Carnet de voyage

les 27 jours japonais de Livia

L
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28 étapes
40 commentaires
Par Livia
Après 15 ans d'attente enfin la découverte du Japon, de Osaka à Tokyo en passant par Shikoku et Hiroshima...
Du 23 avril au 19 mai 2018
27 jours
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J-2

Aujourd'hui, j'ai quitté mon bureau le coeur léger, sachant que lorsque j'y retournerai, j'aurai découvert le Japon...

Après une soirée avec Miki et Marie, je n'ai qu'une envie, voir, gouter, sentir et ressentir tout ce dont elles m'ont parlé, pour enfin en finir avec les fantômes et les représentations.

Je vais donc me coucher avec une idée dans la tête, plus que 3 nuits ici, avant l'ailleurs.

J-1

Dans moins de 24h, je monterai dans l'avion... En attendant, il est l'heure des grandes retrouvailles avec mon sac à dos!

C'est bon, tout va rentrer, avec un poids très réduit, moins de 8 kilos. Donc je vais pouvoir l'alourdir tout au ont de mon voyage, dans ce pays/temple de la consommation, parce que je ne pourrai pas mettre de temple dans mon sac à dos ;-(

Allez, plus qu'une nuit à Paris avant le départ

J1

Avant même d'être monter dans l'avion, un petit signe du destin... Dans la déco du duty free de Roissy, aux couleurs de Sakura :









Puis une gentille hôtesse m'a surclassée, donc à moi le fauteuil hyper large qui devient un demi lit, les coussins moelleux et le saké à volonté, autant dire que les 11 heures de vol se sont plutôt bien déroulés! Après une brève escale à Shanghai, un autre vol à moitié vide (encore de la place pour bibi) et une trouée dans les nuages qui m'offre ma première vue du Japon, suivie de pleins d'autres :

Et après avoir déambulé dans le plus grand centre commercial d'Osaka pour cause de pluie (mais ça porte bonheur ici), j'ai fêté mon arrivée avec un tapis roulant de sushis...

Oyasumi Nasai (bonne nuit) avant la suite de mes aventures, à Koyasan...

J2

Deuxième journée au Japon tout aussi belle et riche que la première... Premier déplacement en train, d'une simplicité extraordinaire, même dans le métro. Dans le train j'ai rencontré une mamie japonaise, qui après avoir compris que j'étais française m'a parlé pendant un bon quart d'heure de son voyage en France... En japonais : j'ai donc compris TGV, Mont St Michel, fromage et foie gras. Mais aussi un couple de retraités japonais ravis d'exercer leur anglais avec moi et un jeune goth, ravi d'apprendre que Koyasan figurait dans les guides touristiques. Donc, moi qui avait peur de ne pas avoir beaucoup de contact avec les locaux, je suis rassurée!!

Koya-san... Une petite ville aux mille temples, nichée dans la montagne. Ici, je me sens hors du temps, et le fait de dormir dans un temple du XVIIIe siècle n'y est pas étranger.

Donc une journée de premières fois : premier temple shintô, premier onsen, premières soba au Japon, et premier jardin de gravier...

Je vous en dirai surement plus demain, là le décalage horaire se fait sentir (oui je sais il est 19h53) mais j'ai supra demain matin à 6h30... Promis, je vous raconterai!

J2
nuit

Coucou,

même si je suis déjà arrivée à Nara (plein de biches), je voulais quand même vous parle de ma nuit au temple de Sekisho-in à Koyasan, car il s'agissait d'une première pour moi!

Alors commençons par les idées reçues : non la nuit au temple n'est pas bon marché, c'est même l'inverse ( peu importe la religion, les moines sont toujours de bons marchands), la chambre ne ressemblait pas du tout à une petite cellule monacale, au contraire, elle était très spacieuse et claire, avec des meubles très délicats, avec une vue sur le jardin en fleurs. Et pas de douche froide pour moi, plutôt le onsen à 65°C!!

Par contre, étant dans un temple bouddhiste, toute la nourriture est végétarienne, j'ai même manger du tempura de fleurs! et même si les "offices" ne sont pas obligatoires, ce serait dommage de manquer ça! C'est un peu tout l'intérêt de dormir dans un temple, pouvoir observer la foi des japonais et pas seulement des moines (la moitié des clients était du pays). Après le petit déjeuner j'ai discuté avec une dame venant de Tokyo, en visite pour se purifier du stress de son travail... Assez familier non ?!

Donc ces quelques heures au monastère auront été l'occasion pour moi de me plonger dans une certaine contemplation, et de saisir (un tout petit peu) les liens entre les japonais, le shintoïsme, le bouddhisme et leurs moines.

A très vite pour un post complet sur Nara...

