristique et propret.

La vie nocturne à l'intérieur des murailles nous a beaucoup plu, les groupes de musique et les passants profitent de l'absence du soleil brûlant (on ne peut pas pour autant parler de fraîcheur!). Les illuminations de Noël donnent un air de fête à la ville.

Vie nocturne à Cartagena 

Après l'agitation de cette ville touristique, on a envie de calme et de plages. Le village reculé de Tolú, principal point de départ vers l'archipel de San Bernardo, nous semble être une bonne idée. Le village n'a pas de charme apparent mise à part sa plage, mais a le mérite de nous offrir des moments de vie quotidienne très sympathiques. Les enfants jouent au foot sur la plage au coucher du soleil, des vélos taxis pour 6 personnes (le double peut s'y entasser, c'est plus fun) crachent une musique assourdissante... L'ambiance est joviale.

Vie de village à Tolú 
Plage et embarcadère de  Tolú 

Encore et toujours, on vous parle nourriture : c'est la première fois depuis le début de notre voyage qu'on considère des arepas comme un réel aliment comestible ! Hourra ! La recette est différente ici, c'est fourré au fromage et moins bourratif. On trouve des choses plus diversifiées dans la rue, et c'est tant mieux. On testera par contre l'horrible "patacon con todo", une galette de banane plantain frite avec toutes les plus mauvaises viandes reconstituées du monde par-dessus, le tout copieusement arrosé de ketchup et mayonnaise, bin oui faut bien masquer le goût.

Arepas rellenas et patacon con todo 

Si on a parcouru les kilomètres séparant Carthagène de Tolú, c'est pour faire une excursion sur une des îles de l'archipel San Bernardo. On part donc un matin sur l'île de Múcura. Le bateau file à pleine vitesse et percute violemment les vagues, quelle grosse marade.

On passe devant Santa Cruz del Islote, une minuscule île de pêcheurs connue pour être la plus densément peuplée du monde. Il paraît que depuis quelques temps, lorsque la marée monte, les habitants ont de l'eau jusqu'aux genoux. Inquiétant pour les années à venir.

On débarque sur l'île de Múcura qu'on nous avait vendue comme une île paradisiaque aux plages sublimes. C'était sans compter sur les descriptions typiquement très approximatives et baratineuses des Colombiens. La plage principale est en fait très petite et assez bondée. Fuyant le monde comme à notre habitude, on se promène sur l'île à l'heure où les gens s'attablent à l'unique restaurant et on se baigne à l'écart. Nous y passerons un très bon moment, le décor est magnifique autant à l'intérieur de l'île qu'au bord de l'eau.

îIe de Múcura 

Après cette belle journée à Múcura, nous quittons Tolú pour la destination suivante, toujours sur la côte caraïbe : Taganga et le très connu Parc Tayrona. Le récit arrive très vite !

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Publié le 26 décembre 2017

Nous terminons notre voyage au Mexique par une semaine dans la capitale : Mexico City. On ne savait pas trop à quoi s'attendre avec cette immense ville peuplée d'environ 9 millions d'habitants, et la surprise a été bonne ! L'architecture des quartiers est moderne, les rues sont très animées, plutôt propres et il y a une forte mixité sociale (au moins dans le centre), contrairement à ce qu'on a pu voir en Colombie.

Mexico City - centre

On commence par l'incontournable quartier historique de la ville. Impossible de parler de cette zone sans revenir quelques siècles en arrière. Jusqu'au début du XVIeme siècle, Tenochtitlan était l'une des villes les plus peuplées du monde avec plus de 200 000 habitants. Des temples monumentaux, de grandes avenues et de très nombreux canaux structuraient cette florissante cité guerrière. L'arrivée des très catholiques colons espagnols a alors marqué l'anéantissement total de la capitale aztèque. Au gré de quelques massacres, les conquistadors ont méticuleusement détruit tout ce qui pouvait témoigner du pouvoir et des croyances de ce peuple impie. Par-dessus les ruines, ils ont ensuite bâti la capitale de la "Nouvelle-Espagne", qu'ils nommeront Mexico. C'est donc ainsi qu'en plein cœur de la ville, on retrouve des vestiges aztèques "récemment" déterrés. La vue sur ces ruines atrophiées, en connaissant cette histoire, met assez mal à l'aise.

