Fascinant, mystérieux et longtemps méconnu, le Myanmar (le pays merveilleux), a ouvert depuis quelques années ses portes au tourisme sans pour autant démocratiser ses institutions.
Du 24 avril au 8 mai 2019
15 jours
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Nous voici déjà dans le second pays de notre périple : le Myanmar (ex-Birmanie).

Contrairement à la Thaïlande qui est un incontournable de l'Asie du sud-est depuis des décennies, sa voisine birmane s'ouvre quant à elle au tourisme depuis seulement une petite dizaine d'années.

Cette étape ne se fera pas à deux mais à trois. En effet, nous avons l'immense plaisir de retrouver notre pote Geoffrey, qui nous accompagne pour 3 semaines.

Premier stop de cette étape : Yangon (anciennement Rangoon). Ancienne capitale coloniale britannique, la ville a perdu son titre de capitale au profit de Naypyidaw en 2005.

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Nous nous rejoignons à l'aéroport international et prenons directement un taxi pour le centre-ville. Nous posons nos affaires dans notre auberge de jeunesse située là encore dans le quartier Chinatown.

On fête nos retrouvailles non loin de notre auberge dans la 19e rue (célèbre pour sa street food) autour d'une bière locale qui porte le nom du pays et d'un petit plat birman.

Devinette : Quelle est la personne qui commence ses vacances ?  Indice : couleur de peau
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Le lendemain, place à une journée bien remplie, durant laquelle la chaleur (dépassant parfois les 40 degrés) ne nous quitte pas.

Nous commençons par le marché hétéroclite de Bogyoke, composé de joaillers, de vendeurs de produits en bois fait maison ou de vêtements.

Le mec était fan d'Arsenal et de Lens, il n'a pas su se decider. 

Nous partageons ensuite un moment typique avec la population locale en prenant un train nous permettant de découvrir les alentours de Rangoon. Nous avions prévu de prendre le "circle train", qui fait une boucle de 3h, mais on apprend en arrivant à la gare que cette ligne est en travaux. Un autre trajet aller retour est néanmoins possible, on ne sait pas bien où il mène mais on embarque quand même. C'est une superbe expérience mais il ne faut pas être pressé car le train est lent, très lent, très très lent ...

Pépère sur les voies

On retrouve le théâtre des marchands ambulants, vendeurs d'eau, de chiques de betel (mélange de tabac, de noix d'arec et de chaux), de fruits, qui donnent de la voix pour nous pousser à acheter.

Tu fais tes courses dans le train : pratique 

La montée et la descente à chaque arrêt est un vrai spectacle, certains n'hésitent pas à monter en marche.

On s'arrête finalement dans un village à plus d'une heure trente de Rangoon. En attendant le train de retour, nous nous baladons dans un lieu très pauvre, très sale avec des déchets présents partout (le plastique, le mal du siècle) mais les personnes semblent heureuses de nous voir et nous font de grands sourires.

Ce genre de moment qui te permet de prendre du recul sur nos standards européens.

Le tri des déchets version Myanmar 

Après ces 3h de train, nous avons bien besoin de nous dégourdir les jambes, alors on part pour 45 minutes de marche direction la pagode Schwedagon, l'attraction phare de Rangoon.

Durant la balade, on prend conscience du beau passé de Rangoon, qui se délabre progressivement. C'est comme si la ville voulait se donner un semblant de dynamisme et de richesse, alors que la pauvreté est bien présente un peu partout.

Une ville en déclin 

Pour avoir visité quelques pagodes et temples au Laos, au Vietnam et en Thaïlande, notre émerveillement pour Shwedagon est un cran au-dessus de ce que nous connaissons déjà (comme dirait nos amis british, elle est A-MA-ZING). Une beauté sans nom destinée à montrer l'étendue du culte bouddhiste.

Les pantalons éléphants toujours dans le game

Au-delà de la visite de la pagode, nous vivons un moment très surprenant lié à notre couleur de peau. Nous sommes arrêtés plusieurs fois par des groupes de personnes qui veulent se faire photographier en notre compagnie. Enfants, parents, grands-parents, tout le monde veut sa petite photo avec ces gens à la peau blanche (ou rosée ...), et on se laisse prendre au jeu. Stars de quelques minutes, dont Céline était la tête d'affiche.

