Pour ce premier jour à Petra, la météo s’annonçait maussade le matin et meilleure l’après-midi : la veille au soir, nous avons changé nos plans. Inutile de se lever tôt pour être sur le site avant les Tour Operateurs : il pleut jusqu’à 8 heures 😥.
Nous prenons donc tranquillement le petit-déjeuner à l’hôtel et parcourons les 600 m de l’accès au site en compagnie des groupes de Chinois .
Nous avons décidé de faire comme Burckhardt, le découvreur Suisse de Petra en 1812 : converti à l’Islam, persuadé que les vestiges d’une cité Nabatéenne se cachait dans un canyon aux alentours du Djebel Harun, il prétexta vouloir sacrifier une chèvre au prophète Aaron, dont le tombeau se trouve au sommet de la montagne, afin de convaincre les locaux de le guider dans cette région. Il traversa donc Petra sans doute émerveillé, mais sans le montrer, sans s’y arrêter, sans prendre de notes, sans dessiner pour ne pas éveiller les soupçons de ses guides. Au retour, ils se doutèrent des vraies intentions de Burckhardt, qui dût s’enfuir et ne jamais revenir.
La chèvre en moins, nous avions donc prévu de traverser Petra sans s’attarder, et de gravir nous aussi le Djebel Harun dans la matinée, pour une vue panoramique depuis le sommet, point culminant de la région, lorsque le ciel se dégagerait.
C’était sans compter sur l’attrait qu’exerce un lieu aussi extraordinaire, même sous la pluie, même avec une cohue de touristes…
Ça commence avant le barrage qui marque l’entrée du site : déjà, des temples sont sculptés dans les rochers. Ah ouais… quand même...
Ça continue avec le sîq : la gorge est étroite, sinueuse, longue (presque 2 km), majestueuse.
Et soudain,
même si l’on s’y attend (parce qu’on a tous vu Indiana Jones),
entre les parois du sîq,
il apparaît :
Nous restons plantés là, devant cette merveille de sculpture dans la roche rouge.
Au bout d’un moment, on se dit qu’on reviendra demain et après-demain (c’est le seul accès) et nous continuons à descendre le canyon. Nos yeux ne savent plus où regarder : des temples ou tombeaux sont sculptés tout du long dans les falaises de grès rouge. Puis nous découvrons le théâtre et sur la droite, les tombes royales, monumentales.
Nous ne pouvons pas résister : nous grimpons les escaliers entre les boutiques des bédouins jusqu’au gigantesque tombeau à l’urne. Nous y entrons, les couleurs de la roche sont magnifiques. Et de cette hauteur, pourtant modeste, la vue sur le site est superbe.
Bon, l’heure tourne, qu’est-ce qu’on fait ? Il y a vraiment trop de monde en bas : on fait comme on a dit, mais cette fois, on ne arrête plus en route. On visitera les "classiques" demain !
Nous redescendons donc, marchons vers l’extrémité du site et trouvons le chemin qui part vers la montagne. Après une petite et courte grimpette, nous rejoignons une piste, que nous empruntons : elle passe près d’habitations bédouines, plus ou moins creusées dans les rochers.
Comme on est vendredi, les enfants ne sont pas à l’école et nous saluent au passage : "Hello ! Welcome ! ". La piste est longue, mais l’environnement très beau. Nous voyons notre destination sur la droite, avec le mausolée au sommet, mais il faut contourner la montagne pour en faire l'ascension.
Des 4X4 nous dépassent. Après 4 ou 5 km, la piste s’arrête et le chemin s’élève sur le flanc de la montagne.
Nous dépassons à notre tour les groupes venus en 4X4 et atteignons la cabane d’un bédouin qui garde le lieu : il veut nous accompagner jusqu’en haut avec sa mule. Nous déclinons, mais il tient à ce que nous visitions le tombeau d’Aaron, frère de Moïse : comprenant que nous préférions être indépendants, il insiste pour nous confier les clés du tombeau. Comprenant à notre tour que ce serait lui faire affront de ne pas visiter ce lieu, nous acceptons. Nous poursuivons donc la montée, qui se finit par un petit raidillon dans les rochers.
En haut, nous ouvrons le cadenas pour entrer dans le tombeau, mais nous ne nous y attardons pas. Dehors, le ciel se dégage et la vue est superbe sur tout le massif montagneux, mais aussi sur la plaine en direction de la mer morte. Nous pique-niquons à l’abri du vent, et redescendons tranquillement.
Nous rendons les clés (accompagnées d’1JD) au bédouin, qui entre temps, a accueilli le groupe venu en 4X4. De retour sur la piste, les chauffeurs de 4X4 nous demandent où en est leur groupe : ils s’ennuient ferme et nous proposent de nous ramener à Petra, mais sans insister ; ils nous ont vu descendre par le chemin escarpé et, nous qualifiant de "sportifs", comprennent que nous préférions continuer à pied. Au retour, nous coupons souvent les virages de la piste, traversant des étendues rocheuses toutes plus belles les unes que les autres.
Arrivés sur les hauteurs de la cité antique, il n’est "que" 15h30, mais passés à l’heure d’hiver, le soleil va se coucher à 16h50 et, le ciel s'étant dégagé, la lumière est superbe !
Nous regardons la carte et décidons de rentrer par le chemin des écoliers : parallèlement au canyon principal nous empruntons un autre canyon, le Wadi el Farasah, lui aussi bordé de tombes sculptées dans les parois. La lumière chaude de la fin de journée, éclaire magnifiquement la roche aux couleurs orangées.
La balade est assez longue et nous sommes quasiment seuls. Au bout du wadi, après le charmant Triclinium du Jardin et son grand réservoir d’eau, un escalier assez raide monte en haut de la falaise vers le Haut Lieu du Sacrifice. Toute la montagne était aménagée pour relier les différents "quartiers" de la Cité !
De là, nous voyons une partie de la ville en contrebas, mais aussi le Djebel Harun d’où nous venons.
Un nouvel escalier redescend de l’autre côté, jusqu’aux abords du théâtre. Le soleil a disparu derrière les montagnes, la lumière décline, les bédouins ferment leurs petites boutiques et redescendent eux aussi pour rentrer chez eux.
Nous remontons le sîq quasiment seuls, fatigués mais contents de cette première journée !
En récapitulant notre parcours grâce à la trace GPS, nous réalisons que nous avons marché environ 30 km avec 900 m de dénivelé en cumulé.
Après une bonne douche, un peu de repos dans la chambre et un bon repas au resto de l’hôtel, nous nous endormons comme des bébés !
Bilan de cette première journée à Petra
Finalement, nous ne regrettons pas d'avoir commencé par cette longue rando au Djebel Harun : nous l'avons vraiment beaucoup aimée 💗, mais en la faisant au début, cela nous a permis d'avoir une vue d'ensemble, de prendre des repères et de mesurer l'ampleur du site. Et n'ayant pas "tout vu tout de suite", l'envie de revenir le lendemain est intacte ! 👍