Carnet de voyage

La Turquie

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"Malheureux, le pays qui a besoin de héros.'' Bertold Brecht
Février 2021
18 jours
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Publié le 28 janvier 2021

Arrivée à 7 heures du matin à l'aéroport très excentré d'Istanbul. Dès l'atterrissage, c'est le grand changement. Du papier toilettes, tout le monde porte son masque, et surtout l'alphabet latin. Après de laborieuses manoeuvres pour obtenir l'Istanbul Card, on rejoint le centre en bus et en métro. Après un petit déjeuner et quelques formalités, on arpente les rues principales de la vieille ville.


Gabriel, passionné par les empires Byzantin et Ottoman, connaît bien l'histoire de la Turquie et d'Istanbul et s'improvise guide. On arpente l'Istanbul moderne, la place Taksim, lieu fort des manifestations contre Erdogan. Puis on descend l'avenue de la Libération. C'est très occidental. On dirait presque la rue Sainte Catherine de Bordeaux avec les magasins de fringues. Peu à peu, on s'enfonce dans un quartier plus folklore : Galata et sa grande tour romaine. Il fait vraiment très froid par rapport à l'Égypte... Mais bon, un grand soleil illumine la ville.


On traverse le Bosphore sur un pont. On passe autour du Palais Topkapi, de la cathédrale Sainte Sophie, de la mosquée Bleue, etc. Mais aujourd'hui c'est juste de la balade. La visite d'Istanbul en profondeur se fera à la fin du voyage. Traverser le grand bazar me déçoit quelque peu. C'est très propre, très simple, très touristes. Je m'étais attachée à la folie furieuse des souks égyptiens. Au déjeuner, c'est notre premier kebab en Turquie. Ils le font avec du poulet ! Il y a des chats et des chiens errants partout. Mais c'est très différent de l'Egypte. Ici, ils sont affectés à un quartier, sont pucés et surtout nourris par les habitants. Je crois que passer de Dahab et son désert à Istanbul directement est une transition un peu trop brute pour moi. Cette ville est très occidentale. La fatigue se fait ressentir très vite à cause de la nuit très courte dernièrement passée. Ce soir, c'est bus de nuit en direction de la Cappadoce, pour y retrouver nature, paysages et calme.

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L'arrivée en bus en Cappadoce m'a déconcertée. En me réveillant, il neigeait ! Vestimentairement parlant, je n'avais pas prévu ça. Mais finalement, j'ai tenu la journée sans mourir de froid. De la gare routière, on prend un dolmus (minibus) jusqu'au centre de Göreme, le village le plus connu de la région. Et on comprend très vite pourquoi. Les cheminées rocheuses sont partout autour et même dans le village. En plus il neige. On se croirait dans un western version ski avec toutes les maisons en bois. Il y a aussi plein de marchands de poteries, ce qui, malgré que c'est surtout pour les touristes, donne un petit charme. Notre auberge, comme toutes les autres est construite dans la roche. Donc notre dortoir ressemble à une cave. Sans plus attendre, on file vers le musée en plein air. Pour y arriver, on fait une belle balade d'une heure et demie dans la neige. Des chiens nous courrent après. Ce musée en plein air se constitue d'une multitude d'églises rupestres construites dans la roche de ces grandes cheminées. À l'intérieur, il y a plein de fresques. C'est parfois un peu pauvre, à cause de la période iconoclaste imposée par Constantin, qui consistait à ne plus représenter les saints. Pour retourner dans le centre de Göreme, ça devient épique. Il neige sacrement fort. L'après-midi, c'est randonnée. Nous partons trois bonnes heures sur un chemin au sud du village pour en atteindre un autre, Uçhisar. Il ressemble au Mont Saint-Michel. En haut de la colline, il y a un château en pierre à l'image des cheminées, et criblé de trous pour les pigeons. Donc on l'a en ligne de mire pendant tout notre chemin. Les paysages sont absolument lunaires. C'est splendide. Le ciel est dégagé, le soleil fait son apparition et fait fondre un peu la neige. On ne croise personne. À part des chiens qui deviennent nos compagnons de route. En haut du village, on regarde la fin du coucher de soleil. Malheureusement le château est en rénovation, donc fermé. Mais c'est quand même très beau. Pour le retour, on passe par la route, qui, étonnamment, offre quand même une très belle vue. Je vous ai déjà habitués à plus long, mais il y a moins à raconter sur une randonnée que sur la visite d'une ville où d'un site archéologique par exemple.

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Publié le 30 janvier 2021

Après une longue nuit dans un vrai lit, on prend des forces. On profite de la cuisine de l'auberge pour se faire à manger nous même. Puis, on part en expédition au delà de notre bourgade Göreme. Les bus semblent inexistants aujourd'hui, sûrement parce que la Turquie a un confienement le week-end. Donc on fait du stop jusqu'à Avanos, un village a 10km au nord. À l'entrée du village, ça paraît complètement mort et un peu kitsch en temps normal. Mais finalement, la balade le long du fleuve Rouge (le plus long de Turquie : 1100 km) est agréable. Et en s'enfonçant dans les petites rues, on découvre que le confinement n'est pas toujours extrême. Les artisans espèrent faire vivre les traditions de la région malgré ces conditions compliquées. Ici, c'est la poterie pour les hommes et le tissage pour les femmes. Comme dans tout le pays, sauf que chaque région a ses spécificités en termes de pots et de tapis. On rencontre Hassan, un potier qui nous montre son atelier et nous fait une démonstration avec la machine traditionnelle.


En grimpant dans les hauteurs du village, on découvre les maisons traditionnelles grecques, blanchies à la chaux. Et tout en haut, le panorama. On voit toute la région : Göreme, le Mont Saint-Michel d'hier Uçhisar, le volcan Ercyes de 4000 mètres. En sortant du village, on se rend dans une fabrique de tapis ouverte aux visiteurs, sur les conseils d'Hassan. Il y a deux salles d'ateliers où des femmes de tous les âges se concentrent sur leur travail de tissage. C'est assez intimidant de déambuler au milieu de tout ça. Heureusement, il y a le maître des lieux qui parle français et nous guide. Il nous emmène dans la réserve pour nous expliquer les différents types de tapis, selon les époques, les régions de Turquie, les matières et les méthodes utilisées. Gabriel est toujours aussi fan de l'époque ottomane. Moi, j'adore les patchworks. On nous offre un thé à la pomme délicieux. Décidément, on est très bien accueilli dans cette belle région.