"Mais non j'vous jure, c'est pas moi Céline Dion"
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Le deuxième jour à Rangoon, nous visitons une deuxième pagode, de son petit nom Botataung. Elle est très belle, mais après avoir contemplé Shwedagon la veille, l'émerveillement est beaucoup plus mesuré. Nous y rencontrons un vieux monsieur voulant partager la culture bouddhiste avec nous. Il nous explique quel est notre animal fétiche en fonction de nos jour et année de naissance. Le lion pour Lolo, le tigre pour Céline et Geoffrey. On se sent alors un peu obligés d'aller "bénir" chacun notre tour notre totem.

La beauté, cette notion toute relative 

Petit aparté, pour rentrer dans chaque pagode, seuls les étrangers doivent s'acquitter d'un droit d'entrée (c'est gratuit pour les birmans). Mince on a raté le coche, ça en aurait été une bonne idée pour le grand débat national !

Trop pressés d'aller payer la taxe touriste 

Non loin de la pagode se situe le port, nous décidons donc de nous rendre dans le village faisant face à Rangoon, Dalah. Notre billet de ferry coûte 10 fois plus cher que celui des locaux (bon, on commence à s'y habituer), mais à ce prix là on a le droit à une petite bouteille "tourist water".

Si tu payes 10 fois le prix du billet, toi aussi tu auras droit à ta "tourist water" 

La balade dans ce village est assez agréable malgré la chaleur étouffante car elle nous fait sortir de l'agitation de Rangoon. Cependant, on se prend en pleine face la pauvreté et les décharges de plastique à ciel ouvert.

Nicolas Hulot, si tu m'entends, y'a du boulot par ici 

Expérience en demi-teinte donc, mais qui révèle assez bien la physionomie hétérogène de Rangoon.

En tous cas, on y mange bien à Dalah. En témoigne le sourire d'un mec d'1m97 assis sur une chaise de maternelle
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Après 48h à Rangoon (qui nous ont semblé suffisantes) il est temps de s'immerger dans la campagne birmane.

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Après avoir passé une dizaine de jours dans de grandes métropoles asiatiques, une mise au vert s'est imposée.

Direction donc Kalaw, le point de passage obligé pour trekker en direction du lac Inle.

Pour accéder à Kalaw, il faut compter environ 10h en bus de nuit depuis Rangoon sur des routes accidentées.

Bus VIP au Myanmar, tu n'as pas la couchette mais la couverture Chanel (ou faux-Chanel ...)

L'un des chauffeurs étant plus pilote que chauffeur, nous mettons finalement 9h et sommes largués à 4h30 dans le centre-ville de Kalaw.

Heureusement, les hôtels du coin ont l'habitude et nous pouvons terminer tant bien que mal notre nuit dans notre chambre.

La journée, nous visitons Kalaw, une petite ville étape sans prétention. Rien de particulier hormis le point de vue sur la ville accessible après une ascension de plusieurs centaines de marches.

Coach Missene entraîne ses ouailles pour le trek. En récompense, une pagode 

En fin d'après-midi, direction le bar près de l'hôtel où nous descendons quelques bières Myanmar et mangeons un plat bien épicé. Peut-être pas la meilleure idée au vu du trek qui nous attend mais idéal pour refaire le monde.

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Dimanche 30 avril, 8h, décollage de l'hôtel pour notre trek 3 jours/2 nuits, qui doit nous permettre de rejoindre le lac Inle depuis Kalaw.

Nous découvrons notre guide Koko, 32 ans, qui a l'air sympathique et qui se débrouille plutôt bien en anglais. Bonus, il a de l'humour puisqu'il surnomme Lolo "Hulk" (son t-shirt vert n'est pas pour rien dans cette histoire). A côté de lui, nous avons l'impression d'être des géants : il doit bien faire 3 têtes de moins que Geoffrey et peser deux fois moins lourd que Céline.

Mais où est Koko ? 

Le programme des hostilités est le suivant : 23 kms le premier jour, 18 le deuxième et 11 le dernier. Le soir, nous dormons chez l'habitant, dans des villages situés sur notre trajet.

Le relief est peu marqué, alors pour les 3 grands sportifs (du dimanche ?) que nous sommes, il n'y a pas de difficulté particulière.