Ruines du Templo Mayor, au coeur de la ville 

A l'approche de Noël, la grande place centrale et ses environs fourmillent de monde. L'ambiance est festive, le grand sapin est en cours de construction. On assiste également à des danses rituelles de tribus indiennes.

La place centrale à l'approche de Noël 

On poursuit dans les rues moins touristiques et on arrive dans un quartier où se succèdent les boutiques de robes de mariée de toutes les couleurs, le kitch est au rendez-vous quels que soient les prix.

Robes - bonbons 

La balade nous conduit ensuite dans un dédale de rues remplies d'étals de marchandises, tel un marché gigantesque à ciel ouvert où se pressent des milliers de passants. On apprend plus tard que ce quartier nommé Tepito est très dangereux, la quasi-totalité des articles vendus sont de la contrefaçon ou sont issus du vol. On n'en savait rien lors de notre visite mais on a bien senti qu'il ne fallait pas trop « dar papaya » ici (montrer ses richesses).

L'une des artères principales de la ville (la Reforma) étant fermée aux véhicules motorisés le dimanche, on en profite pour la parcourir en cette fin de semaine, les musées étant certainement bondés. Entre gratte-ciels et palmiers, on s'amuse à regarder passer les hordes de cyclistes faisant leur petite sortie du week-end, les cours de zumba improvisés et les jeux pour les petits, le tout en pleine rue. On remarque les centaines de pots de fleurs rouges flamboyantes (Poinsettia) en vente dans les rues ou plantés dans la ville à l'approche de Noël.

La Reforma le Dimanche 

Les nombreux parcs de la ville offrent une vie de quartier décontractée très plaisante. On a pris plaisir à s'y poser pour observer les gens s’entraîner à la danse, au cirque, au théâtre ou au skate, jouer de la musique ou avec leur chien. On a aussi vu dans ces parcs de très belles initiatives envers les animaux : des stands dédiés à l'adoption ! D'adorables toutous et minous sans famille attendaient gentiment que le passant les « essaie » le temps d'une promenade, ou plus si affinité.

Il y a de la vie dans les parcs 

On profite d'un jour de semaine pour visiter le Musée d'anthropologie, qu'on nous a recommandé à plusieurs reprises. On a été bluffé ! Le musée est incroyablement bien fait : la manière de mettre en valeur les pièces, l'organisation des salles et les reconstitutions méticuleuses de tombeaux, temples et sculptures assurent une visite passionnante. Pour toute personne intéressée par les très nombreuses civilisations pré-colombiennes, c'est un incontournable dans un séjour à Mexico. On se force à rester mesuré dans le nombre de photos d’œuvres ci-dessous, mais ce n'est pas l'envie qui manque d'en déballer une centaine ! Par rapport aux musées visités précédemment, on a trouvé dans celui-ci des styles artistiques plus variés, des pièces plus minutieuses / abouties, des sculptures de taille monumentale, des instruments de musique... On a particulièrement aimé la très belle reconstitution du tombeau du célèbre roi Pakal recouvert de bijoux de jade, ainsi qu'un nez de Chaac pas cassé (contrairement à tous ceux qu'on a vus sur des temples).

Tombeau du roi Pakal - Très beau nez de Chaac, dieu de la pluie 
Museo de antropologia 

Nous avons beaucoup apprécié le quartier de Coyoacán, comme un village dans la ville avec l'ambiance familiale qui en découle. Comme un peu partout dans la ville, on voit des vendeurs de couronnes de Noël très colorées... faites en maïs ! On regarde avec amusement les cireurs de chaussures, débordés par une clientèle très à cheval sur l'éclat de ses souliers.

Coyoacán

Nous ne sommes pas passés à côté du site archéologique de Teotihuacan, les derniers vestiges que l'on visitera au Mexique. Ancienne cité très puissante, on y trouve certaines des pyramides les plus massives connues de Mésoamérique ! C'est assurément le site le plus grand qu'on ait visité jusque là. Il semble que seulement 2% de la zone a été fouillé, des recherches fructueuses ont encore lieu de nos jours. Cette civilisation n'a pas encore livré tous ses mystères !