Prochaine étape : rejoindre Çavusin pour découvrir son église troglodytique (ça veut dire dans la pierre) classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Elle est immense ! C'est fou ces pierres rougeâtres, marrons, qui ont été modelé en bâtiments. En fait, les formes allongées appelées ''cheminées de fées'' sont l’agglomération de cendres et de boues rejetées des anciens volcans. Et siècle après siècle, l’érosion a sillonné ces vallées autrefois habitées. C’est tout simplement incroyable de découvrir tout ce patrimoine et s’imaginer des gens vivant là. Justement, après l'église de Çavusin, on se rend au village voisin, Zelve. Il y a un panorama super sur les cheminées, puis un musée en plein air s'apparentant à un village de roches : dans les cheminées il y a des habitations, des églises, des mosquées, des écoles, etc.


Le temps est très changeant : ce matin, grand soleil qui fait fondre la neige, en ce milieu d'après midi, petite pluie. Donc on se réfugie en stop dans une voiture qui nous mène au début du chemin de randonnée de la Vallée des Roses. C'est entre Çavusin et Göreme. Elle porte ce nom car la pierre, la montagne, les cheminées sont rougeâtres voir roses. Les chemins sont très mal indiqués donc on s'aventure un peu au hasard avec google Maps... On crapahute bien deux heures avec à la fin comme seul point de repère notre Mont Saint-Michel au loin. On a même dû escaladé à certains moments mais, à chaque fois, la vue obtenue une fois là haut était très satisfaisante : panorama à 360° sur toute la vallée. C'est complètement différent de notre rando d'hier, tout en ayant ce cachet ''Cappadoce''. En arrivant à Göreme, c'est la folie. On a jamais vu autant de monde d'un coup : il y a une trentaine de quads qui nous passent sous le nez sur un chemin. Quelle drôle d'idée...ça fait du bruit, ça pue et ça ne va même pas très vite. Il commence à vraiment pleuvoir donc on rentre se réfugier à l'auberge, épuisés.

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Publié le 31 janvier 2021

Triste nouvelle : on n'aura pas vu de montgolfière en Cappadoce... C'est bien dommage, on sera obligé de revenir. On se lève à 7 heures du matin pour grimper sur les hauteurs de la ville pour voir les montgolfières faire leur ascension et leur balade au lever du soleil. Malheureusement, il y a apparemment trop de vent😢... Vu la météo des derniers jours, on s'y attendait. Néanmoins, le lever du soleil était quand même très joli. Les couleurs bleutées sur la ville était douces.


Après un bon petit déjeuner, nous partons en stop à Kaymakli. Un village turc sans charme fou, mais qui abrite une ancienne cité souterraine absolument immense ! Ce sont des dédales de pièces et de couloirs très étroits creusés sous terre, dans la roche. La Cappadoce en abrite plein, mais très peu ont été déblayées. La cité de Kaymakli a été creusée vers le XIIIe siècle, c'est la plus grande de la région. Elle est composée de 8 étages creusés dans le sol, et pouvait abriter jusqu'à 30 000 personnes ! Il y a dedans des églises, des espaces pour animaux, des pièces d'habitation, des pressoirs, etc. On est parfois plié en deux dans les couloirs, c'est un vrai labyrinthe. Cette visite était très rigolote.


Après ça, on se rend au village voisin, Derinkuyu. Mais la cité souterraine est fermée cette fois ci ! Un commerçant nous aide et nous invite chez lui pour les toilettes. Il nous explique l'impact du corona et des restrictions de déplacement sur le tourisme de la région. Il nous fait de la peine mais non, on ne lui a pas acheté de tapis. On reprend notre moyen de transport préféré : le stop, pour aller à Mustafapasa, un village à l'Est de Göreme. C'est assez charmant. Il y a quelques maisons grecques traditionnelles, et ces éternels chiens qui nous suivent partout.


En fin de journée, on rejoint la grande ville d'Ürgup, la plus étendue et peuplée de la région. Il y a un grand château rocheux au sommet d'une coline donc on le rejoint en quête d'un super panorama. Et c'est réussi ! Le gardien nous fait visiter les lieux. Il y a une église, haut lieu de pèlerinage orthodoxe apparemment. Tous ces villages traversés offrent de très beaux paysages. Mais en Turquie, c'est confinement le week-end. Sauf pour les touristes. Donc l'atmosphère est assez plate. C'est triste. Tous les commerces sont fermés, seuls dans les rues. On dirait des cités fantômes.


Pour terminer la journée avant que le soleil ne se couche, on rentre à pied à Göreme. En slalomant entre les cheminées de fée. On crapahute pas mal. Il y a très peu de sentiers donc c'est un peu l'aventure. Mais avec un minimum de sens de l'orientation, on est à l'auberge avant la nuit. Il ne nous reste plus qu'à faire les bagages et à attendre notre bus de nuit qui nous emmène à Antalya, au Sud sur la côte.

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Publié le 2 février 2021

Arrivée ce matin à 8h dans la Marseille turque. Oui oui. Après tout, c'est bien une grande ville ensoleillée sur la Méditerranée. Enfin, on aurait bien aimé. On a eu de la pluie toute la journée. Et tous les gens qu'on a croisé n'ont cessé de nous dire que c'était incroyable et que d'habitude c'était grand soleil. Un peu frustrant. Mais ça ne nous a pas empêché de découvrir cette grande ville qui m'a beaucoup plue.

Nous avons commencé par visiter le grand musée archéologique d'Antalya. Quelle richesse ! En fait c'est une collection de tout ce qui a pu être retrouvé sur les sites archéologiques de la région : Pergé surtout, mais aussi Termessos et Aspendos. Donc de la période Paléolithique à l'âge de bronze : des silex, des fossiles etc. Puis surtout une incroyable collection de statues de marbre. Il y en avait peut être une centaine dans de grandes salles. On se croirait au Louvre. Tous les Dieux grecs ou romains sont représentés. Et enfin, la salle des sarcophages. Pareil. Il y en a au moins cinquante. En bronze, en or, en marbre. Tout ça donne très envie d'aller sur les sites en question.


Après ça, on retourne en centre ville pour se sustenter. Notre moyen de transport : le vieux tram de la ville. Il fait penser à celui de Lisbonne. On goûte la piyaz, une spécialité d'Antalya. Ce sont des brochettes de viande sauce sésame servies avec des haricots blancs en salade de crudités. Ça cale et c'est très peu cher.