J3
matin

J'ai pu admirer Koyasan sous le soleil, après les supra et avant le départ pour Nara, donc voici quelques photos...

J3àJ4

Fini les hauteurs de Koyasan, retour en plaine, avec les biches de Nara :

Oui elles sont partout! Mais il n'y a pas que ça à Nara, il y aussi le meilleur saké du japon, un temple qui fête ses 1300 ans, l'auberge de jeunesse la plus chic de la galaxie, des hordes d'écoliers japonais avec leurs uniformes trop mignons, des femmes en kimono, la plus grande structure en bois du MONDE et un immense Bouddha assis (dont la narine fit 50 cm de diamètre, pour vous donner une idée) : mon amour pour le Japon ne fait que grandir...

Mais il y a quand même pas mal de biches...

Nara, c'est aussi le Japon féodal, avec les maisons anciennes (l'auberge de jeunesse par exemple) et en fan des vieilles pierres, j'ai été éblouie presqu'à chaque instant... Avec, malgré la foule de touristes, une serviabilité très touchante, qui a rendu cette étape plus qu'agréable.

Et puis il y a eu le temple Kasugai Taisha, un petit bijou (celui qui a 1300 ans) et son trésor présenté au musée (il n'y aura pas de photo car interdite). Mais cette visite au musée m'a encore prouvé l'envie de découverte des japonais : j'avais un peu peur de ne rencontrer que des backpackers ou les gens dans les hôtels, mais pas du tout; en me baladant dans l'expo, seule occidentale pardon les nippons, un couple vient vers moi pour me demander ce que je fais là... En fait Machiko et Aoki avaient surtout envie de pratiquer leur anglais, et ils ont été plus heureux d'être tombés sur une parisienne pour ça, encore une belle rencontre pour moi, qui s'est terminée devant un thé matcha!

Je vous écris ce post depuis Kyoto, où je suis arrivée en fin de journée, sous un orage impressionnant, mais la pluie a fini par s'arrêter, à moi Gion!

J5

Il va m'être très difficile de résumer Kyoto en quelques paragraphes, car j'ai vécu plein de choses ici. Cette ville est vraiment tout en contrastes, en oppositions qui s'accordent parfaitement : des maisons basses traditionnelles à la Kyoto Tower, de la gare de 11 étages toute en verre et métal au système électrique antédiluvien, de la geisha à la fana de latex, on croise tout à Kyoto. Tout en se baladant à vélo, pépère (car ville plate) entre les centaines de temples, les jardins zen et les quartiers branchés !

Cependant, jusqu'ici (car il me reste encore presqu'une journée complète) il y aura eu pour moi 3 moments très particuliers...

Le premier : la cérémonie du thé. Un grand merci à Mari et Yuka de m'avoir fait partager leur culture et leur gout du détail, avec autant de gentillesse ! J'ai découvert toute la concentration et la pratique presque méditative nécessaires à cet art du matcha plein de mousse.

Après ce moment à la fois goutû et spirituel, j'étais très heureuse d'aller enfin découvrir le temple Inari Taisha (vous savez les 1000 portiques rouges), malheureusement, j'avais la même idée et envie que 10 000 autres personnes, donc j'ai vu ça 😦 :

Je me suis donc rabattue sur le temple voisin pour y découvrir un jardin zen de toute beauté, havre de paix parfait après le bain de foule touristique...

Puis une balade dans la ville, avant le 2e temps fort... suspens...

Le 2e highlight de cette étape : mon diner chez Giro Giro, un kaiseki. Un kaiseki, késako ? Un kaiseki (selon la définition de l'office du tourisme de Kyoto) c'est une cuisine saisonnière artistique et délicate. En fait, on dit que le kaiseki-ryori est le summum de la cuisine japonaise. Le kaiseki-ryori utilise des ingrédients frais de saison et est cuisiné de manière à en rehausser le goût d’origine. Chaque plat est légèrement assaisonné et magnifiquement présenté dans de la vaisselle particulière. Souvent, au titre de décoration, un élément de la nature comme des feuilles d’arbre ou des fleurs, accompagne les plats. Le kaiseki est considéré comme le plus grand raffinement culinaire au Japon. Voilà... C'est un diner parfait, présenté en français par le chef, Goemmon, Aligato Gosaïmas !

Kyoto, to be continued...

Teaser : je ne me suis pas avouée vaincue pour Inari Taisha, ça faisait trop longtemps que je révais d'y aller pour abandonner 1 kilomètre du but!