Les pyramides sont vraiment impressionnantes et la vue d'en haut permet d'apprécier l’étendue de la cité et sa structure très quadrillée. Sûrement a cause des ravages du temps et des pilleurs, les édifices sont pour la plupart très abîmés et bas, donnant peu de relief a la ville.

Certaines choses nous ont moins plu : la quantité pharaonique (hihi) de vendeurs de breloques, une longue allée goudronnée, l'urbanisation dévorante de Mexico se rapprochant peu a peu de Teotihuacan (donnant un horizon peu sauvage depuis la grande pyramide), la fréquentation du lieu très élevée l'après-midi venue...

Teotihuacan 

La présence de plusieurs musées dans l'enceinte du site est une très bonne chose et permet de mieux comprendre à quoi pouvait ressembler la ville. Parce que si aujourd'hui, les édifices paraissent plutôt grossiers dans leurs finitions, il est très probable qu'à l'âge d'or de la civilisation, les décorations (sculptures et bas reliefs) aient été nombreuses et les murs enduits colorés devaient magnifier la ville.

Musées de Teotihuacan

Impossible de ne pas terminer nos récits du Mexique par un paragraphe sur la nourriture. On a passé plus d'un mois à découvrir avec plaisir des plats et de la nourriture de rue plus diversifiés qu'en Colombie. On apprend que les burritos comme on les connaît en France ne sont pas Mexicains mais une invention américaine ! Attention donc à ne pas demander du riz et des frijoles dans une galette de blé au risque de froisser votre interlocuteur. La plupart des plats traditionnels sont composés de viande et oignons, poivrons ou autres légumes, le tout à manger dans des petites galettes de maïs au goût plus ou moins prononcé. Coup de cœur pour les tacos arabes, avec des galettes de blé plus douces que le maïs (merci Arno & Ary !). On a vite appris à se méfier des sauces posées sur les tables des restaurants ou sur les stands : les rouges sont extrêmement piquantes, les vertes sont carrément du feu liquide. Mis à part ça et la sauce « mole » au chocolat pouvant s'avérer un peu écœurante, on a vraiment apprécié cette parenthèse culinaire. Même les sandwich étaient bons (et un sandwich au cactus, ça ne se trouve pas partout !). On ne peut par contre pas s'empêcher de tiquer sur les dizaines de stands en enfilade dans les parcs, vendant uniquement des gâteaux apéritif plus gras, salés et chimiques que tout ce qui existe en France.

Un peu de nourriture mexicaine 

Ce n'est qu'un au-revoir Mexique, tu as encore tant de choses à nous montrer ! On a adoré ces 6 semaines de découvertes vraiment très variées.

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Après 6h de route zigzagant dans de magnifiques montagnes boisées, on arrive sur la côte pacifique, deuxième partie de notre voyage dans l'Etat de Oaxaca. L'empressement de découvrir les plages paradisiaques de Mazunte et de ses environs se fait sentir après cette journée de voiture, on enlève vite les chaussures pour se dégourdir les jambes dans le sable frais.

Depuis notre hôtel en bord de plage, on ne se fait pas prier pour adopter le rythme reposant du coin. On batifole dans les vagues, on regarde la mer à toute heure de la journée et on partage du bon temps tous les 4 avec Lionel et Alexia autour de plats, pas toujours typiques (overdose de maïs oblige).

L'ambiance de tranquillité reposante qui règne à Mazunte en fait un QG des voyageurs hippies. Ici, c'est baba cool attitude et mœurs libérées... On pourrait facilement observer les passants des heures durant tant les looks peuvent être exotiques.