La pluie s'est un peu calmée. Donc j'arpente en long, en large et en travers la vieille ville, ses petites rues charmantes mais parfois tellement rénovées que cela fait village Disney. Je visite une mosquée, une église grecque, la porte d'Hadrien qui trône. Le front de mer est superbe. La mer est très agitée. Je longe la côte jusqu'au port, très charmant, puis jusqu'à la plage à 3 kilomètres. Bon, elle n'a rien à envier à Saint Cast le Gildo. Mais cet air marin est quand même très agréable. J'apprécie beaucoup l'atmosphère de cette ville. Je perçois tout son potentiel, malgré la pluie, les restaurants fermés et le manque de touristes. Elle a l'air très agréable à vivre avec ses tramways, ses petites rues piétonnes et sa balade face à la mer.


Le soir, à l'auberge, je fais la rencontre de Chris, un américain, Yvan, un suisse et Abdul, un anglais. L'ambiance est très sympa.

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Publié le 3 février 2021

Il a fait super beau aujourd'hui ! Finie la pluie. Nous avons énormément marché : 40 000 pas. Et pour cause : la première visite de la journée était le site antique d'Aspendos, à 50km. Pour s'y rendre, on a pris 5 voitures différentes en auto-stop. Enfin voitures mais aussi camionnettes et énormes camions de livraison. Très peu parlaient anglais. Après 2 heures de trajet, c'est soulageant d'arriver dans un si bel endroit. Le théâtre antique d'Aspendos est le mieux conservé de toute l'Asie Mineure ! Il est super beau. Le roi Aspendos avait une fille pour laquelle il fallait trouver un mari. Pour départager les prétendants, il leur dit de construire chacun un monument. À la fin, il hésitait entre un aqueduc et un théâtre. Les deux sont restés avec le temps. Mais c'est le théâtre qui a gagné le concours. On fait donc notre balade à travers toutes ces ruines. C'est très agréable, il y a des montagnes et des fermes à perte de vue.


Après cela, on rejoint le petit ''village'' (c'est un bien grand mot, il y a une dizaine de maisons) d'Aspendos pour trouver de quoi manger dans la seule supérette de la région. On s'installe dans un coin et les locaux nous regardent d'un oeil curieux. Grâce à deux nouvelles voitures, on rejoint maintenant le site de Pergé. Une IMMENSE cité antique fondée au lendemain de la guerre de Troie par les Grecs, puis conquise par Alexandre le Grand, puis par les Romains, puis par les Arabes. Quelle zizanie. La taille du site est vraiment impressionnante. Comme une vraie petite ville. Il y a un autre théâtre antique, un stade pour les courses de chevaux, des églises, une grande allée de colonne, l'agora, des temples, des bains, des fontaines. Fermer les yeux un instant permet de s'imaginer la splendeur des lieux qui devait être grâce aux centaines de statues qui régnaient ici (les statues qu'on a vues hier au musée).


Mine de rien, le temps passe vite dans ces lieux où il semble s'être arrêté. Donc on rejoint la route d'un bon pas, pour aller au bord de la mer, voir de grandes chutes d'eau, à 10 kilomètres d'Antalya. Donc on se rapproche peu à peu de notre ville. C'est sur la promenade sur le front de mer. Un petit cour d'eau pas très impressionant se déverse très violemment dans la Méditerranée. Le soleil descend doucement et il y a pas mal de monde sur les quais. Des amoureux, des enfants, des musiciens, des jeunes. L'ambiance est sympathique. On marche le long de l'eau en direction d'Antalya. Mais 2 heures de marche, c'est un peu trop après cette longue journée. Donc un coup de stop nous emmène en centre-ville. Un bon kebab mangé avec nos amis de l'auberge, et les bras de Morphée ne se font pas attendre.

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Publié le 3 février 2021

À l'heure où j'écris, je suis lessivée et mes pieds souffrent. Mais cette journée était fabuleuse ! On a vu aujourd'hui de vraies merveilles de la nature. On a quitté notre auberge d'Antalya ce matin après le petit déjeuner. Donc sacs sur le dos, l'objectif était d'aller à Termessos. C'est un site archéologique perché en pleine montagne à 1000 mètres d'altitude. Sans voiture, c'est assez compliqué d'y aller. En stop, on a un peu galéré, ça nous a pris toute la matinée alors que ça n'était pas bien loin. On est passé par des voies rapides, des forêts de pins, des villages complètement déserts. On a énormément marché. Une fois au pied de la montagne du site, on a marché deux heures pour atteindre le sommet. Mais plus on montait, plus c'était magnifique. C'est un des sites les plus sauvages du pays. Un peu la jungle. Et au milieu de la forêt, des ruines, par ci par là. Des colonnes, des hammams, les murs de la cité. Le clou du spectacle, c'était le théâtre antique. Il a fallu crapahuter un dernier coup pour profiter de cette vue superbe. Quelle euphorie une fois là haut. Deux couples de touristes s'amusaient au centre du théâtre à danser une sorte de valse sur des airs d'opéra. On se serait crus à l'époque. C'était très apaisant.

Après cette contemplation, il est temps de redescendre. Un couple nous ramène gentillement directement vers Antalya. Donc on fait en 30 minutes ce qu'on a pris littéralement 3 heures 30 à faire à l'aller... On en profite pour s'acheter à manger et à boire, enfin !!! Et il est temps de quitter cette région. Donc nous mettons deux heures à rejoindre le petit village de Çirali, sur la côte au Sud d'Antalya. Ça semble tout petit, très naturel et préservé du tourisme de masse. Tant que le soleil n'est pas couché, on en profite pour aller voir la curiosité du coin. En haut d'une colline, du méthane émane de la roche. Donc cela forme plein de petits foyers de flammes partout sur un petit périmètre. C'est superbe comme ambiance. Les gens font griller des chamallows. La lumière se tamise. Il y a des chats évidemment. C'est très étonnant comme phénomène.


De retour au centre du village, on se rend à la première pension qu'on voit, épuisés. Ils font des pizzas au four à bois. C'est parfait pour ce soir.

