Entre le décalage horaire et l'énorme changement climatique, la nuit fût très courte.
Je me réveil donc alors qu'il fait déjà une chaleur humide de quasiment 30 degrés.
Bienvenue à Singapour !
Avec un PIB digne des pays les plus riches de la planète, la petite cité-État du Sud-Est asiatique a en fait tout d’une grande, y compris sur le plan culturel. C’est un creuset où se mêlent diverses traditions et populations. Il y a de quoi perdre un peu la tête quand on saute du tourbillon de gratte-ciel dans le quartier des affaires aux rythmes de Bollywood qui égaient une Little India délabrée. Aisée, high-tech et un brin snob parfois, Singapour est également un haut lieu de la gastronomie internationale et cité de gourmets et se découvre aussi au fil de ses hawker centres et food courts où tout un chacun partage avec plaisir et gourmandise une cuisine bon marché.
Pour élire une échoppe ou l’autre, je déciderai de me fier aux plus longues files d’attente.
Vous l'aurez compris, j'ai vraiment hâte de goûter la cuisine locale... La Patagonie c'est beau, mais niveau nourriture c'est pas trop ça !
Mon hostel se trouve dans le quartier de Kallang, au Nord-est du centre. Pour ma première balade, je décide de me rendre à pied dans le quartier de Little India et son désordre constant venant contraster avec le reste de la ville. Sous les five-foot ways (étroites arcades piétonnières couvertes) s’étalent mille et un produits, épices et fanfreluches destinés à émoustiller tous les sens, que l’on soit simple passant, touriste ou habitué. Les boutiques ferment tard le soir – voire restent ouvertes 24h/24 pour certaines – et il y a des embouteillages en pagaille.
Dans ce quartier je visite notamment :
- le Mustafa Centre : un vaste magasin aux prix serrés drainant essentiellement une clientèle indienne. On y trouve à peu près tout : articles électroniques, bijoux en or clinquants, chaussures, sacs à main, bagages, produits de beauté…
- l'Indian Heritage Centre : la communauté indienne de Singapour retrouve ici toutes ses racines. Divisée en cinq thèmes, cette sublime collection présente des centaines d’objets historiques et culturels qui illustrent, entre autres, les premiers échanges entre le sous-continent indien et le Sud-Est asiatique, les traditions indiennes ou encore l’apport des Indo-Singapouriens à la nation.
- le Temple Sri Veeramakaliamman : temple le plus impressionnant et coloré de Little India dédié à la déesse Kali, que les hindous représentent portant un collier de crânes, éventrant ses victimes et partageant des moments plus paisibles avec ses fils Ganesh et Murugan. La féroce épouse de Shiva est vénérée au Bengale, terre natale des ouvriers qui bâtirent l’édifice en 1881.
- le Temple Sakya Muni Buddha Gaya : un Bouddha de 15 m de haut et de 300 tonnes domine ce temple, entouré d’un groupe hétéroclite de divinités, notamment Kuan Yin (ou Guan Yin), déesse chinoise de la Compassion et des dieux hindous, Brahma et Ganesh. Les tigres jaunes de part et d’autre de l’entrée symbolisent la protection et la vitalité. Quant à l’énorme empreinte de pied de Bouddha, en nacre, qui se trouve à gauche en entrant, ce serait une réplique de celle qu’on trouve sur le pic d’Adam au Sri Lanka.
Je mange dans mon prier hawker. Un tout petit qui m'a été recommandé par le responsable de mon hostel. Je me dirige donc vers le stand en question en face duquel se trouve une file de clients dans laquelle je me faufile.
Je goûte finalement le premier plat asiatique de mon voyage : un laksa. Un laksa est une soupe riche et complète à base de lait de coco, de nouilles, de crevettes et de viande, parfumée de pâte de curry, de piment, de citronnelle et de coriandre.