Plages de Mazunte et San Agustinillo 

Dans les hauteurs du village se dresse Punta Cometa, un ensemble de gros rochers se jetant dans la mer. Localisé à l'extrémité sud de la côte de Oaxaca, ce lieu aurait eu un rôle rituel important de par la vue qu'il offre sur de magnifiques couchers de soleil. Quoi de mieux que d'aller vérifier la beauté sacrée du site par nous-même ! Un petit sentier pittoresque nous y mène, les vues sur la côte rocheuse et les plages sont superbes. Le soleil est accablant du matin au soir, on ne traînera pas trop. Sur le chemin, on découvre un petit passage descendant le long d'un flanc rocheux, il nous emmène droit sur un incroyable jacuzzi naturel qu'on aura le privilège de garder rien que pour nous 4. Pendant que des colonies de crabes dansent sur les roches, des vagues déferlent et nous chahutent. On profitera à deux reprises de notre jacuzzi privé, dans les éclats de rire.

Punta Cometa 

Les différentes plages des environs nous ont offert des instants magiques aux levers et couchers du soleil embrasant le ciel. La valse des pélicans ne gâchait en rien le spectacle...

Levers et couchers de soleil sur les plages des environs 

A deux pas de Mazunte, on visite la lagune de Ventanilla qui fait office de réserve naturelle pour la faune locale. A bord d'une pirogue, on part à la découverte d'une multitude d'oiseaux, d'iguanes et de crocodiles au milieu de la mangrove. Les explications de notre guide nous rappellent une fois de plus à quel point chaque seconde qui passe dans la nature est un combat pour la survie. L'excitation est bien là quand on aperçoit un premier crocodile dans l'eau à quelques mètres de notre fragile embarcation.

Dans la mangrove 

Après cette balade aquatique, on pose pied à terre et on se dirige vers un sanctuaire de protection de la faune et de la flore. De petits arbres de mangrove sont élevés en pépinière pour être plantés dans des zones où la forêt aquatique a été détruite par des tempêtes. On découvre des animaux en cage qui seront réintroduits : bébés crocodiles, perruches... Ces dernières sont très présentes chez les gens comme animal de compagnie, leurs ailes sont coupées pour qu'elles restent avec leur propriétaire. On en a d'ailleurs vue une dans cet état dans un café de bord de route la veille... Ici, on les recueille le temps que les plumes repoussent puis on les libère. Certains animaux devront rester captifs vu leur état, c'est le cas d'un crocodile resté des années dans un tout petit espace, ayant pour conséquence une malformation importante du museau.

Sanctuaire de faune et de flore 

La mascotte du coin dont on entend parler dès notre arrivée, c'est la tortue. Les villages côtiers pêchaient autrefois des quantités impressionnantes de tortues et récoltaient les milliers d’œufs enterrés dans le sable pour les vendre, au point de décimer ces animaux marins. Ces pratiques sont maintenant interdites et les mêmes villages sont devenus des centres de protection des tortues, vivant ainsi de ce tourisme. On part donc un matin en excursion bateau au milieu de l'océan dans l'espoir d'en observer. Le suspense a été de courte durée ! Après une vingtaine de tortues observées de près ou de loin en train de nager, le bateau ne s'arrêtait même plus pour les regarder. On se sentait déjà chanceux lorsqu'un autre type de spectacle s'est joué devant nos yeux écarquillés. Tour à tour, des dauphins et des orques nous ont offert un ballet en s'amusant à sauter hors de l'eau et à passer sous notre bateau ! Une expérience incroyable et bienvenue tant on est constamment confronté à des actualités écologiques hyper alarmistes. Le plan initial de nager avec les tortues a été modifié suite à la visite des orques. Le guide a rapidement pris cette décision vu la proximité de ces énormes et puissants mammifères, on écoutera bien sûr sans broncher...

Excursion bateau à la recherche des tortues 

En discutant avec un guide de la réserve des tortues de la ville, on apprend l'existence d'Escobilla, une plage sanctuaire où viennent pondre des dizaines de milliers de tortues chaque année. Les débris d’œufs qui jonchent la plage témoignent des quantités de pontes ayant lieu à cet endroit.