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Publié le 4 février 2021

Quelle nuit réparatrice après notre journée d'hier ! Ce matin, le petit déjeuner de notre pension est grandiose ! Des oeufs, des petites salades en tous genres, du pain bien chaud, plein de fromages, etc. Après ça, ni une, ni deux, direction la plage ! Elle est très longue, et complètement déserte. Il y a de part et d'autres de grandes montagnes pleines de végétation. La jungle. Ce coin est très sauvage. Et le village est minuscule.


Je fais vaguement un petit tour des environs. Mais je passe surtout la matinée à bouquiner, prendre des photos et tenter de me baigner. L'eau est vraiment glacée le matin. Ça coupe carrément le souffle. Sur une trentaine de personnes réparties sur toute la plage, je suis la seule dans l'eau.


Après un pique-nique sur la plage, nous allons en exploration sur le site antique d'Olympos. À l'extrémité de la plage de Çirali, il faut tenter de marcher sur un pseudo petit pont en bois délabré qui passe au dessus d'un cours d'eau. Et là, on pénètre dans la verdure de ce bel endroit. Au milieu de la nature, de l'humidité, il y a de très belles pierres encore blanches, des pans de murs, des sarcophages. On peut tenter de s'imaginer à quoi ressemblait cette cité. Il y a une rue plus large que les autres. C'est super agréable, ombragé, charmant. Pour une fois, on prend vraiment notre temps. On passe bien deux heures à flâner ici.


De retour à la plage, je marche vers l'autre extrémité. La plage doit faire 3 kilomètres de long. Je joue avec des chiens, je me baigne une deuxième fois, plus facilement cette fois ci, je lis, je bronze. C'est vraiment une journée détente. Le soleil disparaît derrière les montagnes donc l'air se rafraîchit assez vite. Après avoir fait quelques courses pour se faire à dîner, on bouge nos bagages d'une pension à une autre, deux fois moins chère. Un petit chat nous suit pendant tout le chemin. Le couple qui nous accueille est très gentil et souriant. Ils nous prêtent leur cuisine.

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Publié le 5 février 2021

Les lyciens étaient un peuple qui vivait ici, sur la côte Méditerranée. Aujourd'hui, il y a de Fethiye à Antalya la voie lycienne. C'est un des chemins de randonnée les plus longs au monde, tout le long de la côte. J'aurais adoré passer un mois et demi à parcourir ce chemin parsemé de plages paradisiaques, de paysages montagneux, de sites archéologiques. Mais notre temps est compté et j'ai découvert l'existence de la lycian way trop tard.


Ce matin, je me réveille assez tôt pour aller voir le lever du soleil sur la plage. Quel spectacle. C'est tellement doux. Je mange mon petit déjeuner assise dans le sable, en m'étirant. La vie vaut vraiment la peine d'être vécue parfois.


Puis, nous emballons nos bagages et quittons déjà Çirali. Ce village sauvage était vraiment chouette. Dommage que tous les restaurants soient fermés. Les locaux en profitent pour les retaper un peu. Il y a des arbres fruitiers chargés d'oranges et de mandarines partout, des oliviers aussi. On marche une heure sur un bout de la voie lycienne de bon matin avant d'attraper un dolmus (minibus) qui nous emmène à Kas. La grande ville du coin. Cela prend une bonne partie de la journée. On enchaîne avec un autre dolmus pour aller à Patara. La route est le long de la mer. La couleur de l'eau est magnifique. Du bleu turquoise à perte de vue. À Patara, on va allier une fois de plus site archéologique et plage dans un village tranquille. À l'époque, c'était le port lycien le plus important. Maintenant, il reste à l'endroit de l'ancien port des marais. Plein de belles couleurs.


La balade dans le site archéologique est super agréable. Il fait au moins 23°. L'herbe est bien verte. L'eau des marais bleue. Les vieilles pierres blanches. C'est la campagne. Il y a des troupeaux de vaches et de moutons. Des petites paysannes avec des fichus colorés. Une fois de plus, on voit un théâtre antique, un odéon, un arc de triomphe, un phare, des bains etc.


En haut d'une colline à travers la broussaille, il y a un super panorama. D'un côté, la cité antique. De l'autre, la plus grande plage de Turquie. 18 kilomètres de long. Ce qui nous sépare d'elle : de très belles dunes de sable. C'est encore une fois un coin très sauvage. Il doit y avoir une cinquantaine de personnes sur toute la plage, à tout casser.


En arrivant sur la plage, je me jette à l'eau ! Elle est très fraîche, mais c'est tellement beau que c'est pas grave. Il est déjà 17 heures donc le soleil est bas. On fait une longue promenade d'une heure le long de l'eau. Je prends une tonne de photos. Et vient le coucher du soleil. C'est fou ! Aujourd'hui, j'aurais vu à la fois le lever et le coucher du soleil sur la mer ! Merci l'inclinaison de la côte turque. Pour finir, balade dans les dunes.


Ce soir, on dort dans un bungalow d'un camping désert. Nos hôtes sont adorables et parlent français.

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Publié le 6 février 2021

Aujourd'hui est plutôt une journée de transfert sans intérêt majeur en termes de paysages ou de visites. Réveil matinal à Patara. Il fait toujours sacrément froid le matin. On dit au revoir aux chats du camping et j'endosse mon énorme sac à dos de 14 kilos. On emprunte le chemin de rando de la voie lycienne pendant 2 bonnes heures. Il ne fait pas encore trop chaud donc on tient le coup. Même si mes mollets n'auront jamais été autant sollicités de leur courte vie. Le week-end, c'est confinement en Turquie. Donc il n'y a pas de dolmus pour nous rendre à Fethiye, la prochaine grande ville de la côte. Donc on fait du stop, et on ne regrette pas ! Le chauffeur d'un énorme camion nous prend à bord. C'est un quarentenaire tout sourire.

Il est désolé de ne pas pouvoir nous emmener jusqu'à Fethiye mais nous dit qu'il a une idée. Il s'arrête dans un immense entrepôt. Un hangar empli de camions, de marchandises en transfert. Apparemment, son collègue va à Fethiye en camion une heure plus tard. En attendant, on est accueilli comme des rois. Tous les routiers se ménagent pour nous faire du thé et nous offrir une place à leur table. Il y a une petite cuisine où une dame s'affaire à préparer le repas des messieurs de passage. On nous offre un repas gratuitement ! ''Turkish food" : du blé sauce curry, des patates et haricots verts sauce piquante, du yaourt bien sucré et des profiteroles sans chocolat. On assiste au chargement puis déchargement des camions. Il y a un bruit d'enfer.