Trop easy ce trek  

Les paysages sont jolis mais très secs et de ce fait, pas aussi époustouflants que dans notre imaginaire. La saison des pluies à venir ne sera pas de trop ! Malgré cela, à plusieurs reprises, Céline et Lolo ont l'impression d'être chez eux : on aperçoit des collines et des petits sommets ressemblant à des terrils, puis des paysages de garrigue.

Paysages en vrac 

Nous croisons vraiment très peu de touristes le long du chemin, merci la basse saison !

Basse saison = températures élevées mais moins de monde, la vie est faite de choix.

Nous croisons par contre au gré des villages traversés des locaux, qui nous disent Mingalaba (bonjour en birman) et nous sourient. Les enfants nous font de grands signes de la main. Mélange d'étonnement et de bienveillance, nous ressentons alors la gentillesse birmane tant décrite dans les guides. Une famille nous propose même de rentrer chez elle pour boire du thé, ce que nous acceptons avec plaisir.

Tea time au Myanmar  

Gros point fort du trek, nous avons notre propre chef qui cuisine pour nous matin, midi, et soir. Nous nous régalons à chaque repas de spécialités birmanes et de fruits frais. Les quantités prévues sont telles qu'on n'arrive pas une seule fois à tout finir.

Hey les gars, on est que 3  

Point qui a du faire appel à notre capacité d'adaptation (surtout pour Céline), le confort et l'hygiène assez sommaires. Pas d'eau courante donc toilette (à la turque) avec seau d'eau faisant office de chasse d'eau dans une cabane au fond du jardin, et douche dans le jardin à l'aide d'une bassine. Pas d'électricité non plus, alors on bénit la batterie solaire qui se recharge en même temps que l'on marche.

Il manque pas le rideau de douche par hasard ?

Pour le dodo, on est sur le même standard, paillasse à même le sol dans ce qui semble être le salon des gens. Plusieurs petites bébêtes se prennent d'affection pour nous durant la nuit, et même une énorme araignée tente un rapprochement avec Geoffrey. Mais rien de tout cela ne peut nous atteindre car, depuis son mini-temple trônant dans notre "chambre", Bouddha veille sur nous.

Chambre tout confort option Bouddha  

Le rapport aux gens de la maison est un peu étrange. Malgré la proximité physique avec eux, ils ne donnent pas l'impression de s'intéresser à nous. Le guide nous dit qu'ils sont timides, c'est une explication. Mais cela ne les empêche pas de regarder des séries sur un ordinateur (qui doit être alimenté par un groupe électrogène) juste à côté de nous lorsque l'on dîne ou que l'on est déjà sur nos paillasses prêts à (essayer de) dormir, ni à venir prier à 6h du matin à 50 cm de la tête de Geoffrey. Quoiqu'il en soit, leur attention est davantage captée par les écrans que par ces européens blancs et grands.

Comme cela avait déjà été le cas l'année dernière au Vietnam et au Laos, nous sommes étonnés de l'anachronisme entre leur accès aux nouvelles technologies, et la grande pauvreté matérialisée par l'absence d'eau courante.

Toujours est-il qu'au bout de cette cinquantaine de kms de marche, ponctuée de passages épiques, nous arrivons (enfin ?) au sud du lac Inle.

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Un Coca (ou Sprite selon les goûts) et nous repartons pour la visite d'une pagode. Nous sommes en avance sur le timing (à croire que l'on marche vite...) alors il faut bien combler les blancs. Les centaines de marche à gravir pour y accéder en valent la peine car la pagode est intéressante, avec des stupas (=monuments bouddhiques) anciens et plus récents, un mélange que nous n'avions pas vu auparavant.

Devinette : qu'est ce qui suit Lolo à la trace ? 

Il est alors temps de dire aurevoir à Koko et d'embarquer dans un speedboat pour 1h30 de croisière sur le lac Inle. Le paysage est magnifique, ponctué de pêcheurs, de bufles en train de se baigner, et de maisons sur pilotis, ce qui nous fait immédiatement oublier les petites galères des derniers jours.

Séance bronzette pépère la mouette sur le lac Inle  

Le speedboat nous dépose non loin de notre hôtel, situé à Nyaug Shwe au nord du lac Inle, sales, fatigués mais heureux.

Nous passons la fin de la journée à profiter de l'hôtel et de la douche, et à nettoyer nos pieds, nos sacs et nos chaussures.