J6
matin

Pour profiter d'Inari en toute tranquillité, j'ai mis mon réveil à 5h30, oui 5h30 !! Mais, en arrivant aux abords du temple à 6h15 j'ai été plus que récompensée : croiser les habitants qui nettoient leur pas de porte, les commerçants qui montent leur stand, et avoir le site presque juste pour moi... Pouvoir faire l'ascension du Mont Inari, sans la foule, en savourant le passage sous les 1000 tori, avec uniquement le chant des oiseaux et les cloches que font résonner les fidèles dans les différents autels était tout simplement extraordinaire, une méditation active !

Et puis, l'arrivée au sommet, la vue sur Kyoto, qui parait si lointaine en cet instant, le Kansai et ses montagnes, reprendre son souffle avant qu'il ne puisse être coupé. Alors que je pensais avoir été très gâtée, une petite dame est arrivée, une Japonaise, d'une soixantaine d'années, avec une très mignonne tache de lie de vin en forme de coeur au coin de l'oeil. Je la regarde, elle me regarde, on se regarde, puis elle vient vers moi, me demande d'où je viens : "la France, I've been there 4 times, I love la France".... Une petite discussion s'engage puis elle me demande si cela me dérange qu'elle chante , "non bien sûr" que je lui répond ! Et là, ce petit bout de femme, avec sa chanson très ancienne en japonais, m'a fait pleurer tellement elle mettait d'émotions et de spiritualité dans sa voix. Je regrette un peu de ne pas l'avoir filmé mais je pense que je n'aurais été aussi présente et connectée si j'avais filmé...

Cela faisait très longtemps que je rêvais de voir cet endroit, Inari a dépassé toutes mes attentes!

J6àJ7

Bon après Inari, je suis rentrée faire une sieste, oui oui, une sieste à 10h15, j'avais besoin de me remettre de mes émotions et de reprendre des forces pour le reste de ma journée : le château impérial, balade dans la ville, la meilleure boutique de thé de la ville, la visite de la gare, manger des ramen, aller en boite de nuit avec des kyotoïtes, plein de trucs, la vie quoi !

En tant que parisienne pure et dure, je ne m'étais jamais visualisée dans une autre ville que Paris... Mais là, bizarrement, je me suis dit : "je pourrais vivre ici"... T'inquiètes pas Maman, je vais rentrer ! D'ailleurs, je suis déjà en route vers Tokyo, dans le shikanzen.

J8

Aujourd'hui, je saute dans le grand bain à la découverte de Tokyo, ville-monde par excellence, où chaque changement de métro ressemble à Châtelet ! Mais en cette première journée, je me fais surtout bichonner par tous les parents...

La mère de Marie m'a fait prendre de la hauteur pour un déjeuner de tempura exquis avec vue sur la ville, avant une balade digestive et une tentative infructueuse de visite du jardin impérial, malheureusement fermé en ce 1er mai, mais ce n'est que partie remise...

Puis balade dans Ginza, un des quartiers tokyoïtes, avec découverte du plus grand Muji du monde avec une règle : NE RIEN ACHETER !! Pour me simplifier la tâche, je suis partie sans carte bancaire et avec 1000 yen en poche (de quoi me payer un ticket de métro et une bouteille d'eau grosso modo)...

Teaser : attention, expérience culinaire après les photos !

Puis les Yoshida, les parents de Miki m'ont fait découvrir les sushis ! Car oui, je viens de comprendre l'art du sushi, plus jamais je ne pourrais manger de chiponais de ma vie. De la mise en bouche avec le tartare de crevettes roses et blanches, au sushi de gras de thon braisé, en passant par le sushis d'oursin ou le sashimi de sole : un fondant extraordinaire, une saveur de wasabi renouvelée, bref un autre diner parfait... Marie, je te pique ta formule, ici mes papilles sont en effervescence... J'allais oublier le sushi de shiitaké, je ne savais même pas que ça existait le sushi de shiitaké ! MERCI...

J9

Histoire de reprendre mon souffle après une découverte tokyoïte sur les chapeaux de roue, Halouet m'a fait prendre de la hauteur en allant visiter Hakone, dans les montagnes, à une heure de Tokyo, pour aller saluer Fuji-san (alias le mont Fuji) qui malheureusement avait la tête dans les nuages...

Mais débutons par le commencement ! Départ à la gare routière de Tokyo, avec un groupe intégralement composé de japonais : j'étais la seule gaijin du groupe et pour une fois, j'étais grande, très grande, décidément le Japon prend soin de moi et de mon ego 😉

Pour vous mettre dans l'ambiance, une petite vidéo..

Bon blague à part, j'ai surtout pu voir la montagne du Kanto, très majestueuse et douce à la fois, avec toujours l'horizon en ligne de mire, rien à voir avec les vallées alpines très encaissées. Donc même si Fuji-san avait la tête emmitouflée, j'ai passé une journée délicieuse, entre montagne et jardin, fleurs et lacs, avec un groupe ravi d'avoir une française parmi eux !!