Pour la suite, c'est Nouri qui nous conduit à Fethiye. Un jeune aux cheveux crépus. Tout en conduisant, il appelle en vidéo son meilleur ami qui vit à Aulnay-sous-Bois pour qu'il discute avec nous et fasse la traduction ! C'est rigolo. Une fois à Fethiye, direction la gare routière en quête d'un bus pour Bodrum. Comme c'est confinement, on nous dit d'abord qu'il n'y a rien avant lundi. Mais en fait il y a un bus pour je sais pas où demain matin, puis pour je sais pas où ce soir, puis pour Bodrum dans une heure ! C'est ce qu'on voulait depuis le début. Ahlala, il suffit juste d'insister un peu. Trajet sans encombre, paysages montagneux, petite sieste.

On arrive à 19 heures à Bodrum. La nuit tombe. Mais ça a l'air super joli. Ça ressemble à la Grèce avec toutes les maisons blanches. Il paraît que c'est un peu le St Tropez de la Turquie. On a tout juste le temps d'attraper une pizza avant que tous les commerces ne ferment.

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Publié le 8 février 2021

Comment dire... Imaginez Saint Tropez complètement vide de personne, tous commerces fermés. Voilà Bodrum aujourd'hui. Ces week-ends confinés en Turquie ne sont décidément pas drôles. C'est même assez triste. Les rues commerçantes sont sans vie, tout comme la plage. Seules les ruelles résidentielles semblent à peu près normales.


En tout cas, Bodrum, malgré l'ambiance très plate, est très joli. Au bord de la mer, on voit sur des collines à pertes de vue des centaines de maisons blanches comme en Grèce. Normal, ça appartenait à la Grèce avant, sous le nom de Halicarnasse, comme ces îles grecques qu'on peut voir au loin. On se réveille assez tôt pour se balader. Un dimanche matin de confinement et d'hiver, ça fait vraiment ville fantôme. On prend un petit déjeuner sur la plage. Des petits pains fourrés au fromage de la seule boulangerie ouverte. On se balade à travers les petites ruelles plus mignonnes les unes que les autres. Les maisons blanches sont décorées de l'oeil de Fatma, qui porte chance. Il y a le port. Là, à part que c'est vide de touristes russes, ça fait vraiment St Trop. Des yachts en bois plus luxueux les uns que les autres se prélassent dans le clapotis de l'eau. C'est super joli.


Il y a un bateau plus petit que les autres qui proposent des excursions dans les îles à la journée. Je m'en vais lui demander son prix, on ne sait jamais. C'est évidemment pas du tout dans notre budget. Mais je tombe sur un sacré personnage. Un complotiste de première espèce qui me soutient que la Turquie ces temps ci, c'est très dangereux. Ils ratissent le pays en permanence avec de grands avions qui diffusent du poison. Un poison différent par jour. Avant ils le faisaient aux États-Unis et en Chine. Tout ça, c'est la faute des Juifs. Ils sont partout. Heureusement que je suis chrétienne. Mais faut que je fasse gaffe, les Juifs ont modifié la Bible pour les intérêts de Rotschild. Voilà voilà...


Les deux visites intéressantes de Bodrum sont malheureusement fermées à cause de ce foutu confinement. Donc ça sera demain. Aujourd'hui on part en balade le long de l'eau. En s'éloignant un peu, c'est plus sauvage. Il y a encore des troupeaux de vache. On trouve une minuscule tortue de 5 centimètres, super mignonne. On fait la chasse aux points de vue sympas. Entre le vent et les paysages, on se croirait en Bretagne.


En revenant dans le centre, on va admirer la ville de haut au théâtre antique d'Halicarnasse. Et pour la fin de journée, l'objectif est de trouver le plus beau coucher de soleil. Donc on va traverser la péninsule vers le Nord en stop. On se retrouve à côté de la ville de Torba. Il y a un sentier et une forêt le long de la départementale. C'est parfait.

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Publié le 9 février 2021

Enfin un peu d'animation et de passage dans les rues de la ville en ce lundi matin ! Pour le petit déjeuner, j'achète les mêmes pains fourrés au fromage que hier.

On va enfin pouvoir faire notre visite tant attendue : le château Saint Pierre, qui se trouve sur le port. Il est gigantesque. C'est une véritable forteresse qui veille sur la ville. Elle a été construite en 1437 avec des pierres issues du fameux Mausolée de Mausole. Explication : le roi Mausole, qui donna toute sa splendeur à Halicarnasse, l'ancienne Bodrum, était très apprécié. À sa mort, émotion entense, donc sépulture somptueuse qu'on appelle alors Mausolée. Et depuis, tous les édifices funéraires majestueux s'appellent ainsi. Le Mausolée figure sur la liste des Sept Merveilles du monde antique. Mais il n'en reste rien à cause d'un tremblement de terre. En plus, les quelques pierres restantes exposées sont fermées à la visite le lundi.

Pour en revenir au château, il trône sur la péninsule avec ses 5 tours et ses 7 portes. Le long des remparts, il y a différents points de vue sur la baie. C'est magnifique. Au centre, il y a plusieurs jardins de pins et de lauriers qui abritent des sculptures, des chats et des paons ! Aucun n'a daigné nous montrer toutes ses plumes. Et dans le château, il y a le très riche et grand musée d'archéologie maritime. J'ai adoré cette visite. C'est passionant. Il y avait de très bonnes vidéos sur tout le processus mis en place pour une excavation sous-marine. C'est vraiment un travail de patience et de passion. Du coup, sont exposés des centaines d'artefacts trouvés dans la baie de Bodrum : poteries, objets en verre, et un gigantesque bateau. Évidemment, nous sommes tout seuls pendant la visite.


Après une dernière balade sur la plage et un bon déjeuner, notre séjour à Bodrum s'achève. On prend un bus de 16h à 21h. Il nous emmène à Denizli, une grand ville dans les terres. Mais nous devons loger à PamukkalePamukkale, 15 kilomètres plus loin. Or, il paraît qu'il n'y a plus de dolmus après 20 heures... Donc une fois n'est pas coutume, on fait du stop. Et deux jeunes arrêtés à une station service nous prennent en pitié et font tout le trajet juste pour nous ! Il n'avait pas grand chose de prévu ce soir là. Surtout, dans la voiture, ils mettent Aya Nakamura à fond la caisse. On a bien rigolé.