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Le lendemain, mercredi 1er mai, nous nous relaxons avec un massage bien mérité. 1h10 payé 1h avec en plus du thé et des petits gâteaux, on n'est pas à Paris !

Puis, nous partons à vélo découvrir Nyaug Shwe et le lac Inle sous un autre angle.

Seconde étape du triathlon, le vélo

En milieu d'après-midi, les garçons larguent Céline à l'hôtel pour une seconde session vélo, en direction des sources chaudes de Khaung Daing. Relaxation le retour, avec baignade seuls au monde dans des sources d'eau chaude.

#pachas 

C'est déjà la fin de la journée et on se projette maintenant sur la prochaine étape de notre périple birman, qui s'annonce caniculaire.

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Pour celles et ceux qui envisageraient de réaliser un trek au Myanmar, voici quelques informations :

Pour un trek 3j/2 nuits, il faut compter entre 25 et 80 dollars par personne selon les agences (hors frais d'entrée sur le lac). Pour notre part, nous avons opté pour l'agence Ko Kyaw proposant une prestation à 75 dollars par personne. A ce prix-là, nous avons eu un guide privé (nous assurant de ne pas être dans un groupe de 10 personnes et d'emprunter des chemins moins touristiques) et un chef cuisinier attitré. Avec le recul, on se dit qu'en basse saison, une prestation moins onéreuse aurait pu faire l'affaire.

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Ne pas visiter Bagan lors d'un voyage au Myanmar, c'est comme ne pas faire Paris quand tu viens en France pour la première fois.

Bagan est culturellement très riche, avec ses 4000 temples répartis sur 40 kms carrés.

Mais pour en profiter, il faut le mériter. Tout commence par un nouveau périple en bus de nuit entre le Lac Inle et Nyaung U et une arrivée à 4h du matin. Heureusement, nous avons la chance de pouvoir récupérer notre chambre à cette heure-là (sans frais additionnel) et donc de finir notre nuit.

Du coup, je reveille qui pour récupérer ma chambre ? 

A savoir : Pour rentrer dans la ville, il faut payer 25000 kyats par personne (15 euros). Private joke : c'est comme si tu mettais un péage à chaque route menant à Malves en Minervois et que tu faisais payer le droit de venir voir notre menhir, notre château et notre richesse agricole. A proposer au prochain conseil municipal du village ...

La ville de Bagan est divisée en 3 parties.

Nyaung U est le lieu d'arrivée (bus et avion), et surtout la partie la plus animée avec énormément d'hôtels et restaurants.

Old Bagan, cité fortifiée et centrale, où se situent les pagodes les plus importantes. C'est là où il faut prendre le temps de découvrir la diversité culturelle et historique de Bagan.

New Bagan, lieu créé de toute pièce en 1990 lorsque l'armée birmane a déplacé démocratiquement un village installé dans le Old Bagan.

Afin de profiter pleinement de cette aventure, il est nécessaire de louer un vélo ou un vélo électrique appelé ebike (6 000 kyats par jour et par personne). Avec une température aux alentours de 40 degrés, le vélo électrique sera la meilleure solution.

Qui est "safety first"? 

Mais à vrai dire, le nom est trompeur car c'est en réalité un scooter électrique d'une autonomie de 8h. Ce sera la première expérience de ce type pour Céline qui prendra ses marques petit à petit et assurera durant les 2 jours.

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Petite aparté sur notre loueur de ebike, qui est l'hôtel où nous séjournions. C'est assez typique en Asie mais on ne l'avait pas encore évoqué. Les hôtels sont multifonctions. Au delà du petit-déjeuner compris dans la plupart, ils sont loueurs de scooter, organisateurs de voyage pour la journée ou même de trek, ils peuvent te laver les affaires en 24h, te booker ton prochain bus la veille pour le lendemain, t'envoyer tes cartes postales ou même te trouver des timbres. Ils ont toujours LA solution.

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Durant ces deux jours, nous avons eu la chance de trouver un guide local qui nous a emmené dans quasiment tous les recoins de Bagan : Geoffrey. En plus, il est pas cher, on vous le conseille.

On voit de suite les origines birmanes de notre guide

Il a pris en main l'escapade et nous nous sommes laissés guider, ce qui a été très appréciable. Ils nous a emmené découvrir les pagodes incontournables (Ananda Temple, Bu Paya, Thatbyinyu, Mahabodi Pagoda, Shwe San Daw Pagoda...), celles moins connues mais facilement accessibles, et puis celles situées dans des lieux plus reculés, auxquelles on accède par des chemins sablonneux.