Halouet, aligato gozaïmas. Et maintenant place aux photos :

J10

Bon j'ai la flemme d'écrire ce soir, alors un petit concentré en photos de cette journée, entre marché aux poissons de Tsukiji (le plus grand du monde), découverte des jardins de l'empereur, balade dans Shinjuku et diner dans l'izakaya (auberge à tapas japonaise) préférée de Mishima !

Vous voyez, une journée bien chargée...

J11àJ12

J'écris ce post depuis le Shinkansen qui m'emmène loin de Tokyo, vers la ruralité de Shikoku...

Tokyo aura vraiment été une étape étourdissante de ce voyage. Cette ville est impressionnante par sa taille, hier j'ai marché une heure et demie, en ligne droite sans détour et j'ai péniblement parcouru 6 stations de métro, cela m'a rappelé à quel point Paris est une toute petite capitale. Mais cette ville est aussi stupéfiante par ses contrastes : un minuscule temple fait face à un gratte-ciel de 70 étages, le meilleur restaurant de sushi de la ville prend place dans une cave, avec une entrée digne d'un lupanar en pleine guerre froide, des Harajuku girls en micro-short et maquillages improbables papotent devant le temple avec un moine très attentif ! Bref, ici l'européenne que je suis perd tous ses repères, et c'est très plaisant.

Une de mes craintes en arrivant à Tokyo, après avoir tant apprécié la gentillesse et le sens du service de toutes les personnes que j'avais rencontrés dans des plus petites villes, était de perdre cette douceur dans mes contacts avec les habitants d'une mégalopole : cette crainte était totalement injustifiée ! Car même ici, dans une agglomération de 36 millions d'habitants, le respect au confort d'autrui sont toujours de mise. Le comble est que le seul moment où j'ai ressenti une pointe d'agressivité dans ce voyage, c'était par une Française à Nishiki market...

Autre joie pour moi ici, l'architecture. Ici pas de bâtiment haussmanien, c'est sûr ! Mais une liberté de tout expérimenter, que ce soit pour les gratte-ciels, les rénovations de maisons anciennes, les magasins, vraiment je pense qu'un architecte doit s'éclater ici !

Architecture 

Enfin, les looks, les contre-cultures, l'underground japonais... Ils sont fous ces Japonais ! Entre ultra-rigueur et pétage de plomb (dans un lieu et un cadre précis bien sûr), cette diversité est quand même très touchante, peut être que les Parisiens devraient s'en inspirer, pour garder cet esprit novateur et libre qui a caractérisé Paris pendant si longtemps... Attention, il y a du niveau !

Une petite compilation des inclassables....

Et pour clore ce post, 2 vidéos : un mariage traditionnel au temple Meiji-jinju et le fameux Shibuya Crossing !

J12
après-midi

Ici, pays de la consommation par excellence, les 100 yen shop sont une institution. Un genre de "tout à 1 euro" mais en 1000 fois mieux !

D'abord il y a un choix hallucinant, vraiment ! Ensuite, d'après tous les japonais qui m'ont en parlé (et vanté les mérites) la qualité n'est pas proportionnelle au prix. Et enfin car c'est bourré de gadgets japonais hilarants ou flippants ou juste ingénieux, ça dépend.

Petite liste à la Prévert des articles disponibles : assiettes, verres, couverts, baguettes, draps, nappes, oreillers rafraîchissants, pinces à nouilles fines, pinces à nouilles épaisses, pinces à nouilles glissantes, ventilateur à riz, ventilateur portatif pour chien ou bébé, tige pour soutenir les paupières, masseur pour doigts, une diversité de boites hallucinante, enveloppes arc-en-ciel, décorations pour pied de chaise, éponge magique à la mélanine (pas besoin de détergent), éponge à enfiler sur le robinet de l'évier, chat en plastique, boule aspirante à caler sous les aisselles pendant la séance de sport, etc, etc, etc....

Mais blague à part, les hyakkin sont surtout une aubaine pour les familles et les étudiants, dans ce pays où la vie est très chère et les aides gouvernementales presque inexistantes.

Heureusement que je suis sans maison en ce moment, car sinon j'aurais dévalisé le magasin...

Je vous laisse découvrir ça et trouver l'utilité de ces merveilles (oui oui, il y a toujours un indice dans la photo).