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Publié le 10 février 2021

Pamukkale est un village dans les terres. Il est assez charmant, surtout parce qu'on a croisé très peu de touristes. Donc l'ambiance était assez authentique. Les turcs, en nous voyant, sont toujours volontaires pour nous aiguiller. Ici, le plus intéressant, c'est la visite d'un site naturel et d'un site archéologique situé l'un à côté de l'autre. Au loin, on dirait une montagne enneigée. Mais en fait, dévalant d'une haute falaise, des sources chaudes à 40° chargées en calcaire modèle la montagne en une cascade de bassins naturels tout blancs. Donc dans le village, on se trouve au pied de la falaise et il faut enlever ses chaussures pour accéder aux bassins et parvenir en haut du site. C'est très étonnant de marcher là-dessus. Dans les vasques, il y a comme de la vase au fond. Alors que quand on marche sur la roche sans eau, c'est très dur et ça picote sur les pieds. J'ai apporté mon maillot de bain mais les vasques ne sont pas bien profondes. En plus, en ce début de matinée, ça n'est pas la grosse chaleur. Le soleil monte progressivement dans le ciel et la falaise se reflète dans chaque centimètre d'eau. C'est super beau et ça brille de mille feux. Ce moment passé les pieds dans l'eau à marcher progressivement jusqu'en haut du site était quelque peu magique. On ne voit pas ce genre de paysage tous les jours. J'ai l'impression d'être une enfant. 


En haut de la montagne, on se trouve sur le site archéologique de l'ancienne cité Hiérapolis, fondée en 190 avant JC par un roi de Pergame. Tellement de richesse naturelle et antique à la fois en un seul endroit. En fait, les Romains n'ont pas pu laisser passer un tel site sans y construire quelques chose. Ils utilisaient les vasques pour soigner maladies et blessures. Comme à chaque fois, il y a un musée regroupant les plus belles pièces, l'agora, des temples en ruines. Ici, une des choses les plus fascinantes est la nécropole. Elle est super étendue : des tombes, des sarcophages et des tombeaux de toutes les tailles et de toutes les formes à perte de vue sur une plaine. Aussi, j'ai particulièrement aimé le théâtre. Mais je crois que depuis le début de ce voyage en Turquie, ce sont les théâtres que je préfère sur les sites antiques. J'adore quand c'est grand, imposant, dominant. Et sur celui-ci, les bas-reliefs sont très biens conservés, c'est très joli. Le clou du spectacle fut le bain antique. C'est une piscine en pierre, un bain en fait, d'époque. Dans laquelle on peut effectivement se baigner. Le fait que ça soit la basse-saison (+ le covid) rend la chose beaucoup plus agréable. Il paraît que c'est noir de monde en temps normal. Là, on était une petite dizaine dans l'eau.


Après cette belle matinée, nous allons 10 kilomètres plus loin, vers le site antique de Laodikea. Il n'y a pas un chat. Il fait assez beau, la balade parmis les ruines est agréable. Franchement, parfois je me demande comment les gens organisent leurs voyages. Sur le site de Pamukkale, il y avait peut-être cent fois plus de personnes que sur celui de Laodikea (je n'exagère pas). Et ils sont voisins. Donc les deux se font aisément en une journée, la preuve. Et cette région est assez paumée et loin de tout, donc, une fois sur place, pourquoi ne pas en découvrir le maximum ? Je pourrais parler des heures des choses qui m'étonnent dans l'attitude et les choix de certains touristes...


En fin d'après-midi, je suis retournée patauger dans les vasques de Pamukkale pour voir le site avec une lumière différente, et parce que c'est à peu près la seule chose à faire dans le coin. Je me suis baladée dans le village pour faire des courses. Dîner très original : un kebab !!! Pour ma défense, un monsieur tenait sur le bord de la route une petite cuisine aménagée dans un minibus, donc ça a attiré mon oeil et mon ventre. Après avoir admiré le coucher du soleil, retour à l'hôtel.


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Publié le 10 février 2021

Encore pas mal de route et de stop aujourd'hui ! En fait, la Turquie recelle tellement de sites antiques et naturels cachés dans des coins paumés, que voyager en se contentant des transports en commun serait se priver de beaucoup de merveilles. Sauf que bon, sans permis, ni voiture, ni argent pour un taxi, il nous reste le stop. On rencontre des gens très sympathiques et serviabes. Mais dis donc, qu'est-ce qu'ils parlent peu anglais. C'est dingue. En même temps, on passe vraiment par la campagne. Peut-être que ça changera à Izmir ou Istanbul...dans des endroits où on ne fera pas de stop.

Donc ce matin, on quitte Pamukkale de bonne heure. On met deux heures à rejoindre le sublime site d'Aphrodisias. C'est une ville romaine, qui, comme son nom l'indique, se consacrait au culte de la déesse de l'Amour et de la Fertilité, Aphrodite. Encore une fois, très peu de visiteurs. La cité est très étendue en superficie. J'ai bien mis 2h30 à voir tout le site. Dans l'ordre de la visite : le tétrapylon, c'est une porte élevée sous Hadrien, très belles colonnes ; le stade, totalement immense, 300 mètres de long, il servait aux compétitions sportives, aux combats de gladiateurs et plus tard, comme bastion de défense ; l'école de philosophie et le temple d'Aphrodite malheureusement pas très bien conservés ; le bouleutêrion, une sorte de petit théâtre intimiste, où se déroulait les prises de décision politiques pour la cité ; l'agora ; les thermes d'Hadrien. A la fin de la visite, le théâtre. Encore une fois, c'est ce que je trouve le plus apaisant. Et c'est la première fois qu'on est totalement seul dans un théare antique en Turquie. Donc je me permets quelques vocalises pour tester l'écho et l'acoustique. Et surtout, je me fais un gros kiffe : je déclame sur la scène un monologue de théâtre. Ca fait du bien. Et à la fin, le petit musée qui va bien pour voir les plus belles pièces trouvées sur le site et visualiser où elles étaient à l'origine. Evidemment, de très belles statues d'Aphrodite.