La minute culturelle 

Un vrai sentiment de liberté s'est emparé de chacun au fil de la balade.

"Jacky" Missene

Nous avons agrémenté la découverte de Bagan et de ses temples par la visite de son musée archéologique. Pour être franc, c'était un peu de la m****, car il n'y avait pas d'explications sur l'histoire de Bagan. En plus, on s'est retrouvés un jour où la climatisation était en panne, alors qu'on venait aussi pour se rafraîchir. Le seul point qui valait le détour selon nous était l'explication des différentes postures et gestuels des bouddhas.

Nous avons également apprécié la balade privée en bateau le long de l'Ayeyarwaddy River, nous permettant d'admirer le coucher de soleil et d'avoir une vue panoramique de la region.

Un nouveau mouvement social, les "chaussettes jaunes" 
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Le seul petit bémol de cette étape est lié au tremblement de terre subi par le pays en 2016. A cause des dégâts provoqués, l'accès au sommet des pagodes est fermé. Auparavant, on pouvait admirer le lever ou le coucher du soleil tout en bénéficiant d'une vue imprenable sur les autres temples. Malgré certaines offres louches de la part de locaux nous proposant quand même de monter, nous avons préféré respecter le patrimoine.

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Comme tout voyage est synonyme de bouleversements, nous avons opté pour une prochaine destination non prévue initialement. Rendez-vous au prochain épisode.

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Nous vous disions dans l'épisode précédent que la prochaine étape au Myanmar était imprévue.

En effet, après 2 jours et demi à Bagan, il nous restait trop de jours pour se rendre directement à Mandalay, mais pas assez pour coupler Mandalay et une autre destination. Et puis il faut dire que le viaduc de Gokteik, décrit par certains comme "le pont de la mort", nous faisait de l'oeil depuis un moment. Alors après un conciliabule au sommet, il a été décidé de se rendre au nord de Mandalay, dans l'une des villes se situant sur le trajet du train passant par le viaduc de Gokteik : Hsipaw.

Comme vous vous en doutez, nous avons rejoint Hsipaw depuis Bagan par notre moyen de transport préféré du moment, le bus. Petite variante cependant, il ne s'agissait pas d'un bus de nuit mais de 2 bus de jour, le changement à Mandalay étant obligatoire.

Le premier bus semblait avoir quelques années de bons et loyaux services à son actif et n'aurait pas pu être plus typique : pas un seul touriste dedans (hormis nous), des arrêts au gré des envies des uns et des autres, et même une poussière de sable sortie de nulle part (ou peut-être de la bouche d'aération, l'enquête est en cours). 5h de route défoncée plus tard, nous sommes arrivés sain et sauf à Mandalay.

Attaque de poussière de sable pour commencer 11h de bus

Le deuxième bus était plus confortable et les 6h restantes jusque Hsipaw sont passées comme une lettre à la poste à grand renfort de séries Netflix.

Il faut savoir que Hsipaw-Bagan = 370 kms. En 11h. Vous vous imaginez surement mieux maintenant la qualité des routes empruntées.

Durant les 36h passées à Hsipaw, nous avons bu des sprites, des coca zéro et des jus de pastèques, pris des coups de soleil en marchant pendant 3h pour voir la cascade Nam Tuk sans cascade (saison sèche !), et ramé pour avoir une connexion Internet assez bonne pour nous permettre de télécharger la suite des épisodes Netflix en prévision du long voyage à venir.

Mais, mais, on m'aurait menti sur la cascade Nam Tuk ?

Blague à part, la ville de Hsipaw nous a fait pensé à Kalaw avec ses habitants habitués à voir des touristes et son manque de charme. Cependant, les environs étaient beaucoup plus verdoyants que les paysages vus pendant le trek Kalaw-Inle. Si c'était à refaire, on choisirait sûrement plutôt l'option trek autour de Hsipaw et des villages shan (le peuple shan est une ethnie du Myanmar très rurale) au lieu du célèbre trek Kalaw-Inle en cette saison sèche.