Le soir même, on se retrouve sur cette plage à participer à une libération de bébés tortues. Pour donner plus de chances aux petits, le sanctuaire protège les œufs de quelques couvées à risque et les relâche près de l'océan, les protégeant ainsi de certains prédateurs. On se retrouve donc tous les 4 sur une magnifique plage déserte au coucher du soleil, accompagnés de deux guides, avec une bassine remplie d'une centaine de bébés tortues et tout le loisir de les déposer une par une dans le sable et les regarder avancer jusqu'à l'eau. On a vécu là un moment magique, entre la lumière douce du soleil couchant et le bonheur total de tenir ces petits êtres nés 3h plus tôt dans nos mains puis les déposer face à leur destin ! Certains se dirigent droit vers l'océan, d'autres prennent un peu plus leur temps, quelques-uns sont un peu déboussolés et partent dans le mauvais sens... On restera jusqu'à ce que la dernière toute petite tortue soit avalée par l'océan. Un moment d'émotion qu'on n'est pas prêt d'oublier !

Libération de bébés tortues à Escobilla 

Pour finir, voici quelques photos de plus ou moins piètre qualité de la nourriture locale qu'on a expérimentée dans l'Etat de Oaxaca. Le maïs sous toutes ses formes est toujours très présent, surtout les galettes qui accompagnent tout plat régional qui se respecte. Les sauces peuvent être assez épicées... Tout comme un paquet de chips a priori anodin qu'on avait acheté pour accompagner nos bières et qui nous a enflammés à en pleurer. La fraîcheur des soirées à Oaxaca de Juarez nous a fait particulièrement apprécier un breuvage chaud infusé aux fruits et aux bâtons de canne à sucre. On gardera également un souvenir ému des meilleurs sandwichs dégustés depuis notre départ de France, pas très typique mais franchement délicieux !!

Comida 

Ainsi s'achève notre aventure dans ce très bel Etat de Oaxaca. Après avoir profité de décors sublimes et d'expériences inoubliables, on quitte Lionel et Alexia des souvenirs plein la tête et on se met en route vers Mexico City pour une dernière semaine au Mexique.

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C'est à bord d'un petit avion à hélices qu'on décolle pour notre nouvelle aventure mexicaine dans l'Etat de Oaxaca, au Sud du pays.

On retrouve Lionel et Alexia (le frère et la belle-soeur de Phill) dans la capitale Oaxaca de Juarez, entourée de montagnes. Avec son architecture coloniale et multicolore, ses nombreux arbres bordant les trottoirs et ses rues pavées, la ville est très agréable à parcourir. Le temps sec et très ensoleillé n'enlève rien au plaisir d'y déambuler. Malgré un trafic élevé, on se retrouve facilement sur de belles places piétonnes qui grouillent de vie dans une grande mixité sociale et une cacophonie musicale festive. Face aux beaux restaurants à terrasse s'enchaînent les stands de nourriture de rue, les ribambelles de musiciens, les vendeurs ambulants ou encore les déplacés politiques vivant dans des tentes de fortune...

Oaxaca de Juarez 

Cette ambiance populaire se renforce encore quand on met les pieds dans les marchés couverts. On y découvre le mode de vie des locaux dans un dédale d'étals de nourriture en tous genres : piments de toutes tailles et couleurs, mole (pâte de piment et de cacao), tlayudas (grandes galettes de maïs sèches), fleurs d'hibiscus, mezcal (l'alcool local, parfois avec un serpent dedans !) ou encore sauterelles grillées, le dépaysement est total. Un matin on entendra une fanfare dans l'un de ces marchés, en s'approchant on découvrira que c'est l'animation d'une messe ayant lieu en plein milieu du marché !

Marchés de Oaxaca 

La ville est également connue pour ses nombreuses galeries d'art. Peintures, sculptures et photographies de tous styles s'y côtoient.

Galerie d'art à Oaxaca 

Les musées fleurissent un peu partout dans cette ville forte d'une Histoire pré-hispanique riche et d'un artisanat développé. Très intéressés par les trésors funéraires que cachaient les sites archéologiques de la région, nous partons visiter le musée des cultures de Oaxaca. Malgré l'absence de la pièce maîtresse du musée (un crâne serti de turquoise) déplacé pour une exposition, les bijoux, urnes funéraires et autres artefacts étaient passionnants à découvrir.