Prochaine étape, rejoindre Selcuk. On retourne vers la côte, même si la ville n'est pas tout à fait en bord de mer. En stop, cela nous prend 3 heures. On est bien content d'arriver. Après quelques courses, on rejoint l'auberge qui est à 3 kilomètres du centre-ville. Elle est en fait dans la campagne, au départ de chemins de balade. Quel bijou. Atilla, le gérant, est super sympa, dynamique et surtout bilingue. Il a vécu en Australie. Il y a d'autres touristes, des Américains. Je papote avec tout le monde. Il y a une belle piscine ornée de statues. Atilla prépare un grand feu pendant que sa mère fait le dîner pour tout le monde. Ce soir, c'est italien : escalope à la milanaise et pâtes aux petits légumes. L'ambiance est super.


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Publié le 12 février 2021

Dans notre auberge, une chienne vient de mettre au monde 7 bébés. C'est extrêmement mignon de côtoyer ces petites bêtes au quotidien.


La journée commence avec la visite du centre-ville de Selçuk. Malgré l'artère principale assez moderne et moche qui traverse la ville, c'est assez charmant. Des petites pensions de charme se côtoient le long des ruelles qui grimpent. Je visite le temple d'Artemis, qui fait partie de la liste des 7 merveilles du monde antique. Quand le monothéisme a pris le pouvoir, le temple s'est trouvé abandonné. Donc aujourd'hui, il n'en reste que quelques pierres sur un terrain vague et une seule colonne encore debout, coiffée d'un nid de cigogne. Puis, je visite la mosquée Isa Bey. Elle est richement décorée et comporte un minaret dans le style anatolien. Dans la cour, il y a des palmiers et des colonnes. À l'intérieur, il y a des exemplaires du Coran traduits dans toutes les langues et gratuits. Donc je me sers. Juste à côté se trouve la basilique Saint-Jean. Elle se trouve sur la sépulture de l'apôtre. Aujourd'hui elle est elle aussi en ruines donc c'est une sorte d'Église à ciel ouvert. On distingue les différents espaces, mais il n'y a pas de toit. Derrière la basilique, et au sommet de la ville, se trouve un château. Il a été restauré avec les matériaux d'origine donc les remparts sont superbes. Ils offrent un panorama à la fois sur la ville et sur la campagne et les champs.

En sortant de là, on fait la rencontre de Celil, qui tient un commerce de souvenirs en face de la basilique. Il est surpris de voir des touristes. Il nous offre le thé et nous dit qu'on a beaucoup de chance de voyager en ce moment parce que d'habitude sur ce parking devant nous, ce sont des dizaines et des dizaines de grand bus plein de touristes qui débarquent chaque jour.

Pour le déjeuner, on décide d'aller voir la plage à quelques kilomètres. Elle n'est pas très jolie... Les gens viennent se garer sur le sable et installent des tables de pique-nique partout... Donc on ne s'attarde pas plus d'une heure.

L'après-midi, nous grimpons la montagne jusqu'à la maison où la Vierge Marie aurait fini ses jours. Après la mort de Jésus, c'est là qu'elle se serait installée en compagnie de Saint-Jean. Les lieux requièrent silence et respect. Par contre, je ne comprends pas qu'ils fassent payer si cher pour un lieu de pèlerinage...10€ l'entrée pour une minuscule chapelle, ça fait mal. Sur le retour, on se balade dans les vignes, dans les vergers, dans les champs. Il fait encore très bon. Les paysans sont étonnés de nous voir là. Les chiens s'agitent. On se perd à peu près 4 fois, les gens nous donnant beaucoup d'informations contradictoires pour revenir en ville.

On y parvient finalement et on rentre progressivement chez Atilla qui nous attend avec du pop-corn et ses bébés chiens.

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Publié le 12 février 2021

Après un très bon petit dej préparé par Atilla, on décide de rejoindre le site archéologique d'Éphèse à pieds. Il est à 3 kilomètres mais Atilla nous a indiqué un chemin de rando qui part derrière sa maison. C'est beaucoup plus agréable d'être en forêt que le long de la départementale. Ça grimpe un peu au début donc on prend vite de la hauteur et on voit les ruines qui nous attendent au loin.

En arrivant sur place, c'est une succession de très belles ruines. La cité était à son apogée au Ier siècle avec 250 000 habitants. La plupart des ruines datent de cette période. C'est l'heure de l'ouverture donc c'est totalement vide. Il y a juste des chats un peu partout se prélassant au soleil.

Par rapport à ce qu'on a pu voir précédemment, le début du site ne présente rien d'exceptionnel. Des thermes, l'Agora, l'Odéon, des ruines de différents temples. Puis, la cité prend forme. La rue des Courètes est toujours en l'état avec ses dalles de pierre et ses temples mieux conservés de part et d'autres. Les colonnes du temple d'Hadrien sont particulièrement jolies. Mais surtout, en bas de cette rue, il y a la façade de ce qui était la bibliothèque de Celsus. Quelle splendeur. Je reste plantée là un bon quart d'heure, fascinée. Les détails sculptés sont très harmonieux. C'est vraiment le clou du spectacle.

Puis perpendiculaire à la première rue, une deuxième nous ouvre la voie. Elle conduit au grand Théâtre antique. Et c'est peu de le dire. Il paraît que c'est le plus grand théâtre antique au monde, avec ses 25000 places.

Après le site d'Éphèse, nous retournons en centre-ville. Aujourd'hui, c'est jour de marché. Quel bonheur. Je passe un super moment. La Turquie me paraissait jusque là un peu tristoune avec ses restaurants fermés et ses confinements le week-end. Alors qu'en Égypte, je voyais la vraie population en action partout. Là, sur une grande place et plusieurs rues adjacentes, un immense marché à la fois alimentaire et pour le reste. Même avec les masques, cette agitation fait plaisir à voir. On s'achète là un pique-nique qu'on grignote dans un parc.

La suite logique de notre visite est bien sûr le musée archéologique d'Éphèse. Il regroupe les différentes sculptures retrouvées sur le site, il explique l'histoire de la cité, le quotidien de ses habitants. Les statues d'Artemis sont magnifiques. Sur les visages de l'Empereur Auguste et de sa femme Livia, on peut voir des croix sur le front qui ont été rajoutées quand le christianisme a pris le pas sur le polythéisme.

Pour finir la journée, on se rend dans un charmant village à une dizaine de kilomètres. Sirince est perché sur une montagne, entre des forêts et des vignes. D'ailleurs, on y voit beaucoup de cavistes. La vue sur la vallée et les maisons ottomanes est très jolie. Ce village est assez photogénique. On se balade dans les alentours, et il est déjà temps de rentrer.