J14

Un tout petit mot car je suis épuisée... Aujourd'hui premier jour de vélo : 77 km pour relier Takamatsu à Tokushima, une très belle route entre petits villages et montagnes. Et j'ai tout eu : la petite pluie, la grosse pluie, l'orage où il fait nuit à 15h, la crevaison d'un pneu à 4 km de l'arrivée mais aussi l'arc-en-ciel, les femmes de la coopérartive avicole qui font passent mon sweat et mon legging au sèche-linge avant de me faire déguster une omelette au potimarron du feu de dieu en peignoir (si vous passez à Sanuki dans la préfecture de Kagawa, je vous conseille vivement Kanae egg / Kanatama kitchen, l'arrivée dans mon airbnb alias show-room d'un architecte d'intérieur, soit un cocoon design avec la baignoire de rêve pour me reposer de cette dure journée, vraiment j'ai tout eu !

J'espère que demain sera un peu moins... riche en émotions.

Je vais me coucherzzz zzz zz z

J13

Petit retour en arrière... Avant hier, j'ai quitté Tokyo en prenant le Shinkansen et j'ai eu de la chance car j'étais du bon coté pour observer Fuji-san et en plus il faisait beau. Donc après Fuji-san la tête dans les nuages, voici Fuji-san, vu du train, avec certains de mes délires photographiques :

Pas mal, hein ? Ensuite, j'ai quitté le Kansai pour arriver à Shikoku, île plus au Sud, l'île du vélo pour moi. malheureusement ce premier contact s'est fait sous la pluie, ce qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille pour les jours à venir mais le mauvais temps ne m'a pas empêchée de profiter du Ritsurin-koen, un des plus beaux jardins du Japon et m'a donnée le prétexte parfait pour me réchauffer avec des Sanuki Udon, la spécialité de la région...

J14àJ15

Bon, je vais pas vous mentir, mes deux premiers jours de vélo ont été difficiles et mouillés. Hier, j'ai essuyé de la pluie fine, quelques grosses averses et deux énormes orages. J'espérais en avoir fini avec la pluie mais pas du tout !

Ce matin, après un repos bienfaiteur dans mon super airbnb à Tokushima, j'étais pleine d'entrain pour mes 80 km qui allait m'emmener sur les côtes du Pacifique. Après 30 minutes plutôt bien, la drache arrive, une pluie tellement soutenue que je finis par m'abriter sous le auvent d'une scierie, devant 10 ouvriers un peu étonnés de me voir patienter sous leur porche... J'ai fini par battre en retraite en prenant le train pour les 30 km suivants... Mais la drache a continué, oui, oui pendant les 50km . Mais je les ai fait, tous, je suis allée jusqu'au bout : yes, we can do it !

Et enfin, je suis arrivée à Shishikui, station balnéaire au bord du Pacifique : délivrance. Et comble du plaisir lorsque j'ai appris que Shishikui était doté d'un onsen !!! Onsen, au sein de l'hôtel Riviera, très années 70, avec jacuzzi à 37°C, puis 41°C, puis 43°C et enfin 45°C (tous avec vue sur l'océan) avant d'enter dans le sauna et de finir par le bain à 21°C. Bon il n'y a pas de photos bien sûr, on est toutes nues dans le onsen hein... Mais j'ai trouvé ça pour Google :

Et cette dure journée s'est terminée au restaurant où je me suis régalée de sashimi extra-frais, un grand merci à Hidan et Ayako pour le cocktail au yuzu offert par la maison à la parisienne 😀

Allez on croise les doigts, normalement demain il fait beau...

J16

Après les galères et la pluie, il fallait bien que le fun finisse par arriver. Au 3e jour, il était là. Dès le petit déjeuner, au bord du Pacifique sous le soleil, je savais que j'allais enfin pouvoir m'éclater à vélo. Et quel plaisir de pédaler au bord de l'océan, avec d'un côté les plages de rochers qui succèdent aux plages de sable noir tandis que de l'autre s'alternent jungle avec singes farceurs, bambouseraie pleine d'oiseaux chantants et villages de pécheurs...

J'avais prévu de faire 80 km, pour relier Shishikui à Nahari, et de là prendre le train pour Kochi, étape du soir. Mais je crois qu'après toute la pluie des jours précédents, (qui se dit ame en japonais pour l'anecdote), l'air de la mer et deux heures d'avance sur mes prévisions, j'ai décide d'aller jusqu'à Kochi à vélo. Bilan de la journée ? 124 km parcours et la fierté d'avoir pédalé tous les kilomètres de la route 55 d'Hiwasa et Kochi en passant la pointe sud, le cap Muroto. Il y en a qui se font la route 66 aux USA, moi c'est la route 55 à Shikoku !

Et pour clore cette journée, le plaisir d'arriver dans une guesthouse charmante à Kochi, avec une chambre digne de Totoro et un voyageur français fana du Japon qui m'a appris mes premiers mots en japonais autour de katsuo tori (des brochettes de bonite) miam !