Apres la magnifique balade dans le quartier indien, j'arrive dans mon second hawker (le premier ayant fait office de petit-déjeuner..) : le Tekka Fond Centre. Les épices du sous-continent indien embaument ces stands très fréquentés, derrière les étals de viande du marché. Je mange un délicieux Mutton Masala, un plat typiquement indien.
Je continue ma marche en me rapprochant du centre. J'en profite pour me balader dans l'énorme Parc Fort Canning. Lorsque sir Thomas Raffles débarqua à Singapour, personne n’osait approcher de Fort Canning Hill, alors appelé Bukit Larangan (“colline interdite”) car c’était le mausolée du dernier sultan du royaume de Singapour. Havre de fraîcheur pour échapper à a moiteur urbaine, le parc sur la colline invite aujourd'hui à humer les arômes du jardin aux épices. En ce moment se tient également, dans le Fort Centre, un événement célébrant le bicentenaire de l'arrivée de Sir Raffles (1819) à Singapour.
Cette expérience permet de revivre les 700 ans d'histoire du pays à travers 5 actes :
- Acte 1: les débuts
Dans ses débuts, Singapour était un empire maritime prospère sous le règne de Sang Nila Utama et de ses successeurs. Être connectée à la région a apporté à Singapour des vagues de fortune et de prospérité, mais elle l’a également placée au centre des perturbations régionales.
Tout au long de son histoire, Singapour évolue - du siège du royaume de Singapour au 14ème siècle à la manière dont sa chute a donné naissance au sultanat de Melaka au 15ème siècle et, finalement, à une base navale au 17ème siècle.
- Acte 2: Arrivée
L’arrivée des Britanniques en 1819 a marqué le début d’une nouvelle trajectoire pour Singapour, qui se transforme cette fois encore en un port colonial reliant Singapour non seulement avec la région, mais également avec l’Europe. L'absence de droits de port et les nouvelles opportunités économiques ont attiré des vagues de migrants qui se sont rassemblés dans le port nouvellement ouvert, transformant Singapour en une ville plus cosmopolite.
- Acte 3: Connectivité
Le 19ème siècle a vu Singapour évoluer dans une métropole animée. Il a été témoin de l'émergence de nouvelles inventions technologiques, de l'expansion des infrastructures physiques et des industries, ainsi que de la prolifération de nouvelles idées d'identité et d'appartenance.
Cependant, sous ces développements fastueux se trouvaient de dures réalités, en particulier pour ceux des masses laborieuses qui devaient faire face à toute une série de maux sociaux. Celles-ci ont incité des membres éminents des diverses communautés à faire un pas en avant pour tenter de résoudre ces problèmes.
- Acte 4: Profession
La vie dans la ville de Singapour s'arrêta avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1942. La capitulation britannique de Singapour et l'occupation qui s'ensuivit entre 1942 et 1945 obligèrent les Singapouriens non seulement à prendre conscience des dangers et les ont incités à chercher des moyens de définir leur propre destin et à renégocier leur relation avec l'île qu'ils ont appelée leur pays d'origine.
- Acte 5: Destin
En récapitulant les scènes des actes précédents, on explore comment le pays a émergé grâce à la contribution des citoyens ordinaires.
Je sors finalement du parc plus tard que prévu et je passe par quelques magnifiques bâtiments tels que la Cathédrale St Andrew (malheureusement fermée) avant de rejoindre le quartier très animé autour de l'Arab street et son énorme méli-mélo, tant sur le plan culturel ou religieux que culinaire ou commercial. On trouve dans ce quartier de nombreux bars et arts de rue.
Je retourne désormais très rapidement à mon auberge se trouvant à 15 minutes de là puis je pars assister à mon premier match de foot sur le continent asiatique. Ce match oppose deux équipes de Singapour : Balestier Khalsa et Albirex Niigata. Score final : 1-3 dans une ambiance très calme.
Après le match je me rends dans le hawker ouvert 24 heures sur 24 proche de mon auberge. J'y mange mon premier chicken rice : un poulet très tendre poché sur un lit de riz.