Au dîner, la mère d'Atilla a préparé du poisson, des pommes de terre sautées et une salade de crudités. On mange avec un couple de bulgares. La dame a étudié à Dijon et parle super bien français !

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Publié le 15 février 2021

Après avoir câliné une dernière fois les chiots d'Atilla, nous quittons Selçuk ce matin. On arrive à Izmir une heure plus tard. On pose nos bagages chez Efe, notre hôte. C'est un trentenaire qui a participé à presque toutes les courses en autostop d'Europe. Il parle anglais comme nous et n'a qu'une hâte, repartir sur les routes au plus vite. Nous passons la journée dans le centre de la ville, et la précision est nécessaire car Izmir est la 3e ville du pays. C'est immense, très étendu. Cela me fait penser à Bogota ou à Medellin : il y a des montagnes tout autour de la ville et les rues les plus hautes en altitude sont les plus pauvres.

La ville s'étire autour d'une baie. C'est une ville un peu à part en Turquie. C'est sans doute la plus occidentale. Même les gens ont plus des faciès caucasiens et sont, selon Efe, plus ouverts d'esprit et moins conservateurs. Malheureusement, on ne pourra pas goûter au charme du bazar, à l'activité fourmillante de la ville ni aux musées. Tout est fermé. Et voir autant de portes closes dans une si grande ville, ça fait vraiment bizarre. C'est un peu triste. On fait une balade sur le front de mer. On passe par le bazar complètement vide, devant chaque musée fermé, l'Agora fermée au public également. Pique-nique dans le parc.

Heureusement, on rattrape un peu la journée en rejoignant la citadelle qui se trouve en hauteur. Elle surplombe la ville du haut de la montagne. Il fait assez beau donc la vue sur la ville est très impressionnante. C'est immense. Pour y accéder et pour en revenir, on passe par le quartier populaire. Cela fait vraiment penser au bidonville en dur de Medellin. Ça a le mérite d'être vraiment coloré et vivant. On voit enfin les habitants de cette ville. Tous les enfants jouent dans la rue. Les hommes jouent aux cartes, les garçons au foot avec des boules de chiffons. Les femmes discutent et rigolent autour de petits plats à même le sol dans la rue. C'est complètement piéton bien sûr.

On voit pour la première fois en Turquie un petit quartier habité par une communauté noire. Il y a aussi une très forte communauté de Roms. Efe nous explique que c'est à la fois une ville très occidentale, mais aussi une ville multiculturelle. Ces dernières années, beaucoup de Turcs venus de l'Est du pays sont venus s'installer à Izmir pour trouver du travail.

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Publié le 15 février 2021

Initialement, nous avions prévu de passer plusieurs nuits à Izmir. Mais la journée d'hier nous a amplement suffit. Aujourd'hui c'est dimanche. Nous n'aurions rien pu faire de plus. Et il paraît que tous les musées sont fermés le lundi... Donc il n'est pas question de poireauter deux jours dans une ville sans charme ni balades possibles. Ce matin, on dit au revoir à Efe qui sort à peine de son lit, même s'il est déjà 10h, le cheveux iresute.

On autostope une heure jusqu'à Aliaga, une ville de taille moyenne sur la mer. On y passe la pause déjeuner, mais comme toutes les villes confinées, c'est assez déprimant. On aurait peut-être dû la jouer stratégique pour se retrouver en pleine nature chaque week-end passé en Turquie. On se demande de quoi vivent les chats et les chiens des rues chaque week-end. Est ce que les habitants continuent à venir les nourrir ?

Notre objectif de la journée : aller à Bergame. C'est à une trentaine de kilomètres de Aliaga. Il pleut des cordes. Mes pieds sont des éponges. On ruisselle complétement. Et il ne fait pas chaud du tout. Avec nos dégaines de chiens mouillés, on fait de la peine à un fourgon de gendarmes qui nous embarquent à la caserne à quelques kilomètres. Comme d'habitude, on nous offre le thé, du pain au sésame et des olives. Bon, par la même occasion, ils contrôlent nos passeports et nous posent plein de questions sur le pourquoi du comment. Et surtout, ils nous emmènent jusqu'à Bergame.

Même si on est assez crevé, on prend notre courage à deux mains pour aller se balader dans le centre puisqu'il n'est que 14 heures. Il se met à neiger ! Au début c'est amusant. Mais surtout on comprend pourquoi on avait si froid depuis le début. Après un tour d'une heure dans le centre complètement vide, on rentre vite se réchauffer. Dans la pension où on loge, ils fournissent le dîner. Ce soir c'est soupe, petits légumes sauce piquante, riz et fromage blanc.

Pas de photo aujourd'hui, les températures négatives ont tout à fait découragé mes mains de sortir de mes poches.

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Publié le 2 mars 2021

Enfin le lundi !!! Je ne pensais écrire cette phrase un jour. Ces week-ends sont vraiment frustrants. Aussitôt le petit-déjeuner avalé, on retourne dans le centre de Pergame. Ça vit. Ça roule. Ça vend. Ça travaille. Et ça, ça fait plaisir. On va admirer la Basilique Rouge, classée UNESCO. Avant, c'était un temple dédié à une divinité égyptienne. Saint Jean l'identifiait comme Le Trône du Mal dans sa liste des 7 Églises de l'Apocalypse. Puis, elle fut converti en basilique chrétienne par les Byzantins.

Ensuite, on se rend bien sûr à la très attendue acropole, le site archéologique du coin. L'entrée se situe en haut d'une montagne. Et le site est quasiment tout à la verticale sur celle-ci. Dans le centre de Pergame, on voyait des restes de neige sur les voitures. Mais rien d'extraordinaire. Ici, c'est tout blanc. La neige est intacte. Comme c'est en pente partout, je manque de me casser la figure plusieurs fois. Franchement, je ne m'attendais pas à cette neige. C'est assez magique. Imaginez une seconde avancer pas à pas dans un théâtre antique enneigé.

L'après-midi, c'est autostop une fois de plus. Le trajet est vraiment long puisque notre dernière étape est Istanbul. Et surtout, on a droit à une tempête de neige en faisant du stop. Une drôle d'aventure. En arrivant à Istanbul, on est accueilli par Capucine, qui est aussi étudiante à Sciences Po Bordeaux et est en stage à Istanbul. Son appartement est dans le quartier moderne, au pied de la Tour Galata.