J17

Après la côte, l'intérieur des terres, et donc à Shikoku, de la montagne. Ce matin, je n'ai parcouru que 62km mais avec un dénivelé de + 1025 mètres, soit une montée continue durant 1h30, bon ok, les 25 derniers minutes, j'ai poussé le vélo pour éviter la crise cardiaque, ou l'envie de lancer mon sac dans le fossé ! L'avantage étant que mon étape de la nuit ne se trouve qu'à 900 mètres au dessus du niveau de la mer, donc les 2 heures suivantes se sont déroulées en pente douce, en longeant la rivière Yoshino... Et au milieu coule une rivière.

Comme vous pouvez le voir, la vallée de l'Iya est assez paradisiaque, entre eau turquoise, nature luxuriante, encore des singes, des lézards à queue bleue et des papillons violets flous... Et pour ne rien gâcher ,la journée s'est terminée dans un onsen avec vue sur les arbres (j'ai réussi à prendre une photo en loucedé, pour toi Maman !!!) puis, retour à l'auberge de jeunesse, dans la lumière du soir... La vie est dure... Non la vie est belle !

A demain, pour la dernière étape à vélo...

Oyasumi nasai !

J18

Je crois que j'ai développé une sorte de pathologie entre masochiste et addiction car ce matin, je me suis réveillée à 6h pour ajouter 22 km à mon itinéraire prévu... Pour une raison hautement futile : prendre un bain. Un bain exceptionnel, un bain là :

Avouez que c'est pas banal quand même... Mais ça se mérite : 11km aller, avec + 400 mètres de dénivelé, un pont suspendu que j'ai parcouru les mains continuellement crispées sur les rampes et une descente en funiculaire... Mais aucun regret !

Et toujours cette vallée merveilleuse comme paysage, qui possède même son enfant pisseur...

Après ce bain parfait, retour à Takamatsu, mon point de départ pour rendre le vélo de location, récupérer mon sac à dos et prendre le train pour Matsuyama, d'où je vous écris, ici j'écris beaucoup dans les trains...

Bilan du périple à vélo : 437 kilomètres parcourus, 2 jours de pluie (qui ont causé une crise de nerf), 3 jours de plein soleil, un pneu crevé mais réparé toute seule, la route 55 faite à 90% et la route 32 faite à 100%, pas mal de courbatures dans les cuisses, un sentiment de fierté assez intense et un défi relevé !

J'ai décidé d'en rester là niveau randonnée à vélo pour ce voyage, je ferai le Shimanami Kaido (la piste cyclable de 80 km qui traverse la mer intérieure en passant d'ile en ile et de pont en point) la prochaine fois... Car oui il y aura une prochaine fois au Japon !

Une petite photo de la mer intérieure du Japon prise du train pour vous dire au revoir...

J19

Après tous ses efforts et une nuit exquise dans la plus belle auberge de jeunesse de tous les temps (le dortoir / art room est assez époustouflant ), une journée bien au calme à Matsuyama, petite ville côtière du Nord de Shikoku, ma dernière étape sur cette île qui aura pris soin de moi pendant une semaine.

Histoire d'aider mon corps à se remettre des efforts intenses et des courbatures, je lui ai offert un onsen pour démarrer la journée, et pas n'importe quel onsen, le plus vieil onsen de tout le Japon. Il aurait plus de 3000 ans et ses eaux miraculeuses auraientt soigné une grue mourante... Alors elles pouvaient bien délasser mes cuisses courbaturées ! Et oui elles l'ont fait !

Le onsen est quand même un lieu assez particulier au Japon, très fédérateur, car tout le monde se retrouve au onsen : les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, les beaux, les moins beaux, et tout le monde à poil !

Au Dogo onsen (le onsen de Matsuyama) j'ai fait une rencontre très particulière, une vieille dame, professeure de français à la retraite, particulièrement heureuse de pouvoir pratiquer son français avec moi. J'ai donc eu la chance d'avoir une visite privée en français de ce lieu si emblématique (il apparait dans plusieurs romans très connus ici). Elle m'a ensuite expliqué pourquoi le onsen était très important dans la vie selon elle : c'est un moment pour retrouver ses copines, cela permet de nouer des relations beaucoup plus fortes qu'en prenant un café ou en se baladant et on prend soin de soi (et donc un peu des autres).

Ensuite visite du temple emblématique de la ville, un déjeuner de brochettes de bonite et une petite visite du chateau, histoire de piquer un roupillon dans le jardin... Puis départ vers Hiroshima, une étape que j'attendais tout particulièrement...