Musée des cultures de Oaxaca 

Monte Alban – La principale attraction touristique du coin est justement un site archéologique : Monte Alban, une ancienne cité olmèque et zapotèque construite au sommet d'une montagne arasée. Bien qu'on retrouve des points communs avec le monde Maya en termes d'architecture et de culture (présence d'un jeu de balle), l'endroit est très différent des ruines visitées au Yucatán. La vue panoramique sur les ruines et les montagnes est impressionnante. Le travail de terrassement, une fois de plus, nous paraît colossal. Il devait être très difficile de s'approcher de la ville sans être repéré tant les édifices surplombent les vallées. Une fois postés sur le haut d'un des temples, le panorama et l'atmosphère nous invitent à la contemplation et aux rêveries sous la lumière changeante du soleil couchant.

Ruines de Monte Alban 

El Tule – Dans un petit village des alentours se trouve une merveille de la nature : El Árbol del Tule, l'arbre au tronc le plus large du monde avec 58 mètres de circonférence. Ce cyprès multi-millénaire au tronc torturé fait passer l'église attenante pour une miniature !

El Tule 

Hierve el agua – Plus loin sur la route, on arrive à Hierve el Agua, un ensemble de deux cascades pétrifiées résultant de l'écoulement d'eau calcaire pendant des temps immémoriaux. Ce phénomène ne se retrouve qu'en Turquie, on est donc ravi de visiter ce monument naturel rarissime et magnifique. Le nom de la cascade signifie « l'eau qui bout », en référence au bouillonnement des sources d'eau pourtant froides. Dans les montagnes aux alentours, on discerne une femme couchée dessinée par la roche. Comme souvent, le point négatif reste les touristes, en particulier pour leur comportement hyper envahissant. Pour le bien commun et la conservation du lieu, ça aurait du sens de limiter l'accès à une partie des cascades. Claquer une belle photo sans touriste narcissique en train de poser indéfiniment pour sa prochaine photo Facebook/Instagram est un défi qui demande patience et réflexe.

Hierve El Agua 

Mitla - Sur le chemin du retour, on s'arrête sur un site archéologique de taille modeste bordé de cactus. Chose intéressante, on peut rentrer dans les tombeaux souterrains, chauds et humides. Passer les portes exigeait un peu de contorsion tant elles étaient basses. Le site est globalement assez détérioré, il reste tout de même des décorations, purement esthétiques (ça contraste avec les bâtiments Mayas dont les décorations avaient toutes un symbole). En plus des ravages du temps, les temples ont été dépossédés de leurs pierres pour construire l'église d'à côté, un exemple supplémentaire du radical travail d'effacement des civilisations précolombiennes auquel se sont livrés les colons espagnols...

Ruines de Mitla 

Mezcal – Boisson emblématique de l'état de Oaxaca, le Mezcal est un alcool élaboré à base d'agave, à l'instar de la Tequila. Son goût est cependant plus fumé, en raison d'un mode de préparation bien particulier. Le cœur des agaves est cuit pendant plusieurs jours dans de grands fours creusés dans la terre, recouverts de pierres brûlantes. L'alcool est ensuite obtenu après fermentation et distillation. En plus du traditionnel Mezcal pur, des dizaines de crèmes de Mezcal aromatisées sont commercialisées. Très sucrées, elles peuvent vite devenir écœurantes si elles sont dégustées pures. On a visité une usine de fabrication, les procédés restent très artisanaux !

Visite d'une fabrique de Mezcal  : plants d'agave, cœurs d'agave avant cuisson, broyage des cœurs cuits

Autre artisanat local dont on a pu avoir une démonstration : le tissage de tapis en laine, tout le processus du filage de la laine jusqu'au tapis fini se faisant à la main. Amusant de voir qu'avec un même pigment naturel (par exemple la cochenille), on peut obtenir des couleurs différentes en changeant le pH avec du jus de citron ou de la craie !

Fabrication de tapis en laine teinte aux pigments naturels 

Après la séduisante ville de Oaxaca, nous poursuivons la découverte de la région côté plages !