2 gazelles et un bufle 
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Lundi 6 mai, 9h, nous voilà à la gare d'Hsipaw, prêts à affronter le pont de la mort, et accessoirement une demi-journée entière de train. On se paye le luxe de l"upper class" pour 2.3€, nos fesses nous en auraient voulu de passer 12h sur les bancs en bois de l'"ordinary class".

Du coup, tu n'as pas intérêt à arriver en retard, sinon il faut attendre le lendemain. 

Les 4 premières heures passent relativement vite. La perspective du viaduc de Gokteik fait paraître le trajet moins long.

Lorsque nous l'apercevons, le spectacle est saisissant. On ressent même une certaine agitation dans le train, les gens se déplaçant sur les sièges de droite pour pouvoir profiter du spectacle. En même temps, un pont de 100 ans construit par des anglais (déjà ça c'est pas très rassurant), de 700 m de long, "suspendu" à 100 m de haut et qui ne repose que sur des tréteaux, ce n'est pas courant. Quelques regards dans le vide te font espérer que le conducteur du train n'a pas bu trop de bière Myanmar car la largeur du pont n'est ni plus ni moins égale à celle du train.

Pour ceux qui ont peur du vide, ne regardez pas en bas à droite 

Une fois passé le franchissement tant attendu du viaduc, on réalise qu'il reste 8h de route. Et là on peut vous dire que ça a été long, très long, très très très très long.

On ne niera pas la beauté du coucher de soleil que nous avons pu regarder assis peinard dans nos fauteuils verts, mais cela en valait-il la peine au regard des bébêtes diverses et variées qui sont venus se faire un plaisir de nous tourner autour à la nuit tombée.

Oui car un train au Myanmar, c'est sans fenêtre.

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Si l'on devait conclure, on dirait que :

- Hsipaw est une alternative intéressante à l'étape Kalaw-Inle si l'on souhaite trekker et rencontrer des minorités ethniques du Myanmar. Moins touristique, moins onéreuse et plus verdoyante (du moins à cette période de l'année), elle gagnerait à être connue ;

- Le viaduc du Gokteik est réellement impressionnnant mais il faut être prêt à se farcir 12h dans un train pour seulement quelques minutes de plaisir.

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Mandalay apparaît dans beaucoup de guides comme l'une des destinations à ne pas manquer lors d'un premier voyage au Myanmar. C'est donc ici que nous avons conclu nos deux semaines birmanes.

Minute culturelle : Mandalay est la deuxième plus grosse ville du pays après Rangoun, et le QG des moines birmans (la moitié d'entre eux y vivent).

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Nous avions 36h devant nous pour visiter le coin, nous avons donc mis au point un programme pragmatique : 24h pour découvrir les alentours de Mandalay, le reste pour la ville en elle-même.

Une location de scooter plus tard (des 125 cm3 cette fois, pas des ebikes comme à Bagan, du coup Céline est restée bien sagement assise à l'arrière) et nous voilà partis pour sillonner les anciennes capitales royales du pays : Inwa, Amapurana, Sagaing et Mingun. Enfin, ça, c'était le programme initialement prévu.

Mais avant toute chose, il faut sortir de la ville et ce n'est pas chose facile avec la circulation dense qui ressemble à un joyeux bazar. Qu'on se le dise, c'est la loi du klaxon et non le code de la route qui régit la conduite au Myanmar. On avait déjà observé cela à Hanoï l'année dernière sans toutefois oser l'expérimenter, mais avec deux Valentino Rossi dans notre team, cela ne pouvait que bien se passer.

Une fois passée l'effervescence de la ville, on part direction Mingun, à environ 35 kms de Mandalay. Sur le trajet, on aperçoit la colline de Sagaing, parsemée de stupas blanches et dorées. Vraiment très joli, mais il faudra nous croire sur parole car on n'a pas pris le risque de perdre un téléphone dans une bataille photographique.

A Mingun, nous passons immédiatement à la caisse, 5000 kyats par personne (l'équivalent de 2 pains au chocolat à Paris ou 3 chocolatines à Carcassonne) pour accéder aux lieux d'intérêt. On citera parmi eux la paya Mingun, énorme édifice inachevé (seul un tiers de la base est construite), une cloche, ou encore les ruines de divinités mi-lion mi-dragon (enfin c'est le Lonely Planet qui le dit, nous on n'a pas trop reconnu le lion ni le dragon).