J20
matin

Bon le titre est assez clair, Hiroshima a été ma première étape décevante... En arrivant du port j'ai croisé les premiers SDF de mon voyage (soit ils étaient bien planqués dans les autres villes, soit j'étais trop perchée pour les remarquer...), puis je suis arrivée dans une auberge de jeunesse hautement désagréable où la propriétaire m'a expliqué 3 fois qu'il n'y avait pas de coffre, que je devais garder toutes mes affaires avec moi et qu'il était hors de question de laisser son sac à dos à l'hôtel après le check-out. Bon... J'arrive dans le dortoir et là ma voisine à qui j'ai lancé un "Hi" guilleret me répond à fermant son rideau : ambiance !

Je décide de ne pas me laisser abattre et je file au bar Koba, conseillé par le proprio du super hostel de Matsuyama. Koba était fermé pour cause de fête de mariage... Je finis par trouver une terrasse, avec une bière à 800 yen, soit plus chère qu'à Tokyo ! Je décide de m'installer dans un restaurant spécialisé par les Okonomiyaki Hiroshima's style. A Paris, j'adore les Okonomiyaki, vraiment, ces gros pancakes au choux et au bacon je trouve ça délicieux, mais ce sont les Okonomiyaki à la façon d'Osaka. A Hiroshima le choux est cuit à part, avec du coup beaucoup de gras, et il y a en plus des nouilles, du fromage et des crevettes. Bref c'était lourd, gras et sans intérêt. Donc mon premier repas décevant en 20 jours !

Je rentre à l'auberge de jeunesse dépitée, avec le ventre lourd et le coeur gros...

Le lendemain matin (ce matin) je décolle très vite de cet endroit, je prend un café au 7-eleven (pas faim après le repas de la veille) et je file au musée de la paix d'Hiroshima. Ce musée est très bien fait, très pédagogique, avec beaucoup d'artefacts, de témoignages de survivants, peut être trop pour moi, car je me suis retrouvée en larmes au bout de 14 minutes de visite. Et se retrouver en larmes, au musée, à 10h du matin, toute seule, c'est un peu dur quand même... Heureusement, un très gentil couple de Japonais m'ont pris en pitié et se sont occupés de moi le temps que je me requinque.

J'ai décidé de filer au centre commercial pour me faire masser les pieds et je me suis offert une douzaine d'huitres (très bonne), pour me remettre de tant d'émotions et de quitter cette ville sur une note positive. La rencontre entre cette ville et moi n'a pas eu lieu, une prochaine fois peut être...

Je vous écris ce post depuis Miyajima, mais je vous raconterai tout ça dans le prochain post, là je profite de ma auberge traditionnelle, un ryokan, en regardant la marée monter sur le torii... Teasing !

J21àJ22

Comme je vous le disais dans le post précédent, Miyajima a succédé à Hiroshima, normal, Miya se trouve à moins de 15 minutes de bateau d'Hiroshima. Et cette île m'est d'abord apparue pleine de mystères, avant de dévoiler son fameux torii et son armada de touristes...

Mais j'ai eu la bonne idée de dormir sur place et donc de pouvoir profiter de l'île et de la douceur de ses habitants après le départ des derniers ferrys, et je n'ai eu aucun regret.

D'abord pour une nuit exquise dans un ryokan très joli et pas hors de prix et ensuite pour profiter de la marée haute de nuit puis de jour qui fait flotter ce torii énorme et magnifique presque que pour moi ! Un étape vraiment très agréable qui révèle sa spiritualité par petites touches avec une mention spéciale pour les supra chantées par tous les moines du temple ce matin à 7h... Bon je mets de côté l'attaque de biche qui a mangé deux très jolies cartes postales que je venais d'acheter, donc gare, les biches aiment le papier...

Et pour finir sur Miyajima, un petit selfie et mon petit déjeuner de princesse... C'est mon instant Insta !

Puis retour sur le continent, enfin l'île principale pour un arrêt à Himeji, la ville d'un des plus beaux châteaux du Japon... Que je n'ai pas visité car la file d'attente m'en a dissuadée ! Par contre j'en ai fait le tour plusieurs fois et il a vraiment fier allure ce château de bois !

Et je me suis offert une petite sieste dans les jardins du château mais j'aurai pas dû et je vous épargne mes mollets plein de piqures eux aussi (ou de l'art de se faire attaquer par des bêtes féroces danslun des endroits les plus visités du Japon ) :

Bon ça a encore gonflé avant de dégonfler, j'avais donc un visage presque normal pour mon retour à Kyoto !!! Et oui, j'ai décidé d'y revenir pour quelques jours avant mon départ...

