Arrivés au Cambodge après quelques péripéties aériennes, nous commençons par la fierté du pays, les temples d'Angkor, ces petites merveilles architecturales construites entre le 9e et le 15e siècle et inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992.
Pendant près de sept siècles, les rois se sont succédés à la tête de l’empire khmer, régnant depuis Angkor. Or, à Angkor chaque règne est un recommencement. Chaque nouveau roi s’employait ainsi à construire un ou plusieurs temples, repoussant toujours plus loin les limites de la ville. Palais royal et habitations en bois venaient alors former une petite ville autour de ces temples. A son apogée, la cité comptait près d'un million d'habitants, quand Londres n'en avait que 50 000.
Il est très difficile de se loger aux environs d'Angkor. Tout se passe au sud des temples, à Siem Reap. C'est une ville dynamique et animée depuis peu (années 90), qui vit principalement grâce au tourisme (2 millions de visiteurs par an).
Pour cette étape, nous nous sommes séparés de notre acolyte Geoffrey car nous avons pris des options différentes en ce qui concerne les modes de visite et de logement.
De notre côté, nous avons fait le choix d'aller dormir dans une famille vivant à 10 kms de Siem Reap. Un lieu un peu reculé où on mange des bons plats fait maison, des mangues cueillies dans le jardin et où on peut emprunter des vélos pour se balader aux alentours.
Le père de famille, Kim Heak, est multifonction : location de chambres, conducteur de remork-moto et directeur d'école. Hé oui, dans son jardin, il a créé une salle de classe pour recevoir une quarantaine d'enfants et dispenser 3h par jour de cours gratuits d'anglais. Mécaniquement, ses prix (logement + trajet en remork-moto) sont plus chers que ceux pratiqués en ville car une partie de l'argent est destinée à l'école. On se dit, naïvement peut-être, que nous avons fait la "B-A" du séjour.
Un gérant de guest house couteau suisse : de directeur d'école à chauffeur Nos affaires à peine deposées chez Kim Heak, nous allons chercher notre sésame pour la visite des temples, un pass 3 jours à 62 dollars par personne (au Cambodge, dollars et riels cohabitent). On ne peut nier que les cambodgiens ont le sens du business, surtout quand tu sais que le prix a augmenté de 55% en 2 ans.
On enchaîne avec un petit tour du centre-ville de Siem Reap. Au vu du peu de temps dont on dispose et de la météo qui est en train de tourner à l'orage, on se concentre sur la rue la plus animée de la ville, Pub Street, et le marché adjacent où l'on peaufine nos talents de négociateurs. Pas trop difficile en même temps puisque le cambodgien te propose très rapidement un rabais spécial pour toi, parce que tu es unique, parce que tu es beau et que tu sens bon le sable chaud. Céline se prend au jeu et négocie ferme pour s'acheter ses petites affaires (5 euros pour 3 tshirts manches courtes ; c'est bien beau les débardeurs mais c'est pas réglementaire pour visiter les temples).
Le houblon traverse les frontières L'arrêt à Pub Street marque également la reprise du tournoi international de Yam's, avec plusieurs victoires de Céline, parfois à l'arrachée ...
Le lendemain, nous rentrons dans le vif du sujet. Avec un temps limité (2 jours), nous choisissons d'aller à l'essentiel et de prendre les deux circuits classiquement proposés par les tuk tuk et assimilés, qui permettent de découvrir les principaux temples. Quelques ajustements sont néanmoins possibles avec Kim Heak (au vu de ses prix, j'ai envie de dire, encore heureux).
Carte éditée par le syndicat des tuk-tukAvec un peu plus de temps, il nous aurait été possible de visiter d'autres temples plus excentrés (Banteay Samre, Banteay Srey...).
Dès le premier temple du "grand" circuit, Preah Khan, nous comprenons ce qui fait d'Angkor la 8e merveille du monde. Outre l'architecture monumentale et la finesse des bas-reliefs, une atmosphère un peu mystique s'en dégage, amplifiée par le ciel gris et brumeux, témoin du début de la saison des pluies.
Allez arrête, je sais que tu es impressionné derrière ton ecran. On te voitNous poursuivons ensuite avec Preah Neak Poan, Ta Som, East Mebon et Pré Rup. 5h de visite au total.
Céline, une bénévole sportive pour la rénovation Le deuxième jour, nous demandons à Kim Heak de nous emmener au lac Sra Srang pour le lever du soleil (5h45).
Malheureusement, les choses ne se passent pas comme prévu. De une, le temps est couvert et il faut davantage imaginer le lever du soleil que le contempler. De deux, lors de notre trajet en remork-moto, un scooter tente de nous arracher le sac contenant toute notre vie (passeports, argent, téléphone et on en passe). Heureusement, les réflexes de l'ancien numéro 10 Missene font la différence et nous permettent de ne pas rentrer précipitamment à Paris. On peut vous dire qu'après cela, on est bien bien bien réveillés et alertes.
Tout cela amène à Angkor Wat, THE temple, aux alentours de 7h. Contrairement à nous, la majorité des touristes est encore endormie à cette heure-ci, ce qui nous permet de découvrir Angkor Wat en toute quiétude (= sans être embêtés par les touristes chinois qui prennent des selfies toutes les 3 secondes).
"Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt" 2h de visite plus tard, on se dit qu'on a vraiment bien fait de se lever tôt car à 9h, les touristes affluent en masse. Les petits singes trop mignons créent en plus un bouchon photographique.
On a tous quelque chose en nous de chinois Puis, s'ensuit Angkor Thom et Ta Prohm. Gros coup de cœur pour le Bayon, temple d'Angkor Thom, avec ses 270 visages gravés dans la pierre et ses 54 tours. L'ego surdimensionné de certains êtres humains reste à la mode au fil des siècles. Ta Prohm n'est pas mal du tout non plus avec ses arbres immenses qui se mêlent aux ruines.
Angkor Thom et le Bayon Les 8h passées dans Angkor Wat, Angkor Thom et Ta Prohm, et la grosse frayeur matinale ont raison de notre motivation. On décide donc de faire l'impasse sur 3 autres temples mineurs et de rentrer se reposer.
Ta Prohm rendu célèbre par Tomb Raider Fin de journée, il est temps de dire aurevoir à Kim Heak et de retrouver Geoffrey pour un nouvel épisode de "je kiffe le bus de nuit".
Pour la partie "et si c'était à refaire" :
- On ne choisirait pas de loger à 10 kms de Siem Reap pour une étape aussi courte. Un lieu comme chez Kim Heak s'apprécie en restant plus longtemps, notamment en partageant un moment avec les enfants de son école.
- Nous nous sommes sentis tributaires de notre hôte en ce qui concerne le tuk-tuk. Les prix pratiqués étaient bien plus élevés qu'au centre-ville (22 euros le premier jour, 25 le deuxième contre une quinzaine en ville) mais étant loin de Siem, nous n'avions finalement pas trop d'autre option. On espère sincèrement que le delta sera pour les enfants.