Cherchez la cloche  

Alors que nos proches nous font part d'un temps maussade en France, de notre côté c'est plutôt tempête de chaleur. Après quelques heures sous le soleil, ça devient un peu compliqué pour les organismes. On décide donc de repartir à l'hôtel chiller pendant les heures les plus chaudes.

Pendant le trajet, nous faisons des "pauses eau" pour bien s'hydrater (on doit être à 3L chacun facile). Pendant l'une d'entre elles, un moine se pointe, serre la main de Geoffrey et de Laurent, ignore Céline (on ne va pas parler de la condition de la femme dans la religion bouddhiste, mais bon, on est loin de l'égalité) et nous demande si l'on retourne à Mandalay.

Il faut savoir que les moines ont un statut particulier dans les cultures bouddhistes. Ils font l'aumône le matin pour manger, ont des sièges réservés dans les gares et aéroports, font le tour des villes pour des donations et utilisent gratuitement tous les moyens de transports. En gros, si un moine te demande de l'emmener à un endroit, tu ne refuses pas.

Du coup, voilà Geoffrey qui se retrouve avec un binôme moine à l'arrière de son scooter pendant 45 minutes. Un bon moment de vie qui nous a bien fait rigoler, enfin peut-être un peu moins Geoffrey puisque le moine était plutôt du genre remuant.

Bon tu m'emmènes là et tu fermes ta g**** 

Pour se remettre de ces émotions, quoi de mieux qu'un bon KFC, repéré la veille en arrivant sur Mandalay. Premier fastfood depuis notre départ, Céline n'a pas totalement renié la nourriture asiatique puisqu'elle expérimente la "rice box" (en gros, tu as du riz au lieu des frites).

Petits prix... mais aussi petites quantités  

Une bonne sieste là-dessus et nous voilà requinqués pour repartir direction Amapurana et son fameux pont U-bein. Comme tout touriste qui se respecte, nois sommes allés admirer le coucher de soleil sur ce pont, qui présente la particularité d'être le plus long pont en teck du monde (1200 m et plus de 1000 piliers). Pas de chance pour nous puisque des hordes de touristes chinois se prenant en photo sous tous les angles ont eu la même idée.

Un double cadeau : un coucher de soleil et Céline  
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Le lendemain matin, on se lance à pieds à l'assaut du centre-ville pour aller visiter le Mandalay Palace. C'est le palais royal de la dernière monarchie birmane construit vers 1850.

40 minutes plus tard, sous un soleil de plomb, on nous refuse l'entrée car c'est celle réservée aux locaux. Pour les étrangers, c'est de l'autre côté, à plus de 2 kms (oui, c'est assez grand). La distance et le manque d'ombre nous font finalement capituler.

On rentre tranquillement se doucher pour se débarrasser de la poussière de pollution (c'est plutôt du genre pollué dans le coin) et pour préparer nos sacs puisque notre vol Mandalay-Rangoun, qui doit clôturer cette aventure birmane, n'attend que nous (ou presque).

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Si l'on devait répondre à la question du titre, on dirait oui Mandalay mais uniquement si vous restez plus de 15 jours au Myanmar, et à la condition de le faire avant Bagan (autrement c'est la déception qui vous guette). La meilleure option est peut-être d'y aller juste après Rangoun. Ou en premier et de terminer par Rangoun.

Si c'était à refaire, nous aurions privilégié Hpa-An et sa région, situés à l'est de Rangoun, aux dépends de Mandalay. Nous en avons entendu beaucoup de bien durant notre séjour, notamment de la part de français vivant au Myanmar depuis plusieurs années.

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Mais avant de conclure cette étape birmane, quoi de mieux qu'une petite péripétie :

On décolle de Mandalay, et au bout de 15 minutes à peine, l'avion fait demi-tour pour réatterir au même aéroport.

On nous explique qu'il y a un problème à Rangoun et que l'aéroport est momentanément fermé à cause de violentes pluies.

Environ 2h plus tard, l'avion redécolle quand même et on parvient à atterir à Rangoun. On espère alors pouvoir prendre in extremis notre correspondance pour le Cambodge.

Sauf que non, car on comprend alors qu'un incident plus important s'est produit et que tous les vols de la soirée sont annulés. Voir l'article ci-dessous pour plus d'information.

Pour savoir comment nous avons finalement rejoint le Cambodge, rendez vous au prochain carnet de voyage :)