J22àJ24

Je suis de retour à Kyoto pour quelques jours avant le retour à Paris. Au vu de mon amour naissant pour cette ville, il n'y avait pas meilleur endroit pour moi pour clore ce voyage par quelques jours tranquilles, moins riche en émotions.

Ici je flâne, je contemple, je me balade à vélo, élargissant petit à petit ma connaissance de cette ville, de ces différents quartiers, je rigole dans les arcades commerciales du génie du gadget japonais... Je croise une procession religieuse en costumes traditionnels dans laquelle chacun à un rôle bien précis (porteur d'eau, ramasseur de crottins, porteur de siège pour le très vieux moine), bref ce pays continue de m'émerveiller, même après plusieurs semaines, même dans une ville déjà connue...

Et j'ai pris un cours de cuisine ! Vous verrez dans les photos ma création du jour, zaru-udon et tempura de poulet, soit nouilles froides et beignets de poulet, un grand merci à Massa d'avoir partagé un peu de son savoir et sa recette du Dashi avec moi.

J25

Pour ma derrière journée à Kyoto, j'ai pris de la hauteur en faisant l'ascension du Mont Daimonjiyama. Petite précision, il culmine à 647 mètres d'altitude, donc une petite randonnée hein... Mais une randonnée durant laquelle j'ai trouvé toute l'essence du Japon concentrée en 3 heures de marche : les ponts de pierre, l'eau toujours présente avec les torrents, la retenue d'eau, les oiseaux qui chantent, les "konnchiwa" et "sumimasen" des autres marcheurs, mais aussi les "hello bye bye" des groupes d'écoliers si mignons dans leurs uniformes de sport, la nature, toujours si proche de la ville puis l'arrivée dans le quartier de la promenade des philosophes, tous ses temples et surement l'un de mes buddhas préférés...

Puis un déjeuner et une balade citadine avec ma copine kyotoïte, Mari, et un diner kaiseki vraiment délicieux ! Bref une journée rêvée pour commencer à dire au revoir à cette ville et à ce pays...

J26àJ27

Ca y'est j'ai atteint ma dernière étape, celle où j'ai repris l'avion. Cette toute dernière journée s'est faite intégralement à pied, plus de 15 km de balade dans cette ville si immense et moderne, deuxième ville du Japon après Tokyo, très variée où j'ai passé ma journée à faire du shopping, manger et contempler... Le lendemain, après une rencontre surréaliste à 6h du matin dans la gare de Soin-Osaka avec un jeune couple adorable aux yeux plein de saké et de shochu, retour au Kansaï Airport pour rentrer à Paris après 22h de trajet ! Ca y'est je suis de retour, un peu nostalgique mais heureuse de vous retrouver !

J1àJ27

Au Japon, j'ai passé des heures à observer ou plutôt à contempler les lieux, les gens,

- les temples : shinto, bouddhistes, Jéhovah, catholiques

- les châteaux en bois, en cartons, en Legos, en hots dogs, en glaces, en crêpes - des Buddha de plastiques phosphorescent, de pierre vieux de plus de 1000 ans, en bois avec une banane extraordinaire

- les jardins, zen, secs, humides, de mousse, de pruniers...

- les motifs des plaques d'égouts : silhouette du château d'osaka, du Dogo onsen du Matsuyama, des grues, des pruniers, des cerisiers...

- les modes d'emplois des toilettes avec le jet pour devant, pour derrière, avec jet chaud ou froid, avec musique pour couvrir tout son inopportun, avec souffle séchant, en braille

- les linéaires des magasins plein de gadget tous plus fous, utiles, futiles, essentiels, bariolés, minimalistes, effrayants, délirant les uns que les autres

- les looks de la Lolita de Shibuya, aux Goths de Shinjuku, les looks hip hop 90's d'osaka, les femmes ultrachic de Tokyo, les poupées surréalistes d'Hiroshima, les écolières de tout le Japon, les maiko de Kyoto ou les surfeur de Kochi, et bien sûr les pompes des hommes et des femmes !

- le genie japonais pour créer une société où chaque service accessible à tous : le taxi si bas de caisse et si haut de toit que les personnes en fauteuil roulant peuvent y entrer, les instructions toujours accessibles en braille et en audio

- les façades d'immeubles si chic ou si miteuses mais si souvent bourrées d'inventivité et d'informations - les assiettes méticuleusement agencées pour le plaisir des yeux avant le plaisir des papilles !

Je me suis étonnée de la ponctualité à toute épreuve des transports, de cette foule compacte où pourtant personne ne se frôle, des sourires si subtiles et pourtant si présents.

J'ai contemplé une société si occidentalisée et pourtant si différente de la mienne. En creux, je me suis contemplé, moi si parisienne et pourtant si fascinée par ce pays...

Et en bonus, quelques plaques d'égout :